ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"142"> êtres, mais non à chacune de ses parties: il y en a d'oisives ou mortes.

Les choses éternelles se meuvent éternellement. Les choses passageres & périssables ne se meuvent qu'un tems.

On ne voit point, on ne touche point, on ne sent point les particules du feu; elles nous échappent par la petitesse de leur masse & la rapidité de leur action. Elles sont incorporelles.

Il est un feu artificiel qu'il ne faut pas confondre avec le feu élémentaire.

Si tout émane du feu, tout se résout en feu.

Il y a deux mondes; l'un éternel & incréé, un autre qui a commencé & qui finira.

Le monde éternel & incréé fut le feu élémentaire qui est, a été, & sera toûjours, mensura generalis accendens & extinguens, la mesure générale de tous les états des corps, depuis le moment où ils s'allument jusqu'à celui où ils s'éteignent.

Le monde périssable & passager n'est qu'une combinaison momentanée du feu élémentaire.

Le feu éternel, élémentaire, créateur & toûjours vivant, c'est Dieu.

Le mouvement & l'action lui sont essentiels; il ne se repose jamais.

Le mouvement essentiel d'où naît la nécessité & l'enchaînement des événemens, c'est le Destin.

C'est une substance intelligente; elle pénetre tous les êtres, elle est en eux, ils sont en elle, c'est l'ame du monde.

Cette ame est la cause génératrice des choses.

Les choses sont dans une vicissitude perpétuelle; elles sont nées de la contrariété des mouvemens, & c'est par cette contrariété qu'elles passent.

Un feu le plus subtil & le plus liquescent a fait l'air en se condensant; un air plus dense a produit l'eau, une eau plus resserrée a formé de la terre. L'air est un feu eteint.

Le feu, l'air, l'eau & la terre d'abord séparés, puis réunis & combinés, ont engendré l'aspect universel des choses.

L'union & la séparation sont les deux voies de génération & de destruction.

Ce qui se résout, se résout en vapeurs.

Les unes sont légeres & subtiles; les autres pesantes & grossieres. Les premieres ont produit les corps lumineux; les secondes, les corps opaques.

L'ame du monde est une vapeur humide. L'ame de l'homme & des autres animaux est une portion de l'ame du monde, qu'ils reçoivent ou par l'inspiration ou par les sens.

Imaginez des vaisseaux concaves d'un côté, & convexes de l'autre. Formez la convexité de vapeurs pesantes & grossieres; tapissez la concavité de vapeurs légeres & subtiles, & vous aurez les astres, leurs faces obscures & lumineuses, avec leurs éclipses.

Le soleil, la lune & les autres astres n'ont pas plus de grandeur que nous ne leur en voyons.

Quelle différence de la Logique & de la Physique des anciens, & de leur morale! Ils en étoient à peine à l'a b c de la nature, qu'ils avoient épuisé la connoissance de l'homme & de ses devoirs.

Morale d'Héraclite. L'homme veut être heureux. Le plaisir est son but.

Ses actions sont bonnes, toutes les fois qu'en agissant, il peut se considérer lui - même comme l'instrument des dieux. Quel principe!

Il importe peu à l'homme pour être heureux, de savoir beaucoup.

Il en sait assez s'il se connoît & s'il se possede.

Que lui fera - t - on, s'il méprise la mort & la vie? Quelle différence si grande verra - t - il entre vivre & mourir, veiller & dormir, croître ou passer; s'il est convaincu que sous quelque état qu'il existe, il suit la loi de la nature?

S'il y a bien réfléchi, la vie ne lui paroîtra qu'un état de mort, & son corps le sépulcre de son ame.

Il n'a rien ni à craindre ni à souhaiter au - delà du trépas.

Celui qui sentira avec quelle absolue nécessité la santé succede à la maladie, la maladie à la santé, le plaisir à la peine, la peine au plaisir, la satiété au besoin, le besoin à la satiété, le repos à la fatigue, la fatigue au repos, & ainsi de tous les états contraires, se consolera facilement du mal, & se réjouira avec modération dans le bien.

Il faut que le philosophe sache beaucoup. Il suffit à l'homme sage de savoir se commander.

Sur - tout être vrai dans ses discours & dans ses actions.

Ce qu'on nomme le génie dans un homme est un démon.

Nés avec du génie ou nés sans génie, nous avons sous la main tout ce qu'il faut pour être heureux.

Il est une loi universelle, commune & divine, dont toutes les autres sont émanées.

Gouverner les hommes, comme les dieux gouvernent le monde, où tout est nécessaire & bien.

Il faut avouer qu'il y a dans ces principes, je ne sais quoi de grand & de général, qui n'a pû sortir que d'ames fortes & vigoureuses, & qui ne peut germer que dans des ames de la même trempe. On y propose par - tout à l'homme, les dieux, la nature & l'universalité de ses loix.

