ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"665"> couvre ces tuyaux avec des calottes de fer E, qui les ferment bien exactement, alors on fait aller le feu, & l'arsenic se sublime & s'attache dans l'intérieur de la calote sous la forme d'une masse de verre blanc & transparent, c'est là ce qu'on appelle arsenic cry stallin.

Quand on veut faire de l'arsenic jaune ou de l'orpiment factice, on joint à l'arsenic en poudre environ un dixime de soufre, que l'on mêle bien exactement avec lui, & l'on sublime ce mélange qui forme une masse opaque & jaune, qui n'est jamais d'une combinaison aussi parfaite que celle de l'orpiment naturel. Si on veut avoir de l'arsenic rouge, on augmente la dose de soufre, & l'on en mêle un cinquieme avec l'arsenic en poudre pour le faire sublimer. Mais pour que la combinaison du soufre & de l'arsenic se fasse plus intimement, il sera bon de faire fondre de nouveau ce qui se sera sublimé, alors l'arsenic rouge deviendra transparent comme un rubis.

On voit par - là que l'arsenic a la propriété de se combiner avec le soufre; il a aussi celle de se combiner avec les métaux. Si on le joint avec du cuivre, il formera un alliage blanc comme de l'argent, mais il rend le cuivre aigre & cassant, & cet alliage noircit à l'air; l'arsenic rend l'or & l'argent tres cassant, mais il a sur tout beaucoup de disposition à s'unir avec le fer; il s'unit aussi avec le plomb, mais il ne s'unit point avec le mercure. L'arsenic fondu avec le soufre & le régule d'antimoine fait une masse vitrifiée, que l'on nomme aimant d'arsenic ou magnes arsenicalis, on lui donne aussi le nom de lapis pyrmiéson ou lapis de tribus. Pour le faire, on fond ensemble parties égales d'arsenic jaune ou d'orpiment, & d'antimoine crud qui contiennent l'un & l'autre du soufre. On prétend que la masse vitreuse qui résulte de cette opération, est propre à décomposer ou à détruire les métaux. Cet aimant d'arsenic est un puissant escarotique, il fait entrer en suppuration les bubons pestilentiels & empêche leur propagation, il entre dans l'emplâtre magnétique.

M. Meuder, médecin de Dresde, a fait un pyrophore en sublimant ensemble parties égales d'arsenic & de limaille de fer, & en mêlant dix parties de ce sublimé avec douze parties de vitr'ol de lune, c'est - à - dire avec le sel qui résulte de la combinaison de l'argent avec l'acide nitreux; on triture ce mélange sur un porphyre, & on l'échauffe sur un poële ou de quelqu'autre maniere, & il s'enssamme sur le champ. Voyez la Pyritologie de Henckel, chapitre x.

Pour essayer si une substance contient de l'arsenic, il n'y aura qu'à la mettre dans une coinue de terre au fourneau de réverbere, on donnerà le feu par degrés, & il passera dans le récipient des fleurs ou une poudre blanche qui n'est autre chose qu'une chaux d'arsenic; on trouvera dans le cul de la cornue une poudre grise, qui est une chaux d'arsenic qui n'est point encore entierement privée de son phlogistique; enfin on y trouve aussi du régule d'arsenic en forme de crystaux prismatiques, dont les angles sont arrondis.

La chaux d'arsenic est extrèmement volatile, elle se sublime à une chaleur médiocre, & forme des crystaux qui sont solubles dans l'eau. Pour réduire la chaux d'arsenic & lui rendre l'état de régule, on n'aura qu'à mêler ensemble parties égales de chaux d'arsenic & de savon noir, & la moitié d'alkali fixe, on mertra le tout dans un creuset fermé d'un couvercle, au milieu duquel il y aura un petit trou, on lutera bien ce couvercle avec de la terre glaise, le régule d'arsenic se sublimera sur le couvercle du creuset.

