ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"602"> pouvoit être interrompu par qui que ce soit que par M. le premier président.

Il n'est pas d'usage que les juges interrompent la plaidoirie des gens du roi, quoique l'heure à laquelle l'audience finit ordinairement vienne à sonner; mais il y a des exemples que dans de grandes affaires les gens du roi ont eux - mêmes partagé leur plaidoirie en plusieurs audiences.

Dans les affaires où le ministere public est appellant ou demandeur, l'avocat de l'intimé ou du défendeur a la replique sur les gens du roi: mais il est aussi d'usage que ceux - ci ont la replique en dernier.

On dit communément que les gens du roi sont solidaires, c'est - à - dire qu'ils agissent & parlent toûjours en nom collectif; ils sont présumés se concerter entre eux pour les conclusions qu'ils doivent prendre.

Il y a néanmoins des exemples que dans la même affaire un des gens du roi n'a pas suivi les mêmes principes que son collegue, & s'est fait recevoir opposant à un arrêt rendu sur les conclusions des gens du roi. Le procureur général ou procureur du roi peut lui - même se faire recevoir opposant à un jugement rendu sur ses conclusions.

Le ministere des gens du roi est purement gratuit; excepté que dans les affaires civiles appointées, & dans les affaires criminelles où il y a une partie civile, leurs substituts ont des épices pour les conclusions.

On n'adjuge jamais de dépens ni de dommages & intérêts aux gens du roi; mais on ne les condamne aussi jamais à aucune amende, dépens, ni dommages & interêts.

Les gens du roi de chaque siége ont un parquet ou chambre, dans lequel les avocats & procureurs vont leur communiquer les causes où ils doivent porter la parole: c'est aussi dans ce même lieu que l'on plaide devant eux les affaires qui doivent être vuidées par leur avis: les substituts y rapportent aussi au procureur général ou au procureur du roi, si c'est dans un siége insérieur, les affaires civiles & criminelles qui leur sont distribuées. V. Communication des Gens du Roi, & Parquet des Gens du Roi . (A)

Gens de Mer (Page 7:602)

Gens de Mer, (Marine.) on donne ce nom à ceux qui s'appliquent à la navigation & au service des vaisseaux.

Gens de l'Équipage (Page 7:602)

Gens de l'Équipage, (Marine.) voyez Équipage.

GENTES (Page 7:602)

GENTES, s. f. pl. terme de Charron; pour les grandes roues, ce sont six pieces de bois d'orme formant un cercle entier, & jointes ensemble par des fortes chevilles: chaque partie démontée forme un sixieme de cercle. Les petites roues sont à quatre ou à cinq gentes. Voyez la fig. 2. Pl. du Charron.

Gente de rond (Page 7:602)

Gente de rond, terme de Charron, c'est une piece de bois composée de quatre gentes, & qui forme un rond qui est enchâssé sur la selette de l'avanttrain. Voyez la fig. 1. Pl. du Charron.

GENTIANE (Page 7:602)

GENTIANE, s. f. gentiana, (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleur monopétale campaniforme, évasée ou tubulée & découpée. Le pistil sort du calice, traverse le fond de la fleur, & devient un fruit membraneux, ovoide, & pointu, compose de deux panneaux & d'une capsule, & rempli de semences ordinairement plates, rondes, & entourées d'un limbe. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Les Botanistes comptent plusieurs especes de gentiane, dont quelques - unes sont cultivées dans les jardins des curieux, entr'autres la gentianelle, qui en vaut bien la peine; Bradley dit qu'elle est d'un si beau bleu, que l'outre - mer ne l'égale pas. On cultive aussi la grande gentiane jaune, gentiana major lutea de C. Bauh. Parkins. Tournef. Boerh. elle est employée des Medecins, & c'est celle qu'il nous suffira de décrire.

