Dictionnaires d'autrefois
Dictionnaires des 17ème, 18ème, 19ème et 20ème siècles

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Il y a 25 entrées dans Nicot, Thresor de la langue française (1606) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 1st Edition (1694) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 4th Edition (1762) (Go), Jean-François Féraud: Dictionaire critique de la langue française (Marseille, Mossy 1787-1788) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 5th Edition (1798) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 6th Edition (1832-5) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 8th Edition (1932-5) (Go)

Nicot, Thresor de la langue française (1606)

bien (Page 77)
Dont le comparatif est mieux fait, et le superlatif est tresbien fait, ores superlativement, Il est bien-heureux et malheureux, Valde fortunatus, valde calamitosus, Il est bien riche, Valde diues, Tantost est particule d'octroy en affirmant, comme tu viendras, à quoy est respondu, Et bien, ou bien. Tu accedes, Sane quidem, ou accedam. Tantost est excitative, comme, Et bien veux-tu demeurer là, Heus tu istuc ne commanere, sententia est. Et a de l'interrogation, soit suivie d'autres propos, ou non, comme quand aucun a proposé à un autre quelque chose à faire, ou à dire, ou à penser, Il luy dit, Et bien? Quid animi ad haec habes? Quid sentis? quaenam tua mens est.

Fort bien, et à l'aise, Percommode, Perbene.

Tu pourras fort bien et aisément estre avec moy, Belle esse poteris mecum.

Non pas si bien, Non aeque bene.

Bien de par Dieu Age sane.

Bien de par Dieu qu'il die, j'en suis content, Age dicat, sino.

Bien de par Dieu, ainsi soit fait, qu'on l'ameine, Age, age, traducatur.

Bien de par Dieu, prenons qu'il soit ainsi, Agite vero, verum esto.

Acquerir de grands biens, Is cui res tanta facta est, Liu. lib. 23.

Bien de par Dieu, qu'il ait, Habeat sane.

Bien de par Dieu, qu'ainsi ne soit, Ne sit sane.

Bien pour Dieu, que le Prince ne nous donne rien, Atque adeo nihil largiatur Princeps.

A bien vienne tout, Deus bene vertat. B. ex Terent.

Bien te soit, Pax.

Bien autrement, Multo aliter.

Il va bien autrement, Longe secus est.

Je le croy bien, Satis credo.

Ce seroit un grand bien pour les hommes, Bene cum rebus humanis ageretur. B. ex Suetonio.

C'est bien avisé à toy, Recte admones.

T'en vas-tu d'icy aux champs? A. c'est bien dit, il est ainsi, Tu rus hinc abis? A. Recte.

C'est bien dit, ouy vrayement que je le te pardonne, Scilicet equidem istuc factum ignoscam. Par moquerie.

C'est bien dit, par moquerie, comme qui diroit, Vous-vous moquez, Sane bene.

C'est bien dit à toy, Lepide memoras, recte dicis.

Qui scavent que c'est de bien et d'honneur, Qui vita et humanitate perpolita sunt. B. ex Cic.

Tu ne diras jamais si bien que, etc. Nunquam dices tam commode, etc.

Dire tout bien, Bona dicere.

C'est bien fait à vous, Bene facis, Bene agis.

O que c'est bien fait, O factum bene.

Tu parles bien autrement que tu ne faisois auparavant quand je te la bailloye, etc. Orationem longe aliam praebes, nunc atque olim cum dabam.

Il parle bien, Loquitur laute.

Bien mentir, ou richement, Ampliter mentiri.

C'est bien souvenu à toy, Recte meministi.

Il est bien chargé, Recte oneratus.

Bien instruit et enseigné, comme ont accoustumé gens de bonne maison, Liberaliter eruditus.

Je puis bien ne m'en soucier point, Non curare pulchre possum.

Se porter bien, Recte valere.

Il se porte bien, Recte ei est.

Si la chose se portoit bien, Si recte esset.

Prendre en bien, Accipere aequo animo, Boni consulere.

Je scay bien, Sat scio.

Bien et mal, Recte et perperam.

Soit bien, soit mal, soit proffitable ou non, ils n'en font qu'à leur fantasie, Melius peius, prosit obsit, nihil vident, nisi quod lubet.

Estre bien traitté, Laute diuersari.

Il va bien. Optime est.

Il ne va que bien, Recte.

Pourquoy ne pourroy-je aussi bien estre icy que Marcel, Qui minus autem ego istic recte esse possim, quam Marcellus.

Veux-tu bien faire? Vin'tu lepide facere.

Y a-il rien que bien? Satin'saluae? B. ex Liuio.

Devenir homme de bien, se remettre à bien vivre, Redire in rectam semitam, siue in viam, Se ad frugem bonam recipere.

Il a fait ce qu'un homme de bien devoit faire, Hominis frugi functus officium.

Bien faire à aucun, Recte alicui facere, Augere commodis aliquem. B. ex Cicerone.

Je te feray beaucoup de biens, Tibi multa bona instant a me. Plautus.

Qui fait quelque bien à un autre, Promerens.

Ne vouloir guere de bien à quelqu'un, Leuiter bene velle alicui.

Bien que, signifie autant que posé le cas, Encore qu'ainsi soit, Combien- que. Esto, Quamuis, Quanquam Tametsi.

Biens, Le bien que le pere delaisse à ses enfans apres son trespas, Patrimonium, Bona patria.

Les biens et successions qu'un chacun a à soy, meubles ou immeubles, Familia, Res familiaris, Fortunae, Pecuniae, Substantia.

Tous biens exterieurs, Bona, bonorum.

Grands biens, ou beaucoup, Fortunae amplissimae.

N'avoir pas grands biens en sa maison, Familiari pecunia tenuis esse.

Les biens que nous avons serrez en nos coffres, Relictae sine haerede sarcinae.

Bien tenant, Bonorum possessor,

Plein de biens et riche, Plenus, Opulentus.

Il a des biens, Res salua est. B. ex Plauto.

Les biens d'un qui a respondu pour celuy qui s'obligeoit, pour tel affaire concernant le public, lesquels sont obligez, et hypotequez à la chose publique, Praedes.

Biens obligez, et hypotequez, Bona praedialia.

Biens saisis, regis et gouvernez sous la main du Roy, Bona publice possessa.

Biens appliquez au Roy, Bona caduca.

Biens vacans, Haereditatis patrimonium.

Acquerir ou amasser biens, Rem facere.

Despendre et gaster ses biens, Rem familiarem corrumpere, Funditare rem.

Laisser ses biens à l'abandon de la justice pour les confisquer, Pigneranda poenae, praebere bona.

Selon les biens que tu avois, Pro re tua.

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Dictionnaire de L'Académie française, 1st Edition (1694)

Bien (Page 112)
Bien. s. m. Ce qui est bon, utile, souhaitable, convenable. Le souverain bien. le bien public. rendre le bien pour le mal. les biens éternels. les biens passagers.

Il signifie aussi, Les richesses. Le bien de patrimoine. le bien de son pere. le bien de sa mere. le bien d'autruy. perdre tout son bien. n'avoir plus de bien. avoir du bien. aimer le bien, les biens de ce monde. acquerir du bien. posseder de grands biens. la perte des biens. Un beau bien, pour dire, Un bien qui consiste en de bonnes terres & en de bon revenu. Estre sans bien. du bien mal acquis. le bien luy vient en dormant. confisquer tout le bien d'un homme. un bien engagé. un bien embroüillé, embarrassé. desbroüiller un bien. un bien clair & liquide. un bien litigieux. separé de corps & de biens. cession de biens. biens obligez & hypothequez. biens saisis. Biens vacants, c'est à dire, Qui n'ont point de possesseur, & que personne ne reclame. curateur à des biens vacants. despenser son bien. amasser du bien, plein de biens.

On dit aussi, Faire du bien, pour dire, Faire quelque avantage, ou donner du bien à quelqu'un. Il luy a fait du bien, beaucoup de bien. il a fait du bien à tout le monde.

On dit aussi d'une chose, qu'Elle fait grand bien, lors qu'Elle apporte quelque commodité, ou quelque soulagement. Le remede que j'ay pris m'a fait grand bien. ce qu'un tel m'a donné ou presté, m'a fait grand bien, m'a fait tous les biens du monde.

On appelle, Les biens de la terre, Les fruits que la terre produit. Voilà un bon temps pour les biens de la terre.

Il se prend aussi pour Bonheur. Ce fut un grand bien de ce qu'il ne se trouva pas là. nul bien sans peine.

Quelquefois il signifie Vertu. Un homme de bien. une femme de bien. en tout bien & en tout honneur. cet homme va tousjours au bien.

Il se prend aussi pour Loüange. Dire du bien de quelqu'un. il prend plaisir à dire du bien de tout le monde.

Il signifie aussi Joye. Je n'auray ny bien ny repos que cela ne soit fait.

