ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"591"> me numéro elle ne doive faire une plaie très - dangereuse sur une vessie étroite & raccourcie? Cependant l'ouverture de l'instrument ne se mesure pas sur le plus ou le moins de capacité de la vessie: c'est le volume de la pierre qui est la regle de l'écartement qu'on donne à la lame tranchante; & malheureusement ce sont ordinairement dans des vessies étroites que se trouvent les plus grosses pierres. Enfin, pour revenir à la comparaison si défectueuse d'un compas & du lithotome, en traçant un cercle, c'est le compas lui - même qui fixe & assujettit la main; & dans le cas dela lithotomie, c'est la main qui conduit l'instrument. Le troisieme volume des mémoires de l'académie royale de Chirurgie rapporte les expériences qui ont servi à porter ce jugement du nouveau lithotome.

La lithotomie des femmes a fait l'objet de recherches particulieres qui m'ont conduit à une nouvelle méthode de leur faire l'opération: j'en parlerai au mot Taille. Je vais donner ici la description de mon lithotome, ou instrument spécialement destiné à ma méthode, qui consiste à ouvrir l'uretre par deux sections latérales.

Il a deux parties, dont l'une est le bistouri ou lithotome, voyez Pl. XV. fig. 7, & l'autre un étui ou chappe dans laquelle l'instrument tranchant est caché, ibidem, fig. 2. 5. & 6.

Le bistouri est composé d'une lame & d'une queue ou soie: la lame est longue de deux pouces & demi: les côtés sont bien tranchans, & la pointe mousse. Sa largeur est différente, suivant les différens sujets: elle est de dix lignes pour les plus grands, & de six pour les enfans. La queue ou soie a quatre pouces & demi de long, en y comprenant la piece de pouce faite en coeur ou en treffle: la tige de cette queue a une crête dans toute sa longueur à sa face supérieure.

La seconde partie de l'instrument que j'ai nommée la chappe, est faite de deux pieces jumelles qui jointes ensemble forment une caisse de la même configuration que la lame du bistouri; cette chappe est vûe de profil, fig. 6. Chacune des pieces qui la composent est terminée par un bec de deux pouces & demi de long, & s'unit en un bouton olivaire pour former conjointement une fonde ou cannule ouverte latéralement pour le passage de l'instrument tranchant. fig. 4. A l'extrémité opposée la chappe fournit, avec le concours des deux pieces, un allongement quadrangulaire long de douze à quatorze lignes, dans lequel passe la soie du lithotome; il y a une rainure en dedans de la partie supérieure pour loger la crête de la tige du lithotome, & un petit ressort au - dessous de l'avance qui tient à la plaque insérieure, pour gêner un peu cette tige, afin qu'elle ne glisse pas d'elle - même, & que le lithotome soit contenu lors même qu'on ne la soutient pas, lorsque l'incision est faite & qu'on porte les tenettes dans la vessie.

Chaque piece de la chappe a encore des particularités qui la distinguent. La piece supérieure a extérieurement sur son milieu une crête pour servir de conducteur aux tenettes, la piece supérieure, fig. 5, a dans son milieu un anneau auquel est soudé une piece de pouce, & l'on voit sur ses côtés les têtes de vis qui unissent les deux lames de la chappe. Cet instrument est d'argent, & la lame d'acier. Nous expliquerons ses avantages à l'article Taille, opération de Chirurgie. (Y)

LITHOTOMIE (Page 9:591)

LITHOTOMIE, s. f. terme de Chirurgie, opération par laquelle on tire la pierre de la vessie. Voyez l'étymologie de ce terme au mot Lithotome, & le détail des différentes manieres de pratiquer la lithotomie au mot Taille, opération de Chirurgie. (Y)

LITHOXYLON (Page 9:591)

LITHOXYLON, s. m. (Hist. nat.) nom donné par plusieurs naturalistes au bois pétrifié.

