ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"575"> fermé Dieu dans le ciel, & ne veulent point qu'il soit présent ailleurs, autrement que par sa puissance.

Descartes & ses sectateurs ont nié, suivant leurs principes, que Dieu fût présent quelque part par sa substance; ainsi, selon eux, Dieu n'est immense que par sa connoissance & par sa puissance. Il faut mettre ici une grande différence entre le sentiment de ces derniers & celui des Sociniens; car du sentiment des Sociniens, il s'ensuit que Dieu est renfermé dans un lieu; que par conséquent il est sujet au changement, ce qui est une grande imperfection; au lieu que dans le sentiment de Descartes, c'est au contraire une grande perfection à Dieu de ne pouvoir correspondre à un lieu, parce qu'autrement il seroit étendu & corporel, ce qui est absurde.

Ce qui a trompé les Manichéens & les Sociniens, c'est qu'ils n'ont pas pris garde qu'on ne peut pas accorder que Dieu soit présent quelque part par sa substance, qu'on ne soit en même tems forcé d'accorder qu'il est par - tout: car si Dieu étoit seulement quelque part, ou il y seroit librement & par sa volonté, ou nécessairement & par sa nature. On ne peut point dire qu'il y soit librement, parce qu'il pourroit passer de ce lieu dans un autre, ce qui détruit entiérement l'infinité, la simplicité & l'immutabilité de Dieu. On ne peut pas dire non plus que Dieu soit borné quelque part par sa nature, parce qu'il faudroit dire en même tems que par sa nature il a une maniere d'exister finie, ce qui est ridicule; & d'ailleurs on n'apperçoit ni dans la nature de Dieu, ni dans celle du lieu, rien par où Dieu doive être plûtôt là qu'ici.

Les Scotistes admettent, 1°. deux sortes d'étendue. L'une qui est substance, l'autre qui est modification. La premiere a des parties substancielles, posées les unes hors des autres; par conséquent elle est divisible, mobile & corporelle: la seconde est propre aux esprits. Elle a aussi des parties hors les unes des autres, mais distinguées seulement d'une maniere formelle, par conséquent cette étendue est indivisible. 2°. Ils soutiennent que Dieu a une étendue éternelle, nécessaire, infinie, par conséquent immobile; de - là ils concluent que l'immensité de Dieu n'est point dans un lieu, mais qu'elle est plûtôt le lieu universel, & que Dieu est tout entier sous chaque partie de l'immensité.

Les Thomistes rejettent cette étendue formelle pour en substituer une virtuelle; mais ils admettent avec les Scotistes, que Dieu est infiniment répandu hors de lui - même, & qu'il existe tout entier sous chaque partie de l'étendue créée. Je n'entrerai point dans le détail des raisons dont les deux partis appuient leur opinion; tout le monde tombe d'accord qu'il y a plus de subtilité que de vraie Logique. Voy. Dieu. & l'Espace.

IMMERSION (Page 8:575)

IMMERSION, s. f. (Gramm.) action par laquelle on plonge quelque chose dans l'eau, ou dans tel autre fluide. Voyez Fluide.

Dans les premiers siecles du Christianisme, on baptisoit par immersion, par trois immersions. On prétend que cette coûtume subsiste encore en Portugal & chez les Anabatistes. Voyez Baptême. Elle a cessé dans le treizieme siecle dans l'église latine, & on lui a substitué le baptême par infusion, comme il se pratique aujourd'hui: mais le baptême par immersion est encore en usage dans l'église greque. (G)

Immersion (Page 8:575)

Immersion, en termes d'Astronomie, se dit quelquefois lorsqu'une étoile ou une planete est si proche du soleil, qu'on ne peut la voir, parce qu'elle est comme enveloppée dans ses rayons. Voyez Occultation Héliaque.

Immersion, se dit plus ordinairement pour signifier le commencement d'une éclipse de lune, c'est - à - dire, le moment où la lune commence à être obscurcie, & à entrer dans l'ombre de la terre.

