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JUS (Page 9:85)
JUS, (Art. culin.) jus, succus carnium, >, vel vegetantium; terme générique, qui défigue une liqueur, un suc liquide, naturel ou artifical Les chefs d'office & de cuisine, désinssent > jus > substance liquide qu'on tire par artifice de la viande de boucherie, de la volaille, du poisson ou des végétaux, soit par expression, soit par coction, soit par infusion; ainsi l'on voit que le jus a différentes propriét>s, suivant la nature des choses différentes d'où il est tiré. On se sert beaucoup de jus dans les cursines, pour nourrir les ragoûts & les potages Les maitres dans l'art de la gloutonerie vous apprendront la maniere de tirer les jus de boeuf, de veau, de perdrix, de bécasse, de volaille, de poisson, de champignons & autres végétaux; ils vous apprendront encore le moyen d'en former des coulis, c'est - à dire de les passer à l'étamine, les épaissir & leur donner une saveur agréable pour les ragoûts. (D.J.)
JUSJURANDUM in acta (Page 9:85)
JUSJURANDUM
JUSQUIAME ou HANNEBANE (Page 9:85)
JUSQUIAME ou HANNEBANE, s. f. hyoscyamus, (Botan.) genre de plante à fleur monopetale,
faite en forme d'entonnoir & découpée; il sort du
calice un pistil attaché comme un clou à la partie
inférieure de sa fleur; il devient dans la suite un fruit
renfermé dans le calice qui resscmble en quelque
façon a une marmite avec son couvercle, & qui est
divisé en deux loges par une cloison chargée de plusieurs
semences. Tournefort, inst. rei herb. Voyez
Entre les huit especes de jusquiame que comptent Tournefort & Boerhaave, nous ne nous arrêterons qu'à deux, la noire & la blanche.
La jusquiame noire ou hannebane noire, hyoscyamus niger, vulgaris, des Botan stes, a sa racine épaisse, ridée, longue, branchue, brune en - dehors, blanche en dedans. Ses feuilles sont amples, molles, cotonneuses, d'un verd - gai, découpées profondément à leurs bords, semblables en quelques manieres à celles de l'acanthe; mais plus petites, & d'une odeur forte. Elles sont nombreüses, placées sans ordre sur des tiges hautes d'une coudée, branchues, épaisses, cylindriques, couvertes d'un duvet cotonneux. Ses fleurs rangées sur les tiges en longs épis, sont d'une feule piece, de la figure d'un entonnoir, divisées en cinq segmens, obtus, jaunâtres à leur bord, marquées d'un pourpre noirâtre au milieu, garnies de cinq étamines courtes, qui portent chacune un sommet assez gros, & oblong; le pistil plus long que les étamines, est surmonté d'une tête ronde & blanche. Il sort d'un calice velu, oblong, partagé sur les bords en cinq dentelures, roides, & pointues. Ce pistil se change en un fruit caché dans le calice, de la figure d'une marmite, à deux loges,
La jusquiame blanche, hyoscyamus albus off. differe de la précédente par ses feuilles, qui sont plus molles, plus petites, moins sinuées, garnies d'un duvet plus épais & plus blanc: ses tiges sont plus courtes & moins branchues; ses fleurs sont blanches; le calice est plus ouvert, & la graine plus blanche. Cette espece de jusquiame croît naturellement dans l> pays chauds, comme en Languedoc, en Provence, & en Italie.
Ces deux sortes de jusquiame, & sor - tout la noire, donnent une odeur forte, rebutante, appesantissante, & somnifere. Leurs feuilles ont un goût fade, & quand on les froisse dans les mains, elles répandent une odeur puante. Leur suc rougit le papier bleu; leurs racines sont douceâtres, & de la saveur des artichaux.
L'une & l'autre jusquiame paroissent contehir un sel essentiel, ammoniacal, uni à beaucoup d'huile épaisse & fétide, qui les rend stupéfiantes; car le sel neutre lixiviel qu'on tire de leurs cendres, n'a point de rapport à cet effet.
Leurs graines ont une saveur un peu visqueuse, & une odeur narcotique, desagréable. Elles contiennent une huile soit subtile, soit grossiere, puante, narcotique, susceptible de beaucoup de raréfaction, & jointe avec un sel ammoniacal.
