ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"675"> des joueurs en se plaçant où le sort l'a décidé. On prend pour cela quatre cartes dans un jeu; savoir, un roi, une dame, un valet & un as, que l'on présente aux joueurs pour leur en faire prendre une à chacun. Celui qui a tiré le roi se place où il veut, la dame après lui, le valet ensuite, & l'as au - dessus, pour lui donner la main.

Places (Page 12:675)

Places, tirer les, au jeu de quadtille; c'est voir au sort où chaque joueur doit se placer, ce qui se fait pour éviter toutes supercheries, & de la maniere suivante: on prend d'abord quatre cartes, une de chaque couleur, que l'on met à découvert à chaque place de la table, puis on en prend encore une de chaque couleur, que l'on mêle & que l'on présente, la couleur cachée, à chacun des joueurs, qui doit en prendre une & se placer à la couleur qui répond à cette carte prise.

PLACE, bien (Page 12:675)

PLACE, bien ou mal, à cheval, se dit d'un cavalier, selon qu'il est dans une belle ou mauvaise situation à cheval.

PLACEL (Page 12:675)

PLACEL, s. m. (Marine.) c'est ainsi qu'on appelle, dans la mer du Sud, un fond également élevé, sur lequel la mer change de couleur, & paroît plus unie qu'ailleurs.

PLACENTA ou ARRIERE - FAIX (Page 12:675)

PLACENTA ou ARRIERE - FAIX, (Anat.) c'est une masse ronde & mollette que l'on trouve dans la matrice d'une femme grosse, où les anciens croy oient que le sang étoit purifié & préparé pour la nourriture du stus. Voyez nos Pl. d'Anat. & leur explic. Voyez aussi Ftus

C'est pourquoi on l'appelle encore hepar uterinum, le foie de la matrice, comme s'il faisoit l'office d'un foie dans la préparation du sang. Voyez Foie. Les modernes l'appellent placenta, c'est - à - dire, gateau ou tourteau de la matrice, à cause qu'il a une forme de tourteau.

Quelques - uns croient que le placenta n'est qu'une masse de sang coagulé, parce qu'il se dissout quand on le presse ou quand on le lave; & que son véritable usage consiste à servir d'oreiller aux vaisseaux ombilicaux qui posent dessus. Voyez Ombilical.

Sa figure est assez semblable à celle d'une assiette sans rebord: son diametre est de huit pouces environ, & quelquefois un pié. Il est rond & généralement concave ou convexe. Le côté concave est adhérent à l'uterus, & il est inégal, ayant différentes protubérances & différentes cavités, au moyen desquels il fait des impressions sur l'uterus, qui en fait réciproquement sur le placenta. Quoi qu'en disent quelques-uns, sa place dans l'uterus n'est pas fixe ou certaine.

Les femmes n'ont qu'un placenta, à moins qu'elles n'accouchent d'enfans jumeaux, &c. cependant, en général, le nombre des placenta répond à celui des ftus. Dans quelques brutes, particulierement dans les vaches & dans les brebis, le nombre en est fort grand: il y en a quelquefois près d'un cent pour un seul ftus, mais ils sont petits, & ressemblent à des glandes conglomérées d'une grosseur moyenne.

Du côté extérieur ou convexe, qui a pareillement ses protubérances, quoique recouvertes d'une membrane fort unie, sortent les vaisseaux ombilicaux, qui se distribuent en grande abondance dans toute la substance du placenta.

Il y en a même qui s'imaginent que cette partie n'est qu'un plexus de veines & d'arteres, dont les extrémités s'abouchent dans celles des vaisseaux hypogastiques, forment & entretiennent la circulation entre la mere & le ftus; car ce côté du placenta, qui est adhérent à la matrice, paroît n'être autre chose que les extrémités d'un nombre infini de petits filets, lesquels, dans le tems du travail, s'échapent des pores qui sont dans les côtés des vaisseaux sanguins hypogastriques, où ils s'étoient insinués, occasionnent l'écoulement des menstrues, jusqu'à ce que les par<cb-> ties de l'uterus se rapprochent, ou que les pores se contractent par degrés, à cause de l'élasticité naturelle des vaisseaux. Voyez Menstrue, Circulation, &c.

