Dictionnaires d'autrefois
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Il y a 7 entrées dans Nicot, Thresor de la langue française (1606) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 1st Edition (1694) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 4th Edition (1762) (Go), Jean-François Féraud: Dictionaire critique de la langue française (Marseille, Mossy 1787-1788) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 5th Edition (1798) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 6th Edition (1832-5) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 8th Edition (1932-5) (Go)

Nicot, Thresor de la langue française (1606)

couleur (Page 154)
Couleur, Color.

Fueille retirant à la couleur d'argent, Argenteum folium.

Couleur d'azur et d'eau, Glaucus color.

Bonne couleur, Bonus color.

Couleur bay, ou bayard, Balius color, Spadix, Badius.

Couleur baillet, ou de paille, Heluus color.

Couleur blaffarde, et qui n'est gueres chargée, Dilutus color, Color exanguis, vel languescens.

Couleur blanche comme neige, Color niueus.

Une couleur blanche, Melinum, Album.

Couleur blanche comme un cygne, Color olorinus.

Couleur blanche comme escume, Spumeus color.

Couleur entre blanc et rouge, comme couleur de miel, Giluus.

Bonne et vive couleur, Validus color.

Couleur brune, Fuscus color.

Couleur bleuë, Venetus color, Caeruleus, Cyaneus.

Couleur de Cassidoine, Murrhinus color.

Couleur de ciel serein, Caeruleus color, quasi caeluleus.

Couleur comme de ciel, Rauus color.

Couleur cendrée, Cinereus color.

Couleur changeant, Color varians.

Couleur flamboyant, Ignescens color, vel ardens.

Couleur de fleur de pescher, Ostrinus color.

Couleurs gayes et vives, Floridi colores, Pource que c'est la couleur de fleur de mauve.

Couleur de gris violant, Molochinus color.

Couleur grise, Leucophaeus color.

Haute couleur, Color floridus, vel rutilus, Color ardens vel ignescens.

Couleur jaune, Flauus, Flammeus.

Couleur jaune et comme or, Rutilus color, Fuluus, Aureus.

Couleur faite de jaune, Silaceus color.

Tirant sur la couleur de jaune, Languescens color in luteum.

De couleur jaune, Croceus, Luteus.

Couleur incarnat, Roseus color, ab ea rosa quae neque purpurea est, neque alba, sed vtrinque decorem accepit.

Couleurs laides, Tetri colores, vel turpes.

Couleur luysante, Color serenus.

Couleur de miel, Melleus color.

Couleur morne, et qui n'est point bien vive, Lentus color.

Couleur noire, ou noirastre, Nigrans, siue nigricans color.

Couleur obscure, Surdus color, Nubilus color.

Couleur d'or, Aureus color.

Couleur palle, Color pallidus, vel buxeus.

Couleur pers ou bleu, Cumatilis, siue Cymatilis, Cyaneus color.

Couleur perse, Caeruleus color.

Couleur plaisant à l'oeil, Suauis color.

Couleur de plomb, Plumbeus color.

Couleur de poil de souris, Color murinus.

Couleur de pourpre, Purpureus color, Tyrius.

Rendre une couleur de pourpre, Purpurare, vel purpurascere.

Couleur retirant sur le pourpre, Molochinus color.

Qui teint en couleur retirant sur le pourpre, Molochinarius.

Couleur resplendissant, à haute couleur, Rutilus color.

Toute couleur de rouge, Phoeniceus color.

Couleur rouge, Punicus color, siue Puniceus, Ruber.

Couleur de tanné enfumé, comme portent les Minimes, Color ferrugineus, Impluuiatus.

Couleur tannée, Ceruinus color. Tanné, quasi castaneus, sublata prima syllaba.

Tres-mauvaise couleur, Deterrimus color.

Couleur Turquine, Caeruleus color.

Couleur vermeille et embrasée, Color ardentissimus.

Couleur verde ayant un peu de blanc meslé, Glaucus color.

Couleur verde, Color herbidus, Prasinus color, Viridis.

Une couleur verde comme blé nouveau, et verd, Orobitis, huius orobitis.

Couleur fauve ou verde, meslée parmy du noir, Rauus color.

Ayant une couleur verde et blafarde, Maligne virens.

Couleur vermeille, voyez Couleur rouge.

Couleur violette, Ianthinus color, vel violaceus, Amethystinus.

Couleur semblable aux flots de la mer, Color thalassicus.

Couleur ressemblant à une sorte de metail, qui se trouve és mines d'or et d'argent, Color sandarachinus.

Couleur comme celle d'une chose seiche, Color aridus.

Couleur plus claire à la comparaison d'une autre, Dilutus color.

Une couleur fort chargée et pleine, Satur color.

Couleur naturelle, Color verus.

Couleur naturelle comme le noir et le blanc, Natiuus color.

Couleur passée, Obsoletus color.

Couleur vilaine, et qui ne se trouve pas belle, Color sordidus.

Rebailler couleur, Faire revenir la couleur, Colori reddere, Ad colorem cicatrices reducere.

Prendre couleur, Colorem accipere, vel ducere.

La couleur luy vient et sort des tempes, Exoritur illi color ex temporibus.

Il semble à veoir la couleur que c'est de la chrysocolle, Mentitur ille chrysocollam.

Vestement de mesme couleur, Concolor vestis.

Tout d'une couleur, Vnicolor.

De deux couleurs, Bicolor.

De diverses couleurs, Varius, Versicolor, Discolor.

Changer de diverses couleurs, In colores varios transire.

Vous l'eussiez veu changer couleur, Excusationes discolores, et praetextus vel obtentus, Versicolores excusationes vidissetis. B.

Qui est de beaucoup de couleurs, Multicolor.

Les couleurs des peintres, Pigmenta, Colores.

Couleurs de toutes sortes, Omnigeni colores.

Estre de la couleur de son pere, Colorem paternum referre.

Qui a mauvaise couleur, Decolor.

Quand une personne a la couleur palle et blesme, Pallor.

Les riches et palles couleurs, Arcuatus morbus, Regius morbus, Icteros.

