Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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Langue barbare, Langue imparfaite, rude
et qui choque l'oreille. Ces peuplades parlent
une langue barbare.
On dit dans un sens analogue
Une musique barbare.

Il est aussi nom, dans la signification de
Cruel, inhumain. Ces gens-là sont sans pitié;
ce sont des barbares.

Il s'emploie également comme nom lorsqu'on
parle de Peuples ou d'Hommes privés
de civilisation. Les barbares du Nord. L'invasion,
l'irruption des barbares. Les barbares qui
vinrent fondre sur l'Empire romain. C'est un
vrai barbare.

Fig., C'est un barbare, se dit d'un Homme
incapable d'apprécier les beautés de la nature
ou de l'art.

BARBARIE. n. f. Cruauté, inhumanité. Il
voulut adoucir, dompter la barbarie de ces
peuples. Ils exercèrent leur barbarie sur les
vaincus.

Il se dit également d'un Acte barbare. Commettre
une barbarie. Tant de barbaries l'avaient
rendu la terreur de ses sujets.

Il signifie aussi Manque de civilisation,
ignorance des arts, des lettres et des sciences
chez un peuple. L'état de barbarie. Les siècles
de barbarie. La barbarie était grande en ce
temps-là. Les ténèbres de la barbarie. Un peuple
qui sort à peine de la barbarie. Vivre dans un
temps de barbarie. Être plongé dans la barbarie.

Barbarie de langage, de style, se dit des
Façons de parler grossières et impropres.

BARBARISME. n. m. Façon de parler
incorrecte et vicieuse. Plus particulièrement,
Faute de langage qui consiste à se servir de
mots forgés ou altérés. Le barbarisme et le
solécisme sont les deux principaux vices d'élocution.
Faire un barbarisme.

BARBE. n. f. Poil du menton et des
joues. Barbe noire, blonde, rousse, grise, blanche.
Porter la barbe longue. Laisser croître sa barbe.
Faire la barbe à quelqu'un. Se faire la barbe.
Faire sa barbe. Couper sa barbe. Raser sa barbe.
La barbe lui vient. Ce jeune homme n'a point
encore de barbe. Il n'a pas un poil de barbe.
Se teindre la barbe. Se mettre une fausse barbe
pour se déguiser. Un plat à barbe.

Fig. et fam., Une jeune barbe, Un jeune
homme. Une barbe grise, une vieille barbe, Un
vieillard.

Fig. et fam., Il a la barbe trop jeune. Il n'a
pas de barbe au menton,
se dit d'un Jeune
homme quand il veut faire des choses qui
demandent plus de maturité, plus d'expérience
qu'il n'en peut avoir à son âge.

Fig. et fam., Faire quelque chose à la barbe
de quelqu'un,
Faire quelque chose en sa présence
et comme en dépit de lui.

Prov. et fig., Rire dans sa barbe, Éprouver
une satisfaction maligne qu'on cherche à dissimuler.

Il se dit aussi, en termes de Zoologie, des
Longs poils que certains animaux ont sous la
mâchoire inférieure ou de chaque côté du
museau. La barbe d'une chèvre, d'un bouc, d'un
singe. Barbe de chat. Barbe de coq,
Les deux
petits morceaux de chair pendant sous le bec
des coqs. Barbes de poisson, Les cartilages
qui servent de nageoires au turbot, à la barbue
et à quelques autres espèces de poissons plats.
Barbes de baleine, Les crins qui garnissent
l'extrémité des fanons de la baleine. Barbes
de plumes,
Les petits filets qui garnissent
latéralement le tuyau des plumes.