On dit la même chose, mais moins proprement, de l'éclipse du soleil, lorsque le disque de la lune commence à le couvrir, & à le dérober à nos yeux. Voyez Eclipse.

Emersion est le terme opposé à immersion, & c'est le moment dans lequel la lune commence à sortir de l'ombre de la terre, celui où le soleil commence à montrer les parties de son disque que la lune nous cachoit.

Comme la lune n'est jamais entierement obscurcie dans ses éclipses, mais qu'elle conserve une couleur rougeâtre, le moment précis de son immersion, ou de son entrée dans l'ombre, n'est pas aisé à déterminer par observation; il en est de même du moment précis de l'émersion. Au contraire dans les éclipses de soleil, le moment de l'immersion, ou le commencement de l'éclipse est instantané & très - remarquable, parce que la partie éclipsée du disque du soleil n'est pas simplement obscurcie, mais entierement cachée. Le moment de l'immersion, dans les éclipses de lune, arrive en même tems pour tous les peuples de la terre, il en est de même du moment de l'émersion; cependant comme ces momens sont difficiles à déterminer, il est très - rare que deux observateurs placés dans le même endroit, les déterminent précisément à la même heure.

Immersion, se dit aussi en parlant des satellites de jupiter, & sur - tout du premier satellite, dont l'observation est d'une si grande utilité pour la découverte des longitudes. Voyez Satellites.

On appelle immersion du premier satellite, le moment auquel cette petite planete nous paroît entrer dans le disque de jupiter; & émersion, le moment auquel elle paroît en sortir.

On observe les immersions depuis la conjonction de jupiter avec le soleil jusqu'à son opposition, & les émersions, depuis son opposition jusqu'à sa conjonction. La commodité de ces observations consiste en ce qu'on les peut faire de deux jours l'un au moins, pendant onze mois de l'année.

L'immersion des satellites de jupiter dans l'ombre de cette planete, est beaucoup plus aisée à déterminer avec précision que l'immersion de la lune, parce que ces satellites étant fort petits, s'obscurcissent & disparoissent presque dans un instant. C'est ce qui fait que les éclipses des satellites de jupiter donnent la longitude avec plus de justesse que les éclipses de lune. Voyez Longitude. Chambers. (O)

IMMEUBLES (Page 8:575)

IMMEUBLES, s. m. pl. (Jurispr.) sont des biens fixes qui ont une assiete certaine, & qui ne peuvent être transportés d'un lieu à un autre, comme sont les terres, prés, bois, vignes, & les maisons.

Il y a néanmoins certains biens, qui, sans avoir de corps matériel ni de situation fixe, sont réputés immeubles par fiction, tels que sont les droits réels, comme cens, rentes foncieres, champart, servitude, & tels sont encore les offices; tels sont aussi, dans certaines coutumes, les rentes constituées, lesquelles, dans d'autres, sont réputées meubles.

Les immeubles se reglent par la loi de leur situation; ils sont susceptibles d'hypotheque.

En cas de vente, le vendeur peut être restitué lorsqu'il y a lésion d'outre - moitié du juste prix.

Si le possesseur d'un immeuble est troublé, il peut intenter complainte.

Quand on discute les biens d'un mineur, il faut priser les meubles avant de venir aux immeubles.

Le retrait lignager a lieu pour tous les immeubles réels, tels que les héritages, & même pour certains immeubles fiefs, tels que les cens & rentes foncieres non - rachetables; mais les offices, les rentes consti<pb-> [p. 576] tuées à prix d'argent, & les rentes foncieres rachetables, ne sont pas sujettes à retrait.

