ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"593"> prochant dans des cafés à Londres. Auguste avoit une de ces chaises, où il s'établissoit souvent après souper, pour travailler; Suétone l'appelle lecticulam lucubratoriam.

La sella étoit moins élevée que la lectica, & ne pouvoit contenir qu'une personne assise.

2°. Lectica signifioit encore le cercueil dans lequel on portoit les morts au bucher. On les plaçoit sur ce brancard, habillés d'une maniere convenable à leur sexe & à leur rang: on en trouvera la preuve dans Denys d'Halicarnasse, dans Cornelius Nepos & autres historiens. Voyez aussi Kirchman, de suneribus Romanorum.

Il est vraissemblable que lectica est dérivé de lectus, un lit, parce qu'il y avoit dans la litiere un coussin & un matelas comme à un lit.

L'invention de cette voiture portative par des hommes ou par des bêtes, venoit des rois de Bithynie; mais l'usage de ces voitures prit une telle faveur à Rome, que sous Tibere, les esclaves se faisoient porter en litiere par d'autres esclaves inférieurs. Enfin, cette mode s'abolit sous Alexandre Sévere, pour faire place à celle des chars, qui s'introduisit jusques chez les gens du menu peuple de Rome, à qui l'empereur permit de décorer leurs chars, & de les argenter à leur fantaisie.

Je finis d'autant mieux que le lecteur peut se dédommager de mes omissions par le traité de Scheffer, de re vehiculari in - 4°. & celui d'Arstorphius, de lectis & lecticis. in - 12. (D. J.)

Litiere (Page 9:593)

Litiere, (Maréch.) paille dénuée de grain, qu'on met sous les chevaux pour qu'ils se couchent dessus à l'écurie. Faire la litiere, c'est mettre de la litiere neuve, ou remuer la vieille avec des fourches, pour que le cheval soit couché plus mollement.

LITIERSE ou LITIERSÉS (Page 9:593)

LITIERSE ou LITIERSÉS, s. m. (Littér.) sorte de chanson en usage parmi les Grecs, & sur - tout affectée aux moissonneurs: elle fut ainsi nommée de Lytiersés, fils naturel de Midas, & roi de Celènes en Phrygie.

Pollux dit que le lytierse étoit une chanson de deuil qu'on chantoit autour de l'aire & des gerbes, pour consoler Midas de la mort de son fils, qui, selon quelques - uns, avoit été tué par Hercule. Cette chanson n'étoit donc pas une chanson grecque dans son origine. Aiussi Pollux la met - il au rang des chansons étrangeres; & il ajoute qu'elle étoit particuliere aux Phrygiens, qui avoient reçu de Lytiersez l'art de l'Agriculture. Le scholiaste de Théocrite assure que de son tems les moissonneurs de Phrygie chantoient encore les éloges de Lytiersez, comme d'un excellent moissonneur.

Si le lytierse a été dans son origine une chanson étrangere aux Grecs, qui rouloit sur les éloges d'un prince phrygien, on doit reconnoître que les moissonneurs de la Grece n'adopterent que le nom de la chanson, & qu'il y eut toujours une grande différence entre le lytierse phrygien & le lytierse grec. Ce dernier ne parloit guere ni de Lytiersez, ni de Midas, à en juger par l'idille X de Théocrite, où le poëte introduit un moissonneur, qui après avoir dit; voyez ce que c'est que la chanson du divin Lytiersez, la rapporte partagée en sept couplets, qui ne s'adressent qu'aux moissonneurs, à ceux qui battent le grain, & au laboureur qui emploie les ouvriers. Au reste cette chanson de Lytiersez passa en proverbe en Grece, pour signifier une chanson qu'on chantoit à contrecoeur & par force. Pollux, lib. lV. c. vij. Erasm. adag. chil. iij. cent. 4. adag. 75. diss. de M. de la Nause, sur les chansons anciennes. Mém. de l'acad. des Belles - Lettres, tome IX. pag. 349. & suiv.

