ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Jurisprudence militaire (Page 9:83)

Jurisprudence militaire, c'est l'assemblage des lois & des regles que l'on suit pour la discipline des gens de guerre. Voyez Code militaire. (A)

Jurisprudence moyenne (Page 9:83)

Jurisprudence moyenne, jurisprudentia media, est celle qui tient le milieu entre l'ancien usage & le dernier état de la jurisprudence. Justinien dans le . 3 aux institutes de legitima agnatorum successione, appelle de ce nom les réponses des Jurisconsultes qui formoient une partie de la jurisprudence romaine, & il en donne la raison au même endroit; savoir que cette jurisprudence des Jurisconsultes étoit lege duodecim tabularum junior, imperiali autem dispositione anterior. (A)

JURISTE (Page 9:83)

JURISTE, s. m. ou LEGISTE, (Jurisprud.) signifie en général quelqu'un versé dans la science du Droit & des Lois: présentement on n'applique plus guere cette dénomination qu'aux étudians en Droit. Voyez Jurisconsultfs ou Legistes. (A)

IVROGNERIE (Page 9:83)

IVROGNERIE, s. f. (Morale.) appétit déréglé de boissons enivrantes. Je conviens que cette sorte d'intempérance n'est ni onéreuse, ni de difficile apprêt. Les buveurs de profession n'ont pas le palais délicat: « leur fin, dit Montagne, c'est l'avaler plus que le goûter; leur volonté est plantureuse & en main ». Je conviens encore que ce vice est moins couteux à la conscience que beaucoup d'autres; mais c'est un vice stupide, grossier, brutal, qui trouble les facultés de l'ame, attaque & renverse le corps. Il n'importe que ce soit dans du vin de Tockai ou du vin de Brie, que l'on noie sa raison; cette différence du grand seigneur au savetier ne rend pas le vice moins honteux. Aussi Platon, pour en couper les racines de bonne heure, privoit les enfans, de quelque ordre & condition qu'ils fussent, de boire du vin avant la puberté, & il ne le permettoit à l'âge viril que dans les fêtes & les festins; il le défend aux magistrats avant leurs travaux aux affaires publiques, & à tous les gens mariés, la nuit qu'ils destinent à faire des enfans.

Il est vrai néanmoins que l'antiquité n'a pas généralement décrié ce vice, & qu'elle en parle même quelquefois trop mollement. La coutume de franchir les nuits à boire, régnoit chez les Grecs, les Germains & les Gaulois; ce n'est que depuis environ quarante ans que notre Noblesse er a racourci singulierement l'usage. Seroit - ce que nous nous sommes amendés? ou ne seróit - ce point que nous sommes devenus plus foibles, plus répandus dans la société des femmes, plus délicats, plus voluptueux?

Nous lisons dans l'Histoire romaine, que d'un côté L. Pison qui conquit la Thrace, & qui exerçoit lapolicede Rome avec tant d'exactitude; & de l'autre, que L. Cossus, personnage grave, se laissoient aller tous deux à ce genre de débauche, sans toutefois que les affaires confiées à leurs soins en souffrissent aucun dommage: Le secret de tuer César fut également confié à Cassius buveur d'eau, & à Cimber qui s'enivroit de gaieté de coeur; ce qui lui fit répondre plaisamment, quand on lui demanda s'il agréoit d'entrer dans la conjuration: « que je portasse un tyran, moi quine peux porter le vin ».

Il ne faut donc pas s'étonner de voir souvent dans les poëtes du siecle d'Auguste l'éloge de Bacchus couronné de pampre, tenant le thyrse d'une main, & une grappe de raisin de l'autre. Un peu de vin dans la tête, dit Horace, est une chose charmante; il dévoile les pensées secretes, il met la possession à la place de l'espérance, il excite la bravoure, il nous décharge du poids de nos soucis, & sans étude il nous rend savans. Combien de fois la bouteille de son sein fécond n'a t - elle pas versé l'éloquence sur les levres du buveur? Combien de malheureux n'a t - elle pas affranchi des liens de la Pauvreté?

