LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798
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Page 140
Bien
Bien, signifie aussi, Ce qu'on possède
en argent, en fonds de terre ou
autrement. Bien de patrimoine. Les biens
de père et de mère. Les biens paternels,
les biens maternels. Bien noble, bien de
roture, biens paraphernaux. Il ne faut pas
toucher au bien d'autrui. Avoir du bien.
Acquérir du bien. Manquer de bien. Être
né sans biens. Avoir un bien clair et net.
Un bien clair et liquide. Un beau bien.
Un bien embrouillé. Un bien embarrassé.
Un bien litigieux. Avoir tout son bien engagé,
tout son bien hypothéqué. Tout son
bien est saisi. Être sans bien. Avoir du
bien mal acquis. Dépenser son bien, manger
son bien. Partager son bien. Mettré
ordre à son bien. Amasser du bien. Posséder
de grands biens. Un mari et une femme
séparés de corps et de biens. Être en
communauté de biens. Faire cession de ses
biens. Faire cession de biens. Il a laissé
de grands biens. Curateur aux biens vacans.
Les biens meubles et immeubles.
On dit absolument, qu'Un homme a
du bien, pour dire, qu'Un homme est
riche.
On dit, Avoir du bien au soleil, pour
dire, Avoir des biens--fonds, des terres,
des maisons.
On appelle Biens d'Église, Les biens
qui appartiennent à l'Église; Biens passagers,
Les biens de ce monde; et
Biens éternels, La béatitude éternelle.
On appelle figurém. Biens du corps,
La santé, la force; Biens de l'esprit, Les
talens; et Biens de l'âme, Les vertus.
Bien
Bien. Particule adverbiale, qui sert
à marquer un certain degré de perfection,
un certain état heureux et avantageux
dans la chose dont il s'agit. Il
se conduit bien. Il se porte bien. Il va
aussi bien, autant bien qu'il est possible.
Il parle bien. Il dit bien. Il fait bien.
Tout va bien. Mener une affaire à bien.
Je me trouve bien aujourd'hui. Je me trouve
bien d'une telle chose. Je me trouve bien
d'avoir été là. Il fait fort bien sa charge.
Il s'est fort bien acquitté de sa commission.
Il est bien à la Cour. Il est bien dans ses
affaires. Il est bien auprès du Roi, bien
auprès des Ministres. Il y est autant bien
qu'on y peut être. Un ouvrage bien fait.
Un jeune homme bien né, bien fait, bien
pris dans sa taille; et Bien mis, pour
dire, Habillé de bon goût.
On dit d'Un malade, qu'Il est bien,
pour dire, qu'On est rassuré sur son
état; et d'Une femme, qu'Elle est bien,
pour dire, qu'Elle est d'une figure
agréable.
Bien
Bien, signifie aussi Beaucoup, fort.
Il y avoit bien du monde, bien des spectateurs.
Il mange bien. Il boit bien. Il
s'est levé bien matin. Il est arrivé bien à
propos. La chose s'est passée bien autrement
que vous ne dites. Il est bien savant.
Il est bien malade. Il est bien mal.
Après Bien, signifiant Beaucoup, et
suivi d'un substantif, on met l'article
du substantif: Bien de l'argent, bien de
la peine, bien du monde, bien deshommes;
et sans l'article, Beaucoup d'argent,
de peine, de monde, d'hommes.
On dit, Bien attaqué, bien défendu,
pour dire, que La défense n'a pas été
moins vigoureuse que l'attaque. Et
lorsqu'on ne peut éviter du dommage,
quelque parti qu'on prenne, on dit,
Autant vaut bien battu, que mal battu,
pour dire, qu'Il y a des choses où il
ne faut point s'épargner, quoi qu'il en
puisse arriver.
Bien
Bien, avec le verbe Vouloir, exprimé
ou sous--entendu, sert à marquer
Consentement, Allez, je le veux bien;
et pour marquer qu'on agrée ce qu'un
autre propose, on dit absolument,
Bien, fort bien. Et quand il est précédé
de la particule Hé, il sert aussi à marquer
Exhortation et interrogation. Hé
bien, continuez. Hé bien, que vous en semble?
Hé bien, que vous a--t--il dit? Hé
bien, ne vous l'avois--je pas dit? On dit
aussi dans le même sens, Eh bien.
Il s'emploie aussi dans la signification
d'>--peu--près, environ. Il y a bien
trois ans que je ne l'ai vu. Il y a bien deux
lieues d'ici. Et quelquefois il ne s'emploie
que par rédondance, et pour donner
plus de force à ce qu'on dit. Auriez--vous bien l'assurance de le nier? Je le
savois bien. Je m'en doutois bien. Il est
bien en chemin, mais il n'est pas arrivé.
Il est bien vrai que cela est, mais...
Bien que
Bien que. conjonction. Encore que,
quoique. Bien que je le souhaite de tout
mon coeur, je ne le puis pas.
BIEN--AIMÉ, ÉE
BIEN--AIMÉ, ÉE. adj. Qui est très--chéri, qui est aimé par préférence à
tout autre. C'est son fils bien--aimé. C'est
sa fille bien--aimée.
Bien--aimé
Bien--aimé, est aussi substant. C'est
le bien--aimé de sa mère. Il est le bienaimé
de la maison. C'est la bien--aimée.
BIEN--DIRE
BIEN--DIRE. s. m. Ce mot n'est d'usage
que dans le discours familier, et
d'ordinaire en se moquant de quelqu'un
qui se pique de bien parler. Quand il
se met sur son bien--dire. Il est sur son
bien--dire.
