ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"673"> du pays pour en avoir forcé quelques - unes: ou bien comme ledit M. le comte de Beausobre dans la deuxieme partie de son commentaire sur Enée le tacticien, que la tactique, la fortification particuliere d'une place, & la fortification générale d'une frontiere, sont dans la même analogie. Ces principes, quoique assez exactement vrais en eux - mémes, n'en souffrent pas moins de difficultés dans la pratique. Il y a tant de circonstances particulieres à examiner & à combiner pour les appliquer judicieusement, qu'on ne peut guere présumer d'y réussir parfaitement. Si l'on ajoute à cela les changemens que la guerre occasionne dans les frontieres & dans les interêts particuliers des princes, on verra qu'il est presque impossible de parvenir & de déterminer exactement le nombre & la nature des places fortes qui doivent faire la barriere des grands états. On peut voir ce que M. de Beausobre dit sur ce sujet, dans l'ouvrage que nous venons de citer, & la maniere dont il répond à cette question qu'il se fait. Combien faut - il de places fortes dans un état, & quel doit être leur distribution & leur ordonnance? (Q)

Place (Page 12:673)

Place, reconnoitre une (Art milit.) c'est en faire le tour avant que de l'assiéger, & remarquer avec soin les avantages & les defauts de son assiette & de sa fortification, afin de l'attaquer par l'endroit le plus foible. C'est un soin que le général doit prendre lui - même. On ne fait point de siege, qu'on n'aille auparavant reconnoître la place. Dict. milit. (D. J.)

Place (Page 12:673)

Place, secourir une (Art. milit.) c'est faire lever le siege à une armée qui l'attaque. Le secours qu'on veut donner à une place assiégée, consiste ou en hommes, ou en munitions, ou en vivres. On proportionne la disposition du secours qu'on veut faire entrer. à la maniere qu'on desire qu'il soit, c'est - à - dire, que s'il ne s'agit que d'introduire dans la place un nombre d'hommes pour en fortifier ia garnison, ou un convoi de vivres pour en augmenter les provisions, ou l'un & l'autre tout ensemble; on tâche de le faire avant que les lignes de circonvallation soient parfaites. Les difficultés qu'elles opposent sont très - difficiles à surmonter; elles ne sont cependant pas impossibles à vaincre, mais on ne peut donner des regles certaines sur cela. Il faut de nécessité que ce soit la disposition des lieux, & celle de l'ennemi qui en décident.

Celui qui conduit l'entreprise s'instruit si bien de ses dispositions, qu'il n'est pas besoin d'autre guide que de lui - même. Si ce sont des troupes qu'on veut jetter dans une place, il faut qu'il se souvienne que c'est de l'infanterie qui y est nécessaire, & non pas de la cavalerie. Les cavaliers qui sont chargés d'introduire de la poudre dans une place, ont soin de les mettre dans des sacs de cuir, de peur que la poudre, si on la mettoit dans sacs de toile. ne se répande le long du chemin.

La meilleure maniere de secou ir les places, est d'y aller avec une bonne armée, pour combattre celle de l'assiégeant, de quelque maniere qu'elle soit portée, afin de la contraindre de lever le siege. Si dans cette occasion il y a une armée d'observation, ou si celle qui assiege sort des lignes pour venir au - devant pendant l'action, pourvu que l'occasion se présente de jetter des troupes ou d'autres secours dans la place, il en faut profiter à cause du succès incertain de l'entreprise. Cette action doit être concertée avec le gouverneur par le moyen des espions, afin que pendant son cours, il fasse de son côté des efforts pour donner tout ce qu'il a besoin pour faire une vigoureuse résistance.

Mais si l'ennemi ne sort point de ses retranchemens, & qu'il faille l'y forcer, un genéral a deux partis à prendre. Le premier est d'attaquer en lignes déployées unepartie de la circonyallation, separée de l'autre par quelque riviere, ruisseau ou autre défilé, afin de n'avoir pas toutes les forces de l'ennemi à combattre; ces corps ne manquent pas de profiter de leur absence pour pénétrer dans les lignes, & pousser, s'il est posssible, jusqu'aux tranchées, ou du moins faire une puissante diversion. Le second parti est d'attaquer le retranchement par têtes de colonnes; on les forme en divers endroits. Dans ce cas on choisit les plus foibles, d'où on puisse le plus aisément pénétrer jusqu'à la place.

Quelques mesures que l'assiégeant prenne, il ne lui est guère possible d'en prendre d'assez justes, pour s'opposer à ces sortes d'attaques; car en faisant une disposition semblable, en opposant colonne contre colonne, il ne le peut sans être obligé de dégarnir presqu entierement le derriere de ses parapets, & sans s'exposer à être emporté par ces endroits. Il est infiniment plus aisé à l'assaillant de donner le change, qu'il ne lui est facile de s'en garantir. (D. J.)

Places publiques de Rome (Page 12:673)

Places publiques de Rome, (Antiquités de Rome.) les Grecs & les Romains se sont distingués par leurs places publiques, monumens à jamais célebres de leur magnificence & de leur goût pour les arts.

