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Il y a 33 entrées dans Nicot, Thresor de la langue française (1606) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 1st Edition (1694) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 4th Edition (1762) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 5th Edition (1798) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 6th Edition (1832-5) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 8th Edition (1932-5) (Go)

Nicot, Thresor de la langue française (1606)

mettre (Page 408)
Mettre, Ponere. Il vient de Mittere, par syncope et antiptose, Inde Mittere in possessionem. Mettre en possession.

Mettre à bord, Naues ad terram applicare, Appellere nauem.

Mets toy à dextre, Concede ad dexteram.

Mettre à feu et à sang, Incendia et caedes facere, Delere vrbem cruore et flamma.

Mettre à fin, Absoluere, Consummare, Peragere partes suas, Patrare, Perpetrare, Absumere.

Mettre à flot un navire, c'est le tirer hors de dessus les escores et le mettre en l'eauë.

Mettre à fond un navire, Deprimere nauem, Liu. lib. 23. Demergere.

Mettre à force en l'esprit, Animis inculcare.

Mettre à l'adventure, Exponere.

Mettre tout à l'adventure, Aleam omnem iacere.

Ils se mettent à toute adventure, Tendunt in quemcunque casum.

Mettre à l'enchere, Pretium amplicaficare, Licitari.

Mettre à l'encontre, ou au devant Obdere.

Mettre à l'espée, Iugulare, Internecione delere, voyez cy apres Mettre à sac.

Mettre bas les armes, Arma ponere. Liu. lib. 23.

Mettre bas la voile, Ponere, demittere velum.

Mettre tout son passetemps à l'estude, Viuere studiis.

Mettre tout à l'uni, Exaequare omnia.

Mettre à mort, Tollere ferro aut veneno aliquem, Dare ad mortem, Exanimare.

Mettre à neant, Inducere, Abolere, Extinguere, Abrogare, Circunducere.

Mettre au neant, Reddere infectum. B. ex Plin. iuniore.

Mettre à nud, Nudare, Enudare.

Mettre à part, Seorsum reponere, Eximere numero, Segregare.

Mettre à perdition, Vitam euertere.

Mettre à poinct, Ornare, Instruere, Mettre en point aussi qu'on dit aussi, Il est bien en point.

Mettre à point les chevaux, Equos sternere.

Se mettre à point et preparer pour faire quelque chose, Accingere se alicui rei.

Se mettre à pied, Desilire omnes equis iussit. Bud. ex Liu. Desilire ad pedes.

Mettre à pris, Pecunia aestimare, Pretium statuere, Indicare, Taxare.

Mettre à sac et à l'espée ceux qu'on trouve dans une garnison. Des Essars au livre 2. chap. 17. de Josephe de la guerre des Juifs, Praedari vasa quaeque, militesque praesidiarios, Internecioni dedere. Et comme Marot traduict au 137. Pseaume, d'une ville abandonnée au feu et au pillage, A sac, à sac, qu'elle soit embrasée.

Mettre son estudie à quelque chose, Studium adhibere ad aliquid.

Mettre aucun à repos, Otium facere.

Il se delibera de mettre toutes autres choses arriere, et aller en Narbone, Omnibus consiliis anteuertendum existimauit, vt Narbonem proficisceretur.

Il m'a raconté comment tu as mis arriere l'amour que tu avois à ton amoureuse pour l'amour de moy, Narrauit modo quo pacto me habueris praepositum amori tuo.

Mettre son ost à terre, Copias in terram exponere, Milites exponere. Liu. lib. 23.

Mettre à raison, Cogere in ordinem. Aux Chroniques de France abbregées: apres que le Roy Philippe eut mis tout à raison, et corrigé les erreurs, Postea quam rex, res omnes rite recteque atque ordine composuisset, Et quae aberrata erant, emendasset.

Mettre en deliberation ou sur le bureau une chose, et en donner arrest, Referre de ea re, ac senatusconsultum facere. Liu. lib. 23. De eo referendum est senatusque consultum faciundum, a referendo. Vient le nom de Rapporteur.

Mettre aucun fort avant en amour, Aliquem in amorem coniicere.

Mettre au bas quelqu'un, Pessundare aliquem, Peruertere, Accidere.

La maladie et tristesse me met au bas, Infirmitas et moeror me conficit.

Mis au bas par langueur, Confectus languore.

La faim et la soif mettent fort au bas et empirent les personnes, Afficiunt corpora fames et sitis.

Mettre au contraire, Opponere.

Mettre au devant, Mettre en avant et produire, Ponere in medio, Opponere, Proferre, vel Vocare aliquid in medium.

Mettre aucun au devant de l'autre. Regerere alicui alterum.

Mettre à quelqu'un au devant le despris de Dieu, et de parens, et luy reprocher, Obiicere alicui impietatem.

Nous promettons de mettre au devant en defense nos propres corps, Laterum nostrorum oppositus, et corporum pollicemur.

Ils luy mettoient au devant que Affricain avoit baillé ce qu'il leur demandoit, Opponebant illi nomen Africani.

Plier et mettre avec ses lettres, Libellum in epistolam coniicere.

Mettre au large, Explicare.

Mettre une chose fausse au lieu d'une vraye, Supponere.

Qui est mis au lieu du vray et du naturel, Supposititius.

Mettre au net, Perpolire.

Mettre au nombre, Aggregare in numerum.

Mettre aupres, Admouere, Apponere.

Mettre l'ost aupres de la riviere, Castra flumini applicare.

Mettre au rang, Ascribere ad vel in numerum.

Mettre du foin au Soleil et l'estendre pour seicher, Exponere in Sole foenum vt siccescat.

Mettre bas, Deponere.

Ruiner et mettre bas, Agere praecipitem.

Mettre couver les gelines, Oua gallinis supponere.

Mettre dedans, Intromittere, Inducere, Immittere, Ingerere, Inferre.

Mettre de l'eauë parmi son vin, Aquam interponere.

Mettre dessous, Supponere.

Mettre devant, Praeponere, Anteponere.

Mener ou mettre devant, Praeducere.

Mettre devant les yeux, Ante oculos statuere.

Mettre du sien, De suo apponere.

Mettre du fil en peloton, ou entasser, Agglomerare.

Mettre en avant, Inducere aliquid, Introducere, quod et In medium afferre dicitur, Mentionem de re aliqua agitare, Opponere, Ponere in medio, Proferre vel Vocare aliquid in medium.

Mettre en avant, Mettre hors, Efferre. Protollere.

Mettre aucun en avant, et le faire grand, Ornare aliquem. Budaeus ex Cic.

Se mettre en avant, Proferre sese. B. ex Seneca.

Mettre en avant nouvelles peines et tourmens, Expromere supplicia in ciues.

Mettre les offices en commun, In commune vocare honores.

Mettre en curatelle comme furieux, Ad agnatos et gentiles aliquem deducere.

Mettre aucun en doute et en crainte, Dare dubitationem alicui, Facere incertum.

Mettre en doute si on est citoien d'une ville ou non, In dubium de ciuitate venire.

Mettre en effect ou en execution ce qu'on nous a commandé, Capessere imperia, vel iussa alicuius, Efficere, Mandata agere.

Mettre en escrit pour memoire en un registre, Annotare, In acta mittere.

Mettre en estat de combatre, Naues explicare.

Y mettre force gens. Decurias hominum inducere. B. ex Vitru.

Mettre en fuite, Vertere in fugam, Auertere in fugam.

Mettre en gage, Opponere, Opponere pignori, Oppignerare.

Se mettre grandement en la grace d'aucun, Parere sibi gratiam apud aliquem.

Mettre la cité en liberté, Iugum deiicere a ceruicibus ciuitatis.

Mettre en lumiere, Luci, vel in lucem edere.

Mettre en lumiere ses ancestres, et leur donner bruit par sa vertu, Praelucere maioribus suis virtute sua.

Mettre en memoire, Dare memoriae, vel mandare.

Mettre en son marché, Cauere ex formula. B.

Mettre en possession et saisine, Mittere in possessionem.

Mettre en registre, ou enregistrer, In acta mittere.

Mettre une chose en ordre, et en son lieu, Astituere, Ordinare.

Mettre en oubli et en nonchaloir, Obliuioni et negligentiae dare.

Haine mise en oubli, Vetustate exoletum odium.

Mettre en pieces et morceaux, Laniare, Dilaniare.

Mettre en poudre, In puluerem resoluere.

Mettre en quelque lieu et asseoir, Locare.

Mettre en prison, In vincula dare, vel Coniicere.

Mettre ens, Indere, Adindere, Inserere.

Mettre ensemble, Committere.

Mettre en son lieu un autre, Vicarium supponere.

Mettre en son coeur, Demittere aliquid in pectus.

Mettre en teste et en la fantasie quelque chose à aucun, Persuadere.

On luy a tant mis en la teste qu'on ne luy sçauroit oster, Inculcatum est Metello, te aratores euertisse. B. ex Cic.

On ne me sçauroit mettre en teste que, etc. Adduci non possum vt, etc.

On ne te sçauroit mettre en teste de, etc. Nequis perduci vt, etc.

Mettre quelque chose en sa teste, et duire son naturel à icelle, Comparare se.

Mettre entour, Circumponere.

Mettre entredeux, Intercalare, Interponere.

Mettre en vente, Addicere, voyez Vente en Vendre.

Mettre une maison en vente, en attachant escriteaux à la maison ou és quarrefours, AEdes inscribere.

Mettre en vers, Conferre rem aliquam in carmen.

Mettre en un livre, Coniicere in librum.

Mettre en un tas, Exaggerare.

Mettre fin à quelque different et procez, Distrahere controuersias, vel finire.

Pour mettre fin à nostre propos, Ne in infinitum abeamus.

Mettre hors, Excludere, Emittere, Edere.

Tirer ou mettre hors, Depromere.

Mettre hors d'avec un autre, Secludere.

Mettre hors de sa maison, Domo sua aliquem extrudere.

On ne le peut nullement mettre hors de cette fantasie, De eo nulla ratione neque pelli, neque moueri potest.

Mettre quelqu'un hors de misere et gros ennuy, Detrahere alicui calamitatem.

Mettre hors de ses heritages, Dimouere de vel e possessionibus.

Mettre hors de Cour et de procez, Curia et foro et lite eximere, Forensi nexu eximere, Iudiciali obsidione eximere. B.

Mettre hors de scrupule, Exoluere religione.

Mettre hors de son bon sens, Deturbare de mente, Exturbare mentem.

Mettre quelqu'un hors de tous ses biens par force, Deturbare aliquem de fortunis omnibus.

Mettre aucun hors de son opinion par force, De sententia detrudere.

Tirer ou mettre hors une larme par force en frotant l'oeil, Vi lachrymam exprimere.

Mettez hors tout souci, Secludite curas.

Qui met jus, Deponens.

Mettre la cause en la main des juges, Causam reponere in mansuetudine iudicum.

Mettre la charruë ou le bestiail en une terre, Plaustrum vel pecus impellere in terram.

Mettre les chiens à la chair, Sanguinea et cruenta praeda canes imbuere. Cruentare rictus canum, et cruore imbuere.

Mettre la main sur quelque chose et s'en saisir, Manum iniicere alicui rei.

Mettre en la main du Roy, c'est saisir sous la main du Roy, Rege authore ac vindice capere. Ainsi dit-on que le Seigneur Feodal met en sa main le fief mouvant de luy, c'est à dire le saisit à soy, voyez Mainmise.

Mettre le feu en quelque lieu, Ignes adhibere.

Mettre le pied hors de la maison, Efferre pedem domo.

C'est à toy à y mettre le pris, Tua merx est, Tua indicatio est.

En les mettant l'un aupres l'autre, In collatione.

Je mets par cas, Je pren le cas, Concedo.

Mettre outre, Transmittere.

Mettre parmi le bruvage, Potioni inspergere.

Mettre par ordre, Disponere, Ordinem facere.

Mettre par bandes, en bon ordre et en bel arroy, Componere numero in turmas.

Mettre par dessus, Superinducere, Superingerere, Superdare.

Mettre par escrit, Notare.

Mettre par memoire et escrire, Memoriae dare.

Mettre par terre, Deiicere, Ruinas edere.

Mettre par terre quelque chose, Diruere.

Mettre par terre un chevaucheur, Equitem excutere.

Mettre peine de tenir sa promesse, Curare fidem suam.

Mettre pied à terre, ou en terre, c'est descendre de cheval, Ex equo descendere.

Il mit pied à terre, Ad pedes descendit eques. Liu. lib. 22.

Mettre pris, Imponere pretium.

Mettre proprement, Aptare.

Mettre au rang du bien, Numerare in bonis.

Mettre les maisons rez pied, rez terre, AEquare domos solo.

Vouloir mettre sa vie en danger pour la vie d'autruy, Ostentare iugulum pro capite alicuius.

Mettre ses cinq sens de nature, Omnes neruos aetatis industriaeque suae contendere. B. ex Cic.

Mettre sus, Superponere.

Mettre sus, ou dedans, Imponere.

Mettre à sus aucun cas à quelqu'un, Crimini dare, Inferre labem, Crimen alicui inferre, Obiicere praeuaricationem, Causas in aliquem congerere.

Faussement et malitieusement mettre sus quelque chose à quelqu'un, Calumniari.

Mettre à sus un crime à quelqu'un, et le poursuyvre judiciairement, Agere reum.

Mettre à sus à quelqu'un qu'il est cause de quelque meschanceté, Imputare aliquid alteri.

Mettre sus à aucun le blasme de la mort d'autruy, Conferre inuidiam mortis alicuius in alterum.

Mettre sus à quelqu'un un bruit d'orgueil, Famam superbiae alicui inurere.

Mettre sus à quelqu'un qu'il est cause de quelque meschef, Attribuere causam calamitatis alicui.

Il estoit mis sur les rangs, Adductus erat in sermonem.

Ce que tu luy mets sus, Id quod tu arguis.

Par le mettre sus Impositione.

Mettre sur terre. En Olin, Dieu crea forma et mit sur terre l'homme, Creare.

Mettre sur pieds aucun, c'est le redresser, Erigere prostratum. Et par metaphore, Le ressouldre en sa bonne fortune, Res illius afflictas restaurare.

Se mettre à quelque chose, Aggredi aliquid.

Se mettre à bien faire, Animum ad frugem applicare.

Se mettre en sauveté en quelque lieu, Vti perfugio.

Se mettre au hasard, Aleam sequi.

Se mettre au large, Vagari.

Se mettre du tout à quelque chose, Se totum in re aliqua ponere.

Se mettre des gens d'aucun, Contribuere se alicui.

Se mettre en chemin, Committere se viae.

Se mettre en danger, Periculo se obiicere.

Mettre quelqu'un en procez avant que l'avoir sommé de faire la raison de soy-mesme, Lite non indicta iudicium dictare. B.

Se faire mettre en procez par un tiers, Apponere sibi petitorem. Budaeus.

Mettre les causes au rolle, In ordinem cogere nomina. B.

Mettre fin au procez tant que possible est, et le plustost que faire se peut, Lites minuere quam fieri potest maxime, et primo quoque tempore. B.

Se mettre en danger de perdre la vie pour les ceremonies, Obiicere caput suum ferro pro ceremoniis.

Se mettre en fuitte, In fugam se coniicere.

Se mettre en rond, tellement que de tous costez on monstre le front aux ennemis, Orbes facere.

Se mettre entre deux, Intercursare.

Se mettre sous un maistre pour estudier, Ad doctorem se applicare.

Estre mis entre les mains du magistrat pour en cognoistre, In iudicium venire.

Estre mis hors et chassé, Extrudi ab aliquo.

Il s'y est mis bien avant, In ea negotia sese ingurgitauit. B.

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Dictionnaire de L'Académie française, 1st Edition (1694)

METTRE (Page 53)
METTRE. a. act. Poser, placer une chose dans un certain lieu. Mettre à part, l'escart, à quartier. mettre bout à bout. mettre à couvert. mettre chaque chose en sa place. mettre les mains au costé. mettre la main sur la garde de son espée. mettre la main à l'espée. mettre l'espée à la main. mettre le pied à l'estrié. mettre le buffet, le couvert. mettre le pot au feu. mettre la viande à la broche, ou simplement, mettre la broche, & mettre au feu. mettre la viande sur table, ou simplement, mettre sur table. se mettre à table pour disner. mettre son chapeau sur sa teste, ou simplement, mettre son chapeau. mettre un mors à un cheval. mettre le sceau à des lettres. mettre le dessus d'une lettre. mettre un mot dans une lettre. mettre une virgule, un accent. mettre un homme en prison, un soldat en sentinelle, en faction. mettre de l'argent à la banque. mettre un diamant en oeuvre. mettre un liévre en paste. mettre un papier en double. mettre au croc. mettre un vaisseau à la mer.

On dit prov. Mettre la charruë devant les boeufs, pour dire, Faire toutes choses à rebours & contre l'ordre.

On dit prov. Mettre de l'eau dans son vin, pour dire, Se raviser, prendre une resolution plus moderée, se relascher de quelque pretention, de quelque demande trop excessive.

On dit prov. Mettre la main à la paste, pour dire, Travailler soy-mesme à quelque chose de vil & de penible, & n'y point espargner ses peines

On dit prov. qu'Il ne faut pas mettre la main à l'encensoir, pour dire, qu'Il ne faut pas que les personnes seculieres se meslent mal à propos des choses qui sont purement de la Religion, & de la Jurisdiction Ecclesiastique.

On dit encore dans un sens presque égal, qu'Il ne faut pas mettre la faucille dans la moisson d'autruy, pour dire, qu'Il ne faut pas entreprendre sur l'employ, sur la charge, sur la fonction & les droits d'un autre.

On dit, Mettre la main sur la conscience, pour dire, Faire une serieuse reflexion sur une chose où la conscience peut estre interessée; Et cela se dit à un homme dans le discours ordinaire pour le presser d'avoüer quelque chose qu'on veut sçavoir de luy. Mettez la main sur la conscience, n'est il pas vray que.... &c.

On dit en style de Pratique, Mettre la main au pis, pour dire, Mettre la main sur l'estomac pour affirmer qu'on dit vray. Et cette formule n'est en usage qu'à l'esgard de ceux qui sont dans les Ordres sacrez, & qu'on interroge juridiquement.

On dit pour marquer qu'on croit une chose bien veritable, J'en mettrois ma main au feu. Quand on veut marquer qu'on en doute, on dit, Je n'en mettrois pas ma main au feu. Et cela ne se dit guere que lorsqu'il s'agit de quelque chose qui regarde la repuration d'autruy, & principalement l'honneur d'une femme.

On dit aussi pour affirmer une chose, & marquer qu'on n'en doute nullement. Je mettrois ma vie. je mettrois ma teste. je mettrois ma teste à couper que cela est. Et cette façon de parler ne s'employe guere avec la negative.

On dit prov. pour marquer que quelqu'un a deviné justement dequoy il s'agit, & qu'il a tres-bien rencontré, qu'Il a mis le doigt dessus.

On dit fig. Mettre la main sur quelqu'un, pour dire, Le frapper. S'il met une fois la main sur luy, il y paroistra. un laïque qui met la main sur un Prestre est excommunié.

On dit aussi, Mettre la main sur le collet à quelqu'un, pour dire, L'arrester prisonnier. Les Sergens luy mirent la main sur le collet.

On dit, d'un Escuyer qui a appris à un jeune homme à monter à cheval, que C'est luy qui l'a mis à cheval.

On dit par menace contre un homme qu'on veut mal-traiter, Je luy mettray la teste où il a les pieds.

On dit prov. & fig. Mettre quelqu'un en beaux draps blancs, pour dire, En parler mal, en mesdire. On dit à peu prés dans le mesme sens, Le mettre à la pile & au verjus.

On dit aussi fig. qu'Un homme a mis la main à un ouvrage d'esprit, pour dire, qu'Il y a travaillé; Et cela ne se dit proprement que de celuy qui n'en est pas l'autheur principal. Et on dit, qu'Un homme a mis la derniere main à quelque ouvrage d'esprit, pour dire, qu'Il l'a entierement achevé, qu'il l'a mis dans l'estat où il veut qu'il demeure; & alors cela ne se dit guere que de l'autheur. On dit la mesme chose en matiere de Peinture, de Sculpture &c.

On dit prov. en parlant d'une affaire, Mettre les fers au feu, pour dire, Y songer, y travailler tout de bon.

On dit aussi en matiere d'affaire, de negotiation, Mettre la main à une chose, pour dire, S'en mesler, Et, Y mettre la derniere main, pour dire, La conclurre, la terminer.

On dit aussi en parlant d'affaire. Mettre papiers sur table, pour dire, Faire voir les pieces justificatives des pretentions que l'on a.

On dit aussi fig. Mettre le sceau à une affaire, pour dire, La terminer entierement.

On dit encore fig. Mettre une affaire, une question sur le tapis, pour dire, La proposer pour en deliberer; Et dans le mesme sens, Mettre une affaire en deliberation.

On dit aussi, Mettre en doute, pour dire, Douter. Je ne mets point en doute que....

On dit aussi prov. & fig. Mettre une chose en ligne de compte, pour dire, Pretendre qu'on la compte pour beaucoup, qu'on y ait esgard.

On dit, Mettre en oubli, pour dire, Oublier.

On dit, Mettre en sang. mettre en sueur, pour dire, Faire saigner, faire suer.

On dit fig. Se mettre en quatre pour quelqu'un, pour dire, Faire toutes choses imaginables pour luy. Il se mettroit en quatre pour le service de ses amis.

On dit prov. & fig. Mettre tout par escuelles, pour dire, Ne rien espargner pour faire bonne chere à ses amis.

On dit prov. & fig d'Un homme qui n'espargne personne dans ses mesdisances, que C'est un homme qui met tout en capilotade.

On dit prov. & fig. Mettre les pieds dans la vigne du Seigneur, pour dire, S'enyvrer, prendre du vin plus qu'il ne faut.

On dit fig. Mettre tout sur le dos de quelqu'un, pour dire, Le charger de tout ce qui arrive de mal dans une affaire, luy en imputer tous les mauvais succés.

On dit, d'Un homme qui aspire à quelque employ, à quelque dignité où d'autres aspirent, qu'Il s'est mis sur les rangs pour tel employ, pour telle dignité. On dit aussi, qu'Un homme en met un autre sur les rangs, pour dire, qu'Il le propose pour l'employ, pour la dignité dont il s'agit.

On dit prov. & fig. Se mettre sur son quant à moy, pour dire, Marquer par des gestes, ou par des discours de vanité qu'on croit estre fort au dessus des autres.

On dit prov. & fig. Se mettre en rang d'oignon, pour dire, Prendre place parmi les autres; & cela se dit dans le discours familier, ou d'une personne de peu qui prend place parmi des personnes de grande qualité, de grande consideration, ou d'un enfant qui s'assied parmi des gens bien plus âgez que luy.

On dit prov. & fig. Se mettre sur le trotoir, pour dire, Commencer a paroistre dans les compagnies; & cela se dit principalement d'une jeune fille à qui l'on commence de faire voit le monde, & que l'on parle desja de marier.

On dit fig. Mettre le nez dans les affaires, pour dire, Prendre connoissance des affaires; Et, Mettre le nez dans les livres; pour dire, Estudier.

On dit aussi prov. & fig. d'Un homme qui est plus curieux qu'il ne faudroit, & qui se mesle mal à propos des choses qui ne le regardent pas, que C'est un homme qui met son nez par tout, qu'il met son nez où il n'a que faire.

On dit, Mettre quelqu'un en estat de faire quelque chose, pour dire, Luy en donner les moyens; Et, Le mettre hors d'estat de faire quelque chose, pour dire, Luy en oster les moyens, la faculté.

On dit, Mettre en droit, pour dire, Donner un juste droit, un juste sujet. L'injure qu'il a receuë le met en droit &c.

On dit, Mettre en credit, en faveur, en reputation, en bonheur, en fortune, en gain &c. pour dire, Donner du credit, de la faveur, de la reputation, rendre heureux, faire gagner. Et l'on dit dans un sens contraire, Mettre en malheur, en guignon.

On dit, Se mettre en estat, en disposition, en devoir de faire quelque chose, pour dire, Se disposer à faire quelque chose, & prendre pour cela toutes les mesures necessaires.

On dit aussi, Mettre les lieux en estat, en estat de reparation, pour dire, Faire les reparations necessaires dans une maison.

On dit aussi en matiere Criminelle, Se mettre en estat, pour dire, Se constituer prisonnier pour faire juger son affaire.

On dit, Mettre quelqu'un en arrest, pour dire, Ordonner par Justice qu'il aura le lieu où il est pour prison, & qu'il ne pourra pas en partir. Dés que les Mareschaux de France furent informez de leur demeslé, ils les mirent tous deux en arrest.

On dit, Se mettre en repos. se mettre l'esprit en repos, pour dire, Se donner du repos d'esprit, ne se point inquieter. Mettez-vous en repos. mettez-vous l'esprit en repos là dessus.

On dit, Mettre les voiles au vent. mettre un vaisseau à la voile, & absolument, Mettre à la voile, pour dire, Demarer, partir du Port, lever l'anchre.

On dit aussi absolument, Mettre à la largue, pour dire, Prendre la haute mer.

