ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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jusqu'à ce que le bain soit prêt à bouillir, & on y
plonge l'étoffe, sans autre préparation que d'y tenir
plus long - tems celle à laquelle on veut donner
une nuance plus foncée. La couleur naturelle de
l'orseille est un beau gris - de lin tirant sur le violet;
mais en donnant précédemment à l'étoffe une couleur
bleue plus ou moins foncée, on en tire la couleur
de pensée, d'amaranthe, de violet, & de quelques
autres semblables. Ces couleurs sont belles,
mais elles n'ont aucune solidité; on tenteroit même
inutilement de les assurer, en préparant l'étoffe dans
le bouillon de tartre & d'alun. Il est vrai qu'on peut
tirer de l'orseille une couleur presqu'aussi solide que
celles du bon teint, en l'employant comme on fait
la cochenille, avec la dissolution d'étain par l'esprit
de nitre régalisé; mais cette couleur ne sera plus
celle de l'orseille; au lieu du gris - de - lin, on aura une
couleur semblable à la demi - écarlate; la chaux d'étain,
blanche par elle - même, s'est mêlée avec la
matiere colorante, & en a éclairci la nuance.
L'orseille des Canaries simplement délayée dans
l'eau, & appliquée à froid sur le marbre blanc, lui
communique une belle couleur bleue plus ou moins
foncée, en la laissant plus ou moins de tems sur le
marbre, & en y en remettant à mesure qu'elle se
séche; la couleur devient très - belle en moins de 24
heures, & pénetre très avant.
Si l'on se sert de l'orseille d'herbe ou des Canaries
préparée à l'ordinaire, c'est - à - dire avec la chaux
& l'urine, ou quelques autres ingrédiens semblables,
la couleur sera plutôt violette que bleue; mais pour
avoir un vrai bleu, il faut qu'elle soit préparée avec
du jus de citron, & il n'y a point à craindre que cet
acide endommage le marbre, parce qu'il est entierement
émoussé & absorbé, lorsqu'il a été travaillé
avec l'orseille assez long - tems pour la faire venir en
couleur.
Pour employer cette couleur, il faut que le marbre
soit entierement froid; on la met avec le pinceau;
mais comme elle s'étend beaucoup, on ne
la peut employer qu'à faire de grandes veines qui
ne sont pas bien exactement terminées, à - moins
qu'elles ne touchent immédiatement des parties colorées
avec le sang de dragon ou la gomme gutte;
auquel cas elle s'arrête. On la contient aussi avec
la cire, soit colorée, si l'on veut les veines colorées;
soit blanches, si l'on veut que les veines demeurent
blanches; ce qui se peut exécuter avec assez
de précision.
Si cette couleur a l'inconvénient de s'étendre plus
qu'on ne veut, elle a deux avantages très - considérables; le premier est qu'elle est d'une grande beauté,
& même au - dessus de tout ce qui se peut rencontrer
naturellement dans le marbre; l'autre est
qu'on peut la passer sur les veines de rouge, de
brun, & de jaune, sans qu'elle les endommage, &
qu'ainsi elle est extrèmement facile à employer. Il
semble qu'on pourroit soupçonner cette couleur de
n'être pas des plus solides, parce que le tournesol
& l'orseille changent fort vîte, & pâlissent à l'air;
cependant M. du Fay a vu des morceaux de marbre
teints de la sorte depuis plus de deux ans, sans qu'ils
ayent souffert aucune altération sensible; au lieu que
le safran, le roucou, & quelques autres matieres,
perdoient en peu de jours une grande partie de leur
couleur; d'où l'on peut conclure, que si cette teinture
n'est pas aussi solide que le rouge & le jaune;
elle ne laissera pas de conserver fort long - tems sa
beauté & son éclat.