Couleur triste, qui melancholie la personne, Austerus color.

Cette fleur perd sa couleur, Canescit flos, Euanescit color, Excedit.

Couleurs rethoriques, Schemata, Chromata, Colores oratorij, Pigmenta oratoria et ornamenta. B.

Il n'a point de couleur asseurée, Non constat ei color neque vultus.

Mesdire d'aucun sans aucune couleur, Sine argumento alicui maledicere.

Calomnie qui n'a nulle couleur, Frigida et ieiuna calumnia.

Bailler couleur à une raison, Accersere orationi splendorem.

Bailler quelque couleur à sa meschanceté, Obtendere rationem turpitudini suae.

Donner couleur à son parler, Speciem et pompam in dicendo adhibere.

Choses faulses qui donnent couleur au principal, Colores.

Cercher couleur de mettre le feu, Arripere causam ad incendia.

Quelle couleur et raison y a il d'avoir, etc. Scire velim quid argumenti habeat ista manumissio.

Une grande couleur et apparence de verité, Probabilitas.

Sous couleur de demander argent, Per causam exigendae pecuniae.

Sous couleur de verité estre deceu, Similitudine veri capi.

Sous couleur ou espece de paix, Sub specie pacis, siue Per speciem pacis, Praetextu, Obtentu.

Faire estat de gaigner argent sous couleur de garder l'authorité des loix et ordonnances, Legibus ad quaestum abuti.

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Dictionnaire de L'Académie française, 1st Edition (1694)

COULEUR (Page 262)
COULEUR. s. f. Qualité qui par le moyen de la lumiere rend les corps visibles. Couleur veritable. couleur apparente. les couleurs simples. les couleurs composées. couleur naturelle. couleur artificielle. couleur claire. couleur sombre, brune, obscure. couleur esclatante. couleur voyante. couleur haute. couleur gaye. couleur vive. couleur triste, morne. couleur modeste. couleur bizarre, fantasque. couleur forte. couleur enfoncée, chargée. couleur foible. couleur legere. couleur rude. couleur douce. couleur passée, effacée, ternie. couleur tirant sur le brun, sur le bleu &c. couleur qui tache, qui est tachante. couleur meslée. couleur changeante. couleur à la mode ce vin a la couleur malade. Couleur noire, blanche, grise, rouge, verte, violette, jaune, incarnate, isabelle. couleur de feu, d'amaranthe, de rose, de chair, d'aurore, de citron, de gris- de lin. couleur de musc. couleur d'olive, de feüille-morte de Ramonneur, de ventre-de-biche. &c. cette estoffe est de telle couleur. diversifier les couleurs. varieté de couleurs. mesler les couleurs. meslange de couleurs. nuance de couleurs. assortir les couleurs. il y a proportion entre les couleurs. prendre couleur. cette estoffe n'a pas bien pris couleur. teindre en couleur de ... mettre en couleur. donner la couleur. repasser une estoffe en couleur. cette estoffe a perdu sa couleur. on ne porte plus de cette couleur, de ces couleurs.

On dit figurément, d'Un homme qui se mesle de juger d'une chose qu'il ne sçait point, de laquelle il n'a nulle connoissance, qu'Il en juge comme un aveugle des couleurs.

Couleur, Se prend quelquefois en parlant d'estoffes & d'habits, pour toute couleur autre que le noir. Il ne s'habille guere de couleur. il ne porte plus le noir, il a pris un habit de couleur. elle est en habit de couleur. elle a quitté la couleur. C'est à dire, elle a pris le noir.

Couleur, Espece de drogue dont on se sert pour la Peinture, & pour la Teinture. Broyer les couleurs. mesler les couleurs. preparer, appliquer, coucher, asseoir, poser les couleurs. avant que de dorer ce lambris, il le faut mettre en couleur. mettre la premiere couleur. bien manier, bien employer les couleurs. adoucir les couleurs. amortir les couleurs. ranimer les couleurs. rehausser, relever les couleurs. les couleurs s'affoiblissent, se ternissent, se passent. l'air mange les couleurs.

Couleurs, en pluriel, Se prend quelquefois pour la livrée dont on habille les Pages, Cochers, Laquais &c. Il a choisi de belles couleurs, des couleurs bizarres, fantasques, bien particulieres. couleurs du Roy. ce Page, ce Laquais n'avoit pas encore les couleurs. il porte les couleurs. il fut pendu avec les couleurs.

Couleur, en matiere de blason. Couleur sur metal, & metal sur couleur &c.

Couleur, Se prend aussi particulierement pour le teint. Bonne couleur. mauvaise couleur. couleur vermeille. couleur pâle, blesme, morte. couleur de malade, de trespassé. couleur plombée, livide, olivastre, brune. il a bonne couleur, mauvaise couleur, la couleur vermeille, la couleur blesme &c. il se porte bien à present, la couleur luy est revenüe. il a repris sa couleur.

Couleur, Se prend aussi pour la rougeur qui survient au visage par quelque cause naturelle ou accidentelle. Il est haut en couleur. la couleur luy monta au visage.

Les pâles couleurs, Est une maladie des filles, qui leur rend le teint pâle & jaune.

Couleur, se dit aussi, Des viandes qu'on rostit, & du pain, & des pastisseries, pour marquer la couleur que ces choses doivent avoir quand elles sont cuites comme il faut. Faites du feu clair, afin que ces viandes prennent couleur, afin de leur donner couleur. ce pain n'a point de couleur. cette tourte, cette crouste n'a pas assez de couleur.

On appelle, Couleur, en cartes, Le pique, le trefle, le coeur ou le quarreau. De quelle couleur tourne-t-il? de quelle couleur est la triomphe? j'ay des quatre couleurs dans mon jeu. je n'ay point de cette couleur. il renonce à la couleur.

Couleur, signifie figurément. Pretexte, apparence. Il l'a trompé sous couleur d'amitié. il s'est rendu maistre de l'affaire sous couleur de le servir. la devotion est une couleur specieuse dont se servent les hypocrites. à cela il n'y a ni couleur ni apparence de verité.

