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C'est encore le même langage chez l'auteur du
Manuel des Grammairiens.
Tous ces auteurs confondent deux choses que j'ai
lieu de croire très - différentes & très - distinctes l'une
de l'autre, l'inversion & l'hyperbate. Voyez
Il y a en effet, dans l'une comme dans l'autre, un véritable renversement d'ordre; & à partir de ce point de vûe général, on a pu aisément s'y méprendre: mais il falloit prendre garde si les deux cas avoient rapport au même ordre, ou s'ils présentoient la même espece de renversement. Quintilien (Inst. Lib. VIII. Cap. vj. de tropis,) nous fournit un motif légitime d'en douter: il cite, comme un exemple d'hyperbate, cette phrase de Cicéron (pro Cluent. n. 1.) Animadverti, judices, omnem accusatoris orationem in duas divisam esse partes; & il indique aussitôt le tour qui auroit été sans figure & conforme à l'ordre requis; nam in duas partes divisam esse rectum erat, sed durum & incomptum.
Personne apparemment ne disputera à Quintilien d'avoir été plus à portée qu'aucun des modernes,
de distinguer les locutions figurées d'avec
les simples dans sa langue naturelle; & quand le
jugement qu'il en porte, n'auroit eu pour fondement
que le sentiment exquis que donne l'habitude
à un esprit éclairé & juste, sans aucune réflexion
immédiate sur la nature même de la figure,
son autorité seroit ici une raison, & peut - être la
meilleure espece de raison sur l'usage d'une langue,
que nous ne devons plus connoître que par
le témoignage de ceux qui la parloient. Or, le
tour que Quintilien appelle ici rectum, par opposition
à celui qu'il avoit nommé auparavant
Il s'agit donc de déterminer ici la vraie nature de l'hyperbate, & d'assigner les caracteres qui le différencient de l'inversion; & pour y parvenir, je crois qu'il n'y a pas de moyen plus assuré que de parcourir les différentes especes d'hyperbate, qui sont reconnues pour de véritables figures de Grammaire.
1°. La premiere espece est appellée anastrophe,
c'est - à - dire proprement inversion, du grec '
L'anastrophe est donc une véritable inversion; mais qui avoit droit en latin d'être réputée figure, parce qu'elle étoit contraire à l'usage commun de cette langue, où l'on avoit coutume de mettre la préposition avant son complément, conformément à ce qui est indiqué par le nom même de cette partie d'oraison.
Ainsi la différence de l'inversion & de l'anastrophe est, en ce que l'inversion est un renversement de l'ordre naturel ou analytique, autorisè par l'usage commun de la langue latine, & que l'anastrophe est un renversement du même ordre, contraire à l'usage commun & autorisé seulement dans certains cas particuliers.
2°. La seconde espece d'hyperbate est nommée tmesis ou tmèse, du grec
Les droits de l'inversion n'alloient pas jusqu'à autoriser cette insertion d'un mot entre les racines élémentaires d'un mot composé. Ce n'est pas même ici proprement un renversement d'ordre; & si c'est en cela que doit consister la nature générale de l'hyperbate, les Grammairiens n'ont pas dû regarder la tmèse comme en étant une espece. La tmèse n'est qu'une figure de diction, puisqu'elle ne tombe que sur le matériel d'un mot qui est coupé en deux; & le nom même de tmèse ou coupure, avertissoit assez qu'il étoit question du matériel d'un seul mot, pour empêcher qu'on ne rapportât cette figure à la construction de la phrase.
3°. La troisieme espece d'hyperbate prend le nom
de parenthèse, du mot grec
Les bons écrivains évitent autant qu'ils peuvent l'usage de cette figure, parce qu'elle peut répandre quelque obscurité sur le sens qu'elle interrompt; & Quintilien n'approuvoit pas l'usage fréquent que les Orateurs & les Historiens en faisoient de son tems avant lui, à moins que le sens détaché mis en parenthèse ne fût très - court. Etiam interjectione, quâ & Oratores & Historici frequenter utuntur, ut medio sermone aliquem inserant sensum, impediri solet intellectus, nisi quod interponitur breve est. (liv. VIII. cap. ij.)
La quatrieme espece d'hyperbate s'appelle synchise, mot purement grec
Aret ager: vitio moriens sitit aëris herba; car les deux mots vitio, par exemple, & aëris qui sont corrélatifs, sont séparés par deux autres mots qui n'ont aucun trait à cette corrélation, moriens sitit; le mot aëris à son tour n'en a pas davantage à la corrélation des mots sitit & herba entre lesquels il est placé: l'ordre étoit, herba moriens (proe) vitio aëris sitit.
5°. Enfin, il y a une cinquieme espece d'hyperbate que l'on nomme anacoluthe, & qui se fait, selon
la Méthode latine de Port - royal, lorsque les
choses n'ont presque nulle suite & nulle construction.
