ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"494"> que parce que la tradition avoit conservé les titres des Livres authentiques dont il étoit le véritable auteur.

Rien de plus aisé que de réfuter toutes ces raisons: 1°. ce que l'on dit de la sagesse d'Adam avant sa chûte, n'a aucune analogie avec la Philosophie dans le sens que nous la prenons; car elle consistoit cette sagesse dans la connoissance de Dieu, de soi - même, & sur - tout dans la connoissance pratique de tout ce qui pouvoit le conduire à la félicité pour laquelle il étoit né. Il est bien vrai qu'Adam a eu cette sorte de sagesse: mais qu'a - t - elle de commun avec cette Philosophie que produisent la curiosité & l'admiration filles de l'ignorance, qui ne s'acquiert que par le pénible travail des réflexions, & qui ne se perfectionne que par le conflit des opinions? La sagesse avec laquelle Adam fut créé, est cette sagesse divine qui est le fruit de la grace, & que Dieu verse dans les ames mêmes les plus simples. Cette sagesse est sans doute la véritable Philosophie: mais elle est fort différente de celle que l'esprit enfante, & à l'accroissement de laquelle tous les siecles ont concouru. Si Adam dans l'état d'innocence n'a point eu de Philosophie, que devient celle qu'on lui attribue après sa chûte, & qui n'étoit qu'un foible écoulement de la premiere? Comment veut - on qu'Adam, que son péché suivoit par - tout, qui n'étoit occupé que du soin de fléchir son Dieu, & de repousser les miseres qui l'environnoient, eût l'esprit assez tranquille pour se livrer aux stériles spéculations d'une vaine Philosophie? Il a donné des noms aux animaux; est - ce à dire pour cela qu'il en ait bien connu la nature & les propriétés? Il raisonnoit avec Eve notre grand'mere commune, & avec ses enfans; en co urrez - vous pour cela qu'il sût la Dialectique? avec ce beau raisonnement on transformeroit tous les hommes en Dialecticiens. Il s'est bâti une misérable cabane; il a gouverné prudemment sa famille, il l'a instruite de ses devoirs, & lui a enseigné le culte de la religion: sont - ce donc là des raisons à apporter pour prouver qu'Adam a été Architecte, Politique, Théologien? Enfin comment peut - on soûtenir qu'Adam a été l'inventeur des lettres, tandis que nous voyons les hommes long - tems même après le déluge se servir encore d'une écriture hiéroglyphique, laquelle est de toutes les écritures la plus imparfaite, & le premier effort que les hommes ont fait pour se communiquer réciproquement leurs conceptions grossieres? On voit par - là combien est sujét à contradiction ce que dit l'ingénieux & savant auteur de l'Histoire critique de la Philosophie touchant son origine & ses commencemens: « Elle est née, si on l'en croit, avec le monde; & contre l'ordinaire des productions humaines, son berceau n'a rien qui la dépare, ni qui l'avilisse. Au - travers des foiblesses & des begayemens de l'enfance, on lui trouve des traits forts & hardis, une sorte de perfection. En effet les hommes ont de tout tems pensé, refléchi, médité: de tout tems aussi ce spectacle pompeux & magnifique que présente l'univers, spectacle d'autant plus intéressant, qu'il est étudié avec plus de soin, a frappé leur curiosité ».

