ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"840"> sur la rue. Les ouvrages se font dans l'attelier & dans la boutique, se renferment dans le magasin, & restent au contraire sur le chantier jusqu'à ce qu'ils soient employés ou vendus.

L'attelier des terrassiers est un endroit d'un jardin où ces ouvriers déposent leurs outils, & se disposent au travail: la berge sur laquelle on forme les branches & les coupons d'un train, s'appelle l'attelier des faiseurs de trains. Voyez Train. Le cirier a proprement quatre atteliers; la fonderie, l'attelier des meches, celui de l'apprêt, & celui de l'achevement. Voy. Cire. Dans la manufacture des glaces, il y a deux sortes d'atteliers; ceux de l'adouci, & ceux du poli: on dégrossit les glaces dans les premiers; on les acheve dans les autres. Voyez Glace.

Les atteliers de vers à soie sont une espece d'édifice léger, construit de perches, & séparé en cabanes par des branches ou rameaux de divers bois, & dont le plancher est fait de claies d'osiers secs & pelés: c'est là qu'on nourrit & qu'on entretient les vers à soie; c'est là qu'ils font leurs oeufs & leurs cocons.

Attelier (Page 1:840)

Attelier, s. m. (Hist. mod.) se dit encore d'un lieu où l'on enferme les pauvres, les vagabonds & les fainéans, pour les y faire travailler, moyennant la nourriture & l'habillement, &c.

Tels sont à Londres Bridwell, & plusieurs autres lieux dans les faubourgs, sur - tout dans la rue de Bishopsgate, où l'on retire les pauvres enfans de la ville qui n'ont aucun établissement; & celui qui est dans la paroisse de sainte Marguerite à Westminster, appellé the - Grey - Coat - hospital. Voyez Hôpital.

Il y a à Amsterdam un fameux attelier ou maison de correction, appellée Rasphuyse, qui, par un privilége obtenu en 1702, a seule le droit de scier & de couper les bois qui servent pour la teinture, comme le bresil, le santal, le campeche, le sassafras, &c.

Chaque personne est obligée de donner 250 livres de bois rapé par jour; & ceux qui sont moins robustes, une certaine quantité de coupeaux. (G)

ATTELLE (Page 1:840)

ATTELLE, s. f. il y a chez les Potiers de terre deux instrumens de ce nom: l'un est un petit morceau de bois qu'ils mettent entre leurs doigts, & qu'ils appliquent aux bords de l'ouvrage pour l'enlever de dessus la roue; l'autre est de fer, a la forme d'une plaque mince, & de trois ou quatre pouces en quarré, est percé d'un trou dans le milieu pour pouvoir être tenu ferme, est tranchant par une de ses faces, & sert au potier à diminuer d'épaisseur son ouvrage.

Attelles (Page 1:840)

Attelles ou Attelloires, terme de Bourrelier; ce sont deux especes de planches chantournées, beaucoupplus larges par en - haut que par en - bas, que les bourreliers attachent au - devant des colliers qui doivent servir aux chevaux de charrettes & de charrues. Les attelles sont ordinairement faites de bois de chêne, & on les peint quelquefois.

Les bourreliers sont dans l'usage d'attacher au - devant de leurs boutiques, ou d'y faire peindre des attelles, pour leur servir de montre & d'enseigne. Voyez les fig. AA, Pl. du Bourrelier, fig. 6. qui représentent les deux attelles montées autour d'un collier de limon.

Attelles (Page 1:840)

Attelles, terme de Plombier; ce sont des bois creux, qui étant réunis & joints l'un contre l'autre, forment une poignée dont ces ouvriers se servent pour tenir leur fer à souder: on appelle aussi ces poignées des moufflettes. Voy. Moufflettes & Fer a souder, & les fig. 4. 4. Pl. III. du Plombier.

