Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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Les abîmes de la mer, de la terre, Les immenses
profondeurs de la mer, de la terre. La mer
ouvrit ses abîmes et engloutit toute la flotte. La
terre s'ouvrit jusqu'au fond de ses abîmes.

Prov. et fig., L'abîme appelle l'abîme, Un
excès conduit à un autre excès, un crime
amène un autre crime.

Fig., Un abîme de malheur, un abîme de
misère,
Un extrême malheur, une extrême
misère. Il est tombé dans un abîme de malheur,
dans un abîme de misère.

Fig., Être sur le bord de l'abîme, Être près
de sa ruine, de sa perte. Creuser un abîme
sous les pas de quelqu'un,
Travailler à le perdre.

ABÎME se dit encore des Choses qui entraînent
à une dépense ruineuse. Le jeu, les procès
sont des abîmes.

Il se dit aussi figurément des Choses qui
sont impénétrables à la raison, ou qui sont
très difficiles à connaître. L'infini est un abîme
pour l'esprit humain. La métaphysique est un
abîme. Le coeur de l'homme est un abîme.

Il se dit particulièrement des Secrets et
des jugements de Dieu. Les jugements de Dieu
sont des abîmes. Les abîmes de la sagesse, de
la miséricorde de Dieu.

Fig., C'est un abîme de science, C'est un
homme extrêmement savant.

ABÎME, en termes d'Écriture sainte, signifie
quelquefois absolument l'Enfer. Les anges
rebelles ont été précipités dans l'abîme. Le
puits de l'abîme.

ABÎMER. v. tr. Précipiter dans un abîme.
Les cinq villes que Dieu abîma. Un tremblement
de terre vient d'abîmer toute une ville au
Japon. Cette montagne, cette maison s'est
abîmée tout à coup. La barque s'entrouvrit
et s'abîma.

Il signifie au figuré Ruiner entièrement.
Cette affaire l'a abîmé. Des dépenses excessives
l'ont abîmé.
Il a vieilli dans cet emploi.

Il signifie aussi, figurément et familièrement,
Endommager beaucoup. La pluie a
abîmé mon chapeau. La rouille abîme le fer.
L'ouragan abîma les blés. Ces longues pluies
ont abîmé les chemins. Cette robe s'abîme à la
poussière. Laisser des meubles s'abîmer à
l'humidité.

S'ABÎMER signifie au figuré S'abandonner
complètement à une pensée, à un sentiment,
à un genre de vie, s'y plonger. S'abîmer dans
ses pensées. S'abîmer dans la contemplation des
merveilles de Dieu. S'abîmer dans la débauche,
dans les plaisirs. Une femme abîmée dans sa
douleur.

AB INTESTAT. Locution empruntée du
latin. T. de Jurisprudence. Sans qu'il ait été
fait de testament. Hériter ab intestat, Hériter
d'une personne qui n'a point fait de testament.
On dit dans un sens analogue Héritier ab
intestat, Succession ab intestat. Voyez INTESTAT.

AB IRATO. Locution empruntée du latin.
Par quelqu'un qui est en colère. Par extension,
Dans un état de colère. Une satire écrite
ab irato. Testament ab irato. Il a pris cette
résolution
ab irato, Sous l'influence de la
colère.

ABJECT, ECTE. adj. Qui est dans un état
d'abjection. Un homme abject. Une âme abjecte.
Un esprit abject. Une créature abjecte.
Une physionomie abjecte Des emplois abjects.
Des sentiments abjects. Un langage abject.

ABJECTION. n. f. État d'abaissement qui
attire le mépris de tous. Vivre dans l'abjection.
Il s'est relevé de l'abjection, de l'état d'abjection
où il était tombé.

Il se dit également de Choses basses et méprisables.
L'abjection de ses sentiments et de
ses moeurs. L'abjection de sa conduite, de son
langage.