Mais, répondra - t - on, si l'admiration est la mere de la Philosophie, comme nous le dit cet Auteur, elle n'est donc pas née avec le monde, puisqu'il a fallu que les hommes, avant que d'avoir la Philosophie, ayent commencé par admirer. Or pour cela il falloit du tems, il falloit des expériences & des réflexions: d'ailleurs s'imagine - t - on que les premiers hommes eussent assez de tems pour exercer leur esprit sur des systèmes philosophiques, eux qui trouvoient à peine les moyens de vivre un peu commodément? On ne pense à satisfaire les besoins de l'esprit, qu'après qu'on a satisfait ceux du corps. Les premiers hommes étoient donc bien éloignés de penser à la Philosophie: « Les miracles de la nature sont exposés à nos yeux long - tems avant que nous ayons assez de raison pour en être éclairés. Si nous arrivions dans ce monde avec cette raison que nous portâmes dans la salle de l'Opéra la premiere fois que nous y entrâmes, & si la toile se levoit brusquement; frappés de la grandeur, de la magnificence, & du jeu des décorations, nous n'aurions pas la force de nous refuser à la connoissance des grandes vérités qui y sont liées: mais qui s'avise de s'étonner de ce qu'il voit depuis cinquante ans? Entre les hommes, les uns occupés de leurs besoins n'ont guere eu le tems de se livrer à des spéculations métaphysiques; le lever de l'astre du jour les appelloit au travail; la plus belle nuit, la nuit la plus touchante étoit muette pour eux, ou ne leur disoit autre chose, sinon qu'il étoit l'heure du repos: les autres moins occupés, ou n'ont jamais eu occasion d'interroger la nature, ou n'ont pas eu l'esprit d'entendre la réponse. Le génie philosophe dont la sagacité secoüant le joug de l'habitude, s'étonna le premier des prodiges qui l'environnoient, descendit en lui - même, se demanda & se rendit raison de tout ce qu'il voyoit, a dû se faire attendre long - tems, & a pû mourir, sans avoir accrédité ses opinions ». Essai sur le mérite & la vertu, page 92.

Si Adam n'a point eu la Philosophie, il n'y a point d'inconvénient à la refuser à ses enfans Abel & Cain: il n'y a que George Hornius qui puisse voir dans Cain le fondateur d'une secte de Philosophie. Vous ne croiriez jamais que Caïn ait jetté les premieres semences de l'épicuréisme, & qu'il ait été Athée. La raison qu'Hornius en donne est tout - à - fait singuliere. Caïn étoit, selon lui, Philosophe, mais Philosophe impie & athée, parce qu'il aimoit l'amusement & les plaisirs, & que ses enfans n'avoient que trop bien suivi les leçons de volupté qu'il leur donnoit. Si l'on est Philosophe Epicurien, parce qu'on écoute la voix de sés plaisirs, & qu'on cherche dans un athéisme pratique l'impunité de ses crimes, les jardins d'Epicure ne suffiroient pas à recevoir tant de Philosophes voluptueux. Ce qu'il ajoûte de la ville que bâtit Caïn, & des instrumens qu'il mit en oeuvre pour labourer la terre, ne prouve nullement qu'il fût Philosophe; car ce que la nécessité & l'expérience, ces premieres institutrices des hommes, leur font trouver, n'a pas besoin des préceptes de la Philosophie. D'ailleurs on peut croire que Dieu apprit au premier homme le moyen de cultiver la terre, comme le premier homme en instruisit lui - même ses enfans.

Le jaloux Caïn ayant porté des mains homicides sur son frere Abel, Dieu fit revivre Abel dans la personne de Seth. Ce fut donc dans cette famille que se conserva le sacré dépôt des premieres traditions qui concernoient la religion. Les partisans de la Philosophie antédiluvienne ne regardent pas Seth seulement comme Philosophe, mais ils veulent encore qu'il ait été grand Astronome. Josephe faisant l'élogè des connoissances qu'avoient acquis les enfans de Seth avant le déluge, dit qu'ils éleverent deux colonnes pour y inscrire ces connoissances, & les transmettre à la postérité. L'une de ces colonnes étoit de brique, l'autre de pierre; & on n'avoit rien épargné pour les bâtir solidement, afin qu'elles pussent résister aux inondations & aux incendies dont l'univers étoit menacé. Josephe ajoûte que celle de brique subsistoit encore de son tems. Je ne sai si l'on doit faire beaucoup de fond sur un tel passage. Les exagérations & les hyperboles ne coûtent gueres à Josephe, quand il s'agit d'illustrer sa nation. Cet Historien se proposoit sur - tout de montrer la supériorité [p. 495] des Juifs sur les Gentils, en matiere d'Arts & de Sciences: c'est - là probablement ce qui a donné lieu à la fiction des deux colonnes élevées par les enfans de Seth. Quelle apparence qu'un pareil monument ait pû subsister après les ravages que fit le déluge? & puis on ne conçoit pas pourquoi Moyse, qui a parlé des Arts qui furent trouvés par les enfans de Caïn, comme la Musique, la Métallurgie, l'art de travailler le fer & l'airain, &c. ne dit rien des grandes connoissances que Seth avoit acquises dans l'Astronomie, de l'écriture dont il passe pour être inventeur, des noms qu'il donna aux astres, du partage qu'il fit de l'année en mois & en semaines.