Attelles (Page 1:840)

Attelles sont aussi au nombre des outils du fontainier. Voyez ce que c'est au mot Fontainier. (K)

ATTENDORN (Page 1:840)

* ATTENDORN, (Géog.) ville d'Allemagne, dans le duché de Westphalie, aux confins du comté de la Marck, proche d'Arensberg, vers le midi.

ATTENDRE (Page 1:840)

ATTENDRE un cheval, (Manége.) c'est ne s'en point servir, ou le ménager jusqu'à ce que l'âge ou la force lui soit venue. (V)

ATTENTAT (Page 1:840)

ATTENTAT, s. m. en terme de Palais, se dit de toute procédure qui donne atteinte aux droits ou priviléges d'une jurisdiction supérieure, ou à l'autorité du prince ou à celle des lois.

ATTENTATOIRE (Page 1:840)

ATTENTATOIRE, est un adjectif formé du terme précédent, & qui a le même usage & la même signification. (H)

ATTENTE (Page 1:840)

ATTENTE, (Architecture.) Voyez Pierre d'attente & Table d'attente.

ATTENTION (Page 1:840)

* ATTENTION, exactitude, vigilance (Gramm.); tous marquent différentes manieres dont l'ame s'occupe d'un objet: rien n'échappe à l'attention; l'exactitude n'omet rien; la vigilance fait la sûreté. Si l'ame s'occupe d'un objet, pour le connoître elle donne de l'attention; pour l'exécuter elle apporte de l'exactitude; pour le conserver elle employe la vigilance. L'attention suppose la présence d'esprit; l'exactitude, la mémoire; la vigilance, la crainte & la méfiance.

Le magistrat doit être attentif, l'ambassadeur exact, le capitaine vigilant. Les discours des autres demandent de l'attention; le maniment des affaires de l'exactitude; l'approche du danger de la vigilance. Il faut écouter avec attention; satisfaire à sa promesse avec exactitude, & veiller à ce qui nous est confié.

Attention (Page 1:840)

Attention, s. f. (Logiq.) c'est une opération de notre ame, qui s'attachant à une partie d'un objet composé, la considere de maniere à en acquérir une idée plus distincte que des autres parties. Ainsi dans un spectacle nous donnons une attention toute particuliere aux scenes vives & intéressantes. La connoissance que fait naître en nous l'attention est si vive, qu'elle absorbe, pour ainsi dire, toutes les autres, & qu'elle semble seule occuper l'ame & la remplir toute entiere.

Il est certain que plus nous apporterons de contention d'esprit à l'examen d'une chose qui est hors de nous, plus nous pourrons acquérir un grand nombre des idées particulieres, qui sont contenues dans l'idée complexe de ce que nous examinons. La même chose a lieu par rapport à ce dont nous avons une perception immédiate, soit qu'il s'agisse de ce qui se passe dans notre ame, soit que nous comparions des idées déjà acquises. A l'égard de ces dernieres, il est clair que si nous considérons pendant long - tems & avec attention deux idées composées, nous découvrirons un plus grand nombre de relations entre les idées particulieres qui les composent. L'attention est, pour ainsi dire, une espece de microscope qui grossit les objets, & qui nous y fait appercevoir mille propriétés qui échappent à une vûe distraite.

Pour augmenter l'attention, il faut avant tout écarter ce qui pourroit la troubler; ensuite il faut chercher des secours pour l'aider.

1°. Les sensations sont un obstacle à l'attention que nous voulons donner aux objets qui occupent notre imagination; & le meilleur moyen de conserver cette attention, c'est d'écarter tous les objets qui pourroient agir sur nos sens, & de bannir de notre imagination tout ce qui la remue trop vivement. Les sensations obscurcissent, effacent, & font éclipser les actes de l'imagination, comme le prouve l'expérience. Vous avez vû hier un tableau dont vous vous rappellez actuellement l'idée: mais au même moment un autre tableau frappe votre vûe, & chasse par son impression l'image qui vous occupoit intérieurement. Un prédicateur suit de mémoire le fil de son discours, un objet singulier s'offre à ses regards, son attention s'y livre, il s'égare, & cherche inutilement la suite de ses idées. Il est donc essentiel de préserver ses sens des impressions extérieures, lorsqu'on veut soûtenir son attention. De - là ces orateurs qui récitent les yeux fermés ou dirigés vers quelque point fixe & immobile. De<pb-> [p. 841] là les soins d'un homme de lettres, pour placer son cabinet dans quelque endroit retiré & tranquille. Delà le succès des études de la nuit, puisqu'il regne alors un grand calme partout.

