LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798

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Page 670

TORCHER

TORCHER. v. a. Essuyer, frotter pour ôter l'ordure. Les nourrices torchent leurs enfans.

On dit proverbialement et figurément d'Un homme qu'on croit qui n'obtiendra pas ce qu'il prétend, qu'Il n'a qu'à s'en torcher le bec. Il est populaire.

On dit d'Un ouvrage grossier, qu'On a torché cela à la hâte, que Cela est torché comme on a pu. Ce Poëte torche ses vers à la diable. Il est populaire.

On dit populairement aussi, Torcher quelqu'un, pour dire, Le battre. Il se fera torcher.

Torché, ée

Torché, ée. participe.

TORCHE--CUL

TORCHE--CUL. sub. mas. Linge, papier, ou autre chose, dont on s'essuie le derrière après qu'on a été à la garderobe.

Il se dit aussi figurément et populairement, pour signifier Une chose fort méprisable. Cet écrit n'est qu'un torchecul, un vrai torche--cul.

TORCHE--NEZ

TORCHE--NEZ. s. mas. Corde ou ficelle dans laquelle on passe et on engage la lèvre antérieure du cheval, et que l'on serre ensuite avec un morceau de bois. Mettez le torche--nez à ce cheval, il sera tranquille.

TORCHÈRE

TORCHÈRE. subs. fém. Espèce de guéridon fort élevé, sur lequel on met un flambeau, une girandole, des bougies, dans les salles des Palais et des grandes maisons. Belle, magnifique torchère. Torchères d'argent. Torchères de bois doré. Il y avoit plusieurs torchères dans cette salle.

TORCHIS

TORCHIS. s. mas. Mortier de terre grasse mêlée avec de la paille, ou avec du foin, pour faire des murs. En ce pays--là il n'y a point de pierres; toutes les maisons des paysans et les murs de clôture sont de torchis.

TORCHON

TORCHON. subs. masc. Espèce de serviette de grosse toile, dont on se sert pour torcher, pour essuyer la vaisselle, la batterie de cuisine, les meubles, etc. Torchon blanc. Torchon sale. Paquet de torchons.

On dit populairement, qu'Une femme est un torchon, qu'elle est faite comme un torchon, pour, qu'Elle est malpropre et mal vêtue.

Torchon

Torchon, se disoit aussi au sens de Torche. Delà le proverbe populaire, Le torchon brûle entre eux, ou simplement, Le torchon brûle, pour dire, Il y a entre eux un sujet de discorde allumé.

TORDRE

TORDRE. v. a. Je tords, tu tords, il tord; nous tordons, etc. Je tordois. J'ai tordu. Je tordis. Je tordrai. Tords, tordez, etc. Tourner un corps long et flexible par ses deux extrémités en sens contraire, ou par l'une des deux, l'autre étant fixe. Tordre du fil. Tordre un lien, des cordes. Je tords du linge. Je tordrai une branche.

On dit, Tordre le cou, pour, Faire mourir en tournant le cou et en disloquant les vertèbres. Tordre le cou à une perdrix, à un poulet. Je lui tordrai le cou. En tombant, il s'est tordu le cou.

On dit, Tordre la bouche, pour, Tourner la bouche de travers.

On dit proverbialement et populairement d'Un homme qui mange trop avidement, et qui avale presque sans mâcher, qu'Il ne fait que tordre et avaler.

On dit figurément, Tordre une loi, un passage, etc. pour dire, Détourner la loi, le passage, etc. de son sens naturel, pour lui en donner un différent plus convenable aux vues de celui qui l'emploie.

On dit, Tordre le sens d'un Auteur, d'un passage, pour dire, Lui donner une interprétation forcée.

Tordu, ue

Tordu, ue. participe.

TORE

TORE. s. mas. Terme d'Architecture. Moulure ronde, qui embrasse l'extrémité inférieure de la colonne. Le tore est plus gros que l'astragale. C'est la grosseur du tore qui le distingue de l'astragale.

TORMENTILLE

TORMENTILLE. s. f. Plante qui croît dans les bois et dans les lieux ombragés. Sa racine est vulnéraire, astringente et détersive.

TORON

TORON. subst. masc. Assemblage de plusieurs fils de caret tournés ensemble, qui font partie d'une corde, d'un câble.

TORPEUR

TORPEUR. s. f. Engourdissement profond. Il se dit au propre, d'Une cessation de sentiment ou dans la totalité du corps, ou dans un membre. Ce malade est tombé dans la torpeur.

On le dit au figuré, d'Un état de l'âme qui cause son inaction. Il n'y a pas moyen de tirer cet homme de satorpeur. On le dit non--seulement d'Un homme, mais d'une multitude. Tous les esprits étoient dans la torpeur.

