Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

RECHERCHE Accueil Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 1:456

5° Le mode de division. Diviser en deux,
en trois, en quatre parties,
ou, simplement,
Diviser en deux, en trois, etc. Un poème en
quatre chants. Une comédie en cinq actes. Un
ouvrage en deux volumes.

6° L'espèce de vêtement qu'une personne
a sur elle. Être en veste, en chemise, en manteau,
en habit de chasse. Être en uniforme.
Être en pantoufles. Elle était en blanc. Être
en deuil.

Elle introduit aussi très fréquemment le
mot qui détermine À quoi est relative, à quoi
est restreinte, ou de quel point de vue est
considérée la chose, la qualité, l'action, etc.,
dont il s'agit. La récolte en vin n'a pas été
fort abondante. Une terre fertile en blé. Être
riche en biens-fonds. Sa fortune consiste en
rentes sur l'État. Il m'a payé moitié en espèces,
moitié en billets. Il y a six mille francs en tout.
Vendre son bien en tout ou en partie. Nous
ne différons qu'en un seul point. Je n'ai fait
en cela que me conformer à ses ordres. Ce qui
est juste en soi. Il lui ressemble, mais en beau.
Parler de quelqu'un en bien, en mal. En fait
et en droit.
On doit ranger ici les locutions
telles que : Docteur en médecine. Peintre en
bâtiments. Ouvrier en soie. Tourneur en bois,
en ivoire. Peintre en miniature. Graveur en
médailles.

Elle sert encore, particulièrement, à marquer
Conformité. En bonne justice. En bonne
règle. En conscience. Je vous le dis en vérité.
On voit, en effet, que...

Elle sert à indiquer encore :

1° La manière dont se fait une action. Je
vous expliquerai la chose en deux mots. Se
ruiner en folles dépenses. S'épuiser en efforts
inutiles. Réprimander en vain. Ils s'y rendirent
en toute hâte. Se promener en long et en large.
Voir quelqu'un en secret. Lui parler en cachette.

À cet emploi se rapportent les phrases où
EN peut ordinairement se résoudre par À la
manière, à la façon de. Vivre en homme de
bien, en bon chrétien, en libertin. Se conduire
en bon frère. Agir en roi, en maître. Parler en
étourdi, en écervelé. En homme prudent, je me
retirai. Commander en chef,
En qualité de chef.
On dit de même Général en chef, etc.

2° Le langage ou le genre d'écriture qu'on
emploie. Écrire un ouvrage en grec, en français,
en latin, etc. Traduire en prose. Improviser
en vers. Une comédie en vers, en prose.
Ils s'entretenaient en anglais. Écrire en ronde,
en bâtarde, en grosses lettres, etc. Une inscription
en caractères grecs, en hiéroglyphes, etc.

3° La destination. Armer en course, en guerre.
Mettre en vente. Mettre en gage, en dépôt.
Donner en otage. Livrer en proie. Arborer un
drapeau noir en signe de deuil.
On peut rapporter
à cet emploi les expressions, Poser en
fait, établir en principe, mettre en question, etc.,

Présenter ou avancer quelque chose comme
un fait, comme un principe, etc.

4° Le motif qui fait agir ou La fin qu'on
se propose. Il l'a fait en haine d'un tel. En
considération de ses services. En reconnaissance
de vos bienfaits. En vue de lui plaire. En
mémoire de moi. Payer une somme en déduction
d'une autre Donner une chose en échange d'une
autre. En foi de quoi je lui ai délivré le présent
certificat.

EN sert encore à former plusieurs autres
locutions, pour l'explication desquelles nous
renvoyons aux différents articles des mots
qu'il régit. Prendre son mal en patience. Avoir
en horreur. Prendre quelqu'un en amitié, en
grippe, en haine. Prendre quelque chose en bonne,
en mauvaise part. En revanche. En tiers. En
comparaison. En définitive. En conséquence. En
outre, etc.
Voyez PATIENCE, HORREUR, etc.;
REVANCHE, TIERS, etc.