Operta recludit, Spes jubet esse ratas, ad pralia trudit inertem, Sollicitis animis onus eximit, addocet artes, &c. Ep. V. lib. I. v. 16.

Si ces idées poétiques sont vraies d'une liqueur ennivrante qu'on prend avec modération, il s'en faut bien qu'elles conviennent aux exces de cette liqueur. La vapeur légere qui jette la vivacité dans l'esprit, devient par l'abus une épaisse fumée qui produit la déraison, l'embarras de la langue, le chancellement du corps, l'abrutissement de l'ame, en un mot les effets dont Lucrece trace le tableau pittoresque d'après nature, quand il dit:

Consequitur gravitas membrorum, proepediuntur Crura vacillanti; tardescit lingua, madet mens; Nant oculi; clamor, singultus, jurgia gliscunt.

Ajoûtez le sommeil qui vient terminer la scene de ce misérable état, parce que peut - être le sang se portant plus rapidement au cerveau, comprime les nerfs, & suspend la secrétion du fluide nerveux; je dis peut - être , car il est très - difficile d'assigner les causes des changemens singuliers qui naissent alors dans toute la machine. Qu'on roidisse sa raison tant qu'on voudra, la moindre dose d'une liqueur enivrante suffit pour la détruire. Lucrece lui - même a beau philosopher, quelques gouttes d'un breuvage de cette espece le rendent insensé:eh, comment cela ne seroit - il pas? L'expérience nous prouve si souvent que dans la vie l'ame la plus forte étant de sens froid, n'a que trop à faire pour se tenir sur pié contre sa propre foiblesse.

Le philosophe doit toutefois distinguer l'ivrognerie de la personne, d'une certaine ivrognerie nationale qui a sa source dans le terroir, & à laquelle il semble forcer les habitans dans les pays septentrionaux. L'ivrognerie se trouve établie par toute la terre, dans la proportion de la froideur & de l'humidité du climat. Passez de l'équateur jusqu'à notre pole, vous y vertez l'ivrognerie augmenter avec les degrés de latitude; passez du même équateur au pôle opposé, vous y trouverez l'ivrognerie aller vers le midi, comme de ce côté - ci elle avoit été vers le nord.

Il est naturel que là où le vin est contraire au climat, & par conséquent à la santé, l'excès en soit plus sévérement puni que dans les pays où l'ivrognerie a peu de mauvais effets pour la personne, où elle en a peu pour la fociété, où elle ne rend point les hommes furieux, mais seulement stupides; ainsi les lois qui ont puni un homme ivre, & pour la faute qu'il commettoit, & pour l'ivresse, n'étoient applicables qu'à l'ivrognerie de la personne, & non à l'ivrognerie de la nation. En Suisse l'ivrognerie n'est pas décriée; à Naples elle est en horreur; mais au fond laquélle de ces deux choses est la plus à craindre, ou l'intempérance du suisse, ou la réserve de l'italien?

Cependant cette remarque ne doit point nous empêcher de conclure que l'ivrognerie en général & en particulier ne soit toujours un défaut, contre lequel il faut être en garde; c'est une breche qu'on fait à la loi naturelle, qui nous ordonne de conserver notre raison; c'est un vice dont l'âge ne corrige point, & dont l'excès ôte tout - ensemble la vigueur & l'esprit, & au corps one partie de ses forces. (D. J.)

IVROIE (Page 9:83)

IVROIE, s. f. (Botan.) l'ivroie, en grec WRA\, en latin lolium, fait dans le système botanique de Linnaeus un genre de plante particulier, dont voici les caracteres distinctifs. Le calice est un tuyau contenant les fleurs rassemblées en maniere d'épis sans barbe. La fleur est formée de deux segmens, dont l'inférieur est étroit, pointu, roulé, & de la longueur du calice; le segment supérieur est plus court, droit, obtus, & creux au sommet. Les étamines sont trois fils fort déliés, & plus courts que le calice; les bossettes des étamines sont oblongues; le germe [p. 84] du pistil est d'une forme turbinée; les sliles sont au nombre de deux, chevelus & refléchis. La fleur environne étroitement la graine; elle s'ouvre dans le tems convenable, & la laisse tomber. La graine est une, oblongue, convexe d'un côté, applatie & sillonnée de l'autre.

