ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"667"> jusqu'à ce que le bain soit prêt à bouillir, & on y plonge l'étoffe, sans autre préparation que d'y tenir plus long - tems celle à laquelle on veut donner une nuance plus foncée. La couleur naturelle de l'orseille est un beau gris - de lin tirant sur le violet; mais en donnant précédemment à l'étoffe une couleur bleue plus ou moins foncée, on en tire la couleur de pensée, d'amaranthe, de violet, & de quelques autres semblables. Ces couleurs sont belles, mais elles n'ont aucune solidité; on tenteroit même inutilement de les assurer, en préparant l'étoffe dans le bouillon de tartre & d'alun. Il est vrai qu'on peut tirer de l'orseille une couleur presqu'aussi solide que celles du bon teint, en l'employant comme on fait la cochenille, avec la dissolution d'étain par l'esprit de nitre régalisé; mais cette couleur ne sera plus celle de l'orseille; au lieu du gris - de - lin, on aura une couleur semblable à la demi - écarlate; la chaux d'étain, blanche par elle - même, s'est mêlée avec la matiere colorante, & en a éclairci la nuance.

L'orseille des Canaries simplement délayée dans l'eau, & appliquée à froid sur le marbre blanc, lui communique une belle couleur bleue plus ou moins foncée, en la laissant plus ou moins de tems sur le marbre, & en y en remettant à mesure qu'elle se séche; la couleur devient très - belle en moins de 24 heures, & pénetre très avant.

Si l'on se sert de l'orseille d'herbe ou des Canaries préparée à l'ordinaire, c'est - à - dire avec la chaux & l'urine, ou quelques autres ingrédiens semblables, la couleur sera plutôt violette que bleue; mais pour avoir un vrai bleu, il faut qu'elle soit préparée avec du jus de citron, & il n'y a point à craindre que cet acide endommage le marbre, parce qu'il est entierement émoussé & absorbé, lorsqu'il a été travaillé avec l'orseille assez long - tems pour la faire venir en couleur.

Pour employer cette couleur, il faut que le marbre soit entierement froid; on la met avec le pinceau; mais comme elle s'étend beaucoup, on ne la peut employer qu'à faire de grandes veines qui ne sont pas bien exactement terminées, à - moins qu'elles ne touchent immédiatement des parties colorées avec le sang de dragon ou la gomme gutte; auquel cas elle s'arrête. On la contient aussi avec la cire, soit colorée, si l'on veut les veines colorées; soit blanches, si l'on veut que les veines demeurent blanches; ce qui se peut exécuter avec assez de précision.

Si cette couleur a l'inconvénient de s'étendre plus qu'on ne veut, elle a deux avantages très - considérables; le premier est qu'elle est d'une grande beauté, & même au - dessus de tout ce qui se peut rencontrer naturellement dans le marbre; l'autre est qu'on peut la passer sur les veines de rouge, de brun, & de jaune, sans qu'elle les endommage, & qu'ainsi elle est extrèmement facile à employer. Il semble qu'on pourroit soupçonner cette couleur de n'être pas des plus solides, parce que le tournesol & l'orseille changent fort vîte, & pâlissent à l'air; cependant M. du Fay a vu des morceaux de marbre teints de la sorte depuis plus de deux ans, sans qu'ils ayent souffert aucune altération sensible; au lieu que le safran, le roucou, & quelques autres matieres, perdoient en peu de jours une grande partie de leur couleur; d'où l'on peut conclure, que si cette teinture n'est pas aussi solide que le rouge & le jaune; elle ne laissera pas de conserver fort long - tems sa beauté & son éclat.

