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Entre les huit especes de jusquiame que comptent Tournefort & Boerhaave, nous ne nous arrêterons qu'à deux, la noire & la blanche.
La jusquiame noire ou hannebane noire, hyoscyamus niger, vulgaris, des Botan stes, a sa racine épaisse, ridée, longue, branchue, brune en - dehors, blanche en dedans. Ses feuilles sont amples, molles, cotonneuses, d'un verd - gai, découpées profondément à leurs bords, semblables en quelques manieres à celles de l'acanthe; mais plus petites, & d'une odeur forte. Elles sont nombreüses, placées sans ordre sur des tiges hautes d'une coudée, branchues, épaisses, cylindriques, couvertes d'un duvet cotonneux. Ses fleurs rangées sur les tiges en longs épis, sont d'une feule piece, de la figure d'un entonnoir, divisées en cinq segmens, obtus, jaunâtres à leur bord, marquées d'un pourpre noirâtre au milieu, garnies de cinq étamines courtes, qui portent chacune un sommet assez gros, & oblong; le pistil plus long que les étamines, est surmonté d'une tête ronde & blanche. Il sort d'un calice velu, oblong, partagé sur les bords en cinq dentelures, roides, & pointues. Ce pistil se change en un fruit caché dans le calice, de la figure d'une marmite, à deux loges,
La jusquiame blanche, hyoscyamus albus off. differe de la précédente par ses feuilles, qui sont plus molles, plus petites, moins sinuées, garnies d'un duvet plus épais & plus blanc: ses tiges sont plus courtes & moins branchues; ses fleurs sont blanches; le calice est plus ouvert, & la graine plus blanche. Cette espece de jusquiame croît naturellement dans l> pays chauds, comme en Languedoc, en Provence, & en Italie.
Ces deux sortes de jusquiame, & sor - tout la noire, donnent une odeur forte, rebutante, appesantissante, & somnifere. Leurs feuilles ont un goût fade, & quand on les froisse dans les mains, elles répandent une odeur puante. Leur suc rougit le papier bleu; leurs racines sont douceâtres, & de la saveur des artichaux.
L'une & l'autre jusquiame paroissent contehir un sel essentiel, ammoniacal, uni à beaucoup d'huile épaisse & fétide, qui les rend stupéfiantes; car le sel neutre lixiviel qu'on tire de leurs cendres, n'a point de rapport à cet effet.
Leurs graines ont une saveur un peu visqueuse, & une odeur narcotique, desagréable. Elles contiennent une huile soit subtile, soit grossiere, puante, narcotique, susceptible de beaucoup de raréfaction, & jointe avec un sel ammoniacal.
Les qualités vénéneuses, stupéfiantes, & turbulentes
de la jusquiame, si connues des modernes,
avoient été jadis observées par Galien, par Scribonius Largus, & par Dioscoride; mais les observations
des Medecins de notre siecle, sont encore plus
détaillées & plus décisives pour nous. On en trouvera
des exemples intéressans dans l'excellent traité
de Wepfer, de cicutâ aquaticâ, dans les Ephémérides des curieux de la nature, anno 4 & 5. Decur. 1.
observ. 124. Decur. 3. ann. 7. & 8. pag. 106; &
anno 9. & 10. p. 78. in Appendie. Enfin, dans l'hist.
de l'acad. des Sciences, année 1709, page 50, annéée
1737, page 72, & ailleurs. Voyez aussi
Toutes les parties de cette plante sont dangereuses, soit qu'on les prenne en substance, soit qu'on en avale la décoction, ou qu'on la reçoive en lavement, soit qu'on en respire la fumée, ou même l'odeur. Le poison de la jusquiame porte particulierement à la tête, altere les fonctions de l'ame d'une façon fort singuliere; il jette dans une espece d'ivresse ou de manie furieuse.
Wepfer rapporte dans son traité de cicutâ aquaticâ, une observation fort remarquable sur les effets
de racines de jusquiame, qu'on servit par mégarde
en salade à une communauté nombreuse de bénédictins.
Ces religieux furent pour la pluspart attaqués
pendant la nuit qui suivit ce repas, de divers
genres de délire, de vertigé, & de manie. Ceux qui
furent le moins malheureux, en furent quittes pour
des fantaifies & des actions ridicules. On trouve
dans divers observateurs un grand nombre de faits
qui concourent à établir la qualité vénéneuse ab>
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