Il se prend encore pour Courage & coeur, en parlant de gents de guerre. Ils y ont fait en gents de bien. il a fait en cette occasion tout ce qu'un homme de bien pouvoit faire. il s'est battu en homme de bien.

Bien (Page 112)
Bien. adv. Particule qui est d'un grand usage en nostre langue, & signifie qu'une chose est au point qu'elle doit estre, ou qu'elle est à quelque degré de perfection. Il se porte bien. il parle bien. il fait bien. tout va bien. je me trouve bien aujourd'huy. je me trouve bien d'une telle chose. je me trouve bien d'avoir esté là.

Il signifie aussi, En bon estat, en bonne posture. Il est bien à la Cour. il est bien dans ses affaires. il est bien auprés du Roy, bien auprés des Ministres, autant bien qu'on y peut estre.

Il signifie aussi, Beaucoup, fort. Il y avoit bien du monde. il travaille bien. il mange bien. il boit bien. il s'est levé bien matin. il est arrivé bien à propos. il est bien sçavant. il est bien malade. il est bien mal. il boit bien. bien attaqué bien défendu. autant vaut bien battu que mal battu.

Il sert encore quelquefois pour adjouster, pour augmenter dans le discours. Il est bien autrement honneste homme qu'un tel. l'affaire va bien autrement que vous ne la contez.

C'est aussi un adverbe d'approbation & de consentement. Comme, si on dit à quelqu'un, Je m'en vais faire telle chose, & qu'il y consente, il dira, Bien. fort bien.

D'autres fois, il marque Capacité & pouvoir. comme, Je feray bien cela. il s'acquittera bien de cette commission.

Il s'employe aussi pour Veritablement, ou, à la verité. Il est bien en chemin, mais il n'est pas arrivé. il est bien vray que cela est, mais &c.

Bien, signifie aussi quelquefois, Encore, quand on y adjouste la particule Que. Bien que j'aye promis d'aller là, je ne sçaurois neantmoins y aller.

Bien, Est aussi interjection. Eh bien qu'est-ce? eh bien achevez. Hé bien, terme d'admiration & d'exclamation. hé bien ne vous l'ay-je pas dit cent fois? On dit aussi, Et bien, simplement, pour confirmer ce que l'on a dit. Et bien que vous ay-je dit? je vous l'ay bien dit.

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Dictionnaire de L'Académie française, 4th Edition (1762)

BIEN (Page 174)
BIEN avec le verbe Vouloir, exprimé ou sous-entendu, sert à marquer, Approbation & consentement. Allez, je le veux bien. Et pour marquer qu'on agrée ce qu'un autre propose, on dit absolument, Bien, fort bien. Et quand il est précédé de la particule Hé, Il sert aussi à marquer, Approbation, exhortation, & interrogation. Hé bien continuez. Hé bien que vous en semble? Hé bien que vous a-t-il dit? Hé bien ne vous l'avois-je pas dit?

Il s'emploie aussi dans la signification d'À peu près, environ. Il y a bien trois ans que je ne l'ai vu. Il y a bien deux lieues d'ici. Et quelquefois il ne s'emploie que par redondance. & pour donner plus de force à ce qu'on dit. Auriez-vous bien l'assurance de le nier? Je le savois bien. Je m'en doutois bien. Il est bien en chemin, mais il n'est pas arrivé. Il est bien vrai que cela est, mais.......

BIEN (Page 174)
BIEN signifie aussi Beaucoup, fort, extrêmement. Il y avoit bien du monde. Il travaille bien. Il mange bien. Il boit bien. Il s'est levé bien matin. Il est arrivé bien à propos. La chose s'est passée bien autrement que vous ne dites. Il est bien savant. Il est bien malade. Il est bien mal.

On dit, Bien attaqué, bien défendu, pour dire, Que la défense n'a pas été moindre que l'attaque. Et lorsqu'on ne peut éviter du dommage, quelque parti qu'on prenne, on dit, Autant vaut bien battu, que mal battu, pour dire, qu'Il y a des choses où il ne faut point s'épargner, quoi qu'il en puisse arriver.

BIEN (Page 174)
BIEN signifie aussi Ce qu'on posséde en argent, en fonds de terre, ou autrement. Bien de patrimoine. Les biens de père & de mère. Les biens paternels, les biens maternels. Il ne faut pas toucher au bien d'autrui. Avoir du bien. Acquérir. Manquer de bien. Avoir un bien clair & net. Un bien clair & liquide. Un beau bien. Un bien embrouillé. Un bien embarrassé. Un bien litigieux. Avoir tout son bien engagé. Tout son bien hypothéqué. Tout son bien est saisi. Être sans bien. Avoir du bien mal acquis. Dépenser son bien, manger son bien. Mettre ordre à son bien. Débrouiller son bien. Amasser du bien. Posséder de grands biens. Un mari & une femme séparés de corps & de biens. Faire cession de biens. Il a laissé de grands biens. Curateur aux biens vacans.

On dit absolument, qu'Un homme a du bien, pour dire, qu'Un homme est riche.

On dit d'Un homme qui a de l'attachement aux richesses, qu'Il aime le bien. Et on appelle Biens d'Église, Les biens qui appartiennent à l'Église. Biens passagers, Les biens de ce monde. Et Biens éternels, La béatitude éternelle.

On appelle en style didactique, Biens du corps, La santé, la force: Biens de l'esprit, Les talens: Et Biens de l'ame, Les vertus. Les biens de l'ame sont préférables aux biens de l'esprit; & les biens de l'esprit sont préférables à ceux du corps.

BIEN (Page 174)
BIEN signifie quelquefois Religion, vertu, probité, ce qui est louable, estimable. C'est un jeune homme qui se porte au bien, qui se tourne au bien. C'est un homme de bien, une femme de bien. Ce sont des gens de bien. Il a fait en cela une action d'homme de bien. Il en a usé en homme de bien.

On dit proverbialement, En tout bien & en tout honneur, pour dire, À bonne fin, à bonne intention. Il voit cette fille en tout bien & en tout honneur.

BIEN. Particule adverbiale (Page 174)
BIEN. Particule adverbiale qui sert à marquer un certain degré de perfection, un certain état heureux & avantageux dans la chose dont il s'agit. Il se porte bien. Il parle bien. Il fait bien. Tout va bien. Je me trouve bien aujourd'hui. Je me trouve bien d'une telle chose. Je me trouve bien d'avoir été là. Il fait fort bien sa charge. Il s'est fort bien acquitté de sa commission. Il est bien à la Cour. Il est bien dans ses affaires. Il est bien auprès du Roi, bien auprès des Ministres. Il y est autant bien qu'on y peut être.

BIEN. s.m. (Page 173)
BIEN. s.m. Ce qui est bon, utile, avantageux, convenable. Le souverain bien. Le bien public. Rendre le bien pour le mal. Il faut aller au bien de la chose.

On dit proverbialement, Nul bien sans peine, pour dire, Que tout ce qui est avantageux, coûte à acquérir. Que C'est un grand bien qu'une chose soit arrivée, pour dire, Que c'est un grand bonheur.

On dit, Faire du bien à quelqu'un, procurer du bien à quelqu'un, pour dire, Lui faire, lui procurer quelque avantage, quelque grace utile. Il aime à faire du bien à tout le monde.

On dit d'Une chose dont on reçoit quelque avantage, quelque soulagement, qu'Elle fait du bien, qu'elle fait grand bien. Il lui est arrivé une succession qui a fait grand bien à ses affaires. La saignée lui a fait grand bien.

BIEN signifie quelquefois Religion, vertu, probité, ce qui est louable, estimable. C'est un jeune homme qui se porte au bien, qui se tourne au bien. C'est un homme de bien, une femme de bien. Ce sont des gens de bien. Il a fait en cela une action d'homme de bien. Il en a usé en homme de bien.

On dit proverbialement, En tout bien & en tout honneur, pour dire, À bonne fin, à bonne intention. Il voit cette fille en tout bien & en tout honneur.

BIEN signifie aussi Ce qu'on posséde en argent, en fonds de terre, ou autrement. Bien de patrimoine. Les biens de père & de mère. Les biens paternels, les biens maternels. Il ne faut pas toucher au bien d'autrui. Avoir du bien. Acquérir. Manquer de bien. Avoir un bien clair & net. Un bien clair & liquide. Un beau bien. Un bien embrouillé. Un bien embarrassé. Un bien litigieux. Avoir tout son bien engagé. Tout son bien hypothéqué. Tout son bien est saisi. Être sans bien. Avoir du bien mal acquis. Dépenser son bien, manger son bien. Mettre ordre à son bien. Débrouiller son bien. Amasser du bien. Posséder de grands biens. Un mari & une femme séparés de corps & de biens. Faire cession de biens. Il a laissé de grands biens. Curateur aux biens vacans.

On dit absolument, qu'Un homme a du bien, pour dire, qu'Un homme est riche.