LITHROS (Page 9:591)

LITHROS, (Géog. anc.) montagne de la petite Arménie, selon Strabon, liv. XII. pag. 556. Orte<cb-> lius en a fait une ville, faute d'avoir entendu le passage de cet ancien géographe. (D. J.)

LITHUANIE (Page 9:591)

LITHUANIE, (Géog.) les Allemands nomment la Lithuanie, Lithaw; quelques écrivains du moyen âge l'appellent en latin, Lithavia, Litavia, & les habitans, Lithavi ou Litavi. Ils ont remplacé les anciens Gélons, qui faisoient partie des Scythes.

C'est un grand pays de l'Europe, autrefois indépendant, & présentement uni à la république & à la couronne de Pologne, avec titre de grand duché.

Il a environ 150 lieues de long, & 100 lieues de large; il est borné au nord par la Livonie, la Courlande, & partie de l'empire Russien; à l'orient par le même empire; au sud - est & au midi par la Russie polonoise; au couchant par les palatinats de Lublin & de Poldaquie, le royaume de Prusse, & la mer Baltique.

Hartnoch nous a donné en latin la description de ce pays si long - tems inconnu; mais son ancienne histoire est ensevelie dans la plus profonde obscurité.

Nous savons seulement en général que les ducs de Russie subjuguerent la Lithuanie dans les siecles barbares, & l'obligerent à lui payer un tribut qui consistoit en faisceaux d'herbes, en feuilles d'arbres, & en une petite quantité de chaussures faites d'écorces de tilleul. Ce tribut parut rude aux Lithuaniens, apparemment par la maniere dure dont on le levoit; car il n'étoit pas difficile à payer. Quoi qu'il en soit, leur chef Erdivil prit les armes, secoua le joug, se rendit maître d'une partie de la Russie en 1217, & exigea des Russes le même tribut que la Lithuanie leur payoit précédemment.

Ringeld, un des successeurs d'Erdivil, ayant poussé ses conquêtes dans la Prusse, dans la Mazovie, & dans la Pologne, prit le titre de grand duc de Lithuanie. Mendog qui succéda à Ringeld, marcha sur ses traces; mais à la fin les pillages continuels qu'il faisoit sur ses voisins, attirerent leur haine, & les chevaliers Teutoniques profitant des circonstances favorables, l'attaquerent si vivement, que Mendog pour sauver ses propres états, se déclara chrétien, & se mit avec son duché sous la protection d'Innocent IV. qui tenoit alors le siége de Rome.

Ce pontife qui venoit de déclarer de sa propre autorité, Haquin roi de Norwégue, en le faisant enfant légitime, de bâtard qu'il étoit, n'hésita pas de protéger Mendog, & voulant imiter en quelque maniere la grandeur de l'ancien sénat romain, il le créa roi de Lithuanie, mais roi relevant de Rome. « Nous recevons, dit - il, dans sa bulle du 15 Juillet 1251, ce nouveau royaume de Lithuanie, au droit & à la propriété de Saint Pierre, vous prenant sous notre protection, vous, votre femme, & vos enfans ».

Cependant la Lithuanie ne fut point encore un royaume, malgré l'érection du pape. Mendog même abandonna bientôt le Christianisme, & reprit la Courlande sur les chevaliers Teutoniques affoiblis. Les successeurs de Mendog maintinrent ses conquêtes, & les étendirent.

L'un d'eux, Jagellon s'étant rendu redoutable à la Pologne, & craignant les vicissitudes de la fortune, offrit aux Polonois de recevoir le baptême, & d'unir à ce royaume le duché de Lithuanie, en épousant la reine Hedwige. Les Polonois accepterent ses offres; Jagellon fut baptisé à Cracovie le 12 Février 1386. Il prit le nom d'Uladislas, épousa Hedwige, & fut proclamé roi de Pologne: par ce moyen la Lithuanie fut unie à la Pologne, & le Paganisme qui avoit regné jusqu'au tems de Jagellon en Lithuanie, peut - être plus superstitieusement que chez aucun peuple du monde, s'abolit insensible<pb-> [p. 592] ment, & prit une teinture de Christianisme. Jagellon gagna par son exemple, par sa conduite, & par sa libéralité, un grand nombre de ses sujets à la foi chrétienne; il faisoit présent d'un habit gris à chaque personne qui se convertissoit.