Quand on veut essayer une mine d'arsenic dans un vaisseau ouvert, on lui joint de la limaille de fer pour servir d'intermede; alors l'arsenic s'unit au fer, & il résiste au seu le plus violent sans se volatiliser.

Pour séparer le soufre de l'arsenic dans l'orpiment, on n'a que le triturer avec du mercure, & ensuite on met ce mélange en sublimation, l'arsenic se leve tout seul, & le soufre uni avec le mercure se sublime ensuite, & forme du cinnabre au - dessous de l'arsenic qui s'étoit sublimé.

Le régule d'arsenic détone avec le nitre, il s'unit avec la base de ce sel, & forme ce qu'on appelle l'arsenie sé. Dans cette détonation, le nitre se gonfle, & il en part une flamme claire & très blanche, mais la chaux d'arsenic ne détone & ne s'embrase point avec le nitre. Si l'on broie ensemble deux parties de chaux d'arsenic & une partie de nitre dans un mortier de verre ou de marbre, & qu'on mette ce mélange en distillation dans une cornue de terre ou de grais, à laquelle on adaptera un ballon, on aura un acide nitreux de couleur bleue, dont les vapeurs briseroient les vaisseaux avec explosion, si les jointures étoient bien bouchées. Cette couleur bleue disparoît très promptement à l'air. Le célebre Sihal croit qu'elle est dûe à une portion de cobalt, qui étoit uni à l'arsenic. Il s'agiroit d'observer si la même chose arriveroit avec de l'arsenic qui n'auroit été uni avec aucune portion de cobalt, comme il y en beaucoup; & M. Rouelle, à qui ces observations sont dûes, remarque avec raison que la couleur bleue peut aussi venir du fer & du cuivre.

L'arsenic combiné avec l'acide du sel marin forme ce qu'on appelle le beurre d'arsenic; c'est une liqueur extremement volarile, & qui se dissipe à l'air sous la forme d'une fumée: il faut pour cela que l'acide du sel marin soit très - concentré.

En mêlant ensemble deux parties de chaux vive, & une partie d'orpiment, & en versant par dessus cinq ou six parties d'eau bouillante, il se fait une effervescence; lorsqu'elle sera finle, on remuera le mélange, on le laissera reposer, on décantera ensuite la liqueur claire qui surnagera, & l'on aura ce qu'on appelle le soie de soufre arsénical, ou l'encre de sympathie. La vapeur seule de cette liqueur fait paroitre en noir les caracteres qui ont été tracés avec une dissolution de sel de Saturne. Cette liqueur s'appelle aussi liquor vini probatorius, parce qu'elle peut servir à découvrir si du vin a été frélaté ou adouci avec de la litharge ou avec du plomb; car en y versant de cette encre de sympathie, le vin noireira sur le champ pour peu qu'il contienne de plomb.

L'orpiment mêlé avec de la chaux vive est un dépilatoire, c'est - à - dire, que ce mêlange fait tomber les poils du corps, mais il faut avoir soin de ne pas le laisser séjourner trop long - tems, de peur qu'il n'endommage la peau.

Nous avons déja sussamment averti que l'arsenic, sous quelque forme qu'il se trouve, est un poison très - vif; sa grande volatilité sait que l'on ne doit jamais le traiter qu avec la plus grande précaution; & l'on doit toujours se défier même de son usage extérieur. Les Peintres qui employent l'orpiment en sont souvent très - incommodés. Quelques gens avoient proposé une préparation d'arsénic comme un remede extérieur pour la guérison du cancer; mais M. Rouelle rejette cet usage comme dangereux. Rien n'est donc plus téméraire que de donner sous quelque prétexte que ce soit, l'arsénic intérieurement; la moindre quantité est infiniment dangereuse. En effet, c'est un violent corrosif d'un goût acerbe & austere; ceux qui ont été empoisonnés par de l'arsénic, éprouvent d'abord de grandes envies de vo<pb-> [p. 666] mir, & sentent une espece d'étranglement à la gorge; ensuite le malade est agité; il vomit avec effort; puis il tombe dans un sommeil, qui est suivi de violentes convulsions, & qui terminent enfin sa vie. En ouvrant les cadavres de ceux qui sont morts empoisonnés par l'arsenic, on leur trouve l'estomac sphacélé & cautérisé.