On dit d'Un homme qui a de l'attachement aux richesses, qu'Il aime le bien. Et on appelle Biens d'Église, Les biens qui appartiennent à l'Église. Biens passagers, Les biens de ce monde. Et Biens éternels, La béatitude éternelle.

On appelle en style didactique, Biens du corps, La santé, la force: Biens de l'esprit, Les talens: Et Biens de l'ame, Les vertus. Les biens de l'ame sont préférables aux biens de l'esprit; & les biens de l'esprit sont préférables à ceux du corps.

BIEN. Particule adverbiale qui sert à marquer un certain degré de perfection, un certain état heureux & avantageux dans la chose dont il s'agit. Il se porte bien. Il parle bien. Il fait bien. Tout va bien. Je me trouve bien aujourd'hui. Je me trouve bien d'une telle chose. Je me trouve bien d'avoir été là. Il fait fort bien sa charge. Il s'est fort bien acquitté de sa commission. Il est bien à la Cour. Il est bien dans ses affaires. Il est bien auprès du Roi, bien auprès des Ministres. Il y est autant bien qu'on y peut être.

BIEN signifie aussi Beaucoup, fort, extrêmement. Il y avoit bien du monde. Il travaille bien. Il mange bien. Il boit bien. Il s'est levé bien matin. Il est arrivé bien à propos. La chose s'est passée bien autrement que vous ne dites. Il est bien savant. Il est bien malade. Il est bien mal.

On dit, Bien attaqué, bien défendu, pour dire, Que la défense n'a pas été moindre que l'attaque. Et lorsqu'on ne peut éviter du dommage, quelque parti qu'on prenne, on dit, Autant vaut bien battu, que mal battu, pour dire, qu'Il y a des choses où il ne faut point s'épargner, quoi qu'il en puisse arriver.

BIEN avec le verbe Vouloir, exprimé ou sous-entendu, sert à marquer, Approbation & consentement. Allez, je le veux bien. Et pour marquer qu'on agrée ce qu'un autre propose, on dit absolument, Bien, fort bien. Et quand il est précédé de la particule Hé, Il sert aussi à marquer, Approbation, exhortation, & interrogation. Hé bien continuez. Hé bien que vous en semble? Hé bien que vous a-t-il dit? Hé bien ne vous l'avois-je pas dit?

Il s'emploie aussi dans la signification d'À peu près, environ. Il y a bien trois ans que je ne l'ai vu. Il y a bien deux lieues d'ici. Et quelquefois il ne s'emploie que par redondance. & pour donner plus de force à ce qu'on dit. Auriez-vous bien l'assurance de le nier? Je le savois bien. Je m'en doutois bien. Il est bien en chemin, mais il n'est pas arrivé. Il est bien vrai que cela est, mais.......

BIEN QUE. Conjonction Encore que, quoique. Bien que je le souhaite de tout mon coeur, je ne le puis pas.

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Jean-François Féraud: Dictionaire critique de la langue française (Marseille, Mossy 1787-1788)

BIEN (Page A270a)

BIEN, s. m. [Monosyllabe: en n'y a pas le son d'an. Un Auteur très-moderne fait rimer bien avec chagrin et avec refrein. Il prononce donc bein, comme font plusieurs: Je le veux bein. Cette prononciation ne vaut rien; ou comme prononcent les mêmes persones, ne vaut rein: prononciation normande.] 1°. Ce qui est bon, utile, avantageux, convenable. Le souverain bien; le bien public; rendre le bien pour le mal; il faut aler au bien de la chôse. — Faire du bien, se dit des persones et des chôses. "Il aime à faire du bien à tout le monde: "Cette saignée lui a fait du bien: "Cette succession a fait grand bien à ses afaires. = 2°. Religion, vertu, probité. Homme de bien, femme de bien, gens de bien. Aimer le bien, se porter, se tourner au bien. "Narbal déplora en homme de bien le malheur de Pigmalion. "Il se hâta de ralier tous les gens de bien, pour s'oposer à Adherbal. Télém. Voy. Honête homme, au mot HONNêTE. = 3°. Ce qu'on possède en argent, en fonds de terre, ou autrement. Avoir du bien; aquérir du bien; manquer de bien; être sans bien. Autrefois on l'employait pour bonheur, avantage: "J'ai le bien de vous conoître, écrit M. Arnaud à N. Perraut.
   On apèle, en style didactique, biens du corps, la santé, la force; biens de l'esprit, les talens; biens de l'âme, les vertus. "Les biens de l'âme sont préférables aux biens de l'esprit, et ceux-ci le sont aux biens du corps. L'Ab. Prévôt, dans l'Hist. des Voy. met souvent biens pour marchandises. "Ce qu'on apèle les biens secs, l'ivoire, l'or, la cire, etc. C'est un anglicisme. Voy. Dict. Angl. de Boyer, au mot GOOD.
   Vouloir du bien à... Aimer: "Alexandre Sévère, dans le temps qu'Héliogobale ne lui vouloit pas de bien; Font. — Dire du bien de... Louer: "Mde. de la Fayette vient de me mander que son fils est arrivé, qu'il lui a dit mille biens du vôtre. Sév.Sentir son bien; avoir l'air noble: "On ne cessoit de dire qu'il sentoit son bien, et qu'il ressembloit à Mde sa mère. Marm. Cette locution sent un peu le jargon moderne. — On dit, dans le style familier: grand bien vous fasse: "Prenez-en tant que vous voudrez, et grand bien vous fasse. Volt. — On dit, faire du bien, en parlant des chôses, ou faire grand bien: on l'a vu plus haut. Mde. de Sévigné dit, en ce sens: faire bien.: "Les eaux lui font très-bien depuis six jours. Cela n' est pas aussi conforme à l'usage. — Faire bien, signifie mieux, ce qui est dans l'ordre, et convenable. "Ce morceau fait bien dans cet endroit; cette figûre dans ce tableau. "Cet adjectif fait très-bien devant le substantif, etc. Il est-là adverbe.
   En bien, adv. Changement en bien. Parler en bien de tout le monde. Cela ne me touche ni en bien, ni en mal.

BIEN (Page A270b)

BIEN, adv. Qui sert à marquer un certain degré de perfection, d'avantage, de bonheur, etc. "Il se porte bien, il parle bien; tout va bien, etc. — Il signifie aussi, beaucoup, fort, extrêmement; il travaille bien, il mange bien; il y avait bien du monde, etc.
   Rem. 1°. BIEN est le seul adverbe de comparaison après lequel on mette l'article du, de l', ou des. On dit: beaucoup de monde, et bien du monde; peu d'argent, et bien de l'argent; plus ou moins de gens; et bien des gens, etc.
   2°. BIEN se met toujours après le verbe dans les temps simples, mais avec l'infinitif et les temps composés, il est mieux de le placer devant cet infinitif et le participe. "Il chante bien; il a bien chanté; il faut le bien faire, et non pas le faire bien; il a chanté bien.
   3°. BIEN, devant les adjectifs, régit quelquefois de et l'infinitif: "Vous êtes bien bon de vous gêner: "Tu es bien foible de t'afliger à cet excès.
   4°. BIEN, au comencement de la phrâse. Vaugelas le condamnait dans la prôse, mais il trouvait qu'il avait bone grâce en vers. On ne l'emploie plus que dans le style marotique.
   Bien est-il vrai qu'il parloit comme un livre.
       Ververt.
  Bien est-il vrai que par le temps mûri,
  D'autres leçons mon esprit s'est noûrri. Rouss.
  Bien le savez, Marot, mon maître cher.        Id.
  BIEN avec en et prendre, régit le datif, et est suivi de la conjonction que, ou de la prép. de. C'est la seule ocasion où il se mette à la tête de la phrâse dans la prôse. "Bien nous en prit qu'ils eussent saisi le bon moment. Voy. à la Mer du Sud. "Bien vous en a pris sur tout cela, de prendre les devans. Tart. Epist.
   Être bien, être joli; néologisme, qui a assez bien pris. "Je vous proteste que persone n'est moins avantageux que moi, et que si je suis bien, c'est sans le savoir. Marm.
   Lisidor, à la fin, a quité Doralise:
   Elle est bien, mais ma foi d'une horrible bêtise.
       Méchant.
Venir à bien; Réussir. "La natûre est prodigue en semences de plantes: il lui sufit que, sur un grand nombre de perdûes, il y en ait quelqu'une qui viène à bien.
   BIEN, à peu près, environ: "Il y a bien trois mois qu'il est parti. — Quelquefois il ne s' emploie que pour doner plus de force à ce qu'on dit. "Je le savois bien: "Aurez-vous bien la hardiesse de le soutenir?
   Bel et bien, adv. du style familier.
   Leur Avocat disoit qu'il faloit bel et bien
   Recourir aux Arrêts~, etc.        La Font.
* On dit: Il s'en faut de beaucoup, mais on ne doit pas dire, il s'en faut de bien, comme on dit en Provence; et c'est une nouvelle preuve que bien ne peut pas toujours se mettre à la place de beaucoup.
   * Quand bien et quand bien-même, sont vieux: "Il y a bien des persones, à qui je n'en voudrois pas dire autant, quand bien elles me tiendroient l'épée sur la gorge; Voit. On dit à présent, quand même.
   Trop bien pour fort bien, est du style marotique.
   Ta plume baptise
   De noms trop doux gens de tel acabit;
   Ce sont trop bien maroufles que Dieu fit.
       Rouss.
Le même Poète l'emploie ailleurs dans son sens naturel.
   Tu sais trop bien que le sage,
   De son loisir studieux
   Doit faire un plus noble usage.
   On dit, dans le Dict. Gramm. que bien que, pour quoique, encôre que, a fort vieilli. Nous ajoutons ici qu'il serait à souhaiter que l'usage le rapelât. L' Acad. le met sans remarque. On doit lui apliquer tout ce qu'on dit de quoique. Voy. ce mot. — On peut le mettre également bien, ou au commencement de la phrâse, ou au milieu, après le membre de la phrâse, auquel il répond. "Bien qu'il soit paûvre, il est honête homme, ou bien; il est honête homme, bien qu'il soit paûvre.
   Si bien que, De sorte que, est vieux aussi. Vaugelas blâmait ceux, qui ne voulaient pas s'en servir. Il n'est usité aujourd'hui que dans le style familier.
   Bien entendu que. Voy. ENTENDU.
   BIEN, beaucoup, fort (synon.) Voy. TRèS.