BIEN--DISANT, ANTE
BIEN--DISANT, ANTE. adj. Qui
parle bien et avec facilité. Il se dit
aussi par opposition à Médisant. C'est un
homme bien--disant.
BIEN--ÊTRE
BIEN--ÊTRE, s. mas. se dit d'Une
subsistance aisée et commode. Il a le
nécessaire, mais il n'a pas le bien--être.
Il se dit aussi d'Une situation agréable
du corps et de l'esprit. Sentir du
bien--être. Goûter le bien--être. Éprouver du
bien--être, un bien--être sensible.
BIENFAISANCE
BIENFAISANCE. s. f. (On pronon.
dans le discours ordinaire Bienfesance,
Bienfesant; mais au Théâtre et dans
le discours soutenu, on prononce Bienfèsance,
Bienfèsant.) Inclination à faire
du bien aux autres, pratique des bienfaits.
Il a un grand fonds de bienfaisance.
Acte de bienfaisance.
BIENFAISANT, ANTE
BIENFAISANT, ANTE. adj. Qui
prend plaisir à faire du bien aux autres.
Il est généreux et bienfaisant. Avoir
l'humeur bienfaisante, le caractère bienfaisant.
Il y a des âmes naturellement
bienfaisantes.
BIENFAIT
BIENFAIT. s. m. Le bien qu'on fait
à quelqu'un, grâce, faveur, plaisir,
bon office. Je n'oublierai jamais un si
grand bienfait. C'est un bienfait signalé.
Combler de bienfaits. Accabler quelqu'un
de bienfaits. Il en a reçu mille bienfaits.
Il ne faut pas reprocher les bienfaits. Il
faut tâcher de reconnoître les bienfaits. Il
y a des gens qui oublient également les
injures et les bienfaits. On oublie plutôt
les bienfaits que les injures.
On dit proverbialement, qu'Un bienfait
n'est jamais perdu, pour dire, que
L'on retire toujours quelque avantage
du bien qu'on fait, ou que les moindres
personnes à qui on fait du bien,
peuvent trouver occasion de le reconnoître.
Et on dit proverbialement et figurément,
qu'Il y a des gens qui écrivent
les injures sur l'airain, et les bienfaits sur
le sable.
BIENFAITEUR, TRICE
BIENFAITEUR, TRICE. s. Celni
ou celle qui a fait quelque bien, quelque
grâce à quelqu'un. C'est votre bienfaiteur.
Le bienfaiteur d'un tel Couvent.
Vous devez honorer votre bienfaitrice.
C'est la bienfaitrice de votre Communauté,
de votre Compagnie. On disoit aussi
autrefois Bienfaicteur.
BIENHEUREUX, EUSE
BIENHEUREUX, EUSE. adj. Fort
heureux, extrêmement heureux. État
bienheureux. Séjour bienheureux. Vie bienheureuse.
Bienheureux qui peut vivre en
paix. L'Écriture dit, Bienheureux sont
ceux qui sont persécutés pour la Justice.
Lorsque Bienheureux est joint avec
un verbe, il ne fait plus un seul mot,
mais alors le mot de Bien devient adverbe,
et est séparé de l'adjectif Heureux.
Je le tiens bien heureux d'en être
échappé. Il est bien heureux d'avoir évité
ce danger.
Bienheureux
Bienheureux, est aussi un mot
consacré à la Religion, et signifie,
Qui jouit de la béatitude éternelle. Les
Esprits bienheureux.
En ce sens, il est quelquefois substantif.
Le séjour des Bienheureux. LesBienheureux.
Bienheureux
Bienheureux, signifie aussi Béatifié;
et c'est un titre que l'Église donne
à ceux que, par un acte solennel qui
précède celui de la canonisation, elle
reconnoît et déclare être du nombre
de ceux qui jouissent de la gloire éternelle.
On dit d'Un homme qui a une figure
vénérable, l'air recueilli, Il a l'air d'un
Bienheureux.
BIENNAL, ALE
BIENNAL, ALE. adject. Qui dure
deux ans. L'exercice biennal d'unOffice.
Ce terme ne s'emploie guère qu'en
parlant De Charges et d'Offices.
BIENSÉANCE
BIENSÉANCE. s. f. Convenance,
rapport de ce qui se dit, de ce qui se
fait, avec ce qui est dû aux personnes,
à l'âge, au séxe, et avec ce qui convient
aux usages reçus et aux moeurs publiques,
etc. Cela choque la bienséance. Il
sait ce qui est de la bienséance. Cela n'est
pas dans la bienséance. Cela est contre la
bienséance. Connoître les bienséances. Garder
la bienséance, les bienséances. Observer
les bienséances. Négliger les bienséances.
Les règles, les lois de la bienséance.
Pécher contre la bienséance. Se
mettre au--dessus des bienséances.
On dit, qu'Une chose est à la bienséance
de quelqu'un, pour dire, qu'Il lui
conviendroit de l'avoir. Cette charge est
à votre bienséance. Cette terre est à votre
bienséance, à cause du voisinage. Et on
dit, Par droit de bienséance, pour dire,
Sans avoir aucun autre droit que celui
de sa propre convenance, de sa propre
commodité.
BIENSEANT, ANTE
BIENSEANT, ANTE. adj. Ce qu'il
sied bien de faire, de dire, etc. Il est
bienséant aux jeunes gens de respecter là
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