Il faudra faire avaler du lait chaud au malade, l'arsenic le caille, & on le rend en cailleaux; à ce signe on reconnoîtra que le malade a été empoisonné par de l'arsenic. Pour y remédier, s'il en est encore tems, il faudra faire vomir le malade en lui donnant un peu de tartre émétique avec de l'huile, du beurre fondu, ou telle matiere grasse que l'on aura sous sa main, ou même du suif, pour ne point perdre de tems; ensuite on lui donnera des émulsions pour varier & pour prévenir le dégoût que causent les matieres grasses: il est très - important de ne pas laisser dormir le malade qui y est fort enclin. Lorsqu'on a employé le lait, il faut sur la fin de l'action du poison faire donner des lavemens pour faire sortir des intestins le lait qui s'y sera caillé. Lorsque tous les accidens auront disparu, on donnera au malade des calmans & des infusions legeres de plantes cordiales. Telle est, suivant M. Rouelle, la maniere de traiter ceux qui ont pris de l'arsenic.

C'est à cette substance dangereuse qu'est dûe la phthisie, & ces éxulcérations des poumons qui font périr à la fleur de l'âge les ouvriers qui travaillent aux mines, sur - tout en Saxe où elles sont très - arsénicales. Parmi eux un homme de trente cinq ou quarante ans est déja dans la décrépitude; ce qui doit être sur tout attribue aux mines qu'ils détachent avec le ciseau & le maillet, & qu'ils respirent perpétuellement par le nez & par la bouche; il paroît que si dans ces mines on faisoit plus d'usage de la poudre à canon pour détacher le minerai, les jours de ces malheureux ouvriers ne seroient point si indignement prodigués. ( - )

ORPIN (Page 11:666)

ORPIN, s. m. anacampseros, (Hist. nat. Bot.) genre de plante qui ressemble à la joubarde par la fleur & par le fruit; mais l'orpin pousse des tiges dès qu'il est germé, au lieu que les feuilles de la joubarde sont rassemblées en globules qui ressemblent à des yeux de boeuf. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Il y a treize especes de ce genre de plante, dont la plus commune est nommée par les Botanistes anacampseros, J. R. H. 264. Cette plante a la racine formée de tubercules charnus & blancs; ses tiges sont droites, cylindriques, solides, partagées en rameaux, hautes d'une ou de deux palmes, revétues de beauooup de feuilles droites, charnues, épaisses, succulentes, plus longues que celles du pourpier, de couleur d'un verd - pâle, souvent mêlées d'un peu de rouge, le plus souvent crenelées à leur bord, quoiqu'elles soient quelquefois entieres.

Ses fleurs naissent aux sommets des tiges en gros bouquets, disposées en maniere de parasol; elles sont en rose à cinq pétales, de couleur rougeâtre, & assez souvent blanchâtre, garnies de plusieurs étamines. Du calice de la fleur il s'éleve un pistil qui se change en un fruit composé comme de cinq capsules, en maniere de gaines, ramassées en une tête remplie de graines tres - menues.

L'orpin ressemble à la joubarde par sa fleur, son fruit, & ses feuilles, qui sont épaisses & succulentes. On l'en distingue cependant, parce qu'aussi - tôt qu'elle pousse, elle monte en tige, au lieu que les feuilles de la joubarde se ramassent en des globules qui ressemblent à des yeux de boeuf.