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Dictionnaire de L'Académie française, 5th Edition (1798)

Bien (Page 140)
Bien, signifie aussi, Ce qu'on possède en argent, en fonds de terre ou autrement. Bien de patrimoine. Les biens de père et de mère. Les biens paternels, les biens maternels. Bien noble, bien de roture, biens paraphernaux. Il ne faut pas toucher au bien d'autrui. Avoir du bien. Acquérir du bien. Manquer de bien. Être né sans biens. Avoir un bien clair et net. Un bien clair et liquide. Un beau bien. Un bien embrouillé. Un bien embarrassé. Un bien litigieux. Avoir tout son bien engagé, tout son bien hypothéqué. Tout son bien est saisi. Être sans bien. Avoir du bien mal acquis. Dépenser son bien, manger son bien. Partager son bien. Mettré ordre à son bien. Amasser du bien. Posséder de grands biens. Un mari et une femme séparés de corps et de biens. Être en communauté de biens. Faire cession de ses biens. Faire cession de biens. Il a laissé de grands biens. Curateur aux biens vacans. Les biens meubles et immeubles.

On dit absolument, qu'Un homme a du bien, pour dire, qu'Un homme est riche.

On dit, Avoir du bien au soleil, pour dire, Avoir des biens-fonds, des terres, des maisons.

On appelle Biens d'Église, Les biens qui appartiennent à l'Église; Biens passagers, Les biens de ce monde; et Biens éternels, La béatitude éternelle.

On appelle figurém. Biens du corps, La santé, la force; Biens de l'esprit, Les talens; et Biens de l'âme, Les vertus.

BIEN (Page 139)
BIEN. s. mas. Ce qui est bon, utile, avantageux, convenable. Le souverain bien. Le bien public. Le vrai bien. Rendre le bien pour le mal. Il faut aller au bien de la chose.

On dit proverbialement, Nul bien sans peine, pour dire, que Tout ce qui est avantageux coûte à acquérir.

On dit, que C'est un grand bien qu'une chose soit arrivée, pour dire, que C'est un grand bonheur, un grand avantage.

On dit, Faire du bien à quelqu'un, procurer du bien à quelqu'un, pour dire, Lui procurer quelque avantage, quelque grâce utile. Il aime à faire du bien à tout le monde.

On dit aussi, Vouloir du bien à quelqu'un, pour dire, Avoir envie de l'obliger.

On dit d'Une chose dont on reçoit quelque avantage, quelque soulagement, qu'Elle fait du bien, qu'elle fait grand bien. Il lui est arrivé une succession qui a fait grand bien à ses affaires. La saignée lui a fait grand bien.

Bien, signifie quelquefois Religion, vertu, probité, ce qui est louable, estimable. C'est un jeune homme qui se porte au bien, qui se tourne au bien. C'est un homme de bien, une femme de bien. Ce sont des gens de bien. Il a fait en cela une action d'homme de bien. Il en a usé en homme de bien.

On dit, qu'Un homme sent son bien, pour dire, qu'Il a l'air, les manières d'un homme bien né, bien élevé, etc.

On dit proverbialement, Le mieux est l'ennemi du bien, pour dire, qu'En voulant perfectionner ce qui est bien, on le gâte communément.

On dit proverbialement, En tout bien et en tout honneur, en tout bien et tout honneur, pour dire, À bonne fin, à bonne intention. Il voit cette fille en tout bien et en tout honneur.

Bien, signifie aussi, Ce qu'on possède en argent, en fonds de terre ou autrement. Bien de patrimoine. Les biens de père et de mère. Les biens paternels, les biens maternels. Bien noble, bien de roture, biens paraphernaux. Il ne faut pas toucher au bien d'autrui. Avoir du bien. Acquérir du bien. Manquer de bien. Être né sans biens. Avoir un bien clair et net. Un bien clair et liquide. Un beau bien. Un bien embrouillé. Un bien embarrassé. Un bien litigieux. Avoir tout son bien engagé, tout son bien hypothéqué. Tout son bien est saisi. Être sans bien. Avoir du bien mal acquis. Dépenser son bien, manger son bien. Partager son bien. Mettré ordre à son bien. Amasser du bien. Posséder de grands biens. Un mari et une femme séparés de corps et de biens. Être en communauté de biens. Faire cession de ses biens. Faire cession de biens. Il a laissé de grands biens. Curateur aux biens vacans. Les biens meubles et immeubles.

On dit absolument, qu'Un homme a du bien, pour dire, qu'Un homme est riche.

On dit, Avoir du bien au soleil, pour dire, Avoir des biens-fonds, des terres, des maisons.

On appelle Biens d'Église, Les biens qui appartiennent à l'Église; Biens passagers, Les biens de ce monde; et Biens éternels, La béatitude éternelle.

On appelle figurém. Biens du corps, La santé, la force; Biens de l'esprit, Les talens; et Biens de l'âme, Les vertus.

Bien. Particule adverbiale, qui sert à marquer un certain degré de perfection, un certain état heureux et avantageux dans la chose dont il s'agit. Il se conduit bien. Il se porte bien. Il va aussi bien, autant bien qu'il est possible. Il parle bien. Il dit bien. Il fait bien. Tout va bien. Mener une affaire à bien. Je me trouve bien aujourd'hui. Je me trouve bien d'une telle chose. Je me trouve bien d'avoir été là. Il fait fort bien sa charge. Il s'est fort bien acquitté de sa commission. Il est bien à la Cour. Il est bien dans ses affaires. Il est bien auprès du Roi, bien auprès des Ministres. Il y est autant bien qu'on y peut être. Un ouvrage bien fait. Un jeune homme bien né, bien fait, bien pris dans sa taille; et Bien mis, pour dire, Habillé de bon goût.

On dit d'Un malade, qu'Il est bien, pour dire, qu'On est rassuré sur son état; et d'Une femme, qu'Elle est bien, pour dire, qu'Elle est d'une figure agréable.

Bien, signifie aussi Beaucoup, fort. Il y avoit bien du monde, bien des spectateurs. Il mange bien. Il boit bien. Il s'est levé bien matin. Il est arrivé bien à propos. La chose s'est passée bien autrement que vous ne dites. Il est bien savant. Il est bien malade. Il est bien mal.

Après Bien, signifiant Beaucoup, et suivi d'un substantif, on met l'article du substantif: Bien de l'argent, bien de la peine, bien du monde, bien deshommes; et sans l'article, Beaucoup d'argent, de peine, de monde, d'hommes.

On dit, Bien attaqué, bien défendu, pour dire, que La défense n'a pas été moins vigoureuse que l'attaque. Et lorsqu'on ne peut éviter du dommage, quelque parti qu'on prenne, on dit, Autant vaut bien battu, que mal battu, pour dire, qu'Il y a des choses où il ne faut point s'épargner, quoi qu'il en puisse arriver.

Bien, avec le verbe Vouloir, exprimé ou sous-entendu, sert à marquer Consentement, Allez, je le veux bien; et pour marquer qu'on agrée ce qu'un autre propose, on dit absolument, Bien, fort bien. Et quand il est précédé de la particule Hé, il sert aussi à marquer Exhortation et interrogation. Hé bien, continuez. Hé bien, que vous en semble? Hé bien, que vous a-t-il dit? Hé bien, ne vous l'avois-je pas dit? On dit aussi dans le même sens, Eh bien.