Les Anatomistes de l'acad. roy. des Sciences de Paris ont eu de grandes contestations sur la question de savoir si le placenta a quelque tunique extérieure, par laquelle il soit attaché à la matrice. M. Mery soutient qu'il n'y en a point, & que rien n'empêche le sang de la mere de passer de la matrice dans le placenta, & de - là au ftus; M. Rohault tient aussi pour cette opinion; mais M M. Vieussens & Winslow soutiennent le contraire. Dans un autre mémoire M. Rohault tâche de faire voir que le placenta n'est pas une partie particuliere, mais seulement une portion du chorion condensé ou épaissi. Voyez Chorion.

Placenta (Page 12:675)

Placenta, maladie du, (Medec.) on connoît la structure du placenta, c'est une masse presque charnue, d'une figure orbiculaire, applatie, composée de ramifications des arteres & des veines ombilicales; le placenta n'est jamais double, si ce n'est dans les jumeaux; il est attaché ordinairement au fond de la matrice, par une légere peau interposée, d'où part un cordon dans l'endroit où elle est couverte d'une membrane tenace, toute vasculeuse, attachée par une toile cellulaire, & par des fibres entrelacées les unes dans les autres. Le placenta est doué d'une action particuliere, qui cesse au moment de l'accouchement; mais après cette opération, il doit être séparé de la matrice, & tiré dehors.

Si avant le tems on détache cette partie de la matrice, il en résulte un avortement inévitable, & souvent une hémorrhagie mortelle pour la mere & l'enfant, quand pour tirer le placenta il faut avoir recours à la main. Cette séparation se fait d'elle - même, lorsqu'il y a beaucoup de sang, ou qu'il coule rapidement dans les vaisseaux; lorsqu'il arrive quelque mouvement déreglé dans la matrice, que le ftus vient à regimber, que le cordon ombilical est court, ou que son action cesse trop tôt.

Après l'exclusion du ftus, le placenta, qui reste adhérent à la matrice, s'en détache par les mouvemens des fibres de ce viscere, & par la force de la circulation qui y subsiste; on favorise ce détachement par les frictions sur le ventre, & en tirant doucement le cordon ombilical; si cette manoeuvre ne réussit point, les auteurs conseillent de séparer le placenta de la matrice, en glissant doucement la main auprès du cordon; car en le touchant trop fortement on renverseroit la matrice: mais si les vuidanges ne suivent point, il faut plutôt le laisser jusqu'à ce qu'il vienne de lui - même, en soutenant aussi le ventre.

Si le placenta est adhérent, & qu'il ait encore un mouvement vital, il faut attendre jusqu'à ce qu'il se sépare de lui - même. Quand il y a une portion séparée du placenta, ou qu'il est rompu (ce qu'on connoît par des lochies plus abondantes), il convient de favoriser sa sortie en y mettant la main. Si le placenta est retenu par le resserrement de l'ouverture de la matrice, il est plus à - propos d'attendre que la construction produite par l'irritation, vienne à cesser d'échauffer la partie par de douces fomentations, & de soutenir le ventre, que d'employer la force pour venir à - bout de l'arracher; car dans la contraction des muscles abdominaux, le placenta sortira librement avec les grumeaux formés par le sang amassé dans cette partie. Ce sont là du moins les conseils de Deventer, homme profondément versé dans l'art des accouchemens. (D. J.)

Placenta (Page 12:675)

Placenta, (Botan.) l'analogie qu'on a cru remarquer entre les animaux & les plantes a introduit ce terme en botanique, pour désigner un corps qui se trouve placé entre les semences & leur enveloppe, [p. 676] & qui sert à préparer leur nourriture. Ce corps est différent du cordon qui porte la nourriture à ces mêmes semences. (D. J.)