Ses racines sont longues, charnues, jaunâtres, un peu branchues, & fort ameres; ses fleurs ressemblent à celles de l'hellébore blanc; elles sont en grand nombre près de la racine, placées vis - à - vis les unes des autres le long de la tige, qu'elles embrassent en se réunissant par leur base; elles ont trois ou cinq nervures, comme les feuilles de plantain; elles sont unies, luisantes, ce qui les distingue des feuilles de l'hellébore blanc: ses tiges ont une à deux coudées, & quelquefois davantage; elles sont simples, lisses, & portent des fleurs qui naissent par tas au nombre de huit ou de dix, disposées en maniere d'anneaux; elles sont d'une seule piece, en forme de cloche, évasées, découpées en cinq quartiers, de couleur d'un jaune - pâle, garnies d'un pistil de même couleur, qui s'éleve du fond du calice à la hauteur d'un pouce, & perce la partie inférieure de la fleur: ce pistil devient ensuite un fruit membraneux, ovale, terminé en pointe, qui n'a qu'une loge: cette loge s'ouvre en deux panneaux, & est remplie de plusieurs graines rougeâtres, rondes, applaties, & bordées d'un feuillet membraneux.

Pline prétend que cette plante doit son nom à Gentius roi d'Illyrie. Elle vient dans les Pyrénées, dans les montagnes d'Auvergne, & sur - tout dans les Alpes. Haller en donne une charmante description poétique. « C'est ici, dit - il en parlant des Alpes, que la noble gentiane éleve sa tête altiere au - dessus de la foule rampante des plantes plébéïennes; tout un peuple de fleurs se range sous son étendard; l'or de ses fleurs est formé en rayons, il embrasse sa tige; ses feuilles peintes d'un verd - foncé, brillent du feu d'un diamant humide; la nature suit chez elle la plus juste des lois, elle unit la vertu avec la beauté ». Il est du - moins vrai, pour parler plus simplement, que sa racine est d'un très - grand usage. Voyez Gentiane, (Matiere méd.)

Je n'ajoûte qu'un mot sur la petite gentiane d'Amérique, à fleur bleue, gentiane la americana, flore coeruleo, parce que l'artifice & la précaution de la nature pour la conservation de son espece, paroissent en elle évidemment. Il ne faut pas douter que les capsules ne soient les meilleures défenses qu'on puisse imaginer pour la conservation des graines; car c'est dans cet étui qu'elles demeurent garanties des injures de l'air & de la terre, jusqu'à l'approche du tems le plus propre à les faire sortir. Alors aussi les graines mûres de cette plante sont répandues & semées en terre presqu'aussi exactement que le pourroit faire le plus habile semeur. Dès que la moindre humidité touche le bout de ces capsules, elles crevent avec force, sautent subitement, & par leur vertu élastique répandent les graines à une distance où elles rencontrent un lieu propre à les recevoir. C'est une observation faite par le chevalier Hans Sloane, pendant son séjour à la Jamaïque, sur les capsules de la gentiane de ces pays - là, & cette observation se trouve vérifiée par d'autres exemples semblables. (D. J.)

Gentiane (Page 7:602)

Gentiane, ou Grande - Gentiane, (Matiere médic.) La racine de gentiane est la seule partie de cette plante qui soit employée en Medecine; elle est très - amere, & elle est fort employée à ce titre, comme stomachique & vermifuge. Voy. Stomachique & Vermifuge. Elle est recommandée contre les obstructions des visceres du bas - ventre, contre la jaunisse, & contre les fievres intermittentes. C'étoit un des fébrifuges que l'on employoit avec le plus de succès avant la découverte du quinquina; elle passe pour résister aux poisons & à la peste même; elle est célebre depuis long - tems contre la morsure des animaux venimeux: c'est une des vertus que lui donne Dioscoride. Elle a été recommandée aussi contre la morsure des chiens enragés; on peut la donner en poudre depuis demi - gros jusqu'à deux. On n'em<pb-> [p. 603] ploye intérieurement ni sa décoction ni son suc, à cause de sa grande amertume; mais on les applique extérieurement pour mondifier les plaies & les ulceres. Ces liqueurs fournissent aussi de bons collyres dans les legeres inflammations des yeux.