Il s'emploie aussi dans la signification d'-peu-près, environ. Il y a bien trois ans que je ne l'ai vu. Il y a bien deux lieues d'ici. Et quelquefois il ne s'emploie que par rédondance, et pour donner plus de force à ce qu'on dit. Auriez-vous bien l'assurance de le nier? Je le savois bien. Je m'en doutois bien. Il est bien en chemin, mais il n'est pas arrivé. Il est bien vrai que cela est, mais...

Bien que. conjonction. Encore que, quoique. Bien que je le souhaite de tout mon coeur, je ne le puis pas.

Bien (Page 140)
Bien. Particule adverbiale, qui sert à marquer un certain degré de perfection, un certain état heureux et avantageux dans la chose dont il s'agit. Il se conduit bien. Il se porte bien. Il va aussi bien, autant bien qu'il est possible. Il parle bien. Il dit bien. Il fait bien. Tout va bien. Mener une affaire à bien. Je me trouve bien aujourd'hui. Je me trouve bien d'une telle chose. Je me trouve bien d'avoir été là. Il fait fort bien sa charge. Il s'est fort bien acquitté de sa commission. Il est bien à la Cour. Il est bien dans ses affaires. Il est bien auprès du Roi, bien auprès des Ministres. Il y est autant bien qu'on y peut être. Un ouvrage bien fait. Un jeune homme bien né, bien fait, bien pris dans sa taille; et Bien mis, pour dire, Habillé de bon goût.

On dit d'Un malade, qu'Il est bien, pour dire, qu'On est rassuré sur son état; et d'Une femme, qu'Elle est bien, pour dire, qu'Elle est d'une figure agréable.

Bien (Page 140)
Bien, avec le verbe Vouloir, exprimé ou sous-entendu, sert à marquer Consentement, Allez, je le veux bien; et pour marquer qu'on agrée ce qu'un autre propose, on dit absolument, Bien, fort bien. Et quand il est précédé de la particule Hé, il sert aussi à marquer Exhortation et interrogation. Hé bien, continuez. Hé bien, que vous en semble? Hé bien, que vous a-t-il dit? Hé bien, ne vous l'avois-je pas dit? On dit aussi dans le même sens, Eh bien.

Il s'emploie aussi dans la signification d'-peu-près, environ. Il y a bien trois ans que je ne l'ai vu. Il y a bien deux lieues d'ici. Et quelquefois il ne s'emploie que par rédondance, et pour donner plus de force à ce qu'on dit. Auriez-vous bien l'assurance de le nier? Je le savois bien. Je m'en doutois bien. Il est bien en chemin, mais il n'est pas arrivé. Il est bien vrai que cela est, mais...

Bien (Page 139)
Bien, signifie quelquefois Religion, vertu, probité, ce qui est louable, estimable. C'est un jeune homme qui se porte au bien, qui se tourne au bien. C'est un homme de bien, une femme de bien. Ce sont des gens de bien. Il a fait en cela une action d'homme de bien. Il en a usé en homme de bien.

On dit, qu'Un homme sent son bien, pour dire, qu'Il a l'air, les manières d'un homme bien né, bien élevé, etc.

On dit proverbialement, Le mieux est l'ennemi du bien, pour dire, qu'En voulant perfectionner ce qui est bien, on le gâte communément.

On dit proverbialement, En tout bien et en tout honneur, en tout bien et tout honneur, pour dire, À bonne fin, à bonne intention. Il voit cette fille en tout bien et en tout honneur.

Bien (Page 140)
Bien, signifie aussi Beaucoup, fort. Il y avoit bien du monde, bien des spectateurs. Il mange bien. Il boit bien. Il s'est levé bien matin. Il est arrivé bien à propos. La chose s'est passée bien autrement que vous ne dites. Il est bien savant. Il est bien malade. Il est bien mal.

Après Bien, signifiant Beaucoup, et suivi d'un substantif, on met l'article du substantif: Bien de l'argent, bien de la peine, bien du monde, bien deshommes; et sans l'article, Beaucoup d'argent, de peine, de monde, d'hommes.

On dit, Bien attaqué, bien défendu, pour dire, que La défense n'a pas été moins vigoureuse que l'attaque. Et lorsqu'on ne peut éviter du dommage, quelque parti qu'on prenne, on dit, Autant vaut bien battu, que mal battu, pour dire, qu'Il y a des choses où il ne faut point s'épargner, quoi qu'il en puisse arriver.

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Dictionnaire de L'Académie française, 6th Edition (1832-5)

BIEN (Page 1:185)
BIEN s'emploie aussi comme adverbe; et alors il sert à marquer Un certain degré de perfection, ou Un certain état heureux, agréable, avantageux, convenable. Il se conduit bien. Il se porte bien. Il va aussi bien, autant bien qu'il est possible. Il parle bien. Il dit bien. Il écrit bien. Il joue bien de cet instrument. Il chante bien. Il a bien chanté. Tant bien que mal. Il fait bien. Il a bien fait de le renvoyer. Il s'est fort bien acquitté de sa mission. Cela est bien. Voilà qui est bien pensé, bien imaginé. J'avais bien jugé cet homme-là. L'art de bien vivre. Bien lui a pris de s'en aller. Tout va bien. Selon lui, tout est bien. Je me trouve bien aujourd'hui. Je me trouve bien de ce nouveau régime. Je me trouve bien d'avoir été là. Il se trouve bien dans son lit. Il est bien dans ses affaires. Il est bien à la cour. Il est bien auprès du roi, bien auprès des ministres. Il y est aussi bien, autant bien qu'on y puisse être. Un ouvrage bien fait. Un jeune homme bien né. Être bien fait, bien pris dans sa taille. Être bien mis, Habillé de bon goût. (Voyez le comparatif MIEUX.)

Être bien, se dit D'un malade sur l'état duquel on est rassuré. Le malade est bien, est fort bien maintenant.

Cette femme est bien, Elle est d'une figure agréable. Il a deux filles qui sont fort bien.

Cette jeune personne se tient bien, Elle a un bon maintien.

Ironiq., Nous voilà bien, se dit Pour exprimer qu'on est dans une position fâcheuse, embarrassante. On dit de même, Vous voilà bien, le voilà bien, etc.

Fam., Être bien ensemble, se dit De deux personnes de sexe différent qui ont un commerce de galanterie. Cela se dit aussi De deux personnes qui ont simplement entre elles des rapports d'intimité. Vivre bien ensemble, Vivre en bonne intelligence. On dit de même, Être bien, vivre bien avec quelqu'un.

Fam., Bien attaqué, bien défendu, La défense n'a pas été moins vigoureuse que l'attaque.

Prov. et fig., Autant vaut bien battu que mal battu, Il y a des choses où il ne faut point s'épargner, quoi qu'il en puisse arriver.

Impersonnellement, Il est bien, Il est juste, il est convenable, il est bienséant. Il est bien de garder une certaine dignité, mais il n'est pas bien qu'elle dégénère en morgue et en insolence. Il serait bien que vous lui fissiez des excuses.

Absol., C'est bien, c'est fort bien, ou elliptiquement, Bien, fort bien, se disent pour marquer adhésion, assentiment, approbation. Bien, fort bien, je n'y vois aucun empêchement. Nous partirons, c'est fort bien; mais qui nous remplacera? Ces locutions s'emploient quelquefois ironiquement et par reproche. Bien, fort bien, ne vous gênez pas. Elles servent aussi à exprimer qu'on a bien compris un avis, une explication, un éclaircissement, ou qu'on ne veut pas continuer l'entretien sur l'objet dont il s'agit; et alors Bien peut être répété. Fort bien, je vois maintenant ce que j'ai à faire. Bien, bien, j'entends ce que vous voulez dire. Bien, bien, nous reparlerons de cela.

BIEN (Page 1:185)
BIEN signifie quelquefois, Formellement, expressément. Il est bien entendu que... Cela est bien établi dans le contrat. Vous voila maintenant bien averti. Il est bien et dûment investi de cette magistrature.

Il s'emploie aussi dans la signification d'À peu près, environ. Il y a bien trois ans que je ne l'ai vu. Il y a bien deux lieues d'ici là.

Il s'emploie souvent par rédondance, et pour donner plus de force à ce qu'on dit. Auriez-vous bien l'assurance de le nier? Vous aviez bien raison. Je le savais bien. Je m'en doutais bien. Il faut bien y consentir. Il le faut bien. Je vous l'avais bien dit. Je vous entends, je vous comprends bien. Il est bien en chemin, mais il n'est pas arrivé. Il est bien vrai que cela est, mais... C'est être bien prompt, un peu bien prompt. Allez-y, ou bien j'irai moi-même. Vous auriez bien pu venir. Je le veux bien Je le vois bien. Nous verrons bien. Voilà bien le langage d'un ami. Ironiquement, C'est bien à vous, il vous sied bien de réformer les autres.

