Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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La pluie abat la poussière. La violence du
choc fut telle que l'arbre, que le mât
s'abattit.

En termes de Marine, Abattre un navire,
l'abattre en carène,
Le mettre sur le côté,
pour travailler à la carène ou à quelque
autre partie qui est ordinairement submergée.

En termes d'Art vétérinaire, Abattre un
chenal, un boeuf,
Le renverser sur un lit de
paille, quand il doit subir quelque opération.
Ce cheval est fougueux, on est contraint
de l'abattre pour le ferrer.

Aux jeux de Cartes, Abattre son jeu, Le
mettre sur la table pour le montrer. On dit
quelquefois absolument Abattre.

Fig. et fam., Abattre de la besogne, Expédier
en peu de temps beaucoup d'affaires,
beaucoup de travail.

Prov., Petite pluie abat grand vent, Ordinairement,
quand il vient à pleuvoir, le
vent s'apaise. Cette phrase signifie au figuré
Peu de chose suffit quelquefois pour calmer
une grande querelle.

ABATTRE signifie aussi Assommer, tuer.
Ce chien était enragé : il a fallu l'abattre.

Il signifie au figuré Affaiblir physiquement
et moralement. Une fièvre continue abat bien
un homme. Cette perte lui abattit le courage,
abattit sa fierté. La moindre affliction l'abat.
Rien n'abat comme une souffrance continuelle.
Ces deux nations, ces deux puissances sont
ennemies, elles font leurs efforts pour s'abattre
l'une l'autre.

S'ABATTRE se dit particulièrement d'un
Cheval à qui les pieds manquent et qui
tombe tout d'un coup. En galopant, son
cheval s'est abattu sous lui.

Il se dit aussi d'un Oiseau qui descend
avec rapidité vers quelque but. Une volée
de pigeons s'abattit sur mon champ. L'épervier
s'abattit sur sa proie.
On dit dans le
même sens Un orage terrible va s'abattre
sur nous.

Le vent s'abat, s'est abattu, est abattu, Il
s'apaise, il est apaisé.

Aller, courir à bride abattue. Voyez BRIDE.

Le participe passé ABATTU, UE, s'emploie
aussi adjectivement. À la suite de cette catastrophe,
je l'ai trouvé bien abattu.

Fig., Un visage abattu, Un visage où se
peint l'abattement.

ABATTURE. n. f. T. d'Eaux et Forêts.
Action d'abattre les fruits des arbres et
particulièrement les glands.

Au pluriel, il se dit, en termes de Chasse,
des Foulures qu'un cerf laisse dans les broussailles
où il a passé.

ABAT-VENT. n. m. Assemblage de petites
lames inclinées et parallèles, qui garantit
du vent, de la neige et de la pluie les ouvertures
d'une maison, d'un atelier, d'un clocher,
etc., sans empêcher la circulation de
l'air. Un abat-vent couvert de plomb, d'ardoise.
Les fenêtres de ce séchoir, de ce magasin sont
garnies d'abat-vent. Les persiennes sont des
espèces d'abat-vent.

ABAT-VOIX. n. m. Dessus d'une chaire à
prêcher, lequel sert à rabattre vers l'auditoire
la voix du prédicateur. Cette chaire n'a
pas d'abat-voix, aussi on entend mal le prédicateur.

ABBATIAL, ALE. (TI se prononce CI.)
adj. Qui a rapport à l'abbé ou à l'abbesse,
ou bien à l'abbaye. Les droits abbatiaux.
Dignité abbatiale. Mense abbatiale. Maison
abbatiale,
et quelquefois comme nom féminin,
Abbatiale.

ABBAYE. (On prononce Abéyie.) n. f.
Monastère d'hommes, qui a pour supérieur
un abbé, ou de femmes, qui a pour supérieure
une abbesse. Abbaye royale, ou de fondation
royale. Abbaye sécularisée. Abbaye de Saint-
Benoît, de l'ordre de Cîteaux.

