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Il n'y a rien qui ne puisse nous aider à réfléchir, parce qu'il n'y a point d'objets auxquels nous n'ayons > pouvoir de lier nos idées, & qui, par conséquent, >oient propres à faciliter l'exercice de la mémoi<-> > & de l'imagination: mais tout consiste à savoir former ces liaisons, conformément au but qu'on se propose, & aux circonstances où l'on se trouve. Avec cette adresse, il ne sera pas nécessaire d'avoir, comme quelques Philosophes, la précaution de se retirer dans des solitudes, ou de s'enfermer dans un caveau, pour y méditer à la sombre lueur d'une lampe. Ni le jour, ni les ténebres, ni le bruit, ni le silence, rien ne peut mettre obstacle à l'esprit d'un homme qui sait penser.
Que prétendoit Démocrite en se crevant les yeux pour avoir le plaisir d'étudier sans aucune distraction la Physique? Croyoit - il par - là perfectionner ses connoissances? Tous ces Philosophes méditatifs sont - ils plus sages, qui se flatent de pouvoir d'autant mieux connoître l'arrangement de l'univers, & de ses parties, qu'ils prennent plus de soin de tenir leurs yeux exactement fermés, pour méditer librement? Tous ces aveugles Philosophes se font des systèmes pleins de chimeres & d'illusions; parce qu'il leur est impossible, sans le secours de la vûe, d'avoir une juste idée ni du soleil, ni de la lumiere, ni des couleurs, c'est - à - dire, des parties de la nature, qui en font la beauté & le principal mérite. Je ne doute pas que tous ces sombres Philosophes ne se soient souvent surpris ne pensant rien, tandis qu'ils étoient abysmés dans les plus profondes méditations. On n'auroit jamais reproché au fameux Descartes d'avoir fabriqué un monde tout différent de celui qui existe, si plus curieux observateur des phénomenes de la nature, il eût ouvert les yeux pour les contempler avidement; au lieu de se plonger, comme il a fait, dans de pures rêveries, & de former, dans une sombre & lente méditation, le plan d'un univers.
L'attention est susceptible de divers degrés. Il y a
des gens qui la conservent au milieu du bruit le plus
fort. Citons l'exemple de M. Montmort, & rapportons
les propres termes de M. de Fontenelle.
Il se trouve aussi des personnes qui peuvent embrasser plusieurs choses à - la - fois, tandis que le plus grand nombre est obligé de se borner à un objet unique. Entre les exemples les plus distingués dans ce genre, nous pouvons citer celui de Jules César, qui en écrivant une lettre, en pouvoit dicter quatre autres à ses secrétaires, ou s'il n'écrivoit pas lui - même, dictoit sept lettres à - la - fois. Cette sorte de capacité, en fait d'attention, est principalement fondée sur la mémoire, qui rappelle fidelement les différens objets que l'imagination se propose de considérer attentivement à - la - fois. Peu de gens sont capables de cette complication d'attention; & à moins que d'être doüé de dispositions naturelles extrèmement heureuses, il ne convient pas de faire des essais dans ce genre; car la maxime vulgaire est vraie en général:
Il y en a qui peuvent donner leur attention à des objets de tout genre, & d'autres n'en sont maîtres qu'en certains cas. L'attention est ordinairement un effet du goût, une suite du plaisir que nous prenons à certaines choses. Certains génies universels, pour qui toutes sortes d'études ont des charmes, & qui s'y appliquent avec succès, sont donc dans le cas d'accorder leur attention à des objets de tout genre. M. Leibnitz nous fournit, au rapport de M. de Fontenelle, un de ces génies universels. Jamais auteur n'a tant écrit, ni sur des sujets si divers; & néanmoins ce mêlange perpétuel, si propre à faire naître la confusion, n'en mettoit aucune dans ses idées. Au milieu de ces passages brusques, sa précision ne le quittoit point, & l'on eût dit que la question qu'il discutoit étoit toûjours celle qu'il avoit le plus approfondie. Le plus grand nombre des hommes, & même des savans, n'a d'aptitude que pour un certain ordre de choses. Le Poëte, le Géometre, le Peintre, chacun resserré dans son art & dans sa profession, donne à ses objets favoris une attention qu'il lui seroit impossible de prêter à toute autre chose.