En termes de Botanique, Barbes d'épi, Les
arêtes ou filets longs et minces qui hérissent
les épis de certaines plantes graminées, telles
que l'orge. Voyez ARÊTE. Barbe-de-capucin,
Chicorée sauvage, étiolée qu'on mange en salade.
Barbe-de-moine. Plante parasite à tiges rougeâtres
fort déliées et dépourvues de feuilles.
Les botanistes la nomment CUSCUTE. Barbe-de-
Jupiter,
Nom donné à un arbuste de la famille
des Térébinthacées dont les graines se développent
en forme de houppes argentées et
soyeuses. Barbe-de-bouc, Nom vulgaire du
salsifis sauvage. Barbe-de-chèvre, Espèce de
spirée qui tire son nom de la manière dont
ses petites fleurs blanches sont disposées à
l'extrémité des tiges. Barbe-de-renard, Espèce
d'astragale épineux d'où découle la gomme
adragante.

BARBES, au pluriel, se dit des Bandes de
toile ou de dentelle qui pendent à certaines
coiffures de femme. Les barbes d'un bonnet.

Il se dit aussi, en termes d'Arts, de ces
Petites inégalités qui restent à certains ouvrages
de métal et qu'on enlève avec un
outil tranchant, avec le brunissoir, ou autrement.

Il désigne aussi les Moisissures qui se produisent
sur les confitures, le gibier, les fruits,
le fromage, etc.

BARBE. n. m. Cheval de cette partie de
la côte d'Afrique qu'on appelle la Barbarie.
Il a acheté deux beaux barbes. Les barbes ont
beaucoup de vitesse.

Il est aussi adjectif des deux genres. Un
cheval, une jument barbe.

BARBEAU. n. m. Poisson d'eau douce,
ainsi nommé parce qu'il a quatre barbillons,
deux aux coins de la bouche et deux au bout
du museau. Barbeau de Seine.

BARBEAU. n. m. T. de Botanique. Sorte
de Centaurée à fleur bleue, garnie de barbes
et qui croît dans les blés. Voyez BLEUET.

Il s'emploie aussi adjectivement. Bleu
barbeau,
Espèce de bleu clair. Un habit bleu
barbeau.

BARBELÉ, ÉE. adj. Qui est garni de
pointes en forme de barbes. Flèches barbelées.
Fil de fer barbelé.

BARBET, ETTE. n. Chien à poil long et
frisé. Tondre un barbet. Une belle barbette.

Fam., Être crotté comme un barbet, Être fort
crotté.

Fam., Suivre quelqu'un comme fait un barbet,
Le suivre partout.

Il s'emploie aussi adjectivement. Un chien
barbet.

BARBEYER. v. intr. T. de Marine. S'agiter
et onduler, en parlant d'une voile dans
laquelle le vent ne donne pas bien. On dit
aussi BARBOTER, et plus ordinairement FASIER.

BARBICHE. n. f. Petite touffe de poils
qu'on laisse pousser au menton.

BARBICHON. n. m. Petit barbet.

BARBIER. n. m. Celui dont le métier
est de faire la barbe. Une boutique de barbier.

Prov. et fig., Un barbier rase l'autre, se dit
lorsque des gens d'une même profession, ou
ayant un intérêt commun, se soutiennent, se
louent réciproquement.

BARBIFIER. v. tr. Raser, faire la barbe. Se
faire barbifier. Se barbifier.
Il est familier.

BARBILLON. n. m. Petit barbeau.

BARBILLON. n. m. Filament délié et
flexible qui est aux deux côtés de la bouche de
certains poissons et des insectes.

Il se dit aussi des Replis membraneux de la
bouche du cheval, du boeuf, placés sous la
langue et destinés à faciliter les mouvements
de cet organe.

Il désigne encore les Plis de chair qui pendent
de chaque côté du bec du coq.

BARBON. n. m. Homme d'un âge avancé.
Il est familier.

Fam., Il fait déjà le barbon, se dit d'un
Jeune homme trop sérieux pour son âge.

BARBOTAGE. n. m. Action de barboter.
Le barbotage des canards.

Il se dit spécialement d'un Mélange de son
et d'eau qui sert de nourriture rafraîchissante
pour le bétail.