Il se prend quelquefois plus estroitement pour une raison apparente dont on se sert pour couvrir & pallier quelque mensonge, ou quelque mauvaise action, afin de persuader ce qu'on desire. Couleur de Rhetorique. dans la Rhetorique on se sert de couleurs. cela le choquera d'abord, si vous n'y trouvez, si vous n'y apportez, n'y donnez quelque couleur. voilà une couleur bien specieuse. couleur plausible. une fort mauvaise couleur. il sçait bien donner couleur à ce qu'il dit, à ses fourberies, à ses mensonges. vous ne nous donnez que des couleurs au lieu de raisons.

Colorer. v. act. Donner couleur, donner la couleur, de la couleur. Le soleil colore les fruits, colore les fleurs, les nuées. la nature colore les pierreries, colore les metaux &c. on a trouvé l'art de colorer le verre, le cristal.

Il s'employe aussi au neut. pass. Les fruits se colorent peu à peu au soleil. les raisins commencent à se colorer.

Il signifie figur. Donner une belle apparence à quelque chose de mauvais. Colorer une injustice. colorer un mensonge. il a si bien coloré sa faute, sa lascheté &c.

Coloré, [color]ée. part. pass. Il a les mesmes significations que son verbe. Il n'a pas mesme un titre coloré.

On appelle, Du vin qui est plus rouge que paillet, Du vin coloré. ce vin est trop paillet, je le voudrois plus coloré.

On dit aussi, d'Un homme qui est rouge de visage, qu'Il a le teint coloré.

Decolorer. v. a. Oster la couleur, effacer la couleur. La maladie l'a toute decolorée. le vinaigre decolore les lévres.

Decoloré, [decolor]ée. part. pass. Qui a perdu la couleur. Un teint decoloré. des fleurs decolorées. des lèvres decolorées.

Coloris. s. m. Ce qui resulte du meslange & de l'employ des couleurs dans les tableaux, principalement pour les figures humaines. Coloris frais. coloris tendre, vif. coloris qui est bien de chair. coloris qui a bien de la force. le coloris d'un tableau. le coloris d'un tel Peintre est excellent. il est estimé pour son coloris.

On dit aussi, d'Un visage, d'un teint vermeil Voilà un beau coloris.

Colorier. v. a. Employer les couleurs dans un tableau. Ce Peintre-là colorie fort bien.

Colorié, [colori]ée. part.

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Dictionnaire de L'Académie française, 4th Edition (1762)

COULEUR. s.f. (Page 416)
COULEUR. s.f. Impression que fait sur l'oeil la lumière réfléchie par la surface des corps. Les couleurs simples. Les couleurs composées. Couleur naturelle. Couleur artificielle. Couleur claire. Couleur sombre, brune, obscure. Couleur éclatante. Couleur voyante. Couleur haute. Couleur gaie. Couleur vive. Couleur triste, morne. Couleur modeste. Couleur bizarre, fantasque. Couleur forte. Couleur enfoncée, chargée. Couleur foible. Couleur fausse. Couleur légère. Couleur rude. Couleur douce. Couleur passée, effacée, ternie. Couleur tirant sur le brun, sur le bleu, &c. Couleur mêlée. Couleur changeante. Couleur fuyante. Couleur à la mode. Ce vin a la couleur malade. Couleur noire, blanche, grise, rouge, verte, violette, jaune, incarnate, isabelle. Couleur de feu, d'amaranthe. Couleur amaranthe. Couleur de rose. Couleur de rose sèche, de chair, aurore, de citron, de gris-de-lin. Couleur de musc. Couleur d'olive, de feuille morte, de ramoneur, de ventre de biche, &c. Cette étoffe est de telle couleur. Diversifier les couleurs. Variété de couleurs. Mêler les couleurs. Mélange de couleurs. Nuance de couleurs. Assortir les couleurs. Il y a proportion entre les couleurs. Cette étoffe n'a pas bien pris la couleur. Teindre en couleur de... Mettre en couleur. Donner la couleur. Cette étoffe a perdu sa couleur. On ne porte plus de cette couleur, de ces couleurs.

On dit aussi au masculin, Le couleur de feu, le couleur de rose, de chair, de citron, pour dire, Ce qui a la couleur du feu, de la rose, &c. Et après un substantif, il s'emploie comme adjectif. Un ruban couleur de feu, d'un très-beau couleur de feu.

On dit proverbialement d'Un homme qui se mêle de juger d'une chose qu'il ne sait point, dont il n'a aucune connoissance, qu'Il en juge, qu'il en parle comme un aveugle des couleurs.

COULEUR se prend quelquefois en parlant d'étoffes & d'habits, pour toute autre couleur que le noir, le gris, le blanc, &c. Il ne s'habille guère de couleur. Il ne porte plus le noir, il a pris un habit de couleur. Elle est en habit de couleur. Elle a renoncé à la couleur, c'est-à-dire, Elle ne porte plus que le noir ou d'autres couleurs modestes.

COULEUR Drogue dont on se sert pour la Peinture & pour la Teinture. Broyer les couleurs. Mêler les couleurs. Préparer, appliquer, coucher, asseoir, poser les couleurs. Avant que de dorer ce lambris, il le faut mettre en couleur. Mettre la première couleur. Bien manier, bien employer les couleurs. Adoucir les couleurs. Amortir les couleurs. Ranimer les couleurs. Rehausser, relever les couleurs. Les couleurs s'affoiblissent, se ternissent, se passent. L'air mange les couleurs. Mettre un plancher, du parquet, &c. en couleur. Ce Peintre entend bien le mélange, la fonte des couleurs.

COULEURS, au pluriel se prend quelquefois pour la livrée dont on habille les Pages, Cochers, Laquais, &c. Il a des couleurs magnifiques, des couleurs bizarres, fantasques, bien particulières. Couleur du Roi. Ce Page, ce Laquais n'avoit pas encore les couleurs. Il vieillit. On emploie plus ordinairement le mot Livrée.

