ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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deux sortes d'art angélique; l'un obscur, qui s'exerce
par la voie d'élévation ou d'extase; l'autre clair
& distinct, lequel se pratique par le ministere des
anges qui apparoissent aux hommes sous des formes
corporelles, & qui s'entretiennent avec eux. Ce fut
peut - être cet art dont se servit le pere du célebre Cardan, lorsqu'il disputa contre les trois esprits qui soûtenoient
la doctrine d'Averroès, recevant des lumieres
d'un génie qu'il eut avec lui pendant trente - trois
ans. Quoi qu'il en soit, il est certain que cet art est
superstitieux, puisqu'il n'est autorisé ni de Dieu ni
de l'Eglise; & que les anges, par le ministere desquels
on suppose qu'il s'exe>ce, ne sont autres que
des esprits de ténebres, & des anges de satan. D'ailleurs, les cérémonies dont on se sert ne sont que des
conjurations par lesquelles on oblige les démons, en
vertu de quelque pacte, de dire ce qu'ils savent, &
rendre les services qu'on espere d'eux. Voyez Art
notoire. Cardan, lib. XVI. de rer. variet. Thiers,
Traité des superstitions. (G)
Art notoire
(Page 1:718)
Art notoire, moyen superstitieux par lequel
on promet l'acquisition des sciences, par infusion &
sans peine, en pratiquant quelques jeûnes, & en faisant
certaines cérémonies inventées à ce dessein.
Ceux qui font profession de cet art, assûrent que Salomon en est l'auteur, & que ce fut par ce moyen
qu'il acquit en une nuit cette grande sagesse qui l'a
rendu si célebre dans le monde. Ils ajoûtent qu'il a
renfermé les préceptes & la méthode dans un petit
livre qu'ils prennent pour modele. Voici la maniere
par laquelle ils prétendent acquérir les sciences, selon
le témoignage du pere Delrio: ils ordonnent à
leurs aspirans de fréquenter les sacremens, de jeûner
tous les Vendredis au pain & à l'eau, & de faire
plusieurs prieres pendant sept semaines; ensuite ils
leur prescrivent d'autres prieres, & leur font adorer
certaines images, les sept premiers jours de la
nouvelle lune, au lever du soleil, durant trois mois:
ils leur font encore choisir un jour où ils se sentent
plus pieux qu'à l'ordinaire, & plus disposés à recevoir
les inspirations divines; ces jours - là ils les font
mettre à genoux, dans une église ou oratoire, ou
en pleine campagne, & leur font dire trois fois le
premier verset de l'hymne Veni creator Spiritus, &c.
les assûrant qu'ils seront après cela remplis de science
comme Salomon, les Prophetes & les Apôtres. Saint
Thomas d'Aquin montre la vanité de cet art. S. Antonin, archevêque de Florence, Denys le chartreux,
Gerson, & le cardinal Cajetan, prouvent que c'est
une curiosité criminelle par laquelle on tente Dieu,
& un pacte tacite avec le démon: aussi cet art fut - il
condamné comme superstitieux par la faculté de
Théologie de Paris, l'an 1320. Delrio, disq. Magic.
part. II. Thiers, Traité des superstitions. (G)
Art de S. Anselme
(Page 1:718)
Art de S. Anselme, moyen de guérir les plaies
les plus dangereuses, en touchant seulement aux
linges qui ont été appliqués sur les blessures. Quelques soldats Italiens, qui font encore ce métier, en
attribuent l'invention à S. Anselme: mais Delrio assûre
que c'est une superstition inventée par Anselme
de Parme, fameux magicien; & remarque que ceux
qui sont ainsi guéris, si toutefois ils en guérissent, retombent
ensuite dans de plus grands maux, & finisfent
malheureusement leur vie. Delrio, Disquis. magic.
