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Sa naissance sera précédée de signes extraordinaires, tant au ciel que sur la terre. Son regne ne durera que trois ans & demi: mais il sera signalé par des cruautés inoüies. Enoch & Elie viendront le combattre, & ce tyran les fera mettre à mort dans l'endroit même où Jesus - Christ fut crucifié. Leurs corps feront exposés dans les rues de Jérusalem, sans que personne ose en approcher, ni leur donner la sépulture: mais trois jours & demi après, l'esprit de vie envoyé de Dieu entrera dans des cadavres, Elie & Enoch ressusciteront & seron> enlevés au ciel dans une nuée. Enfin le Christ ne pouvant plus souffrir la perversité de son ennemi, le tuera du souffle de sa bouche, & le perdra par l'éclat de sa puissance.
Tel est le tableau que l'Ecriture & les Peres nous ont tracé de l'Antechrist. Il suffit d'y jetter les yeux pour sentir combien un grand nombre d'écrivains Protestans se sont écartés de la vérité & du bon sens, en appliquant au Pape & à l'Eglise Romaine tout ce que l'Ecriture, & sur - tout l'Apocalypse, dit de l'Antechrist. L'absurdité de cette idée n'a pas empêché que les Protestans du dernier siecle ne l'ayent adopté comme un article de foi. Dans leur XVII synode national, tenu à Gap en 1603, ils affecterent même de publier que Clément VIII. qui décéda quelque tems après, étoit mort de chagrin de cette décision: mais ce Pontife aussi - bien que le Roi Henri IV. qu'ils avoient déclaré en plein synode race de l'Antechrist, n'opposerent à leurs excès que la modération, le mépris, & le silence.
Quoique le savant Grotius & le docteur Hammond se fussent attachés à détruire ces rêveries, on a vû sur la fin du siecle dernier Joseph Mede en Angleterre & le ministre Jurieu en Hollande, les présenter sous une nouvelle forme, qui ne les a pas accréditées davantage. Décriés dans leur propre secte, ces écrivains ont trouvé parmi les Catholiques des adversaires qui ont démontré tout le fanatisme de leurs prophéties & de leurs explications de l'Apocalypse, par lesquelles ils s'efforçoient de montrer que l'Antechrist devoit paroître & sortir de l'Eglise Romaine vers l'an 1710. On peut consulter sur cette matiere l'Histoire des Variations par M. Bossuet, tom. II. liv. XIII. depuis l'art, 11. jusqu'à la fin du même livre.
Grotius a prétendu que Caligula avoit été l'Antechrist: mais ce sentiment ne s'accorde pas avec ce que l'Ecriture & les Peres nous apprennent de la venue de l'Antechrist à la fin du monde.
Il seroit inutile de s'arrêter sur les différens noms que divers Auteurs, tant anciens que modernes, ont donnés à l'Antechrist, fondés sur un passage du xiij chap. de l'Apocalypse, où il est dit que les lettres du nom de la bête, c'est - à - dire de l'Antechrist, expriment le nombre de 666: car les lettres qui expriment ce nombre étant susceptibles d'une multitude de combinaisons différentes, & ces diverses combinaisons formant autant de noms différens, il paroît fort difficile, pour ne pas dire impossible, qu'on ait réussi à trouver la véritable. Quoi qu'il en soit, on peut voir dans la bibliotheque de Sixte de Sienne, liv. II. une partie de ces noms, dont le plus probable paroît être celui qu'ont imaginé S. Irenée & S. Hip<cb->
On trouve parmi les écrits de Raban - Maur, d'abord
abbé de Fulde, puis archevêque de Mayence,
auteur fort célebre du neuvieme siecle, un traité sur
la vie & les moeurs de l'Antechrist. Nous n'en citerons
qu'un endroit singulier; c'est celui où l'Auteur, après
avoir prouvé par S. Paul que la ruine totale de l'Empire Romain, qu'il suppose être celui d'Allemagne,
précédera la venue de l'Antechrist, il conclut de la sorte:
Malvenda, théologien Espagnol, a donné un long
& savant ouvrage sur l'Antechrist. Son traité est divisé
en 13 livres. Il expose dans le premier les différentes
opinions des Peres touchant l'Antechrist. Il détermine
dans le second le tems auquel il doit paroître, & prouve
que tous ceux qui ont assûré que la venue de l'Antechrist étoit proche, ont supposé en même tems que
la fin du monde n'étoit pas éloignée. Le troisieme est
une dissertation sur l'origine de l'Antechrist, & sur la
nation dont il doit être. L'Auteur prétend qu'il sera
Juif & de la tribu de Dan, & il se fonde sur l'autorité
des Peres & sur le v. 17. du chap. xlix. de la Genese, où Jacob mourant dit à ses fils: Dan est un serpent
dans le chemin, & un céraste dans le sentier; & sur
le chap. viij. v. 16. de Jérémie, où il est dit que les
armées de Dan dévoreront la terre: & encore sur le
chap. vij. de l'Apocalypse, où S. Jean a omis la tribu
de Dan dans l'énumération qu'il fait des autres tribus.
