Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

RECHERCHE Accueil Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 2:858

TORSE. s. m. T. de Sculpt. Figure tronquée, qui n'a qu'un corps sans tète, ou sans bras, ou sans jambes. Le torse du Vatican.

Il désigne aussi quelquefois, Le tronc, le buste d'une statue entière, ou même d'une personne vivante. Le torse de la Vénus de Milo est admirable. Cet homme a le torse trop court pour la hauteur de ses cuisses et de ses jambes.

TORSION. s. f. Action de tordre, et L'état de ce qui est tordu. Il s'emploie surtout dans le langage didactique.

TORT. s. m. Ce qui est opposé à la justice et à la raison. Lequel des deux a tort? Ils ont tort tous deux. Je ne sais qui a tort. Le tort est de votre côté. Il a tous les torts du monde. Tout le monde lui donne tort, lui donne le tort. Vous avez tort, vous avez grand tort de parler comme vous faites. C'est un tort que je ne vous pardonnerai jamais. Vous aggravez vos torts. Il a confessé, avoué noblement son tort. Reconnaître ses torts. Réparer, effacer tous ses torts.

Mettre quelqu'un dans son tort, Lui faire une offre, une proposition qu'il ne puisse refuser sans faire voir qu'il est déraisonnable ou injuste; avoir pour lui un procédé auquel il ait tort de ne pas répondre. Faites -lui encore cette offre pour le mettre dans son tort. Parlez-lui honnêtement pour le mettre encore plus dans son tort.

Prov., Le mort a toujours tort, Un homme mort ne pouvant plus se défendre, on rejette la faute de beaucoup de choses sur lui. On dit de même, Les absents ont tort.

TORT signifie aussi, Lésion, dommage qu'on souffre ou qu'on fait souffrir. Réparer le tort qu'on a fait. Il ne faut pas faire tort à son prochain. Cela m'a fait grand tort. La grêle a fait bien du tort en ce pays-là. Quel tort cela vous fait-il? Il ne lui a pas fait tort d'un écu. Il ne fait tort qu'à lui-même. Les gens que vous fréquentez vous font tort, font tort à votre réputation. Les chevaliers errants réparaient, redressaient les torts. Réparateur, redresseur des torts.

À TORT. loc. adv. Sans raison, injustement. On l'accuse à tort et sans cause. C'est à tort que vous lui imputez cela.

À TORT ET À TRAVERS. loc. adv. Sans considération, sans discernement. Il frappe à tort et à travers. Il parle à tort et à travers, sans savoir ce qu'il dit.

À TORT ET À DROIT. loc. adv. Sans examiner si la chose est juste ou injuste. Il veut ce qu'il veut, à tort et à droit.

À TORT OU À DROIT, À TORT OU À RAISON. loc. adverbiales Avec droit ou sans droit, avec ou sans raison valable. À tort ou à droit, il se prétend lésé. À tort ou à raison, il est convaincu qu on a voulu le tromper.

TORTE. adj. f. Voyez TORS.

TORTELLE. s. f. Plante. Voyez VÉLAR.

TORTICOLIS. s. m. Sorte de rhumatisme, ordinairement passager, qui fait qu'on ne peut tourner le cou sans douleur. Torticolis fort douloureux. Il a un torticolis.

Il signifie aussi, Qui porte le cou de travers. Cette attaque d'apoplexie l'a rendu torticolis. En ce sens, il est adjectif.

Il se dit, figurément et familièrement, Des faux dévots. Ne vous fiez pas à ces torticolis. Dans cette phrase, il est substantif.

TORTILLAGE. s. m. Façon de s'exprimer confuse et embarrassée. Que veut-il dire avec ce tortillage? Il est très-familier.

TORTILLE. s. f. Il se dit de Petites allées, étroites et tortueuses, qu'on pratique dans un bois, dans les taillis d'un jardin ou d'un parc, pour s'y promener à l'ombre. Il y a dans ce parc de jolies tortilles. Cette tortille est sombre et fraîche. Quelques-uns disent aussi, Tortillère.

TORTILLEMENT. s. m. Action de tortiller, ou L'état d'une chose tortillée. Le tortillement des câbles est une opération pénible. Le tortillement de cette corde est trop lâche.

TORTILLEMENT se dit, figurément et familièrement, Des petits détours, des petites finesses qu'on cherche dans les affaires. Il ne faut point tant de tortillements. Je ne m'accommode pas de ses tortillements.

TORTILLER. v. a. Tordre à plusieurs tours. Il ne se dit qu'en parlant Des choses faciles à plier, comme le papier, la filasse, le ruban, etc. Tortiller du ruban, une corde, un cordon, du papier. Tortiller des cheveux.

Il se dit, avec le pronom personnel, Des serpents et des vers qui se tordent, qui se replient sur eux-mêmes en plusieurs façons. Voyez comme ce serpent, comme ce ver se tortille. Cet homme se tortille comme un serpent.