Les Botanistes comptent quatre ou cinq especes d'ivroie; mais nous ne décrirons que la plus communo, nommée simplement lolium ou lolium album, & par Tournefort, gramen loliaceum, spica longiori.

Sa racine est fibreuse avec des filamens très - fins; sa tige est haute de deux ou trois coudées, aussi épaisse que celle du fioment, un peu plus petite, ayant quatre ou cinq noeuds qui poussent chacun une feuille, comme dans le chien - dent, & dans les autres plantes dont la tige se change en chaume. Cette feuille est plus verte & plus étroite que celle du froment, luisante, lisse, grasse, cannelée, embrassant ou enveloppant la tige par l'endroit où elle sort. Sa tige porte un épi, droit, menu, plat, long d'un demi - pié & plus, d'une figure particuliere; car il est formé par l'union de six, sept, huit grains, & quelquefois davantage, qui sortent alternativement des deux côtés du sommet de la tige en forme de de petits épis sans pédieule. Chacun de ces petits épis est enveloppé d'une petite feuille. Ses graines sont plus menues que celles du blé, peu farineuses, de couleur rougeâtre & enfermées dans des cosses noirâtres, terminées par une barbe pointue qui manque quelquefois.

Cette plante ne croît que trop fréquemment dans les terres labourées parmi l'orge & le blé. C'est pourquoi la plûpart des anciens & un grand nombre de modernes, ont cru que l'ivroie étoit une dégénération du blé; l'on a même tâché dans ce siecle d'appuyer cette opinion, par des exemples de mêlanges monstrueux de blé & d'ivroie trouvés ensemble sur une même plante.

On a vu, dit - on, une plante de froment d'un seul tuyau, de l'un des noeuds duquel sortoit un second tuyau, qui portoit à son extrémité un épi d'ivroie; le tuyau commun se prolongeoit & se terminoit par un épi de froment; ce tuyau commun ouvert dans sa longueur, n'avoit qu'une seule cavité: voilà un fait bien fort en faveur de ceux qui admettent la dégénération du blé en ivroie. Mais plus on resléchit sur la loi des générations, plus on étudie les caracteres qui différentient les especes, & moins on est disposé à croire qu'une plante puisse devenir une autre plante. Or les Botanistes nous indiquent bien des caracteres qui distinguent le blé de l'ivroie; la couleur des feuilles & celle de la tige, leur tissu, l'arrangement respectif des grains, leur structure, la qualité de la farine qui y est renfermée, forment autant de differences. Les proportions relatives des parties fournissent encore des caracteres différens, très - marqués dans ces deux plantes. Par exemple, l'ivroie pousse ses secondes racines beaucoup plûtôt que le blé; & le noeud d'où ces racines sortent, se distingue aussi plûtôt dans celles - là que dans celui - ci; il est donc sûr que le blé ne dégénere point en ivroie.

On a tenté de rendre raison du phénomène de cette plante, mi - partie blé & ivroie; en supposant que deux plantes, l'une de blé & l'autre d'ivroie, ayent crû fort près l'une de l'autre, & se sont greffées en approche. Seroit ce donc ici une espece de greffe, une greffe par approche? Seroit - ce un effet de la confusion des poussieres des étamines? Toutes ces explications sont arbitraires; ce qui est certain, c'est qu'on ne peut expliquer le fait rapporté ci - dessus, par la prétendue dégénération du blé en ivroie; elle est contraire & aux vrais principes de la Physique, & à toutes les expériences. (D. J.)

