Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

RECHERCHE Accueil Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 2:369

PATIN en termes de Charpenterie, Pièce de bois qu'on pose de niveau sous la charpente d'un escalier, pour la porter et lui servir de base. Le patin d'un escalier.

En termes de Maréchalerie, Fer à patin, Sorte de fer qu'on met au pied d'un cheval, dans certains cas, pour le forcer à s'appuyer sur le pied opposé.

PATINE. s. f. Oxyde vert de bronze; vert-de-gris noirâtre qui se forme sur les statues et les médailles de bronze de l'antiquité, et qui leur sert en quelque sorte de vernis. La patine de cette médaille est fort belle. On applique sur les statues de bronze modernes un vernis qui imite assez bien la patine antique.

PATINER. v. a. Manier indiscrètement. Ces fruits ont perdu toute leur fleur, on les a trop patinés.

Il signifie aussi, Prendre et manier les mains et les bras d'une femme. En ce sens, il est libre et vieux.

PATINÉ, ÉE. participe

PATINER. v. n. Glisser sur la glace avec des patins. Dans les pays froids, c'est un divertissement commun pendant l'hiver que de patiner, d'aller voir patiner.

PATINEUR. s. m. Celui qui prend et manie les mains et les bras d'une femme. C'est un grand patineur, un patineur insupportable. Les patineurs n'ont pas beau jeu avec elle. Il est libre et vieux.

PATINEUR. s. m. Celui qui glisse sur la glace avec des patins. Il y avait beaucoup de patineurs sur la rivière, sur le canal.

PÂTIR. v. n. Souffrir, avoir du mal, être dans la misère. L'armée pâtit beaucoup dans cette marche. Les chevaux y ont plus pâti que les hommes. Il faut qu'un soldat sache pâtir. Les pauvres pâtissent beaucoup en hiver. Il a été longtemps malade, il a bien pâti avant de mourir.

Nature pâtit, se dit en parlant D'une personne qui se fait violence pour cacher les sentiments pénibles qu'elle éprouve.

Pâtir de quelque chose, En être puni, en souffrir du dommage. Il a fait la faute, et j'en ai pâti. Les petits ont toujours pâti des sottises des grands. Tel en pâtira qui n'en peut mais. Qui en pâtira, si ce n'est vous? Vous vous êtes trop laissé aller à vos plaisirs, vous en pâtirez.

Pâtir pour quelqu'un, Souffrir d'une faute qu'il a faite, d'un tort qu'il a eu. Il ne faut pas que l'innocent pâtisse pour le coupable. Souvent les bons pâtissent pour les méchants.

PÂTIR se dit aussi Des choses, et signifie, Souffrir du déchet, de l'altération, diminuer de profit. Votre bien pâtira de votre absence. Il a fait des excès, sa santé en a pâti. Ce champ, ce jardin a pâti. Cet arbre a pâti. Ce tableau a un peu pâti. Mon commerce en a pâti.

PÂTIS. s. m. T. d'Économie rurale. Espèce de lande ou de friche, dans laquelle on met paître des bestiaux. Mettre des moutons, des vaches dans le pâtis, dans un pâtis. Ce n'était qu'un pâtis, j'en ai fait un pâturage.

PÂTISSER. v. n. Faire de la pâtisserie. Il pâtisse fort bien.

PÂTISSÉ, ÉE. participe Cela est bien pâtissé.

PÂTISSERIE. s. f. Pâte préparée et assaisonnée, qu'on fait cuire ordinairement dans le four. Bonne, excellente pâtisserie. Manger de la pâtisserie. La pâtisserie charge l'estomac. Il aime beaucoup la pâtisserie, les pâtisseries.

Il signifie aussi, L'art de faire la pâtisserie. Il travaille bien en pâtisserie. Les pâtés, les tourtes, les biscuits, les gâteaux, etc., sont des ouvrages de pâtisserie.

PÂTISSIER, IÈRE. s. Celui, celle qui fait des pâtés et autres pièces de four. Bon pâtissier. Mauvaise pâtissière.

PÂTISSOIRE. s. f. Table avec des rebords, sur laquelle on pâtisse.

PATOIS. s. m. Le langage du peuple et des paysans, particulier à chaque province. Chaque province a son patois. Le patois bourguignon, picard, normand, champenois, gascon, provençal, etc. Parler patois. Je n'entends point son patois. Il parle en franc patois. Il me dit en son patois que...

Il se dit quelquefois, par extension, de Certaines façons de parler qui échappent aux gens de province. Cela est du patois. Il parle encore patois.

PÂTON. s. m. Il se dit de Certains morceaux de pâte dont on engraisse les chapons, les poulardes, etc. On a engraissé ce chapon avec des pâtons.

PATRAQUE. s. f. Machine usée ou mal faite, et de peu de valeur. Cette montre n'est qu'une patraque, une vieille patraque. La voiture que ce sellier m'a livrée, est une patraque, une véritable patraque. Il est familier.