Il sert de plus à marquer le Rapport au
temps et signifie Durant, pendant. En hiver.
En été. En tout temps. En temps de paix. En
temps de guerre. En ces temps de calamité. En
votre absence. En plein jour. En 1830. En l'an

700 de l'hégire. En l'an 500 de la fondation de
Rome. Il arrivera en trois heures.

Suivi d'une forme verbale en ANT, EN forme
le gérondif qui marque le Temps, l'époque,
comme dans ces phrases : On apprend en
vieillissant. Il donna ses ordres en partant.
Il leur dit, en les recevant, que... Il l'a déclaré
en mourant;
ou la Manière : Parler en tremblant.
Un mal qui va en augmentant. Un
ruisseau qui va en serpentant;
ou la Cause :
Il s'est blessé en tombant; ou la Condition :
Vous trouverez en cherchant, etc.

EN sert encore à former des mots, et surtout
des verbes, qui signifient Garnir de,
mettre dans, etc. Cette préposition, lorsqu'elle
fait ainsi partie d'un mot composé, s'écrit
avec une m, toutes les fois qu'elle est suivie
d'un b, d'un p ou d'une m. Ainsi on écrit,
Embarquer, empenner, emmailloter, au lieu de
Enbarquer, enpenner, enmailloter.

EN. Pronom personnel relatif invariable. Il
établit une relation de possession, de provenance,
de cause avec un nom de chose qui
précède, et qui équivaut à De lui, d'elle,
d'eux, d'elles. J'aime beaucoup Paris et j'en
admire les monuments. Cette maladie est dangereuse,
il peut en mourir. C'est un événement
triste, j'en suis tout affligé. On a voulu lui
donner une mission officielle, il s'en est dispensé.

Il se dit quelquefois des Personnes. C'est
un véritable ami, je ne pourrai jamais oublier
les services que j'en ai reçus.

Il peut avoir aussi une signification partitive.
A-t-il des amis? Il n'en a qu'un seul.
Oh! les beaux fruits que vous avez, donnez-m'en
quelques-uns.

Dans cette acception, si, après EN, le nom
qu'il représente est qualifié par un adjectif,
cet adjectif est précédé de la préposition de.
A-t-il des protecteurs? Il en a de très puissants.
C'est la seule récompense qu'il ambitionne, il
n'en désire pas d'autre.

EN, dans cette acception, forme quelquefois
une sorte de pléonasme. En est-il un seul
parmi vous qui consentît?

Il peut arriver que EN représentant une
idée qui n'a pas encore été exprimée soit
placé en tête de la proposition. N'en doutez
pas, ils céderont si vous montrez de la fermeté,

c'est-à-dire Ne doutez pas de cela, de ce que
je vais dire, etc. C'est là, soyez-en certain, la
cause de son refus,
c'est-à-dire C'est là (soyez
certain de ce que je dis) la cause, etc.

EN a une valeur adverbiale quand il signifie
De là, de l'endroit dont il est question.
Vient-il de la ville? Oui, il en vient.

Dans cette acception, il entre en composition
avec un certain nombre de verbes de
mouvement à forme pronominale : S'en aller,
s'en venir, s'en revenir, s'en retourner, s'enfuir,
etc. Adieu, je m'en vais. Si vous avez à faire,
je m'en irai. Allons-nous-en. Voulez-vous vous
en retourner?

EN, adverbe relatif signifie aussi, souvent
par extension, À cause de, par suite de cela,
de la chose dont il est question. Le chagrin
le mina si bien qu'il en mourut.

Dans cette acception, mais très affaiblie,
il entre en composition avec certains verbes
pour leur donner une signification spéciale.
N'en pas croire ses yeux. En vouloir à quelqu'un.
S'en prendre à autrui. Je n'en reviens pas.
Il en est venu à ses fins. En venir aux mains,
aux coups. Il ne sait plus où il en est. N'en
pouvoir mais. Il s'en faut de beaucoup. Il ne
peut en être ainsi. En imposer. N'en pouvoir
plus.