Il signifie Objet de rebut, dans cette phrase
de l'Écriture sainte : L'opprobre des hommes
et l'abjection du peuple.

ABJURATION. n. f. Action d'abjurer.
Abjuration publique, solennelle. Abjuration de
l'hérésie. Recevoir l'abjuration de quelqu'un. Il
a fait abjuration de ses erreurs. Cette abjuration
de ses anciens principes lui a fait beaucoup
d'ennemis.

ABJURER. v. tr. Abandonner, par un acte
solennel, une religion ou une doctrine. Abjurer
le judaïsme. Abjurer son erreur.
Absolument,
Il abjura dans l'église de Notre-Dame. Après
qu'il eut abjuré entre les mains de l'évêque.

Au figuré il signifie simplement Abandonner
ce qu'on faisait profession de croire, d'aimer,
de pratiquer. Abjurer Aristote, Descartes,
Abjurer la doctrine d'Aristote, de Descartes.
Elle avait abjuré toute pudeur, tout principe
d'honneur et de vertu.

ABLATIF. n. m. T. de Grammaire. Cas des
déclinaisons latines qui marque généralement
un rapport circonstanciel de temps, de lieu,
etc. Ablatif singulier, pluriel. Cette préposition
régit l'ablatif.

ABLATION. n. f. T. de Chirurgie. Action de
retrancher du corps une partie morbide.
L'ablation du sein, d'une tumeur.

ABLE. n. m. ou ABLETTE. n. f. Petit
poisson d'eau douce, comestible, dont les
écailles servent à la fabrication des fausses
perles.

ABLÉGAT. n. m. Vicaire d'un légat, ou
Envoyé extraordinaire du Pape.

ABLERET. n. m. T. de Pêche. Espèce de
filet carré attaché au bout d'une perche, avec
lequel on pêche des ables et d'autres petits
poissons.

ABLUTION. n. f. Action de laver. Ce mot,
en termes de Liturgie, désigne le Vin que le
prêtre prend après la communion, ainsi que
le vin et l'eau qu'on verse sur ses doigts et
dans le calice après qu'il a communié. Avant
l'ablution. Après l'ablution. Quand le prêtre
prend l'ablution.

Il se dit aussi d'une Pratique commandée
par quelques religions, et qui consiste à se
laver diverses parties du corps à des heures
déterminées. Les Musulmans font plusieurs
ablutions par jour. Les Hindous font leurs ablutions
dans le Gange.

Il se dit encore de l'Action de se laver,
indépendamment de toute pratique religieuse.
Chaque matin il fait ses ablutions.

ABNÉGATION. n. f. Renoncement, sacrifice.
Je fais abnégation de mon intérêt propre,
de ma volonté. Je fais ici abnégation de tout sentiment
personnel.

En termes de Théologie, il se dit du Détachement
de tout ce qui n'a point rapport à
Dieu. Pour s'attacher uniquement à Dieu il fait
abnégation de ce que l'homme a de plus cher.

ABOI. n. m. Cri du chien. L'aboi de ce chien
est fort importun.
En ce sens, il est moins usité
qu'ABOIEMENT.

ABOIS, au pluriel, désigne les Cris de la meute
qui entoure la bête, et, par extension, la
Situation de la bête entourée par la meute.
Le cerf est aux abois.

Fig., Être aux abois, se dit d'une Personne
qui a épuisé toutes les ressources, qui est
réduite à la dernière extrémité. À bout de
ressources, il est aux abois.
On dit aussi Cette
place, cette citadelle est aux abois,
Elle ne peut
plus se défendre. Sa vertu est aux abois, Elle
est bien près de succomber.

ABOIEMENT. n. m. Action d'aboyer.
L'aboiement d'un chien.