Il se dit, figurément et familièrement, d'Une personne faible et usée. Je ne suis plus qu'une vieille patraque. Il devient patraque. Il est employé adjectivement dans cette dernière phrase.

PÂTRE. s. m. Celui qui garde, qui fait paître des troupeaux de boeufs, de vaches, de chèvres, etc. Il y a beaucoup de pâtres dans ce pays.

PATRES (AD) (On prononce Patrèsse.) Expression latine, qui s'emploie dans ces phrases familières: Aller ad patres, Mourir; Envoyer ad patres, Faire mourir. Cet homme est allé ad patres. Il a pris un médecin qui l'a envoyé ad patres.

PATRIARCAL, ALE. adj. Qui appartient à la dignité de patriarche. Siége, trône patriarcal. Dignité patriarcale. Croix patriarcale. Il y a à Rome cinq églises patriarcales.

Il signifie aussi, Qui a rapport aux anciens patriarches; et, par extension, Qui rappelle la simplicité de leurs moeurs. Le gouvernement patriarcal. Une vie patriarcale. Des moeurs patriarcales. L'intérieur de sa maison offre un aspect patriarcal.

PATRIARCAT. s. m. Dignité de patriarche. Il fut élevé au patriarcat de Constantinople.

Il se dit aussi de L'étendue de territoire soumise à la juridiction d'un patriarche. Le patriarcat d'Alexandrie, d'Antioche, etc.

Il se dit encore Du temps pendant lequel un patriarche a occupé son siége. Durant son patriarcat.

PATRIARCHE. s. m. Nom donné à plusieurs saints personnages de l'Ancien Testament. Noé, Abraham, et les autres patriarches. Les saints patriarches.

Fig., Il a l'air d'un patriarche, se dit D'un vieillard qui a une figure vénérable.

Fig., C'est un patriarche, se dit D'un vieillard qui vit au milieu d'une famille nombreuse. On dit de même, Il mène une vie de patriarche, Il vit comme un patriarche.

PATRIARCHE est aussi Un titre de dignité dans l'Église, qui se donnait autrefois aux évêques des premiers siéges épiscopaux. Patriarche de Constantinople. Patriarche d'Alexandrie. Patriarche d'Antioche. Patriarche de Jérusalem. On donne encore ce titre à quelques évêques. Le patriarche de Lisbonne. Le patriarche d'Aquilée.

PATRIARCHE est aussi Le titre des chefs de l'Église grecque, et de quelques autres communions regardées comme schismatiques par l'Église romaine, telles que celles des maronites, des jacobites, des nestoriens, etc.

Il se dit aussi Du premier instituteur de certains ordres religieux, comme saint Basile, saint Benoît, etc.

PATRICE. s. m. Titre d'une dignité instituée dans l'empire romain, par Constantin. Les patrices avaient le premier rang dans l'empire après les Césars. La dignité de patrice était à vie. Il y avait plusieurs patrices en même temps.

PATRICIAT. s. m. Dignité de patrice. On ne parvenait ordinairement au patriciat, qu'après avoir passé par les plus grandes charges, comme celle de consul, de préfet du prétoire, de préfet de la ville.

Il signifie aussi, L'ordre des nobles dans les gouvernements où ils sont appelés Les patriciens. Cela offensa le patriciat.

PATRICIEN, IENNE. adj. Il se dit De ceux qui, parmi les Romains, étaient issus des premiers sénateurs institués par Romulus. Dans les premiers temps de la république romaine, on ne faisait point de consuls qui ne fussent patriciens. La famille Cornélia était patricienne. Clodius était patricien, et se fit plébéien.

Dans plusieurs États, Les familles patriciennes, Les familles nobles.

PATRICIEN est aussi substantif. Les seuls patriciens furent longtemps en possession du consulat. Les anciens patriciens. Les nouveaux patriciens. Les patriciens de Sienne, de Bologne.

PATRIE. s. f. Le pays où l'on a pris naissance. La France est notre patrie. Dans des contrées pauvres, dont le climat est rude, on voit les hommes chérir leur patrie. L'équipage poussa des cris de joie en revoyant la patrie. Dans l'exil, le coeur palpite au souvenir de la patrie. Chasser les armées étrangères du sol de la patrie.

Il signifie, dans un sens plus particulier, La province, la ville où l'on est né. Le Languedoc est sa patrie. Marseille est sa patrie. J'irai visiter encore une fois ma patrie. Lyon, sa patrie, a reçu des marques de sa munificence.

Il se dit souvent, dans un sens figuré, de La nation dont on fait partie, de la société politique dont on est membre. Solon donna des lois à sa patrie. Cicéron fut appelé le Père de la patrie. Les vertus de ce magistrat, les talents de ce poëte font honneur à votre patrie, honorent votre patrie.

Next page


PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.