ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"716"> du ressort en mettant dans une petite cueiller du poivre en poudre fine, que l'on porte sous la luette pour la saupoudrer. Mais si elle étoit devenue blanche, longue, sans irritabilité, & incapable d'être rétablie dans son état naturel, il faudroit en retrancher la partie excédente.

Celse a parlé de cette opération, en disant qu'il faut saisir la luette avec des pinces, & couper au - dessus ce qu'il est nécessaire d'emporter. Mais Fabrice d'Aquapendente ne trouve pas cette opération facile: comment, dit - il, saisir la luette avec des pincettes d'une main, & la couper de l'autre dans la partie la plus étroite, la plus profonde & la plus obscure de la bouche, principalement par la nécessité qu'il y a d'une main - tierce pour abaisser la langue? C'est pourquoi, dit - il, je ne me sers point de pinces. J'abaisse la langue, & je coupe la luette avec des petits ciseaux. Il seroit à propos d'avoir pour cette opération des ciseaux, dont les lames échancrées en croissant embrasseroient la luette, & la couperoient nécessairement d'un seul coup. 2°. Les branches doivent être fort longues, & former une courbe de côté du plat des lames, afin d'avoir les anneaux fort bas, & que la main ne bouche pas le jour. Fabricius Hildanus avoit imaginé un anneau cannelé, portant un fil noué, propre à embrasser la luette, & à la lier. Scultet a corrigé cet instrument, & dit s'en être servi utilement à Ulm le 8 Juin 1637, sur un soldat de l'empereur, qui avoit la luette pourrie. Après que Fabrice d'Aquapendente avoit coupé la portion de luette relâchée, qu'il avoit jugé à propos de retrancher; il portoit un instrument de fer, fait en forme de cueiller, bien chaud, non pour brûler & cautériser la luette, mais pour fortifier la chaleur naturelle presque éteinte de la partie, & rappeller sa vie languissante. Nous avons parlé au mot Feu, comment cet auteur s'étoit servi du feu d'une façon qu'il n'avoit pas une action immédiate, dans la même intention de fortifier & de resserrer le tissu d'une partie trop humide. (Y)

LUEUR (Page 9:716)

LUEUR, s. m. (Gram.) lumiere foible & sombre. Il se dit au physique & au moral: je vois à la lueur du feu: cet homme n'a que des lueurs.

LUFFA (Page 9:716)

LUFFA, s. f. (Hist. nat. Bot.) genre de plante dont les fleurs sont des bassins divisés en cinq parties jusque vers leur centre. Sur la même plante, on trouve quelques - unes de ces fleurs qui sont nouées, & quelques autres qui ne les sont pas: celles qui sont nouées tiennent à un embryon, qui devient un fruit semblable à un concombre; mais ce fruit n'est pas charnu; on ne voit sous sa peau qu'un tissu de fibres qui forment un admirable raiseau, & qui laissent trois loges dans la longueur du fruit, lesquelles renferment des grains presque ovales. Tournefort, Mém. de l'Acad. roy. des scien. année 1706. Voyez Plante.

LUGANO (Page 9:716)

LUGANO, Lucanum, (Géogr.) ville de Suisse dans les bailliages d'Italie, capitale d'un bailliage de même nom, qui est considérable; car il contient une soixantaine de bourgs ou paroisses, & une centaine de villages. Il a été conquis par les Suisses sur les ducs de Milan. Lugano, sa capitale, est située sur le lac de Lugano, à 6 lieues N. O. de Coîne, 10 S. O. de Chiavenne. Long. 26. 28. latit. 45. 58.