Il s'est dit du Bénéfice attaché au titre
d'abbé. Le roi lui donna une abbaye. Il avait,
il possédait jusqu'à trois abbayes.

Abbaye en règle, Celle à laquelle on ne
peut nommer qu'un religieux. Abbaye en
commende,
Celle à laquelle on pouvait nommer
un ecclésiastique séculier.

ABBAYE se dit encore des Bâtiments du
monastère. Une abbaye bien bâtie. Une
abbaye qui tombe en ruines.

Prov. et fig., Pour un moine l'abbaye ne
faut pas,
Quand plusieurs personnes sont
convenues de se réunir, et qu'une d'elles
manque à la réunion, on ne laisse pas de
faire ce qui avait été résolu.

ABBÉ. n. m. Celui qui porte le costume
ecclésiastique et remplit ou se prépare à
remplir les fonctions sacerdotales. Nous
avons rencontré plusieurs abbés. Allez parler
à Monsieur l'abbé. Les abbés du catéchisme
de Saint-Sulpice sont généralement de jeunes
séminaristes.

Il s'est dit de Celui qui dirigeait une abbaye.
Abbé de l'ordre de Saint-Benoît. Abbé régulier.
Abbé crossé et mitré. Élire un abbé.
Bénir un abbé.

Prov. et fig., Nous l'attendrons comme les
moines font l'abbé,
S'il n'arrive pas à l'heure
du dîner, nous nous mettrons à table sans
lui.

Prov. et fig., Le moine répond comme
l'abbé chante,
Ordinairement les inférieurs
prennent quelque chose du ton, des habitudes
de leurs supérieurs.

Il se disait aussi de Tout homme qui portait
l'habit ecclésiastique, sans remplir les
fonctions sacerdotales. Un jeune abbé. Un
petit abbé. Un abbé de cour.

ABBESSE. n. f. Supérieure d'un monastère
de femmes. Abbesse triennale. Abbesse
perpétuelle. Nommer, élire, bénir une abbesse.

Abbesse crossée, Celle qui avait le droit de
porter la crosse.

A B C. (On prononce Abécé.) n. m. Petit
livret contenant l'alphabet et la combinaison
des lettres pour enseigner à lire. Acheter
un A b c pour un enfant.

Il signifie figurément et familièrement
le Commencement d'un art, d'une science,
Ce n'est là que l'A b c des mathématiques.
Cette maxime est l'A b c de la politique.

N'en être qu'à l'A b c d'une science, d'un
art,
N'en avoir que les premières notions.

Prov. et fig., Renvoyer quelqu'un à l'A b c,
Le traiter d'ignorant; et, Remettre quelqu'un
à l'A b c,
Le ramener aux éléments,
aux premiers principes d'un art, d'une
science, etc.

On dit quelquefois dans le même sens
A b c d.

ABCÈS. n. m. T. de Médecine. Amas de
pus dans quelque partie du corps. Avoir un
abcès au poumon, au foie. Vider un abcès.
L'abcès a percé, a crevé.

ABDICATION. n. f. Action d'abdiquer.
Il se dit en parlant de Celui qui abdique
et de la Chose abdiquée. L'abdication de
Dioclétien. Charles-Quint fit abdication à
Bruxelles. L'abdication d'une couronne, d'un
empire est quelquefois suivie de regrets.

Il signifiait aussi, dans notre ancienne
Jurisprudence, Acte par lequel un père privait
son fils des droits que celui-ci avait, à ce
titre, dans sa succession. L'abdication était
une exhérédation prononcée pendant la vie et
susceptible de révocation.

ABDIQUER. v. tr. Abandonner un pouvoir,
une dignité, un droit d'un ordre élevé.
Abdiquer la royauté. Abdiquer la couronne.
Abdiquer le consulat, la dictature. Abdiquer
les honneurs.