On préparoit un extrait de gentiane dès le tems de Dioscoride. Cet extrait contient la partie vraiment médicamenteuse de la plante, qui peut être administrée très - commodément sous cette forme.

La racine de gentiane entre dans les compositions suivantes de la pharmacopée de Paris; savoir l'eau générale, le décoctum amer, l'élixir de vitriol, le sirop de longue vie, le dioscordium, l'opiate de Salomon, la thériaque, la thériaque diatessaron, le mithridate, l'orviétan ordinaire, l'orvietanum proestantius, le baume oppodeldoc, la poudre arthritique amere. L'extrait entre dans la thériaque céleste. (b)

Gentiane (Page 7:603)

Gentiane, (petite) ou Gentiane - croisette, (Mat. médicale.) La racine de petite gentiane est très estimée par les modernes, dit Ray, contre la peste & la morsure des animaux venimeux. Mathiole assûre que cette racine étant pilée & appliquée sur le bas - ventre en forme de cataplasme, est un remede éprouvé contre les vers des intestins; & que la plante fraîche pilée ou séchée, & pulverisée, est d'une grande efficacité contre les ulceres écroüelleux.

Cette plante est absolument inusitée parmi nous.

Usage chirurgical de la racine de gentiane. C'est un fort bon dilatant pour aggrandir un ulcere fistuleux, & en entretenir l'ouverture. Voyez Dilatans & Dilatation. Pour completer sommairement ces articles, nous devons remarquer que la dilatation des sinus fistuleux convient principalement à ceux qui sont environnés de toutes parts de parties respectables, telles que sont les nerfs, les gros vaisseaux, les tendons, les ligamens, &c. Le seul moyen de conserver une ouverture nécessaire contre les progrès de la réunion, est l'usage des dilatans. On dilate, & l'on entretient une ouverture dilatée, pour deux vûes générales; 1°. pour attendre une exfoliation ou un corps étranger, dont l'extraction ou la sortie se doivent différer; 2°. pour conserver dans certains cas une issue aux écoulemens, & une entrée aux secours nécessaires à la cure. Ce sont ordinairement des cannules qui remplissent cette seconde vûe. La racine de gentiane s'employe particulierement pour écarter & forcer, pour ainsi dire, la plaie ou l'ulcere à devenir plus large. Elle n'a pas l'inconvénient de l'éponge préparée, qui acquiert dans un sinus où on l'a mise, cinq ou six fois autant de volume qu'elle en avoit en l'y mettant; & comme elle se gonfle plus où elle trouve moins de résistance, on a quelquefois beaucoup de peine à la retirer. La racine de gentiane introduite dans une plaie, se gonfle, à la vérité; mais elle ne peut pas acquérir un si grand volume, capable de mettre trop de disproportion. Elle mérite d'ailleurs des préférences sur l'éponge préparée, parce qu'elle a une qualité détersive & antiputride; elle détruit les chairs fongueuses & calleuses. La poudre de racine de gentiane mise sur les fontanelles ou cauteres dont la suppuration se tarit, ranime les chairs, & produit de nouveau une exudation purulente; on peut en former des boules en forme de pois, pour mettre dans le creux de ces ulceres artificiels. (I)

GENTIERE (Page 7:603)

GENTIERE, f. f. outil de Charron; ce sont quatre morceaux de bois enchâssés quarrément, aux quatre coins desquels sont posées quatre chevilles qui servent à embrasser plusieurs gentes accolées les unes à côté des autres, pour y percer des mortaises, après les avoir assujetties des quatre côtés avec des coins. Voyez la fig. Planche du Charron.

GENTIL (Page 7:603)

GENTIL, s. m. (Hist. anc.) payen qui adore les idoles. Voyez Idole, Payen, Dieu

Les Hébreux appelloient gentes, nations, tous les autres peuples de la terre, tout ce qui n'étoit pas israélite ou hébreu. Il y en a qui disent que les Gentils ont été appellés de ce nom, par opposition aux Juifs & aux Chrétiens, qui ont une loi positive qu'ils suivent dans leur religion; au lieu que les Gentils n'ont que la loi naturelle, & celle qu'ils s'imposent librement à eux - mêmes: Gentiles quia sunt & geniti fuerunt.