BARBOTE. n. f. Nom vulgaire de deux
poissons de rivière, la lotte et la loche.

BARBOTER. v. intr. Remuer et troubler
l'eau avec ses pattes et ses ailes, en parlant de
certains oiseaux. Les canards aiment à barboter
dans les mares.

Il signifie, par analogie, Marcher dans une
eau bourbeuse. Le jardin est inondé, on y
barbote partout.

Il se dit encore d'une Voile qui bat et ondule.
Voyez BARBEYER.

Il se dit aussi, en termes de Chimie, d'un
Gaz qui, en s'échappant à travers un liquide,
l'agite.

Figurément, il signifie S'embarrasser dans
son raisonnement, dans son discours.

BARBOTEUR, EUSE. n. Celui, celle qui
barbote, au propre et au figuré. Il se dit quelquefois
du Canard domestique pour le distinguer
du canard sauvage.

Par apposition, en termes de Chimie, Vase
barboteur,
Vase qui contient un liquide à
travers lequel on fait passer un gaz.

BARBOTINE. n. f. Pâte délayée dans de
l'eau, dont on fait des ornements que l'on
applique sur des poteries. Faire de la barbotine.

Par extension, il se dit de Poteries décorées
par ce procédé. Les belles barbotines sont très
recherchées.

BARBOUILLAGE. n. m. Action de barbouiller
ou Résultat de cette action. Ce n'est
pas là de la peinture, ce n'est que du barbouillage.
Il m'est impossible de déchiffrer ce barbouillage.

Il est familier.

BARBOUILLER. v. tr. Couvrir d'un enduit
de couleur fait grossièrement à la brosse. Barbouiller
un plafond, une porte.

Il signifie aussi Salir, souiller, tacher. Il lui
a barbouillé le visage. On l'a tout barbouillé
d'encre. Se barbouiller les mains. Cet écolier
barbouille tous ses cahiers, tous ses livres.
Barbouiller une muraille, une porte avec de la
boue. Se barbouiller de lie, de suie.

Fig. et fam., Le temps se barbouille, Le temps
commence à se charger de nuages.

Il signifie encore, absolument et par exagération,
Écrire d'une manière indéchiffrable ou
Peindre mal, sans art, sans goût. Il n'écrit pas,
il ne peint pas, il barbouille.

Fig. et fam., Barbouiller du papier, Écrire,
faire des écritures. Cela ne se dit que par dénigrement.
Il a fallu barbouiller bien du papier
pour ce procès.
Il se dit aussi, en mauvaise
part, d'un Auteur, d'un écrivain. Cet homme,
cet auteur a barbouillé bien du papier dans sa
vie et n'a jamais écrit une bonne page.

Il signifie aussi Couvrir d'un enduit de
couleur fait grossièrement à la brosse. Barbouiller
un plafond, une porte.

Il signifie figurément et familièrement
Prononcer mal, d'une manière peu distincte.
Barbouiller un discours, un compliment. Absolument,
Cet homme barbouille, on ne l'entend
pas.

Il signifie également, au sens moral,
Exprimer ses idées d'une manière confuse,
embrouillée. Qu'est-ce qu'il barbouille? Absolument,
Il a barbouillé tout le long de son
discours.

Barbouiller un récit, L'embrouiller. Je ne
sais comment il a barbouillé cette histoire;
mais je n'y ai pas compris un mot.

BARBOUILLEUR, EUSE. n. Celui, celle qui
barbouille. J'ai fait venir un barbouilleur pour
blanchir l'escalier.

Fig. et fam., Un barbouilleur de papier, ou
simplement Un barbouilleur.

BARBU, UE. adj. Qui a de la barbe. Être
tout barbu. Cette femme est barbue comme un
homme. La chèvre est un animal barbu.

Il se dit, par analogie, en termes de Botanique,
des Parties d'un végétal qui ont des
touffes de poils. Les anthères du charme sont

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