M. du Fay fait encore une observation, c'est que cette couleur qui pénetre extraordinairement le marbre, & quelquefois de plus d'un pouce, le rend un peu plus tendre & plus friable qu'il n'étoit auparavant, lorsqu'on se sert de la lessive de chaux & d'urine. Cet inconvénient ne mérite aucune attention, lorsqu'on ne veut faire que des taches ou quelques veines bleues; mais si l'on vouloit teindre toute une table de cette couleur, & la rendre extrèmement foncée, en y remettant plusieurs couches, il seroit à craindre qu'on ne la rendît par - là plus facile à rompre en la chargeant; car il semble à l'expérience que le marbre extrèmement pénétré de cette teinture, se casse plus facilement qu'auparavant: mais cela ne peut arriver dans des pieces solides, comme des cheminées, ou lorsqu'on ne voudra pas les teindre entierement de cette couleur, ou lorsqu'on n'employera que l'orseille simplement dissoute avec l'eau commune. (D. J.)

ORSOY (Page 11:667)

ORSOY, (Géog.) petite ville d'Allemagne au pays de Cleves, sur le Rhin, au - dessus de Rhinberg, à distance presque égale de Wesel & de Duisbourg, & au nord du comté de Meure. Le prince d'Orange la prit en 1634; Philippe de France la reprit en 1672, & enfin démolit les fortifications. Elle appartient au roi de Prusse. Long. 24. 18. lat. 51. 28.

ORSSA (Page 11:667)

ORSSA, (Géog.) ville de Pologne, dans le grand duché de Lithuanie, au palatinat de Witespk, sur un ruisseau, proche le Niéper. Long. 49. 8. lat. 54. 38. (D. J.)

ORT (Page 11:667)

ORT, terme de Douane; peser ort, signifie peser les marchandises avec les emballages. Le tarif de 1664, & l'ordonnance des cinq grosses fermes de 1684, portent que toutes marchandises qui payent les droits aux poids, à la reserve de celles d'or & d'argent, & des épiceries, seront pesées avec leur emballage.

ORTA - JAMI (Page 11:667)

ORTA - JAMI, (Hist. mod.) c'est une mosquée ou un oratoire dans le quartier des janissaires à Constantinople, où ils vont faire leurs prieres; c'est aussi dans cet endroit qu'ils complotent pour se révolter, & faire de ces séditions souvent si funestes aux sultans. Voyez Cantemir, Hist. ottomane.

ORTEZ (Page 11:667)

ORTEZ, (Géog.) petite ville de France en Béarn, sur le Gave de Pau, à 7 lieues au - dessous de Pau, au penchant d'une colline: l'illustre Jeanne d'Albret, reine de Navarre, fonda dans cette ville, en faveur des protestans, une université qui a subsisté jusqu'au regne de Louis XIV. Long. 16. 54. lat. 43. 30. (D. J.)

ORTEILS (Page 11:667)

ORTEILS, s. m. (Anat.) est le nom que l'on donne aux doigts du pié. Voyez Pié.

Les orteils de chaque pié sont composés de quatorze os; le gros orteil en ayant deux, & les autres chacun trois. Ces os ressemblent à ceux des doigts de la main, sinon qu'ils sont plus courts. Voyez Doigt.

Les orteils, de même que les doigts de la main, ont douze os sesamoïdes. Voyez Sesamoïdes. La goute attaque principalement le gros orteil. Voyez Goutte. (L)

ORTHIENNE ou ORTHIA (Page 11:667)

ORTHIENNE ou ORTHIA, (Mythol.) surnom de Diane, qui avoit un temple à Lacédémone. Il est vraissemblable qu'elle eut ce surnom, à cause de sa sévérité; car les Grecs appelloient O/RQIO\N, tout ce qui est dur, fâcheux & difficile; on sait que les enfans deLacédémone se fouettoient quelquefois cruellement sans se plaindre, devant l'autel de cette déesse, mais on y faisoit aussi des danses; car Plutarque rapporte que Thésée devint amoureux d'Helene en la voyant danser avec les autres filles de Sparte devant l'autel de Diane Orthia, & que ce fut après cette danse qu'elle fut enlevée pour la premiere fois. Cette belle creature l'emportoit encore sur toutes ses compagnes par ses graces supérieures, dans les exercices du corps. (D. J.)