Les places publiques chez les Grecs étoient quarrées, & avoient tout - autour de doubles & amples portiques, dont les colonnes étoient serrées, & soutenoient des architraves de pierre ou de marbre, avec des galeries en haut; mais cela ne se pratiquoit point en Italie, parce que l'ancienne coutume étant de faire voir au peuple les combats de gladiateurs dans ces places, il falloit pour de tels spectacles, qu'elles eussent tout - autour des entre - colonnes plus larges; & que sous les portiques, les boutiques des changeurs & les balcons au - dessus, eussent l'espace nécessaire pour faire le trafic, & pour la recette des deniers publics.

Il y avoit à Rome 17 places publiques nommées fora; mais il y avoit 3 places publiques principales où les Romains rendoient la justice: 1°. la place romaine, forum romanum, qui étoit la plus ancienne & la plus fameuse de toutes, & dans laquelle étoient les rostres: 2°. la place de César, forum Julii Casaris: 3°. la place d'Auguste, forum Augusti. Ces deux dernieres ne furent ajoutées que pour servir de supplément à la place romaine, à cause du grand nombre de plaideurs & de procès, comme dit Suétone.

Ces trois places étoient destinées aux assemblées du peuple, aux harangues, & à l'administration de la justice. A ces trois places, on en ajouta encore deux autres; l'une fut commencée par Domitien, & achevée par l'empereur Nerva, qui, de son nom, fut appellée forum divi Nervoe; & l'autre fut bâtie par Trajan, & nommée de son nom, forum Trajani. Disons un mot de toutes ces fameuses places.

La place romaine, située entre le mont Palatin & le Capitole, comprenoit tout cet espace qui s'étendoit depuis l'arc de Septimus Severus, jusqu'au temple de Jupiter Stator. Du tems de Romulus, ce n'étoit qu'une simple place sans édifices & sans ornemens. Tullus Hostilius fut le premier qui l'environna de galeries & de boutiques. Après lui ses successeurs, ensuite les consuls & les autres magistrats l'embellirent tellement, que dans le tems de la république florissante, c'étoit une des plus belles places du monde: elle étoit entourée d'édifices magnifiques, avec des galeries soutenues de colonnes, & s'étendoit alors depuis le pié du mont Capitolin où étoit l'arc de Septimus, jusqu'à l'arc de Titus; & depuis le bas du mont Palatin, jusqu'à la voie sacrée.

Ses principales parties étoient le lieu appellé comitium, le comice, où le peuple s'assembloit pour les affaires publiques. Les édiles & les préteurs y donnoient souvent des jeux pour divertir le peuple. Marcelius, fils d'Octavie, soeur d'Auguste, dont Virgile [p. 674] a fait un si bel éloge, le fit couvrir de toile l'année de son édilité pour la commodité des plaideurs, ut salubrius litigantes consisterent, pour me servir des termes de Pline; Caton le censeur disoit au contraire, qu'il le falloit faire paver de pierres pointues, afin que les plaideurs n'y allassent pas si souvent, & qu'en y perdant patience, ils perdissent aussi l'envie de plaider. Dans ce lieu du comice ou de l'assemblée, il y avoit quatre basiliques, celle de Paulus, l'Opimia, où le sénat s'assembloit, la Julia, qui fut bâtie par Vitruve, & la Portia par Portius Caton.

A l'un des coins de cette place, au pié de la roche Tarpéienne, étoit cette grande & affreuse prison que fit faire Ancus Martius, & que Servius Tullius augmenta depuis de plusieurs cachots, d'où vient qu'on l'appella Tullianum. A l'entrée de la place, ou, comme dit Tacite, près du temple de Saturne, étoit la célebre colonne appellée milliarium aureum, d'où l'on commençoit les mesures des distances des milles d'Italie. Il y avoit aussi une galerie, ou comme un pont de marbre, que fit faire l'empereur Caligula, pour aller & venir du mont Palatin au capitole par la place romaine. Elle étoit soutenue par quatre vingt grosses colonnes de marbre blanc. La vieille place romaine est appellée aujourd'hui campo vacino, &c.

La place de César, étoit celle dont Jules César fit l'acquisition pour l'embellissement de Rome, & pour servir aux assemblées du peuple, il l'acheta cent millions de sesterces, qui valoient, selon le calcul de Budé en argent de France de son tems deux millions cinq cens mille écus, & Jules - César dépensa deux cent cinquante mille écus pour la faire paver. Ce dictateur y fit bâtir la basilique Julienne, & y fit dresser sa statue sur un cheval de bronze.

La place d'Auguste à Rome fut l'ouvrage de cet empereur, parce que l'ancienne place romaine, & celle de Jules - César réunies, ne suffisoient pas pour toutes les assemblées publiques. On s'y rendoic pour déliberer de la guerre ou de la paix, & du triomphe que l'on accordoit aux vainqueurs, lesquels y apportoient les enseignes & les trophées de leurs victoires. Le temple de Mars étoit dans cette place, & l'on y faisoit quelquefois des courses à cheval, & des jeux publics. On y voyoit une magnifique statue d'albâtre, qui représentoit Auguste, avec les statues de tous ceux qui avoient triomphé. Il y avoit aussi deux tableaux de la main d'Apelle, dont l'un représentoit Castor & Pollux, & l'autre les victoires d'Alexandre le Grand, monté sur un char de triomphe. Cette place d'Auguste étoit près de la place romaine, & voisine du Tibre, qui s'y déborda du tems de cet empereur.