Le retrait féodal n'a lieu que pour les immeubles réels, & droits incorporels tenus en fief. Voyez Meubles. (A)

Immeubles ameublis (Page 8:576)

Immeubles ameublis, sont ceux que l'on répute meubles par fiction, ce qui ne se pratique que pour faire entrer en communauté des immeubles qui, sans cette fiction, n'y entreroient pas. Voyez Ameublissement, & Communauté de biens. Immeubles fictifs ou par fiction, sont ceux, qui n'étant pas de vrais corps immeubles, sont néanmoins considérés de vrais immeubles.

Tels sont les meubles attachés à fer & à clou, ou scellés en plâtre, & mis dans une maison pour perpétuelle demeure.

Les deniers stipulés propres, sont aussi réputés immeubles, à l'égard de la communauté de biens; du reste ils conservent leur nature de meubles.

Les matériaux provenans d'un édifice démoli appartenant à un mineur, ou bien les deniers provenans de la vente de son héritage, ou du remboursement d'une rente à lui appartenante, sont réputés immeubles dans sa succession, comme l'auroit été le fond ou la rente.

Les offices & les rentes constituées dans les rentes, où elles sont réputées immeubles, sont encore des immeubles fictifs. Voyez fiction & Propres fictifs. (A)

IMMINENT (Page 8:576)

IMMINENT, adj. (Gramm.) qui menace d'une chûte prochaine. Imminent & éminent qu'on confond assez souvent, different, en ce que l'un appliqué par exemple au péril, marque qu'il est proche, & l'autre qu'il est grand.

IMMIXTION (Page 8:576)

IMMIXTION, s. f. (Jurisprud.) est le maniement des effets d'une succession que l'on fait en qualité d'héritier.

Chez les Romains l'immixtion ne se disoit que par rapport aux héritiers siens; lorsque les héritiers étrangers faisoient acte d'héritier, cela s'appelloit adition d'hérédité.

Parmi nous l'adition d'hérédité semble s'entendre de tout acte exprès, par lequel on prend qualité d'hériter; & immixtion est tout acte par lequel un héritier présomptif agit, comme s'il avoit pris qualité; de sorte que l'immixtion opere le même effet que l'adition d'hérédité. Voyez Hérédité, & Succession. (A)

IMMOBILE (Page 8:576)

IMMOBILE, adj. (Gramm.) qui ne se meut point; il se dit au simple & au figuré. La frayeur le saisit, il reste immobile. L'immobilité de l'apathie stoïcienne n'étoit qu'apparente. Le philosophe souffroit comme un autre homme, mais il gardoit, malgré la douleur, le maintien ferme & tranquille d'un homme qui ne souffre pas. Le stoïcisme pratique caractérisoit donc des ames d'une trempe bien extraordinaire! Qu'est - ce qui pourroit émouvoir un homme, dont les plus violentes tortures n'ébranlent pas l'immobilité? Que seroit - ce qu'une société d'hommes aussi maîtres d'eux - mêmes? Nous ressemblons à ce duvet que l'haleine de l'air détache des plantes, & fait voltiger dans l'espace à son gré, sans qu'on puisse deviner ce qu'il va devenir, quelle route il suivra, où il pourra se fixer; si un rien l'arrête, un rien le sépare & l'emporte. Un stoïcien est un rocher qui demeure immobile à l'endroit où la nature l'a placé; ni le trouble de l'air, ni le mouvement des eaux, ni la secousse de la terre, ne l'ébranleront point.

IMMOBILIAIRE (Page 8:576)

IMMOBILIAIRE, (Jurisprud.) se dit de ce qui est de la nature des immeubles, soit réels ou fictifs.

Il y a des choses immobiliaires tels que sont les immeubles réels ou fictifs, des dettes immobiliaires, telles que sont les rentes constituées des actions immobiliaires, savoir celles qui tendent à avoir quelque chose d'immobilier. Voyez Mobiliaire, Action, Dettes . (A)

IMMODÉRÉ (Page 8:576)

IMMODÉRÉ, adj. (Gramm.) Voyez Modération.

IMMODESTE (Page 8:576)

IMMODESTE, adj. (Gramm.) Voyez Modestie.