LITIGANT (Page 9:593)

LITIGANT, adj. (Jurisprud.) est celui qui conteste en justice. On dit les parties litigantes, & on appelle collitigans ceux qui sont unis d'intérêt, & qui plaident conjointement. (A)

LITIGE (Page 9:593)

LITIGE, s. m. (Jurisprud.) signifie procès: on dit qu'un bien est en litige, lorsqu'il y a contestation à ce sujet.

Ce terme est usité sur - tout en matiere bénéficiale, pour exprimer la contestation qui est pendante entre deux contendans, pour raison d'un même bénéfice; quand l'un des deux vient à décéder pendant le litige, on adjuge à l'autre la possession du bénéfice. (A)

LITIGIEUX (Page 9:593)

LITIGIEUX, adj. (Jurisprud.) se dit de ce qui est en litige, comme un héritage, un office, un bénéfice; & on appelle droits litigieux, tous droits & actions qui ne sont pas liquides, & qui souffrent quelque difficulté. Voyez Droits litigieux. (A)

LITISPENDANCE (Page 9:593)

LITISPENDANCE, s. f. (Jurisprud.) c'est quand il y a procès pendant & indécis avec quelqu'un.

La litispendance est un moyen d'évocation, c'est - à - dire que quand on est déja en procès avec quelqu'un dans une jurisdiction, on peut évoquer une demande qui est formée devant un autre juge, si cette demande est connexe avec le premier procès.

Pour que la litispendance puisse autoriser l'évocation, il faut que ce soit entre les mêmes personnes, pour le même objet, & en vertu de la même cause.

Les déclinatoires proposés pour cause de litispendance, doivent être jugés sommairement à l'audience, suivant l'article 3. du tit. 6. de l'ordonnance de 1667. (A)

LITOMANCIE (Page 9:593)

LITOMANCIE, s. f. (Divinat.) espece de divination, ainsi nommé de LITO, ce qui rend un son clair & aigre, & de MANTEIA, divination. Elle consistoit à pousser l'un contre l'autre plusieurs anneaux, dont le son plus ou moins clair ou aigu, manifestoit, disoit - on, la volonté des dieux, & formoit un présage bon ou mauvais pour l'avenir.

LITORNE (Page 9:593)

LITORNE, s. f. turdus pilaris, (Hist. nat. Ornitholog.) espece de grive, qui est un peu plus grande que la grive simplement dite. Voyez Grive. Elle a la tête, le cou, & le croupion de couleur cendrée, & le dos de couleur rousse obscure. Il y a de chaque côté de la tête une tache noire, qui s'étend depuis le bec jusqu'à l'oeil. Raii synop. avium. Voyez Oiseau.

LITOTE (Page 9:593)

LITOTE, subst. f. ou diminutions en Rhétorique, (Littér.) Harris & Chambers disent que c'est un trope par lequel on dit moins qu'on ne pense; comme lorsqu'on dit à quelqu'un à qui l'on a droit de commander: Je vous prie de faire telle ou telle chose. Le mot je vous prie, emporte une idée d'empire & d'autorité qu'il n'a pas naturellement. Voyez Diminutions. Harris cite un autre exemple, mais qui n'est pas intelligible.

Mais M. de Marsais, qui a examiné très - philosophiquement la matiere des figures, dit que « c'est un trope par lequel on se sert de mots, qui, à la lettre, paroissent affoiblir une pensée dont on sait bien que les idées accessoires feront sentir toute la force: on dit le moins par modestie ou par égard; mais on sait bien que ce moins réveillera l'idée du plus. Quand Chimène dit à Rodrigue (Cid, acte III. sc. 4.) Va, je ne te hais point, elle lui fait entendre bien plus que ces mots là ne signifient dans leur sens propre. Il en est de même de ces facons de parler: je ne puis vous louer, c'est - à - dire, je blâme votre conduite; je ne méprise pas vos présens, signifie que j'en fais beaucoup de cas... On appelle aussi cette figure exténuation; elle est opposee à l'hyperbole».