Enfin, sous Casimir III. fils de Jagellon, les Polonois convinrent qu'ils ne feroient plus qu'un même peuple avec les Lithuaniens, que le roi seroit élu en Pologne; que les Lithuaniens auroient séance & suffrage à la diete; que la monnoie seroit la même; que chaque nation suivroit ses anciennes coutumes, & que les charges de la cour & du duché de Lithuanie subsisteroient perpétuellement, ce qui se pratique encore aujourd'hui. Tel est en deux mots tout ce qu'on sait de l'histoire de la Lithuanie.

On peut diviser ce pays en Lithuanie ancienne, & en Lithuanie moderne. La Lithuanie ancienne comprenoit la Lithuanie proprement dite, la Wolhinie, la Samogitie, la Poldakie, & partie de la Russie.

La Lithuanie moderne comprend neuf palatinats, savoir les palatinats de Vilna, de Troki, de Minski, de Novogrodeck, de Brestia, de Kiovie, de Mscislau, de Vitepsk, & de Poloczk.

La Lithuanie porte le titre de grand duché, parce qu'elle a dans son étendue plusieurs duchés particuliers, très anciens, & dont la plûpart ont été les partages des cadets des grands ducs.

On y parle la langue Esclavonne, mais fort corrompue; cependant les nobles & les habitans des villes parlent polonois; & c'est dans cette langue que les prédicateurs font leurs sermons.

Le duché de Lithuanie est un pays uni, coupé de lacs & de grandes rivieres très - poissonneuses, dont quelques - unes vont descendre dans la mer Noire, & les autres dans la mer Baltique. Les lacs sont formés par la fonte des neiges, l'eau coule dans des lieux creux, & y demeure. Les principaux fleuves sont le Dnieper, autrement dit le Borysthène, & le Vilia; l'un & l'autre prennent leurs sources dans la Lithuanie. La Dwine la traverse, & la Niemen qui s'y forme de plusieurs rivieres, va se perdre dans le golfe de Courlande; les forêts abondent en gibier & en venaison.

Le trafic du pays consiste en blé, en miel, en cire, en peaux de zibelines, de panthères, de castors, d'ours, & de loups, que les étrangers viennent chercher sur les lieux.

Les Lithuaniens ont une maniere de labourer, qui leur est commune avec les habitans de la Russie blanche; ils coupent dans l'été des rameaux d'arbres & de buissons; ils étendent ce bois sur la terre, & couchent par - dessus de la paille, pour le couvrir pendant l'hiver; l'été suivant ils y mettent le feu; ils sement sur la cendre & sur les charbons, & aussitôt ils passent la charrue par - dessus. C'est ainsi qu'ils engraissent leurs terres, tous les six ou huit ans, ce qui leur procure d'abondantes recoltes.

Il paroît de ce détail que le duché de Lithuanie doit être regardé comme un pays qui peut fournir toutes les choses nécessaires à la vie; mais cet avantage n'est que pour les nobles; les paysans y sont encore plus malheureux qu'en Pologne; leur état est pire que celui des esclaves de nos colonies; ils ne mangent que du pain noir comme la terre qu'ils sement, ne boivent que d'une bierre détestable, ou du médon, breuvage de miel cuit avec de l'eau, portent des chaussures d'écorces de tilleul, & n'ont rien en propriété. Un seigneur qui tue quelqu'un de ces malheureux, en est quitte pour une légere amende. La moitié de l'Europe est encore barbare: il n'y a pas long - tems que la coutume de vendre les hommes subsistoit en Lithuanie; on en voyoit qui nés libres, vendoient leurs enfans pour soulager leur misere, ou se vendoient eux - mêmes, pour pouvoir subsister. (D. J.)