Le tumulte de l'imagination n'est pas moins nuisible à l'attention que celui des sens. A l'issue d'un spectacle il vous est difficile de reprendre vos études; vous êtes dans le même cas le lendemain d'une grande partie de divertissement, dont les idées se renouvellent avec vivacité; & en général toutes les fois que nous sommes fortement occupés de plusieurs objets brillans, sonores, ou propres à faire quelque autre impression sur nos sens.

Les modifications de l'ame ont trois causes, les sens, l'imagination, & les passions. Tous ceux qui veulent s'appliquer soigneusement à la recherche de la vérité, doivent avoir un grand soin d'éviter, autant que cela se peut, toutes les sensations trop fortes, comme le grand bruit, la lumiere trop vive, le plaisir, la douleur, &c. ils doivent veiller sans cesse à la pureté de leur imagination, & empêcher qu'il ne se trace dans leur cerveau de ces vestiges profonds qui inquietent & qui dissipent continuellement l'esprit. Enfin ils doivent sur - tout arrêter les mouvemens des passions, qui font dans le corps & dans l'ame des impressions si puissantes, qu'il est d'ordinaire comme impossible que l'esprit pense à d'autres choses qu'aux objets qui les excitent. Néanmoins on peut faire usage des passions & des sens pour conserver l'attention de l'esprit.

Les passions dont il est utile de se servir, dit le pere Malebranche, pour s'exciter à la recherche de la vérité, sont celles qui donnent la force & le courage de surmonter la peine que l'on trouve à se rendre attentif. Il y en a de bonnes & de mauvaises: de bonnes, comme le desir de trouver la vérité, d'acquérir assez de lumiere pour se conduire, de se rendre utile au prochain, & quelques autres semblables: de mauvaises ou de dangereuses, comme le desir d'acquérir de la réputation, de se faire quelque établissement, de s'élever au - dessus de ses semblables, & quelques autres encore plus déréglées.

Dans le malheureux état où nous sommes, il arrive souvent que les passions les moins raisonnables nous portent plus vivement à la recherche de la vérité, & nous consolent plus agréablement dans les peines que nous y trouvons, que les passions les plus justes & les plus raisonnables. La vanité, par exemple, nous agite beaucoup plus que l'amour de la vérité. La vûe confuse de quelque gloire qui nous environne, lorsque nous débitons nos opinions, nous soûtient le courage dans les études même les plus stériles & les plus ennuyeuses. Mais si par hasard nous nous trouvons éloignés de ce petit troupeau qui nous applaudissoit, notre ardeur se refroidit aussi - tôt: les études, même les plus solides, n'ont plus d'attrait pour nous: le dégoût, l'ennui, le chagrin nous prend. La vanité triomphoit de notre paresse naturelle, mais la paresse triomphe à son tour de l'amour de la vérité; car la vanité résiste quelquefois à la paresse, mais la paresse est presque toûjours victorieuse de l'amour de la vérité.

Cependant la passion pour la gloire, quand elle est réglée, peut servir beaucoup à fortifier l'attention. Cette passion, si elle se trouve jointe avec un amour sincere de la vérité & de la vertu, est digne de loüanges, & ne manque jamais de produire d'utiles effets. Rien ne fortifie plus l'esprit & n'encourage davantage les talens à se développer, que l'espérance de vivre dans le souvenir des hommes: mais il est difficile que cette passion se contienne dans les bornes que lui prescrit la raison, & quand une fois elle vient à les passer, au lieu d'aider l'esprit dans la recherche de la vérité, elle l'aveugle étrangement & lui fait même croire que les choses sont comme il souhaite qu'elles soient. Il est certain qu'il n'y auroit pas eu tant de fausses inventions & tant de découvertes imaginaires, si les hommes ne se laissoient point étourdir par des desirs ardens de paroître inventeurs.