Héraclite eut quelques disciples. Platon, jeune alors, étudia sa philosophie sous Héraclite, & retint ce qu'il en avoit appris sur la nature de la matiere & du mouvement. On dit qu'Hippocrate & Zenon éleverent aussi leurs systèmes aux dépens du sien.

Mais jusqu'où Hippocrate s'est - il approprié les idées d'Héraclite? c'est ce qu'il sera difficile de connoître, tant que les vrais ouvrages de ce pere de la Medecine demeureront confondus avec ceux qui lui sont faussement attribués.

Les traités où l'on voit Hippocrate abandonner l'expérience & l'observation, pour se livrer à des hypothèses, sont suspects. Cet homme étonnant ne méprisoit pas la raison; mais il paroît avoir eu beaucoup plus de confiance dans le témoignage de ses sens, & la connoissance de la nature & de l'homme. Il permettoit bien au medecin de se mêler de Philosophie, mais il ne pouvoit souffrir que le philosophe se mêlât de Medecine. Il n'avoit garde de décider de la vie de son semblable d'après une idée systématique. Hippocrate ne fut à proprement parler, d'aucune secte. Celui, dit - il, qui ose parler ou écrire de notre art, & qui prétend rappeller tous les cas à quelques qualités particulieres, telles que le sec & l'humide, le froid & le chaud, nous resserre dans des bornes trop étroites, & ne cherchant dans l'homme qu'une ou deux causes générales de la vie ou de la mort, il faut qu'il tombe dans un grand nombre d'erreurs. Cependant la Philosophie rationnelle ne lui étoit pas étrangere; & si l'on consent à s'en rapporter au livre des principes & des chairs, il sera facile d'appercevoir l'analogie & la disparité de ses principes, & des principes d'Héraclite.

Physique d'Hippocrate. A quoi bon, dit Hippocrate, s'occuper des choses d'enhaut? On ne peut tirer de leur influence sur l'homme & sur les animaux, qu'une raison bien générale & bien vague de la santé & de la maladie, du bien & du mal, de la mort & de la vie.

Ce qui s'appelle le chaud paroît immortel. Il comprend, voit, entend, & sent tout ce qui est & sera.

Au moment où la séparation des choses confuses [p. 143] se fit, une partie du chaud s'éleva, occupa les régions hautes, & servit d'enveloppe au tout. Une autre resta sédentaire, & forma la terre, qui fut froide, seche & variable. Un troisieme se répandit dans l'espace intermédiaire, & constitua l'atmosphere. Le reste lêcha la surface de la terre, ou s'en éloigna peu, & ce furent les eaux & leurs exhalaisons.

De - là Hippocrate, ou celui qui a parlé en son nom, passe à la formation de l'homme & des animaux, & à la production des os, des chairs, des nerfs, & des autres organes du corps.

Selon cet auteur, la lumiere s'unit à tout, & domina.

Rien ne naît & rien ne périt. Tout change & s'altere.

Il ne s'engendre aucun nouvel animal, aucun être nouveau.

Ceux qui existent s'accroissent, demeurent & passent.

Rien ne s'ajoute au tout. Rien n'en est retranché. Chaque chose est coordonnée au tout; & le tout l'est à chaque chose.

Il est une nécessité universelle, commune & divine, qui s'étend indistinctement à ce qui a volonté, & à ce qui ne l'a pas.

Dans la vicissitude générale, chaque être subit sa destinée; & la génération & la destruction sont un même fait vû sous deux aspects différens.

Une chose s'accroît - elle, il faut qu'une autre diminue, ame ou corps.

Des parties d'un tout qui se résout, il y en a qui passent dans l'homme. Ce sont des amas ou de feu seul, ou d'eau seule, ou d'eau & de feu.

La chaleur a trois mouvemens principaux; ou elle se retire du dehors au dedans, ou elle se porte du dedans au dehors, ou elle reste & circule avec les humeurs. Delà le sommeil, la veille, l'accroissement, la diminution, la santé, la maladie, la mort, la vie, la folie, la sagesse, l'intelligence, la stupidité, l'action, le repos.

Le chaud préside à tout. Jamais il ne se repose.

L'ordre de la nature est des dieux. Ils font tout, & tout ce qu'ils font est nécessaire & bien.

On demande d'après ces principes, s'il faut compter Hippocrate au nombre des sectateurs de l'Atheïsme? nous aimons mieux imiter la modération de Moshem, & laisser cette question indécise, que d'ajouter ce nom célebre à tant d'autres.