LITHUS (Page 9:592)

LITHUS, s. m. (Hist. nat.) nom que les anciens ont quelquefois donné à l'aimant, qu'il appelloient pierre par excellence.

LITIERE (Page 9:592)

LITIERE, s. f. (Littér. rom.) en latin basterna & lectica. C'étoit chez les Romains comme parmi nous, une espece de corps de carrosse, suspendu sur des brancards. Entrons dans quelques détails.

Les Romains avoient deux sortes de voitures portatives, dont les formes étoient différentes, & qui étoient différemment portées; savoir, l'une par des mulets, on l'appelloit basterna, & l'autre par des hommes, on la nommoit lectica.

La basterne ou la litiere proprement nommée selon nos usages, a été parfaitement décrite dans une ancienne épigramme que voici:

Aurea matronas claudit basterna pudicas, Quoe radians latum gestat utrumque latus. Hunc geminus portat duplici sub robore burdo, Provehit, & modicè pendula septa gradu. Provisum est cautè, ne per loca publica pergens Fucetur visis, casta marita viris.

« Une litiere dorée & vitrée des deux côtés, enferme les dames de qualité. Elle est soutenue sur un brancard par deux mulets qui portent à petits pas cette espece de cabinet suspendu: la précaution est fort bonne, pour empêcher que les femmes mariées ne soient subornées par les hommes qui passent ».

Isidore, dans ses Origines, lib. XX. cap. xij. & d'autres auteurs, parlent aussi de cette litiere fermée, qui ne servoit que pour les femmes.

L'autre espece de litiere appellée lectica, étoit communément ouverte, quoiqu'il y en eût de fermées; les hommes s'en servoient d'ordinaire, & des esclaves la portoient, comme c'est la coutume parmi les Asiatiques pour les palanquins. Il y en avoit de plus ou moins magnifiques, selon la qualité, le rang, ou le goût dominant du luxe. Dion Cassius nous apprend que sous Claude ces sortes de litieres vinrent à la mode pour les dames; on les faisoit alors plus petites qu'auparavant, & toutes découvertes. De - là vient que Pline appelloit les litieres couvertes, des chambres de voyageurs.

On y employoit plus ou moins de porteurs, deux, quatre, six, huit. La litiere, lectica, portée par quatre esclaves, s'appelloit tétraphore, tetraphorum; la litiere portée par six, s'appelloit exaphore, exaphorum; & la litiere portée par huit, se nommoit octophore, octophorum.

On en usoit non - seulement en ville, mais en voyage, comme on peut le voir dans Plutarque, au sujet de Cicéron, qui commanda à ses domestiques de s'arrêter, & de poser sa litiere, lorsqu'Hérennius qui le cherchoit avec ses soldats, par ordre de Marc - Antoine, pour lui ôter la vie, étoit prêt de l'atteindre: alors Cicéron tendit le cou hors de sa litiere, regardant fixément ses meurtriers, tandis que ses domestiques désolés se couvroient le visage: ainsi périt l'orateur de Rome, le 8 Décembre 710, âgé de près de 64 ans.

Il semble résulter de ce détail, que nos litieres portées par des mulets ou par des chevaux, répondent à la basterne, & que nos chaises vitrées, portées par des hommes, se rapportent en quelque maniere à la lectica des Romains.

Mais il est bon de remarquer que le mot lectica avoit encore d'autres significations analogues à celui de litiere. 1°. Il désignoit de grandes chaises de chambre, vitrées de toutes parts, où les femmes se tenoient, travailloient, & parloient à tous ceux qui avoient à faire à elles: j'ai vu quelque chose d'ap<pb->

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