Ivroie (Page 9:84)

Ivroie, (Matiere médécin.) les anciens em<cb-> ployolent l'ivroie en cataplasme, avec du soufre & du vinaigre contre la lepre; avec du sel & des raves, pour consumer les bords des ulceres putrides; avec de la fiente de pigeon & de la graine de lin, pour meurir les tumeurs; mais en même tems ils ont été fort éclairés sur sa nature pernicieuse pour l'intérieur. Tous les Naturaiistes, Aristote, Théophraste, Pline, Dioscoride, la plûpart des historiens, des poëtes, nous parlent des maladies qu'elle a causés en différentes occasions; ils ont même cru qu'elle rendoit aveugle; car c'étoit chez eux un proverbe lolio victitare, pour dire devenir aveugle: Virgile appelle l'ivroie sinistre, infelix lolium. Les Modernes savent par expérience qu'elle cause des éblouissemens, des vertiges, des maux de tête & des assoupissemens; que mêlée dans la dreche elle enivre, & qu'elle produit le même effet quand elle se trouve en trop grande quantité dans le pain; de - là vient vraissemblablement son nom d'ivraye ou d'ivroie. (D. J.)

JURTES ou JURTI (Page 9:84)

JURTES ou JURTI, (Hist. mod.) c'est ainsi que les Russes nomment les habitations des nations tartares qui sont en Sibérie. Chaque famille occupe une cabane formée par des échalats fichés en terre, & recouverts d'écorce de bouleau ou de peaux d'animaux, pour se garantir des injures de l'air. On laisse au milieu du toit qui a la forme d'un cône, une ou verture pour la sortie de la fumée. Quand un tartare ne trouve plus que l'endroit où il avoit placé sa jurte lui convienne, il l'abandonne, & va avec sa famille construire une autre jurte dans un lieu plus commode. Voyez Gmelin, voyage de Sibérie.

JURUCUA (Page 9:84)

JURUCUA, (Zoolog. exot.) espece de tortue singuliere du Brésit, grande ordinairement de quatre piés, & large detrois; ses piés sont saits en forme d'aîles, & ceux de devant sont beaucoup plus longs que ceux de derriere. Sa queue est courte & de figure conique; ses yeux sont gros & noirs; sa bouche ressemble au bec d'un oiseau, & n'a point de dents. Ses côtes sont attachées à l'écaille; on en compte huit de chaque côté, & celles du milieu sont les plus longues. Cette espece de tortue jette ses oeufs sur le rivage, les couvre de sable, & les laisle éclore à la chaleur du soleil. Ils sont sillonnés comme par des lignes géométriques, diversement dirigées sur l'écaille qui est d'un noir luisant, marbrée de rachetures jaunes, avec une variété considérable dans les différentes especes. (D. J.)

JURUNCAPEBA (Page 9:84)

JURUNCAPEBA, (Ichtyol. exot.) nom d'un beau pétit poisson d'excellent goût, qu'on prend sur les côtes du Brésil entre les rochers, & qui est de la classe des tourds; on l'appelle autrement ptaiara. Voyez en la description dans Margrave ou dans Ray. (D. J.)

JURURA (Page 9:84)

JURURA, (Zoolog. exot.) genre de tortue de forme elliptique, & de la plus petite espece du Brésil; sa coquille de dessous longue de huit à neuf pouces, large de moitié, est jaunâtre & applatie; la supérieure est brune. L'animal peut à sa volonté cacher tout son corps dans sa coque; sa tête est grosse & allongée, son nez élevé & pointu, sa bouche grande, & ses yeux noirs, ses piés sont armés de quatre ongles forts; sa queue est courte, sa peau épaisse & écailleuse; ses oeufs sont blancs, ronds & d'excellent goût. Ray, Syn. anim. p. 258. (D. J.)

IVRY (Page 9:84)

IVRY, (Géog.) bourg de France en Normandie, entre Anet & Pacy, avec une abbaye de bénédictins fondée en 1077; c'est dans la plaine de ce lieu, près des bords de l'Iton & des rives de l'Eure, que se donna la bataille d'Ivry gagnée par Henri IV. contre les Ligueurs, le 14 Mais 1590; & c'est dans cette journée mémorable que ce prince dit à ses troupes: « ralliez - vous à mon panache blanc, vous le verrez toujours au chemin de l'hon<pb->

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