Il ne faut pas s'imaginer que Jubal & Tubalcaïn ayent été de grands Philosophes: l'un pour avoir inventé la Musique; & l'autre pour avoir cu le secret de travailler le fer & l'airain: peut - être ces deux hommes ne firent - ils que perfectionner ce qu'on avoit trouvé avant eux. Mais je veux qu'ils ayent été inventeurs de ces arts, qu'en peut - on conclurre pour la Philosophie? Ne sait - on pas que c'est au hasard que nous devons la plûpart des arts utiles à la société? Ce que fait la Philosophie, c'est de raisonner sur le génic qu'elle y remarque, après qu'ils ont été découverts. Il est heureux pour nous que le hasard ait prévenu nos besoins, & qu'il n'ait presque rien laissé à faire à la Philosophie. On ne rencontre pas plus de Philosophie dans la branche de Seth, que dans celle de Caïn; on y voit des hommes à la vérité qui conservent la connoissance du vrai Dicu, & le dépôt des traditions primitives, qui s'occupent de choses sérieuses & solides, comme de l'agriculture & de la garde des troupeaux: mais on n'y voit point de Philosophes. C'est donc inutilement qu'on cherche l'origine & les commencemens de la Philosophie dans les tems qui ont précédé le déluge. Voyez Philosophie.

ANTEDONE (Page 1:495)

* ANTEDONE, (Géogr mod.) petite ville de Grece, dans l'Achaïe ou la Livadie, entre Négrepont & Talandi, sur la côte du golphe.

ANTENALE (Page 1:495)

* ANTENALE, s. s. (Hist. nat.) oiseau de mer, qu'on trouve vers le cap de Bonne - Eperance. Il a sur les plumes un duvet très - fin; Vicquefort dit qu'on se sert de ce duvet contre l'indigestion & les foiblesses d'estomac.

ANTENNE (Page 1:495)

ANTENNE, antenna, s. f. (Hist. na.) Plusieurs insectes ont sur la tête des especes de cornes auxquelles on a donné ce nom. Les antennes sont mobiles sur leur base, & se plient en différens sens au moyen de plusieurs articulations. Elles sont différentes les unes des autres par la forme, la consistance, la longueur, la grosseur, &c. Il y a de la différence entre les antennes d'un papillon de nuit, & celles d'un papillon de jour. Les antennes du hanneton ne ressemblent pas à celles du capricorne, &c. Ces différences ont fourni des caracteres pour distinguer plusieurs genres d'insectes. Voyez Insecte. (I)

Antenne (Page 1:495)

Antenne, s. f. (Marine.) mot des Levantins, pour signifier une vergue. Voyez Vergue. (Z)

ANTÉPÉNULTIEME (Page 1:495)

ANTÉPÉNULTIEME, (Gramm.) ce mot se prend substantivement; on sousentend syllabe. Un mot qui est composé de plusieurs syllabes a une derniere syllabe, une pénultieme, pene ultima, c'est - à - dire, presque la derniere, & une antépénultieme; ensorte que comme la pénultiéme précede la derniere, l'antépénultieme précede la pénultieme, ante pene ultimam. Ainsi dans amaveram, ram est la derniere, ve la pénultieme, & ma l'antépénultieme.

En grec, on met l'accent aigu sur la derniere syllabe, *QEO, Dieu: sur la pénultieme LOGO, discours; & sur l'antépénultieme AGRWPO, homme: on ne met jamais d'accent avant l'antépénultieme.

En latin, lorsqu'on marque les accens pour régler la prononciation du lecteur, si la pénultieme syllabe d'un mot doit être prononcée breve, on met l'ac<cb-> cent aigu sur l'antépénultieme, quoique cette antépénultieme soit breve. Dominus. (F)

ANTEPREDICAMENS (Page 1:495)

ANTEPREDICAMENS, s. m. plur. on appelle ainsi, en Logique, certaines questions préliminaires qui éclaircissent & facilitent la doctrine des prédicamens & des catégories. Ces questions concement l'univocité, l'équivocité des termes, &c. On les appelle antéprédicamens, parce - qu'Aristote les a placés avant les prédicamens, pour pouvoir traiter la matiere des prédicamens sans aucune interruption. (X)

ANTEQUERA (Page 1:495)

* ANTEQUERA, (Géog. mod.) ville d'Espagne, au royaume de Grenade, partagée en haute & basse ville. Long. 13. 40. lat. 36. 52.

