ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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du pistil est d'une forme turbinée; les sliles sont au
nombre de deux, chevelus & refléchis. La fleur
environne étroitement la graine; elle s'ouvre dans
le tems convenable, & la laisse tomber. La graine
est une, oblongue, convexe d'un côté, applatie &
sillonnée de l'autre.
Les Botanistes comptent quatre ou cinq especes
d'ivroie; mais nous ne décrirons que la plus communo,
nommée simplement lolium ou lolium album, &
par Tournefort, gramen loliaceum, spica longiori.
Sa racine est fibreuse avec des filamens très - fins;
sa tige est haute de deux ou trois coudées, aussi
épaisse que celle du fioment, un peu plus petite,
ayant quatre ou cinq noeuds qui poussent chacun
une feuille, comme dans le chien - dent, & dans les
autres plantes dont la tige se change en chaume.
Cette feuille est plus verte & plus étroite que celle
du froment, luisante, lisse, grasse, cannelée, embrassant
ou enveloppant la tige par l'endroit où elle
sort. Sa tige porte un épi, droit, menu, plat, long
d'un demi - pié & plus, d'une figure particuliere; car
il est formé par l'union de six, sept, huit grains, &
quelquefois davantage, qui sortent alternativement
des deux côtés du sommet de la tige en forme de
de petits épis sans pédieule. Chacun de ces petits
épis est enveloppé d'une petite feuille. Ses graines
sont plus menues que celles du blé, peu farineuses,
de couleur rougeâtre & enfermées dans des cosses
noirâtres, terminées par une barbe pointue qui manque
quelquefois.
Cette plante ne croît que trop fréquemment dans
les terres labourées parmi l'orge & le blé. C'est
pourquoi la plûpart des anciens & un grand nombre
de modernes, ont cru que l'ivroie étoit une dégénération
du blé; l'on a même tâché dans ce siecle d'appuyer
cette opinion, par des exemples de mêlanges
monstrueux de blé & d'ivroie trouvés ensemble sur
une même plante.
On a vu, dit - on, une plante de froment d'un seul
tuyau, de l'un des noeuds duquel sortoit un second
tuyau, qui portoit à son extrémité un épi d'ivroie;
le tuyau commun se prolongeoit & se terminoit par
un épi de froment; ce tuyau commun ouvert dans
sa longueur, n'avoit qu'une seule cavité: voilà un
fait bien fort en faveur de ceux qui admettent la dégénération
du blé en ivroie. Mais plus on resléchit sur
la loi des générations, plus on étudie les caracteres
qui différentient les especes, & moins on est disposé
à croire qu'une plante puisse devenir une autre
plante. Or les Botanistes nous indiquent bien des caracteres
qui distinguent le blé de l'ivroie; la couleur
des feuilles & celle de la tige, leur tissu, l'arrangement
respectif des grains, leur structure, la qualité
de la farine qui y est renfermée, forment autant de
differences. Les proportions relatives des parties
fournissent encore des caracteres différens, très - marqués dans ces deux plantes. Par exemple, l'ivroie
pousse ses secondes racines beaucoup plûtôt que le
blé; & le noeud d'où ces racines sortent, se distingue
aussi plûtôt dans celles - là que dans celui - ci; il
est donc sûr que le blé ne dégénere point en ivroie.
On a tenté de rendre raison du phénomène de cette
plante, mi - partie blé & ivroie; en supposant que
deux plantes, l'une de blé & l'autre d'ivroie, ayent
crû fort près l'une de l'autre, & se sont greffées en approche.
Seroit ce donc ici une espece de greffe, une
greffe par approche? Seroit - ce un effet de la confusion
des poussieres des étamines? Toutes ces explications
sont arbitraires; ce qui est certain, c'est qu'on
ne peut expliquer le fait rapporté ci - dessus, par la
prétendue dégénération du blé en ivroie; elle est contraire
& aux vrais principes de la Physique, & à
toutes les expériences. (D. J.)