Les qualités vénéneuses, stupéfiantes, & turbulentes
de la jusquiame, si connues des modernes,
avoient été jadis observées par Galien, par Scribonius Largus, & par Dioscoride; mais les observations
des Medecins de notre siecle, sont encore plus
détaillées & plus décisives pour nous. On en trouvera
des exemples intéressans dans l'excellent traité
de Wepfer, de cicutâ aquaticâ, dans les Ephémérides des curieux de la nature, anno 4 & 5. Decur. 1.
observ. 124. Decur. 3. ann. 7. & 8. pag. 106; &
anno 9. & 10. p. 78. in Appendie. Enfin, dans l'hist.
de l'acad. des Sciences, année 1709, page 50, annéée
1737, page 72, & ailleurs. Voyez aussi
Jusquiame noire (Page 9:85)
Toutes les parties de cette plante sont dangereuses, soit qu'on les prenne en substance, soit qu'on en avale la décoction, ou qu'on la reçoive en lavement, soit qu'on en respire la fumée, ou même l'odeur. Le poison de la jusquiame porte particulierement à la tête, altere les fonctions de l'ame d'une façon fort singuliere; il jette dans une espece d'ivresse ou de manie furieuse.
Wepfer rapporte dans son traité de cicutâ aquaticâ, une observation fort remarquable sur les effets de racines de jusquiame, qu'on servit par mégarde en salade à une communauté nombreuse de bénédictins. Ces religieux furent pour la pluspart attaqués pendant la nuit qui suivit ce repas, de divers genres de délire, de vertigé, & de manie. Ceux qui furent le moins malheureux, en furent quittes pour des fantaifies & des actions ridicules. On trouve dans divers observateurs un grand nombre de faits qui concourent à établir la qualité vénéneuse ab> [p. 86]
On prévient l'action vénéneuse de la jusquiame,
comme celle des autres poisons irritans, en procurant
son évacuation par le vomissement, si l'on est
appellé à tems, faisant avaler après à grandes doses,
des bouillons gras, du lait, du beurre fondu, &c.
insistant sur les purgatifs doux & lubréfians, & sollicitant
enfin l'évacuation de la peau par des diaphorétiques
legers. Voyez
La jusquiame entre malgré ses mauvaises qualités dans plusieurs compositions pharmaceutiques, la plûpart destinées à l'usage extérieur; mais heureusement en trop petite quantité, pour qu'elle puisse les rendre dangereuses.
L'huile exprimée des semences de jusquiame ne participe point des qualités vénéneuses de cette plante.
En général, la Medecine ne perdroit pas beaucoup, quand on banniroit absolument de l'ordre des remedes l'une & l'autre jusquiame. (b)
JUSSION (Page 9:86)
JUSSION, s. f. (Jurisprud.) signifie ordre, commandement. Ce terme n'est guere usité qu'en parlant de certaines lettres du prince, qu'on appelle lettres de jussion, par lesquelles il enjoint tres - étroitement à une cour de procéder à l'enregistrement de quelque ordonnance, édit, déclaration, ou autres lettres - patentes. Quand les premieres lettres de jussion n'ont pas eu leur effet, le prince en donne de secondes, qu'on appelle itérative jussion, ou secondes lettres de jussion. (A)
JUSTE - AU - CORPS (Page 9:86)
JUSTE - AU - CORPS, s. m. (Gram. Taill.) vêtement de dessus; c'est ce que nous appellons plus communément un habit. Il y a des manches & des poches; il se boutonne par - devant jusqu'à la ceinture, & descend jusqu'aux genoux.
JUSTE, INJUSTE (Page 9:86)
JUSTE, INJUSTE, (Morale.) ces termes se prennent communément dans un sens fort vague, pour ce qui se rapporte aux notions naturelles que nous avons de nos devoirs envers le prochain. On les détermine davantage, en disant que le juste est ce qui est conforme aux lois civiles, par opposition à l'équitable, qui consiste dans la seule convenance avec les lois naturelles. Enfin, le dernier degré de précision va à n'appeller juste, que ce qui se fait en vertu du droit parfait d'autrui, reservant le nom d'équitable pour ce qui se fait eu égard au droit imparfait. Or on appelle droit parfait, celui qui est accompagné du pouvoir de contraindre. Le contrat de louage donne au propriétaire le droit parfait d'exiger du locataire le payement du loyer; & si ce dernier élude le payement, on dit qu'il commet une injustice. Au contraire, le pauvre n'a qu'un droit imparfait à l'aumône qu'il demande: le riche qui la lui refuse peche donc contre la seule équité, & ne sauroit dans le sens propre être qualifié d'injuste.