On dit, Mettre des troupes sur pied, une armée sur pied, pour dire, Lever des troupes, lever une armée.

On dit aussi, Mettre une armée en campagne; & absolument, Mettre en campagne, pour dire, Tirer les troupes des quartiers d'hiver, & les faire camper.

On dit, Il y a un an qu'il n'a mis le pied dans cette maison, pour dire, Il y a un an qu'il n'a esté dans cette maison.

On dit, d'Un homme fort languissant, & qui a peine à marcher, qu'Il ne sçauroit mettre un pied devant l'autre.

On dit fig. Mettre quelque chose sous les pieds, pour dire, Ne s'en point soucier, n'y avoir aucun esgard. Il met l'honneur sous les pieds.

On dit fig. qu'Un homme s'est mis sur un bon pied, pour dire, qu'Il a mis ses affaires en bon estat, ou qu'il s'est fait estimer dans le monde.

On dit aussi, qu'Un homme s'est mis sur le pied d'un homme de qualité, d'un homme d'importance, pour dire, qu'Il veut estre traité en homme de qualité, en homme d'importance &c.

On dit, Mettre un enfant au monde, pour dire, Accoucher.

On dit aussi fig. Mettre quelqu'un au monde, dans le monde, pour dire, Luy donner entrée dans le grand monde, l'y introduire, l'y establir.

On dit encore, Se mettre dans le monde, pour dire, S'introduire dans les bonnes compagnies.

On dit, Mettre en terre, pour dire, Enterrer, Il fut mis en terre ce jour-là.

On dit, Mettre une chose au jour, la mettre en lumiere, pour dire, La rendre publique, faire que tout le monde la sçache; Et, Mettre un livre au jour; en lumiere, pour dire, Le faire imprimer.

On dit aussi, Mettre une chose en evidence, pour dire, Faire connoistre evidemment ce qui en est.

On dit en termes de Peinture, Mettre en petit, Lors qu'un Peintre copiant un tableau, en reduit les figures & tout le dessein à une moindre grandeur que celle de l'original.

On dit aussi, Mettre en grand, Dans un sens contraire.

On dit, Se mettre dans le jeu, pour dire, S'addonner au grand jeu: Et, Se mettre au jeu, pour dire, Commencer à jouer.

On dit, Se mettre à l'estude, à la devotion, pour dire, S'y addonner, s'y appliquer.

On dit, Mettre son esperance, sa confiance en quelqu'un, pour dire, Avoir esperance & confiance en luy.

On dit, Mettre ses interests entre les mains de quelqu'un, pour dire, Luy en laisser l'entiere disposition; Et, Mettre quelqu'un dans ses interests, pour dire, Se le rendre favorable.

On dit, Mettre quelqu'un sur les dents, pour dire, Le faire travailler jusqu'à n'en pouvoir plus, jusqu'à faire qu'il ne puisse plus se soustenir Le travail continuel l'a mis sur les dents.

On dit, Mettre un cheval sur les voltes, pour dire, Luy faire faire des voltes.

On dit, Mettre un enfant en nourrice, pour dire, Le donner à une nourrice, afin qu'elle l'éleve.

On dit, Mettre quelqu'un en besogne, en fonction, pour dire, Luy donner de la besogne, luy donner a travailler.

On dit aussi, Mettre en mestier, en apprentissage, pour dire, Faire apprendre un mestier. Mettre un laquais en mestier. Et l'on dit, Mettre un domestique dehors, pour dire, Le renvoyer, le chasser.

On dit, Se mettre en mesnage, pour dire, Se marier: & simplement aussi, pour dire, Tenir son mesnage.

On dit, Mettre les autres en train, pour dire, Estre le premier à les porter à quelque chose. C'est luy qui nous a mis en train de travailler.

On dit aussi, qu'Une personne a bien de la peine à se mettre en train de faire quelque chose, pour dire, qu'Elle a bien de la peine à s'y addonner tout de bon.

On dit, Se mettre en frais, pour dire, Faire quelque depense extraordinaire pour quelque chose; Et fig. qu'Il ne faut pas se mettre beaucoup en frais pour faire quelque chose, pour dire, qu'Il n'est pas difficile d'y reussir.

On dit, Mettre en baleine, pour dire, Faire acquerir par l'exercice une habitude plus facile de faire quelque chose. Cela l'a mis en haleine de courre la poste.

On dit, Mettre en goust de quelque chose, pour dire, Donner du goust & de l'estime pour quelque chose. Cela l'a mis en goust des livres. cela l'a mis en goust de l'Histoire.

On dit aussi, Se mettre dans le goust de quelque chose, pour dire, S'y plaire, s'y attacher. Il s'est mis dans le goust des medailles, de la Peinture.

On dit, Mettre une terre en labour, pour dire, La labourer pour luy faire porter du bled; Et, Mettre une terre en pré & sainfoin, pour dire, La mettre en estat qu'elle vienne à porter de l'herbe, du sainfoin.

On dit, Mettre en liberté, pour dire, Delivrer de prison.

On dit en termes de chasse, Mettre des chiens en curée, pour dire, Leur faire curée de la beste qu'ils ont prise. Et fig. Mettre des troupes en curée, pour dire, Leur faire avoir sur les ennemis quelque avantage qui leur donne plus de courage & d'assurance. Ce petit avantage mit les troupes en curée.

On dit, Mettre de l'or à la coupelle, pour dire, Esprouver par la coupelle s'il est de la qualité requise.

On dit, Mettre un homme à l'espreuve. mettre son amitié, sa patience, sa constance &c. à l'espreuve, pour dire, L'esprouver dans quelque occasion, luy donner lieu de faire voir son amitié, sa patience, sa constance &c. Mettez-moy à l'espreuve, & vous verrez si je vous serviray. vous mettez sa constance à une rude espreuve. vous mettez bien ma patience à l'espreuve.

On dit, Mettre un homme à la question, à la torture, à la gesne, pour dire, L'appliquer à la question &c.

On dit figur. Mettre quelqu'un à la gesne, pour dire, L'embarasser & le contraindre en telle sorte qu'il ne sçache quel parti prendre.

On dit aussi fig. Mettre un homme à la question, pour dire, Le questionner afin de tirer quelque secret de luy.

On dit encore, Mettre une affaire en question, pour dire, La proposer afin qu'on delibere dessus; Et absolument, Mettre en question, pour dire, Agiter, examiner, discuter une affaire, une proposition. On a mis en question s'il estoit à propos &c.

On dit aussi, Mettre une chose en avant, pour dire, En faire la proposition. Il mit plusieurs moyens en avant, mais on n'en trouva aucun qui satisfist.

On dit encore, Mettre une chose en avant, pour dire, Soustenir une proposition veritable. Vous mettez en avant que la cause du flux & du reflux &c.

On dit aussi, Mettre une chose en fait, pour dire, Soustenir un fait veritable. Je vous mets cela en fait. je vous mets en fait que....

On dit, Mettre deux personnes, deux choses en comparaison, en parallele, pour dire, Les comparer ensemble; Et on dit aussi, Les mettre en balance, pour dire, Hesiter à se determiner sur le choix des deux.

On dit, Mettre quelqu'un au bissac, à la besace, à l'aumosne, pour dire, Le reduire à la mendicité, à une extreme pauvreté. On dit aussi dans le mesme sens, Mettre au blanc.

On dit, Mettre aux abbois, pour dire, Reduire aux abbois; Et, Mettre à l'amende, pour dire, Condamner à l'amende.

On dit, Mettre quelqu'un à la raison, pour dire, Le reduire à faire ce qu'on souhaite. Je sçauray bien le mettre à la raison, & luy faire faire ce qu'il doit.

On dit aussi proverb. & bass. Mettre un homme à quia, pour dire, Le reduire à ne sçavoir plus que respondre.

On dit, Mettre une chose en abbregé, pour dire, La reduire en abbregé. Il a mis l'Histoire de France en abbregé.

On dit, Mettre quelqu'un à bien, pour dire, Luy faire quitter ses mauvaises habitudes, & le porter au bien.

On dit dans le sens opposé, Mettre à mal, Et cela se dit plus ordinairement des femmes que l'on seduit. Mettre une femme à mal.

On dit souvent aussi dans le discours familier, Mettre quelqu'un à mal, pour dire, Le detourner de quelque occupation serieuse, de quelque devoir &c. Et cela se dit ordinairement lors que par complaisance pour ses amis, & contre sa coustume, on se laisse engager dans quelque partie de plaisir, d'amusement.

On dit, Mettre deux personnes mal ensemble, pour dire, Les broüiller ensemble, les rendre ennemis. Et on dit, Se mettre mal avec quelqu'un, pour dire, Se broüiller avec luy. Et dans tous ces sens jamais Mal ne se met avant le verbe, non pas mesme au participe.

On dit dans le mesme sens, Mettre mauvais mesnage entre deux personnes; mais cela ne se dit ordinairement qu'en parlant de personnes mariées, ou de parens tres-proches.

On dit absolument, Se mettre bien, pour dire, Se bien habiller, Se mettre mal, Se mal habiller. Et dans ce sens lors que le verbe est employé au participe, on met tousjours les adverbes bien & mal avant le participe. C'est un homme qui est tousjours bien mis, tousjours mal mis. Et il faut remarquer que cela ne s'observe que dans les adverbes Bien & mal; car on peut dire, Il est tousjours mis de travers.

On dit, Mettre quelqu'un au pis, pour dire, Le deffier de faire du pis qu'il pourra; Et, Mettre une chose au pis, pour dire, La regarder, la considerer dans le pire estat où elle puisse estre.

On dit, Mettre quelqu'un en compromis, pour dire, Le mesler sans son aveu dans des affaires, dans des discours qui l'interessent, qui le commettent; se servir de son nom sans son consentement. Et l'on dit, Mettre une affaire en compromis, pour dire, En laisser la decision au jugement d'un ou de plusieurs arbitres.

On dit aussi, Mettre quelqu'un en jeu, pour dire, Parler de luy dans des affaires où il ne veut pas que son nom soit meslé.

On dit, Mettre une chose au hazard, pour dire, En laisser l'evenement au hazard. Je mets cela au hazard, il en arrivera ce qu'il pourra.

On dit aussi, Se mettre au hazard de.... pour dire, S'exposer à courir fortune de.... Il a voulu monter jusqu'au haut de l'arbre, il s'est mis au hazard de se rompre le cou.

On dit, Mettre un air en chant, pour dire, Le chanter comme il faut. Mettre des paroles en Musique, pour dire, Faire un air sur des paroles; Et, Mettre un argument en forme, pour dire, Luy donner la forme qu'il doit avoir selon les regles de la Logique.

On dit aussi, Mettre du Latin en François, pour dire, Traduire en François ce qui estoit en Latin; Et, Mettre une pensée en vers, de la prose en vers, pour dire, Enoncer une pensée en vers, exprimer en vers ce qui estoit exprimé en prose.

On dit, Mettre quelqu'un en peine, pour dire, Luy donner de l'inquietude, du chagrin. Cette nouvelle l'a mis extremement en peine.

On le dit aussi, pour dire, Causer des affaires fascheuses. Si on sçavoit que vous eussiez commerce avec luy, cela vous pourroit mettre en peine.

On dit, Se mettre en peine, non seulement pour dire, Se tourmenter, s'inquieter; comme dans cet exemple, Ne vous mettez en peine de rien, tout ira bien; mais aussi pour dire, S'informer, s'enquerir; ainsi on dit, Je m'en suis mis en peine, mais personne ne m'en a peu rien dire.

On dit, Mettre peine à faire quelque chose, pour dire, Y apporter tout son soin, y faire tout son possible. Il est un peu vieux.

On dit, Mettre en colere, en fureur, pour dire, Fascher, irriter, rendre furieux; Et, Mettre au desespoir, pour dire, Reduire au desespoir; Et ce dernier se dit plus ordinairement par exageration qu'autrement.

On dit aussi, que La colere met un homme hors des gonds, pour dire, Que la colere l'emporte. Dés qu'on luy parle de cela on le met hors des gonds.

On dit, Mettre en belle humeur, pour dire, Donner de la gayeté, de la joye; Et, Mettre en mauvaise humeur, de mauvaise humeur, pour dire, Le contraire.

On dit encore, Mettre en impatience; Et, Mettre la patience de quelqu'un à bout, pour dire, L'impatienter par des discours, par des manieres qui luy desplaisent.

On dit aussi, Mettre un homme à bout, pour dire, Le reduire à ne sçavoir plus que faire, que dire.

On dit, Mettre la paix dans une maison, dans une famille, pour dire, Appaiser les differends qui y sont, reconcilier les esprits. Et dans un sens opposé, Mettre la division, le desordre &c. mettre noise; Ce dernier ne se dit que dans le discours familier.

On dit aussi, Mettre en combustion, pour dire, Mettre la division, la dissension quelque part. Il a tout mis en combustion dans cette famille.

On dit aussi, Mettre en desordre, pour dire, Desranger. Il a mis tous mes papiers en desordre.

On dit aussi, Mettre des troupes en desordre, pour dire, Les esbranler, les faire plier.

On dit encore, Mettre des troupes en fuite, en deroute, pour dire, Les battre, les deffaire.

On dit aussi fig. Mettre quelqu'un en deroute, pour dire, Le vaincre dans une dispute.

On dit aussi en parlant de ce qui a contribué au desordre, au mauvais estat des affaires d'un homme. C'est ce qui a mis ses affaires en deroute. Et l'on dit pareillement, Que la deroute, le desordre s'est mis dans les affaires d'un homme.

On dit aussi, Que le desordre s'est mis dans un Estat, dans une armée &c. Et cela se dit aussi de la dissension, de la division, & generalement de toutes les choses morales ou physiques qui se communiquent aisément d'elles-mesmes, comme dans ces exemples. La peur se mit dans les troupes. la peste se mit dans l'armée.

On dit aussi, Mettre ordre à quelque chose, pour dire, Y pourvoir. J'y mettray ordre, j'y mettray bon ordre. On dit encore dans le mesme sens, Mettre ordre que. il a mis ordre qu'il ne s'y pust rien passer contre ses interests.

On dit, Mettre fin à une affaire, pour dire, La terminer. Et dans le mesme sens, Mettre fin à un discours, à une harangue &c.

On dit aussi, Mettre une avanture, une entreprise à fin, à chef; mais le premier n'a guere d'usage que dans le style des Romans de Chevalerie, & l'autre est vieux.

On dit encore, Mettre à execution, en execution, pour dire, Executer. Mettre un arrest à execution, en execution.

On dit, Mettre tout à feu & à sang, pour dire, Brusler, saccager un pays, une ville. Les troupes entrerent d'assaut dans la place, & mirent tout à feu & à sang.

On dit, Mettre au fil de l'espée, pour dire, Tuer; Et cela ne se dit que quand on parle d'une multitude de soldats ou d'autres personnes. On les mit tous au fil de l'espée.

On dit en parlant de denrées, de marchandises &c. Mettre l'enchere, pour dire, Encherir pardessus ce qu'un autre en vouloit donner; Et en parlant de meubles qui se vendent par formalité de Justice, on dit, Les mettre à l'ancan, à l'enchere, pour dire, Les mettre en vente, les exposer en vente au plus offrant & dernier encherisseur.

On dit pareillement en parlant de marchandises, Y mettre un prix. y mettre prix, & les mettre à prix, pour dire, Fixer le prix qu'elles valent, qu'on en veut avoir, qu'on en veut donner. Vous n'estimez tout cela ensemble que tant, mettez prix aux pieces.

On dit aussi, Mettre la teste d'un homme à prix, pour dire, Proposer une certaine recompense à celuy qui le pourra tuer. Et cela ne se pratique qu'à l'égard des criminels publics, qui ne sont pas entre les mains de la Justice, & n'est pas ordinaire en France.

On dit, Mettre un homme à la taille, pour dire, L'imposer à la taille, le mettre dans le rôlle de ceux qui doivent payer la taille imposée pour le Roy.

On dit, Se mettre en pourpoint, en chemise, pour dire, N'avoir nul habit par dessus son pourpoint, par dessus sa chemise; Et on dit, Que les voleurs ont mis un homme en chemise, pour dire, qu'Ils l'ont entierement despoüillé, & ne luy ont laissé que sa chemise.

On dit aussi fig. Mettre un homme en chemise, pour dire, Le ruiner entierement.

On dit, Mettre deux personnes aux mains, les mettre aux mains l'un avec l'autre, pour dire, Les mettre en estat de discuter ensemble les differents interests qu'ils peuvent avoir, d'agiter quelque question sur laquelle ils ne sont pas bien d'accord.

On dit, qu'On a mis quelqu'un à mesme, pour dire, qu'On luy a donné le moyen de se satisfaire entierement sur quelque chose qu'il souhaitoit. Il aime extremement les pesches & les figues, on luy en servit une grande quantité, on le mit à mesme. vous aimez les livres, je vous mettray à mesme.

On dit, Mettre quelqu'un dans son tort, pour dire, Luy faire des propositions, des offres si raisonnables dans les choses qu'on a à demesler avec luy, qu'il ait tort de ne les pas accepter.

On dit, Mettre en pieces, par pieces, pour dire, Depecer, couper par pieces, par morceaux; ainsi on dit, qu'Un Boucher met un boeuf, un mouton en pieces, pour dire, qu'Il le coupe par pieces.

Mettre en pieces, Se dit aussi des choses fragiles & signifie, Casser. Mettre un verre, un miroir en pieces. le miroir tomba, & se mit en mille pieces.

On dit aussi, Mettre en poudre, mettre en cendre, pour dire, Reduire en poudre, en cendre.

On dit, Mettre à bas, pour dire, Porter par terre. Ils se lutterent long temps, mais enfin l'autre le mit à bas. Et on dit, Mettre un arbre à bas, une maison à bas, pour dire, L'abbattre.

On dit, qu'Une chienne a mis bas, pour dire, qu'Elle a fait ses petits; Et l'on dit, qu'Un cerf a mis bas, a mis sa teste bas, pour dire, qu'Il est despoüillé de son bois, qu'il n'a plus son bois.

On dit, Mettre le tout pour le tout, pour dire, Employer tout ce qu'on a d'amis, de credit & de pouvoir pour faire reussir une chose.

On dit, Mettre beaucoup de temps, & simplement, Mettre beaucoup à faire quelque chose, pour dire, Estre long-temps à la faire, y employer beaucoup de temps. Vous avez mis beaucoup à revenir. je reviens sur mes pas, je ne mettray guere. Il est populaire & bas.

On dit, Mettre un intervalle, un espace entre la vie & la mort, pour dire, Se retirer du commerce du monde sur la fin de ses jours pour mieux vaquer à son salut.

On dit, En parlant d'Un homme qu'on veut opposer à un autre pour le contrecarrer &c. Je luy mettray un homme en teste qui le fera bien soustenir.

On dit aussi, Mettre un homme aux trousses d'un autre, pour dire, Se servir d'un homme pour faire de la peine à un autre. Je mettray un homme à vos trousses qui vous fera bien aller.

On dit, Mettre quelque chose en teste à quelqu'un, pour dire, Luy persuader quelque chose, luy faire prendre quelque resolution. C'est vous qui luy avez mis en teste que cela estoit, qui luy avez mis en teste d'aller à l'armée. Et on dit, Se mettre en teste quelque chose, pour dire, S'entester de quelque chose, Quand il s'est mis une fois une chose en teste personne ne l'en sçauroit desabuser. On le dit aussi, pour dire, Former le dessein de quelque chose, en prendre la resolution. Il s'est mis en teste d'aller voyager.

On dit, qu'Un homme se met à tout, pour dire, qu'Il ne fait point de difficulté de se rabaisser à des choses qui paroissent au dessous de luy: & cela se dit ordinairement d'un homme officieux & serviable pour ses amis, ou d'un domestique qui se mesle de tout dans une maison.

On dit, qu'Il ne faut pas mettre ses amis à tous les jours, pour dire, qu'Il faut les reserver pour des choses essentielles, & ne les pas employer pour toute sorte d'affaires: & cela se dit ordinairement en parlant des personnes de credit & de consideration.

On dit aussi, qu'Il ne faut pas se mettre à tous les jours, pour dire, qu'Il ne faut pas se communiquer trop familierement à toutes sortes de personnes, & qu'il faut avoir de la reserve.

On dit, Mettre son argent à interest, pour dire, Le prester à des Marchands, à des Negocians qui le font profiter; Et, Le mettre à la grosse avanture, pour dire, L'employer dans le commerce sur mer, en sorte que si le vaisseau sur lequel les marchandises sont embarquées vient à perir, l'argent soit aussi perdu; ou que s'il arrive à bon port on en tire un tres-grand profit.

On dit aussi, Mettre son denier à quelque chose, pour dire, Employer son argent à l'achat de quelque chose. Il cherche une terre à acheter, si on veut donner celle-là à bon marché, il y mettra son denier.

On dit, Voila un louis, un escu blanc qu'on ne sçauroit mettre, pour dire, qu'Il est faux & qu'on ne peut le faire passer.

On dit, Mettre son argent en constitution, pour dire, Le prester par contract de constitution.

On dit, Mettre en gages, pour dire, Engager pour avoir de l'argent. Il a mis sa vaisselle d'argent & sa tapisserie en gages.

On dit, Mettre an ban de l'Empire, pour dire, Declarer qu'on a encouru les peines portées par les loix de l'Empire en certains cas, & cela ne se dit qu'en parlant des affaires d'Allemagne.

Mettre, Se construit quelquefois avec le pronom personnel & un autre verbe à l'infinitif regi de la particule à; Et alors il signifie ordinairement le commencement d'une action. Dés qu'on luy en parle il se met à pleurer. aussi-tost il se mit à parler tout bas. dés qu'ils furent à table ils se mirent à boire &c. tout le monde se mit à crier &c. Ce qui veut dire proprement il commença à pleurer, il commença à parler, ils commencerent à boire, tout le monde commença à crier.

Quelquefois pourtant il a une signification un peu differente, & il marque continuation d'action & d'application, comme dans ces phrases. Il s'est mis tout de bon à estudier. depuis qu'il s'est mis à joüer il a entierement quitté l'estude. quand on s'est mis une fois à ne rien faire; Ce qui veut dire proprement, il s'est addonné, appliqué à estudier; depuis qu'il s'est addonné à joüer, quand on s'est addonné une fois à ne rien faire.

On dit, Se mettre aprés quelqu'un; & cela se dit en plusieurs sens differens; soit pour dire, Se jetter, se ruer sur quelqu'un pour le maltraiter. Il se mit aprés luy & le roua de coups; soit pour dire, Presser, importuner quelqu'un de telle sorte, qu'on luy fasse faire ce qu'on veut. Elles se mirent toutes aprés luy, & l'obligerent d'estre de la partie.

Mettre, Se construit encore quelquefois avec l'infinitif d'un autre verbe sans aucune particule precedente. Mettre chauffer de l'eau, mettre secher du linge &c. pour dire, Mettre de l'eau auprés du feu afin qu'elle chauffe, mettre du linge en un lieu afin qu'il seche, faire chauffer de l'eau, faire secher du linge.

Mis, [m]ise. part. Il a toutes les significations de son verbe.

On dit, qu'Un homme est bien mis, mal mis, pour dire, qu'Il est bien habillé, mal habillé.

On dit, User de main mise, pour dire, User de voye de fait, frapper, mettre la main sur quelqu'un.

Mise.s.f. L'employ de l'argent qu'on a receu, qu'on a depensé, & l'estat que l'on en dresse dans un compte. Chapitre de mise. chapitre de recette. la mise excede la recette. la mise doit tant à la recette. toute la mise monte à tant.

Mise, Se dit aussi de toute sorte de monnoye, & signifie, Le debit, le cours de la monnoye; mais en ce sens on ne l'employe guere que dans le cas oblique & au genitif, & dans ces sortes de phrases. Monnoye de mise. espece de mise. argent de mise. ces especes là ne sont plus de mise, c'est à dire, n'ont plus cours, ne sont plus de debit.

On dit fig. qu'Un homme est de mise, pour dire, qu'Il est bien fait de sa personne, qu'il a de l'esprit, qu'il est propre au commerce du monde.

Mettable. adj. de tout genre. Qui est de mise, qui est recevable. Voilà une pistole qui n'est pas mettable.

Il se dit aussi fig. des personnes; & l'on dit, qu'Un homme est mettable, fort mettable, pour dire, qu'Il est de mise.

Mets. s. m. Ce mot se dit generalement de tout ce qu'on sert sur table à manger avant le fruit. Il nous a fait bonne chere, tous les metz estoient excellens. voilà un excellent metz. tous ces metz là sont exquis. un metz delicat.

Entremetz. s. m. Se dit proprement de ce qui se sert sur table aprés le rosti & avant le fruit; ce qui est ordinairement composé de ragousts. Aprés cela on servit l'entremetz. on apporta l'entremetz. il y avoit tant de plats & tant d'assiettes d'entremetz. on servit à l'entremetz, pour l'entremetz. pendant qu'on estoit à l'entremetz. durant l'entremetz. les entremetz ne valoient rien. il n'y eut que deux ou trois entremetz de passables.