LUGDUNUM (Page 9:716)

LUGDUNUM, (Géog. anc.) ce nom a été écrit si différemment, Lugdunum, Lugdunus, Lugodinum, Lugudunum, Lugodunum, Lucdunum, Lygdunum, & a été donné à tant de villes, que ne pouvant point entrer dans ce détail, nous renvoyons le lecteur aux remarques de Mrs de Valois, de Méziriac, & autres qui ont tâché de l'éclaircir. Nous remarquerons seulement que tous ces noms ont été donnés spécialement par les anciens à la ville de Lyon, capitale du Lyonnois; Lugdunum signifie - t - il en vieux gaulois, la montagne du corbeau, ou la montagne de Lucius, parce que Lucius Munatius Plancus y conduisit une colonie? C'est ce que nous ignorons. Nous ne savons pas mieux l'origine du nom de plusieurs autres villes qui ont la même épithete, comme Lugdunum Batavorum, Leyden; Lugdunum Clavatum, Laon; Lugdunum Convenarum, Comminges, &c. Elles n'ont pas toutes certainement été appellées de la sorte du nom de Lucius Plancus, ni des corbeaux qui y étoient quand on en a jetté les fondemens. Peut être pourroiton dire que ce nom leur a été donné, à cause de leur situation près des bois, ou sur des montagnes, des collines & des côteaux. Cette derniere idée paroît la plus vraissemblable.

LUGO (Page 9:716)

LUGO, (Géog.) les anciens l'ont connue sous le nom de Lucus - Augustus; c'est de nos jours une petite ville d'Espagne en Galice, avec un évêché suffragant de Compostelle. Elle est située sur le Minho, à 13 lieues de Mondonédo, 24 S. E. d'Oviédo, 23 N. E. de Compostelle. Long. 10. 40. latit. 43. 1. (D. J.)

LUGUBRE (Page 9:716)

LUGUBRE, adj. (Gram.) qui marque la tristesse. Un vêtement est lugubre: un chant est lugubre. Il ne se dit guere des personnes; cependant un homme lugubre ne déplairoit pas. C'est que notre langue commence à se permettre de ces hardiesses. Elles passent du sty le plaisant, où on les reçoit sans peine, dans le style sérieux.

Lugubre (Page 9:716)

Lugubre, oiseau, (Hist. nat. superstition.) c'est le nom que quelques voyageurs ont donné à un oiseau du Brésil, dont le plumage est d'un gris cendré; il est de la grosseur d'un pigeon, il a un cri lugubre & affligeant, qu'il ne fait entendre que pendant la nuit, ce qui le fait respecter par les Brésiliens sauvages, qui sont persuadés qu'il est chargé de leur porter des nouvelles des morts. Léry, voyageur françois, raconte que passant par un village, il en scandalisa les habitans, pour avoir ri de l'attention avec laquelle ils écoutoient le cri de cet oiseau. Tais - toi, lui dit rudement un vieillard, ne nous empêche point d'entendre les nouvelles que nos grandsperes nous font annoncer.

LUGUVALLIUM (Page 9:716)

LUGUVALLIUM, (Géogr. anc.) ancien lieu de la grande Bretagne qu'Antonin désigne par Luguvallium ad vallum, auprès d'un fossé. Le savant Gale démontre presque que c'est Old Carleil sur le Wize, entre Boulness & Périth, qui est Voreda. On y a trouvé des inscriptions, des statues équestres, & autres monumens de sa grande antiquité. (D. J.)

LUISANT (Page 9:716)

LUISANT, (Rubanier.) s'entend de quelques portions de chaîne qui levant continuellement pendant un certain nombre de coups de navette, & par conséquent n'étant point compris dans le travail, forment au moyen de cette inaction un compartiment de soies traînantes sur l'ouvrage qui fait le luisant, la lumiere n'etant point rompue par l'inégalité que le travail occasionne; il faut pourtant que cette levée continuelle soit interrompue d'espace en espace, pour les faire adhérer au corps de la chaîne, sans quoi ces soies traînant toujours seroient inutiles; on les fait baisser sur un seul coup de navette qui sert à couper cette continuité, & à les lier avec la chaîne; après ce coup de navette, le luisant leve de nouveau comme il a fait précédemment, & ainsi de suite: les luisans se mettent plus ordinairement qu'ailleurs sur les bords ou lisieres des ouvrages, & servent à donner plus de relief aux desseins qu'ils environnent. On en met indifféremment sur tous les ouvrages de ce métier, où l'on juge qu'ils feront un bon effet.

LUISANTE (Page 9:716)

LUISANTE, adj. (Astron.) est un nom qu'on a donné à plusieurs étoiles remarquables par leur éclat dans différentes constellations.