Hé bien, sert à marquer exhortation ou interrogation. Hé bien, continuez. Hé bien, travaillez donc. Hé bien, que vous en semble? ou seulement, Hé bien? Hé bien, que vous a-t-il répondu? Hé bien, ne vous l'avais-je pas dit?

Eh bien, s'emploie dans les mêmes cas, et dans plusieurs autres qu'il serait difficile d'énoncer en détail et d'une manière bien exacte. Eh bien, qu'en dites-vous? Eh bien, que faites-vous donc? vous vous y prenez mal. Eh bien, soit. Eh bien, je ne m'en serais jamais douté. Vous ne voulez pas? eh bien, je m'adresserai à un autre. Vous croyez peut-être qu'il se fâcha: eh bien, non.

BIEN (Page 1:185)
BIEN signifie aussi, Beaucoup, fort, très. Bien mieux. Il est déjà bien loin. Il mange bien. Il boit bien. Il s'est levé bien matin. Il est arrivé bien à propos. Elle a si bien caché cela, que je ne puis le trouver. Une femme qui aime bien son mari. Je désire bien qu'il réussisse. Il s'en faut bien que... La chose s'est passée bien autrement que vous ne le dites. Il est bien savant. C'est un homme bien malheureux. Il est bien malade. Il est bien mal. Je suis bien aise de vous rencontrer. Il part? j'en suis bien aise. Il a été bien attrapé. Je suis bien sûr du contraire. Ce sont là de bien faibles raisons. Bien fou qui se fie à de telles promesses.

Bien de l'argent, bien de la peine, bien du monde, bien des hommes, etc., Beaucoup d'argent, de peine, de monde, etc. On dit, Bien d'autres, et non Bien des autres.

BIEN (Page 1:185)
BIEN signifie aussi, Ce qu'on possède en argent, en fonds de terre, ou autrement. Bien patrimonial. Les biens de père et de mère. Les biens paternels. Les biens maternels. Biens paraphernaux. Biens dotaux. Il est riche en biens-fonds. Augmenter son bien. Il ne faut pas toucher au bien d'autrui. Avoir du bien, beaucoup de bien, peu de bien. Manquer de bien. Être né sans biens. Être sans bien. Avoir un bien clair et net. Un bien clair et liquide. Un beau bien. Un bien embarrassé. Un bien litigieux. Avoir tout son bien engagé, tout son bien hypothéqué. Tout son bien est saisi. Avoir du bien mal acquis. Le bien mal acquis ne profite jamais. Dépenser son bien. Manger son bien. Partager son bien. Il le combla de biens. Amasser du bien. Améliorer ses biens. Posséder de grands biens. Le navire a péri corps et biens. Un mari et une femme séparés de corps et de biens. Séparation de biens. Être en communauté de biens. Faire cession de ses biens, cession de biens. Ses biens furent confisqués. Il a laissé de grands biens. Il lui a légué tous ses biens. Les biens de la succession, qui composent la succession. Curateur aux biens vacants. Les biens meubles et immeubles. Biens de ville. Biens de campagne, ou Biens ruraux. Les biens de la couronne, de la liste civile. Les biens nationaux. Les biens de l'État. Les biens de l'Église, du clergé. Biens communaux.

Il se dit quelquefois, absolument, d'Un bien de campagne, d'une propriété rurale. Il a un petit bien à quelques lieues de la ville. Il vit dans son bien, sur son bien.

Fam., Avoir du bien au soleil, Avoir des biens-fonds, des terres, des maisons. On dit à peu près dans le même sens, Avoir du bon bien.

BIEN (Page 1:185)
BIEN signifie aussi, Ce qui est juste, honnête, louable. La science du bien et du mal. Faire le bien et le mal sans discernement. Cet homme fait le bien sans ostentation. Il entreprit de le ramener au bien. Le souverain bien. Le vrai bien. Le bien suprême. C'est un pas vers le bien. C'est un jeune homme qui se porte au bien, qui se tourne au bien. C'est un homme de bien, une femme de bien. Ce sont des gens de bien. Il a fait en cela une action d'homme de bien. Il en a usé en homme de bien.

Prov., En tout bien et en tout honneur, en tout bien et tout honneur, À bonne fin, à bonne intention. Il voit cette fille en tout bien et tout honneur.

BIEN. s. m. (Page 1:184)
BIEN. s. m. Il se dit, au sens physique et au sens moral, de Ce qui est utile, avantageux, agréable. Bien solide. Bien imaginaire. Bien durable. Quel bien nous en est-il revenu? Cela fit plus de mal que de bien, ne fait ni bien ni mal. C'est un grand bien que telle chose soit arrivée. Ce que j'en fais, c'est pour votre bien. Il ne régna que pour le bien de ses peuples. Il faut aller au bien de la chose. Les biens et les maux de cette vie. Il n'y a pas de bien sans quelque mélange de mal. C'est un petit mal pour un grand bien. Ce philosophe prétend que les biens et les maux se compensent. La santé est le bien le plus précieux, est le plus précieux des biens. Ce sont là les vrais biens.

Les biens du corps, La santé, la force. Les biens de l'esprit, Les talents. Les biens de l'âme, Les vertus.

Les biens terrestres, les biens passagers, les biens temporels, Les biens de ce monde; par opposition aux Biens éternels, La béatitude éternelle.

Le bien public, le bien général, L'avantage, le bien-être, l'intérêt de tous. Le bien public fut le prétexte de leur révolte. Travailler au bien public. On a souvent abusé de cette maxime, que le bien particulier doit céder au bien général.

Prov., Nul bien sans peine, Tout ce qui est avantageux coûte à acquérir.

Vouloir du bien à quelqu'un, Avoir le désir de l'obliger. On dit quelquefois familièrement, en plaisantant, Cette femme vous veut du bien, Elle paraît être pour vous dans des dispositions favorables.

Faire du bien à quelqu'un, procurer du bien à quelqu'un, Le secourir dans le besoin, dans l'infortune; ou contribuer à son bien-être, à son bonheur; lui procurer quelque avantage. Il aime à faire du bien à tout le monde. On dit dans le même sens, Rendre le bien pour le mal.

Faire du bien, faire grand bien, se dit Des choses qui procurent quelque avantage ou quelque soulagement. Il lui est arrivé une succession qui a fait grand bien à ses affaires. Cette pluie fera du bien aux prairies, aux blés, à la vigne. La saignée m'a fait grand bien. Prov., Un peu d'aide fait grand bien.

Donner à quelqu'un des avis, des conseils pour son bien, Les lui donner pour son avantage, selon ses intérêts. Écoutez les conseils de ce vieillard; ce qu'il vous dit, c'est pour votre bien.

Dire du bien de quelqu'un, parler en bien de quelqu'un, Parler avantageusement de quelqu'un, louer son caractère, ses qualités, ses talents, etc. On dit beaucoup de bien de cet ouvrage, de ce poëme, etc., On le vante beaucoup. Il ne m'a parlé de vous ni en bien ni en mal, Il ne m'a rien dit de vous, ou m'en a parlé en termes qui n'indiquent ni la louange ni le blâme. On m'a dit de lui tout le bien du monde, On m'a fait son éloge sous tous les rapports.

Prendre, interpréter quelque chose en bien, L'interpréter d'une manière favorable.

Mener une affaire, une entreprise à bien, Faire qu'elle réussisse, qu'elle ait une heureuse issue. Cet ouvrage arrive à bien, vient à bien, Il s'améliore, il se perfectionne.

Prov., Le mieux est l'ennemi du bien, On peut gâter ce qui est bien, en voulant le perfectionner.

BIEN signifie aussi, Ce qui est juste, honnête, louable. La science du bien et du mal. Faire le bien et le mal sans discernement. Cet homme fait le bien sans ostentation. Il entreprit de le ramener au bien. Le souverain bien. Le vrai bien. Le bien suprême. C'est un pas vers le bien. C'est un jeune homme qui se porte au bien, qui se tourne au bien. C'est un homme de bien, une femme de bien. Ce sont des gens de bien. Il a fait en cela une action d'homme de bien. Il en a usé en homme de bien.

Prov., En tout bien et en tout honneur, en tout bien et tout honneur, À bonne fin, à bonne intention. Il voit cette fille en tout bien et tout honneur.

BIEN signifie aussi, Ce qu'on possède en argent, en fonds de terre, ou autrement. Bien patrimonial. Les biens de père et de mère. Les biens paternels. Les biens maternels. Biens paraphernaux. Biens dotaux. Il est riche en biens-fonds. Augmenter son bien. Il ne faut pas toucher au bien d'autrui. Avoir du bien, beaucoup de bien, peu de bien. Manquer de bien. Être né sans biens. Être sans bien. Avoir un bien clair et net. Un bien clair et liquide. Un beau bien. Un bien embarrassé. Un bien litigieux. Avoir tout son bien engagé, tout son bien hypothéqué. Tout son bien est saisi. Avoir du bien mal acquis. Le bien mal acquis ne profite jamais. Dépenser son bien. Manger son bien. Partager son bien. Il le combla de biens. Amasser du bien. Améliorer ses biens. Posséder de grands biens. Le navire a péri corps et biens. Un mari et une femme séparés de corps et de biens. Séparation de biens. Être en communauté de biens. Faire cession de ses biens, cession de biens. Ses biens furent confisqués. Il a laissé de grands biens. Il lui a légué tous ses biens. Les biens de la succession, qui composent la succession. Curateur aux biens vacants. Les biens meubles et immeubles. Biens de ville. Biens de campagne, ou Biens ruraux. Les biens de la couronne, de la liste civile. Les biens nationaux. Les biens de l'État. Les biens de l'Église, du clergé. Biens communaux.