Mission. s. f. Envoy, charge, pouvoir qu'on donne à quelqu'un de faire quelque chose. Il a receu sa mission. ce n'est pas de moy que vous devez attendre, que vous devez recevoir vostre mission. où est vostre mission? avez-vous mission pour cela?

On s'en sert plus ordinairement en parlant des choses qui regardent la Religion, la Predication de l'Evangile & la Discipline Ecclesiastique. La Mission des Apostres vient de Jesus-Christ mesme. les Apostres ont prouvé leur Mission par les miracles. il agit en vertu de la Mission Apostolique qu'il a receuë. il a demandé, il a obtenu la Mission de son Superieur. on l'a envoyé en Mission.

Mission, Est aussi un terme collectif, qui se dit des Prestres Seculiers ou Reguliers employez en quelque endroit, soit pour la conversion des Infidelles, soit pour l'instruction des Chrestiens. On a envoyé une Mission dans les Indes. la Mission de la Chine. la Mission est dans une telle Paroisse. la Mission y a fait de grands fruits, a fait de grandes conversions.

On dit, Faire la Mission, pour dire, S'employer, soit a la conversion des Infidelles, soit à l'instruction des Chrestiens. Il a fait long-temps la Mission dans les Indes. il a fait la Mission en une telle ville, en une telle Paroisse.

On appelle, Les Peres de la Mission, Une certaine Congregation de Prestres Reguliers qui vivent en Communauté sous un mesme Superieur, & dont l'institution regarde principalement l'instruction des peuples dans les choses de la Religion. Le Superieur General de la Mission. le General de la Mission.

On appelle aussi, Mission, La Maison où demeurent les Peres de la Mission. Il alla à la Mission, il est allé en retraite à la Mission.

Missionnaire. s. m. Celuy qui est employé aux Missions pour l'instruction & la conversion des peuples. Les Missionnaires ont fait de grands fruits dans les Indes. il y a des Missionnaires dans cette Province, dans cette Paroisse. c'est un Missionnaire fort zelé, fort habile.

On appelle plus particulierement, Missionnaires, Les Peres de la Mission. Les Missionnaires sont establis en un tel endroit. ce sont les Missionnaires qui desservent cette Cure.

Missive. Ce terme n'est en usage à l'adjectif que dans cette phrase, Lettre missive, qui signifie proprement une lettre escrite pour envoyer a quelqu'un.

Il est un peu plus usité dans le substantif, mais il est renfermé dans le style familier, & ne se dit guere que par quelque espece de raillerie. Il m'a escrit une longue missive. j'en ay receu une longue missive.

Admettre. v. act. Recevoir à la participation de quelque avantage. Admettre quelqu'un dans une societé, dans une Compagnie, admettre quelqu'un au rang, au nombre de ses amis. il a esté admis au Barreau. admettre aux Ordres sacrez. admettre à la sainte Table. admettre à la participation des Sacrements.

On dit, Admettre quelqu'un à se justifier, l'admettre à sa justification, à ses preuves justificatives, à ses faits justificatifs, pour dire, Le recevoir à sa justification, consentir qu'il se justifie dans les formes.

On dit aussi dans le mesme sens, Admettre quelqu'un à faire preuve.

On dit aussi, Admettre les raisons, les excuses de quelqu'un, pour dire, Les recevoir pour bonnes, pour valables.

Il signifie aussi, Reconnoistre pour veritable. Les Philosophes admettent pour principe que ... les Lutheriens mesine admettent la presence réelle de nostre Seigneur dans l'Eucharistie. vous admettez que...

Admis, [adm]ise. part. Il a les sign. de son verbe.

Admissible. adj. de tout genre. Terme de Pratique. Valable, recevable, digne d'estre admis. Ses moyens, sa requeste civile ont esté jugez admissibles.

Inadmissible. adj. de tout genre. Qui n'est point recevable, qui ne sçauroit estre admis. Il a esté debouté de sa requeste civile, ses moyens ayant esté trouvez inadmissibles.

Admission. s. f. v. Action par laquelle on est admis. Il fut admis aux Ordres sacrez & depuis son admission, il vescut tousjours en bon Ecclesiastique.

Commettre. v. a. Faire. En ce sens il n'a d'usage qu'avec les mots de Crime, faute, &c. & ne se dit jamais que des choses qui sont mauvaises d'elles- mesmes. Commettre un crime, une faute, une meschante action. commettre un peché. il n'a commis en cela qu'une faute legere. je croirois avoir commis une grande offense si ... c'est commettre une incivilité que...

Il signifie aussi, Employer, preposer pour un temps; Et alors il ne se dit que des personnes. Commettre un homme à une Charge, à un Employ. on l'a commis à l'exercice d'une telle Charge. le Roy l'a commis pour avoir soin. ce sont des gens que l'on a commis exprés pour cela. on a commis un tel Juge pour informer.

On dit, En termes de Pratique, Commettre un Rapporteur, pour dire, Donner, nommer un Juge pour estre Rapporteur dans une affaire. C'est M. le Chancelier qui commet les Rapporteurs au Conseil. un tel Maistre des Requestes a esté commis pour Rapporteur.

On dit aussi absolument; C'est aujourd'huy que M. le Chancelier commet, pour dire, C'est aujourd'huy que M le Chancelier nomme ceux qui doivent rapporter les instances devant luy.

Il signifie encore, Confier. J'ay commis cela à vostre soin. je vous en ay commis le soin.

On dit, Commettre quelqu'un, pour dire, L'exposer à recevoir quelque mortification, quelque deplaisir, soit en se servant mal à propos de son nom sans son aveu, soit autrement. Je ne veux point s'il vous plaist que vous me commettiez là dedans. n'ayez pas peur, je ne vous commettray point.

On dit aussi, Commettre le nom & l'authorité de quelqu'un, pour dire, S'en servir en des choses qui ne le meritent pas; ou l'exposer mal à propos à recevoir quelque prejudice. Il est de la prudence d'un Ambassadeur de ne pas commettre le nom de son Maistre. c'est commettre l'authorité du Roy que d'en user de la sorte. il faut prendre garde à ne pas commettre l'authorité du Prince.

On dit aussi dans un sens à peu prés semblable; Commettre les armes du Prince. commettre la fortune de l'Estat, pour dire, Exposer mal à propos les armes du Prince, exposer la fortune de l'Estat au hazard.

On dit aussi, Se commettre, pour dire, S'exposer à recevoir quelque deplaisir, quelque disgrace, à tomber dans quelque mespris. Un Ambassadeur se commet quand il excede ses ordres. un grand Prince, un grand Prelat, un grand Magistrat se commet quand il se mesure avec un homme de rien.

On dit, Commettre deux personnes l'une avec l'autre, pour dire, Les brouiller, les mettre mal ensemble. Il a commis le pere avec le fils. il a fait des rapports qui ont pensé les commettre l'un avec l'autre.

On dit aussi, Se commettre avec quelqu'un, pour dire, S'exposer, se mettre au hazard d'avoir une affaire, un demeslé avec luy. Vous ferez bien de ne vous pas commettre avec luy, c'est un homme dangereux.

Commis, [comm]ise. part. Il a les significations de son verbe.

On dit, qu'Un homme a ses causes commises aux Requestes du Palais, aux Requestes de l'Hostel &c. pour dire, qu'En certaines occasions il a droit d'y plaider en premiere instance, & d'y attirer les procés qu'on luy auroit intentez en d'autres Jurisdictions. Les Commensaux de la Maison du Roy. les quarante de l'Académie. Françoise ont leurs causes commises aux Requestes du Palais, aux Requestes de l'Hostel.

Commise. s. f. Terme qui n'a d'usage qu'en matiere feodale, & dans cette phrase, Fief tombé en commise, pour dire, Un fief que le Seigneur suzerain a droit de reunir, faute de devoirs rendus par le vassal.

Commis. s. m. Celuy qui est commis par un autre à quelque employ dont il doit luy rendre compte. Il ne se dit guere que de ceux qui sont employez de cette sorte, ou chez les Secretaires d'Estat, ou dans les finances, ou dans quelque Greffe. Commis de l'Espargne. Commis du Thresor Royal. un Commis des Aides. un Commis des Gabelles. le premier Commis d'un Secretaire d'Estat. il a plusieurs Commis sous luy. il est Commis d'un tel, chez un tel. c'est le Commis d'un tel. c'est son Commis.

Commissaire. s. m. Celuy qui est commis par le Prince, ou par une autre puissance legitime, pour exercer une fonction, une Jurisdiction que sans cela il n'auroit pas droit d'exercer. Les Juges ordinaires luy estoient suspects, il a demandé des Commissaires au Roy. le Roy a donné, a nommé des Commissaires pour examiner, pour juger. le Commissaire du Roy aux Estats de Languedoc, aux Estats de Bretagne. le Commissaire du Roy proposa à l'Assemblée. des Commissaires furent nommez pour écouter les propositions de l'Ambassadeur. donner des Commissaires à un criminel d'Estat pour luy faire son procés. le Parlement a nommé des Commissaires pour instruire l'affaire sur les lieux. il a nommé tels & tels Conseillers pour Commissaires. le Parlement a deputé un Commissaire pour ouïr les parties. Commissaire en cette partie. Commissaire deputé.

On appelle, Commissaire de la Cour, Un Commissaire du Parlement, ou de quelque autre Cour superieure. Le procés a esté veu par les Commissaires, il n'est plus question que de le rapporter à la Chambre.

On dit, En termes de Palais, Travailler de Commissaires; Et cela se dit lors qu'un certain nombre de Conseillers travaillent à l'examen d'un procés hors des heures de la seance ordinaire du Parlement pour le rapporter ensuite dans la Chambre.

Travailler de grands Commissaires, Se dit lors qu'un certain nombre de Conseillers travaille extraordinairement dans le Palais mesme.

Travailler de petits Commissaires, Se dit lors que c'est chez le President qu'ils s'assemblent pour travailler. C'est une affaire qui a esté veuë de petits Commissaires.

On appelle encore, Commissaire, Celuy qui est establi par authorité de Justice pour gouverner, pour regir des biens saisis ou mis en sequestre. Il a esté ordonné que les biens en question seroient regis par Commissaires sous la main du Roy. mettre & establir des Commissaires. l'Huissier, le Sergent establi Commissaire au regime des biens saisis par justice.

On appelle prov. Chere de Commissaire, Un repas où l'on sert viande & poisson.

Commissaire, Est aussi un titre d'Office. Ainsi on appelle, Commissaire aux saisies réelles, Un Officier qui est commis pour avoir soin de ce qui regarde les saisies réelles.

Commissaire au Chastelet, Officier de Police qui a soin de faire observer par les Bourgeois de Paris les Reglemens & les Ordonnances de la Police. Faire sa plainte, porter sa plainte devant un Commissaire, devant le Commissaire. il a esté assigné de l'Ordonnance du Commissaire. le Commissaire a mis le scellé. envoyer querir le Commissaire du quartier.

Commissaire des guerres, Officier préposé pour conduire des gens de guerre, leur faire faire la monstre, & les payer. Il est Commissaire des guerres à la conduite d'un tel Regiment. acheter une Charge de Commissaire des guerres.

Commissaire des vivres. Officier préposé ou commis pour avoir soin des vivres d'une armée, ou d'une place de guerre.

Commissaire de l'Artillerie, Officier commis pour servir dans l'Artillerie, & avoir soin de tout ce qui en regarde l'attirail, & l'equipage.

On appelle dans la Marine, Commissaire dela Marine, Un Officier préposé pour avoir soin de ce qui concerne les vaisseaux & les galeres. Commissaire de la Marine du Ponant. Commissaire de la Marine du Levant.

On appelle aussi dans les Troupes, Commissaire general de la Cavalerie, Un principal Officier qui a inspection sur toute la Cavalerie Legere.

On appelle dans les Ordres Religieux, Le Pere Commissaire; Un Religieux nommé extra.

Commission. s. f. v. Fait, action, chose commise. En ce sens il n'a guere d'usage qu'en cette phrase, Peché de commission, qui s'oppose à peché d'obmission.

Il signifie aussi, Charge qu'on donne à quelqu'un de faire quelque chose. Commission honorable, agreable, difficile, penible, fascheuse. donner commission à quelqu'un de faire quelque chose. luy donner une commission. le charger de quelque commission. faire une commission. executer une commission. s'acquitter de sa commission. outrepasser sa commission. les Ambassadeurs ayant exposé leur commission. il a receu commission d'aller en tel lieu. elle a commission d'acheter les plus belles estofes qu'elle pourra trouver.

On dit d'Une femme, que C'est elle qui fait toutes les commissions de la province, pour dire, que C'est à elle qu'on s'adresse de toute la province pour tout ce qu'on veut faire acheter à Paris, pour toutes sortes d'empletes. On luy envoye plusieurs commissions & point d'argent. donnez vos commissions à qui vous voudrez. je ne veux plus me mesler de vos commissions. elle est tousjours chez les Marchands pour quelque commission &c. En toutes ces sortes de phrases Commission se prend tousjours pour charge d'acheter.

On dit d'un Laquais, qu'Il fait bien les commissions qu'on luy donne, qu'il fait bien des commissions, pour dire, qu'Il fait bien les messages qu'on luy ordonne de faire.

Il se prend aussi pour un Mandement du Prince, ou une Ordonnance du Magistrat ou de quelque autre personne ayant authorité de commettre, de deputer. Commission verbale. commission par escrit. il a obtenu une commission du Roy adressante à...sa commission porte que ... il exerce cette Charge en vertu de la commission qu'il en a obtenuë, en vertu de sa commission, par commission. obtenir commission d'un Juge. il demandoit par sa requeste commission pour informer. le Parlement a decerné commission. la commission s'adresse aux Juges des lieux. faire enregistrer une commission. il a receu commission de son Superieur, de son General. quand ils furent assemblez, il leur exposa la teneur de sa commission. on a delivré des commissions pour la levée des tailles. pour la levée des gens de guerre.

Il se prend aussi quelquefois pour un employ qu'on exerce comme y ayant esté commis pour un temps; Et alors il s'oppose à Office, Charge. Ce n'est pas une Charge, ce n'est qu'une commission, qu'une simple commission. l'employ d'Intendant des Finances n'est qu'une simple commission. il a la commission generale des vivres en Flandre. une commission dans les Aides, dans les Gabelles. il est allé en commission. on l'a envoyé en commission. le temps de sa commission expire bientost. il est hors de sa commission. il est de retour de sa commission. il a une commission qui ne vaut pas grand'chose. c'est une commission fort lucrative.

Commissionnaire. s. Qui est chargé d'une commission pour quelque particulier. Il n'a guere d'usage qu'en matiere de negoce, & il se dit principalement d'un correspondant qui s'est chargé de l'achat, ou du debit de quelques marchandises. C'est le Commissionnaire d'un tel. ces Marchands-là tiennent un Commissionnaire dans les principales villes.

Committimus. s. m. Lettres de Committimus. Terme de Chancellerie. On appelle ainsi des Lettres de Chancellerie, par lesquelles les causes qu'on a, tant en demandant qu'en défendant, sont commises en premiere instance aux Requestes du Palais ou aux Requestes de l'Hostel.

On appelle, Committimus du grand sceau, Les Lettres qu'on obtient pour les causes qui sont hors du ressort du Parlement de Paris; Et, Committimus du petit sceau, Celles qui ne sont valables que dans l'estenduë d'un Parlement. Des Lettres de committimus. faire expedier, faire signifier un committimus. il fit renvoyer la cause en vertu de son committimus. tous les Commensaux de la Maison du Roy ont droit de committimus. l'Académie Françoise a droit de committimus par les Lettres Patentes de son Institution.

On appelle aussi, Committimus, Le droit de committimus. On a osté depuis peu le committimus à plusieurs Communautez.

Committitur. s. m. Terme & formule dont on se sert au Conseil pour commettre un Rapporteur. Monsieur le Chancelier a mis le committitur sur la Requeste.

On appelle, Requeste de committitur, La Requeste par laquelle on demande qu'un Rapporteur soit commis.

Demettre. v. a. Deplacer, oster de sa place, disloquer. Sa cheute luy a demis le bras. se demettre le bras. se demettre la jambe.

Il s'employe encore avec le pronom personnel, pour dire, Se deffaire d'une Charge, d'un employ, d'une dignité. Il s'est demis de sa Charge en faveur d'un tel. il s'est demis de son Abbaye entre les mains du Roy. on l'obligea à se demettre de sa Charge. il s'en est demis de luy-mesme. Diocletien s'estant demis de l'Empire.

Demettre, Se prend aussi quelquefois pour Deposer, destituer, Un Seigneur lors qu'il demet un Officier qui est à titre onereux, est obligé de le rembourser.

Demis, [dem]ise. part. Il a les significations de son verbe.

Demission. s. f. v. Acte par lequel on se demet de quelque Charge, de quelque Dignité. Demission volontaire. demission forcée. on n'a pas voulu recevoir, voulu accepter sa demission. faire une demission pure & simple d'une Abbaye entre les mains du Roy. faire une demission d'un Benefice entre les mains du Pape en faveur de quelqu'un. on luy a demandé sa demission. il a esté obligé de donner sa demission.

Dimissoire. s.m. Lettres par lesquelles un Evesque consent qu'un de ses Diocesains soit promeu à la Clericature, ou aux Ordres par un autre Evesque.

Emission. s. m. Terme dogmatique. Action par laquelle on pousse quelque chose au dehors. Il se dit principalement des rayons de lumiere. L'emission des rayons du Soleil. Quelques-uns ont cru que l'action de la veuë se faisoit par l'emission des rayons visuels.

Emissaire. s. m. Celuy qui est envoyé secretement pour découvrir quelque chose, pour semer des bruits, pour donner des avis &c. Il a fait semer ce bruit par ses emissaires. on a découvert ses emissaires. il a fait donner cet avis par ses emissaires.

Il se dit aussi de ceux qui sans avoir esté envoyez ont une correspondance secrette avec un party, avec des estrangers.

Entremettre, s'entremettre. v. n. p. S'interposer, s'employer pour une chose qui regarde l'interest d'un autre. Il s'est entremis pour les accorder. il s'entremet pour luy faire avoir sa grace.

On dit aussi, S'entremettre d'une affaire, pour dire, S'ingerer, se mesler d'une affaire, agir dans une affaire, & entrer pour cela en negociation avec ceux qu'elle regarde principalement. C'est une affaire dont il s'est entremis assez long-temps, pour accommoder les parties, mais il l'a enfin abandonnée. s'entremettre des affaires publiques. il s'est entremis de leur accommodement. il s'en est entremis d'Office. c'est un homme qui s'entremet de beaucoup de choses.

Entremise. s. f. v. Interposition, action d'une personne qui interpose ses offices, son authorité &c. Il se servit de l'entremise d'un tel pour y reussir. cela se fit par son entremise.

Il signifie quelquefois simplement Ministere, moyen par lequel une chose se fait. C'est par l'entremise des demons que les magiciens &c.

Entremettant, [entremett]ante. adj. Qui s'entremet, qui s'interpose officieusement pour faire plaisir. C'est un homme entremettant, fort entremettant. c'est une femme fort entremettante.

Entremetteur, [entremett]euse. s. Qui s'entremet qui s'interpose dans une affaire. Il a esté l'entremetteur de cette affaire, c'est luy qui l'a fait reussir.

On ne s'en sert guere au feminin qu'en mauvaise part, & en parlant d'une personne qui se mesle de quelque commerce illicite.

Intermission. s. f. v. Interruption, discontinuation. La fiévre luy a duré trente heures sans intermission. il y a eu quelque intermission, quelque legere intermission à son mal. il travaille sans intermission.

Intermittent, [intermitt]ente. adj. Qui discontinuë. Il n'a guere d'usage que dans ces phrases. Poulx intermittent. fievre intermittente, qui se disent d'un poulx dont les battemens cessent par intervalle, & d'une fievre qui n'est pas reglée, mais qui cesse & qui reprend à differens intervalles.

Obmettre. v. act. Manquer à faire, à dire &c. quelque chose qui est d'obligation ou d'usage, ou que l'on s'estoit proposé de faire, de dire &c. Je n'obmettray rien de tout ce qui dependra de moy pour vostre service. je feray tout ce qu'il faut sans rien obmettre. il a obmis ce qu'il y avoit de plus important dans la cause. il a obmis deux ou trois mots dans sa lettre. prenez garde de n'obmettre aucune des formalitez necessaires. c'est un homme qui n'obmet rien pour parvenir à ses fins. il y a apparence que ce qui paroist obmis dans cette piece, dans ce contract a esté obmis à dessein. j'ay obmis à mettre la date, j'obmettois à vous dire. il a obmis de marquer, de toucher les choses principales.

On se sert quelquefois de ce verbe par une espece de figure de Rhetorique, & alors on le construit ordinairement avec la particule que. J'obmets que, c'est à dire, Je passe sous silence que.

Obmis, [obm]ise. part.

Obmission, (on prononce Omission.) s. f. v. Manquement à une chose de devoir ou d'usage. Faire une omission. une omission considerable dans une matiere d'importance. ce n'est qu'une faute d'omission.

On appelle, Peché d'omission, Le peché qui consiste à ne pas faire ce qui est commandé. C'est un peché d'omission que de manquer à aller à la Messe un jour de feste.

Permettre. v. a. Donner pouvoir, liberté, licence de faire, de dire. Il n'a fait que ce que la Loy luy permettoit. la Loy ne permet pas aux enfans de se marier sans le consentement de leur pere. le Roy luy a permis de ... les Loix ne permettent pas le transport d'argent hors du Royaume, ne permettent pas le port des armes à toutes sortes, de personnes. il n'est pas permis de se vanger soy-mesme. on demande s'il est permis &c. Il est permis, est quelquefois une phrase de formule dont on se sert dans les concessions de Privilege. Par grace & Privilege du Roy, il est permis à un tel.

On dit quelquefois dans le discours ordinaire, & en parlant de quelque chose en quoy une personne excelle par dessus une autre. Il n'est pas permis à tout le monde d'avoir les mesmes talens, d'avoir un genie si aisé &c. pour dire, Il n'est pas donné à tout le monde, tout le monde n'a pas l'avantage &c.

On dit aussi dans le discours ordinaire, A vous permis, pour dire, Vous pouvez faire ce qu'il vous plaira, je ne m'en soucie point. Et cela se dit plus ordinairement par indifference ou par mespris. Si vous voulez vous en fascher, à vous permis.

On dit encore à peu prés dans le mesme sens, Je vous permets d'en penser ce qu'il vous plaira, pour dire, Pensez-en ce que vous voudrez, je vous en laisse la liberté, & je ne m'en mets guere en peine. Dites tout ce que vous voudrez, je vous le permets.

On dit, d'Un homme qui se donne la licence de faire beaucoup de choses qu'il ne devroit pas, qu'Il se permet beaucoup de choses.

On dit quelquefois, Permettre une chose, pour dire, En permettre l'usage. Ce n'est que depuis quelque temps qu'on a permis l'or & l'argent. les Medecins luy ont permis le vin.

Il signifie quelquefois simplement, Tolerer ce qu'on pourroit empescher. Dieu permet quelquefois que les meschans prosperent. Dieu permet le mal, mais il n'est jamais autheur du mal.

On dit aussi quelquefois, Dieu a permis que &c. pour dire, Que l'ordre de la providence, de la justice divine a voulu. C'estoit une maison dans l'éclat, Dieu a permis qu'elle soit tombée tout d'un coup dans le malheur. Dieu permit qu'aprés avoir fait beaucoup de crimes, il tombast enfin entre les mains de la Justice &c.

Il se dit aussi des choses, & alors il signifie, Donner le moyen, la commodité, le loisir &c. J'iray vous voir dés que mes affaires me le pourront permettre. ma santé ne me le permet pas. le temps ne m'a pas permis de sortir.

On dit, quand on veut faire souffrir un mot qu'on hazarde, & qui n'est pas usité. S'il m'est permis de parler ainsi.

Permis, [perm]ise. part.

Permission. s. f. Pouvoir, liberté, licence de faire, de dire &c. Il a une permission du Roy pour telle chose. il faut avoir, il faut obtenir la permission de l'Evesque, cela ne se peut sans permission. on luy a donné permission de.... le Roy luy a accordé la permission. avec vostre permission. avec la permission de la compagnie, termes de civilité. Je vous diray avec vostre permission que. On s'en sert aussi quelquefois par une espece d'ironie ou d'indignation. Mais avec vostre permission, de quel droit pourrez-vous pretendre que ...

On dit, C'est une permission de Dieu, pour dire, C'est un ordre de la Providence, de la justice divine. Cela est arrivé par la permission de Dieu.

Promettre. v. actif. Donner parole de quelque chose, s'engager par parole ou par escrit à faire, à dire, &c. Il faut prendre garde à ce que l'on promet. estre exact à tenir ce qu'on a promis. on luy a promis cent pistoles pour sa peine. vous m'aviez promis de l'argent à Pasques. je vous promets que j'y feray tout mon possible, mais je ne vous promets pas d'y reussir. promettre une fille en mariage. ses parens l'ont promise en mariage à un tel, l'ont promise à un tel. il luy a promis fidelité. ils se sont promis amitié l'un à l'autre.