ORTHOCERATITE (Page 11:667)

ORTHOCERATITE, s. f. (Hist. nat.) nom donné par les naturalistes à une coquille, dont l'analogue vivant nous est inconnu, ou quine se trouve que [p. 668] fossile ou pétrifiée; on le nomme aussi tubulus concameratus polythalamium, ou tuyau chambré; elle est droite, d'une figure conique, sans spirales, & son intérieur est partagé en cellules ou chambres, comme celles de la corne d'Ammon ou du Nautile, au travers desquelles passe un syphon ou tuyau. Quelquefois, mais rarement sa pointe est recourbée. Cette coquille se trouve dans un marbre brun des environs de Berlin; on en trouve aussi dans un marbre nouvellement découvert en Provence.

Wallerius compre trois especes d'orthoceratites: 1°. Celles qui sont toutes droites, recti; 2°. celles qui sont recourbées à leur sommet qu'on nomme lituites, parce qu'ils ressemblent à une crosse ou bâton pastoral; 3°. celles qui sont applaties ou comprimées, comme la queue d'une écrévisse, compressis. Voyez Minéralogie, tom. II. ( - ).

ORTHODORON (Page 11:668)

ORTHODORON, s. m. (Mesur. anc.) O)RQO\DWRON, mesure grecque qui formoit la longueur de onze travers de doigt, suivant Arbuthnot. (D. J.)

ORTHODOXE (Page 11:668)

ORTHODOXE, adj. (Gram.) celui qui se conforme aux décisions de l'église. Voyez Orthodoxe.

Orthodoxe (Page 11:668)

Orthodoxe Botaniste, (Botan.) Linnaeus appelle Botanistes orthodoxes, les seuls écrivains systé matiques qui ont formé leurs méthodes en botanique, sur les vrais fondemens de la nature, & qui en conséquence ont partagé les plantes en classes & en genres, conformément aux caracteres de leurs parties de fructification. (D. J.)

ORTHODOXIE (Page 11:668)

ORTHODOXIE, s. f. (Théol.) pureté de doctrine ou de croyance, par rapport aux points & articles de foi; ce mot est formé du grec ORQOS2, droit, & DOCA, opinion ou jugement.

On se sert de ce terme par opposition à hétérodoxie ou hérésie. Voyez Hérésie.

Orthodoxie (Page 11:668)

Orthodoxie signifie aussi une fête solemnelle de l'église grecque, instituée par l'impératrice Théodore; on la célebre encore aujourd'hui le premier dimanche de carême, en mémoire du rétablisse ment des images dans les églises, que les Iconoclastes en avoient fait enlever. Voyez Iconoclastes.

ORTHODOXOGRAPHE (Page 11:668)

ORTHODOXOGRAPHE, s. f. (Gram.) auteur qui a écrit sur les dogmes catholiques & sur les ouvrages de cette classe d'écrivains.

ORTHODROMIQUE (Page 11:668)

ORTHODROMIQUE, s. f. (Navigat.) est l'art de naviger dans l'arc de quelque grand cercle: l'arc de chaque grand cercle est O)RQODROMI/A, c'est - à - dire, la distance la plus courte entre deux points quelconques sur la surface de la terre.

Ce mot est formé des deux mots grecs O)RQO/S2, droit, & DRE/MW, je cours. Voyez Navigation circulaire au mot Navigation; au reste ce mot est peu usité, & l'art qu'il exprime l'est encore moins. (O)

ORTHOGONAL (Page 11:668)

ORTHOGONAL, adj. (Géom.) se dit de ce qui est perpendiculaire ou à angles droits; ainsi une courbe qui a des coordonnées orthogonales, est une courbe dont les abscisses & les ordonnées font entr'elles des angles droits. Voyez Abscisse, Ordonné & Courbe. (O)

Orthogonal (Page 11:668)

Orthogonal signifie aussi, en Géométrie, la même chose que rectangle, ou qui a des angles droits. Voyez Rectangle.