Ivroie
Ivroie, (Matiere médécin.) les anciens em<cb->
ployolent l'ivroie en cataplasme, avec du soufre &
du vinaigre contre la lepre; avec du sel & des raves,
pour consumer les bords des ulceres putrides;
avec de la fiente de pigeon & de la graine de lin,
pour meurir les tumeurs; mais en même tems ils ont
été fort éclairés sur sa nature pernicieuse pour l'intérieur.
Tous les Naturaiistes, Aristote, Théophraste,
Pline, Dioscoride, la plûpart des historiens, des
poëtes, nous parlent des maladies qu'elle a causés en
différentes occasions; ils ont même cru qu'elle rendoit
aveugle; car c'étoit chez eux un proverbe lolio victitare, pour dire devenir aveugle: Virgile appelle
l'ivroie sinistre, infelix lolium. Les Modernes
savent par expérience qu'elle cause des éblouissemens, des vertiges, des maux de tête & des assoupissemens;
que mêlée dans la dreche elle enivre,
& qu'elle produit le même effet quand elle se trouve
en trop grande quantité dans le pain; de - là vient
vraissemblablement son nom d'ivraye ou d'ivroie.
(D. J.)
JURTES ou JURTI
JURTES ou JURTI, (Hist. mod.) c'est ainsi que
les Russes nomment les habitations des nations
tartares qui sont en Sibérie. Chaque famille occupe
une cabane formée par des échalats fichés en
terre, & recouverts d'écorce de bouleau ou de peaux
d'animaux, pour se garantir des injures de l'air. On
laisse au milieu du toit qui a la forme d'un cône,
une ou verture pour la sortie de la fumée. Quand un
tartare ne trouve plus que l'endroit où il avoit placé
sa jurte lui convienne, il l'abandonne, & va avec
sa famille construire une autre jurte dans un lieu
plus commode. Voyez Gmelin, voyage de Sibérie.
JURUCUA
JURUCUA, (Zoolog. exot.) espece de tortue
singuliere du Brésit, grande ordinairement de quatre
piés, & large detrois; ses piés sont saits en forme
d'aîles, & ceux de devant sont beaucoup plus longs
que ceux de derriere. Sa queue est courte & de figure
conique; ses yeux sont gros & noirs; sa bouche
ressemble au bec d'un oiseau, & n'a point de
dents. Ses côtes sont attachées à l'écaille; on en
compte huit de chaque côté, & celles du milieu sont
les plus longues. Cette espece de tortue jette ses
oeufs sur le rivage, les couvre de sable, & les laisle
éclore à la chaleur du soleil. Ils sont sillonnés comme
par des lignes géométriques, diversement dirigées
sur l'écaille qui est d'un noir luisant, marbrée de rachetures
jaunes, avec une variété considérable dans
les différentes especes. (D. J.)
JURUNCAPEBA
JURUNCAPEBA, (Ichtyol. exot.) nom d'un
beau pétit poisson d'excellent goût, qu'on prend sur
les côtes du Brésil entre les rochers, & qui est de
la classe des tourds; on l'appelle autrement ptaiara.
Voyez en la description dans Margrave ou dans Ray.
(D. J.)
JURURA
JURURA, (Zoolog. exot.) genre de tortue de
forme elliptique, & de la plus petite espece du Brésil; sa coquille de dessous longue de huit à neuf pouces,
large de moitié, est jaunâtre & applatie; la supérieure
est brune. L'animal peut à sa volonté cacher
tout son corps dans sa coque; sa tête est grosse
& allongée, son nez élevé & pointu, sa bouche
grande, & ses yeux noirs, ses piés sont armés de
quatre ongles forts; sa queue est courte, sa peau
épaisse & écailleuse; ses oeufs sont blancs, ronds
& d'excellent goût. Ray, Syn. anim. p. 258. (D. J.)
IVRY
IVRY, (Géog.) bourg de France en Normandie,
entre Anet & Pacy, avec une abbaye de bénédictins
fondée en 1077; c'est dans la plaine de ce
lieu, près des bords de l'Iton & des rives de l'Eure, que se donna la bataille d'Ivry gagnée par
Henri IV. contre les Ligueurs, le 14 Mais 1590;
& c'est dans cette journée mémorable que ce prince
dit à ses troupes:
« ralliez - vous à mon panache
blanc, vous le verrez toujours au chemin de l'hon<pb->
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