On dit prov. Ce n'est pas tout de promettre, il faut tenir. Et l'on dit encore, Promettre & tenir sont deux; Et, qu'Il y a grande difference entre promettre & tenir, pour dire, qu'Il y a beaucoup de gens qui promettent, & qui ne satisfont pas à ce qu'ils ont promis. Promettant, obligeant, renonçant. Sorte de clause que les Notaires employent dans tous leurs actes.

On dit figur. d'Un jeune homme, qu'Il promet beaucoup, pour dire, qu'Il donne de grandes esperances de luy, qu'il donne lieu de juger qu'il aura de l'esprit, du merite, du courage, &c. C'estoit un Prince qui promettoit beaucoup.

On dit aussi en parlant des fruits de la terre vers le Printemps, qu'Ils promettent beaucoup, pour dire, que L'estat où ils sont alors donne lieu d'esperer que la moisson, que la recolte, que les vendanges seront abondantes. Les bleds, les vignes promettent beaucoup.

On dit aussi dans le mesme sens, Voicy un commencement d'année qui promet beaucoup.

On dit encore en parlant de la constitution de l'air. Voilà un temps qui promet du chaud, du froid, de la pluye, &c. pour dire, Voilà un temps qui donne lieu de croire qu'il fera chaud, qu'il fera froid, qu'il pleuvra, &c. Et cela se dit également, soit qu'on desire, soit qu'on craigne que la chose arrive.

On dit aussi, l'Almanach nous promet de la pluye, du beau temps, pour dire, l'Almanach predit, assure que nous aurons de la pluye, du beau temps.

On dit prov. Promettre monts & merveilles, pour dire, Promettre toutes sortes de choses; Et cela se dit ordinairement de ceux qui pour engager les autres à faire ce qu'ils souhaitent, ne font point de difficulté de leur promettre beaucoup plus qu'ils ne veulent, ou qu'ils ne peuvent tenir.

On dit encore prov. Promettre plus de beurre que de pain, pour dire, Promettre plus qu'on ne veut & qu'on ne peut tenir.

On dit aussi prov. & bass. C'est un homme qui ne vous promet pas poires molles, pour dire, C'est un homme qui menace de vous faite bien du mal.

On dit aussi prov. Il se ruine à promettre, & s'acquitte à ne rien tenir.

On dit encore, Il ne sera pas si meschant qu'il a promis à son Capitaine, pour dire, On n'a rien à craindre des menaces qu'il a faites.

On dit quelquefois, Se promettre, pour dire, Esperer. Il se promet cela de vostre bonté. je m'estois promis qu'à ma consideration. il se promet d'y estre bien-tost.

Promis, [prom]ise. part. Il a les significations de son verbe.

On dit prov. Chose promise, chose deuë, pour dire, Que dés qu'on a promis quelque chose on est obligé de tenir ce qu'on a promis.

Promesse. s. f. Asseurance qu'on donne de bouche ou par escrit, de faire ou de dire quelque chose. Promesse verbale. promesse par escrit. faire de grandes promesses, de magnifiques promesses. fausser sa promesse. manquer à sa promesse. manquer de promesse. n'adjoustez nulle foy à ses promesses. ce sont des promesses trompeuses. il faut tenir sa promesse. garder sa promesse. satisfaire à sa promesse. c'est un homme qui se dispense aisément de ses promesses. c'est aller contre vostre promesse. donner, faire une promesse de mariage à une fille. je vous feray souvenir de vostre promesse. je vous somme de vostre promesse. engager sa promesse. degager sa promesse. violer sa promesse. s'acquitter de sa promesse. me voilà quitte de ma promesse. accomplir sa promesse. il luy en a donné une reconnoissance portant promesse. j'ay tiré promesse de luy que &c. l'Escriture sainte dit que Dieu est fidelle dans ses promesses.

On dit d'Un homme, Que c'est un homme de promesse, pour dire, Que c'est un homme qui tient ce qu'il a promis. Vous pouvez faire fond sur ce qu'il vous a promis, il est homme de promesse.

On appelle aussi absolument, Promesse, Un billet par lequel on promet de payer quelque somme d'argent. Promesse sous seing privé. promesse payable à volonté, payable en certain temps. une promesse de mille escus. il est fondé en promesse. faire reconnoistre une promesse. donner sa promesse. je vous en feray ma promesse quand vous voudrez. dechirer, lacerer une promesse. retirer sa promesse. en me rapportant ma promesse je vous payeray.

Prometteur, [promett]euse. s. Qui promet legerement ou sans intention de tenir ce qu'il promet. Vous estes un beau prometteur. c'est un grand prometteur. vous estes une belle prometteuse. Il ne se dit que dans le stile familier.

Promission. s. f. Il n'a d'usage qu'en cette phrase. La Terre de Promission, Qui veut dire, La Palestine, appellée ainsi par l'Escriture sainte; parce que c'estoit la terre que Dieu avoit promise au peuple Hebreu.

On dit fig. d'Un pays fort abondant en tout ce qui regarde les fruits de la terre, Que c'est une terre de promission.

Compromettre. v. n. Consentir reciproquement par acte, de se rapporter au jugement d'un ou de plusieurs arbitres des differends, des procés qu'on a ensemble. Ils ont compromis de toutes leurs affaires entre les mains d'un tel. je luy ay offert de compromettre là-dessus, s'il vouloit. ils ont compromis sur tous les chefs.

Il est aussi actif, & on dit, Compromettre quelqu'un, pour dire, Exposer quelqu'un à recevoir quelque chagrin, quelque degoust, soit en se servant de son nom sans son aveu, soit en l'embarassant dans des demeslez, dans des affaires. N'ayez pas peur, je mesnageray si bien les choses que je ne vous compromettray pas.

On dit à peu prés dans le mesme sens, Compromettre sa dignité, son authorité, pour dire, Exposer sa dignité, son authorité à recevoir quelque dechet, quelque diminution.

Compromis, [comprom]ise. part. Il a les significations de son verbe.

Compromis. s. m. Acte par lequel deux personnes promettent de se rapporter de leurs differends au jugement d'un ou de plusieurs Arbitres. Faire un compromis. passer un compromis. dresser, signer un compromis. mettre une affaire en compromis. on ne met en compromis que les affaires douteuses & litigieuses. ce n'est pas là une chose qu'on doive mettre en compromis. ils ont passé un compromis au dedit de mille escus.

On dit figur. Mettre quelqu'un en compromis, pour dire, Le compromettre.

Et l'on dit aussi fig. dans le mesme sens, Mettre la dignité, l'authorité de quelqu'un en compromis.

Remettre. v. a. Mettre de nouveau au mesme endroit, mettre dans l'estat d'auparavant, restablir. Remettre un livre en sa place. remettre l'espée dans le fourreau. remettre des lieux dans l'estat où on les a trouvez &c. on l'a remis dans tous ses biens, dans tous ses droits. c'est nous vouloir remettre à l'A, B, C.

Il sert encore à expliquer la reïteration du mot de Mettre, dans plusieurs de ses autres sens. Remettre à la voile. remettre les voiles au vent. remettre à la taille. remettre en vente. remettre à la besace. remettre à bien, à mal. remettre une chose en question. cela l'a remis en colere, en belle humeur, en gain, en fortune &c. cette affaire l'a un peu remis dans le monde. remettre l'ordre, le desordre dans une maison. cela les a remis mal ensemble. je les ay remis aux mains. je vous remettray à mesme quand vous voudrez. se remettre en estat. se remettre à l'estude. se remettre à travailler. il s'est remis au hazard de... il s'est remis en teste d'aller encore en Italie. il s'est remis au lait. les Medecins l'ont remis au lait.

Il signifie quelquefois, Raccommoder, remboiter un membre, un os demis, disloqué, cassé. Le Chirurgien luy a remis le bras. on a eu bien de la peine à luy remettre la jambe. on luy a remis la luette.

On dit en termes de chasse, qu'Une perdrix s'est remise en tel endroit, pour dire, qu'Aprés avoir fait son vol, elle s'est abbatuë en tel endroit. Elle vient de se remettre. elle ne fait que de se remettre. Et mesme les chasseurs disent, Je l'ay veuë remettre en tel endroit, pour dire, Je l'ay veuë se remettre.

Il signifie quelquefois, Differer à un autre temps. On a remis la partie à demain. c'est un homme qui remet de jour en jour. remettons à une autre fois ce que nous ne pouvons pas faire aujourd'huy. il me remet aux Calendes Grecques.

On dit aussi quelquefois, A remettre, pour dire, A refaire, à recommencer. Ainsi au jeu de la paume on dit, Au dernier à remettre, pour dire, Que la chasse est au dernier, & que si celuy contre qui on joüe met aussi au dernier, il faudra recommencer le coup.

Il signifie encore, Rassurer, redonner de l'assurance, faire revenir du trouble, de l'inquietude, de la frayeur où l'on est. Ce que vous luy avez dit luy a un peu remis l'esprit. on a bien eu de la peine à la remettre de la frayeur qu'elle a euë. elle ne sçauroit se remettre de son affliction.

Remettre, signifie aussi quelquefois, Reconcilier, & on y adjouste ordinairement la particule bien. Ils estoient broüillez, on les a bien remis ensemble. se remettre bien avec quelqu'un.

Il signifie aussi, Redonner de la santé, des forces, L'usage du lait est ce qui l'a remis. il a esté long-temps qu'il n estoit pas encore bien gueri, mais le voilà remis tout-à-fait.

On dit dans ce sens là, Se remettre, pour dire, Recouvrer sa santé, ses forces. Il a eu bien de la peine à se remettre de sa maladie. il a esté long-temps qu'il ne s'en pouvoit remettre.

Il signifie quelquefois, Pardonner. Il n'y a que Dieu qui ait pouvoir de remettre les pechez. je luy remets de bon coeur toutes les offenses, toutes les injures qu'il m'a faites. L'Ecriture sainte dit, Remettez & il vous sera remis, pour dire, Que si nous pardonnons à nostre prochain les offenses que nous avons receuës, Dieu aussi nous pardonnera nos pechez.

Il signifie encore, Faire grace à quelqu'un de quelque chose qu'on estoit en droit d'exiger de luy. De mille escus qu'il devoit, on luy en a remis cinq cens francs. on luy a remis le tiers des lots & ventes. les amendes ne se remettent jamais. le Roy luy a remis la peine du bannissement. l'absolution remet la coulpe, mais elle ne remet pas la peine. En cette derniere phrase le premier Remettre, signifie, Pardonner; & le second signifie, Faire grace.

On dit aussi en termes de negoce & de commerce, Remettre de l'argent en une ville, pour dire, L'y envoyer par lettre de change. Il a fait remettre vingt mille escus à Lyon.

Il signifie encore, Mettre comme en depost, confier au soin, a la prudence de quelqu'un. Je luy ay remis entre les mains tout l'argent que j'avois, tout ce que j'avois. il quitta l'armée, & remit le commandement des troupes à un tel.

On dit dans le mesme sens, Je remets tous mes interests entre vos mains. je vous remets le soin de ces affaires là. je remets cela à vostre discretion &c.

On dit encore, Remettre une affaire à quelqu'un, pour dire, Luy en laisser l'inspection, la disposition. M. le Chancelier remet ordinairement ces sortes d'affaires là à un tel.

On dit, Remettre un Benefice, une Charge, pour dire, Se dessaisir d'un Benefice, d'une Charge entre les mains de celuy à qui il appartient d'y pourvoir. Il a remis son Benefice entre les mains du Collateur. il a remis sa Charge, son Gouvernement entre les mains du Roy.

On dit aussi, Se remettre entre les mains de quelqu'un, pour dire, Avoir recours à luy en telle sorte qu'on se mette entierement à sa disposition. Il se remet entierement entre vos mains, & il ne fera que ce que vous voudrez.

Dans ce mesme sens on dit, Se remettre entre les mains de Dieu, pour dire, Se resigner, s'abandonner entre les mains de Dieu. Remettez-vous tout-à-fait entre les mains de la providence.

On dit absolument, Se remettre, pour dire, Se mettre en prison de son propre mouvement, Ceux qui sont condamnez par contumace peuvent se purger dans les cinq ans pourveu qu'ils se remettent. il s'est remis à la Conciergerie.

On dit, Se remettre de quelque chose à quelqu'un, pour dire, S'en rapporter à luy, à ce qu'il dira, à ce qu'il fera. Du reste je me remets à ce que vous dira &c. je m'en remettray à qui vous voudrez. je m'en remets au jugement du premier venu. il s'est remis sur luy du soin de toutes ces choses là.

On dit, Remettre quelque chose devant les yeux, pour dire, Representer, remontrer, faire considerer. J'ay eu beau luy remettre devant les yeux le peril où il s'exposoit.

On dit encore, Se remettre quelque chose, pour dire, En rappeller l'idée, le souvenir. Quand je me remets l'estat où je l'ay veu. ne vous remettez-vous point son visage? je ne sçaurois me remettre son nom.

Remis, [rem]ise. part. Il a les signif. de son verbe.

Remise. s. f. Lieu pratiqué dans une maison pour y mettre un carrosse à couvert. Une remise de carrosse. mettre un carrosse sous la remise, dans la remise.

On appelle encore, Remise, l'Endroit où une perdrix se remet aprés avoir fait son vol. Tuer des perdrix à la remise.

On appelle aussi Remise, Un taillis de peu d'estenduë planté dans une campagne, & propre à servir de remise aux lievres, aux perdrix &c. Il y a quantité de remises dans cette plaine. on y a planté plusieurs remises.

Remise. Delay, retardement. C'est un homme qui use tousjours de remise. voilà bien des remises. je partiray demain sans remise, sans aucune remise.

Remise, Se dit aussi en parlant de l'argent que des negociants font remettre à leurs correspondants dans une ville, soit par lettres de change, soit autrement. Il a fait une grande remise d'argent en une telle ville. il a fait faire une remise de cent mille escus.

Il se dit aussi de la grace que l'on fait a un debiteur en luy remettant une partie de ce qu'il doit. On luy a fait remise de la moitié des lots & ventes. il devoit dix mille francs, on luy a fait remise du quart. quelle remise voulez-vous que je luy fasse? il demande quelque remise. il voudroit bien avoir remise du tiers.

Remission. s. f. Pardon. La remission des pechez. obtenir de Dieu la remission de ses pechez.

On appelle aussi, Remission, La grace que le Prince fait à un homme en luy remettant la peine qu'il a encouruë par les Loix; ce qui n'a lieu que quand les circonstances de l'action la rendent digne de pardon. Le Roy luy a donné sa remission, luy a accordé sa remission. on a demandé sa remission au Roy. il a eu beaucoup de peine à obtenir sa remission.

On appelle, Lettres de remission, Les Lettres Patentes expediées en Chancellerie & addressées aux Juges, par lesquelles le Roy accorde à un criminel la remission de son crime, en cas que ce qu'il a exposé à sa descharge se trouve vray. Obtenir des lettres de remission. presenter des lettres de remission. faire enteriner des lettres de remission. le Parlement refusa d'enteriner les lettres de remission, parce qu'elles avoient esté obtenuës sur un faux exposé.

On appelle aussi absolument, Remission, Les Lettres de remission. On a scellé sa remission.

On se sert aussi de ce mot de Remission, dans un sens plus estendu, & pour signifier generalement la misericorde, l'indulgence dont use une personne qui a authorité ou avantage sur une autre; mais on ne l'employe guere en ce sens que dans la negative. C'est un fascheux creancier, il fait payer à jour nommé sans remission. n'attendez aucune remission de luy. il vous traitera sans remission. n'esperez point de remission. Et absolument, Point de remission.

Remissionnaire. s. m. Celuy qui est porteur de lettres de remission. On oblige tout remissionnaire à se mettre à genoux quand il presente ses lettres de remission à l'Audience.

Remissible. adj. de tout genre. Qui est pardonnable, qui est digne de remission. C'est une faute remissible. ce crime-là n'est pas remissible. c'est un cas remissible, fort remissible.

Irremissible. adj. de tout genre. Qui n'est pas pardonnable, qui ne merite point de pardon, de remission. Faute irremissible. crime irremissible. le cas est irremissible.

Irremissiblement. adv. Sans remission, sans misericorde. Il l'a condamné irremissiblement.

Sousmettre. v. act. Reduire, ranger sous la puissance, sous l'authorité, mettre dans un estat d'abbaissement, de dependance. Sousmettre les peuples à l'obeïssance. sousmettre toute la terre à ses Loix; à son Empire. se sousmettre à une domination estrangere. sousmettre sa raison à la foy.

On dit, Se sousmettre aux ordres, à la volonté de quelqu'un, pour dire, Y conformer ses actions, ses sentimens. Il faut se sousmettre aux ordres du Roy. se sousmettre à ce que le Roy veut. c'est à nous à nous sousmettre avec respect aux ordres de la Providence; à nous sousmettre entierement d la volonté de Dieu.

On dit aussi, Se sousmettre à quelque chose, à souffrir quelque chose, pour dire, S'engager, consentir à subir quelque peine. Je me sousmets à la peine du quadruple si cela est. je me sousmets à tout ce qu'il vous plaira en cas que cela soit. je me sousmets à perdre tout mon bien si j'ay dit ce qu'on m'impute.

On dit encore, Sousmettre une chose au jugement, à la censure, à la critique de quelqu'un, pour dire, S'engager à deferer au jugement qu'il en fera. Je vous prie de lire toute la piece, je la sousmets à vostre jugement.

Ordinairement quand un Autheur orthodoxe escrit sur les matieres de la foy, il declare qu'Il sousmet ses escrits au jugement, à la censure de l'Eglise.

Soumis, [soum]ise. participe. Il a les significations de son verbe.

Sousmission. s. f. v. Deference respectueuse. Il a tousjours eu une grande sousmission pour ses superieurs. il se tient dans la sousmission où il doit estre. demeurer dans la soumission. avoir une grande sousmission d'esprit pour les choses de la Foy. la sousmission à la volonté de Dieu. la sousmission aux ordres du Roy.

Il s'employe quelquefois au pluriel pour marquer les respects qu'un inferieur rend à ceux qui sont au dessus de luy. C'est un homme qui aime qu'on luy rende de grandes sousmissions, qu'on luy fasse de grandes sousmissions.

Il se prend aussi pour les demonstrations respectueuses dont un inferieur use à l'esgard d'un superieur pour appaiser son indignation, pour luy faire satisfaction. Le Roy receut ses sousmissions avec bonté. le Doge de Gennes fut envoyé avec quatre Senateurs pour porter au Roy les sousmissions de la Republique.

C'est aussi un terme de Pratique. Ainsi on dit, Faire ses sousmissions au Greffe, pour dire, Comparoistre au Greffe d'une Jurisdiction, & y declarer qu'on vient pour y proceder sur les affaires qu'on y a: pour subir le jugement qui y sera rendu.

Transmettre. v. act. Ceder, mettre ce qu'on possede en la possession d'un autre. Celuy qui donne transmet au donataire la proprieté des choses données.

Il se dit aussi en choses morales. Il arrive bien souvent que les Peres transmettent à leurs enfans, leurs vices ou leurs vertus. Les sciences nous ont esté transmises par les Grecs & les Latins.

On dit encore, Transmettre son nom, transmettre sa gloire à la posterité, pour dire, Faire passer son nom, sa gloire jusques dans la posterité.

Transmis, [transmi]se. part.

Transmissible. adj. de tout genre. Qui peut estre transmis. Il y a de certains droits qui ne sont point transmissibles. MEU

MEUBLE. &brace; Voy MOUVOIR.

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Dictionnaire de L'Académie française, 4th Edition (1762)

METTRE (Page 138)
METTRE se construit quelquefois avec le pronom personnel & un autre verbe à l'infinitif régi de la particule à; & alors il marque ordinairement le commencement d'une action. Dès qu'on lui en parle, il se met à pleurer. Aussitôt il se mit à parler tout bas. Dès qu'ils furent à table, ils se mirent à boire, &c. Tout le monde se mit à crier, &c. Ce qui veut dire proprement, Il commença à pleurer, il commença à parler, ils commencèrent à boire, tout le monde commença à crier, &c.

Quelquefois pourtant il a une signification un peu différente, & il marque commencement ou continuation d'action & d'application, comme dans ces phrases: Il s'est mis tout de bon à étudier; depuis qu'il s'est mis à jouer, il a entièrement quitté l'étude; quand on s'est mis une fois à ne rien faire: ce qui veut dire proprement, Il s'est adonné, appliqué à étudier; depuis qu'il s'est adonné à jouer; quand on est accoutumé une fois à ne rien faire.

On dit fam. Se mettre après quelqu'un; & cela se dit en plusieurs sens différens, soit pour dire, Se jeter sur quelqu'un pour le maltraiter. Il se mit après lui, & le roua de coups. Soit pour dire, Presser, importuner quelqu'un pour lui faire faire ce qu'on veut. Elles se mirent toutes après lui, & l'obligèrent d'être de la partie.

METTRE (Page 138)
METTRE se construit encore quelquefois avec l'infinitif d'un autre verbe, sans aucune particule précédente. Mettre chauffer de l'eau, mettre sécher du linge, &c. pour dire, Mettre de l'eau auprès du feu afin qu'elle chauffe, mettre du linge en un lieu afin qu'il sèche, faire chauffer de l'eau, faire sécher du linge.

METTRE. v.a. (Page 134)
METTRE. v.a. Je mets, tu mets, il met, nous mettons, vous mettez, ils mettent. Je mettois. Je mis. Je mettrai. Mets. Que je mette. Que je misse. Mettant. Mis. Poser, placer quelqu'un ou quelque chose dans un certain lieu. Mettre une chemise. Mettre un habit. Mettre son chapeau sur sa tête. Mettre des livres sur une tablette. Mettre des porcelaines sur une cheminée. Mettre un clou à une tapisserie. Mettre le pot au feu. Mettre la viande à la broche, au pot. Mettre sur table. Mettre les viandes sur la table. Mettre la main à l'épée. Mettre l'épée à la main. Mettre le pied à l'étrier. Mettre le couvert. Se mettre à table. Mettre un mors à un cheval. Mettre le sceau à des lettres. Mettre un homme en prison. Mettre un Officier aux arrêts. Mettre un soldat en sentinelle, en faction. Mettre de l'argent à la banque. Mettre un lièvre en pâte. Mettre un vaisseau à la mer.

On dit, Mettre le dessus d'une lettre, mettre un mot dans une lettre, pour dire, Écrire le dessus d'une lettre, écrire un mot dans une lettre.

On dit aussi dans la même acception, Mettre une virgule. Mettre un accent. Mettre son seing. Mettre sa signature.

On dit prov. & figur. Mettre la charrue devant les boeufs, pour dire, Faire quelque chose à rebours & contre l'ordre.

On dit figurément & proverbialement, Mettre de l'eau dans son vin, pour dire, Se raviser, prendre une résolution plus modérée, se relâcher de quelque prétention, de quelque demande excessive.

On dit proverbialement, Mettre la main à la pâte, pour dire, Travailler soi-même à quelque chose, & n'y point épargner ses peines.

On dit aussi à peu près dans la même acception, Mettre la main à l'oeuvre.

On dit proverbialement, qu'Il ne faut pas mettre la main à l'encensoir, pour dire, qu'Il ne faut pas que les personnes séculières se mêlent mal-à-propos des choses qui sont purement de la Religion & de la Juridiction Ecclésiastique.

On dit encore dans un sens presque égal, qu'Il ne faut pas mettre la faucille dans la moisson d'autrui, pour dire, qu'Il ne faut pas entreprendre sur l'emploi, sur la charge, sur la fonction & sur les droits d'un autre.

On dit, Mettre la main sur la conscience, pour dire, Faire une sérieuse réflexion sur une chose où la conscience peut être intéressée; & cela se dit à un homme dans le discours ordinaire, pour le presser d'avouer quelque chose qu'on veut savoir de lui. Mettez la main sur la conscience, n'est-il pas vrai que.....

On dit en style de Pratique, Mettre la main ad pectus, pour dire, Mettre la main sur l'estomac, pour affirmer qu'on dit vrai. Et cette formule n'est en usage qu'à l'égard de ceux qui sont dans les Ordres sacrés, & à qui on fait prêter serment. On disoit autrefois dans le même sens, Mettre la main au pis.

Pour marquer qu'on croit une chose bien véritable, on dit famil. J'en mettrois ma main au feu. Et quand on veut marquer qu'on en doute, on dit, Je n'en mettrois pas ma main au feu. Cela ne se dit guère que lorsqu'il s'agit de quelque chose qui regarde la réputation d'autrui.

Pour affirmer une chose, & marquer qu'on n'en doute nullement, on dit, Je mettrois ma vie, je mettrois ma tête, je mettrois ma tête à couper, que cela est.

On dit proverbialement & familièrement, pour marquer que quelqu'un a deviné de quoi il s'agit, qu'il a très-bien rencontré, qu'Il a mis le doigt dessus.

On dit figurément, Mettre la main sur quelqu'un, pour dire, Le frapper. S'il met une fois la main sur lui, il y paroîtra. Un Laïque qui met la main sur un Prêtre, est excommunié.

On dit aussi, Mettre la main sur le collet à quelqu'un, pour dire, L'arrêter prisonnier. Les Sergens lui mirent la main sur le collet. Il est du style familier.

On dit fig. & fam. d'Un homme qui est de mauvaise humeur, qu'Il a mis son bonnet de travers.