L'orpin croît dans les lieux ombrageux & humides, sur - tout le long des haies. On fait usage de ses racines & de ses feuilles. (I)

Orpin (Page 11:666)

Orpin, (Mat. Méd.) reprise, grassette, joubarbe des vignes, cette plante n'est employée qu'extérieurement; elle est comptée parmi les vulnéraires calmans & rafraîchissans. Etant pilée, réduite en cataplasme, & appliquée sur les tumeurs & sur les hémorrhoïdes très - douloureuses, elle passe pour calmer efficacement les douleurs. On recommande aussi dans le même cas les racines cuites & réduites avec du beurre frais à la consistence d'onguent.

On garde dans quelques boutiques une eau distillée de cette plante; cette eau est de la classe des parfaitement inutiles. Voyez Eau distillée.

L'orpin entre dans l'eau vulnéraire, & en est un ingrédient fort inutile. (b)

Orpin - rose (Page 11:666)

Orpin - rose, (Mat. méd.) on n'emploie que la racine de cette plante qui a l'odeur & le goût de rose, & qui est céphalique & astringente. On l'emploie quelquefois dans les décoctions astringentes; on la pile & on la fait bouillir avec l'eau rose ou de verveine, & on l'applique sur le front pour guérir les maux de tête qui viennent de coups de soleil. Geoffroi, Mat. méd.

Supposé que ce dernier remede possede vétitablement quelque vertu, il seroit beaucoup meilleur sans doute, si au lieu de la décoction dont on parle, on n'employoit que la macération ou l'infusion; car il n'est pas bien de soumettre à l'ébullition une racine aromatique & une eau aromatique. Voyez Décoction, Infusion, & Odorant, principe. (b)

ORRUS (Page 11:666)

ORRUS, (Botan.) nom donné par plusieurs anciens au pin cultivé, parce qu'il est rempli de séve. Le premier auteur qui a nommé cet arbre orrus, est Théophraste; & en cela il n'a pas seulement été imité par les autres grecs, mais aussi par les Latins. (D. J.)

ORSE (Page 11:666)

ORSE, (Marine.) c'est un terme de levant, pour dire bas bord, ou la gauche.

Orse, terme de commandement parmi les Levantins, pour dire au laf, quand on a besoin de serrer & de tenir le vent.

Orser, c'est aller contre le vent, aller à vent contraire par le moyen des rames. Ces termes ne sont en usage que parmi les navigateurs provençaux. (Q)

ORSEILLE (Page 11:666)

ORSEILLE, s. f. (Teint.) l'orseille est une pâte molle, d'un rouge foncé, qui étant simplement délayée dans l'eau chaude, fournit un grand nombre de nuances: il y en a de deux sortes; l'une se fabrique en Auvergne; elle est la moins belle, & se nomme orseille de terre ou d'Auvergne; l'autre qui est la plus belle, se tire des îles Canaries, ou de celles du cap - Verd; on la nomme orseille d'herbe. Elle est préférable à celle d'Auvergne en ce qu'elle donne tant sur la laine que sur la soie, une couleur beaucoup plus belle & plus vive, résiste mieux aux épreuves du débouilli, contient plus de matiere colorante, & foisonne davantage.

L'orseille d'Auvergne, qu'on nomme aussi perelle, se fait avec une espece de lichen ou mousse très commune sur les rochers de cette province; celle des Canaries est le lichen groecus polypoïdes, tinctorius, saxatilis, ou le sucus verrucosus tinctorius de J. Bauhin. L'une & l'autre de ces plantes se préparent avec la chaux & l'urine fermentée, avec lesquelles on les mêle après les avoir pulvérisées: ce mêlange prend au bout de quelque tems, par la fermentation, une couleur rouge foncée, & pour lors elle est en état de servir à la teinture. D'autres lichens ou mousses, peuvent être employés aussi avec succès à faire de l'orseille, & M. Hellot enseigne les moyens de reconnoître facilement ceux qui sont propres à cet usage.

L'une & l'autre orseille s'employent en les délayant dans de l'eau tiede; on augmente ensuite la chaleur

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.