Quand ce mot se rapporte à une figure plane, il signine qu'un des côtés de la figure est supposé perpendiculaire à l'autre. Quand on l'applique aux solides, il signifie que leur axe est supposé perpendiculaire à l'horison. Chambers. (O)

ORTHOGRAPHE (Page 11:668)

ORTHOGRAPHE, s. f. ce mot est grec d'origine: O)RQOGRAFI/A, de l'adjectif O)RQO\S2, rectus, & du verbe GRA/FW, scribo ou pingo. Ce nom par sa valeur étymologique, signifie donc peinture ou représentation réguliere. Dans le langage des Grammairiens, qui se sont approprié ce terme, c'est ou la représenta<cb-> tion réguliere de la parole, ou l'art de représenter régulierement la parole.

Il ne peut y avoir qu'un seul système de principes pour peindre la parole, qui soit le meilleur & le véritable; car il y auroit trop d'inconvéniens à trouver bons tous ceux que l'on peut imaginer. Cependant on donne également le nom d'orthographe à tous les systèmes d'écriture que différens auteurs ont publiés; & l'on dit l'orthographe de Dubois, de Meigret, de Pelletier, de Ramus, de Rambaud, de Lesclache, de Lartigaut, de l'abbé de Saint - Pierre, de M. du Marsais, de M. Duclos, de M. de Voltaire, &c. pour désigner les systèmes particuliers que ces écrivains ont publiés ou suivis. C'est que la régularité indiquée par l'étymologie du mot, n'est autre chose que celle qui suit nécessairement de tout corps systématique de principes, qui réunit tous les cas pareils sous la même loi.

Aussi n'honore - t - on point du nom d'orthographe, la maniere d'écrire des gens non instruits, qui se rapprochent tant qu'ils peuvent de la valeur alphabétique des lettres, qui s'en écartent en quelque cas, lorsqu'ils se rappellent la maniere dont ils ont vû écrire quelques mots; qui n'ont & ne peuvent avoir aucun égard aux différentes manieres d'écrire qui résultent de la différence des genres, des nombres, des personnes, & autres accidens grammaticaux; en un mot, qui n'ont aucun principe stable, & qui donnent tout au hasard: on dit simplement qu'ils ne savent pas l'orthographe; qu'ils n'ont point d'ortographe; qu'il n'y en a point dans leurs écrits.

Si tout système d'orthographe n'est pas admissible, s'il en est un qui mérite sur tous les autres une préférence exclusive; seroit - il possible d'en assigner ici le fondement, & d'indiquer les caracteres qui le rendent reconnoissable?

Une langue est la totalité des usages propres à une nation pour exprimer les pensées par la voix. C'est la notion la plus précise & la plus vraie que l'on puisse donner des langues, parce que l'usage seul en est le législateur naturel, nécessaire & exclusif. Voyez Langue, au comm. D'où vient cette nécessité, de ne reconnoître dans les langues que les décisions de l'usage? C'est qu'on ne parle que pour être entendu; que l'on ne peut être entendu, qu'en employant les signes dont la signification est connue de ceux pour qui on les emploie; qu'y ayant une nécessité indispensable d'employer les mêmes signes pour tous ceux avec qui l'on a les mêmes liaisons, afin de ne pas être surchargé par le grand nombre, ou embarrassé par la distinction qu'il faudroit en faire, il est également nécessaire d'user des signes connus & autorisés par la multitude; & que pour y parvenir, il n'y a pas d'autre moyen que d'employer ceux qu'emploie la multitude elle - même, c'est - à - dire, ceux qui sont autorisés par l'usage.

Tout ce qui a la même fin & la même universalité, doit avoir le même fondement, & l'écriture est dans ce cas. C'est un autre moyen de communiquer ses pensées, par la peinture des sons usuels qui en constituent l'expression orale. La pensée étant purement intellectuelle, ne peut être représentée par aucun signe matériel ou sensible qui en soit le type naturel: elle ne peut l'être que par des signes conventionnels, & la convention ne peut être autorisée ni connue que par l'usage. Les productions de la voix ne pouvant être que du ressort de l'ouie, ne peuvent pareillement être représentées par aucune des choses qui ressortissent au tribunal des autres sens, à moins d'une convention qui établisse entre les élémens de la voix & certaines figures visibles, par exemple, la relation nécessaire pour fonder cette signification. Or, cette convention est de même

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