ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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On peut même quelquefois appliquer la Géométrie
à l'Arithmétique. c'est - à - dire, se servir de la Géométrie, pour démontrer plus aisément sans Analyse &
d'une maniere générale, certains théorèmes d'Arithmétique; par exemple, que la suite des nombres impairs
1, 3, 5, 7, 9, &c. ajoûtés successivement,
donne la suite des quarrés 1, 4, 9, 16, 25, &c.
Pour cela, faites un triangle rectangle ABE (fig.
65. Méchan.) dont un côté soit horisontal, & l'autre
vertical (je les désigne par horisontal & vertical
pour fixer l'imagination): divisez le côté vertical
AB en tant de parties égales que vous voudrez,
& par les points de division 1, 2, 3, 4, &c. menez
les paralleles 1 f. 2 g, &c. à BE; vous aurez d'abord
le petit triangle A 1 f, ensuite le trapeze 1 fg 2, qui
vaudra trois fois ce triangle, puis un troisieme trapeze
2 gh 3, qui vaudra cinq fois le triangle. De sorte
que les espaces terminés par ces paralleles 1 f,
2 g. &c. seront représentés par les nombres suivans,
1, 3, 5, 7, &c. en commençant par le triangle A 1
f, & designant ce triangle par 1, 5.
Or les sommes de ces espaces seront les triangles
A 1 f, A 2 g, A 3 h, &c. qui sont comme les quarrés
des côtés A 1, A 2, A 3, c'est - à - dire, comme 1, 4,
9, &c. donc la somme des nombres impairs donne la
somme des nombres quarrés. On peut sans doute démontrer
cette proposition algébriquement: mais la
démonstration précédente peut satisfaire ceux qui
ignorent l'Algebre. Voyez Accélération.
Application
(Page 1:552)
Application de la Géométrie & de l'Algebre à la
Méchanique. Elle est fondée sur les mêmes principes
que l'application de l'Algebre à la Géométrie. Elle
consiste principalement à représenter par des équations les courbes que décrivent les corps dans leur
mouvement, à déterminer l'équation entre les espaces
que les corps décrivent (lorsqu'ils sont animés
par des forces quelconques), & le tems qu'ils employent
à parcourir ces espaces, &c. On ne peut, à
la vérité, comparer ensemble deux choses d'une nature
différente, telles que l'espace & le tems: mais
on peut comparer le rapport des parties du tems
avec celui des parties de l'espace parcouru. Le tems,
par sa nature, coule uniformément. & la méchanique
suppose cette uniformité. Du reste, sans connoître
le tems en lui - même, & sans en avoir de mesure
précise, nous ne pouvons représenter plus clairement
le rapport de ses parties, que par celui des parties
d'une ligne droite indéfinie. Or l'analogie qu'il y a
entre le rapport des parties d'une telle ligne, & celui
des parties de l'espace parcouru par un corps qui se
meut d'une maniere quelconque, peut toûjours être
exprimé par une équation. On peut donc imaginer
une courbe, dont les abscisses représentent les portions
du tems écoulé depuis le commencement du
mouvement; les ordonnées correspondantes désignant
les espaces parcourus durant ces portions de tems.
L'équation de cette courbe exprimera, non le rapport
des tems aux espaces, mais, si on peut parler ainsi,
le rapport du rapport que les parties de tems ont à
leur unité, à celui que les parties de l'espace parcouru
ont à la leur; car l'equation d'une courbe peut
être considérée, ou comme exprimant le rapport des
ordonnées aux abscisses, ou comme l'équation entre
le rapport que les ordonnées ont à leur unité, & celui
que les abscisses correspondantes ont à la leur.
Il est donc évident que par l'application seule de
la Géométrie & du calcul, on peut, sans le secours
d'aucun autre principe, trouver les propriétés générales
du mouvement, varié suivant une loi quelconque.
On peut voir à l'article Accélération un
exemple de l'application de la Géométrie à la Méchanique; les tems de la descente d'un corps pesant y
sont représentés par l'abscisse d'un triangle, les vîtesses
par les ordonnées, (Voyez Abscisse &
Ordon<cb-> née
) & les espaces parcourus par l'aire des parties du
triangle. Voyez
Trajectoire, Mouvement, Tems , &c.