Luisante de la couronne est une étoile fixe de la seconde grandeur, située dans la couronne septentrio<pb-> [p. 717] nale. Voyez Couronne septentrionale.

Luisante de la lyre, est une étoile brillante de la premiere grandeur dans la constellation de la lyre.

Il y a aussi dans la constellation de l'aigle une étoile brillante, appellée la luisante de l'aigle, &c. (O)

LUKAW (Page 9:717)

LUKAW, (Géog.) petite ville d'Allemagne, au cercle de haute Saxe dans l'Osterland, à 2 milles de Zeitz en Misnie, & à 4 de Leipsick. Long. 30. 4. latit. 51. 12.

LUL (Page 9:717)

LUL, (Bot. exot.) nom persan d'un arbre de la Perse & de l'Inde; les Portugais l'appellent arbol de reyes, arbre des rois, & les François arbre des Banianes, parce que les Banianes se retirent dessous. Les descriptions que les voyageurs donnent de cet arbre, sont si pleines de fables & d'inepties, que je n'en connois aucune qui puisse nous instruire. Ajoutez - y les contradictions dont elles fourmillent. Les uns nous représentent cet arbre comme le liseron d'Amérique, jettant des rameaux sarmenteux sans feuilles qui s'allongent à terre, s'y insinuent, poussent des racines & deviennent de nouveaux troncs d'arbres, ensorte qu'un seul lul produit une forêt. D'autres nous le peignent comme le plus bel arbre du pays, qui ne trace ni ne jette des sarmens, qui est tout garni de feuilles semblables à celles du coignassier, mais beaucoup plus larges & plus longues, & donnant un fruit assez agréable au goût, de couleur incarnate tirant sur le noir. Qui croirois - je, de Tavernier ou de Pietro de la Vallée, sur la description de cet arbre? Aucun des deux.

LULA ou LUHLA (Page 9:717)

LULA ou LUHLA, (Géog.) ville de la Laponie, au bord du golfe de Bothnie, au nord de l'embouchure de la riviere dont elle porte le nom. Long. 40. 30. latit. 66. 30. (D. J.)

LULAF (Page 9:717)

LULAF, s. m. (Antiq.) c'est ainsi que les Juifs nomment des guirlandes & des bouquets de myrthes, de saules, de palmes, &c. dont ils ornent leurs synagogues à la fête des tabernacles.

LUMACHELLE (Page 9:717)

LUMACHELLE, marbre, (Hist. nat.) c'est ainsi que, d'apres les Italiens, on nomme un marbre rempli d'un amas de petites coquilles; il y en a de noir. Il s'en trouve de cette espece en Westphalie, au village de Belem, à environ une lieue d'Osnabruck. Mais le marbre lumachelle le plus connu est d'un gris de cendre, mêlé quelquefois d'une teinte de jaune, c'est celui que les Italiens nomment lumachella dorata antica, ou lumachella cinerea; ils l'appellent aussi lumachella di trapani, & lumachellone antico. Il y a des carrieres de ce marbre en Italie; il s'en trouve pareillement en Angleterre dans la province d'Oxford; on dit que depuis peu l'on en a découvert une très - belle carriere en Champagne.

LUMB (Page 9:717)

LUMB, s. m. (Hist. natur.) oiseau aquatique, qui se trouve sur les côtes de Spitzberg; il a le bec long, mince, pointu & recourbé, comme le pigeon plongeur du même pays; ses piés & ses ongles sont noirs, ainsi que les pattes qui sont courtes; il est noirâtre sur le dos, & d'une blancheur admirable sous le ventre. Son cri est celui du corbeau; cet oiseau se laisse tuer plutôt que de quitter ses petits qu'il couvre de ses aîles, en nageant sur les eaux. Les lumbs se rassemblent en troupes, & se retirent sur les montagnes.

LUMBIER (Page 9:717)

LUMBIER, (Géog.) en latin Lumbaria, & le peuple Lumberitani, dans Pline, l. III. c. iij. ancienne petite ville d'Espagne, dans la haute Navarre, sur la riviere d'Irato, pres de Langueça. Long. 16. 36. lat. 42. 30. (D. J.)