Il traite dans le quatrieme & le cinquieme des
caracteres de l'Antechrist. Il parle dans le sixieme de
son regne & de ses guerres; dans le septieme, de ses
vices; dans le huitieme, de sa doctrine & de ses miracles;
dans le neuvieme, de ses persécutions; &
dans le reste de l'ouvrage, de la venue d'Enoch &
d'Elie, de la conversion des Juifs, du regne de Jesus - Christ & de la mort de l'Antechrist, qui arrivera après
un regne de trois ans & demi. V.
Anteciens (Page 1:492)
De - là il s'ensuit que les Antéciens ont la même
longitude & la même latitude, & qu'il n'y a que la
dénomination de latitude septentroinale ou méridionale
qui les distingue. Voyez
Ils sont sous la même demi - circonférence du méridien, mais sur des paralleles placés de différens côtés de l'équateur.
Les habitans du Péloponese sont à - peu - pres Antéciens aux habitans du cap de Bonne - espérance.
On confond assez fréquemment les Antéciens avec
les Antisciens. Voyez
Les Antéciens ont la même longueur de jour & de nuit, mais en des saisons différentes: lorsque les uns ont midi du plus long jour d'été, les autres ont midi du plus court jour d'hyver.
D'où il s'ensuit que la nuit des uns est toûjours égale
au jour des autres. Voyez
Il s'ensuit encore que les étoiles qui ne se levent
jamais pour les uns, ne se couchent point pour les
autres. Voyez
ANTÉDILUVIENNE (Page 1:493)
ANTÉDILUVIENNE (Philosophie) ou état de la Philosophie avant le déluge. Quelques - uns de ceux qui remontent à l'origine de la Philosophie ne s'arrêtent pas au premier homme, qui fut formé à l'image & ressemblance de Dieu: mais, comme si la terre n'étoit pas un séjour digne de son origine, ils s'élancent dans les cieux, & la vont chercher jusques chez les Anges, où ils nous la montrent toute brillante de clarté. Cette opinion paroît fondée sur ce que nous dit l'Ecriture de la nature & de la sagesse des Anges. Il est naturel de penser qu'étant d'une nature bien supérieure à la nôtre, ils ont eu par conséquent des connoissances plus parfaites des choses, & qu'ils sont de bien meilleurs Philosophes que nous autres hommes. Quelques Savans ont poussé les choses plus loin; car pour nous prouver que les Anges excelloient dans la Physique, ils ont dit que Dieu s'étoit servi de leur ministere pour créer ce monde, & former les différentes créatures qui le remplissent. Cette opinion, comme l'on voit, est une suite des idées qu'ils avoient puisées dans la doctrine de Pythagore & de Platon. Ces deux Philosophes, embarrassés de l'espace infini qui est entre Dieu & les hommes, jugerent à propos de le remplir de génies & de démons: mais, comme dit judicieusement M. de Fontenelle contre Platon, Hist. des Oracles, de quoi remplira - t - on l'espace infini qui sera entre Dieu & ces génies, ou ces démons mêmes? car de Dieu à quelque créature que ce soit, la distance est infinie. Comme il faut que l'action de Dieu traverse, pour ainsi dire, ce vuide infini pour aller jusqu'aux démons, elle pourra bien aller aussi jusqu'aux hommes, puisqu'ils ne sont plus éloignés que de quelques degrés, qui n'ont nulle proportion avec ce premier éloignement. Lorsque Dieu traite avec les hommes par le moyen des Anges, ce n'est pas à dire que les Anges soient nécessaires pour cette communication, ainsi que Platon le prétendoit; Dieu les y employe par des raisons que la Philosophie ne pénétrera jamais, & qui ne peuvent être parfaitement connues que de lui seul. Platon avoit imaginé les démons pour former une échelle par laquelle, de créature plus parfaite en créature plus parfaite, on montât enfin jusqu'à Dieu, desorte que Dieu n'auroit que quelques degrés de perfection par - dessus la premiere des créatures. Mais il est visible que, comme elles sont toutes infiniment imparfaites à son égard, parce qu'elles sont toutes infiniment éloignées de lui, les différences de perfection qui sont entr'elles disparois<cb->