Il se dit quelquefois, absolument, d'Un bien de campagne, d'une propriété rurale. Il a un petit bien à quelques lieues de la ville. Il vit dans son bien, sur son bien.

Fam., Avoir du bien au soleil, Avoir des biens-fonds, des terres, des maisons. On dit à peu près dans le même sens, Avoir du bon bien.

BIEN s'emploie aussi comme adverbe; et alors il sert à marquer Un certain degré de perfection, ou Un certain état heureux, agréable, avantageux, convenable. Il se conduit bien. Il se porte bien. Il va aussi bien, autant bien qu'il est possible. Il parle bien. Il dit bien. Il écrit bien. Il joue bien de cet instrument. Il chante bien. Il a bien chanté. Tant bien que mal. Il fait bien. Il a bien fait de le renvoyer. Il s'est fort bien acquitté de sa mission. Cela est bien. Voilà qui est bien pensé, bien imaginé. J'avais bien jugé cet homme-là. L'art de bien vivre. Bien lui a pris de s'en aller. Tout va bien. Selon lui, tout est bien. Je me trouve bien aujourd'hui. Je me trouve bien de ce nouveau régime. Je me trouve bien d'avoir été là. Il se trouve bien dans son lit. Il est bien dans ses affaires. Il est bien à la cour. Il est bien auprès du roi, bien auprès des ministres. Il y est aussi bien, autant bien qu'on y puisse être. Un ouvrage bien fait. Un jeune homme bien né. Être bien fait, bien pris dans sa taille. Être bien mis, Habillé de bon goût. (Voyez le comparatif MIEUX.)

Être bien, se dit D'un malade sur l'état duquel on est rassuré. Le malade est bien, est fort bien maintenant.

Cette femme est bien, Elle est d'une figure agréable. Il a deux filles qui sont fort bien.

Cette jeune personne se tient bien, Elle a un bon maintien.

Ironiq., Nous voilà bien, se dit Pour exprimer qu'on est dans une position fâcheuse, embarrassante. On dit de même, Vous voilà bien, le voilà bien, etc.

Fam., Être bien ensemble, se dit De deux personnes de sexe différent qui ont un commerce de galanterie. Cela se dit aussi De deux personnes qui ont simplement entre elles des rapports d'intimité. Vivre bien ensemble, Vivre en bonne intelligence. On dit de même, Être bien, vivre bien avec quelqu'un.

Fam., Bien attaqué, bien défendu, La défense n'a pas été moins vigoureuse que l'attaque.

Prov. et fig., Autant vaut bien battu que mal battu, Il y a des choses où il ne faut point s'épargner, quoi qu'il en puisse arriver.

Impersonnellement, Il est bien, Il est juste, il est convenable, il est bienséant. Il est bien de garder une certaine dignité, mais il n'est pas bien qu'elle dégénère en morgue et en insolence. Il serait bien que vous lui fissiez des excuses.

Absol., C'est bien, c'est fort bien, ou elliptiquement, Bien, fort bien, se disent pour marquer adhésion, assentiment, approbation. Bien, fort bien, je n'y vois aucun empêchement. Nous partirons, c'est fort bien; mais qui nous remplacera? Ces locutions s'emploient quelquefois ironiquement et par reproche. Bien, fort bien, ne vous gênez pas. Elles servent aussi à exprimer qu'on a bien compris un avis, une explication, un éclaircissement, ou qu'on ne veut pas continuer l'entretien sur l'objet dont il s'agit; et alors Bien peut être répété. Fort bien, je vois maintenant ce que j'ai à faire. Bien, bien, j'entends ce que vous voulez dire. Bien, bien, nous reparlerons de cela.

BIEN signifie aussi, Beaucoup, fort, très. Bien mieux. Il est déjà bien loin. Il mange bien. Il boit bien. Il s'est levé bien matin. Il est arrivé bien à propos. Elle a si bien caché cela, que je ne puis le trouver. Une femme qui aime bien son mari. Je désire bien qu'il réussisse. Il s'en faut bien que... La chose s'est passée bien autrement que vous ne le dites. Il est bien savant. C'est un homme bien malheureux. Il est bien malade. Il est bien mal. Je suis bien aise de vous rencontrer. Il part? j'en suis bien aise. Il a été bien attrapé. Je suis bien sûr du contraire. Ce sont là de bien faibles raisons. Bien fou qui se fie à de telles promesses.

Bien de l'argent, bien de la peine, bien du monde, bien des hommes, etc., Beaucoup d'argent, de peine, de monde, etc. On dit, Bien d'autres, et non Bien des autres.

BIEN signifie quelquefois, Formellement, expressément. Il est bien entendu que... Cela est bien établi dans le contrat. Vous voila maintenant bien averti. Il est bien et dûment investi de cette magistrature.

Il s'emploie aussi dans la signification d'À peu près, environ. Il y a bien trois ans que je ne l'ai vu. Il y a bien deux lieues d'ici là.

Il s'emploie souvent par rédondance, et pour donner plus de force à ce qu'on dit. Auriez-vous bien l'assurance de le nier? Vous aviez bien raison. Je le savais bien. Je m'en doutais bien. Il faut bien y consentir. Il le faut bien. Je vous l'avais bien dit. Je vous entends, je vous comprends bien. Il est bien en chemin, mais il n'est pas arrivé. Il est bien vrai que cela est, mais... C'est être bien prompt, un peu bien prompt. Allez-y, ou bien j'irai moi-même. Vous auriez bien pu venir. Je le veux bien Je le vois bien. Nous verrons bien. Voilà bien le langage d'un ami. Ironiquement, C'est bien à vous, il vous sied bien de réformer les autres.

Hé bien, sert à marquer exhortation ou interrogation. Hé bien, continuez. Hé bien, travaillez donc. Hé bien, que vous en semble? ou seulement, Hé bien? Hé bien, que vous a-t-il répondu? Hé bien, ne vous l'avais-je pas dit?

Eh bien, s'emploie dans les mêmes cas, et dans plusieurs autres qu'il serait difficile d'énoncer en détail et d'une manière bien exacte. Eh bien, qu'en dites-vous? Eh bien, que faites-vous donc? vous vous y prenez mal. Eh bien, soit. Eh bien, je ne m'en serais jamais douté. Vous ne voulez pas? eh bien, je m'adresserai à un autre. Vous croyez peut-être qu'il se fâcha: eh bien, non.

BEL ET BIEN, BIEN ET BEAU. loc. adverbiales Voyez BEAU.

BIEN LOIN DE. loc. prépositive Voyez LOIN.

BIEN QUE. loc. conjonctive Encore que, quoique. Bien que je le souhaite de tout mon coeur, je ne le puis pas. On lui donna une gratification, bien qu'il ne l'eût guère méritée.

SI BIEN QUE. loc. conjonctive Tellement que, de sorte que. La nuit nous surprit, si bien qu'il fallut nous arrêter en route.

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Dictionnaire de L'Académie française, 8th Edition (1932-5)

BIEN. (Page 1:141)
BIEN. n. m. Ce qui est utile, avantageux, agréable au sens physique et au sens moral. Bien solide. Bien imaginaire. Bien durable. Quel bien nous en est-il revenu? Cela fit plus de mal que de bien, ne fait ni bien ni mal. C'est un grand bien que telle chose soit arrivée. Ce que j'en fais, c'est pour votre bien. Il ne régna que pour le bien de ses peuples. Il n'y a pas de bien sans quelque mélange de mal. C'est un petit mal pour un grand bien. Ce philosophe prétend que les biens et les maux se compensent. La santé est le bien le plus précieux, est le plus précieux des biens. Ce sont là les vrais biens.

Les biens du corps, La santé, la force. Les biens de l'esprit, Les talents. Les biens de l'âme, Les vertus.

Les biens terrestres, les biens passagers, les biens temporels, Les biens de ce monde; par opposition aux Biens éternels, La béatitude éternelle.

Les biens de la terre, Les récoltes, dans la langue de l'Église. Implorer la bénédiction de Dieu pour les biens de la terre.

Le bien public, le bien général, L'avantage, le bien-être, l'intérêt de tous. Travailler au bien public. On a souvent abusé de cette maxime, que le bien particulier doit céder au bien général.