PLACENTÆ (Page 12:676)

PLACENTÆ, (Hist. nat.) nom donné par quelques auteurs à des échinites ou oursins applatis & en forme de gâteaux pétrifiés.

PLACENTIA (Page 12:676)

PLACENTIA, (Géog. anc.) ville d'Italie dans la Gaule cisalpine, sur la rive méridionale du Pô. Elle fut bâtie, ainsi que Crémone, à la nouvelle qu'on eut qu'Annibal avoit passé l'Ebre, & se préparoit à porter ses armes en Italie. Tite - Live & Velleius - Paterculus lui donnent dès - lors le titre de colonie romaine. Dans la suite, comme tant d'autres villes, elle eut le titre de municipe. Elle étoit recommandable par ses richesses; c'est aujour d'hui la ville de Plaisance. Placentia étoit une ville d'Espagne qui a conservé son nom, & qui est située au royaume de Castille; elle s'appelle en effet Plasencia. (D. J.)

PLACER, POSER, METTRE (Page 12:676)

PLACER, POSER, METTRE, (Synon.) mettre a un sens plus général; poser & placer en ont un plus restraint; mais poser, c'est mettre avec justesse dans le sens & de la maniere dont les choses doivent être mises; placer, c'est le mettre avec ordre dans le rang & dans le lieu qui leur conviennent. Pour bien poser, il faut de l'adresse dans la main; pour bien placer, il faut du goût & de la science: on met des colonnes pour soutenir un édifice; on les pose sur des bases; on les place avec symmétrie. Girard.

Ce verbe placer a autant d'acceptions différentes que le nom place. Voyez l'article Place.

Placer (Page 12:676)

Placer, mettre une chose en sa place, la ranger, un marchand doit placer ses marchandises avec ordre, ensorte qu'il les trouve aisément sous sa main.

Placer son argent, c'est l'employer à quelque chose, & quelquefois le mettre à profit. J'ai placé mon argent à la grosse aventure, & sur tel vaisseau. J'ai placé vingt mille francs à 7 ½ pour cent d'intérêt. Voyez Grosse aventure & Intért

Placer un jeune homme, en termes de Commerce, c'est le mettre en apprentissage. Une boutique bien placée est une boutique bien exposée à la vûe des chalands qui est dans un quartier de grand débit. On dit aussi dans le même sens un marchand bien placé. Diction. de commerce.

Placer pointe pointe (Page 12:676)

Placer pointe pointe, en terme d'Epinglier, c'est mettre toutes les pointes du même côté, afin que l'enfileur ne se trompe point de bout. On appelle aussi cette opération détourner.

Placer bien sa tête (Page 12:676)

Placer bien sa tête, (Maréchal.) se dit du cheval lorsqu'il ne leve ni ne baisse trop le nez. La placer mal arrive lorsque le cheval avance trop le bout du nez, ou qu'il l'approche trop du poitrail. Placer à cheval se dit du maìtre quand il enseigne à l'écolier l'attitude qu'il veut qu'il tienne à cheval. Se placer ou être placé à cheval, c'est y être dans une belle & bonne attitude.

PLACET (Page 12:676)

PLACET, s. m. (Histoire.) ces sortes de requêtes, de supplications faites par écrit que l'on présente au roi, aux grands seigneurs & aux juges sont appellés placets, parce qu'ils commencent toujours plaise à votre majesté, plaise, & c. les Latins les nomment elogia.

Comme je ne connois point dans toute l'histoire de placet plus simple, plus noble, &, selon toutes les apparences, plus juste que celui d'Anne de Boulen à Henri VIII. son époux, & qu'on conserve encore écrit de la propre main de cette reine dans la bibliotheque Cotton, je crois devoir le rapporter ici.