On appelle en Peinture Couleurs amies, Celles qui ne se font point paroître réciproquement dures.

COULEUR en termes de Blason, se dit Des cinq couleurs, azur, gueules, sinople, sable & pourpre. Couleur sur métal. Métal sur couleur.

COULEUR se prend aussi particulièrement pour le teint. Bonne couleur, mauvaise couleur. Couleur vermeille. Couleur pâle, blême, morte. Couleur plombée, livide, olivâtre, brune. Il se porte bien, la couleur lui est revenue. Il a repris sa couleur. Belles couleurs. Cette personne a de belles couleurs.

COULEUR se prend aussi pour La rougeur qui survient au visage pour quelque cause naturelle ou accidentelle. Il est haut en couleur. La couleur lui monta au visage.

On appelle Pâles couleurs, Une maladie des jeunes filles, qui leur rend le teint pâle & jaune.

COULEUR se dit aussi en parlant Des viandes qu'on rôtit, & du pain & des pâtisseries qu'on met au four, pour marquer la couleur que ces choses doivent avoir quand elles sont cuites comme il faut. Faites du feu clair, afin que ces viandes prennent couleur, afin de leur donner couleur. Ce pain n'a point de couleur. Cette tourte, cette croute n'a pas assez de couleur. Ce rôti a bien pris couleur.

On appelle Couleur, aux jeux des cartes, Le pique, le trèfle, le coeur & le carreau. De quelle couleur tourne-t-il? De quelle couleur est la triomphe? J'ai des quatre couleurs dans mon jeu. Je n'ai point de cette couleur. Il renonce à la couleur.

Au jeu du Lansquenet, on dit, Prendre couleur, pour dire, Entrer au jeu & couper. Prenez couleur. Il a pris couleur.

On dit figurément, Prendre couleur, pour dire, Se décider, se déclarer.

On dit figurément & familièrement, Reprendre couleur, pour dire, Rentrer en faveur, rétablir sa fortune.

On dit aussi d'Un homme qui, après une longue retraite, reparoît dans le monde, revient à la Cour, qu'Il a repris couleur.

COULEUR signifie figurément Prétexte, apparence. Il l'a trompé sous couleur d'amitié. Il s'est rendu maître de l'affaire sous couleur de le servir. À cela il n'y a ni couleur ni apparence de vérité.

Il se prend quelquefois plus étroitement pour une raison apparente dont on se sert pour couvrir & pallier quelque mensonge ou quelque mauvaise action, afin de persuader ce qu'on desire. Cela le choquera d'abord, si vous n'y donnez quelque couleur. Voilà une couleur bien spécieuse. Couleur plausible. Une fort mauvaise couleur. Il sait bien donner une couleur spécieuse à ce qu'il dit, à ce qu'il fait de plus mal.

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Jean-François Féraud: Dictionaire critique de la langue française (Marseille, Mossy 1787-1788)

COULEUR (Page A599b)

COULEUR, s. f. [Kou-leur; 2e dout. au sing. lon. au pluriel, couleurs.] 1°. Modification des rayons de lumière, qui excite en nous les sensations, qui nous font distinguer les chôses, et les apeler rouges, vertes, jaûnes, etc. Trév. Impression que fait sur nous la lumière, réfléchie par la surface des corps. Acad. Sentiment qu'excitent en nous les objets qu'on apèle colorés. Rich. Port. Cette dernière définition ne vaut pas grand'chôse: on peut choisir entre les deux aûtres. "Couleur naturelle, ou artificielle; claire, ou sombre, obscûre. = 2°. Il est quelquefois masc. Le couleur de rôse, le couleur de feu, le couleur de citron, etc. J'aime mieux le couleur de rôse que j'avois hier. Th. d'Educ. — On l'emploie aussi comme adjectif: ruban couleur de feu, etc. = 3°. Il se prend encôre en parlant d'habillement, pour toute aûtre couleur que le noir, le gris, le blanc. Il ne s'habille guère de couleur: elle est en habit de couleur: elle a renoncé à la couleur. = 4°. Drogue dont on se sert pour la peintûre et la teintûre. Broyer, méler, préparer, apliquer les couleurs. — Couleur, coloris (synon.) Le 1er n'exprime que ce qui forme l'image visible des objets, par ses variétés, le 2d est l'éfet particulier qui résulte de la qualité et de la force de la couleur, par raport à l'éclat, indépendamment de la forme et du dessin. "Les tableaux du Titien excellent par le coloris; et l'on dit qu'il en sont redevables à l'art particulier qu' avoit ce Peintre, de préparer et d'employer les couleurs. GIR. Synon. Voy. COLORER. = 5°. Couleurs, au plur. se prend pour livrée. Couleurs magnifiques, bisârres, fantasques, etc. 6°. Le teint du visage: bone ou mauvaise couleur: "Il avoit une couleur pâle, plombée, livide. "Il se porte bien, il a repris sa couleur. Belles couleurs: "Elle a de belles couleurs, etc. Il est haut en couleur; la couleur lui monta au visage. = 7°. Il se dit des viandes, du pain, des pâtisseries, etc. Doner couleur au rôti: il faut que ces viandes prènent couleur; ce pain n'a point de couleur, etc.
   8°. Couleur se dit élégamment au figuré. "Le mensonge se revêt des couleurs de la vérité. — Inventer des couleurs, c. à. d. des aparences, ne serait pas suportable en prôse: il fait bien dans ces vers de Racine:
   J'inventai des couleurs, j'armai la calomnie.
M. l'Ab. Royou l'emploie plus figurément encôre. "N'est-ce pas là le ton et la couleur de la véritable éloquence? dit-il, en parlant d'un beau morceau du Panégyrique de St. Louis, par M. l'Ab. Boulogne. = Sous couleur de, régit l'infinitif, sous couleur que, l'indicatif: "Sous couleur de protéger la liberté des peuples, ils travailloient à envahir l'autorité du souverain. Anon. "Callicrate congédia les Députés, sous couleur que les Lois ne permettoient pas de délibérer, etc. Rollin.
   Sans couleur, c. à. d. pâle: "Immobile, sans couleur et sans voix, rien ne vit plus en lui que son désespoir. Jér. Dél. = Quelqu'un qui est triste, dit, que ses pensées, ne sont pas couleur de rôse: "Une jeune veûve, âge heureux où l'âme ne se repait que de chimères couleur de rôse. Retif. "Je vous conseille, ma chère Pauline, de ne pas tant laisser tourner votre esprit du côté des chôses frivoles, que vous n'en conserviez pour les chôses solides.... Autrement votre goût auroit les pâles couleurs. Sév. — Prendre couleur, se déclarer, se décider: enfin, il a pris couleur. Reprendre couleur, rentrer en faveur, rétablir sa fortune. Métaphôres tirées du jeu de lansquenet.