ANTEQUERA (Page 1:495)

* ANTEQUERA, (Géog. mod.) ville de la nouvelle Espagne, en Amérique, province de Guaxaca.

ANTER ou ENTER un pilot (Page 1:495)

ANTER ou ENTER un pilot, sur les rivieres, c'est le joindre bout à bout avec un autre qui est trop court. Voyez Pilot.

ANTÉRIEUR (Page 1:495)

ANTÉRIEUR, adj. en Anatomie, se dit de toutes les parties qui sont tournées vers le plan vertical que l'on conçoit passer sur la face, sur la poitrine, le bas - ventre, &c. & perpendiculaire au plan qui divise le corps en deux parties égales & symmétriques. (L)

Anterieur (Page 1:495)

Anterieur, en style de Palais, se dit en quelques occasions pour plus ancien. Ainsi l'on dit d'un acte, qu'il est anterieur en date à un autre; d'un créancier, qu'il est antérieur en hypoteque à un autre créancier. (H)

ANTÉRIEUREMENT (Page 1:495)

ANTÉRIEUREMENT, adv. ANTÉRIORITÉ, s. f. termes de Palais, que l'explication du mot ci - dessus fait assez comprendre. Voyez Antérieur.

ANTEROS, ou LE CONTRE - AMOUR (Page 1:495)

* ANTEROS, ou LE CONTRE - AMOUR, s. m. (Myth.) fils de Venus & de Mars. On dit que Venus se plaignant à Themis de ce que l'Amonr restoit toûjours enfant, Themis lui répondit, & il restera tel, tant que vous n'aurez point d'autre fils. Sur cette réponse, la Déesse galante écouta le Dieu de la guerre; le Contre - amour naquit, & le premier fils de Venus devint grand. Ils ont l'un & l'autre des aîles, un carquois & des fleches. On les a groupés plusieurs fois: on les voit dans un bas relief ancien, se disputant une branche de palmier. Pausanias parle d'une statue de l'Anteros, où ce Dieu tenoit deux coqs sur son sein, par lesquels il tâchoit de se faire becqueter la tête. Il joüit des honneurs divins; les Athéniens lui éleverent des autels. Cupidon fut le dieu de l'amour; Anteros, le dieu du retour.

ANTERS (Page 1:495)

ANTERS, s. f. du latin ante, terme d'Architecture. C'est, selon Vitruve, les pilastres d'encoignure, que les anciens affectoient de mettre aux extrémités de leurs temples, & ce que nos Architectes appellent pilastres. Voyez Pilastre. (P)

ANTESSA, ou ANTISSA (Page 1:495)

ANTESSA, ou ANTISSA, (Géog. anc. & mod.) ville de l'île de Lesbos, ou même, selon quelques-uns, île séparée de Lesbos par un canal.

ANTESTATURE (Page 1:495)

ANTESTATURE, s. f. terme de Génie, petit retranchement fait de palissades, ou de sacs de terre, établis à la hâte pour disputer le reste du terrain à l'ennemi. Voyez Retranchement. Ce terme n'est plus guere d'usage actuellement. (Q)

ANTEROSTA & POSTROSTA (Page 1:495)

* ANTEROSTA & POSTROSTA, s. f. (Myth.) Déesses invoquées par les Romains, l'une pour les choses passées, l'autre pour les choses à venir. C'étoient les conseilleres de la Providence.

ANTHAB (Page 1:495)

* ANTHAB, (Géog. anc. & mod.) ville de Caramanie, dans l'Asie mineure, qu'on appelle aujourd'hui Antiochetia.

ANTHAKIA (Page 1:495)

* ANTHAKIA, voyez Antioche.

ANTHELIENS (Page 1:495)

* ANTHELIENS, s. m. pl. (Myth.) Dieux révérés par les Athéniens. Leurs statues étoient placées aux portes, & exposées à l'air; c'est delà qu'ils ont été nommés Dieux Antheliens.

ANTHELIX (Page 1:495)

ANTHELIX, en terme d'Anatomie, est le circuit intérieur de l'oreille externe; ainsi nommé par opposi<pb->

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