Mais si les bons Anges, qui sont les ministres des volontés de Dieu, & ses messagers auprès des hommes, sont ornés de plusieurs connoissances philosophiques; pourquoi refuseroit - on cette prérogative aux mauvais Anges? leur réprobation n'a rien changé dans l'excellence de leur nature, ni dans la perfection de leurs connoissances; on en voit la preuve dans l'Astrologie, les augures, & les aruspices. Ce n'est qu'aux artifices d'une fine & d'une subtile dialectique, que le démon qui tenta nos premiers parens, doit la victoire qu'il remporta sur eux. Il n'y a pas jusqu'à quelques Peres de l'Eglise qui, imbus des rêveries platoniciennes, ont écrit que les esprits réprouvés ont enseigné aux hommes qu'ils avoient sû charmer & avec lesquels ils avoient eu commerce, plusieurs secrets de la nature; comme la métallurgie, la vertu des simples, la puissance des enchantemens, & l'art de lire dans le ciel la destinée des hommes.
Je ne m'amuserai point à prouver ici combien sont pitoyables tous ces raisonnemens par lesquels on prétend démontrer que les Anges & les diables sont des Philosophes, & même de grands Philosophes. Laissons cette philosophie des habitans du ciel & du ténare; elle est trop au - dessus de nous: parlonsde celle qui convient proprement aux hommes, & qui est de notre ressort.
Adam le premier de tous les hommes a - t - il été
Philosophe? c'est une chose dont bien des personnes
ne doutent nullement. En effet, nous dit Hornius,
nous croyons qu'Adam avant sa chûte fut orné
non - seulement de toutes les qualités & de toutes
les connoissances qui perfectionnent l'esprit, mais
même qu'après sa chûte il conserva quelques restes
de ses premieres connoissances. Le souvenir de ce
qu'il avoit perdu étant toûjours présent à son esprit,
alluma dans son coeur un desir violent de rétablir en
lui les connoissances que le péché lui avoit enlevées,
& de dissiper les ténebres qui les lui voiloient. C'est
pour y satisfaire, qu'il s'attacha toute sa vie à interroger
la nature, & à s'élever aux connoissances les
plus sublimes: il y a même tout lieu de penser qu'il
n'aura pas laissé ignorer à ses enfans la plûpart de
ses découvertes, puisqu'il a vêcu si long - tems avec
eux. Tels sont à peu pres les raisonnemens du docteur
Hornius, auquel nous joindrions volontiers les
docteurs Juifs, si leurs fables méritoient quelque attention
de notre part. Voici encore quelques raisonnemens
bien dignes du docteur Hornius, pour prouver
qu'Adam a été Philosophe, & même Philosophe
du premier ordre. S'il n'avoit été Physicien, comment
auroit - il pû imposer à tous les animaux qui furent
amenés devant lui, des noms qui paroissent à
bien des personnes exprimer leur nature? Eusebe
en a tiré une preuve pour la Logique d'Adam. Pour
les Mathématiques, il n'est pas possible de douter
qu'il ne les ait sûes; car autrement commen> auroit - il
pû se faire des habits de peaux de bêtes, se construire
une maison, observer le mouvement des astres,
& régler l'année sur la course du soleil? Enfin
ce qui met le comble à toutes ces preuves si décisives
en faveur de la Philosophie d'Adam, c'est qu'il
a écrit des Livres, & que ces Livres contenoient
toutes les sublimes connoissances qu'un travail infatigable
lui avoit acquises. Il est vrai que les Livres
qu'on lui attribue sont apocryphes ou perdus: mais
cela n'y fait rien. On ne les aura supposés à Adam,
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