Il faut avouer que cette définition n'est rien moins
que lumineuse; & d'ailleurs elle semble insinuer
qu'il n'est pas possible de ramener l'anacoluthe à la
construction analytique. M. du Marsais a plus approfondi
& mieux défini la nature de ce prétendu
hyperbate:
Portis alii bipatentibus adsunt, Millia quot magnis nunquam venêre Mycenis; où il faut suppléer tot avant quot.
Il y a pareille ellipse dans l'exemple de Térence cité par Port - royal. Nam omnes nos quibus est alicundè aliquis objectus labor, omne quod est intere à tempus, priusquam id rescitum est, lucro est. Si l'on a jugé qu'il n'y avoit nulle construction, c'est qu'on a cru que nos omnes étoient au nominatif, sans être le sujet d'aucun verbe, ce qui seroit en effet violer une loi fondamentale de la syntaxe latine; mais ces mots sont à l'accusatif, comme complément de la préposition sous - entendue ergà: nam ergà omnes nos...omne... tempus.... lucro est...
L'anacoluthe peut donc être ramenée à la construction analytique, comme toute autre ellipse, & conséquemment ce n'est point une hyperbate, c'est une ellipse à laquelle il faut en conserver le nom, sans charger vainement la mémoire de grands mots, moins propres à éclairer l'esprit qu'à l'embarrasser, ou même à le séduire par les fausses apparences d'un savoir pédantesque. Si l'on trouve quelques phrases que l'on ne puisse par aucun moyen ramener aux procédés simples de la construction analytique, disons nettement qu'elles sont vicieuses, & ne nous obstinons pas à retenir un terme spécieux, pour excuser dans les auteurs des choses qui semblent plûtôt s'y être glissées par inadvertence que par raison. Méth. lat. de Port - royal, loc. cit.
Il résulte de tout ce qui précede, que des cinq prétendues especes d'hyperbate, il y en a d'abord deux qui ne doivent point y être comprises, la tmèse & l'anacoluthe; la premiere est, comme je l'ai déjà dit, une véritable figure de diction; la seconde n'est rien autre chose que l'ellipse même.
Il n'en reste donc que trois especes, l'anastrophe, la parenthèse & la synchyse. La premiere est l'inversion du rapport de deux mots autorisée dans quelques cas
Or ces trois especes d'hyperbate, telles que je les ai présentées d'après les notions ordinaires, combinées avec les principes immuables de l'art de parler, nous menent à conclure que l'hyperbate en général, est une interruption légere d'un sens total causée ou par une petite inversion qui déroge à l'usage commun, c'est l'anastrophe, ou par l'insertion de quelques mots entre deux corrélatifs, c'est la synchyse; ou enfin par l'insertion d'un petit sens détaché, entre les parties d'un sens principal, & c'est la parenthèse. (E. R. M.)
HYPERBIBASME; (Page 8:402)
HYPERBIBASME; s. m. (Gram.) arrangement
de mots qui renverse l'ordre de la construction:
Cornelius Nepos nous en fournit un exemple dans
sa vie de Chabrias, en ces termes: Athenienses diem
certam Chabrioe proestituerumt, quàm antè domum nisi
redisset, &c pour antequam. L'hyperbibasme où l'on
s'écarte ingénieusement de l'ordre successif de la
construction dans les pensées, s'appelle hyperbate
dans Longin, & c'est le terme le plus reçu. Voyez
HYPERBOLE (Page 8:402)
HYPERBOLE, s. f. en Géométrie, c'est une des
lignes courbes formées par la section d'un cône.
Voyez
Si le cône A B C (
Quelques auteurs définissent l'hyperbole une section du cône par un plan parallele à son axe; mais cette définition est défectueuse. Car bien qu'il soit vrai qu'une pareille section forme réellement une hyperbole, néanmoins il est vrai aussi qu'il peut s'en former une infinité d'autres, dont le plan ne sera point parallele à l'axe, & qui ne sont point comprises dans la définition.
Les auteurs appellent quelquefois le plan terminé par cette courbe, une hyperbole, & la courbe même ligne hyperbolique.
On peut définir l'hyperbole une ligne courbe,
dans laquelle le quarré de la demi - ordonnée est au
rectangle de l'abscisse, par une ligne droite composée
de la même abscisse, & d'une ligne droite
donnée, qu'on appelle l'axe transverse, comme une
autre ligne droite donnée, appellée le parametre de
l'axe, est à l'axe transverse; (ou bien en nommant
y l'ordonnée, x l'abscisse à l'axe transverse, & b
le parametre) c'est une ligne courbe dans laquelle
a y
Dans l'hyperbole, une moyenne proportionnelle
entre l'axe transverse ou le parametre, est appellée
l'axe conjugué; & si l'on coupe l'axe transverse
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