Prov., Nul bien sans peine, Tout ce qui est avantageux coûte à acquérir.

Vouloir du bien à quelqu'un, Avoir le désir de l'obliger. On dit quelquefois familièrement, en plaisantant, Cette femme vous veut du bien, Elle paraît être pour vous dans des dispositions favorables.

Faire du bien à quelqu'un, procurer du bien à quelqu'un, Le secourir dans le besoin, dans l'infortune; ou Contribuer à son bien-être, à son bonheur, lui procurer quelque avantage. Il aime à faire du bien à tout le monde. On dit dans le même sens, Rendre le bien pour le mal.

Faire du bien, faire grand bien, se dit des Choses qui procurent quelque avantage ou quelque soulagement. Cette pluie fera du bien, fera grand bien aux prairies, aux blés, à la vigne.

Donner à quelqu'un des avis, des conseils pour son bien, Les lui donner pour son avantage, selon ses intérêts. Écoutez les conseils de ce vieillard; ce qu'il vous dit, c'est pour votre bien.

Dire du bien de quelqu'un, parler en bien de quelqu'un, Parler avantageusement de quelqu'un, louer son caractère, ses qualités, ses talents, etc. On dit beaucoup de bien de cet ouvrage, de ce poème, etc., On le vante beaucoup. Il ne m'a parlé de vous ni en bien, ni en mal, Il ne m'a rien dit de vous, ou m'en a parlé en termes qui n'indiquent ni la louange, ni le blâme. On m'a dit de lui tout le bien du monde, On m'a fait son éloge sous tous les rapports.

Prendre, interpréter quelque chose en bien, L'interpréter d'une manière favorable.

Mener une affaire, une entreprise à bien, Faire qu'elle réussisse, qu'elle ait une heureuse issue. Cet ouvrage arrive à bien, vient à bien, Il s'améliore, il se perfectionne.

Prov., Le mieux est l'ennemi du bien, On peut gâter ce qui est bien, en voulant le perfectionner.

BIEN signifie aussi Ce qui est juste, honnête, louable. La science du bien et du mal. Cet homme fait le bien sans ostentation. Il entreprit de le ramener au bien. Le souverain bien. Le vrai bien. Le bien suprême. C'est un pas vers le bien. C'est un homme de bien, une femme de bien. Ce sont des gens de bien. Il a fait en cela une action d'homme de bien.

Fam., En tout bien et en tout honneur, en tout bien et tout honneur, À bonne fin, sans mauvaise intention.

Il signifie encore Ce qu'on possède en argent, en fonds de terre, ou autrement. Bien patrimonial. Les biens paternels. Les biens maternels. Riche en biens de toute sorte. Augmenter son bien. Il ne faut pas toucher au bien d'autrui. Être sans bien. Le bien mal acquis ne profite jamais. Dépenser son bien. Manger son bien. Partager son bien. Amasser du bien. Il le combla de biens. Le navire a péri corps et biens. Un mari et une femme séparés de corps et de biens. Séparation de biens. Être en communauté de biens. Faire cession de ses biens. Il lui a légué tous ses biens. Les biens de la succession, qui composent la succession. Les biens meubles et immeubles. Les biens nationaux. Les biens communaux.

Il se dit quelquefois absolument d'un Bien de campagne, d'une propriété rurale. Il a un petit bien à quelques lieues de la ville. Il vit dans son bien, sur son bien.

Fam., Avoir du bien au soleil, Avoir des biens-fonds, des terres, des maisons.

BIEN. (Page 1:142)
BIEN. adverbe. D'une manière convenable, avantageuse, agréable, satisfaisante. Il se conduit bien. Il se porte bien. Il va aussi bien qu'il est possible. Il parle bien. Il dit bien. Il écrit bien. Il joue bien de cet instrument. Il fait bien, il a bien fait de le renvoyer. Il s'est fort bien acquitté de sa mission. C'est bien dit. Voilà qui est bien pensé, bien imaginé. J'avais bien jugé cet homme-là. L'art de bien vivre. Tout va bien, tout est bien. Je me trouve bien de ce nouveau régime. Je me trouve bien d'avoir été là. Il se trouve bien dans son lit. Il est bien dans ses affaires. Il est bien à l'aise, bien en cour. Il est bien auprès de chacun, auprès de ses chefs. Il y est aussi bien qu'on y puisse être. Un ouvrage bien fait. Un jeune homme bien né. Être bien fait, bien pris dans sa taille. Être bien mis, Être habillé de bon goût.

Bien lui a pris de sortir, Il a eu raison, il a bien fait de sortir.

Tant bien que mal, À moitié bien, à moitié mal.

Être bien, se dit d'un Malade sur l'état duquel on est rassuré. Le malade est bien, est fort bien maintenant.

Cette jeune personne se tient bien, Elle a un bon maintien.

Ironiq., Nous voilà bien, se dit pour exprimer qu'on est dans une position fâcheuse, embarrassante. On dit de même Vous voilà bien, le voilà bien, etc.

Fam., Être bien ensemble se dit de Deux personnes de sexe différent qui ont un commerce de galanterie. Cela se dit aussi de Deux personnes qui ont simplement entre elles des rapports d'intimité. Vivre bien ensemble, Vivre en bonne intelligence. On dit de même Être bien, vivre bien avec quelqu'un.

Dans cette acception, BIEN a quelquefois après le verbe Être la valeur d'un adjectif attribut. Cette femme est bien, Elle a une figure agréable. Il a deux filles qui sont fort bien. Il est bien de garder une certaine dignité. Il serait bien que vous lui fissiez des excuses. C'est bien, c'est fort bien; ou elliptiquement, Bien, fort bien, se disent pour marquer Adhésion, assentiment, approbation. Bien, fort bien, je n'y vois aucun empêchement. Nous partirons, c'est fort bien; mais qui nous remplacera? Ces locutions s'emploient quelquefois ironiquement et par reproche. Bien, fort bien, ne vous gênez pas. Elles servent aussi à exprimer qu'on a bien compris un avis, une explication, un éclaircissement, ou qu'on ne veut pas continuer l'entretien sur l'objet dont il s'agit; et alors Bien peut être répété. Fort bien, je vois maintenant ce que j'ai à faire. Bien, bien, j'entends ce que vous voulez dire. Bien, bien, nous reparlerons de cela.

Il signifie aussi Beaucoup, fort, très. Bien mieux. Il est déjà bien loin. Il mange bien. Il boit bien. Il s'est levé bien matin. Il est arrivé bien à propos. Elle a si bien caché cela que je ne puis le trouver. Une femme qui aime bien son mari. Je désire bien qu'il réussisse. Il s'en faut bien que... La chose s'est passée bien autrement que vous ne le dites. Il est bien savant. C'est un homme bien malheureux. Il est bien malade. Il est bien mal. Je suis bien aise de vous rencontrer. Il part? j'en suis bien aise. Il a été bien attrapé. Je suis bien sûr du contraire. Ce sont là de bien faibles raisons. Bien fou qui se fie à de telles promesses.

Il s'emploie en quelque sorte comme nom : Bien de l'argent, bien de la peine, bien du monde, bien des hommes, etc., Beaucoup d'argent, de peine, de monde, etc. On dit Bien d'autres. Il en est venu bien d'autres et non Bien des autres.

Il en a vu bien d'autres... Il a vu des dangers, des difficultés, souffert des fatigues, etc., bien autres que celles dont il est question.

Il signifie dans quelques cas Formellement, expressément. Il est bien entendu que... Cela est bien établi dans le contrat. Vous voilà maintenant bien averti. Il est bien et dûment investi de cette magistrature.

Il s'emploie aussi dans la signification d'À peu près, environ. Il y a bien trois ans que je ne l'ai vu. Il y a bien deux lieues d'ici là.

Il s'emploie souvent par redondance et pour donner plus de force à ce qu'on dit. Auriez-vous bien l'assurance de le nier? Vous aviez bien raison. Je le savais bien. Je m'en doutais bien. Il faut bien y consentir. Il le faut bien. Je vous l'avais bien dit. Je vous entends, je vous comprends bien. Il est bien en chemin, mais il n'est pas arrivé. Il est bien vrai que cela est, mais... C'est être bien prompt, un peu bien prompt. Allez-y, ou bien j'irai moi-même. Vous auriez bien pu venir. Je le veux bien. Je le vois bien. Nous verrons bien. Voilà bien le langage d'un ami. Ironiquement, C'est bien à vous, il vous sied bien de censurer les autres.

BEL ET BIEN, loc. adv. Voyez BEAU.

BIEN LOIN DE, loc. prép. Voyez LOIN.

BIEN QUE, loc. conj. Encore que, quoique. Bien que je le souhaite de tout mon coeur, je ne le puis pas. On lui donna une gratification, bien qu'il ne l'eût guère méritée.

SI BIEN QUE, loc. conj. Tellement que, de sorte que. La nuit nous surprit, si bien qu'il fallut nous arrêter en route.


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