M. du Fay fait encore une observation, c'est que
cette couleur qui pénetre extraordinairement le
marbre, & quelquefois de plus d'un pouce, le rend
un peu plus tendre & plus friable qu'il n'étoit auparavant,
lorsqu'on se sert de la lessive de chaux &
d'urine. Cet inconvénient ne mérite aucune attention,
lorsqu'on ne veut faire que des taches ou quelques
veines bleues; mais si l'on vouloit teindre
toute une table de cette couleur, & la rendre extrèmement
foncée, en y remettant plusieurs couches,
il seroit à craindre qu'on ne la rendît par - là
plus facile à rompre en la chargeant; car il semble
à l'expérience que le marbre extrèmement pénétré
de cette teinture, se casse plus facilement qu'auparavant: mais cela ne peut arriver dans des pieces
solides, comme des cheminées, ou lorsqu'on ne
voudra pas les teindre entierement de cette couleur,
ou lorsqu'on n'employera que l'orseille simplement
dissoute avec l'eau commune. (D. J.)
ORSOY
ORSOY, (Géog.) petite ville d'Allemagne au
pays de Cleves, sur le Rhin, au - dessus de Rhinberg, à distance presque égale de Wesel & de
Duisbourg, & au nord du comté de Meure. Le prince
d'Orange la prit en 1634; Philippe de France la
reprit en 1672, & enfin démolit les fortifications.
Elle appartient au roi de Prusse. Long. 24. 18. lat.
51. 28.
ORSSA
ORSSA, (Géog.) ville de Pologne, dans le grand
duché de Lithuanie, au palatinat de Witespk, sur
un ruisseau, proche le Niéper. Long. 49. 8. lat.
54. 38. (D. J.)
ORT
ORT, terme de Douane; peser ort, signifie peser
les marchandises avec les emballages. Le tarif de
1664, & l'ordonnance des cinq grosses fermes de
1684, portent que toutes marchandises qui payent
les droits aux poids, à la reserve de celles d'or &
d'argent, & des épiceries, seront pesées avec leur
emballage.
ORTA - JAMI
ORTA - JAMI, (Hist. mod.) c'est une mosquée ou
un oratoire dans le quartier des janissaires à Constantinople, où ils vont faire leurs prieres; c'est aussi
dans cet endroit qu'ils complotent pour se révolter,
& faire de ces séditions souvent si funestes aux sultans.
Voyez Cantemir, Hist. ottomane.
ORTEZ
ORTEZ, (Géog.) petite ville de France en Béarn,
sur le Gave de Pau, à 7 lieues au - dessous de Pau,
au penchant d'une colline: l'illustre Jeanne d'Albret,
reine de Navarre, fonda dans cette ville, en faveur
des protestans, une université qui a subsisté jusqu'au
regne de Louis XIV. Long. 16. 54. lat. 43. 30.
(D. J.)
ORTEILS
ORTEILS, s. m. (Anat.) est le nom que l'on
donne aux doigts du pié. Voyez Pié.
Les orteils de chaque pié sont composés de quatorze
os; le gros orteil en ayant deux, & les autres
chacun trois. Ces os ressemblent à ceux des doigts
de la main, sinon qu'ils sont plus courts. Voyez Doigt.
Les orteils, de même que les doigts de la main,
ont douze os sesamoïdes. Voyez Sesamoïdes. La
goute attaque principalement le gros orteil. Voyez
Goutte. (L)
ORTHIENNE ou ORTHIA
ORTHIENNE ou ORTHIA, (Mythol.) surnom
de Diane, qui avoit un temple à Lacédémone. Il
est vraissemblable qu'elle eut ce surnom, à cause de
sa sévérité; car les Grecs appelloient O/RQIO\N, tout ce
qui est dur, fâcheux & difficile; on sait que les enfans
deLacédémone se fouettoient quelquefois cruellement
sans se plaindre, devant l'autel de cette déesse,
mais on y faisoit aussi des danses; car Plutarque rapporte que Thésée devint amoureux d'Helene
en la voyant danser avec les autres filles de Sparte devant l'autel de Diane Orthia, & que ce fut
après cette danse qu'elle fut enlevée pour la premiere
fois. Cette belle creature l'emportoit encore
sur toutes ses compagnes par ses graces supérieures,
dans les exercices du corps. (D. J.)
ORTHOCERATITE
ORTHOCERATITE, s. f. (Hist. nat.) nom donné
par les naturalistes à une coquille, dont l'analogue
vivant nous est inconnu, ou quine se trouve que
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