Application
(Page 1:552)
Application de la Méchanique à la Géométrie.
Elle consiste principalement dans l'usage qu'on fait
quelquefois du centre de gravité des figures, pour déterminer
les solides qu'elles forment. V. Centre
de Gravité
Application
(Page 1:552)
Application de la Géométrie & de l'Astronomie à
la Géographie. Elle consiste en trois choses. 1°. A déterminer
par les opérations géométriques & astronomiques
la figure du globe que nous habitons. Voyez
Figure de la Terre
, & Degré, &c. 2°. A trouver
par l'observation des longitudes & des latitudes
la position des lieux. V. Longitude & Latitude.
3°. A déterminer par des opérations géométriques,
la position des lieux peu éloignés l'un de l'autre.
Voyez Carte.
L'Astronomie & la Géométrie sont aussi d'un grand
usage dans la navigation. V. Navigation, &c.
Application
(Page 1:552)
Application de la Géométrie & de l'Analyse à la
Physique. C'est à M. Newton qu'on la doit, comme
on doit à M. Descartes l'application de l'Algebre à la
Géométrie. Elle est fondée sur les mêmes principes
que l'application de l'Algebre à la Géométrie. La plûpart
des proprietés des corps ont entr'elles des rapports
plus ou moins marqués que nous pouvons comparer,
& c'est à quoi nous parvenons par la Géométrie, & par l'Analyse ou Algebre. C'est sur cette application que sont fondées toutes les sciences physicomathématiques.
Une seule observation ou expérience
donne souvent toute une science. Supposez, comme
on le sait par l'expérience, que les rayons de lumiere
se réfléchissent en faisant l'angle d'incidence égal
à l'angle de réflexion, vous aurez toute la Catoptrique. V. Catoptrique. Cette expérience une fois
admise, la Catoptrique devient une science purement
géométrique, puisqu'elle se réduit à comparer des angles
& des lignes données de position. Il en est de même
d'une infinité d'autres. En général, c'est par le secours
de la Géométrie & de l'Analyse, que l'on parvient
à déterminer la quantité d'un effet qui dépend
d'un autre effet mieux connu. Donc cette science
nous est presque toûjours nécessaire dans la comparaison
& l'examen des faits que l'expérience nous decouvre.
Il faut avoüer cependant que les différens
sujets de Physique ne sont pas également susceptibles
de l'application de la Géométrie. Plusieurs expériences,
telles que celles de l'aimant, de l'électricité, &
une infinité d'autres, ne donnent aucune prise au
calcul; en ce cas il faut s'abstenir de l'y appliquer.
Les Géometres tombent quelquefois dans ce défaut,
en substituant des hypotheses aux expériences, &
calculant en conséquence: mais ces calculs ne doivent
avoir de force qu'autant que les hypotheses sur
lesquelles ils sont appuyés, sont conformes à la nature;
& il faut pour cela que les observations les confirment,
ce qui par malheur n'arrive pas toûjours.
D'ailleurs quand les hypotheses seroient vraies, elles
ne sont pas toûjours suffisantes. S'il y a dans un effet un
grand nombre de circonstances dûes à plusieurs causes
qui agissent à la fois, & qu'on se contente de considérer
quelques - unes de ces causes, parce qu'étant plus
simples, leur effet peut être calculé plus aisément;
on pourra bien par cette méthode avoir l'effet partiel
de ces causes: mais cet effet sera fort différent de
l'effet total, qui résulte de la réunion de toutes les
causes.
Application
(Page 1:552)
Application de la Méthode géométrique à la Métaphysique. On a quelquefois abusé de la Géométrie
dans la Physique, en appliquant le calcul des propriétés
des corps à des hypotheses arbitraires. Dans
les Sciences qui ne peuvent par leur nature être soûmises
à aucun calcul, on a abusé de la méthode des
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Géometres, parce qu'on ne pouvoit abuser que de
la méthode. Plusieurs ouvrages métaphysiques, qui
ne contiennent souvent rien moins que des vérités
certaines, ont été exécutés à la maniere des Géometres; & on y voit à toutes les pages les grands
mots d'axiome, de théorème, de corollaire, &c.