ABOLIR. v. tr. Mettre hors d'usage, réduire
à néant. Les nouvelles coutumes ont aboli les
anciennes. Cette loi fut abolie en fait, sans
être formellement révoquée. Cette loi trop sévère,
cette coutume bizarre s'est abolie d'elle-même.
Le culte des faux dieux fut aboli. Plus d'une
fois les Romains firent des lois pour abolir les

dettes. Abolir la mémoire du passé. Abolir le
passé. Un usage aboli.

En termes d'ancien Droit criminel, Abolir
un crime,
En arrêter ou en interdire la poursuite
judiciaire par un acte d'autorité souveraine.
Tout crime s'abolit au bout d'un certain
nombre d'années.

ABOLITION. n. f. Action d'abolir. L'entière
abolition de l'ordre des Templiers. Abolition
de l'esclavage. L'Assemblée nationale décréta
l'abolition des droits féodaux.
Par extension,
L'abolition des fonctions du cerveau. Abolition
de la volonté.

Il s'est dit aussi du Pardon que le Prince
accordait d'autorité absolue pour un crime
qui, par les ordonnances, n'était pas rémissible.
Lettres d'abolition. Abolition générale.
Le Parlement a entériné son abolition.

ABOMINABLE. adj. des deux genres. Qui
est en horreur, qui mérite d'être en horreur.
Crime abominable. Un homme abominable.
C'est une abominable calomnie. De pareils
écrits sont abominables.

Il se dit, par exagération, de Tout ce qui
est très mauvais en son genre. Cette comédie,
cette musique est abominable. Une odeur abominable.
Il fait un temps abominable.

ABOMINABLEMENT. adv. D'une manière
abominable. Il se conduit abominablement.

Il se dit aussi par exagération. Il chante, il
écrit abominablement.

ABOMINATION. n. f. Horreur, dégoût
qu'on ressent pour une personne ou une chose.
Avoir en abomination. Il est en abomination à
tous les gens de bien.

Il se dit aussi de Ce qui est l'objet de l'abomination.
Ce méchant homme est l'abomination
de tout le monde.

Il signifie encore Action abominable; et,
dans ce sens, il peut s'employer au pluriel.
C'est une abomination. Ce crime est une des
plus grandes abominations qu'on puisse imaginer.

En termes de Théologie, Les abominations
des Gentils,
Le culte idolâtre des Gentils.

L'abomination de la désolation. Locution
tirée de l'Écriture sainte et dont on se sert
pour exprimer les Plus grands excès de l'impiété,
les Plus grandes profanations, et, par
extension, les Plus grands désordres.

ABOMINER. v. tr. Détester, haïr. Il s'emploie
surtout par exagération plaisante. Je
vous abomine de penser de la sorte.

ABONDAMMENT. adv. D'une manière
abondante. Cette source fournit de l'eau abondamment.
Ses larmes coulaient abondamment.

Il signifie quelquefois Amplement. Cela
est abondamment expliqué, abondamment démontré
dans plusieurs livres. Il y a dans ce
sujet abondamment de quoi remplir un poème
entier.

ABONDANCE. n. f. Grande quantité. Abondance
de biens. Ses larmes coulaient en abondance,
en grande abondance, avec abondance.
Avoir abondance de toutes choses. Une grande
abondance de pensées, de paroles, de citations.

Il s'emploie absolument en parlant des
Biens de la terre et des choses nécessaires à
la vie. Ce fleuve répand l'abondance dans les
contrées qu'il parcourt. Pays d'abondance.
Année d'abondance. Il vit dans l'abondance.
L'abondance a remplacé la disette.

Parler d'abondance, Parler sans réciter de
mémoire; et, Parler avec abondance, Parler
avec facilité, sans sécheresse, sans chercher
ses paroles. Parler, écrire d'abondance de coeur,
Parler, écrire avec épanchement, avec une
pleine confiance.

Corne d'abondance, Corne remplie de fruits
et de fleurs, symbole de l'abondance.

Grenier d'abondance, Magasin servant à
tenir en réserve des grains pour les temps de
disette.

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