ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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de la construction analytique, ni à la corrélation mutuelle de ces mots: ainsi il y a synchyse dans ce vers de Virgile, Ecl. VII. 57.

Aret ager: vitio moriens sitit aëris herba; car les deux mots vitio, par exemple, & aëris qui sont corrélatifs, sont séparés par deux autres mots qui n'ont aucun trait à cette corrélation, moriens sitit; le mot aëris à son tour n'en a pas davantage à la corrélation des mots sitit & herba entre lesquels il est placé: l'ordre étoit, herba moriens (proe) vitio aëris sitit.

5°. Enfin, il y a une cinquieme espece d'hyperbate que l'on nomme anacoluthe, & qui se fait, selon la Méthode latine de Port - royal, lorsque les choses n'ont presque nulle suite & nulle construction. Il faut avouer que cette définition n'est rien moins que lumineuse; & d'ailleurs elle semble insinuer qu'il n'est pas possible de ramener l'anacoluthe à la construction analytique. M. du Marsais a plus approfondi & mieux défini la nature de ce prétendu hyperbate: « c'est, dit - il, une figure de mots qui est une espece d'ellipse.... par laquelle on sous - entend le corrélatif d'un mot exprimé, ce qui ne doit avoir lieu que lorsque l'ellipse peut être aisément suppléée, & qu'elle ne blesse point l'usage ». Voyez Anacoluthe. Il justifie ensuite cette dési<-> « nition par l'étymologie du mot AKALOUTOS2, comes, compagnon; ensuite on ajoûte l'a privatif, & un v euphonique, pour éviter le baillement entre les deux a; par conséquent l'adjectif anacoluthe signifie qui n'est pas compagnon, ou qui ne se trouve pas dans la compagnie de celui avec lequel l'analogie demanderoit qu'il se trouvât ». Il donne enfin pour exemple ces vers de Virgile, AEn. II. 330.

Portis alii bipatentibus adsunt, Millia quot magnis nunquam venêre Mycenis; où il faut suppléer tot avant quot.

Il y a pareille ellipse dans l'exemple de Térence cité par Port - royal. Nam omnes nos quibus est alicundè aliquis objectus labor, omne quod est intere à tempus, priusquam id rescitum est, lucro est. Si l'on a jugé qu'il n'y avoit nulle construction, c'est qu'on a cru que nos omnes étoient au nominatif, sans être le sujet d'aucun verbe, ce qui seroit en effet violer une loi fondamentale de la syntaxe latine; mais ces mots sont à l'accusatif, comme complément de la préposition sous - entendue ergà: nam ergà omnes nos...omne... tempus.... lucro est...

L'anacoluthe peut donc être ramenée à la construction analytique, comme toute autre ellipse, & conséquemment ce n'est point une hyperbate, c'est une ellipse à laquelle il faut en conserver le nom, sans charger vainement la mémoire de grands mots, moins propres à éclairer l'esprit qu'à l'embarrasser, ou même à le séduire par les fausses apparences d'un savoir pédantesque. Si l'on trouve quelques phrases que l'on ne puisse par aucun moyen ramener aux procédés simples de la construction analytique, disons nettement qu'elles sont vicieuses, & ne nous obstinons pas à retenir un terme spécieux, pour excuser dans les auteurs des choses qui semblent plûtôt s'y être glissées par inadvertence que par raison. Méth. lat. de Port - royal, loc. cit.

Il résulte de tout ce qui précede, que des cinq prétendues especes d'hyperbate, il y en a d'abord deux qui ne doivent point y être comprises, la tmèse & l'anacoluthe; la premiere est, comme je l'ai déjà dit, une véritable figure de diction; la seconde n'est rien autre chose que l'ellipse même.

Il n'en reste donc que trois especes, l'anastrophe, la parenthèse & la synchyse. La premiere est l'inversion du rapport de deux mots autorisée dans quelques cas seulement; la seconde est une interruption dans le sens total, qui ne doit y être introduite que par une urgente nécessité, & n'y être sensible que le moins que l'on peut; la troisieme bien appréciée, me paroît plus près d'être un vice qu'une figure puisqu'elle consiste dans une véritable confusion des parties, & qu'elle n'est propre qu'à jetter de l'obscurité sur le sens dont elle embrouille l'expression. Cependant si la synchyse est légere, comme celle dont Quintilien cite l'exemple, in duas divisam esse partes, pour in duas partes divisam esse; on ne peut pas dire qu'elle soit vicieuse, & l'on peut l'admettre comme une figure. Mais il ne faut jamais oublier que l'on doit beaucoup ménager l'attention de celui à qui l'on parle, non - seulement de maniere qu'il entende, mais même qu'il ne puisse ne pas entendre; non ut intelligere possit, sed ne omnino possit non intelligere. Quintil. lib. VIII. cap. ij.

Or ces trois especes d'hyperbate, telles que je les ai présentées d'après les notions ordinaires, combinées avec les principes immuables de l'art de parler, nous menent à conclure que l'hyperbate en général, est une interruption légere d'un sens total causée ou par une petite inversion qui déroge à l'usage commun, c'est l'anastrophe, ou par l'insertion de quelques mots entre deux corrélatifs, c'est la synchyse; ou enfin par l'insertion d'un petit sens détaché, entre les parties d'un sens principal, & c'est la parenthèse. (E. R. M.)

HYPERBIBASME;

HYPERBIBASME; s. m. (Gram.) arrangement de mots qui renverse l'ordre de la construction: Cornelius Nepos nous en fournit un exemple dans sa vie de Chabrias, en ces termes: Athenienses diem certam Chabrioe proestituerumt, quàm antè domum nisi redisset, &c pour antequam. L'hyperbibasme où l'on s'écarte ingénieusement de l'ordre successif de la construction dans les pensées, s'appelle hyperbate dans Longin, & c'est le terme le plus reçu. Voyez Hyperbate & Construction, qui est un des beaux articles de Grammaire de cet Ouvrage. (D. J.)

HYPERBOLE

HYPERBOLE, s. f. en Géométrie, c'est une des lignes courbes formées par la section d'un cône. Voyez Conique.

Si le cône A B C (Pl. con. fig. 27.) est coupé de telle sorte, que l'axe de la section D Q étant continué, rencontre le côté du cône A C, prolongé jusqu'en E, la courbe qui naîtra de cette section sera une hyperbole.

Quelques auteurs définissent l'hyperbole une section du cône par un plan parallele à son axe; mais cette définition est défectueuse. Car bien qu'il soit vrai qu'une pareille section forme réellement une hyperbole, néanmoins il est vrai aussi qu'il peut s'en former une infinité d'autres, dont le plan ne sera point parallele à l'axe, & qui ne sont point comprises dans la définition.

Les auteurs appellent quelquefois le plan terminé par cette courbe, une hyperbole, & la courbe même ligne hyperbolique.

On peut définir l'hyperbole une ligne courbe, dans laquelle le quarré de la demi - ordonnée est au rectangle de l'abscisse, par une ligne droite composée de la même abscisse, & d'une ligne droite donnée, qu'on appelle l'axe transverse, comme une autre ligne droite donnée, appellée le parametre de l'axe, est à l'axe transverse; (ou bien en nommant y l'ordonnée, x l'abscisse à l'axe transverse, & b le parametre) c'est une ligne courbe dans laquelle a y2 = a b x + b x x, c'est - à - dire, b:a::y2:a x + x2.

Dans l'hyperbole, une moyenne proportionnelle entre l'axe transverse ou le parametre, est appellée l'axe conjugué; & si l'on coupe l'axe transverse

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