Les auteurs de ces ouvrages se sont apparemment
imaginés que de tels mots faisoient par quelque vertu
secrete l'essence d'une démonstration, & qu'en écrivant à la fin d'une proposition, ce qu'il falloit démontrer, ils rendroient démontré ce qui ne l'étoit pas.
Mais ce n'est point à cette méthode que la Géométrie doit sa certitude, c'est à l'évidence & à la simplicité
de son objet; & comme un livre de Géométrie pourroit être très - bon en s'écartant de la forme
ordinaire, un livre de Métaphysique ou de Morale
peut souvent être mauvais en suivant la méthode des
Géometres. Il faut même se défier de ces sortes d'ouvrages;
car la plûpart des prétendues démonstrations
n'y sont fondées que sur l'abus des mots. Ceux qui
ont réfléchi sur cette matiere, savent combien l'abus
des mots est facile & ordinaire, sur - tout dans les matieres
métaphysiques. C'est en quoi on peut dire que
les Scholastiques ont excellé; & on ne sauroit trop
regretter qu'il n'ayent pas fait de leur sagacité un
meilleur usage.
Application
(Page 1:553)
Application de la Métaphysique à la Géométrie.
On abuse quelquefois de la Métaphysique en Géométrie, comme on abuse de la méthode des Géometres
en Métaphysique. Ce n'est pas que la Géométrie
n'ait, comme toutes les autres Sciences, une métaphysique
qui lui est propre; cette métaphysique est
même certaine & incontestable, puisque les propositions
géométriques qui en résultent, sont d'une évidence à laquelle on ne sauroit se refuser. Mais comme
la certitude des Mathématiques vient de la simplicité
de son objet, la Métaphysique n'en sauroit être
trop simple & trop lumineuse: elle doit toûjours se
réduire à des notions claires, précises & sans aucune
obscurité. En effet, comment les conséquences pourroient - eiles être certaines & évidentes, si les principes
ne l'étoient pas? Cependant quelques Auteurs
ont crû pouvoir introduire dans la Géometrie une
métaphysique souvent assez obscure, & qui pis est,
démontrer par cette métaphysique des vérités dont
on étoit déjà certain par d'autres principes. C'étoit
le moyen de rendre ces vérités douteuses, si elles
avoient pû le devenir. La Géométrie noavelle a principalement
donné occasion à cette mauvaise méthode.
On a cru que les infiniment petits qu'elle considere,
étoient des quantités réelles; on a voulu admettre
des infinis plus grands les uns que les autres;
on a reconnu des infiniment petits de différens ordres,
en regardant tout cela comme des réalités; au lieu de
chercher à réduire ces suppositions & ces calculs à
des notions simples. Voyez Differentiel, Infini
& Infiniment petit.
Un autre abus de la Métaphysique en Géométrie,
consiste à vouloir se borner dans certainscas à la Métaphysique pour des démonstrations géométriques. En
supposant même que les principes métaphysiques dont
on part, soient certains & évidens, il n'y a guere de
propositions géométriques qu'on puisse démontrer rigoureusement
avec ce seul secours; presque toutes
demandent, pour ainsi dire, la toise & le calcul. Cette
maniere de démontrer est bien matérielle, si l'on veut.
mais enfin c'est presque toûjours la seule qui soit sûre.
C'est la plume à la main, & non pas avec des raisonnemens
métaphysiques, qu'on peut faire des combinaisons
& des calculs exacts.
Au reste, cette derniere métaphysique dont nous
parlons, est bonne jusqu'à un certain point, pourvû
qu'on ne s'y borne pas: elle fait entrevoir les principes
des découvertes; elle nous fournit des vûes;
elle nous met dans le chemin: mais nous ne sommes
bien sûrs d'y être, si on peut s'exprimer de la sorte,
qu'après nous être aidés du bâton du calcul, pour
connoitre les objets que nous n'entrevoyions auparavant
que confusément.