IMMOLATION, IMMOLER (Page 8:576)

IMMOLATION, IMMOLER, (Littérat.) ces termes ne désignoient point chez les Latins le sacrifice sanglant, mais la consécration faite aux dieux d'une victime, en mettant sur sa tête une espece de pâte salée. Immolare, n'étoit autre chose que molâ, ou farre molito & sale hostiam perpessam diis sacrare, comme Festus nous l'apprend. Mola signifie une espece de gâteau d'orge, que l'on assaisonnoit de sel; on l'émioit sur le front de la victime, & c'étoit la marque de sa consécration, ou de son dévouement aux autels: voilà la cérémonie qui s'appelloit proprement immolation; d'où l'on a fait le verbe immoler. Les mots immoler, immolation ont changé d'acception, & ils désignent le sacrifice sanglant d'une victime.

On appelloit autrefois immolation, la partie de la messe que nous appellons la préface.

Immoler se prend aussi au figuré. La pratique de la vertu est un sacrifice continuel, où nos passions, nos goûts, nos penchans, nos intérêts sont immolés.

On immole quelquefois un homme par la raillerie, d'une maniere bien cruelle. Ceux au mépris desquels on expose un de leurs semblables, sont des méchans, s'ils ne sont pas révoltés, & s'ils acceptent froidement le sacrifice qu'on leur offre. Que seroit - ce s'ils en jouissoient avec une joie secrette?

IMMONDE (Page 8:576)

IMMONDE, adj. (Gramm.) expression inventée par le préjugé, qui attache des idées de pureté ou d'impureté à des êtres, qui tous également sortis des mains de la nature, cherchent leur bien - être, & suivent la grande loi de l'intérêt, sans qu'on puisse raisonnablement les en blâmer. Le pourceau est pour le juif un animal immonde, le juif est presque pour le chrétien un animal immonde. Moïse avoit distingué les animaux en animaux purs, & en animaux immondes. Les hommes religieux appellent le diable, l'esprit immonde.

IMMORTALITÉ, IMMORTEL (Page 8:576)

IMMORTALITÉ, IMMORTEL, (Gramm. & Métaphys.) qui ne mourra point, qui n'est point sujet à la dissolution & à la mort. Dieu est immortel; l'ame de l'homme est immortelle, non parce qu'elle est spirituelle, mais parce que Dieu qui est juste, & qui a voulu que les bons & les méchans éprouvassent dans l'autre monde un sort digne de leurs oeuvres dans celui - ci, a décidé & a dû décider qu'elle resteroit après la séparation d'avec le corps. Dieu a tiré l'ame du néant; si elle n'y retombe pas, c'est qu'il lui plaît de la conserver. Matérielle ou spirituelle, elle subsisteroit également, s'il lui plaisoit de la conserver. Le sentiment de la spiritualité & de l'immortalité, sont indépendans l'un de l'autre; l'ame pourroit être spirituelle & mortelle, matérielle & immortelle. Socrate qui n'avoit aucune idée de la spiritualité de l'ame, croyoit à son immortalité. C'est par Dieu & non pas par elle - même que l'ame est; c'est par Dieu, & ce ne peut être que par Dieu, qu'elle continuera d'être. Les Philosophes démontrent que l'ame est spirituelle, & la foi nous apprend qu'elle est immortelle, & elle nous en apprend aussi la raison.

L'immortalité se prend encore pour cette espece de vie, que nous acquérons dans la mémoire des hommes; ce sentiment qui nous porte quelquefois aux plus grandes actions, est la marque la plus forte du prix que nous attachons à l'estime de nos semblables. Nous entendons en nous - mêmes l'éloge qu'ils feront un jour de nous, & nous nous immolons. Nous sacrifions notre vie, nous cessons d'exister réellement, pour vivre en leur souvenir. Si l'immortalité considérée sous cet as<pb->

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