lib. I. (G)
Art de S. Paul
(Page 1:718)
Art de S. Paul, sorte d'art notoire que quelques
superstitieux disent avoir été enseigné par S. Paul,
après qu'il eut été ravi jusqu'au troisieme ciel: on ne
sait pas bien les cérémonies que pratiquent ceux qui
prétendent acquérir les sciences par ce moyen, sans
aucune étude, & par inspiration: mais on ne peut
douter que cet art ne soit illicite; & il est constant
que S. Paul n'a jamais révélé ce qu'il oüit dans son
ravissement, puisqu'il dit lui - même qu'il entendit
des paroles ineffables, qu'il n'est pas permis à un
homme de raconter. Voyez Art notoire. Thiers,
Traité des superstitions. (G)
Art Mnemonique
(Page 1:718)
Art Mnemonique. On appelle art mnemonique
la science des moyens qui peuvent servir pour perfectionner
la mémoire. On admet ordinairement quatre
de ces sortes de moyens: car on peut y employer
ou des remedes physiques, que l'on croit propres à
fortifier la masse du cerveau; ou de certaines figures
& schématismes, qui font qu'une chose se grave
mieux dans la mémoire; ou des mots techniques,
qui rappellent facilement ce qu'on a appris; ou enfin
un certain arrangement logique des idées, en les plaçant
chacune de façon qu'elles se suivent dans un
ordre naturel. Pour ce qui regarde les remedes physiques,
il est indubitable qu'un régime de vie bien
observé peut contribuer beaucoup à la conservation
de la mémoire; de même que les excès dans le vin,
dans la nourriture, dans les plaisirs, l'affoiblissent.
Mais il n'en est pas de même des autres remedes que
certains auteurs ont recommandés, des poudres, du
tabac, des cataplasmes qu'il faut appliquer aux tempes,
des boissons, des purgations, des huiles, des
bains, des odeurs fortes qu'on peut voir dans l'art
mnemonique de Marius d'Assigni, auteur Anglois. Tous
ces remedes sont très - sujets à caution. On a trouvé
par l'expérience que leur usage étoit plus souvent
funeste que salutaire, comme cela est arrivé à Daniel Heinsius & à d'autres, qui loin de tirer quelqu'avantage de ces remedes, trouvoient à la fin leur
mémoire si affoiblie, qu'il ne pouvoient plus se rappeller
ni leurs noms, ni ceux de leurs domestiques.
D'autres ont eu recours aux schématismes. On sait
que nous retenons une chose plus facilement quand
elle fait sur notre esprit, par le moyen des sens extérieurs,
une impression vive. C'est par cette raison
qu'on a tâché de soulager la mémoire dans ses fonctions,
en représentant les idées sous de certaines figures
qui les expriment en quelque façon. C'est de
cette maniere qu'on apprend aux enfans, non - seulement à connoître les lettres, mais encore à se rendre
familiers les principaux évenemens de l'histoire
sainte & profane. Il y a même des auteurs, qui par
une prédilection singuliere pour les figures, ont appliqué
ces schématismes à des sciences philosophiques.
C'est ainsi qu'un certain Allemand, nommé Winckelmann, a donné toute la logique d'Aristote en figures.
Voici le titre de son livre: Logica memorativa, cujus
beneficio compendium logicoe peripateticoe brevissimi temporis
spatio memorioe mandari potest. Voici aussi comme il
définit la Logique. Aristote est représenté assis, dans
une profonde méditation; ce qui doit signifier que
la Logique est un talent de l'esprit, & non pas du
corps: dans la main droite il tient une clé; c'est - à - dire, que la Logique n'est pas une science, mais une
clé pour les sciences: dans la main gauche il tient
un marteau; cela veut dire que la Logique est une
habitude instrumentale; & enfin devant lui est un étau
sur lequel se trouve un morceau d'or fin, & un morceau
d'or faux, pour indiquer que la fin de la Logique est de distinguer le vrai d'avec le faux.
Puisqu'il est certain que notre imagination est d'un
grand secours pour la mémoire, on ne peut pas absolument
rejetter la méthode des schématismes, pourvû
que les images n'ayent rien d'extravagant ni de
puérile, & qu'on ne les applique pas à des choses
qui n'en sont point du tout susceptibles. Mais c'est
en cela qu'on a manqué en plusieurs façons: car les
uns ont voulu désigner par des figures toutes sortes
de choses morales & métaphysiques; ce qui est absurde,
parce que ces choses ont besoin de tant d'explications,
que le travail de la mémoire en est
doublé. Les autres ont donné des images si absurdes
& si ridicules, que loin de rendre la science agréa<pb->
[p. 719]
ble, elles l'ont rendu dégoûtante. Les personnes qui
commencent à se servir de leur raison, >oivent s'abstenir
de cette méthode, > tâcher d'aider la mémoire
par le moyen du jugement. Il faut dire la même
chose de la mémoire qu'on appelle technique. Quelques - uns ont proposé de s'imaginer une maison ou
bien une ville, & de s'y representer différens endroits
dans lesquels on placeroit les choses ou les
idées qu'on voudroit se rappeller. D'autres, au lieu
d'une maison ou d'une ville, ont choisi certains animaux
dont les lettres initiales font un alphabet Latin.