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Dictionnaire de L'Académie française, 5th Edition (1798)

COULEUR (Page 327)
COULEUR. sub. f. Impression que fait sur l'oeil la lumière réfléchie par la surface des corps. Les couleurs simples. Les couleurs composées. Couleur naturelle. Couleur artificielle. Couleur claire. Couleur sombre, brune, obscure. Couleur éclatante. Couleur voyante. Couleur haute. Couleur gaie. Couleur vive. Couleur triste, morne. Couleur modeste, fantasque. Couleur forte. Couleur enfoncée, chargée. Couleur foible. Couleur fausse. Couleur légère. Couleur rude. Couleur douce. Couleur passée, effacée, ternie. Couleur tirant sur le brun, sur le bleu, etc. Couleur mêlée. Couleur changeante. Couleur fuyante. Couleur tranchante. Couleur à la mode. Cevin a la couleur malade. Couleur noire, blanche, grise, rouge, verte, violette, jaune, incarnate, isabelle. Couleur de feu, d'amarante. Couleur amarante. Couleur de rose. Couleur de rose sèche, de chair, aurore, de citron, de gris-de-lin. Couleur de musc. Couleur d'olive, de feuille morte, de ramoneur, de ventre de biche, etc. Cette étoffe est de telle couleur. Diversifier les couleurs. Variété de couleurs. Mêler les couleurs. Mélange de couleurs. Nuance de couleurs. Assortir les couleurs. Il y a proportion entre les couleurs. Cette étoffe n'a pas bien pris la couleur. Teindre en couleur de . . . Mettre en couleur. Donner la couleur. Cette étoffe a perdu sa couleur. On ne porte plus de cette couleur, de ces couleurs.

On dit aussi au masculin, Le couleur de feu, le couleur de rose, de chair, de citron, pour dire, Ce qui a la couleur du feu, de la rose, etc. Et après un substantif, il s'emploie comme adjectif. Un ruban couleur de feu, d'un très-beau couleur de feu.

On dit proverbialem. d'Un homme qui se mêle de juger d'une chose qu'il ne sait point, dont il n'a aucune connoissance, qu'Il en juge, qu'il en parle comme un aveugle des couleurs.

Couleur, se prend quelquefois en parlant d'Étoffes et d'habits, pour toute autre couleur que le noir, le gris, le blanc, etc. Il ne s'habille guère de couleur. Il ne porte plus le noir, il a pris un habit de couleur. Elle est en habit de couleur. Elle a renoncé à la couleur, c'est-à-dire, Elle ne porte plus que le noir ou d'autres couleurs modestes.

Couleur. Drogue dont on se sert pour la Peinture et pour la Teinture. Broyer les couleurs. Mêler les couleurs. Préparer, appliquer, coucher, asseoir, poser les couleurs. Avant que de dorer ce lambris, il le faut mettre en couleur. Mettre la première couleur. Bien manier, bien employer les couleurs. Adoucir les couleurs, Amortir les couleurs, Ranimer les couleurs. Rehausser, relever les couleurs. Les couleurs s'affoiblissent, se ternissent, se passent. L'air mange les couleurs. Mettre un plancher, du parquet, etc. en couleur. Ce Peintre entend bien le mélange, la fonte des couleurs.

Couleurs, au pluriel, se prend quelquefois pour La livrée dont on habille les Pages, Cochers, Laquais, etc. Il a des couleurs magnifiques, des couleurs bizarres, fantasques, bien particulières. Couleur du Roi. Ce Page, ce Laquais n'avoit pas encore les couleurs. Il vieillit. On emploie plus ordinairement le mot Livrée.

On appelle en Peinture Couleurs amies, Celles qui ne se font point paroître réciproquement dures.

Couleur, en termes de Blason, se dit Des cinq couleurs, azur, gueules, sinople, sable et pourpre. Couleur sur métal. Métal sur couleur.

Couleur, se prend aussi particulièrement pour Le teint. Bonne couleur, mauvaise couleur. Couleur vermeille. Couleur pâle, blême, morte. Couleur plombée, livide, olivâtre, brune. Il se porte bien, la couleur lui est revenue. Il a repris sa couleur. Belles couleurs. Cette personne a de belles couleurs.

Couleur, se prend aussi pour La rougeur qui survient au visage pour quelque cause naturelle ou accidentelle. Il est haut en couleur. La couleur lui monta au visage.

On appelle Pâles couleurs, Une maladie des jeunes filles, qui leur rend le teint pâle et jaune.

Couleur, se dit aussi en parlant Des viandes qu'on rôtit, et du pain et des pâtisseries qu'on met au four, pour marquer la couleur que ces choses doivent avoir quand elles sont cuites comme il faut. Faites du feu clair, afin que ces viandes prennent couleur, afin de leur donner couleur. Ce pain n'a point de couleur. Cette tourte, cette croûte n'a pas assez de couleur. Ce rôti a bien pris couleur.

On appelle Couleur, aux jeux des cartes, Le pique, le trèfle, le coeur et le carreau. De quelle couleur tourne-t-il? De quelle couleur est la triomphe? J'ai des quatre couleurs dans mon jeu. Je n'ai point de cette couleur. Il renonce à la couleur.

Au jeu du Lansquenet, on dit, Prendre couleur, pour dire, Entrer au jeu et couper. Prenez couleur. Il a pris couleur.