Il signifie, figurément et familièrement, Chercher des détours, des subterfuges. Cet homme ne fait que tortiller dans les affaires. Il ne faut point tant tortiller, il n'y a pas à tortiller, il faut aller droit. En ce sens, il est neutre.

Fam. et par plaisanterie, Tortiller des hanches, Marcher avec un mouvement, un balancement trop marqué des hanches.

TORTILLÉ, ÉE. participe

TORTILLÈRE. s. f. Voyez TORTILLE.

TORTILLON. s. m. Coiffure d'une fille du bas peuple. Il se dit, par extension, d'Une petite servante prise au village. Les deux sens ont vieilli.

TORTIONNAIRE. adj. des deux genres T. de Jurispr. Inique et violent. Il n'est guère usité que dans ces locutions: Un emprisonnement injurieux et tortionnaire; une exécution, une saisie, etc., injuste et tortionnaire.

TORTIS. s. m. Assemblage de plusieurs fils de chanvre, de laine, de soie, etc., tordus ensemble.

TORTIS se dit aussi d'Une espèce de couronne ou de guirlande de fleurs. Un tortis de fleurs. Un tortis de myrte. Ce sens est vieux.

Il se dit, en termes de Blason, Du fil de perles qui entoure la couronne des barons.

TORTU, UE. adj. Qui n'est pas droit, qui est de travers. Cet homme est tout tortu, bossu, etc. Il a les jambes tortues, les pieds tortus, le nez tortu. Un arbre tortu. Cette pièce de bois est tortue. Un chemin, un sentier tortu. Les ceps de vigne sont toujours tortus.

Fam., Le bois tortu, La vigne.

Fig. et fam., Avoir l'esprit tortu, Manquer de justesse dans l'esprit, voir les choses autrement qu'elles ne sont. On dit dans le même sens, Faire des raisonnements tortus.

TORTUE. s. f. Animal amphibie à quatre pieds, qui marche fort lentement, et dont tout le corps, à la réserve de la tête, des pieds et de la queue, est couvert d'une grande enveloppe dure et le plus souvent garnie d'écailles. Tortue de mer. Tortue de rivière. Tortue de terre. Il y a dans ce pays des tortues de mer d'une prodigieuse grandeur. Écaille de tortue. OEufs de tortue. La chair de tortue est délicate. Bouillon de tortue. Potage aux tortues. Soupe à la tortue. Peigne, boîte d'écaille de tortue, ou simplement, d'écaille.

Fam., À pas de tortue, Lentement. Il va, il marche à pas de tortue.

TORTUE était, chez les Romains, L'espèce d'abri ou de toit que les soldats formaient en tenant leurs boucliers au-dessus de leur tète, et en les serrant les uns contre les autres, pour être à couvert des traits de l'ennemi en approchant du pied des murailles d'une ville assiégée. Les pierres et les traits lancés par les assiégés tombaient et glissaient sur la tortue formée par les assiégeants.

Il se disait également d'Une machine de guerre montée sur des roues et couverte, à l'abri de laquelle on pouvait s'avancer de même jusqu'au pied des murailles d'une ville assiégée. Les travailleurs, couverts par la tortue, percèrent le mur.

TORTUER. v. a. Rendre tortu. Tortuer une aiguille.

Il s'emploie aussi avec le pronom personnel. Cet arbre commence à se tortuer.

TORTUÉ, ÉE. participe

TORTUEUSEMENT. adv. D'une manière tortueuse.

TORTUEUX, EUSE. adj. Qui fait plusieurs tours et retours. Il ne se dit guère que Des rivières, des chemins et des serpents. Le cours tortueux d'un fleuve. Un chemin, un sentier tortueux. Les replis tortueux d'un serpent.

Fig., Une marche, une conduite tortueuse, Une manière d'agir sans franchise, pleine de détours. On dit aussi, Des voies tortueuses.

TORTUOSITÉ. s. f. État de ce qui est tortueux. Il est peu usité.

TORTURE. s. f. Gêne, tourment qu'on fait souffrir. Les tyrans ont inventé d'horribles tortures.

Il signifie aussi, Le tourment qu'on fait souffrir à quelqu'un par ordre de justice, pour l'obliger à confesser la vérité. Mettre à la torture. Appliquer à la torture. Donner la torture. Souffrir la torture. Être condamné à la torture. Être à la torture. La torture est depuis longtemps abolie en France. Dans cette acception, l'on se sert plus ordinairement du mot de Question.

Fig., Mettre son esprit à la torture, donner la torture à son esprit, se donner la torture, être à la torture, Travailler avec une grande contention d'esprit à la recherche, à l'examen, à la discussion de quelque chose. Ne donnez point la torture à votre esprit pour résoudre une pareille question.

Fig., Mettre quelqu'un à la torture, Lui causer un trouble, un embarras pénible, ou une vive impatience. On dit également dans ce sens, Être à la torture.

TORTURER. v. a. Faire éprouver la torture. Les brigands l'ont inutilement torture pour lui faire dire où était son or. Il fut cruellement torturé avant d'avouer son crime.

Fig., Torturer un texte le sens d'un texte,

Next page


PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.