Ils partagent chaque membre de chacune de ces bêtes
en cinq parties, sur lesquelles ils affichent des
idées; ce qui leur fournit 150 places bien marquées,
pour autant d'idées qu'ils s'y imaginent affichees. Il
y en a d'autres qui ont eu recours à certains mots,
vers, & autres choses semblables: par exemple,
pour retenir les mots d'Alexandre, Romulus, Mercure, Orphée, ils prennent les lettres initiales qui
forment le mot armo, mot qui doit leur servir à se
rappeller les quatre autres. Tout ce que nous pouvons
dire là - dessus, c'est que tous ces mots & ces
vers techniques paroissent plus difficiles à retenir,
que les choses mêmes dont ils doivent faciliter l'étude.
Les moyens les plus sûrs pour perfectionner la mémoire,
sont ceux que nous fournit la Logique. Plus
l'idée que nous avons d'une chose est claire & distincte,
plus nous aurons de facilité à la retenir & à
la rappeller quand nous en aurons besoin. S'il y a
plusieurs idées, on les arrange dans leur ordre naturel,
de sorte que l'idée principale soit suivie des
idées accessoires, comme d'autant de conséquences;
avec cela on peut pratiquer certains artifices qui ne
sont pas sans utilité: par exemple, si l'on compose
quelque chose, pour l'apprendre ensuite par coeur,
on doit avoir soin d'écrire distinctement, de marquer
les différentes parties par de certaines séparations,
de se servir des lettres initiales au commencement
d'un sens; c'est ce qu'on appelle la mémoire
locale. Pour apprendre par coeur, on recommande
ensuite de se retirer dans un endroit tranquille; il y
a des gens qui choisissent la nuit, & même se mettent
au lit. Voyez là - dessus la Pratique de la mémoire
artificielle, par le pere Buffier.
Les anciens Grecs & Romains parlent en plusieurs
endroits de l'art mnemonique. Cicéron dit, dans le
liv. II. de Orat. c. lxxxvj. que Simonide l'a inventé.
Ce philosophe étant en Thessalie, fut invité par un
nommé Scopas: lorsqu'il fut à table, deux jeunes gens
le firent appeller pour lui parler dans la cour. A peine
Simonide fut - il sorti, que la chambre où les autres
étoient restés tomba, & les écrasa tous. Lorsqu'on voulut les enterrer, on ne put les reconnoitre,
tant ils étoient défigurés. Alors Simonide se rappellant
la place où chacun avoit été assis, les nomma
l'un après l'autre; ce qui fit connoître, dit Cicéron,
que l'ordre étoit la principale chose pour aider la mémoire.
(X)
Art Poetique
(Page 1:719)
Art Poetique. Voyez Poesie & Poetique.
Art Militaire
(Page 1:719)
Art Militaire. Voyez Militaire.
ART - ET - PART
(Page 1:719)
ART - ET - PART, (Hist. mod.) auteur & complice;
c'est une expression usitée dans l'extrémité septentrionale
de l'Angleterre & en Ecosse. Quand quelqu'un est accusé d'un crime, on dit: il est art - &part dans cette action; c'est - à - dire, que non - seulement ill'a conseillée ou approuvée, mais encore qu'il
a contribué personnellement à son exécution. Voyez
Auteur & Complice. (G)
ARTA
(Page 1:719)
* ARTA, (l') Géog. ville de la Turquie Européenne, dans la basse Albanie, proche la mer, sur
la riviere d'Afdhas. Lon. 39. lat. 39. 28.