On dit figurément, Prendre couleur, pour dire, Se décider, se déclarer. Cette affaire commence à prendre une bonne, une mauvaise couleur.

On dit figurément et familièrement, Reprendre couleur, pour dire, Rentrer en faveur, rétablir sa fortune.

On dit aussi d'Un homme qui, après une longue retraite, reparoît dans le monde, revient à la Cour, qu'Il a repris couleur.

Couleur, signifie figurément Prétexte, apparence. Il l'a trompé sous couleur d'amitié. Il s'est rendu maître de l'affaire sous couleur de le servir. À cela il n'y a ni couleur ni apparence de vérité.

Il se prend quelquefois plus étroitement pour Une raison apparente dont on se sert pour couvrir et pallier quelque mensonge ou quelque mauvaise action, afin de persuader ce qu'on désire. Cela le choquera d'abord, si vous n'y donnez quelque couleur. Voilà une couleur bien spécieuse. Couleur plausible. Une fort mauvaise couleur. Revêtir un mensonge de belles couleurs. Il sait bien donner une couleur spécieuse à ce qu'il dit, à ce qu'il fait de plus mal. Nos passions changent la couleur des objets.

On se sert du mot Couleur, en parlant De style, pour désigner le caractère des ornemens, leur choix, et leur effet. Un style sans couleur. Son style a une couleur brillante, magique, austère, antique.

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Dictionnaire de L'Académie française, 6th Edition (1832-5)

COULEUR. s. f. (Page 1:425)
COULEUR. s. f. Impression que fait sur l'oeil la lumière réfléchie par la surface des corps. Les couleurs primitives. Les couleurs simples. Les couleurs composées. Couleur naturelle. Couleur artificielle. Couleur claire. Couleur sombre, brune, obscure. Couleur éclatante. Couleur voyante. Couleur haute. Couleur gaie. Couleur vive. Couleur triste, morne. Couleur modeste. Couleur forte, chargée. Couleur faible. Couleur fausse. Couleur légère. Couleur rude. Couleur douce. Couleur fanée, passée, effacée, ternie. Couleur tirant sur le brun, sur le bleu, etc. Couleur mêlée. Couleur changeante. Couleur tranchante. Ce vin a la couleur malade. Couleur noire, blanche, grise, rouge, verte, violette, jaune, incarnate, isabelle. Couleur de feu, d'amarante. Couleur de rose. Couleur de rose sèche, de chair, de citron, de gris de lin. Couleur de musc. Couleur d'olive, de feuille-morte, de ramoneur, de ventre de biche, etc. Couleur aurore. Couleur amarante. Couleur vert-pomme, gris de lin, etc. Cette étoffe est de telle couleur. La couleur d'un fruit. Ce marbre est d'une belle couleur. Diversifier les couleurs. Variété de couleurs. Mêler les couleurs. Mélange de couleurs. Les diverses nuances d'une même couleur. Assortir les couleurs. On ne porte plus de cette couleur, de ces couleurs. Couleur à la mode.

Il est masculin dans ces locutions elliptiques, Le couleur de feu, le couleur de rose, de chair, de citron, etc., Ce qui a la couleur du feu, de la rose, etc. Ce ruban est d'un beau couleur de feu. Après un substantif, ces locutions s'emploient comme une sorte d'adjectif. Un ruban couleur de feu. Des souliers couleur de rose.

Prov., Juger, parler d'une chose comme un aveugle des couleurs, Juger, parler d'une chose dont on n'a aucune connaissance.

Fig. et fam., Voir tout couleur de rose, Voir tout en beau. On dit dans le même sens: Tout lui paraît couleur de rose. Il n'a que des pensées couleur de rose.

Les hommes de couleur, Les mulâtres, les hommes provenant du mélange de la race blanche et de la race noire.

COULEUR en termes de Blason, se dit Des cinq couleurs, azur, gueules, sinople, sable et pourpre. Couleur sur métal. Métal sur couleur.

COULEUR se dit quelquefois en parlant D'étoffes et d'habits, pour désigner Toute autre couleur que le noir, le gris, le blanc, etc. Il ne porte plus le noir, il a pris un habit de couleur. Elle avait une robe de couleur.

Renoncer à la couleur, Ne plus porter que le noir ou d'autres couleurs peu éclatantes.

COULEURS au pluriel, se prend quelquefois pour La livrée dont on habille les pages, cochers, laquais, etc. Il a des couleurs magnifiques, des couleurs bizarres, fantasques, toutes particulières. Couleur du roi. Ce page, ce laquais n'avait pas encore les couleurs. Il est vieux: on dit aujourd'hui, Livrée.

Porter les couleurs d'une dame, Porter dans son ajustement des couleurs semblables à celle que cette dame affectionne le plus; et, figurément, Se mettre au rang de ses adorateurs. On a dit, dans une acception analogue au premier sens, Porter une écharpe aux couleurs de sa dame, etc.

COULEUR se prend aussi particulièrement pour Le teint, la couleur du visage. Bonne couleur, mauvaise couleur. Couleur vermeille. Couleur pâle, blême, morte. Couleur plombée, livide, olivâtre, brune. Il est haut en couleur. Il se porte bien, la couleur lui est revenue. Il a repris ses couleurs. Cette personne a de belles couleurs.

Fig. et fam., Reprendre couleur, Rentrer en faveur, rétablir sa fortune. Il se dit aussi quelquefois D'une personne qui, après une longue retraite, reparaît dans le monde, à la cour, etc.

COULEUR se dit également Des altérations subites qu'éprouve la couleur du visage par l'effet de quelque douleur ou de quelque émotion violente. Il entendit son arrêt sans changer de couleur. À cette nouvelle, il devint de toutes les couleurs. Elle tomba entre leurs bras, inanimée et sans couleur.

Il se dit quelquefois de La rougeur qui survient au visage par quelque cause naturelle ou accidentelle. La couleur lui monta au visage.

Pâles couleurs, ou Chlorose, Maladie qui se montre surtout chez les jeunes filles, et qu'on nomme ainsi parce qu'elle leur rend le teint pâle.