On dit d'Un Écuyer qui a appris à un jeune homme à monter à cheval, que C'est lui qui l'a mis à cheval.

Et on dit, Mettre un cheval au galop, mettre un cheval au trot, au pas, pour dire, Dresser un cheval, faire aller un cheval au galop, au trot, au pas.

On dit par menace dans le discours familier, contre un homme qu'on veut maltraiter, Je lui mettrai la tête où il a les pieds.

On dit proverbialement & figurément, Mettre quelqu'un en beaux draps blancs, pour dire, En parler mal, en médire outrément.

On dit à peu près dans le même sens, Le mettre à la pile au verjus. Il est populaire.

On dit aussi figurément, qu'Un homme a mis la main à un ouvrage d'esprit, pour dire, qu'Il y a travaillé; & cela ne se dit proprement que de celui qui n'en est pas l'auteur principal.

On dit, qu'Un Peintre, qu'un Sculpteur a mis la dernière main à un ouvrage, pour dire, qu'Il l'a entièrement achevé, qu'il l'a mis dans l'état où il veut qu'il demeure.

On le dit aussi figurément Des ouvrages d'esprit; & alors cela ne se dit guère que de l'Auteur.

On dit proverbialement, en parlant d'une affaire, Mettre les fers au feu, pour dire, Commencer à s'y appliquer, à y travailler sérieusement, avec soin.

On dit aussi en matière d'affaire, de négociation, Mettre la main à une chose, pour dire, S'en mêler: Et, Y mettre la dernière main, pour dire, La conclure, la terminer.

On dit aussi, en parlant d'affaire, Mettre papiers sur table, pour dire, Faire voir les pièces justificatives des prétentions que l'on a.

On dit aussi figurément, Mettre le sceau à une affaire, pour dire, La terminer entièrement.

On dit encore figurément, Mettre une affaire, une question sur le tapis, pour dire, La proposer pour en délibérer.

On dit dans le même sens, Mettre une affaire en délibération; & dans une acception de même nature, Mettre une chose en contestation.

On dit aussi, Mettre en doute, pour dire, Douter. Je ne mets point en doute que....

On dit proverbialement & figurément, Mettre une chose en ligne de compte, pour dire, Prétendre qu'on y ait égard.

Et en parlant des comptes qu'on rend à quelqu'un, on dit, Mettre en compte, mettre en recette, mettre en dépense, pour dire, Comprendre dans les articles du compte, dans les articles de la recette & de la dépense.

On dit, Mettre en oubli, pour dire, Oublier.

On dit, Mettre quelqu'un en sang, tout en sang, pour dire, Blesser quelqu'un, en sorte qu'il demeure tout couvert de sang.

Et on dit pareillement, Se mettre tout en eau, se mettre tout en sueur, pour dire, Faire qu'on soit tout en eau, tout en sueur. Il ne sauroit faire deux pas sans se mettre tout en eau, tout en sueur.

On dit figurément & dans le style familier, Se mettre en quatre pour quelqu'un, pour dire, Faire toutes choses pour lui. Il se mettroit en quatre pour le service de ses amis.

En parlant du soin qu'on veut prendre d'une affaire, on dit, qu'On s'y mettra jusqu'au cou, pour dire, qu'On n'oubliera rien pour la faire réussir. Il est du style familier.

On dit proverbialement & figurément, Mettre tout par écueiles, pour dire, Ne rien épargner pour bien recevoir quelqu'un, pour lui faire bonne chère.

On dit figurément & familièrement, Mettre tout sur le dos, sur le corps de quelqu'un, pour dire, Le charger de tout ce qui arrive de mal dans une affaire, lui en imputer tous les mauvais succès. Les Ministres font des fautes, & les mettent sur le dos, sur le corps de leurs subalternes.

On dit aussi dans le même sens, Mettre sur le compte de quelqu'un.

On dit proverbialement & figurément, Se mettre sur son quant à moi, pour dire, Faire le suffisant, prendre des airs de hauteur & de supériorité avec celui avec qui on traite.

On dit proverbialement & figurément, Se mettre en rang d'oignon, pour dire, Prendre place parmi les autres; & cela se dit dans le discours familier, ou d'une personne de peu qui prend place parmi des personnes de grande qualité, de grande considération, ou d'un enfant qui s'assied parmi des gens bien plus âgés que lui.

On dit, Mettre le nez dans les affaires, pour dire, S'ingérer dans les affaires, en prendre connoissance. Il est du style familier.

Et, Mettre le nez dans les livres, pour dire, Commencer à étudier.

On dit proverbialement & figurément d'Un homme qui est plus curieux qu'il ne faudroit, & qui se mêle mal-à-propos des choses qui ne le regardent pas, que C'est un homme qui met son nez par-tout, qu'il met son nez où il n'a que faire. Il est du style familier.

On dit, Mettre quelqu'un en état de faire quelque chose, pour dire, Lui donner les moyens de faire quelque chose. Et, Le mettre hors d'état de faire quelque chose, pour dire, Lui en ôter les moyens.

On dit, Mettre en droit, pour dire, Donner un juste droit, un juste sujet. L'injure qu'il a reçue le met en droit de....

On dit, Mettre en crédit, en faveur, en réputation, &c. pour dire, Donner du crédit, de la faveur, de la réputation.

Et l'on dit dans un sens contraire, Mettre en guignon. Ce dernier exemple est familier.

On dit, Se mettre en état, en disposition, en devoir de faire quelque chose, pour dire, Se disposer à faire quelque chose, & prendre pour celà toutes les mesures nécessaires.

On dit en termes de Palais, Mettre quelqu'un en cause, pour dire, Faire assigner quelqu'un en garantie. Mettre en la main du Roi & de Justice, pour dire, Saisir. Mettre un fief hors de ses mains, pour dire, Se défaire d'un fief que l'on ne peut posséder suivant les Lois. Mettre un fief en sa table, pour dire, Réunir un fief servant au fief dominant. Appointer à mettre, pour dire, Ordonner que les pièces seront remises à un Rapporteur, pour être fait droit aux Parties promptement & sommairement.

On dit, Mettre un homme en Justice, pour dire, Le poursuivre criminellement.

On dit aussi, Mettre les lieux en état, pour dire, Faire les réparations nécessaires dans une maison.

On dit aussi en matière criminelle, Se mettre en état, pour dire, Se constituer prisonnier pour se purger du crime dont on est accusé, ou pour faire entériner des Lettres de grâce.

En parlant de la Juridiction des Maréchaux de France, on dit, Mettre quelqu'un aux arrêts, pour dire, Ordonner qu'il aura le lieu où il est pour prison, & qu'il ne pourra pas en partir. Dès que les Maréchaux de France furent informés de leur démêlé, ils les mirent tous deux aux arrêts.

Et en parlant de toute autre Justice militaire, on dit dans une acception pareille, qu'On a mis un Officier aux arrêts.

On dit, Se mettre en repos, se mettre l'esprit en repos, mettre l'esprit en repos à quelqu'un, pour dire, Se donner du repos d'esprit, ne se point inquiéter, calmer les inquiétudes d'un autre. Mettez-vous en repos. Mettez-vous l'esprit en repos là-dessus. Je lui ai mis l'esprit en repos.

On dit, Mettre les voiles au vent, mettre un vaisseau à la voile, & absolument, mettre à la voile, pour dire, Démarer, partir du port, lever l'ancre.

Mettre le pied en quelque lieu, pour dire, Y entrer, y arriver. C'est une maison où je ne mettrai jamais le pied.

On dit d'Un homme fort languissant, & qui a peine à marcher, qu'Il ne sauroit mettre un pied devant l'autre.

On dit figurément, Mettre l'honneur sous les pieds, pour dire, Ne se soucier point de son honneur. Mettre une injure sous les pieds, pour dire, N'en conserver aucun ressentiment, l'oublier.

Et on dit aussi, Mettre une injure au pied du Crucifix, pour dire, La pardonner, en faire le sacrifice à Dieu.

On dit, Mettre un enfant au monde, pour dire, Accoucher.

On dit aussi figurément, Mettre quelqu'un dans le monde, pour dire, Lui donner entrée dans le monde, l'y introduire, l'y établir.

On dit,Mettre en terre, pour dire, Enterrer. Il fut mis en terre ce jour-là.

On dit, Mettre une chose au jour, pour dire, La rendre publique, faire que tout le monde la sache. Et, Mettre un livre au jour, pour dire, Le faire imprimer, le donner au public. On disoit autrefois dans le même sens, Mettre un livre en lumière.

On dit aussi, Mettre une chose en évidence, pour dire, Faire connoître évidemment ce qui en est.

On dit en termes de Peintre, Mettre en petit, Lorsqu'un Peintre copiant un tableau, en réduit les figures & tout le dessein à une grandeur beaucoup au-dessous de celle de l'original. On dit, Mettre en grand, dans un sens contraire.

On dit, Se mettre au jeu, pour dire, Commencer à jouer une partie. Se mettre à l'étude, pour dire, Commencer son étude habituelle.

On dit, Se mettre dans le jeu, pour dire, S'adonner à jouer. Se mettre dans la dévotion, pour dire, Se livrer aux pratiques de dévotion.

On dit, Mettre son espérance, sa confiance en quelqu'un, pour dire, Espérer en quelqu'un, se confier en quelqu'un, en attendre du secours, de la protection.

On dit aussi figurément, Mettre quelqu'un sur les dents, pour dire, Épuiser ses forces. Le travail continuel l'a mis sur les dents.

On dit, Mettre un enfant en nourrice, pour dire, Le donner à une nourrice, pour le nourrir & pour en avoir soin.

On dit, Mettre quelqu'un en besogne, pour dire, Lui donner de la besogne, lui donner à travailler.

On dit aussi, Mettre en métier, en apprentissage, pour dire, Faire apprendre un métier.

On dit, Mettre un domestique dehors, pour dire, Le renvoyer, le chasser.

On dit familièrement, Se mettre en ménage, pour dire, Se marier. Et, Se mettre en son ménage, pour dire, Prendre son ménage.

On dit familièrement, Mettre les autres en train, pour dire, Être le premier à les porter à quelque chose. C'est lui qui nous a mis en train de boire, de travailler.

On s'en sert aussi pour dire, Animer une compagnie, l'exciter à la joie. Cet homme est très-aimable dans une société, il met tout le monde en train. Nous étions tous languissans d'ennui, un tel est venu, il nous a tous mis en train. Il est du style familier.

On dit, Se mettre en frais, en dépense, pour dire, Faire quelque dépense extraordinaire pour quelque chose. Et figurément, Se mettre en frais pour quelque chose, pour dire, Prendre beaucoup de soin pour faire réussir quelque chose. Il ne faut pas se mettre beaucoup en frais pour cette affaire.

On dit ironiquement d'un avare qui fait quelque dépense, qu'Il s'est mis en frais. Et figurément d'Un homme qui fait plus qu'il n'a coutume de faire, Il se met, ou il s'est mis en frais.

On dit, Se mettre en haleine, pour dire, Travailler à acquérir par l'exercice une plus grande facilité de faire quelque chose. Il doit courir la poste, & il monte à cheval pour se mettre en haleine.

On dit, Mettre en goût, dans le goût, pour dire, Donner du goût pour quelque chose. On l'a mis en goût d'étudier. On l'a mis dans le goût de l'étude. Il n'aimoit pas l'étude, votre exemple l'a mis en goût.

On dit, Se mettre dans les tableaux, dans les bronzes, dans les porcelaines, pour dire, Ramasser, recueillir des tableaux, des bronzes, &c.

On dit dans une acception pareille, Se mettre dans la curiosité.

On dit, Mettre une terre en labour, pour dire, Labourer une terre qui étoit en friche, en vigne, &c. pour lui faire porter du blé. Et, Mettre une terre en pré, en sainfoin, pour dire, La préparer & la semer pour lui faire porter de l'herbe, du sainfoin.

On dit, Mettre une chose en avant, pour dire, En faire la proposition. Il mit plusieurs moyens en avant, mais on n'en trouva aucun qui satisfit.

On dit encore, Mettre une chose en avant, pour dire, Soutenir qu'une chose est véritable. Vous mettez en avant que la cause du flux & reflux.....

On dit aussi, Mettre une chose en fait, pour dire, Soutenir qu'un fait est véritable, soutenir que ce qu'on dit est vrai. Je vous mets cela en fait. Je vous mets en fait que....

On dit, Mettre deux, ou plusieurs choses en comparaison, en parallèle, pour dire, Les comparer ensemble. Et on dit aussi, Les mettre en balance, pour dire, Hésiter à se déterminer sur le choix.

On dit, Mettre quelqu'un à la besace, à l'aumône, pour dire, Le réduire à la mendicité, à une extrême pauvreté. On dit dans le même sens, Le mettre au blanc.

On dit, Mettre aux abois, pour dire, Réduire aux dernières extrémités. Et, Mettre à l'amende, pour dire, Condamner à l'amende.

On dit, Mettre quelqu'un à la raison, pour dire, Le réduire à faire ce qu'on souhaite, ou ce qu'il doit faire. Je saurai bien le mettre à la raison.

On dit proverbialement, Mettre un homme à quia, pour dire, Le réduire à ne savoir plus que répondre. On dit aussi proverbialement & dans le même sens, Mettre un homme au sac.

On dit dans le style familier, Mettre quelqu'un à bien, pour dire, Lui faire quitter ses mauvaises habitudes, le porter au bien. Dans le sens opposé, on dit, Mettre à mal; & cela se dit plus ordinairement en parlant des femmes que l'on séduit. Mettre une femme à mal.

On dit aussi dans le discours familier, Mettre quelqu'un à mal, pour dire, Le détourner de ses devoirs, & l'engager à faire mal.

On dit, Mettre deux personnes mal ensemble, pour dire, Les brouiller ensemble. Et on dit, Se mettre mal avec quelqu'un, pour dire, Se brouiller avec lui. Dans tous ces sens, jamais mal ne se met avant le verbe.

On dit absolument, Se mettre bien, pour dire, Se bien habiller. Se mettre mal, pour dire, Se mal habiller. Dans ce sens, lorsque le verbe est employé au participe, on met toujours les adverbes bien & mal avant le participe. C'est un homme qui est toujours bien mis, toujours mal mis. Et il faut remarquer que cela ne s'observe que dans les adverbes bien & mal; car on peut dire, Il est toujours mis proprement, mis de travers.

On dit, Mettre quelqu'un au pis, pour dire, Le défier de faire du pis qu'il pourra. Et, Mettre une chose au pis, pour dire, La regarder, la considérer dans le pire état où elle puisse être.

On dit, Mettre quelqu'un en compromis, pour dire, Le mêler sans son consentement dans des affaires ou dans des discours qui le commettent; se servir de son nom sans son aveu. Et l'on dit, Mettre une affaire en compromis, pour dire, En laisser la décision au jugement d'un ou de plusieurs arbitres.

On dit aussi fam. Mettre quelqu'un en jeu, pour dire, Citer quelqu'un sans sa participation, le mêler dans une affaire sans son aveu. Je ne voulois point qu'on parlât de moi dans cette affaire, pourquoi m'avez-vous mis en jeu?

On dit, Mettre une chose au hasard, pour dire, En laisser l'événement au hasard. Je mets cela au hasard, il en arrivera ce qu'il pourra.

On dit, Se mettre au hasard de...... pour dire, S'exposer au péril de... Il a voulu monter jusqu'au haut de l'arbre, il s'est mis au hasard de se tuer. Par sa mauvaise conduite, il s'est mis au hasard de se perdre.

On dit, Mettre des paroles en musique, pour dire, Faire un air sur des paroles. Et, Mettre un argument en forme, pour dire, Lui donner la forme qu'il doit avoir selon les règles de la Logique.

On dit, Mettre du Latin en François, pour dire, Traduire en François ce qui étoit en Latin. Et, Mettre une pensée en vers, de la prose en vers, pour dire, Énoncer en vers une pensée, exprimer en vers ce qui étoit en prose.

On dit, Mettre quelqu'un en peine, pour dire, Lui donner de l'inquiétude. Il y a longtemps que je n'ai eu de ses nouvelles, & cela me met fort en peine.

On dit, Mettre en colère, en fureur, pour dire, Fâcher, irriter, rendre furieux. Et, Mettre au désespoir, pour dire, Réduire au désespoir. Ce dernier se dit plus ordinairement par exagération qu'autrement.

On dit aussi proverbialement, que L'on met un homme hors des gonds, pour dire, que La colère l'emporte. Dès qu'on lui parle de cela, on le met hors des gonds.

On dit, Mettre en belle humeur, de belle humeur, pour dire, Donner de la gaieté, de la joie. Et pour dire le contraire, Mettre en mauvaise humeur, de mauvaise humeur.

On dit, Mettre un homme à bout, pour dire, Le réduire à ne savoir plus que faire, que dire.

On dit, que Le désordre s'est mis dans un État, dans une Armée, &c. Et cela se dit aussi De la dissension, de la division, & généralement toutes les choses morales ou physiques qui se communiquent aisément d'elles-mêmes, comme dans ces exemples. La peur se mit dans les troupes. La peste se mit dans l'armée.

On dit, Mettre ordre à quelque chose, pour dire, Y pourvoir. J'y mettrai ordre, j'y mettrai bon ordre.

On dit encore dans le même sens, Mettre ordre que..... Il a mis ordre qu'il ne s'y pût rien passer contre ses intérêts.

On dit, Mettre sin à une chose, pour dire, La terminer, la faire cesser. Mettez fin à cette affaire. Mettez fin à ces faux bruits.

On dit aussi, Mettre une aventure, une entreprise à fin, à chef; mais le premier n'a guère d'usage que dans le style des Romans de Chevalerie, & l'autre est vieux.

On dit en termes de Palais, Mettre un Arrêt à exécution, pour dire, L'exécuter.

On dit aussi, Mettre une chose en exécution, pour dire, L'exécuter. Ce projet sut aussi-tôt mis en exécution.

On dit, Mettre tout à feu & à sang, pour dire, Brûler un pays, une ville, en massacrer les habitans. Les troupes entrèrent d'assaut dans la place, & mirent tout à feu & à sang.

On dit, Se mettre en chemise, pour dire, Ôter tous ses habits hormis sa chemise. Et dans un sens pareil, Se mettre en veste.

On dit, que Les voleurs ont mis un homme en chemise, pour dire, qu'Ils l'ont entièrement dépouillé, & ne lui ont laissé que sa chemise.

On dit aussi fig. & fam. Mettre un homme en chemise, pour dire, Le ruiner entièrement.

On dit fam. Mettre aux mains, en parlant de deux personnes, ou même d'un plus grand nombre que l'on rassemble, pour les mettre en état de discuter ensemble les différens intérêts qu'ils peuvent avoir, d'agiter quelque question sur laquelle ils ne sont pas bien d'accord, ou de terminer quelque dispute, soit de jeu ou d'autre matière. Ils vont jouer au trictrac, aux échecs jusqu'à demain, je les ai mis aux mains. Voilà une opinion que je ne saurois ni approuver, ni réfuter, mais M. de..... viendra bientôt, je vous mettrai aux mains avec lui. Je les ai mis aux mains sur la Poësie, sur la Musique. Vous instruirez votre Rapporteur, je vais vous mettre aux mains avec lui.

On dit, Mettre les armes à la main de quelqu'un, pour dire, L'élever aux exercices de la guerre, lui faire faire sa première campagne. C'est lui qui m'a mis les armes à la main. On dit figurément, C'est la gloire de Dieu, c'est l'intérêt de la Patrie, qui lui ont mis les armes à la main, qui m'ont mis les armes à la main, pour dire, Qui lui ont fait prendre, qui m'ont fait prendre les armes.

On dit, qu'On a mis quelqu'un à même, pour dire, qu'On lui a donné moyen de se satisfaire entièrement sur les choses qui lui font plaisir. Il est familier.

On dit, Mettre quelqu'un au fait, pour dire, L'instruire de quelque chose qu'il lui importe de savoir, lui donner sur cela toutes les lumières nécessaires.

On dit, Mettre quelqu'un dans son tort, pour dire, Lui faire des propositions si raisonnables dans les affaires qu'on a à démêler avec lui, qu'il ait tort de ne les pas accepter; avoir de bons procédés avec lui quand il en a de mauvais.

On dit, qu'Une chienne a mis bas, pour dire, qu'Elle a fait des petits. On le dit aussi des femelles de quelques autres animaux. Et on dit, qu'Un cerf a mis bas, a mis sa tête bas, pour dire, qu'Il s'est dépouillé de son bois, que son bois est tombé.

On dit, Mettre le tout pour le tout, pour dire, Employer tout ce qu'on a d'amis, de crédit & de pouvoir pour faire réussir une chose, risquer tout pour cela.

On dit, qu'Un homme se met à tout, pour dire, qu'Il ne fait point de difficulté de se rabaisser à des choses qui paroissent au-dessous de lui; & cela se dit ordinairement d'un homme officieux & serviable pour ses amis, ou d'un domestique qui ne refuse de faire aucune des choses qui regardent le service d'une maison.

On dit, qu'Il ne faut pas mettre ses amis à tous les jours, pour dire, qu'Il faut les réserver pour les choses essentielles, & ne les pas employer pour toutes sortes d'affaires. Cela se dit plus particulièrement en parlant des personnes de crédit & de considération. Il est du style familier.

On dit aussi, qu'Il ne faut pas se mettre à tous les jours, pour dire, qu'Il ne faut pas se communiquer trop familièrement à toutes sortes de personnes. Il est du style familier.

On dit, Mettre en gage, pour dire, Engager pour avoir de l'argent. Il a mis sa vaisselle d'argent & sa tapisserie en gage.

On dit, Mettre au ban de l'Empire, pour dire, Déclarer que quelque Prince ou quelque Ville a encouru les peines portées par les Loix de l'Empire en certains cas, ce qui emporte toujours confiscation; & cela ne se dit qu'en parlant des affaires d'Allemagne.

METTRE se construit quelquefois avec le pronom personnel & un autre verbe à l'infinitif régi de la particule à; & alors il marque ordinairement le commencement d'une action. Dès qu'on lui en parle, il se met à pleurer. Aussitôt il se mit à parler tout bas. Dès qu'ils furent à table, ils se mirent à boire, &c. Tout le monde se mit à crier, &c. Ce qui veut dire proprement, Il commença à pleurer, il commença à parler, ils commencèrent à boire, tout le monde commença à crier, &c.

Quelquefois pourtant il a une signification un peu différente, & il marque commencement ou continuation d'action & d'application, comme dans ces phrases: Il s'est mis tout de bon à étudier; depuis qu'il s'est mis à jouer, il a entièrement quitté l'étude; quand on s'est mis une fois à ne rien faire: ce qui veut dire proprement, Il s'est adonné, appliqué à étudier; depuis qu'il s'est adonné à jouer; quand on est accoutumé une fois à ne rien faire.

On dit fam. Se mettre après quelqu'un; & cela se dit en plusieurs sens différens, soit pour dire, Se jeter sur quelqu'un pour le maltraiter. Il se mit après lui, & le roua de coups. Soit pour dire, Presser, importuner quelqu'un pour lui faire faire ce qu'on veut. Elles se mirent toutes après lui, & l'obligèrent d'être de la partie.

METTRE se construit encore quelquefois avec l'infinitif d'un autre verbe, sans aucune particule précédente. Mettre chauffer de l'eau, mettre sécher du linge, &c. pour dire, Mettre de l'eau auprès du feu afin qu'elle chauffe, mettre du linge en un lieu afin qu'il sèche, faire chauffer de l'eau, faire sécher du linge.

MIS, ISE, participe .

On dit, User de main mise, pour dire, User de voie de fait, frapper, mettre la main sur quelqu'un. Il est du style familier.

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Dictionnaire de L'Académie française, 5th Edition (1798)

Mettre (Page 102)
Mettre, se construit quelquefois avec l'infinitif d'un autre verbe sans aucune particule qui le précède. Mettre chauffer de l'eau, mettre sécher du linge, etc. pour, Mettre de l'eau auprès du feu, a fin qu'elle chauffe; mettre du linge en un lieu, afin qu'il sèche.

METTRE (Page 99)
METTRE. verbe act. Je mets, tu mets, il met, nous mettons, vous mettez, ils mettent. Je mettois. Je mis. Je mettrai. Mets. Que je mette. Que je misse. Mettant. Mis. Poser, placer quelqu'un ou quelque chose dans un certain lieu. Mettre une chemise, un habit, son chapeau, son épée. Mettre des livres sur une tablette. Mettre des porcelaines sur une cheminée. Mettre un clou à une tapisserie. Mettre une marque, le sinet à un livre. Mettre le pot au feu. Mettre la viande à la broche, un chapon au gros sel. Mettre la main à l'épée. Mettre l'épée à la main. Mettre la main à la plume, pour dire, Commencer à écrire, entreprendre un ouvrage par écrit. Mettre la plume à la main de quelqu'un, pour. Lui enseigner à tenir la plume. Mettre le pied à l'étrier. Mettre le couvert. Mettre un mors à un cheval. Mettre un lièvre en pâte. Mettre un vaisseau à la mer. Mettre le comble à un bâtiment; et par métaphore, Mettre le comble à la folie, à l'absurdité, à l'ingratitude, à l'outrage, à ses bienfaits.