Ce que j'ai remarqué sur l'ironie (voyez Ironie) me paroît encore vrai ici. Si les tropes, felon M. du Marsais même, qui pense en cela comme tous les Rhéteurs & les Grammairiens, (part. I. art. jx) sont des figures par lesquelles on fait prendre à un mot une signification, qui n'est pas précisément la signification propre de ce mot; je ne vois pas qu'il y ait aucun trope, ni dans les exemples qu'on vient [p. 594] de voir, ni dans ceux qu'il cite encore: il n'est pas un sot, il n'est pas un poltron; Pythagore n'est pas un auteur méprisable; je ne suis pas si difforme. Chaque mot y conserve sa signification propre; & la seule chose qu'il y ait de remarquable dans ces locutions, c'est qu'elles ne disent pas tout ce que l'on pense, mais les circonstances l'indiquent si bien, qu'on est sûr d'être entendu. C'est donc en effet une figure de pensées, plutôt qu'une figure de mots, plutôt qu'un trope.

Le P. Lami, de l'Oratoire, dit dans sa rhétorique (liv. II. ch. iij.), que l'on peut rapporter à cette figure les manieres extraordinaires de représenter la bassesse d'une chose, comme quand on lit dans Isaïe, (xl. 12.) Quis mensus est pugilio aquas, & coelos palma ponderavit? Quis apprendit tribus digitis molem terroe, & libravit in pondere montes, & colles in statera? Et plus bas lorsqu'il parle de la grandeur de Dieu (22): Qui sedet super gyrum terroe, & habitatores ejus sunt quasi locustoe; qui extendit sicut nihilum coelos, & expandit eos sicut tabernaculum ad inhabitandum. J'avoue que je ne vois rien ici qui indique une pensée mise au - dessous de sa valeur, de propos délibéré, & par modestie ou par égard; si elle y est au - dessous de la vérité, c'est que la vérité dans cette matiere est d'une hauteur inaccessible à nos foibles regards.

LITRE (Page 9:594)

LITRE, s. f. ou ceinture funebre, (Jurisprud.) est un lé de velours noir, sur lequel on pose les écussons des armes des princes & autres seigneurs lors de leurs obseques.

On entend aussi par le terme de litre une bande noire, peinte en forme de lé de velours sur les murs d'une église en dedans & en dehors, sur laquelle on peint les armoiries des patrons & des seigneurs hautsjusticiers après leur décès.

Le terme de litre vient du latin litura, à cause que l'on noircit la muraille de l'église.

On l'appelle aussi ceinture funebre, parce qu'elle ne s'appose qu'après le décès des personnes qui sont en droit d'en avoir.

Le droit de litre est un des principaux droits honorifiques, ou grands honneurs de l'église, & en conséquence il n'appartient qu'aux patrons & aux seigneurs hauts - justiciers du lieu où l'église est bâtie.

L'usage des litres n'a commencé que depuis que les armoiries sont devenues héréditaires. Il a d'abord été introduit en l'honneur des patrons seulement; & a été ensuite étendu aux seigneurs hauts - justiciers.

Le patron a droit de litre, quoiqu'il n'ait ni le fief, ni la justice sur le terrein où est l'église, parce que le seigneur en lui permettant de faire bâtir une église en son territoire, est censé avoir consenti que le patron eût les premiers honneurs, à moins qu'il ne se les soit expressément reservés. Le patron ecclésiastique ne peut pas mettre ses armes de famille sur sa litre, il doit y mettre celles de son église.

Le seigneur haut - justicier a aussi droit de litre à ses armes. La coutume de Tours, article 60, & celle de Lodunois c. v. art. ij. en contiennent une disposition expresse. Dans l'église la litre du patron est au - dessus de la sienne; au - dehors de l'église, c'est celle du seigneur qui est au - dessus de celle du patron.

Les moyens & bas - justiciers n'ont point de litre, à moins qu'ils ne soient fondés en titre ou possession immémoriale.

Le droit de litre est tantôt personnel & tantôt réel. Il est personnel à l'égard du patron ou fondateur, & comme tel il passe à l'aîné de la famille; mais quand le patronage est attaché à une glebe, le droit de litre suit la glebe comme le patronage. Quant au haut-justicier, il n'a jamais le droit de litre qu'à cause de sa haute - justice.