COULEUR se dit aussi en parlant Des viandes qu'on rôtit, du pain et des pâtisseries qu'on met au four, pour marquer La couleur que ces choses doivent avoir quand elles sont cuites comme il faut. Faites du feu clair, afin que ces viandes prennent couleur, afin de leur donner couleur. Ce pain n'a point de couleur. Cette tourte, cette croûte n'a pas assez de couleur. Ce rôti a bien pris couleur.

Fig., L'affaire prend couleur, se dit D'une affaire dont on commence à espérer un bon résultat. On dit aussi, Cette affaire commence à prendre une bonne, une mauvaise couleur.

COULEUR aux Jeux de cartes, se dit de Chacune des quatre marques appelées Pique, trèfle, coeur et carreau. De quelle couleur tourne-t-il? De quelle couleur est la triomphe, la retourne? J'ai des quatre couleurs dans mon jeu. Je n'ai point de cette couleur. Il renonce à la couleur.

Au Lansquenet, Prendre couleur, Entrer au jeu et couper. Prenez couleur. Il a pris couleur.

COULEUR se dit encore Des substances dont on se sert pour donner aux objets une couleur artificielle. Broyer les couleurs. Mêler les couleurs. Préparer les couleurs. Avant de dorer ce lambris, il faut le mettre en couleur. Mettre la première couleur. Mettre un plancher, un parquet, etc., en couleur. Donner la couleur. Cette étoffe n'a pas bien pris la couleur. Teindre en couleur de... Cela est trop monté en couleur. Cette étoffe a perdu sa couleur. L'air mange les couleurs.

Il se dit particulièrement Des couleurs employées dans un tableau ou dans quelque autre ouvrage du même genre. Appliquer, coucher les couleurs. Bien manier, bien employer les couleurs. Adoucir les couleurs. Amortir les couleurs. Ranimer les couleurs. Rehausser, relever les couleurs, l'éclat des couleurs. Ce peintre entend bien l'art de fondre, de mélanger les couleurs.

Peindre à pleine couleur, Peindre avec un pinceau très-chargé de couleur.

Couleurs amies, Couleurs qui s'accordent bien ensemble, dont l'union produit un agréable effet.

Couleur locale, La couleur propre à chaque objet, indépendamment de la distribution particulière de la lumière et des ombres.

COULEUR se prend quelquefois pour Coloris, en parlant D'un tableau. Ce tableau est d'une bonne couleur, d'une belle couleur.

En termes de Gravure, Cette estampe, cette gravure est d'une belle couleur, On y reconnaît la couleur du tableau d'après lequel elle a été faite, bien que l'artiste n'y ait employé que le noir et ses diverses teintes.

COULEUR se dit figurément Du style, des expressions considérées comme étant, pour celui qui écrit ou qui parie, ce que les couleurs sont pour le peintre. Il peignit des plus vives couleurs la détresse dans laquelle ils étaient plongés. Cet historien a retracé tels événements avec des couleurs un peu trop rembrunies. On leur avait peint notre situation sous les plus fausses couleurs.

Il se dit particulièrement Du style, lorsqu'on désigne la qualité qui le distingue. Son style a une couleur brillante. Le style de cet ouvrage a une couleur antique. Style sans couleur. Ce morceau manque de couleur, il faut lui donner plus de couleur.

COULEUR se dit aussi, figurément, Du caractère particulier de certaines choses. Aux yeux du mélancolique tout revêt de sombres couleurs. Le récit prend, vers la fin, une couleur plus tragique. L'acteur chargé de ce rôle a su lui donner une couleur nouvelle. Dans ce poëme, dont l'action se passe en Grèce, la couleur locale est parfaitement observée.

Il se dit particulièrement Du caractère propre à telle ou telle opinion. Ses opinions ont bien changé de couleur depuis que je ne l'ai vu. La couleur de ce journal est encore indécise. Prendre couleur.

COULEUR signifie encore figurément, Prétexte, apparence. Il l'a trompé sous couleur d'amitié. Il s'est rendu maître de l'affaire sous couleur de le servir. À cela il n'y a ni couleur ni apparence de vérité.

Il se dit souvent, dans un sens plus restreint, d'Une raison apparente dont on se sert pour couvrir et pallier quelque mensonge ou quelque mauvaise action, afin de persuader ce qu'on désire. Cela le choquera d'abord, si vous n'y donnez quelque couleur. Couleur séduisante. Une fort mauvaise couleur. Revêtir un mensonge de belles couleurs. Il sait donner une couleur plausible, une couleur spécieuse à ce qu'il dit, à ce qu'il fait de plus mal.

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Dictionnaire de L'Académie française, 8th Edition (1932-5)

COULEUR. (Page 1:311)
COULEUR. n. f. Impression que fait sur l'oeil la lumière réfléchie par la surface des corps et qui nous les rend diversement sensibles. Couleur naturelle. Couleur artificielle. Couleur claire. Couleur sombre, brune, obscure. Couleur éclatante. Couleur voyante. Couleur gaie. Couleur vive. Couleur triste, morne. Couleur chargée. Couleur fanée, passée, effacée, ternie. Couleur tirant sur le brun, sur le bleu. Couleur changeante. Couleur tranchante. Couleur noire, grise, rouge. Couleur vert- pomme, vert Nil. Couleur chair. Ce marbre est d'une belle couleur. Variété, mélange de couleurs. Les diverses nuances d'une même couleur. Assortir les couleurs. Couleur à la mode. Les couleurs primitives. Les couleurs simples. Les couleurs composées.

Après un nom, le mot COULEUR, déterminé par un autre nom, s'emploie comme une sorte d'adjectif. Un ruban couleur de feu. Des souliers couleur de rose. Un maillot couleur de chair ou couleur chair.

Fig., Juger, parler d'une chose comme un aveugle des couleurs. Voyez AVEUGLE.

Fig. et fam., Voir tout couleur de rose, Voir tout en beau. On dit dans le même sens Tout lui paraît couleur de rose. Il n'a que des pensées couleur de rose.