On dit, Mettre un mot dans une lettre, mettre le dessus à une lettre, pour, Y ajouter un mot, écrire l'adresse; et dans la même acception, Mettre une virgule, mettre un accent, mettre son seing, mettre sa signature. Mettre le cachet à une lettre. Mettre le sceau à un acte. Ces deux expressions s'emploient fort bien au figuré. Mettre le sceau à une affaire, pour dire, La terminer entièrement. Il a mis son cachet à cette pièce de vers, pour dire, qu'On y reconnoît l'empreinte de son imagination, de son génie.

On dit en plusieurs acceptions, Mettre la main au travail, mettre la main à l'ouvrage, pour, Le commencer. Mettre la main à l'ouvrage de quelqu'un, pour, Y travailler. Quelque autre a mis la main à cet écrit.

Mettre la dernière main à un écrit, à un tableau, à une statue, pour dire, Perfectionner, achever un écrit, un tableau, etc.

Mettre la main à la pâte, se dit figurément et proverbialement, pour, Travailler soi-même à quelque chose, et n'y point épargner ses peines. On dit à peu près dans la même acception, Mettre la main à l'oeuvre.

Mettre la main sur quelque chose, au sens de S'emparer. Quand cet homme a mis la main sur un livre, il le rend difficilement.

Mettre la main de quelqu'un sur un instrument, se dit familièrement, pour, Donner les premières leçons de cet instrument. Il m'a mis la main sur le clavecin, sur le luth. Cela ne se dit pas de tous les instrumens.

Mettre à la main. Mettre l'épée à la main. Ils mirent l'épée à la main. Ils se disposèrent à se battre.

Mettre en main. Je vous ai mis la preuve en main, pour dire, Je vous ai donné la preuve.

Mettre en main tierce. Remettre, déposer dans les mains de quelqu'un un objet dont le possesseur est contesté. On les obligea de mettre en main tierce la somme qu'ils se disputoient. Familier.

Mettre en la main de la Justice, du Roi, pour dire, Saisir. Terme de Palais.

On dit familièrement, Mettre aux mains, en parlant de deux personnes, ou même d'un plus grand nombre, que l'on rassemble, pour les mettre en état de discuter ensemble les différens intérêts qu'ils peuvent avoir, d'agiter quelque question sur laquelle ils ne sont pas bien d'accord, ou de terminer quelque dispute, soit de jeu ou d'autre matière. Ils vont jouer au trictrac, aux échecs jusqu'à demain, je les ai mis aux mains. Voilà une opinion que je ne saurois ni approuver, ni réfuter; mais M. de ..... viendra bientôt, je vous mettrai aux mains avec lui. Je les ai mis aux mains sur la Poésie, sur la Musique. Vous instruirez votre Rapporteur, je vais vous mettre aux mains avec lui.

Mettre les armes à la main de quelqu'un, pour dire, L'élever aux exercices de la guerre, lui faire faire sa première campagne. C'est lui qui m'a mis les armes à la main. On dit figurément, C'est la gloire de Dieu, c'est l'intérêt de la Patrie, qui lui ont mis les armes à la main, qui m'ont mis les armes à la main, pour dire, Qui lui ont fait prendre, qui m'ont fait prendre les armes.

Mettre la main sur le bon endroit. Expression familière, qui signifie, Rencontrer, sur-le-champ ou à la longue, ce qu'il importe de trouver. Après avoir un peu cherché, j'ai mis la main sur le bon endroit. On dit proverbialement, pour faire entendre que quelqu'un a deviné promptement, Il a mis d'abord le doigt dessus.

Mettre la main à l'encensoir. Expression proverbiale, empruntée du Droit ecclésiastique, qui signifie, Usurper l'autorité sacerdotale. Il ne faut pas que le Prince mette la main à l'encensoir.

Mettre la main ad pectus, exprime, en style de Pratique, l'Usage prescrit à ceux qui sont dans les Ordres sacrés, lorsqu'ils prêtent serment, de poser la main sur l'estomac, pour affirmer qu'ils disent vrai. On disoit anciennement, Mettre la main au pis.

On dit proverbialement et dans un sens figuré, Mettez la main sur la conscience, n'est-il pas vrai que .... pour dire, Parlez suivant votre conscience, convenez du fait, avouez que....

On dit figurément, Mettre la main sur quelqu'un, pour dire, Le frapper. S'il met la main sur toi, il y paroîtra. Les Canons déclarent excommunié un laïque qui met la main sur un Prêtre.

On le dit aussi pour, Arrêter quelqu'un par ordre du Gouvernement. Il se cache dans la crainte qu'on ne mette la main sur lui. Cela se dit au même sens que, Mettre la main sur le collet à quelqu'un. Les sergens lui mirent la main sur le collet, c'est-à-dire, Ils l'arrêtèrent. Ce dernier est très-familier.

Je n'en mettrois pas ma main au feu, signifie, qu'On ne garantit pas la vérité d'un fait. Cela est familier, et ne se dit guère que lorsqu'il s'agit de quelque chose qui regarde la réputation du prochain. Je la crois sage, mais bien hardi qui en mettroit sa main au feu.

Je mettrois ma tête, ou, je mettrois ma tête à couper, ou, je mettrois ma vie que cela est, se dit pour Affirmer une chose, et marquer qu'on n'en doute pas.

Mettre sa tête, ou la tête de quelqu'un en péril, se dit figur. pour, S'exposer ou exposer un autre à un danger capital. On dit de même, Mettre sa tête à couvert, pour, Se tirer du danger.

On dit proverbialement, Avoir mis la tête dans un guêpier, pour dire, S'être exposé à un foule d'inconvéniens et d'outrages qui deviennent innombrables et accablans, comme les piqûres des guêpes.

Mettre une tête ou des têtes à l'envers, à la renverse, façon proverbiale de dire, Troubler, déranger l'imagination et la raison. Ce Missionnaire fanatique a mis toutes les têtes du canton à l'envers.

On dit figurément et familièremént d'Un homme qui est de mauvaise humeur, qu'Il a mis son bonnet de travers.

Mettre à la tête d'une armée, d'une affaire, d'une entreprise, d'une compagnie, pour dire, Instituer chef. On dit familièrement, Il faudroit mettre quelqu'un à la tête de cela.

Mettre en tête, pour, Opposer. On lui a mis en tête un furieux adversaire. Familier.

On dit familièrement, Il ne faut pas se mettre en tête une pareille idée, pour, Il ne faut pas se persuader une pareille chose; et, On lui a mis en tête de vains soupçons, pour, On les lui a suggérés.

On dit familièrement, Il a mis en tête de son livre une longue préface, pour dire, À la tête, au commencement, d'abord.

On dit dans la conversation familière, Mettre le nez dans les affaires, pour dire, S'y immiscer, en prendre connoissance; et, Mettre le nez dans les livres, pour dire, Commencer à étudier; et d'Un homme plus curieux qu'il ne faudroit, qui se mêle où il n'a que faire, Qu'avoit-il besoin de mettre là son nez? Cela est excessivement familier.

Mettre le pied en quelque lieu, pour dire, Y entrer, y arriver. C'est une maison où je ne mettrai jamais le pied.

Il ne sauroit mettre un pied devant l'autre, désigne Un homme languissant, qui a peine à marcher.

Mettre l'honneur sous ses pieds, se dit figurément, pour, Ne se point soucier de son honneur.

Mettre une injure sous ses pieds, pour dire, La mépriser, dédaigner de s'en souvenir; et, La mettre au pied ducrucifix, pour dire, La pardonner, en faire le sacrifice à Dieu.

On dit figurément, Mettre un homme sous ses pieds, pour dire, L'accabler de toute sa force, de son pouvoir.

Mettre les pieds sur le ventre à son ennemi, pour dire, S'en venger pleinement, avec fureur, avec bassesse. Il signifie aussi, Abuser de l'avantage qu'on a sur lui.

Mettre quelqu'un au pied du mur, c'est, figurément, Lui ôter tout subterfuge, le mettre dans l'impossibilité de s'échapper, dans la nécessité de s'expliquer ou de se rendre.

On dit, Mettre quelqu'un en pied, pour dire, L'établir solidement. C'est moi qui l'ai mis en pied, il n'y étoit pas auparavant. On dit aussi, Mettre sur un bon pied, sur un pied respectable. Familier.

Mettre son homme à bout, se dit familièrement, pour, Réduire au dernier embarras. Ne mettez pas sa patience à bout.

Mettre aux abois, se dit proprement, d'Un cerf que l'on force; et figurément, De quelqu'un que l'on réduit aux dernières extrémités. On dit à peu près dans le même sens figuré, Mettre quelqu'un en chemise, à la besace, sur la paille, à l'aumône, au blanc, pour signifier Une extrême pauvreté. Son architecte a fini par le mettre en chemise, L'a ruiné.

Mettre une famille, un Pays, un Royaume en combustion, pour dire, Y exciter les dissentions les plus violentes, les plus grands désordres.

Mettre tout sens dessus dessous, pour dire, Renverser tout ce qui est établi; bouleverser l'ordre et les gradations qui existoient.

Mettre les choses au hasard, pour dire, S'abandonner à la fortune, ne prendre aucune mesure.

Mettre la charrue devant les boeufs, pour dire, Faire quelque chose à rebours et contre l'ordre. Cela est proverbial et familier.

Mettre le feu aux affaires, pour, Les embrouiller. Familier.

On dit familièrement, Il ne faut pas se mettre en feu pour si peu de chose, pour dire, Se fâcher. Cela le mit en feu, Cela l'anima beaucoup.

On dit populairement, Je lui ai mis le coeur au-ventre, pour, Je l'ai fort encouragé.

On dit populairement aussi, Mettre tout par écuelles, pour dire, Ne rien épargner, prodiguer. On mit tout par écuelles pour me recevoir.

On dit d'un Écuyer qui a appris à un jeune homme à monter à cheval, C'est lui qui l'a mis à cheval.

On dit, Mettre du soin à une chose, à une affaire, pour, La faire avec soin, la soigner.

Mettre son affection, mettre ses complaisances, pour, Affectionner, se complaire à ... Mettre son coeur à une bonne oeuvre, pour, S'attacher à bien faire.

Mettre sa confiance, pour, Se confier en. Il avoit mis sa principale confiance dans ce moyen, dans cet homme. Il faut mettre sa confiance en Dieu.

On dit familièrement, Mettre sa conscience en ordre, pour dire, Se dégager de toute affection vicieuse. Long-temps avant qu'il fût tué, Turenne avoit mis sa conscience en ordre.

On dit de même, Mettre sa conscience en repos sur une action, pour, Bannir le scrupule qu'on en auroit.

On dit proverbialement et figurément, Mettre son esprit à la torture, pour, Se tourmenter. J'avois beau mettre mon esprit à la torture, je ne trouvois pas d'expédient.

Mettre ordre à quelque chose, se dit pour, Y pourvoir. J'y mettrai bien ordre. J'y mettrai bon ordre. On dit encore dans le même sens, Mettre ordre que ... à ce que... Mettez ordre à ce que cela s'arrange. Je mettrai ordre qu'il ne s'y passe rien contre vos intérêts.

Mettre fin à quelque chose, pour dire, La terminer, la faire cesser. Mettez fin à vos débats. On saura mettre fin à ses jactances.

Mettre une entreprise à fin, En venir à bout. Les Romans de Chevalerie disoient, Mettre une aventure à fin, la mettre à chef. Ce dernier a absolument vieilli.

On dit, Mettre de la suite à quelque chose, L'exécuter avec ordre, avec constance. Il faudroit mettre de la suite à vos projets, ne pas les abandonner sans cesse. Et, Mettre de la suite dans ses idées, dans son discours, pour, Raisonner, discourir sans confusion.

Mettre quelqu'un en jeu, pour, Le citer et le mêler sans son aveu dans quelque affaire. Personne n'aime à être mis en jeu.

Semettre à quelque chose. Je me mettrai à cela incessamment, pour, Je m'en occuperai, j'y travaillerai.

Se mettre en sueur, se mettre tout en eau, S'échauffer en courant, en agissant, jusqu'à suer. Il est familier. Se mettre en nage, se dit populairement dans le même sens.

Se mettre en danger, pour, S'exposer au danger. Il s'est mis cent fois en danger de sa vie, pour, Il s'est exposé souvent à la perdre.

On dit, Se mettre au hasard de.... pour dire, S'exposer au péril. En voulant trop gagner, il s'est mis au hasard de tout perdre. En cherchant à grimper sur un rocher, il se mit au hasard de se tuer.

Se mettre en humeur de ... se dit familièrement, pour, Prendre le goût, l'habitude de ... Sa femme vouloit se mettre en humeur de le quereller, mais il a bien su l'en empêcher.

On dit familièrement, Se mettre dans le jeu, se mettre dans la dévotion, pour dire, S'y adonner. On dit de même, Il s'est mis dans les affaires, il s'est mis dans les procès, pour dire, Il s'y est jeté, embarqué, il s'y est livré entièrement.

Se mettre à la suite d'une chose, se dit pour, Suivre une entreprise commencée. Il vouloit se mettre à la suite de ce procès, mais il reconnut qu'il ne valoit rien.

Se mettre à la suite d'un grand Seigneur, à la suite de la Cour, c'est s'y montrer assidu.

Se mettre en rang d'oignon. Façon de parler proverbiale, qui signifie, Prendre place de soi-même, même sans y être invité, parmi les assistans. (On croit qu'Oignon est ici nom d'homme, et que M. d'Oignon étoit Maître des Cérémonies de France, et marquoit la place de chacun dans les assemblées publiques. )

Se mettre en quatre pour... Expression familière et figurée, pour signifier, Faire de grands efforts. Il se mettroit en quatre pour le service de ses amis. Il s'est mis en quatre pour persuader le public, mais on ne l'a pas voulu croire.

On dit, qu'Un homme se met à tout, pour dire, qu'Il se rend utile en toute occasion, qu'il ne se refuse à rien. Un bon domestique doit se mettre à tout.

En parlant du soin qu'on prendra d'une affaire, on dit familièrement, qu'On s'y mettra jusqu'au cou, pour dire, qu'On n'oubliera rien pour reussir.

Se mettre sur son quant à moi, se dit proverbialement et figurément, pour, Faire le suffisant, prendre des airs de hauteur et de supériorité avec quelqu'un. (On ne dit pas sur son quant à soi.)

On dit familièrement, qu'Il ne faut pas se mettre à tous les jours, pour dire, qu'Il ne faut pas se prodiguer, paroître trop souvent, se communiquer trop familièrement à toutes sortes de personnes.

On dit aussi, qu'Il ne faut pas mettre ses amis à tous les jours, et cela s'entend particulièrement des personnes de crédit, c'est-à-dire, qu'Il faut les réserver pour les occasions importantes.

Se mettre à, suivi d'un infinitif, marque ordinairement le commencement d'une action. Dès qu'on lui en parle, il se met à pleurer. Aussitôt il se mit à parler tout bas. Dès qu'ils furent à table, ils se mirent à boire, etc. Tout le monde se mit à crier, etc. Ce qui veut dire proprement, Il commença à pleurer, il commença à parler, ils commencèrent à boire, tout le monde commença à crier, etc.

Quelquefois pourtant il a une signification un peu différente, et il marque commencement ou continuation d'action et d'application, comme dans ces phrases: Il s'est mis tout de bon à étudier; depuis qu'il s'est mis à jouer, il a entièrement quitté l'étude; quand on s'est mis une fois à ne rien faire. Ce qui veut dire proprement, Il s'est adonné, appliqué à étudier; depuis qu'il s'est adonné à jouer; quand on est accoutumé une fois à ne rien faire.

On dit familièrement, Se mettre après quelqu'un; et cela se dit en plusieurs sens différens, soit pour dire, Se jeter sur quelqu'un pour le maltraiter, Il se mit après lui, et le roua de coups; soit pour dire, Presser, importuner quelqu'un pour lui faire faire ce qu'on veut, Elles se mirent toutes après lui, et l'obligèrent d'être de la partie.

On dit, Se mettre mal avec quelqu'un, pour dire, Se brouiller avec lui.

On dit, Se mettre aux trousses de quelqu'un. Prends garde que je ne me mette à tes trousses, pour, Crains que je ne te poursuive en Justice. Ce dernier est très-familier.

On dit, Mettre la maréchaussée aux trousses des voleurs, la mettre après eux, la mettre en campagne, pour, L'envoyer à leur recherche, à leur poursuite.

On dit aussi figurément et familièrement, La critique s'est mise aux trousses de cet écrivain, pour dire, qu'On l'attaque avec acharnement dans les livres, dans les journaux.

Vous vous mettez là dans de mauvais draps, se dit familièrement à quelqu'un qui s'expose à des discours fâcheux, à de grands embarras. On dit proverbialement et familièrement, Mettre quelqu'un en beaux draps blancs, au sens de Le jeter dans un grand embarras; on le dit aussi au sens de, En parler mal, en médire avec excès. On dit à peu près dans le même sens, Le mettre à la pile au verjus. Il est populaire.

Se mettre en avant expose à des dangers. Il ne faut pas trop se mettre en avant. Pourquoivous mettre en avant quand rien ne vous y oblige? Cela se dit famihèrement à quelqu'un qui n'étant pas obligé de parler, de se présenter, d'agir, se compromet en le faisant.

On dit familièrement, qu'Un homme s'est mis trop avant dans le danger pour oser reculer. On dit d'Un courtisan, Il se mit par ses services bien avant dans la faveur du Prince.

On dit, Se mettre en des avances, se mettre en de grands frais pour quelqu'un, au même sens que, Faire pour lui les avances, les frais d'une entreprise.

Se mettre sur le pied de faire ou de ne pas faire une chose, En prendre l'habitude, s'en arroger le droit. Il se met sur le pied de contredire; sur celui de ne pas répondre aux lettres, etc. Cet homme se seroit mis avec moi sur le pied d'un pédagogue, En auroit pris le ton.

On dit populairement, Se mettre sur la friperie de quelqu'un, pour dire, En dire beaucoup de mal, le mal équiper. On dit aussi, Mettre les absens en pièces, pour dire, En médire. On dit, Ce journaliste l'a mis en pièces, pour dire, Il l'a critiqué durement et sur tous les points.

On dit, Se mettre dans les bronzes, dans les porcelaines, dans les tableaux, dans la curiosité, dans la botanique, dans les livres rares, pour dire, Ramasser des livres rares, des plantes, des objets de curiosité.

Se mettre, employé absolument, signifie, S'habiller. Cet homme se met singulièrement, il ne sait pas se mettre. Votre frère se met décemment, avec goût, pour dire, Il s'habille bien.

Mettre à bas, se dit d'Un édifice ou d'une forêt qu'on jette par terre; et on le dit figurément De l'orgueil. Nous mettrons son orgueil à bas, Nous l'humilierons.

Mettre bas, se dit Des femelles de quelques animaux, quand elles font leurs petits; par exemple, de la chienne.

On dit dans un autre sens, Le cerf a mis bas, a mis sa tête bas, pour dire, qu'Il s'est dépouillé de son bois, que son bois est tombé.

Mettre au jour, se dit figurément, pour, Publier (un ouvrage.) On disoit, Mettre un livre en lumière. Cette locution a vieilli.

On dit proverbialement, Mettre à terre ce qu'on a dans ses mains, pour dire, Renoncer sottement à ce qu'on possède.

Mettre avant, mettre après, mettre audessus, mettre au-dessous, se dit figurérément pour exprimer les différences qu'on met dans son estime. Mettez la vertu avant tout, et la gloire après la vertu. On met Cicéron au-dessous de Démosthène, mais bien au-dessus des autres orateurs.

Mettre à prix, à haut prix, à bas prix, se dit figurément au moral. On mit la tête de Mazarin et chacun de ses membres à prix. On a mis cette terre à haut prix. Cet homme a vendu son honneur à bas prix.

Mettre au pis, se dit tantôt d'Une chose, tantôt d'un homme. Je mets la chose au pis, signifie, Je la suppose aussi fâcheuse qu'elle peut l'être. Je vous mets au pis, veut dire, Je vous suppose aussi mal intentionné qu'il vous plaira, et je ne crains rien, je vous défie.

Je n'y prends ni n'y mets, se dit proverbialement et familièrement pour exprimer, qu'On n'ajoute ni ne retranche à l'histoire que l'on raconte, qu'on la dit avec fidélité.

Cela me met à bout de voie, se dit figurément et familièrement, pour, Je ne sais plus que faire, comment me retourner.

Mettre quelqu'un à bien, se dit familièrement pour, Lui faire quitter ses mauvaises habitudes, le porter au bien.

On dit dans le sens opposé, Mettre à mal; et cela se dit plus ordinairement d'Une femme qui a été séduite. Un libertin l'a mise à mal. On dit aussi dans le discours familier, Mettre quelqu'un à mal, pour dire, Le détourner de son devoir ou de ce qu'il croit l'être: on le dit le plus souvent dans un sens badin. Je voulois rester chez moi, mais il m'a mis à mal, il m'a mené à lacomédie.

On dit, Mettre deux personnes mal ensemble, pour dire, Les brouiller, les refroidir l'une pour l'autre. Ils étoient intimement liés; une femme, la jalousie, les a mis mal ensemble.

Mettre à même de...Mettre à portée de... signifie, Faciliter les moyens. On vous met à même de réussir. Il faudroit me mettre à portée d'atteindre là.

Mettre à l'aventure, figurément, pour, Exposer à des hasards. Ne mettez pas à l'aventure un bien-être réel. Il est familier.

Mettre à la grosse aventure, Mettre de l'argent sur un vaisseau marchand, au hasard de le perdre s'il périt.

Mettre quelqu'un aux arrêts, se dit pour, Ordonner qu'il aura le lieu où il est pour prison, et qu'il ne pourra en partir. Le Commandant les mit tous deux aux arrêts pour les empêcher d'aller se battre.

Mettre un cheval au pas, au trot, au galop, pour, Le faire aller au pas, au trot, au galop.

Je lui mettrai la tête où il a les pieds, se dit par menace dans le discours familier, contre quelqu'un que l'on veut maltraiter.

Mettre à la raison. Il faut mettre cet homme à la raison, se dit familièrement, pour, Faire renoncer à un entêtement, à des prétentions trop fortes. Enfin vous vous mettez à la raison, vous commencez à céder.

Mettre quelqu'un dans l'embarras, Le mettre dans un état de perplexité, dans un état violent, dans un état fâcheux. Mettre en colère, mettre en fureur, au désespoir. Mettre en gaîté, mettre en joie. Locutions usitées qui n'ont pas besoin d'explication. Cet homme mettroit tout un Pays en joie. Familier.

Mettre en peine. Cela m'a mis long-temps en peine, pour, Cela m'a inquiété long-temps.

On dit en parlant des affaires d'Allemagne, que Tel Prince a été mis, telle Ville a été mise au ban de l'Empire, pour dire, On a déclaré que ce Prince, cette Ville, ont encouru les peines de confiscation ou autres prononcées en certains cas par les Lois de l'Empire.

Mettre au net un écrit, un plan. Voyez Net.

Mettre en avant, se dit pour, Affirmer. Il faut prendre garde aux faits qu'on met en avant. Cet Auteur met en avant un principe que je conteste.

Mettre en doute. On vouloit mettre ce fait en doute, mais il n'y a pas moyen, c'est-à-dire, On tenteroit inutilement d'en douter.

Mettre en fait. Je mets en fait que ... pour, J'affirme. Vous mettez en fait ce dont précisément je doute.

Mettre en question. Cela demande à être mis en question, familièrement pour, Cela doit être examiné.

Mettre hors de doute que .... pour, Affirmer. Je mets hors de doute que cela est ainsi.

Mettre hors de Cour. On les a mis hors de Cour et de procès. Voyez Hors.

Mettre les pieds dans tous les souliers, prov. populaire, qui signifie, Essayer de tout. Cet homme est malheureux, il a eu beau mettre le pied dans tous les souliers, il n'en a pas trouvé un qui l'ait chaussé.

On dit, Mettre des paroles en musique, pour dire, Faire un air sur des paroles; et au contraire, Mettre des paroles sur un air, pour, Y ajouter des paroles.

Mettre un argument en forme, pour dire, Lui donner la forme prescrite par les règles de la Logique.

Mettre du Latin en François, ou du François en Latin, pour, Traduire en une de ces langues ce qui étoit dans l'autre. Mettre une pensée en vers, pour, L'énoncer en vers. Mettre de la prose en vers, Exprimer en vers ce qui étoit en prose. Mettre des vers en prose, En rompre la mesure, en faire disparoître les rimes.

Mettre quelqu'un au fait. Avant de vous plaindre, mettez-moi au fait, pour Instruisez-moi d'abord de quoi il s'agit.

Mettre dans son tort. On met un homme dans son tort, en opposant de bons procédés à de mauvais.

Mettre en gage. Voyez Gage.

Mettre sur pied. Le roi mit à la fois quatre armées sur pied, pour dire, Il forma, il équipa quatre armées.