Il semble que les grands Géometres devroient être
toûjours excellens Métaphysiciens, au moins sur les
objets de leur science: cela n'est pourtant pas toûjours.
Quelques Géometres ressemblent à des personnes
qui auroient le sens de la vûe contraire à
celui du toucher: mais cela ne prouve que mieux
combien le calcul est nécessaire pour les vérités géométriques.
Au reste je crois qu'on peut du moins assûrer
qu'un Géometre qni est mauvais Métaphysicien
sur les objets dont il s'occupe, sera à coup sur Métaphysicien détestable sur le reste. Ainsi la Géométrie
qui mesure les corps, peut servir en certains cas à
mesurer les esprits même.
Application
(Page 1:553)
Application d'une chose à une autre, en général
se dit, en matiere de Science ou d'Art, pour désigner
l'usage dont la premiere est, pour connoître ou perfectionner
la seconde. Ainsi l'application de la cycloïde
aux pendules, signifie l'usage qu'on a fait de la cycloïde
pour perfectionner les pendules, Voyez Pendule, Cycloïde, &c. & ainsi d'une infinité d'autres
exemples. (O)
Application
(Page 1:553)
Application, se dit particulierement, en Théologie, de l'action par laquelle notre Sauveur nous transfere
ce qu'il a mérité par sa vie & par sa mort. Voyez
Imputation.
C'est par cette application des mérites de Jesus - Christ que nous devons être justifiés, & que nous
pouvons prétendre à la grace & à la gloire éternelle.
Les Sacremens sont les voies ou les instrumens ordinaires
par lesquels se fait cette application, pourvû
qu'on les recoive avec les dispositions qu'exige le
saint concile de Trente dans la vj. session. (G)
APPLIQUÉE
(Page 1:553)
APPLIQUÉE, s. f. en Geométrie, c'est en général
une ligne droite terminée par une courbe dont elle
coupe le diametre; ou en géneral c'est une ligne
droite qui se termine par une de ses extrémités à une
courbe, & par qui l'autre extrémité se termine encore
à la courbe même, ou à une ligne droite tracée
sur le plan de cette courbe. Ainsi (sig. 26. Sect.
con.) EM, MM, sont des appliquées à la courbe
MAM. Voyez Courbe, Diametre, &c.
Le terme appliquée est synonyme à ordonnée. V.
Ordonnée. (O)
APPLIQUER
(Page 1:553)
APPLIQUER, signifie, en Mathématique, transporter
une ligne donnée, soit dans un cercle, soit
dans une autre figure curviligne ou rectiligne, ensorte
que les deux extrémités de cette ligne soient
dans le périmetre de la figure.
Appliquer signifie aussi diviser, sur - tout dans les
Auteurs Latins. Ils ont accoûtumé de dire duc AB
in CD, menez AB sur CD, pour, multipliez AB
par CD; ou faites un parallélogramme rectangle de
ces deux lignes; & applica AB ad CD, appliquez
AB à CD, pour, divisiz AB par CD, ce qu'on
exprime ainsi AB/CD. On entend encore par appliquer,
tracer l'une sur l'autre des figures différentes, mais
dont les aires sont egales. (E)
APPIETRIR
(Page 1:553)
APPIETRIR, v. pas. terme de Commerce. On dit
qu'une marchandise s'appiétrit lorsque sa bonté, sa
qualité, >a valeur diminue, soit à cause qu'elle se
corrompt ou se gâte, soit parce que le débit ou la
mode en est passée, & qu'il s'en fait de mauvais
restes. Savary, dict. du Comm. tom. I. pag. 681.
Ce terme paroît un composé du mot pietre, qui
signifie mauvais, vil, méprisable. Voilà de pietre marchandise,
pour dire une mauvaise marchandise. (G)
APPOINT ou APOINT
(Page 1:553)
APPOINT ou APOINT, terme de Banque; c'est
une somme qui fait la solde d'un compte ou le mon<pb->
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