Il y en a enfin qui sont également capables d'attention pour les objets absens, comme pour ceux qui sont présens; d'autres au contraire ne peuvent la fixer que sur les choses présentes. Tous ces degrés s'acquierent, se conservent & se perfectionnent par l'exercice. Un Montmort, un Clavius, un Wallis, un Jules César, dont nous avons donné des exemples, n'étoient parvenus à ce degré, à cette capacité d'attention qu'ils possédoient, que par un exercice long & continuellement réitéré. Tout le monde sait de quelle force étoit l'attention d'Archimede, qui ne s'apperçut ni du sac de sa patrie, ni de l'entrée du soldat furieux dans son cabinet, qu'il prit sans doute pour quelqu'un de ses domestiques, puisqu'il lui recommanda de ne pas déranger ses cercles. Un autre trait de sa vie prouve qu'il étoit tout - à - fait capable de cette profondeur d'attention requise pour saisir dans un objet présent tout ce qu'il y a d'important à y remarquer. Je veux parler du fait rapporté par Vitruve, & de la maniere dont Archimede s'y [p. 843]
Concluons ici comme ailleurs, habitude fait tout; l'ame est flexible comme le corps, & ses facultés sont tellement liées au corps, qu'elles se développent & se perfectionnent aussi - bien que celles du corps, par des exercices continuels, & des actes toûjours réitérés. Les grands hommes qui, le fil d'Ariane en main, ont pénétré, sans s'égarer, jusqu'au fond des labyrinthes les plus tortueux, ont commencé par s'essayer; aujourd'hui une demi - heure d'attention, dans un mois une heure, dans un an quatre heures soûtenues sans interruption, & par de tels progrès, ils ont tiré de leur attention un parti qui paroît incroyable à ceux qui n'ont jamais mis leur esprit à aucune épreuve, & qui ne recueillent que les productions volontaires d'un champ que la culture fertilise si abondamment. On peut dire en général, que ce qui fait le plus de tort aux hommes, c'est l'ignorance de leurs forces. Ils s'imaginent que jamais ils ne viendront à bout de >elle chose; & dans cette prévention, ils ne mettent pas la main à l'oeuvre, parce qu'ils négligent la méthode de s'y rendre propres insensiblement & par degrés. S'ils ne réussissent pas du premier coup, le dépit les prend, & ils renoncent pour toûjours à leur dessein. Cet article est tiré des papiers de M. Formey. (X)
ATTÉNUANS (Page 1:843)
ATTÉNUANS, adj. (Med.) On donne ce nom à différens remedes qui sont fort utiles en Medecine; on en fait différentes classes: les incisifs simples qui délayent & détrempent les molécules des fluides: les autres divisent & fondent l'épaississement des humeurs en rompant la cohésion trop forte de leurs parties intégrantes; il en est qui agissent sur les viscosités des fluides, contenues dans le ventricule & dans les intestins: d'autres sont plus propres à agir sur le sang; enfin, il en est qui agissent sur les solides en irritant & en augmentant leurs vibrations, tandis que d'autres n'exercent leur énergie que sur les fluides seuls.
Ces différens atténuans sont appellé, fondans &
apéritifs, lorsque par leur action ils divisent les matieres
ténaces qui embarrassent les petits vaisseaux,
& qu'ils enlevent les obstructions des visceres glanduleux,
tels que le foie, les reins & la ratte. Voyez
On les nomme expectorans, lorsqu'ils agissent sur le
tissu des bronches, qu'ils en détachent l'humeur qui
les enduit, & qu'après l'avoir divisée, ils la font
sortir par les crachats; tels sont les racines d'aunée,
d'iris de Florence, le lierre terrestre, l'hysope, &c.
Voyez
Les atténuans, outre les classes que nous en avons décrites ci - dessus, sont encore divisés à raison de leur origine, en ceux tirés du regne végétal, & en ceux que le regne animal & minéral nous fournissent; ceux du regne végétal sont toutes les plantes acres, & qui donnent un sel volatil fixe, tels que toutes les plantes purgatives; le cabaret, le pié - de - veau: d'autres agissent par un sel volatil, tels que le cresson, le rayfort, le cochlearia, & enfin toutes les especes de plantes cruciferes: d'autres enfin atténuent les humeurs par un sel acre marié avec des parties sulphureuses; telles sont les résines de jalap, le turbit gommeux; telles sont toutes les gommes résines, comme le sagapenum, l'opopanax, le bdellium.
Les savons peuvent être rapportés au regne minéral
ou au végétal; ils agissent à peu près comme les
gommes résines. Voyez
Le regne animal fournit des sels volatils, tels que le sel ammoniac, le salpetre, &c.
Le regne minéral fournit les sels acides minéraux, le vitriol, le sel marin & les sels neutres formés de ces
Le regne minéral fournit encore les remedes atténuans combinés d'un sel acide, & d'un soufre métallique, qui est la terre inflammable, & la mercurielle de Beker; tels sont le fer, la pierre hématite, l'antimoine, le mercure, le cuivre, l'étain, le plomb, & leurs préparations différentes.
Comme la vertu des atténuans est des plus étendues, on leur a donné mille noms différens; ces noms sont tirés des effets particuliers de ces sels sur les humeurs, & sur les solides; ainsi on en fait différentes especes, tels que les amers, les astringens, les toniques, les altérans astringens, les altérans laxatifs, diurétiques, apéritifs, diaphorétiques. (N)
ATTÉNUATION (Page 1:843)
ATTÉNUATION, s. f. (Physique.) action d'atténuer un fluide; c'est - à - dire, de le rendre plus liquide
& moins épais qu'il n'étoit. Voyez
Chauvin définit plus généralement l'atténuation,
l'action de diviser on de séparer les plus petites parties
d'un corps, qui auparavant formoit une masse
continue par leur union intime; c'est pour cette raison
que les alchimistes se servent quelquefois de ce
mot, pour exprimer la pulvérisation, c'est - à - dire,
l'action de réduire un corps en une poudre impalpable,
soit en le broyant, soit en le pilant, &c. Voyez
Atténuation (Page 1:843)
Atténuation (Page 1:843)
ATTÉNUER (Page 1:843)
ATTÉNUER, broyer, pulvériser (Gramm.): l'un se dit des fluides condensés, coagulés; & les deux autres des solides: dans l'un & l'autre cas, on divise en molécules plus petites, & l'on augmente les surfaces: broyer, marque l'action, pulvériser en marque l'effet. Il faut broyer pour pulvériser; il faut fondre & dissoudre, pour atténuer.
Atténuer, se dit encore de la diminution des forces; ce malade s'atténue, cet homme est atténué.
ATTERER (Page 1:843)
ATTERER, v. a. briser, rompre, dans l'économie
animale, se dit de l'action que les parties grossieres
des humeurs & des alimens agitées d'un mouvement
intestin, exercent les unes sur les autres. Les parti>
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