LUMBO - DORSAL (Page 9:717)

LUMBO - DORSAL, en Anatomie, nom d'un muscle appellé sacro - lombaire. Voyez Sacro - Lombaire.

LUMBON (Page 9:717)

LUMBON, (Hist. nat.) arbre qui croît dans les îles Philippines. Il produit des especes de petites noix dont l'écorce est très - dure, mais le dedans est indigeste; on en tire une huile, qui sert au lieu de suif pour espalmer les vaisseaux.

LUMBRICAUX (Page 9:717)

LUMBRICAUX, (Anat.) on nomme ainsi quatre museles de la main, & autant du pié. Le mot est formé du latin lumbricus, ver, parce que ces muscles ressemblent à des vers par leur figure & leur petitesse. C'est pourquoi on les nomme aussi vermiculaires.

Les lumbricaux de la main sont des muscles, que l'on regarde communément comme de simples productions des tendons du musele profond. Ils se terminent au côté interne du premier os de chacun des quatre derniers doigts. Quelquefois leur tendon se confond avec ceux des interosseux.

Les lumbricaux du pié sont des muscles qui viennent, comme ceux de la main, chacun d'un des tendons du profond, & qui se terminent au côté interne de la premiere phalange des quatre derniers orteils, & quelquefois se confondent avec les tendons des interosseux.

LUME (Page 9:717)

LUME, s. f. terme de grosses forges, voyez cet article.

LUMIERE (Page 9:717)

LUMIERE, s. f. (Optiq.) est la sensation que la vûe des corps lumineux apporte ou fait éprouver à l'ame, ou bien la propriété des corps qui les rend propres à exciter en nous cette sensation. Voyez Sensation.

Aristote explique la nature de la lumiere, en supposant qu'il y a des corps transparens par eux - mêmes, par exemple, l'air, l'eau, la glace, &c. c'est - à dire des corps qui ont la propriété de rendre visibles ceux qui sont derriere eux; mais comme dans la nuit nous ne voyons rien à - travers de ces corps, il ajoute qu'ils ne sont transparens que potentiellement ou en puissance, & que dans le jour ils le deviennent réellement & actuellement; & d'autant qu'il n'y a que la présence de la lumiere qui puisse réduire cette puissance en acte, il définit par cette raison la lumiere l'acte du corps transparent considéré comme tel. Il ajoute que la lumiere n'est point le feu ni aucune autre chose corporelle qui rayonne du corps lumineux, & se transinet à - travers le corps transparent, mais la seule présence ou application du feu, ou de quelqu'autre corps lumineux, au corps transparent.

Voilà le sentiment d'Aristote sur la lumiere; sentiment que ses sectateurs ont mal compris, & au lieu duquel il lui en ont donné un autre très - différent, imaginant que la lumiere & les couleurs étoient de vraies qualités des corps lumineux & colorés, semblables à tous égards aux sensations qu'elles excitent en nous, & ajoutant que les objets lumineux & colorés ne pouvoient produire des sensations en nous, qu'ils n'eussent en eux - mêmes quelque chose de semblable, puisque nihil dat quod in se non habet. Voyez Qualité.

Mais le sophisme est évident: car nous sentons qu'une aiguille qui nous pique nous fait du mal, & personne n'imaginera que ce mal est dans l'aiguille. Au reste on se convaincra encore plus évidemment au moyen d'un prisme de verre, qu'il n'y a aucune ressemblance nécessaire entre les qualités des objets, & les sensations qu'ils produisent. Ce prisme nous représente le bleu, le jaune, le rouge, & d'autres couleurs très - vives, sans qu'on puisse dire néanmoins qu'il y ait en lui rien de semblable à ces sensations.

Les Cartésiens ont approfondi cette idée. Ils avouent que la lumiere telle qu'elle existe dans les corps lumineux, n'est autre chose que la puissance ou faculté d'exciter en nous une sensation de clarté très - vive; ils ajourent que ce qui est requis pour la perception de la lumiere, c'est que nous soyons formés de façon à pouvoir recevoir ces sensations;

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