Les Juifs se servoient du mot de gentil dans le sens que les Chrétiens employent celui d'infidele. S. Paul est appellé le docteur & l'apôtre des Gentils; c'est ainsi qu'il s'appelle lui - même, Rom. xj. 13. « Tant que je serai l'apôtre des Gentils, je travaillerai à rendre illustre mon ministere ».

La vocation des Gentils à la foi a été prédite dans l'ancien Testament, comme elle s'est accomplie dans le nouveau. Voyez Ps. ij. 8. Is. ij. 2. Joel, ij. 29. Matth. viij. 2. xij. 18. Act. xj. 18. xiij. 47. 48. xxviij. 28. Rom. j. 5. iij. 29. xj. 12. 13. 25. Eph. ij. Apoc. xj. 2. xxij. 2.

Dans le Droit & dans l'Histoire romaine, le nom de gentil, gentilis, signifie quelquefois ceux que les Romains appelloient barbares, soit qu'ils fussent leurs alliés ou non. Dans Ammien, dans Ausone, & dans la notice de l'Empire, il est parlé des Gentils dans le sens qui vient d'être expliqué.

Les Romains ont aussi appellé Gentils, les étrangers qui n'étoient pas sujets de l'Empire, comme on le voit dans le code théodosien, au traité de nuptiis Gentilium, où gentiles est opposé à provinciales, c'est - à - dire aux habitans des provinces de l'Empire.

Ce mot ne s'est introduit dans le latin & dans le grec, où il est aussi en usage, que depuis l'établissement du Christianisme, & il est pris de l'Ecriture. Dictionn. de Trévoux & de Chambers. (G)

Gentils (Page 7:603)

* Gentils, (philosophie des) Voyez les articles Philosophie des Grecs, des Romains , & l'article Histoire de la Philosophie en général.

GENTIL - DONNES (Page 7:603)

* GENTIL - DONNES, s. f. pl. (Hist. ecclésiast.) religieuses de l'ordre de saint Benoît. Elles ont trois maisons à Venise. Ces maisons sont composées des filles des sénateurs & des premieres maisons de la république; c'est ce qui les a fait appeller gentil - donnes, ou les couvents des dames nobles. Le premier fut fondé par les ducs de Venise, Ange & Justinien Partiapace, en 819.

GENTILHOMME (Page 7:603)

GENTILHOMME, s. m. (Jurisp.) nobilis genere, signifie celui qui est noble d'extraction, à la différence de celui qui est annobli par charge ou par lettres du prince, lequel est noble sans être gentilhomme; mais il communique la noblesse à ses enfans, lesquels deviennent gentilshommes.

Quelques - uns tirent l'étymologie de ce mot du latin gentiles, qui chez les Romains signifioit ceux qui étoient d'une même famille, ou qui prouvoient l'ancienneté de leur race. Cette ancienneté que l'on appelloit gentilitas, étoit un titre d'honneur; mais elle ne formoit pas une noblesse, telle qu'est parmi nous la noblesse d'extraction: la noblesse n'étoit même pas héréditaire, & ne passoit pas les petitsensans de celui qui avoit été annobli par l'exercice de quelque magistrature.

D'autres veulent que les titres d'écuyers & de gentilshommes ayent été empruntés des Romains, chez lesquels il y avoit deux sortes de troupes en considération, appellées scutarii & gentiles. Il en est parlé dans Ammian - Marcellin, sous le regne de Julien l'Apostat, qui fut assiégé en la ville de Sens par les Sicambriens, lesquels savoient scutarios non adesse nec gentiles, per municipia distributos.

Enfin une troisieme opinion qui paroît mieux fondée, est que le terme de gentilshommes vient du latin gentis homines, qui signifioit les gens dévoüés au ser<pb->

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