Il s'emploie au sens figuré. Un père ne doit
jamais abdiquer son autorité.

Il s'emploie aussi absolument. Ce prince
a abdiqué, on l'a forcé d'abdiquer.

ABDOMEN. (On prononce l'N.) n. m.
T. d'Anatomie. Cavité viscérale circonscrite
en haut par le diaphragme, en bas par le
bassin, en arrière par les vertèbres lombaires
et en avant par des aponévroses et des muscles.
On l'appelle dans le langage ordinaire
BAS-VENTRE. Les muscles de l'abdomen.

Il se dit, en termes de Zoologie, de la
Partie postérieure du corps des insectes.

ABDOMINAL, ALE. adj. T. d'Anatomie.
Qui appartient à l'abdomen. Région abdominale.
Muscles abdominaux.

ABDUCTEUR. adj. m. T. d'Anatomie.
Qui produit l'abduction. Muscle abducteur.

Il s'emploie aussi comme nom. L'abducteur
de l'oeil, de la cuisse.

ABDUCTION. n. f. T. d'Anatomie. Action
des muscles qui écartent de la ligne médiane
du corps les parties auxquelles ils sont attachés.

ABÉCÉDAIRE. adj. des deux genres. Qui
concerne l'alphabet. Ordre abécédaire.

Il est aussi nom masculin et se dit d'un
A b c, d'un livre dans lequel on apprend
à lire. Acheter un abécédaire.

ABECQUER. v. tr. Nourrir un jeune
oiseau en lui donnant la becquée. Il est
familier.

ABÉE. n. f. Ouverture par laquelle l'eau
d'un bief tombe sur la roue d'un moulin
et qu'on ferme avec des pales quand le
moulin n'est pas en mouvement. On dit
aussi BÉE.

ABEILLE. n. f. Insecte hyménoptère qui
vit en essaim et qui produit la cire et le miel.
Abeilles sauvages, domestiques. Mère abeille
ou Abeille mère. Abeille ouvrière. Essaim
d'abeilles. Ruche d'abeilles.

ABERRATION. n. f. Écart d'imagination,
erreur de jugement. Les aberrations de l'esprit
humain. L'aberration de ses idées est étrange.
Les aberrations de cet écrivain sont singulières.

On dit de même L'aberration des sens.

Il se dit, en termes d'Astronomie, du Mouvement
apparent observé dans les astres et
qui résulte du mouvement de la lumière
combiné avec celui de la Terre. L'aberration
des étoiles fixes.

Il se dit aussi, en termes d'Optique, de
la Dispersion qui s'opère entre les divers
rayons lumineux émanés d'un même point,
lorsqu'ils rencontrent des surfaces courbes
qui les réfléchissent ou les réfractent, de sorte
qu'ils ne peuvent plus ensuite être concentrés
exactement en un même foyer. Aberration
de sphéricité. Aberration de réfrangibilité.

ABÊTIR. v. tr. Rendre stupide. Vous
abêtirez cet enfant. Il est tout abêti.

Il est aussi intransitif et signifie Devenir
bête. Il abêtit tous les jours. On dit dans
le même sens Il s'abêtit.

AB HOC ET AB HAC. (On fait sentir le
T d'ET.) Locution empruntée du latin. D'une
manière confuse et désordonnée. Il ne sait
ce qu'il dit; il parle, il raisonne
ab hoc et ab
hac. Il est familier.

ABHORRER. v. tr. Avoir en horreur.
Les honnêtes gens abhorrent les fripons. Il
abhorre les remèdes. Depuis son crime, il
s'abhorre lui-même.

ABÎME. n. m. Gouffre très profond. Affreux
abîme. Abîme effroyable. Par un tremblement
de terre, un abîme s'ouvrit dans cette plaine.
Sonder la profondeur d'un abîme. Il fut précipité
dans l'abîme.

Le pluriel s'emploie souvent poétiquement
et dans le style soutenu au lieu du singulier.

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