Mettre sur le bon pied, mettre sur un bon pied, sont deux expressions du genre familiertrès-différentes. Mettre un homme sur le bon pied, C'est le réduire à faire son devoir, rabattre ses prétentions. Mettre un homme sur un bon pied, C'est lui procurer de l'argent, ou de la considération, ou du pouvoir. Mauvais pied signifie le contraire. À force de sottises, il s'est mis sur un fort mauvais pied dans la Ville.

Mettre en état de faire quelque chose, Aider à faire, donner les moyens de faire quelque chose. Qui l'a mis en état de faire cette dépense? Je l'ai mis en état de travailler seul. Un an d'apprentissage l'a mis en état de gagner sa vie dans son métier.

Mettre une affaire en état, se dit particulièrement d'Une affaire litigieuse, dont l'Avocat, le Juge a fait le dépouillement, le rapport, et qui est prête à être plaidée, soumise à un tribunal, etc.

Mettre sur l'état. Façon de parler abrégée pour, Mettre sur l'état des dépenses, des pensions, etc. On vous mettra sur l'état.

Mettre en crédit, en faveur; mettre en honneur, mettre en réputation; et au contraire, Mettre en discrédit, en défaveur, en mauvaise estime, se dit Des choses qui font acquérir ou perdre l'estime, la faveur, le crédit, etc. On dit proverbialement et familièrement, Cela l'a mis en mauvais prédicament.

Mettre sur le compte de quelqu'un, mettre sur son dos, se dit figurément dans le discours familier, pour dire, Le charger de tout ce qui arrive de mal dans une affaire, lui en imputer tous les mauvais succès. Les Ministres font des fautes, et les mettent sur le dos de leurs Commis.

On le fait absolu dans quelques occasions, en sousentendant le régime. Je ne mets point à la loterie. Vous dépenserez trop, si vous mettez en chevaux, en bijoux, etc. pour, Mettre de l'argent à la loterie, en chevaux, etc.

Mettre sur table, pour, Poser les plats sur la table.

Mettre de côté, pour, Épargner son revenu, amasser de l'argent. C'et homme a mis de côté. Et en style de Pratique judiciaire, Appointer à mettre, pour dire, Que les pièces seront remises pour être fait droit.

Mettre, se construit quelquefois avec l'infinitif d'un autre verbe sans aucune particule qui le précède. Mettre chauffer de l'eau, mettre sécher du linge, etc. pour, Mettre de l'eau auprès du feu, a fin qu'elle chauffe; mettre du linge en un lieu, afin qu'il sèche.

Mis, ise. participe. MEU

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Dictionnaire de L'Académie française, 6th Edition (1832-5)

METTRE (Page 2:201)
METTRE suivi des prépositions en ou à, s'emploie, tant au propre qu'au figuré, en parlant Des personnes ou des choses, dans un nombre considérable de phrases faites, où il a un sens plus ou moins rapproché, plus ou moins éloigné de sa signification primitive. Nous allons en citer un certain nombre d'exemples.

METTRE (Page 2:201)
METTRE avec en. Mettre quelqu'un en colère, en fureur, en peine, en gaieté, en joie, en bonne ou en mauvaise humeur. Mettre quelqu'un ou quelque chose en danger, en péril. Cette action l'a mis en faveur, en crédit, en honneur, en réputation, en vogue. Mettre sa conscience en repos. Mettre ses affaires en ordre. Mettre quelqu'un en jeu, en avant, en frais, en dépense. Mettre un État en feu, en combustion. Mettre une armée en campagne, en déroute, en fuite, en désordre, en désarroi. Mettre une terre en valeur, une maison en vente, une parole en oubli. Mettre une chose en oeuvre, en ligne de compte, en état, en évidence, en sûreté, en question, en doute, en délibération, en fait. Mettre un homme en cause, en jugement. Mettre quelqu'un ou quelque chose en mouvement, en train, en repos. Mettre de l'argent en dépôt, des effets en gage. Mettre en état de siége. Mettre quelque chose en tête à quelqu'un. Je ne sais quelle chimère il s'est mise en tête. Je lui ai mis en tête un rude adversaire. On dit, aux Échecs, Mettre une pièce en prise. Voir, pour l'explication, les mots COLÕRE, FUREUR, PEINE, GAIETÉ, JOIE, HUMEUR, DANGER, ETC.

METTRE (Page 2:201)
METTRE avec à. Mettre une affaire à jour. Mettre une ville à contribution. Mettre une chose à profit, à exécution. Mettre quelqu'un à bien, à mal. Mettre quelqu'un à même de.... à portée de... Mettre quelqu'un à couvert. Mettre à fin une entreprise. Mettre à prix la tête de quelqu'un. Mettre une chose à haut prix, à bas prix. Mettre un homme à terre, un homme à mort, etc. Voir, pour l'explication, les mots JOUR, CONTRIBUTION, PROFIT, EXÉCUTION, BIEN, MAL, ETC.

METTRE (Page 2:201)
METTRE avec à, suivi de l'article. Mettre un homme à la raison, à l'épreuve. Mettre quelque chose au hasard. Mettre une ville au pillage. Mettre un cheval au pas, au trot, au galop. Mettre un écrit au net. Mettre les choses au pis. Mettre quelqu'un au fait. Mettre deux personnes aux mains, aux prises. Mettre quelqu'un ou quelque chose à l'abri, à l'écart. Mettre une chose à l'enchère, à l'encan. Mettre quelque chose à la discrétion de quelqu'un. Voir, pour l'explication, les mots RAISON, ÉPREUVE, HASARD, ETC.

METTRE (Page 2:201)
METTRE avec à, suivi d'un verbe à l'infinitif, signifie, Faire consister. Mettre sa gloire, son plaisir, son bonheur à faire quelque chose. Je mets mon orgueil à vous imiter.

Mettre quelqu'un au pis, au pis faire, Le défier de faire tout le mal qu'il a le pouvoir ou l'intention de faire. Mettre quelqu'un à pis faire, Le défier de faire plus mal qu'il n'a déjà fait.

METTRE (Page 2:201)
METTRE se construit quelquefois avec l'infinitif d'un autre verbe, sans que cet infinitif soit précédé d'aucune préposition. Mettre sécher du linge, chauffer de l'eau, cuire des pois, etc., Mettre du linge en un lieu, pour qu'il sèche; mettre de l'eau auprès du feu, pour qu'elle chauffe; etc.

METTRE (Page 2:201)
METTRE se construit aussi avec certains adverbes, de manière à former un sens particulier. Ils avaient de la peine à se rapprocher, je les ai mis bien ensemble, Je les ai réconciliés. La jalousie les a mis mal ensemble, Les a brouillés. Cette chienne a mis bas, Elle a fait des petits. Ce cerf a mis bas, a mis sa tête bas, Il s'est dépouillé de son bois, son bois est tombé. Mettre habit bas, Ôter son habit. Mettre ses habits bas, Se déshabiller. Mettre bas son chapeau, ou Mettre chapeau bas, Ôter son chapeau. Mettre pavillon bas, Baisser le pavillon pour annoncer qu'on se rend. Il a mis bas son orgueil, Il a déposé son orgueil, il s'est humilié.

METTRE (Page 2:201)
METTRE s'emploie quelquefois sans complément direct. Mettre sur table, Poser les plats sur la table. Mettre de côté, Épargner son revenu, amasser de l'argent.

Prov., Je n'y prends, ni n'y mets, La chose dont il s'agit m'est indifférente; ou bien, Je ne retranche ni n'ajoute rien à l'histoire que je raconte, mais je n'en garantis pas la vérité.

METTRE (Page 2:201)
METTRE s'emploie dans plusieurs phrases affectées à la marine. Mettre un vaisseau en mer, à la mer, à flot, à la cape, en panne. Mettre tout au vent. Mettre vent en poupe. Mettre les voiles dedans. Mettre les voiles dehors, toutes voiles dehors. Mettre le cap en route. Etc. Voir, pour l'explication, les mots MER, FLOT, CAPE, PANNE, ETC.

Absol.: Mettre en mer, à la mer. Mettre à la voile.

METTRE (Page 2:201)
METTRE s'emploie aussi avec le pronom personnel, dans la plupart des acceptions où il a pour sujet un nom de personne. Se mettre dans une baignoire. Se mettre à la place de quelqu'un, au-dessus de quelqu'un. Se mettre à table. Se mettre au soleil, au jour, devant la cheminée, derrière la porte. Se mettre en mer. Se mettre dans les remèdes, dans les affaires. Se mettre aux pieds de quelqu'un. Je me mettrais au feu, je me mettrais en quatre pour lui. Se mettre en danger, en évidence, en sûreté, à l'abri, à l'écart, à couvert. Se mettre en garde, en défense. Se mettre à la suite d'une personne, d'une affaire. Se mettre en pension, en apprentissage, en service. Se mettre en eau, en sueur, en nage. Se mettre en crédit, en renom, en réputation. Se mettre en colère, en fureur, en peine. Se mettre de mauvaise humeur. Se mettre en humeur de faire quelque chose. Se mettre en repos, en mouvement, en train, en avant, en frais, en jeu. Se mettre en feu, en haleine. Se mettre à portée, à même, en état de faire une chose. Se mettre au fait d'une chose. Se mettre sur les rangs. Se mettre bien, se mettre mal avec quelqu'un. Se mettre en course, en route, en chemin, en voyage. Se mettre sur le pied de faire telle chose. Etc.

Se mettre à quelque chose, S'en occuper. Je me suis mis au travail, à l'étude. Je n'ai pas renoncé à cet ouvrage, je m'y mettrai incessamment.

Se mettre à tout, Se rendre utile en toute occasion, ne se refuser à rien.

Se mettre au régime, se mettre au lait, au petit-lait, Commencer à user de régime, à faire usage du lait, du petit-lait, etc.

Se mettre à, suivi d'un infinitif, marque ordinairement le commencement d'une action. Dès qu'on lui en parle, il se met à pleurer. Aussitôt il se mit à parler tout bas. Dès qu'ils furent à table, ils se mirent à boire. Tout le monde se mit à rire, à crier. Il s'est mis tout de bon à étudier. Depuis qu'il s'est mis à jouer, il a entièrement quitté l'étude. Quand on s'est mis une fois à ne rien faire, on a bien de la peine à reprendre le travail.

METTRE (Page 2:202)
METTRE employé avec le pronom personnel et absolument, signifie, S'habiller. Cet homme se met singulièrement. Il ne sait pas se mettre. Votre frère se met décemment, avec goût. Cette femme se met mal, se met bien. Il se met ordinairement en noir.

METTRE (Page 2:201)
METTRE dans quelques phrases, a pour complément direct un substantif non précédé de l'article. Mettre fin à une affaire, à un ouvrage. Mettre ordre à ses affaires. J'y mettrai bon ordre. Mettre obstacle, mettre empêchement à quelque chose.

METTRE (Page 2:201)
METTRE en parlant De qualités et de dispositions morales, signifie, Les employer, les manifester dans ses actions, dans ses discours, dans ses ouvrages. Mettre de la bonne foi, de l'adresse, de la réserve, de la modération, du mystère, de la discrétion dans sa conduite. Mettre de la passion, de la haine, du ressentiment, de la colère, de l'injustice dans une action. Mettre de la douceur, de la sévérité, de l'aigreur, de la dureté dans ses discours, dans ses réprimandes. Mettre de la chaleur, de la vivacité dans ses paroles. Mettre de l'ardeur, de la nonchalance dans ses démarches. Mettre de l'esprit, du jugement, du goût, de l'imagination, de l'art, du sentiment dans ses écrits. Mettre de l'âme, de l'expression dans son chant, de l'accent, du feu dans son langage.

METTRE (Page 2:201)
METTRE signifie quelquefois, Ajouter à quelque chose une partie qui y manque. Mettre un manche à un balai, un pied à une table, une corde à un violon, un bouton à un habit, une roue à un carrosse, un fer à un cheval. Mettre le comble à un bâtiment.

METTRE (Page 2:200)
METTRE signifie aussi, Placer dans un certain rapport de position, un être animé avec un autre, ou une chose avec une autre, ou un être animé avec une chose. On m'a mis à côté de lui à table. Mettre un enfant à terre, par terre. Mettre quelqu'un hors d'une maison, ou simplement, le mettre dehors. Mettre un gigot à la broche. Mettre des marchandises à bord d'un navire. Mettre la main à la plume. Mettre les chevaux à la voiture. Mettre un mors, une bride, une selle à un cheval. Mettez vos livres avec les miens. Mettez ces livres ensemble. Mettre un écran devant le feu. Mettre ses pieds sous la table. Mettre l'adresse à une lettre. Mettre la main sur quelqu'un, sur le collet à quelqu'un. Mettre un tableau dans son jour, à son jour. Mettre de la toile à la rosée. Mettre pied à terre. Mettre le pied sur quelque chose.

Il ne saurait mettre un pied devant l'autre, Il est si faible, si languissant, qu'il ne saurait marcher.

METTRE (Page 2:200)
METTRE s'emploie au sens moral dans les deux significations précédentes. Mettre un homme dans l'embarras, dans son tort. Mettre son bonheur, sa gloire dans la vertu. Mettre son espérance dans les bontés de quelqu'un. Mettre en quelqu'un ses affections, ses complaisances. Mettre un homme au-dessus, au-dessous, à côté d'un autre. Mettre quelqu'un au nombre, au rang de ses amis. Mettre quelqu'un à la tête d'une affaire. Mettre des obstacles, des bornes à quelque chose. Mettre le comble à ses bienfaits, à son ingratitude, etc.

Il s'emploie aussi, dans les mêmes significations, en un grand nombre de phrases figurées et proverbiales. Mettre la main à l'oeuvre, à la pâte. Mettre la main au bon endroit. Mettre la main à l'encensoir. Mettez la main sur la conscience. J'en mettrais ma main au feu. Vous avez mis le doigt sur la plaie, sur le mal. Mettre un homme sous ses pieds, l'honneur sous ses pieds. Mettre le feu sous le ventre à quelqu'un. Mettre à quelqu'un le poignard sur la gorge. Se mettre la tête dans le guêpier. Mettre les fers au feu. Mettre le feu aux affaires, aux étoupes. Mettre le nez dans les affaires, dans les livres. Mettre une question sur le tapis. Mettre quelqu'un sur son testament. Mettre quelqu'un au tombeau. Cette nouvelle l'a mis aux champs. Mettre quelqu'un hors de combat, hors des gonds. Mettre quelque chose sur le compte, sur le dos de quelqu'un. Mettre la charrue devant les boeufs. Mettre écu sur écu. Mettre au jour un livre, une vérité. Mettre quelqu'un sur la voie. Mettre un homme sur les dents. Mettre un homme sur le bon pied, sur un bon pied. Mettre une armée sur pied. Mettre quelqu'un en pied. Mettre le marché à la main à quelqu'un. Etc. Voir, pour l'explication, les mots MAIN, DOIGT, PIED, FEU, ETC.

METTRE (Page 2:200)
METTRE en parlant Des personnes, signifie souvent, Envoyer, conduire en un lieu, y faire entrer, y établir. Mettre un enfant dans un collége, au collége; dans une pension, en pension; dans une école, à l'école. Il a mis son fils chez le notaire, chez l'avoué. On m'a mis dans une chambre bien froide.

Par extension, Mettre un enfant en nourrice, en apprentissage, en métier.

Fig., Mettre un prince sur le trône, L'y établir. Mettre quelqu'un dans un poste, Lui conférer un emploi. Mettre quelqu'un dans le monde, L'introduire dans la société. Mettre au monde un enfant, Lui donner la naissance.

METTRE (Page 2:201)
METTRE se dit aussi en parlant De certaines peines qu'on inflige, qu'on fait subir. Mettre un homme en prison, au cachot, aux galères, au carcan, au pilori, aux fers, à la chaîne, à la torture, à la question, aux arrêts, à l'amende. Mettre un enfant en pénitence.

Mettre un prince, une ville au ban de l'Empire, Déclarer qu'ils ont encouru les peines de confiscation ou autres, prononcées par les lois de l'Empire.

METTRE (Page 2:201)
METTRE en parlant Des personnes, s'emploie aussi dans le sens de Réduire. Mettre un homme à la besace, à l'aumône, à la mendicité, en chemise, à sec. Mettre un homme au pied du mur, aux abois, à quia, à bout de voie, à bout. Mettre un homme à la retraite, à la réforme, à la pension. Mettre un militaire à la demi-solde.

Il s'emploie quelquefois, dans le même sens, en parlant Des choses. Mettre une fontaine à sec. Mettre une marchandise au rabais. Mettre une appellation au néant.

METTRE (Page 2:201)
METTRE en parlant De ce qui sert à l'habillement, à la parure, signifie, Le revêtir, le mettre sur soi. Mettre sa chemise, son habit, ses souliers, ses gants, son épée, son chapeau, etc.

Il signifie quelquefois, Porter habituellement sur soi. Il ne met pas de manchettes. Il ne met plus que des bottes.

Mettre sur soi tout ce qu'on gagne, Le dépenser en parures.

METTRE (Page 2:201)
METTRE en parlant Des choses qui se mangent, signifie, Les accommoder, les apprêter d'une certaine façon. Mettre une carpe à l'étuvée, au bleu, en matelote; un poulet en fricassée; un lièvre en pâté; des épinards au jus; des oeufs à la poulette; des fruits en compote.

METTRE (Page 2:201)
METTRE en parlant De l'argent qu'on possède, signifie, Le placer, l'employer d'une certaine manière. Mettre son argent, ses fonds dans une manufacture. Mettre son argent en fonds de terre, en rentes, en viager, à fonds perdu. Il a mis beaucoup d'argent en chevaux, en bijoux, etc. Je suis dupé dans cette affaire, j'y ai mis du mien. Il a mis beaucoup d'argent au jeu, à la loterie.

Mettre de l'argent à la grosse aventure, Placer de l'argent sur un navire marchand, au risque de le perdre, si ce navire périt.

Absolument, Mettre au jeu, Déposer son enjeu. Mettre à la loterie, Prendre un billet de loterie.

METTRE (Page 2:201)
METTRE en parlant Des terres, signifie Les ensemencer, les planter, les employer d'une certaine manière. Mettre une terre en blé, en orge, en seigle, en avoine. Il a mis vingt arpents en vigne, en bois. J'ai mis toute cette île en osier.

METTRE (Page 2:201)
METTRE se dit encore, au sens physique et au sens moral, en parlant De certaines choses dont on change la forme, qu'on fait passer d'un état à un autre. Mettre une chose en morceaux, en pièces, en poudre, en poussière, en cendre. Mettre un champ en jachère, en prairie artificielle. Il a mis une partie de ce terrain en verger, et l'autre en potager. On a mis cette viande en charbon, en la laissant trop longtemps au feu. Mettre ses souliers en pantoufles. Mettre une vigne en espalier. Mettre une chambre en couleur. Mettre une armée en bataille, en ligne. Mettre une pensée en vers, du latin en français. Mettre des paroles en musique. Mettre ses idées par écrit.

METTRE. v. a. (Page 2:200)
METTRE. v. a. (Je mets, tu mets, il met; nous mettons, vous mettez, ils mettent. Je mettais. Je mis. Je mettrai. Mets. Que je misse. Mettant. Mis.) Placer une personne, ou un animal, ou une chose dans un lieu déterminé. Mettre un malade dans une baignoire. Mettre un cadavre dans une fosse. Mettre un mort en terre. Mettre un cheval dans l'écurie, à l'écurie; un oiseau dans une cage, en cage. Mettre du foin dans le grenier, au grenier. Mettre du bois dans la cheminée. Il faut mettre chaque chose en son lieu, à sa place. Par extension: Mettre de l'eau dans du vin, du sel dans un ragoût, du bois dans le feu, au feu. Etc.

Mettre le pied dans une maison, Y entrer. Je n'ai jamais mis le pied dans cette maison.

METTRE signifie aussi, Placer dans un certain rapport de position, un être animé avec un autre, ou une chose avec une autre, ou un être animé avec une chose. On m'a mis à côté de lui à table. Mettre un enfant à terre, par terre. Mettre quelqu'un hors d'une maison, ou simplement, le mettre dehors. Mettre un gigot à la broche. Mettre des marchandises à bord d'un navire. Mettre la main à la plume. Mettre les chevaux à la voiture. Mettre un mors, une bride, une selle à un cheval. Mettez vos livres avec les miens. Mettez ces livres ensemble. Mettre un écran devant le feu. Mettre ses pieds sous la table. Mettre l'adresse à une lettre. Mettre la main sur quelqu'un, sur le collet à quelqu'un. Mettre un tableau dans son jour, à son jour. Mettre de la toile à la rosée. Mettre pied à terre. Mettre le pied sur quelque chose.

Il ne saurait mettre un pied devant l'autre, Il est si faible, si languissant, qu'il ne saurait marcher.

METTRE s'emploie au sens moral dans les deux significations précédentes. Mettre un homme dans l'embarras, dans son tort. Mettre son bonheur, sa gloire dans la vertu. Mettre son espérance dans les bontés de quelqu'un. Mettre en quelqu'un ses affections, ses complaisances. Mettre un homme au-dessus, au-dessous, à côté d'un autre. Mettre quelqu'un au nombre, au rang de ses amis. Mettre quelqu'un à la tête d'une affaire. Mettre des obstacles, des bornes à quelque chose. Mettre le comble à ses bienfaits, à son ingratitude, etc.

Il s'emploie aussi, dans les mêmes significations, en un grand nombre de phrases figurées et proverbiales. Mettre la main à l'oeuvre, à la pâte. Mettre la main au bon endroit. Mettre la main à l'encensoir. Mettez la main sur la conscience. J'en mettrais ma main au feu. Vous avez mis le doigt sur la plaie, sur le mal. Mettre un homme sous ses pieds, l'honneur sous ses pieds. Mettre le feu sous le ventre à quelqu'un. Mettre à quelqu'un le poignard sur la gorge. Se mettre la tête dans le guêpier. Mettre les fers au feu. Mettre le feu aux affaires, aux étoupes. Mettre le nez dans les affaires, dans les livres. Mettre une question sur le tapis. Mettre quelqu'un sur son testament. Mettre quelqu'un au tombeau. Cette nouvelle l'a mis aux champs. Mettre quelqu'un hors de combat, hors des gonds. Mettre quelque chose sur le compte, sur le dos de quelqu'un. Mettre la charrue devant les boeufs. Mettre écu sur écu. Mettre au jour un livre, une vérité. Mettre quelqu'un sur la voie. Mettre un homme sur les dents. Mettre un homme sur le bon pied, sur un bon pied. Mettre une armée sur pied. Mettre quelqu'un en pied. Mettre le marché à la main à quelqu'un. Etc. Voir, pour l'explication, les mots MAIN, DOIGT, PIED, FEU, ETC.

METTRE en parlant Des personnes, signifie souvent, Envoyer, conduire en un lieu, y faire entrer, y établir. Mettre un enfant dans un collége, au collége; dans une pension, en pension; dans une école, à l'école. Il a mis son fils chez le notaire, chez l'avoué. On m'a mis dans une chambre bien froide.

Par extension, Mettre un enfant en nourrice, en apprentissage, en métier.

Fig., Mettre un prince sur le trône, L'y établir. Mettre quelqu'un dans un poste, Lui conférer un emploi. Mettre quelqu'un dans le monde, L'introduire dans la société. Mettre au monde un enfant, Lui donner la naissance.

METTRE se dit aussi en parlant De certaines peines qu'on inflige, qu'on fait subir. Mettre un homme en prison, au cachot, aux galères, au carcan, au pilori, aux fers, à la chaîne, à la torture, à la question, aux arrêts, à l'amende. Mettre un enfant en pénitence.

Mettre un prince, une ville au ban de l'Empire, Déclarer qu'ils ont encouru les peines de confiscation ou autres, prononcées par les lois de l'Empire.

METTRE en parlant Des personnes, s'emploie aussi dans le sens de Réduire. Mettre un homme à la besace, à l'aumône, à la mendicité, en chemise, à sec. Mettre un homme au pied du mur, aux abois, à quia, à bout de voie, à bout. Mettre un homme à la retraite, à la réforme, à la pension. Mettre un militaire à la demi-solde.

Il s'emploie quelquefois, dans le même sens, en parlant Des choses. Mettre une fontaine à sec. Mettre une marchandise au rabais. Mettre une appellation au néant.

METTRE en parlant De ce qui sert à l'habillement, à la parure, signifie, Le revêtir, le mettre sur soi. Mettre sa chemise, son habit, ses souliers, ses gants, son épée, son chapeau, etc.

Il signifie quelquefois, Porter habituellement sur soi. Il ne met pas de manchettes. Il ne met plus que des bottes.

Mettre sur soi tout ce qu'on gagne, Le dépenser en parures.

METTRE en parlant Des choses qui se mangent, signifie, Les accommoder, les apprêter d'une certaine façon. Mettre une carpe à l'étuvée, au bleu, en matelote; un poulet en fricassée; un lièvre en pâté; des épinards au jus; des oeufs à la poulette; des fruits en compote.

METTRE en parlant De l'argent qu'on possède, signifie, Le placer, l'employer d'une certaine manière. Mettre son argent, ses fonds dans une manufacture. Mettre son argent en fonds de terre, en rentes, en viager, à fonds perdu. Il a mis beaucoup d'argent en chevaux, en bijoux, etc. Je suis dupé dans cette affaire, j'y ai mis du mien. Il a mis beaucoup d'argent au jeu, à la loterie.