TORPILLE

TORPILLE. subs. fém. Poisson qui a la propriété de donner une commotion, d'où résulte l'engourdissement de la main de celui qui le touche, soit immédiatement, soit avec un bâton. Les Physiciens attribuent à l'électricité la commotion que donne la Torpille.

TORQUE

TORQUE. s. f. Terme de Blason, qui se dit d'Un bourlet qui se pose sur le heaume, et qui est des deux principaux émaux du corps des armoiries.

TORQUET

TORQUET. s. m. Il n'est d'usage que dans cette façon de parler populaire, Donner un torquet, donner le torquet, pour, Tromper quelqu'un, lui dire une chose contraire à ce qu'on pense, pour lui donner le change. Je lui ai donné un torquet. On dit aussi, qu'Un homme a donné dans le torquet, pour, qu'Il a donné dans le panneau qu'on lui avoit tendu.

TORQUETTE

TORQUETTE. s. f. Certaine quantité de marée entortillée dans de la paille. Une torquette de poisson.

TORRÉFACTION

TORRÉFACTION. s. f. Opération par laquelle on applique une chaleur violente à un corps.

TORRÉFIER

TORRÉFIER. v. a. Griller, rôtir, appliquer une chaleur violente à un corps. Torréfier de la rhubarbe.

Torréfié, ée

Torréfié, ée. participe.

TORRENT

TORRENT. subs. mascul. Courant d'eau rapide, qui vient ordinairement des orages ou de la fonte des neiges, et qui ne dure que quelque temps. Torrent rapide, impétueux. Il vint un torrent qui ravagea tout ce pays. Il se forme de grands torrens dans les montagnes Passer un torrent. Ce n'est pas une rivière, ce n'est qu'un torrent. Ces ravins ont été creusés par des torrens.

Torrent

Torrent, se dit figurément De certaines choses par rapport à leur abondance, ou à leur impétuosité, ou à tous les deux ensemble. Un torrent de paroles. Un torrent d'injures. Verser un torrent de larmes. Un torrent d'éloquence. Il est difficile de résister au torrent des passions, au torrent du monde, au torrent de la coutume. Céder au torrent. S'opposer au torrent. Suivre le torrent. C'est un torrent qui entraîne tout.

TORRIDE

TORRIDE. adj. Brûlant, excessivement chaud. Il n'est d'usage que dans cette phrase, Zone torride, pour dire, La portion de la terre ou du ciel qui est entre les deux Tropiques. Les habitans de la Zone torride voient le Soleil à plomb sur leurs têtes deux fois l'année.

TORS, ORSE

TORS, ORSE. adj. Qui est tordu, ou qui paroît l'être. Cou tors. Colonnes torses. De la soie torse. Du fil tors. Du sucre tors.

On dit figur. Un cou tors, pour, Un hypocrite.

On dit populair. Torte au féminin. Jambe torte. Bouche torte. Gueule torte.

TORSE

TORSE. s. masc. Terme de Sculpture, qui se dit d'Une figure tronquée, qui n'a qu'un corps sans tête, ou sans bras, ou sans jambes. Le torse duVatican.

TORT

TORT. s. mas. Ce qui est opposé à la justice et à la raison. Lequel est -- ce des deux qui a tort? Ils ont tort tous deux. Je ne sais qui a tort. Il a tous les torts du monde. Tout le monde lui donne tort, lui donne le tort. Vous avez tort de parler comme vous faites.

On dit, Mettre quelqu'un dans son tort, pour, Lui faire une offre, une proposition qu'il ne puisse refuser sans faire voir qu'il est déraisonnable ou injuste; avoir pour lui un procédé auquel il ait tort de ne pas répondre. Faites--lui encore cette offre--là pour le mettre dans son tort. Parlez--lui honnêtement pour le mettre encore plus dans son tort.

On dit proverbialement, Le mort À toujours tort, pour, que Lorsqu'Un homme est mort, et qu'il ne peut plus se défendre, on rejette la faute de beaucoup de choses sur lui. On dit de même, Les absens ont tort.

Tort

Tort, signifie aussi, Lésion, dommage qu'on souffre, ou qu'on fait souffrir, soit avec injustice, soit sans injustice. Réparer le tort qu'on a fait. Il ne faut pas faire tort à son prochain. Cela m'a fait grand tort. La grêle a fait bien du tort en ce pays--là. Quel tort cela vous fait--il? Ce Marchand lui a fait grand tort en venant s'établir si près de lui. Il ne lui a pas fait tort d'un écu. Il ne fait tort qu'a lui--même. Les gens que vous hantez vous font tort, font tort à votre réputation.

On dit, que Les Chevaliers errans réparoient, redressoient les torts. On dit dans le même sens, Réparateur des torts, redresseur des torts.

On dit familièrement, Épouser les torts de quelqu'un, au même sens, qu'Épouser sa querelle pour la partager, s'en rendre l'approbateur. On le condamne universellement; personne n'a voulu épouser ses torts.

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