Pour avoir droit de litre comme seigneur haut-justicier, il faut être propriétaire, c'est pourquoi les usufruitiers, les douairieres & les seigneurs engagistes, n'ont pas ce droit.

La largeur ordinaire de la litre est d'un pié & demi, ou deux piés au plus. Maréchal, en son traité des droits honorifiques, dit qu'il n'y a que les princes pour lesquels on en peut mettre de plus larges, telles que de deux piés & demi: les écussons d'armoiries sont ordinairement éloignés de 12 piés les uns des autres.

Le fondateur d'une chapelle bâtie dans une aîle d'une église, dont un autre est patron ou seigneur haut - justicier, ne peut avoir de litre que dans l'intérieur de sa chapelle, & non dans le choeur, ni dans la nef, ni au - dehors de l'église. Le patron du corps de l'église peut même étendre sa litre jusques dans la chapelle fondée par un autre, & faire poser sa litre au - dessus de celle du fondateur de la chapelle. Ducange, verbo Litra, & voyez la gloss. du Droit françois au mot litre. De Roye, de jurib. honotific. l. I. c. ij. & iij. Chopin, de doman. l. III. tit. 19. n. 16. Bacquet, traité des dr. de just. c. xx. n. 26. Maréchal, des droits honorifi. c. v. Dolive, quest. l. II. c. xj. (A)

LITRON (Page 9:594)

LITRON, s. m. (Mesur.) petite mesure françoise, ronde, ordinairement de bois, dont on se sert pour mesurer les choses seches, comme grains, graines, pois, feves, & autres légumes; sel, farine, chataignes, &c. Elle contient la seizieme partie d'un boisseau de Paris.

Suivant l'ordonnance de 1670, le litron de Paris doit avoir trois pouces & demi de haut, sur trois pouces dix lignes de diametre. Le demi - litron qui est la plus petite des mesures françoises, seches, manuelles & mesurables, excepté pour le sel, doit avoir deux pouces dix lignes de haut, sur trois pouces & demi de diametre. De la Mare, traité de la pol. l. V. c. iij. & Savary. (D. J.)

LITTÉRAL (Page 9:594)

LITTÉRAL, adj (Gram.) pris à la lettre, ou dans l'exactitude rigoureuse de l'expression. Ainsi, l'écriture a un sens littéral, & un sens allégorique: un ordre a un sens littéral, ou un sens figuré.

LITTÉRAL (Page 9:594)

LITTÉRAL, adj. (Math.) les Mathématiciens modernes font un très - grand usage du calcul littéral, qui n'est autre chose que l'Algebre: on lui a donné ce nom, parce qu'on y fait usage des lettres de l'alphabet, pour le distinguer du calcul numérique, où l'on n'emploie que des chiffres. Voyez Algebre, Arithmétique, Calcul . (E)

LITTÉRATURE (Page 9:594)

LITTÉRATURE, s. f. (Sciences, Belles - Lettres, Antiq.) terme général, qui désigne l'érudition, la connoissance des Belles - Lettres & des matieres qui y ont rapport. Voyez le mot Lettres, où en faisant leur éloge on a démontré leur intime union avec les Sciences proprement dites.

Il s'agit ici d'indiquer les causes de la décadence de la Littérature, dont le goût tombe tous les jours davantage, du moins dans notre nation, & assurément nous ne nous flattons pas d'y apporter aucun remede.

Le tems est arrivé dans ce pays, où l'on ne tient pas le moindre compte d'un savant, qui pour éclaircir, ou pour corriger des passages difficiles d'auteurs de l'antiquité, un point de chronologie, une question intéressante de Géographie ou de Grammaire, fait usage de son érudition. On la traite de pédanterie, & l'on trouve par - là levéritable moyen de rebuter tous les jeunes gens qui auroient du zele & des talens pour réussir dans l'étude des humanités. Comme il n'y a point d'injure plus offensante que d'être qualifié de pédant, on se garde bien de prendre la peine d'acquérir beaucoup de littérature pour être ensuite exposé au dernier ridicule.

Il ne faut pas douter que l'une des principales raisons qui ont fait tomber les Belles - Lettres, ne con<pb->

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