Ces distinctions posées, il me paroît assez aisé de résoudre la fameuse question, s'il y a quelque chose de juste ou d'injuste avant la loi.
Faute de fixer le sens des termes, les plus fameux
moralistes ont échoué ici. Si l'on entend par le juste
& l'injuste, les qualités morales des actions qui lui
servent de fondement, la convenance des choses,
les lois naturelles: sans contredit, toutes ces idées
sont fort antérieures à la loi, puisque la loi bâtit
sur elles, & ne sauroit leur contredire: mais si vous
prenez le juste & l'injuste pour l'obligation parfaite
& positive de regler votre conduite, & de déterminer
vos actions suivant ces principes, cette obligation
est postérieure à la promulgation de la loi,
& ne sauroit exister qu'après la loi. Grotius, d'après
les Scholastiques, & la plûpart des anciens philosophes,
avoit affirmé qu'en faisant abstraction de
toutes sortes de lois, il se trouve des principes sûrs,
des vérités qui servent à démêler le juste d'avec l'injuste. Cela est vrai, mais cela n'est pas exactement
exprimé: s'il n'y avoit point de lois, il n'y auroit
ni juste ni injuste, ces dénominations survenant aux
actions par l'effet de la loi: mais il y auroit toûjours
dans la nature des principes d'équité & de convenance,
sur lesquels il faudroit regler les lois, & qui
munis une sois de l'autorité des lois, deviendroient
le juste & l'injuste. Les maximes gravées, pour ainsi
dire, sur les tables de l'humanité, sont aussi anciennes
que l'homme, & ont précédé les lois auxquelles
elles doivent servir de principes; mais ce sont les
lois qui, en ratifiant ces maximes, & en leur imprimant
la force de l'autorité & des sanctions, ont produit
les droits parfaits, dont l'observation est appellée
justice, la violation injustice. Puffendorf en
voulant critiquer Grotius, qui n'a erré que dans
l'expression, tombe dans un sentiment réellement
insoutenable, & prétend qu'il faut absolument des
lois pour fonder les qualités morales des actions.
(Droit naturel, liv. I. c. xj. n. 6.). Il est pourtant
constant que la premiere chose à quoi l'on fait attention
dans une loi, c'est si ce qu'elle porte est
fondé en raison. On dit vulgairement qu'une loi est
juste; mais c'est une suite de l'impropriété que j'ai
déja combattue. La loi fait le juste; ainsi il faut demander
si elle est raisonnable, équitable; & si elle
est telle, ses arrêts ajouteront aux caracteres de raison
& d'équité, celui de justice. Car si elle est en
opposition avec ces notions primitives, elle ne sauroit
rendre juste ce qu'elle ordonne. Le fonds fourni
par la nature est une base sans laquelle il n'y a point
d'édifice, une toile sans laquelle les couleurs ne sauroient
être appliquées. Ne résulte - t - il donc pas évidemment de ce premier requisitum de la loi, qu'aucune
loi n'est par elle - même la source des qualités
morales des actions, du bon, du droit, de l'honnête;
mais que ces qualités morales sont fondées
sur quelqu'autre chose que le bon plaisir du législateur,
& qu'on peut les découvrir sans lui? En effet,
le bon ou le mauvais en Morale, comme par - tout
ailleurs, se fonde sur le rapport essentiel, ou la disconvenance
essentielle d'une chose avec une autre.
Car si l'on suppose des êtres créés, de façon qu'ils
ne puissent subsister qu'en se soutenant les uns les
autres, il est clair que leurs actions sont convenables
ou ne le sont pas, à proportion qu'elles s'approchent
ou qu'elles s'éloignent de ce but; & que
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