ÉNALLAGE. n. f. T. de Grammaire. Figure
qui consiste à employer un temps ou un
mode pour un autre. Ainsi dit le renard, et
flatteurs d'applaudir
(et les flatteurs applaudirent).

ÉNAMOURER (S'). v. pron. Se prendre
d'amour. Il s'énamoura follement de cette coquette.

ENCABLURE. n. f. T. de Marine. Distance
de cent vingt brasses, soit environ deux cents
mètres. Nous étions à deux encablures de terre.

ENCADREMENT. n. m. Action d'encadrer
ou Ce qui sert à encadrer. L'encadrement
de ce tableau.

ENCADRER. v. tr. Mettre dans un cadre.
Faire encadrer un tableau, une gravure. Une
estampe encadrée.

Il se dit figurément pour Entourer avec le
dessein d'embellir ou de fortifier. Encadrer
une maison de verdure, une fenêtre de fleurs.
Encadrer les recrues de vieux soldats, de vétérans,
de rengagés. Encadrer ces débutants de
vieux acteurs.

Il signifie aussi figurément Insérer dans un
écrit ou dans un discours. Cette anecdote est
fort intéressante, mais l'auteur l'a mal encadrée.
Il a fort habilement encadré l'éloge du prince
dans son discours.

En termes militaires, il signifie Placer dans
les cadres, c'est-à-dire Entourer des gradés
d'un corps.

ENCADREUR. n. m. Celui qui encadre des
estampes, des tableaux.

ENCAGER. v. tr. Mettre en cage. Encager
des oiseaux.

ENCAISSABLE. adj. des deux genres. T. de
Finance
. Qui peut être encaissé.

ENCAISSE. n. f. T. de Finance. Somme
des valeurs qui sont dans la caisse ou dans
le portefeuille d'une maison de banque, d'une
administration. Cette banque a une forte
encaisse. L'encaisse de la Banque de France.

L'encaisse métallique, Les valeurs en or et
en argent.

ENCAISSEMENT. n. m. Action d'encaisser
des plantes, des fleurs, dans une caisse ou
Résultat de cette action. Ces orangers, ces
grenadiers ont besoin d'un encaissement.

En termes de Finance et de Commerce, il se
dit de l'Action d'encaisser les sommes reçues.

Faire un chemin par encaissement, Y faire
des tranchées qu'on remplit de cailloux.
Faire un jardin par encaissement, Y planter
des arbres dans des trous qu'on a remplis de
bonne terre. Faire un pont par encaissement,
Le construire sans épuisement, en descendant
les piles par assises toutes faites.

Il se dit aussi de l'État d'un fleuve, d'un
chemin encaissé. L'encaissement de ce fleuve
rend les inondations très rares.

ENCAISSER. v. tr. Mettre dans une caisse.
Encaisser des marchandises. Encaisser des
orangers, des grenadiers,
Les mettre dans une
caisse remplie de terre.

En termes de Commerce et de Finance,
Encaisser de l'argent, des fonds signifie Mettre
dans sa caisse de l'argent, des fonds qu'on a
reçus.

Par extension, ENCAISSER signifie Faire
toucher le montant d'un effet, d'un papier de
commerce.

Encaisser une rivière, La contenir par des
digues.

Le participe passé ENCAISSÉ, ÉE, se dit adjectivement
d'un Fleuve, d'une rivière dont les
bords sont escarpés et fort élevés au-dessus
de la surface de l'eau ou d'un Chemin dont les
bords sont fort élevés au-dessus du niveau du
sol. Ce fleuve est encaissé. Une rivière encaissée.

ENCAISSEUR. n. m. Employé de banque
ou de commerce qui va à domicile percevoir
des sommes, recouvrer des effets, etc.

ENCAN. n. m. Vente publique à l'enchère,
au plus offrant et dernier enchérisseur. On
ne l'emploie guère que lorsqu'il s'agit d'une
Vente d'effets mobiliers. Vendre à l'encan.
Mettre à l'encan. Acheter quelque chose à un
encan.

ENCANAILLER. v. tr. Inciter quelqu'un à
déchoir, à se déshonorer en lui faisant fréquenter

Next page


PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.