HÉRALDIQUE (Page 8:143)

HÉRALDIQUE, (Art.) C'est la science du blason, Voyez Blason. Il n'y a pas une seule brochure sur l'art de faire des chemises, des bas, des souliers, du pain; l'Encyclopédie est le premier & l'unique ouvrage qui décrive ces arts utiles aux hommes, tandis que la librairie est inondée de livres sur la science vaine & ridicule des armoiries; je ne les vois jamais ces livres dans des bibliotheques de particulieres, que je ne me rappelle la conversation du pâtre, du marchand, du gentilhomme, & du fils de roi, que la Fontaine fait échouer au bord de l'Amérique; là se trouvant ensemble, & raisonnant sur les moyens de fournir à leur subsistance prochaine, le fils de roi dit, qu'il enseigneroit la politique. Le noble poursuivit:

Moi je sai le blason, j'en veux tenir école, Comme si devers l'Inde, on eût eu dans l'esprit La sotte vanité de ce jargon frivole. (D. J.) Cependant comme le tems n'est pas encore venu parmi nous, où l'art héraldique sera réduit à sa juste valeur, voyez volume II. de nos Planchés & de leurs explications, les principes généraux du Blason, avec des figures relatives à chacun des termes qui lui sont propres.

HERAK (Page 8:143)

HERAK, (Géog.) ville d'Asie, dans l'Arabie deserte, près de la Palestine.

HÉRAT (Page 8:143)

HÉRAT, (Géog.) ou plutôt HÉRAH, qui est connue par les anciens sous le nom d'Aria, ville considérable de Perse dans le Khorassan, où plusieurs sultans de la race de Tamerlan, qui s'en rendit maître, ont fait leur séjour ordinaire; Kondémir natif de cette ville, en a donné la description à la fin de son histoire. Long. 94. 20. lat. 34. 30. selon Nassir - Eddin & Ullugbeig, Géographes persans. Mais selon Tavernier, la long. est à 85. 30. & la latit. à 36. 56. (D. J.)

HÉRATÉLÉE (Page 8:143)

HÉRATÉLÉE, s. m. (Myth.) sacrifice qu'on faisoit chez les Grecs & les Romaius, le jour du mariage, à Junon qui préside aux nôces, Junoni pronuboe. Dans le sacrifice on offroit à la déesse, des cheveux de la nouvelle mariée, & une victime, dont on jettoit le fiel au pied de l'autel, pour marquer que les époux desiroient de vivre toujours bien unis.

Hératélée se dérive selon les uns de *H(\RA Junon, & de *TELE/IA, parfaite, épithete qu'on a donnée à cette déesse; & selon d'autres de *H(\RA Junon, & de *TE/LOS2, qui se disoit dans les premiers tems de la langue greque, pour GAMOS2, noces; de sorte que selon cette derniere étymologie, hératélée signifie sacrifice à Junon qui préside aux nôces. (D. J.)

HÉRAUT (Page 8:143)

HÉRAUT, s. m. (Hist. anc.) officier public chez les anciens, dont la fonction étoit de déclarer la guerre. Les Grecs, les Romains, & la plûpart des autres peuples policés ont eu de tels officiers sous des noms différens, & qui jouissoient de droits & de privileges plus ou moins étendus. Leurs personnes, dans l'exercice de leur charge, étoient réputées sacrées par le droit des gens; car alors les nations civilisées avoient coutume de dénoncer la guerre à leurs ennemis, par un héraut public. On lit dans le Deutéronome, ch. 20. v. 10. 11. 12. que la loi défendoit aux Hébreux, d'attaquer une ville sans lui avoir premiérement offert la paix, & cette offre ne pouvoit être faite que par des personnes qui eussent un caractere de représentation. Les Grecs les nommoient par cette raison, E)IRHNOFU\LAKES2, conservateurs de la paix; & c'étoit un crime de lése - majesté, que de les insulter dans leur ministere. L'enlévement du héraut de Philippe, fut une des raisons qu'il allégua pour rompre la paix qu'il avoit jurée. Homere nous parle souvent dans l'Iliade & l'Odyssée, des hérauts grecs, & de leurs fonctions. Achille, ce guerrier jeune, bouillant, emporté, traita avec le plus grand respect les hérauts que le despote, l'injuste Agamemnon envoya dans sa tente, pour lui enlever Briséis qu'il aimoit & que les Grecs lui avoient accordée comme la récompense de ses travaux guerriers. Les hérauts trembloient à mesure qu'ils approchoient du moment de la commission dangereuse qu'on leur avoit donnée. Achille s'en apperçut & leur dit: « Venez sans crainte, envoyés des dieux; ce n'est pas vous qui in'offensez, mais l'homme injuste à qui vous obeissez ». Ce trait & beaucoup d'autres prouvent assez qu'on ne peut pas dire d'Achille, jura negat si nata. Les hérauts portoient le nom de féciaux chez les Romains, étoient tirés des meilleures fainilles, & formoient un collége également illustre & considérable. Voyez Fécial.

Héraut (Page 8:143)

Héraut, (Gymnast.) officier qui servoit dans les jeux athlétiques, à proclamer les statuts, le nom des combattans des vainqueurs, & généralement les ordres des Hellanodices.

Ces sortes de hérauts étoient consacrés à Mercure, & faisoient une partie de leurs proclamations en vers, dans la solemnité des jeux publics de la Grece. La voix forte les rendoit recommandables,

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