Mettre de l'argent à la grosse aventure, Placer de l'argent sur un navire marchand, au risque de le perdre, si ce navire périt.

Absolument, Mettre au jeu, Déposer son enjeu. Mettre à la loterie, Prendre un billet de loterie.

METTRE en parlant Des terres, signifie Les ensemencer, les planter, les employer d'une certaine manière. Mettre une terre en blé, en orge, en seigle, en avoine. Il a mis vingt arpents en vigne, en bois. J'ai mis toute cette île en osier.

METTRE se dit encore, au sens physique et au sens moral, en parlant De certaines choses dont on change la forme, qu'on fait passer d'un état à un autre. Mettre une chose en morceaux, en pièces, en poudre, en poussière, en cendre. Mettre un champ en jachère, en prairie artificielle. Il a mis une partie de ce terrain en verger, et l'autre en potager. On a mis cette viande en charbon, en la laissant trop longtemps au feu. Mettre ses souliers en pantoufles. Mettre une vigne en espalier. Mettre une chambre en couleur. Mettre une armée en bataille, en ligne. Mettre une pensée en vers, du latin en français. Mettre des paroles en musique. Mettre ses idées par écrit.

METTRE signifie quelquefois, Ajouter à quelque chose une partie qui y manque. Mettre un manche à un balai, un pied à une table, une corde à un violon, un bouton à un habit, une roue à un carrosse, un fer à un cheval. Mettre le comble à un bâtiment.

METTRE en parlant De qualités et de dispositions morales, signifie, Les employer, les manifester dans ses actions, dans ses discours, dans ses ouvrages. Mettre de la bonne foi, de l'adresse, de la réserve, de la modération, du mystère, de la discrétion dans sa conduite. Mettre de la passion, de la haine, du ressentiment, de la colère, de l'injustice dans une action. Mettre de la douceur, de la sévérité, de l'aigreur, de la dureté dans ses discours, dans ses réprimandes. Mettre de la chaleur, de la vivacité dans ses paroles. Mettre de l'ardeur, de la nonchalance dans ses démarches. Mettre de l'esprit, du jugement, du goût, de l'imagination, de l'art, du sentiment dans ses écrits. Mettre de l'âme, de l'expression dans son chant, de l'accent, du feu dans son langage.

METTRE dans quelques phrases, a pour complément direct un substantif non précédé de l'article. Mettre fin à une affaire, à un ouvrage. Mettre ordre à ses affaires. J'y mettrai bon ordre. Mettre obstacle, mettre empêchement à quelque chose.

METTRE suivi des prépositions en ou à, s'emploie, tant au propre qu'au figuré, en parlant Des personnes ou des choses, dans un nombre considérable de phrases faites, où il a un sens plus ou moins rapproché, plus ou moins éloigné de sa signification primitive. Nous allons en citer un certain nombre d'exemples.

METTRE avec en. Mettre quelqu'un en colère, en fureur, en peine, en gaieté, en joie, en bonne ou en mauvaise humeur. Mettre quelqu'un ou quelque chose en danger, en péril. Cette action l'a mis en faveur, en crédit, en honneur, en réputation, en vogue. Mettre sa conscience en repos. Mettre ses affaires en ordre. Mettre quelqu'un en jeu, en avant, en frais, en dépense. Mettre un État en feu, en combustion. Mettre une armée en campagne, en déroute, en fuite, en désordre, en désarroi. Mettre une terre en valeur, une maison en vente, une parole en oubli. Mettre une chose en oeuvre, en ligne de compte, en état, en évidence, en sûreté, en question, en doute, en délibération, en fait. Mettre un homme en cause, en jugement. Mettre quelqu'un ou quelque chose en mouvement, en train, en repos. Mettre de l'argent en dépôt, des effets en gage. Mettre en état de siége. Mettre quelque chose en tête à quelqu'un. Je ne sais quelle chimère il s'est mise en tête. Je lui ai mis en tête un rude adversaire. On dit, aux Échecs, Mettre une pièce en prise. Voir, pour l'explication, les mots COLÕRE, FUREUR, PEINE, GAIETÉ, JOIE, HUMEUR, DANGER, ETC.

METTRE avec à. Mettre une affaire à jour. Mettre une ville à contribution. Mettre une chose à profit, à exécution. Mettre quelqu'un à bien, à mal. Mettre quelqu'un à même de.... à portée de... Mettre quelqu'un à couvert. Mettre à fin une entreprise. Mettre à prix la tête de quelqu'un. Mettre une chose à haut prix, à bas prix. Mettre un homme à terre, un homme à mort, etc. Voir, pour l'explication, les mots JOUR, CONTRIBUTION, PROFIT, EXÉCUTION, BIEN, MAL, ETC.

METTRE avec à, suivi de l'article. Mettre un homme à la raison, à l'épreuve. Mettre quelque chose au hasard. Mettre une ville au pillage. Mettre un cheval au pas, au trot, au galop. Mettre un écrit au net. Mettre les choses au pis. Mettre quelqu'un au fait. Mettre deux personnes aux mains, aux prises. Mettre quelqu'un ou quelque chose à l'abri, à l'écart. Mettre une chose à l'enchère, à l'encan. Mettre quelque chose à la discrétion de quelqu'un. Voir, pour l'explication, les mots RAISON, ÉPREUVE, HASARD, ETC.

METTRE avec à, suivi d'un verbe à l'infinitif, signifie, Faire consister. Mettre sa gloire, son plaisir, son bonheur à faire quelque chose. Je mets mon orgueil à vous imiter.

Mettre quelqu'un au pis, au pis faire, Le défier de faire tout le mal qu'il a le pouvoir ou l'intention de faire. Mettre quelqu'un à pis faire, Le défier de faire plus mal qu'il n'a déjà fait.

METTRE se construit quelquefois avec l'infinitif d'un autre verbe, sans que cet infinitif soit précédé d'aucune préposition. Mettre sécher du linge, chauffer de l'eau, cuire des pois, etc., Mettre du linge en un lieu, pour qu'il sèche; mettre de l'eau auprès du feu, pour qu'elle chauffe; etc.

METTRE se construit aussi avec certains adverbes, de manière à former un sens particulier. Ils avaient de la peine à se rapprocher, je les ai mis bien ensemble, Je les ai réconciliés. La jalousie les a mis mal ensemble, Les a brouillés. Cette chienne a mis bas, Elle a fait des petits. Ce cerf a mis bas, a mis sa tête bas, Il s'est dépouillé de son bois, son bois est tombé. Mettre habit bas, Ôter son habit. Mettre ses habits bas, Se déshabiller. Mettre bas son chapeau, ou Mettre chapeau bas, Ôter son chapeau. Mettre pavillon bas, Baisser le pavillon pour annoncer qu'on se rend. Il a mis bas son orgueil, Il a déposé son orgueil, il s'est humilié.

METTRE s'emploie quelquefois sans complément direct. Mettre sur table, Poser les plats sur la table. Mettre de côté, Épargner son revenu, amasser de l'argent.

Prov., Je n'y prends, ni n'y mets, La chose dont il s'agit m'est indifférente; ou bien, Je ne retranche ni n'ajoute rien à l'histoire que je raconte, mais je n'en garantis pas la vérité.

METTRE s'emploie dans plusieurs phrases affectées à la marine. Mettre un vaisseau en mer, à la mer, à flot, à la cape, en panne. Mettre tout au vent. Mettre vent en poupe. Mettre les voiles dedans. Mettre les voiles dehors, toutes voiles dehors. Mettre le cap en route. Etc. Voir, pour l'explication, les mots MER, FLOT, CAPE, PANNE, ETC.

Absol.: Mettre en mer, à la mer. Mettre à la voile.

METTRE s'emploie aussi avec le pronom personnel, dans la plupart des acceptions où il a pour sujet un nom de personne. Se mettre dans une baignoire. Se mettre à la place de quelqu'un, au-dessus de quelqu'un. Se mettre à table. Se mettre au soleil, au jour, devant la cheminée, derrière la porte. Se mettre en mer. Se mettre dans les remèdes, dans les affaires. Se mettre aux pieds de quelqu'un. Je me mettrais au feu, je me mettrais en quatre pour lui. Se mettre en danger, en évidence, en sûreté, à l'abri, à l'écart, à couvert. Se mettre en garde, en défense. Se mettre à la suite d'une personne, d'une affaire. Se mettre en pension, en apprentissage, en service. Se mettre en eau, en sueur, en nage. Se mettre en crédit, en renom, en réputation. Se mettre en colère, en fureur, en peine. Se mettre de mauvaise humeur. Se mettre en humeur de faire quelque chose. Se mettre en repos, en mouvement, en train, en avant, en frais, en jeu. Se mettre en feu, en haleine. Se mettre à portée, à même, en état de faire une chose. Se mettre au fait d'une chose. Se mettre sur les rangs. Se mettre bien, se mettre mal avec quelqu'un. Se mettre en course, en route, en chemin, en voyage. Se mettre sur le pied de faire telle chose. Etc.

Se mettre à quelque chose, S'en occuper. Je me suis mis au travail, à l'étude. Je n'ai pas renoncé à cet ouvrage, je m'y mettrai incessamment.

Se mettre à tout, Se rendre utile en toute occasion, ne se refuser à rien.

Se mettre au régime, se mettre au lait, au petit-lait, Commencer à user de régime, à faire usage du lait, du petit-lait, etc.

Se mettre à, suivi d'un infinitif, marque ordinairement le commencement d'une action. Dès qu'on lui en parle, il se met à pleurer. Aussitôt il se mit à parler tout bas. Dès qu'ils furent à table, ils se mirent à boire. Tout le monde se mit à rire, à crier. Il s'est mis tout de bon à étudier. Depuis qu'il s'est mis à jouer, il a entièrement quitté l'étude. Quand on s'est mis une fois à ne rien faire, on a bien de la peine à reprendre le travail.

METTRE employé avec le pronom personnel et absolument, signifie, S'habiller. Cet homme se met singulièrement. Il ne sait pas se mettre. Votre frère se met décemment, avec goût. Cette femme se met mal, se met bien. Il se met ordinairement en noir.

MIS, MISE. participe Bien mis, mal mis, Bien vêtu, mal vêtu.

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Dictionnaire de L'Académie française, 8th Edition (1932-5)

METTRE. (Page 2:183)
METTRE. (Je mets; nous mettons. Je mis. Je mettrai. Mets. Que je misse. Mettant. Mis.) v. tr. Placer une personne, ou un animal, ou une chose dans un lieu déterminé. Mettre un malade dans une baignoire. Mettre un mort en terre. Mettre un cheval dans l'écurie, à l'écurie; un oiseau dans une cage, en cage. Mettre du foin dans le grenier, au grenier. Mettre du bois dans la cheminée. Il faut mettre chaque chose en son lieu, à sa place. Par extension, Mettre de l'eau dans du vin, du sel dans un ragoût, du bois dans le feu, au feu.

Mettre le pied dans une maison, Y entrer. Je n'ai jamais mis le pied dans cette maison.

METTRE signifie aussi Placer, dans un certain rapport de position, un être animé avec un autre, ou une chose avec une autre, ou un être animé avec une chose. On m'a mis à côté de lui à table. Se mettre à table. Se mettre au lit.' Mettre un enfant à terre, par terre. Mettre quelqu'un hors d'une maison, ou, simplement, le mettre dehors. Mettre un gigot à la broche. Mettre des marchandises à bord d'un navire. Mettre la main à la plume. Mettre le pied à l'étrier. Se mettre en route, en chemin, en voyage. Mettre les chevaux à la voiture. Mettre un mors, une bride, une selle à un cheval. Mettez ces livres ensemble. Mettre un écran devant le feu. Mettre ses pieds sous la table. Mettre l'adresse à une lettre. Mettre la main sur quelqu'un, au collet de quelqu'un. Mettre un tableau dans son jour, Mettre pied à terre. Mettre le pied sur quelque chose. Se mettre sur les rangs.

Il ne peut mettre un pied devant l'autre, Il est si faible, si languissant, qu'il ne peut marcher.

Fig., Mettre un homme dans l'embarras, dans son tort. Mettre son bonheur, sa gloire dans la vertu. Mettre son espérance dans les bontés de quelqu'un. Mettre en quelqu'un ses affections, ses complaisances. Mettre un homme au-dessus, au-dessous, à côté d'un autre. Mettre quelqu'un au nombre, au rang de ses amis. Mettre quelqu'un à la tête d'une affaire. Mettre des obstacles, des bornes à quelque chose. Mettre le comble à ses bienfaits, à son ingratitude, etc.

Il s'emploie aussi, dans les mêmes significations, en un grand nombre de phrases figurées et proverbiales. Mettre à la porte. Mettre la main à l'oeuvre, à la pâte. Mettre la main sur la conscience. J'en mettrais ma main au feu. Vous avez mis le doigt sur la plaie, sur le mal. Mettre à quelqu'un le poignard sur la gorge. Mettre les fers au feu. Mettre le feu aux poudres. Mettre le nez dans les affaires, dans les livres. Mettre une question sur le tapis. Mettre quelqu'un dans de beaux draps. Mettre quelqu'un au tombeau. Cette nouvelle l'a mis aux champs. Mettre quelqu'un hors de combat, hors des gonds. Mettre quelque chose sur le compte, sur le dos de quelqu'un. Mettre la charrue avant les boeufs. Mettre quelqu'un sur la voie. Mettre un homme sur les dents. Mettre une armée sur pied. Mettre quelqu'un au pied du mur. Mettre le marché à la main à quelqu'un. Fig. et pop., Mettre quelqu'un dedans, Le tromper.

METTRE, en parlant des Personnes, signifie souvent Envoyer, conduire en un lieu, y faire entrer, y établir. Mettre un enfant dans un collège, au collège; dans une pension, en pension; dans une école, à l'école. Il a mis son fils chez un notaire, chez un avoué.

Par extension, Mettre quelqu'un dans les affaires, dans le commerce, dans l'industrie. Mettre un enfant en nourrice, en apprentissage.

Fig., Mettre un prince sur le trône, L'y établir. Mettre quelqu'un dans un poste, Lui conférer un emploi. Mettre au monde un enfant, Lui donner naissance.

Fig., Ne savoir où se mettre, Être embarrassé de sa contenance.

Se mettre à quelque chose, S'en occuper. Je me suis mis au travail, à l'étude. Je n'ai pas renoncé à cet ouvrage, je m'y mettrai incessamment.

Se mettre à tout, Se rendre utile en toute occasion, ne se refuser à rien.

Se mettre à deux, à trois pour faire quelque chose, Se réunir deux ou trois.

Se mettre à, suivi d'un infinitif, marque ordinairement le Commencement d'une action. Dès qu'on lui en parle, il se met à pleurer. Aussitôt il se mit à parler tout bas. Tout le monde se mit à rire, à crier. Il s'est mis tout de bon à étudier.

METTRE se dit aussi en parlant de Certaines peines qu'on inflige, qu'on fait subir. Mettre un homme en prison, au cachot, aux arrêts, à l'amende. Mettre un enfant en pénitence.

Mettre un prince, une ville au ban de l'Empire signifiait autrefois Déclarer qu'ils ont encouru la déchéance et autres peines prononcées par les lois de l'Empire. Voyez BAN.

Fig., Mettre quelqu'un au ban de l'opinion, de l'Europe, de l'Humanité, Le dénoncer au mépris public dans son pays, dans l'Europe, dans le monde entier.

METTRE, en parlant des Personnes, s'emploie aussi dans le sens de Réduire ou en un sens voisin. Mettre un homme à la mendicité, en chemise, à sec. Mettre quelqu'un aux abois, à quia, à bout. Mettre un homme à la retraite, en réforme. Mettre à pied. On dit à peu près dans le même sens Se mettre au régime, Se mettre au lait, Commencer à user de régime, à faire usage de lait.

Il s'emploie quelquefois, dans le même sens, en parlant des Choses. Mettre une fontaine à sec.

METTRE, en parlant de Ce qui sert à l'habillement, à la parure, signifie Le revêtir, le mettre sur soi. Mettre sa chemise, son habit, ses souliers, ses gants, son chapeau, etc.

SE METTRE signifie absolument S'habiller. Cet homme se met d'une façon négligée. Il ne sait pas se mettre. Votre frère se met avec goût. Cette femme se met avec élégance. Il se met ordinairement en noir.

Bien mis, mal mis, Bien vêtu, mal vêtu.

Il signifie quelquefois Porter habituellement sur soi. Il ne met pas de manchettes.

Mettre sur soi tout ce qu'on gagne, Le dépenser en parures.

METTRE, en parlant des Choses qui se mangent, signifie Les accommoder, les apprêter d'une certaine façon. Mettre une carpe à l'étuvée, au bleu, en matelote; un poulet en fricassée; un lièvre en pâté; des épinards au jus; des oeufs à la poulette; des fruits en compote.

METTRE, en parlant de l'Argent qu'on possède, signifie Le placer, l'employer d'une certaine manière. Mettre son argent, ses fonds dans une entreprise industrielle. Mettre son argent en rentes, en viager, à fonds perdu. Il a mis une partie de son argent en chevaux, en bijoux. Il a mis beaucoup d'argent au jeu.

Absolument, Mettre au jeu, Déposer son enjeu. Mettre à la loterie, Prendre un billet de loterie.

Mettre du sien, Faire quelque sacrifice d'argent. Il voudrait entrer dans cette affaire sans y mettre du sien. Cette affaire s'annonce bien pour l'avenir, mais en attendant j'y mets du mien.

Fig., Mettre du sien, Faire quelque concession. Si l'on veut s'entendre, il faut que chacun y mette du sien. Pour d'autres sens figurés de cette expression, voyez SIEN.

METTRE, en parlant des Terres, signifie Les ensemencer, les planter, les employer d'une certaine manière. Mettre une terre en blé, en orge, en seigle, en avoine. Il a mis son terrain en vigne, en bois.

METTRE se dit en parlant de Ce qu'on écrit sur le papier, dans un livre. Il a mis cette remarque en marge. Il a mis son nom au bas de la lettre. Il fut mis sur la liste. Il mit ses raisons par écrit. Mettre en italiques.

METTRE se dit encore, au sens physique et au sens moral, en parlant des Personnes et des choses qu'on fait passer d'un état à un autre et, dans cette acception, le complément est souvent précédé de la préposition en. Mettre une chose en morceaux, en pièces, en poudre, en poussière, en cendre. Mettre une vigne en espalier. Mettre une armée en bataille, en ligne. Mettre une pensée en vers. Mettre du latin en français. Mettre des paroles en musique.

METTRE signifie quelquefois Ajouter à quelque chose une partie qui y manque. Mettre un manche à un balai, un pied à une table, une corde à un violon, un bouton à un habit, une roue à une voiture, un fer à un cheval.

Mettre du temps, Employer un certain temps. J'ai réussi, mais j'y ai mis le temps. Virgile mit douze ans à composer son Énéide.

METTRE, en parlant de Qualités et de dispositions morales, signifie Les employer, les manifester dans ses actions, dans ses discours, dans ses ouvrages. Mettre de la bonne foi, de l'adresse, de la réserve, de la modération, du mystère, de la discrétion dans sa conduite. Mettre de la passion, de la haine, du ressentiment, de la colère, de l'injustice dans une action. Mettre de la douceur, de la sévérité, de l'aigreur, de la dureté dans ses discours, dans ses réprimandes. Mettre de la chaleur, de la vivacité dans ses paroles. Mettre de l'esprit, du jugement, du goût, de l'imagination, de l'art, du sentiment dans ses écrits. Mettre de l'âme, de l'expression dans son chant, de l'accent dans son langage.

METTRE, dans quelques phrases, a pour complément direct un substantif non précédé de l'article. Mettre fin à une affaire, à un ouvrage. Mettre ordre à ses affaires. J'y mettrai bon ordre. Mettre obstacle, mettre empêchement à quelque chose.

METTRE, suivi des prépositions en ou à, s'emploie, tant au propre qu'au figuré, en parlant des Personnes ou des choses, dans un nombre considérable de locutions, où il a un sens plus ou moins rapproché, plus ou moins éloigné de sa signification primitive. Nous allons en citer un certain nombre d'exemples.

METTRE, avec en. Mettre quelqu'un en colère, en fureur, en peine, en gaieté, en joie, en bonne ou en mauvaise humeur. Mettre quelqu'un ou quelque chose en danger, en péril. Cette action l'a mis en faveur, en crédit, en honneur, en réputation, en vogue. Mettre sa conscience en repos. Mettre ses affaires en ordre. Mettre quelqu'un en avant, en frais, en dépense. Mettre une armée en campagne, en déroute, en fuite, en désordre, en désarroi. Mettre une terre en valeur, une maison en vente. Mettre une parole en oubli. Mettre une chose en oeuvre, en ligne de compte, en état, en évidence, en sûreté, en question, en doute, en délibération, en fait. Mettre un homme en cause, en jugement. Mettre quelqu'un ou quelque chose en mouvement, en train, en repos. Mettre de l'argent en dépôt, des effets en gage. Mettre en état de siège. Mettre quelque chose en tête à quelqu'un.

METTRE, avec à. Mettre une affaire à jour. Mettre une ville à contribution. Mettre une chose à profit, à exécution. Mettre à bout. Mettre quelqu'un à même de... à portée de... Mettre quelqu'un à couvert. Mettre à prix la tête de quelqu'un. Mettre une chose à haut prix, à bas prix. Mettre un homme à terre, un homme à mort, etc.

METTRE, avec à, suivi de l'article. Mettre un homme à la raison, à l'épreuve. Mettre une ville au pillage. Mettre un cheval au pas, au trot, au galop. Mettre un écrit au net. Mettre les choses au pis. Mettre quelqu'un au fait. Mettre deux personnes aux mains, aux prises. Mettre quelqu'un ou quelque chose à l'abri, à l'écart. Mettre quelqu'un au régime. Mettre un malade au lait. Mettre une chose à l'enchère, à l'encan. Mettre quelque chose à la discrétion de quelqu'un.

METTRE, avec à, suivi d'un verbe à l'infinitif, signifie Faire consister. Mettre sa gloire, son plaisir, son bonheur à faire quelque chose. Je mets mon orgueil à vous imiter.

METTRE, avec la préposition de, signifie Faire participer. On le met de toutes les fêtes, de toutes les corvées.

METTRE, avec la préposition sur, signifie Faire parler. On le mit sur ce chapitre.

METTRE se construit aussi avec certains adverbes, de manière à former un sens particulier. Ils avaient de la peine à se rapprocher, je les ai mis bien ensemble, Je les ai réconciliés. La jalousie les a mis mal ensemble, Les a brouillés. Cette chienne a mis bas, Elle a fait des petits. Ce cerf a mis bas, a mis sa tête bas, Il s'est dépouillé de son bois, son bois est tombé. Mettre habit bas, Ôter son habit. Mettre ses habits bas, Se déshabiller. Mettre bas son chapeau, ou Mettre chapeau bas, ôter son chapeau. Mettre pavillon bas, Baisser le pavillon pour annoncer qu'on se rend.

Fam., METTRE, avec que et l'indicatif ou le subjonctif, signifie Admettre, supposer. Mettez que je n'ai rien dit. Mettons que ce soit vrai.

METTRE s'emploie quelquefois sans complément direct. Mettre de côté, Épargner son revenu, amasser de l'argent.

METTRE s'emploie dans plusieurs locutions spéciales à la Marine. Mettre un vaisseau à la mer, à flot, à la cape, en panne. Mettre tout au vent. Mettre vent en poupe. Mettre les voiles dedans. Mettre les voiles dehors, toutes voiles dehors. Mettre le cap en route. Etc. Voir, pour l'explication, les mots MER, FLOT, CAPE, PANNE, etc.

Absolument, Mettre à la mer, Mettre à la voile.

METTRE s'emploie aussi avec le pronom personnel, dans la plupart des acceptions où il a pour sujet un nom de personne. Se mettre à la place de quelqu'un, au-dessus de quelqu'un. Se mettre à table. Se mettre au soleil, au jour, devant la cheminée, derrière la porte. Se mettre dans les affaires. Se mettre aux pieds de quelqu'un. Je me mettrais au feu, je me mettrais en quatre pour lui. Se mettre en danger, en évidence, en sûreté, à l'abri, à l'écart, à couvert. Se mettre en garde, en défense. Se mettre à la suite d'une personne. Se mettre en pension, en apprentissage, en service. Se mettre en eau, en sueur, en nage. Se mettre en crédit, en renom, en réputation. Se mettre en colère, en fureur, en peine. Se mettre de mauvaise humeur. Se mettre en humeur de faire quelque chose. Se mettre en repos, en mouvement, en train, en avant, en frais, en jeu. Se mettre en retard. Se mettre à portée, à même, en état de faire une chose. Se mettre au fait d'une chose. Se mettre sur les rangs. Se mettre bien, se mettre mal avec quelqu'un. Se mettre en course, en route, en chemin, en voyage. Se mettre sur le pied de faire telle chose. Etc.

Mettez-vous là, Asseyez-vous, prenez place.

Pop., Se mettre avec une femme, Vivre maritalement avec elle.


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