La passion ne doit servir qu'à réveiller l'attention: mais elle produit toûjours ses propres idées, & elle pousse vivement la volonté à juger des choses par ces idées qui la touchent, plûtôt que par les idées pures & abstraites de la vérité, qui ne la touchent pas.

La seconde source d'où l'on peut tirer quelque secours pour rendre l'esprit attentif, sont les sens. Les sensations sont les modifications propres de l'ame; les idées pures de l'esprit sont quelque chose de différent: les sensations réveillent donc notre attention d'une maniere beaucoup plus vive que les idées pures. Dans toutes les questions, où l'imagination & les sens n'ont rien à saisir, l'esprit s'évapore dans ses propres pensées. Tant d'idées abstraites, dont il faut réunir & combiner les rapports, accablent la raison; leur subtilité l'ébloüit, leur étendue la dissipe, leur mêlange la confond. L'ame, épuisée par ses réflexions, retombe sur elle - même, & laisse ses pensées flotter & se suivre sans regle, sans force & sans direction: un homme profondément concentré en lui - même n'est pas toûjours le plus attentif. Comme nos sens sont une source féconde où nous puisons nos idées, il est évident que les objets qui sont les plus propres à exercer nos sens, sont aussi les plus propres à soûtenir notre attention; c'est pour cela que les Géometres expriment, par des lignes sensibles, les proportions qui sont entre les grandeurs qu'ils veulent considérer. En traçant ces lignes sur le papier, ils tracent, pour ainsi dire, dans leur esprit les idées qui y répondent; ils se les rendent plus familieres, parce qu'ils les sententen même tems qu'ils les conçoivent. La vérité, pour entrer dans notre esprit, a besoin d'une espece d'éclat. L'esprit ne peut, s'il est permis de parler ainsi, fixer sa vûe vers elle, si elle n'est revêtue de couleurs sensibles. Il faut tellement tempérer l'éclat dont elle brille, qu'il ne nous arrête pas trop au sensible: mais qu'il puisse seulement soûtenir notre esprit dans la contemplation des vérités purement intelligibles.

Si quelqu'un doutoit encore que les sens soient propres à soûtenir & à fixer notre attention vers un objet, j'appellerois à mon secours l'expérience. En effet, qu'on se recueille dans le silence & dans l'obscurité, le plus petit bruit ou la moindre lueur suffira pour distraire, si l'on est frappé de l'un ou de l'autre, au moment qu'on ne s'y attendoit point: c'est que les idées, dont on s'occupe, se lient naturellement avec la situation où l'on se trouve; & qu'en conséquence les perceptions, qui sont contraires à cette situation, ne peuvent survenir qu'aussi - tôt l'ordre des idées ne soit troublé. On peut remarquer la même chose dans une supposition toute différente: si, pendant le jour & au milieu du bruit, je réfléchis sur un objet, c'en sera assez pour me donner une distraction: que la lumiere ou le bruit cesse tout - à - coup, dans ce cas, comme dans le premier, les nouvelles perceptions que j'éprouve sont tout - à fait contraires à l'état où j'étois auparavant, l'impression subite qui se fait en moi doit donc encore interrompre la suite de mes idées.

Cette seconde expérience fait voir que la lumiere & le bruit ne sont pas un obstacle à l'attention. Je crois même qu'il ne faudroit que de l'habitude pour en tirer de grands secours. Il n'y a proprement que les révolutions inopinées, qui puissent nous distraire. Je dis inopinées; car quels que soient les changemens qui se font autour de nous, s'ils n'offrent rien à quoi nous ne devions naturellement nous attendre,

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