Fig. et fam., En faire voir à quelqu'un de toutes les couleurs, Abreuver quelqu'un de mauvais procédés, de tromperies, d'humiliations.

On ne connaît pas la couleur de son argent, Il ne paie pas ses dettes. On dit dans un sens analogue Je ne connais pas la couleur de ses paroles, Je ne l'ai jamais entendu rien dire.

Les hommes de couleur, Les mulâtres, les hommes provenant du mélange de la race blanche et de la race noire.

En termes de Physique, Couleurs complémentaires. Voyez COMPLÉMENTAIRE.

Les couleurs du drapeau, Les couleurs adoptées par chaque nation comme marque distinctive et reproduites sur le drapeau. On dit de même Les couleurs nationales. Spécialement, Les couleurs françaises.

Dans la Marine, Les couleurs, Les pavillons. Hisser les couleurs.

En termes de Blason, il se dit des Cinq couleurs, azur, gueules, sinople, sable et pourpre. Couleur sur métal. Métal sur couleur.

Il se dit encore, en parlant d'Étoffes et d'habits, pour désigner Toute autre couleur que le noir, le gris, le blanc, etc. Le deuil de cette femme est trop récent pour qu'elle reprenne les robes de couleur.

Renoncer à la couleur, Ne plus porter que le noir, ou d'autres couleurs peu éclatantes.

En langage de Courses, Porter les couleurs d'une écurie.

Porter les couleurs d'une dame, Porter dans son ajustement des couleurs semblables à celles que cette dame affectionne le plus ; et, figurément, Se mettre au rang de ses adorateurs.

Couleurs symboliques, couleurs théologales, Couleurs adoptées par l'Église pour les ornements liturgiques.

Il se prend aussi particulièrement pour le Teint, la couleur du visage. Couleur vermeille. Couleur pâle, blême. Couleur plombée, livide olivâtre, brune. Il est haut en couleur. Il se porte bien, la couleur lui est revenue. Il a repris ses couleurs. Cette personne a de belles couleurs. Elle n'a pas de couleurs.

Il se dit également des Altérations subites qu'éprouve la couleur du visage par l'effet de quelque douleur ou de quelque émotion violente. Il entendit son arrêt sans changer de couleur. À cette nouvelle, il devint de toutes les couleurs. Elle tomba entre leurs bras, inanimée et sans couleur.

Pâles couleurs. Voyez CHLOROSE.

Il se dit aussi pour marquer l'Aspect que les viandes, le pain, les pâtisseries doivent prendre quand ces choses sont cuites comme il faut. Ce pain n'a pas de couleur. Cette croûte n'a pas assez de couleur. Ce rôti a bonne couleur.

Fig., L'affaire prend couleur, se dit d'une Affaire dont on commence à espérer un bon résultat. On dit aussi Cette affaire commence à prendre une bonne, une mauvaise couleur. On dit mieux Prendre figure, prendre une bonne, une mauvaise tournure.

En termes de jeu de Cartes, il se dit de Chacune des quatre marques appelées pique, trèfle, coeur et carreau. De quelle couleur tourne-t-il? J'ai des quatre couleurs dans mon feu. Je n'ai point de cette couleur.

Il se dit encore des Substances dont on se sert pour donner aux objets une couleur artificielle. Broyer les couleurs. Mêler les couleurs. Préparer les couleurs. Mettre un plancher, un parquet, etc., en couleur. Cette étoffe prend bien la couleur. Teindre en couleur de... Cela est trop monté en couleur. L'air mange les couleurs.

Il se dit particulièrement des Teintes employées dans un tableau ou dans quelque autre ouvrage du même genre. Appliquer, coucher les couleurs. Bien manier, bien employer les couleurs. Adoucir les couleurs. Amortir les couleurs. Ranimer les couleurs. Rehausser, relever les couleurs, l'éclat des couleurs.

Peindre à pleine couleur, Peindre avec un pinceau très chargé de couleur.

Couleurs amies, Couleurs qui s'accordent bien ensemble, dont l'union produit un agréable effet.

Couleur locale. Voyez LOCAL.

Il se prend aussi pour Coloris, en parlant d'un Tableau. Ce tableau est d'une composition défectueuse, mais il séduit le regard par la couleur.

En termes de Gravure, Cette estampe, cette gravure est d'une belle couleur, On y a l'impression des couleurs du tableau d'après lequel elle a été faite, bien que l'artiste n'y ait employé que le noir et ses diverses teintes.

Il se dit figurément du Style, des expressions considérées comme étant, pour celui qui écrit ou qui parle, ce que les couleurs sont pour le peintre. Il peignit des plus vives couleurs la détresse dans laquelle ils étaient plongés. On leur avait peint notre situation sous les plus fausses couleurs.

Il se dit particulièrement du Style lorsqu'on désigne la Qualité qui le distingue. Style sans couleur. Ce récit a de la couleur.

Il se dit aussi figurément de l'Apparence que prennent les choses selon les circonstances. Pour un esprit chagrin tout revêt de sombres couleurs. Le récit prend, vers la fin, une couleur plus tragique. L'auteur chargé de ce rôle a su lui donner une couleur nouvelle.

Il se dit particulièrement du Caractère propre à telle ou telle opinion. Ses opinions ont bien changé de couleur depuis que je ne l'ai vu. La couleur de ce journal est encore indécise. Prendre couleur.

Il se dit souvent, dans un sens plus restreint d'une Raison apparente dont on se sert pour couvrir et pallier quelque mensonge ou quelque mauvaise action, afin de persuader ce qu'on désire. Revêtir un mensonge de belles couleurs. Il sait donner une couleur plausible, une couleur spécieuse à ce qu'il dit, à ce qu'il fait de plus mal. On dit dans le même sens Donner des couleurs, Alléguer des prétextes invoquer de mauvaises raisons.

SOUS COULEUR DE, loc. prép. Avec l'apparence de. Il l'a trompé sous couleur d'amitié. Il s'est rendu maître de l'affaire sous couleur de le servir.


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