ARTABE
(Page 1:719)
ARTABE, s. m. (Hist. anc.) sorte de mesure dont
se servoient les Babyloniens, & dont il est fait men<cb->
tion dans Daniel, c. xiv. v. 2. où il est dit que les
prêtres de Bel, dont ce prophete découvrit l'imposture,
offroient tous les jours à ce dieu douze artabes
de vin. L'artabe contenoit soixante - douze septiers,
selon S. Epiphane, de ponderib. & mens. & Isidore
de Séville, lib. XVI. orig. Diction. de la bib. tom. I.
pag. 227. (G)
ARTAMENE
(Page 1:719)
* ARTAMENE, s. m. terme de Fleuriste; c'est un
oeillet brun, sur un fin blanc, gagné de l'orfeline.
Il vient petit: mais sa plante est robuste, & sa marcotte
vigoureuse. Trait. des fleurs.
ARTAXATE, ou ARDACHAT
(Page 1:719)
* ARTAXATE, ou ARDACHAT, (Géog. anc. &
Hist.) capitale ancienne de l'Arménie sur l'Araxe,
appellée dans la suite Neronée. Il n'y en a plus aujourd'hui que quelques ruines, qui consistent en une
façade de bâtiment, à quatre rangs de colonnes de
marbre noir, & quelques autres morceaux du même
édifice. Les habitans du pays appellent cet amas de
matériaux tacterdat, ou le throne de Tiridat.
ARTEMIS
(Page 1:719)
* ARTEMIS, (Myth.) surnom sous lequel Diane étoit adorée en plusieurs endroits de l'Asie mineure
& de la Grece.
ARTEMISIES
(Page 1:719)
* ARTEMISIES, (Myth.) fêtes instituées en l'honneur
de Diane, surnommée Artemis.
ARTERE
(Page 1:719)
ARTERE, s. f. A'RTHRI>A, dérivé des mots Grecs,
A'H\R, air, & THRE>W, je conserve; en Anatomie, c'est un
canal membraneux, élastique, qui a la figure d'un
cone allongé, intérieurement lis>e & poli, sans valvules,
si ce n'est dans le coeur, qui décroît à mesure
qu'il se divise en un plus grand nombre de rameaux,
& qui est destiné à recevoir le sang du coeur pour le
distribuer dans le poumon & dans toutes les parties
du corps. Voyez Coeur, Poumon, &c. On donna
d'abord ce nom à ce que nous appellons la trachée
artere, aspera, &c.
Les arteres dont il est question, s'appelloient veines
saillantes ou internes, veines qui battent, par opposition
aux veines externes non saillantes. Elles eurent principalement
cette dénomination, parce que suivant la
théorie d'Erasistrate, on pensoit que les tuyaux qui
partent du coeur, n'étoient pleins que d'air, qui en
entrant dans leurs cavités, les dilatoit, & les faisoit
se contracter lorsqu'il en sortoit. Voilà la cause de la
diastole & de la systole, suivant les anciens.
L'artere par excellence, A'RTHRI>A A'RTHRIW>DH>, est
l'aorte. Voyez Aorte.
Toutes les arteres du corps sont des branches de
deux gros troncs, dont l'un vient du ventricule droit
du coeur, & porte tout le sang du poumon, d'où on
le nomme artere pulmonaire; l'autre part du ventricule
gauche du coeur, & distribue le sang dans toutes les
parties du corps: on l'appelle aorte. V. Pulmonaire.
Les Auteurs sont fort partagés sur la structure des
arteres: les uns ont multiplié les membranes, d'autres
en ont diminué le nombre; il y en a qui en admettent
jusqu'à six, savoir la nerveuse, la cellulaire,
la vasculeuse, la glanduleuse, la musculeuse, & la tendineuse. Voyez Nerveux, Cellulaire, &c.
Le docteur Haller dont nous embrassons la doctrine,
n'en admet que deux, l'interne & la charnue; la cellulaire n'est que leur accessoire, & il ne regarde pas
l'extérieure comme constante.
Les arteres ont la figure de cones allongés, & vont
en décroissant à mesure qu'elles se divisent en un plus
grand nombre de rameaux; & lorsqu'elles parcourent
quelque espace sans en jetter, elles paroissent
cylindriques. Tous ces vaisseaux étant remplis, dans
quelqu'endroit qu'on les conçoive coupés par un plan
perpendiculaire à l'axe de leur direction, l'ouverture
qu'ils présenteront sera toûjours circulaire; ces vaisseaux
coniques ont leur base commune dans les deux
ventricules du coeur, puisqu'ils sont tous produits par
l'aorte & par l'artere pulmonaire, & leur sommet
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