Il est presque inutile de rappeller aux lecteurs le jugement de cette princesse par des commissaires, sa fin tragique sur un échaffaut, & ce que l'histoire manifeste, qu'on lui fit plutôt son procès par les ordres expres du roi, alors amoureux de Jeanne Seymour, que pour aucun crime qu'elle eût commis. Aussi son placet respire l'innocence, la grandeur d'ame & les justes plaintes d'une amante méprisée, Shakespear n'auroit pu lui prêter un style si conforme à son caractere & à son état. Sa douleur éloquente & profonde est pleine de traits plus pathétiques que ceux dont la plus belle imagination pourroit se parer. Voici donc de quelle maniere s'exprimoit cette mere infortunée de la célebre Elisabeth:

« Sire, le mécontentement de votre grandeur & mon emprisonnement me paroissent des choses si étranges, que je ne sai ni ce que je dois écrire, ni sur quoi je dois m'excuser. Vous m'avez envoy é dire par un homme que vous savez être mon ennemi déclaré depuis long - tems, que pour obtenir votre faveur je dois reconnoître une certaine vérité. Il n'eut pas plutôt fait son message que je m'apperçus de votre dessein; mais si, comme vous le dites, l'aveu d'une vérité peut me procurer ma délivrance, j'obéirai à vos ordres de tout mon coeur & avec une entiere soumission.

Que votre grandeur ne s'imagine pas que votre pauvre femme puisse jamais être amenée à reconnoître une faute dont la seule pensée ne lui est pas venue dans l'esprit: jamais prince n'a eu une femme plus fidelle à tous ses devoirs, & plus remplie d'une tendresse sincere que celle que vous avez trouvée en la personne d'Anne de Boulen, qui auroit pu se contenter de ce nom & de son état, s'il avoit plû à Dieu & à votre grandeur de l'y laisser. Mais au milieu de mon élévation & de la royauté - où vous m'avez admise, je ne me suis jamais oubliée au point de ne pas craindre quelque revers pareil à celui qui m'arrive aujour d'hui. Comme cette élévation n'avoit pas un fondement plus solide que le goût passager que vous avez eu pour moi, je ne doutois pas que la moindre altération dans les traits qui l'ont fait naître ne fût capable de vous faire tourner vers quelque autre objet.

Vous m'avez tirée d'un rang inférieur pour m'élever à la royauté & à l'auguste rang de votre compagne. Cette grandeur étoit fort au - dessus de mon peu de mérite, ainsi que de mes desirs. Cependant si vous m'avez crue digne de cet honneur, ne soufrez pas, grand prince, qu'une inconstance injuste, ou que les mauvais conseils de mes ennemis me privent de votre faveur royale. Ne permettez pas qu'une tache aussi noire & aussi indigne que celle de vous avoir été infidelle, ternisse la réputation de votre femme & celle de la jeune princesse votre fille.

Ordonnez donc, ô mon roi, que l'on instruise mon procès; mais que l'on y observe les lois de la justice, & ne permettez point que mes ennemis jurés soient mes accusateurs & mes juges. Ordonnez même que mon procès me soit fait en public; ma fidélité ne craint point d'être flétrie par la honte; vous verrez mon innocence justifiée, vos soupçons levés, votre esprit satisfait, & la calomnie réduite au silence, ou mon crime paroîtra aux yeux de tout le monde. Ainsi, quoi qu'il plaise à Dieu ou à vous d'ordonner de moi, votr grandeur peut se garantir de la censure publique, & mon crime étant prouvé en justice, vous serez en liberté devant Dieu & devant les hommes, non - seulement de me punir comme une épouse infidelle, mais encore de suivre l'inclination que vous avez fixée sur cette personne qui est la cause du malheureux état où je me vois réduite, & que j'aurois pu vous nommer il y a long - tems, puisque votre grandeur n'ignore pas jusqu'où alloient mes soupçons à cet égard.

Enfin si vous avez résolu de me perdre, & que ma mort fondée sur une infâme calomnie vous doive mettre en possession du bonheur que vous

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