La place de Nerva, à côté de celle d'Auguste, commencée par l'empereur Domitien, fut achevée & embellie par Nerva son successeur. Elle étoit ornée de plusieurs statues, & de colonnes de bronze d'une hauteur extraordinaire, couvertes de bande de cuivre. Il y avoit près de - là un palais magnifique, avec un superbe portique, dont il reste encore quelques débris.

La place de Trajan, est celle que cet empereur fit bâtir entre la place de Nerva, le capitole & le mont Quirinal. Tout y étoit de la derniere magnificence. On y voyoit un superbe portique soutenu d'un grand nombre de colonnes, dont la hauteur & la structure donnoient de l'admiration. Tout cela étoit accompagné d'un arc triomphal, orné de figures de marbre, avec la statue du cheval de Trajan, qui étoit élevée sur un superbe piédestal. Au milieu de la place, étoit la colonne de Trajan. Voyez Colonne Trajane. (D. J.)

Place du change (Page 12:674)

Place du change, ou place commune des Marchands; c'est un lieu public établi dans les villes de négoce, où les marchands, négocians, banquiers, courtiers ou agens de change, & autres personnes qui se mêlent du commerce des lettres & billets de change, ou qui font valoir leur argent, se trouvent à certains jours de la semaine pour y parler & traiter des affaires de leur commerce, & savoir le cours du change. Voyez Change.

A Parison dit simplement la place, elle est située dans la cour du palais sous la galerie dauphine. A Lyon on la nomme aussi la place ou la place du change; à Toulouse, à Londres, à Amstèrdam, & presque dans tous les pays étrangers, la bourse. Voyez Bourse.

Faire des traites & remises de place en place, c'est faire tenir de l'argent d'une ville à une autre par le moyen des lettres - de - change, moyennant un certain droit qui se regle suivant que le change est plus ou moins haut. Voyez Remise.

Quelquefois le mot de place se prend pour tout le corps des marchands & négocians d'une ville. On dit en ce sens que la place de Lyon est la plus considerable & la plus riche de France, pour dire qu'il n'y a point dans le royaume de banquiers & de marchands plus riches ni plus accrédités que ceux de Lyon.

On dit en termes de commerces: c'est demain jour de place. Je vais à la place. Il y a peu d'argent sur la place. L'argent de la place est à tant. Le change est haussé ou baissé sur la place, &c. Dans toutes ces expressions le nom de place ne signifie que le concours & l'assemblée des marchands qui négocient ensemble. Diction. de comm. tom. III. p. 865.

Place; on appelle encore ainsi en terme de commerce de mer, certains endroits destinés dans les ports de mer. Les bâtimens marchands, suivant les ordonnances de marine, ne doivent point être mêlés ni engagés avec les vaisseaux de roi, & avoir déchargé leurs poudres & autres marchandises combustibles, avant que de pouvoir prendre leurs places dans le port. Idem. Ibid.

Place est encore un lieu public, dans lequel se tiennent les foires ou marchés où les marchands ont leurs échopes ou petites boutiques pour étaler leurs marchandises, quelquefois sans payer aucun droit, & le plus souvent en le payant au roi ou aux seigneurs.

Place se dit aussi du lieu que les maîtres de quelques communautés des arts & métiers de Paris ont droit d'avoir aux halles pour y étaler leurs marchandises les jours de marché, la place des Potiers de terre, &c.

Place s'entend aussi des endroits où les vendeurs d'images & les petits merciers étalent leurs marchandises, comme sont à Paris le cimetiere des SS. Innocens, les murs des églises & des grands hôtels. Dict. de comm.

Place (Page 12:674)

Place, terme de Cloutier; c'est un ustensile de fer enfoncé par le pié dans un gros bloc de bois, qui sert comme d'établi au cloutier pour fabriquer ses cloux. Cet ustencile est une espece d'enclume plus plate que quarrée, plus large par en - haut que par en - bas, dont la surface supérieure est unie & quarrée d'un côté, & alongée de l'autre; c'est sur cet instrument que les ouvriers forgent & amenuisent leur baguette de fer pour en former les cloux; il sert aussi pour appuyer la clouillere. Voyez les Planches du Cloutier.

Place (Page 12:674)

Place, (Maréchal.) on appelle ainsi l'espace qui est entre deux poteaux dans une écurie, lequel est destiné pour y attacher & loger un cheval. Place s'entend dans quelques occasions pour le manege, comme quand le maître dit à l'écolier qui est à cheval de venir par le milieu de la place; d'arrêter au milieu de la place; il entend par cette expression le milieu du manege.

Places (Page 12:674)

Places, tirer les, au médiateur, se dit d'une cérémonie de politesse qui sert de preuve à la bonne - soi

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