Dictionnaire de l'Académie Française, 4ème edition (1762)

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Page 327

Son corps a été la pâture des loups, la pâture des vautours & des corbeaux. Nos corps deviendrons la pâture des vers.

PÂTURE se dit aussi De l'herbe & de la paille qu'on donne aux bestiaux pour leur nourriture, & principalement à des boeufs & à des vaches. Mettre de la pâture devant des boeufs, leur donner de la pâture. On dit aussi, Mettre des chevaux en pâture, pour dire, Les mettre paître dans un pré. En de certains temps la Cavalerie envoie les chevaux en pâture.

PÂTURE signifie aussi figurément, Ce qui nourrit l'esprit ou l'ame. Il ne faut pas laisser cet homme oisif, il faut donner de la pâture à son esprit. La parole de Dieu est la pâture de l'ame. Pature spirituelle.

PÂTURER. v.n. Prendre la pâture. Les bêtes cherchent à pâturer, vont pâturer. C'est un lieu où les troupeaux pâturent commodément.

PÂTUREUR. s.m. Ce mot n'a guère d'usage qu'à la guerre, où il se dit des cavaliers & des valets qui mènent les chevaux à l'herbe. Donner une escorte aux pâtureurs.

PATURON. s.m. La partie du bas de la jambe d'un cheval, entre le boulet & la couronne. Un cheval blessé au paturon.

PAVAGE. s.m. Ouvrage du Paveur. Un pavage bien fait.

PAVANE. s.f. Sorte d'ancienne danse grave & sérieuse. Danser la pavane. Danser une pavane.

PAVANER, SE PAVANER. v.r. Marcher [alt p. 226] d'une manière fière, superbe. Voyez comme il se pavane.

PAVÉ. s.m. Pierre dure, carreau, &c. dont on se sert pour paver. Pavé de pierre. Pavé de grès. Pavé de cailloux. Pavé de marbre. Pavé de pierre de liais. Le pavé de l'Église est tout de marbre. Il manque quelques pavés de marbre dans ce salon. Le pavé d'une rue. Le pavé d'un chemin. Le pavé d'une cour. Le pavé d'une cuisine. Le pavé d'une écurie. Le pavé d'une salle.

Lorsqu'on dit absolument, Du pavé, On entend ordinairement du pavé de grès ou de cailloux, dont on pave les rues, les grands chemins, les cours, &c. On appelle Gros pavé, Celui dont on se sert pour les rues & les grands chemins. Et Petit pavé, Celui que l'on emploie pour paver les cours, les cuisines, les écuries. Lever un pavé. Arracher un pavé. Un cent de pavés. Une charretée de pavés.

PAVÉ se prend aussi pour le chemin, le terrain, le lieu qui est pavé. Ne quittez pas le pavé. Suivez le pavé. Les Officiers qui ont soin du pavé. Entretenir le pavé. Le pavé d'Orléans à Paris, de Paris à Orléans. Il se promène sur le pavé de Paris. Le pavé est méchant, est glissant, est rompu en plusieurs endroits.

On dit proverbialement, qu'Un homme est sur le pavé, pour dire, qu'Il ne trouve pas où loger: qu'On l'a mis sur le pavé, pour dire, qu'On l'a fait sortir de son logement, sans qu'il sache où en trouver un autre: Et, qu'On a mis ses meubles sur le pavé, pour dire, qu'On les a mis dans la rue.

On dit aussi d'Un homme qui est dépossédé d'un emploi qui le faisoit subsister, qu'Il est sur le pavé.

On dit figurément, qu'Un homme est sur le pavé du Roi, pour dire, qu'Il est dans un lieu d'où personne n'a droit de le chasser. On n'a rien à lui dire, il est sur le pavé du Roi.

On dit proverbialement, Bride en main sur le pavé, pour dire, qu'Il est dangereux de galoper sur le pavé. Et on dit la même chose figurément, pour signifier, qu'Il ne faut rien précipiter dans les affaires délicates, & qui peuvent avoir des fuites fâcheuses.

On appelle Batteur de pavé, Un fainéant qui n'a d'autre occupation que de courir les rues.

On appelle Le haut du pavé, Le pavé qui est du côté des maisons. Prendre le haut du pavé. Céder le haut du pavé. Disputer le haut du pavé.

On dit figurément, Tenir le haut du pavé, pour dire, Tenir le premier rang, être le plus considéré en quelque endroit. Il tient le haut du pavé en ce pays-là. Disputer à quelqu'un le haut du pavé. Prendre sur quelqu'un le haut du pavé.

On dit aussi, Faire quitter le pavé à quelqu'un, pour dire, Le faire retirer, faire qu'il n'ose plus paroître.

On dit figurément, Tâter le pavé, pour dire, Agir avec circonspection.

PAVER. v.a. Couvrir le terrain, le sol d'un chemin, d'une rue, d'une cour, &c. avec de la pierre dure, du grès ou de la brique, pour y marcher, ou y faire passer des voitures plus commodément. Paver un chemin. Paver une rue. Paver une cour. Faire paver une écurie. Paver une salle de carreaux de marbre.

Il se met quelquefois absolument & sans régime. Le chemin est mauvais en cet endroit, il y faudroit paver. Chacun fut obligé de paver devant sa porte. On ne sauroit passer dans la rue, on y pave.

PAVÉ, ÉE, participe Chemin pavé. Salle pavée de marbre, pavée de petits carreaux, pavée d'ouvrages en mosaïque.

Proverbialement & figurément, pour dire, qu'Il y a une grande abondance d'une certaine sorte de choses dans une grande ville, ou une grande multitude d'une certaine sorte de gens, on dit, que Les rues en sont pavées. Les oranges étoient autrefois fort rares, présentement les rues en sont pavées. Vous n'aurez pas de peine à trouver des laquais à Paris, toutes les rues en sont pavées.

On dit figurément & familièrement d'Un homme qui mange extrêmement chaud, qu'Il a le gosier pavé.

PAVEUR. s.m. Celui dont le métier est de paver des rues, des chemins, des cours. C'est un bon paveur. Faire marché avec les paveurs.

PAVESADE. s.f. Toile ou étoffe tendue en dehors autour des bords d'une galère le jour d'un combat, pour empêcher que les ennemis ne découvrent dans la galère, & ne voient les mouvemens qui s'y font. Tendre la pavesade. Sur l'Océan on dit, Les paviers.

PAVIE. s.m. (On prononce Pavi.) Sorte de pêche qui ne quitte pas le noyau. De gros pavies. Pavies rouges. Pavies jaunes.

PAVILLON. s.m. Espèce de logement portatif, servant au campement des gens de guerre, fait en carré ou en rond, & se terminant en pointe par en haut, à la différence des tentes

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