ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"748"> style ordinaire; 3°. il ne paroît point que dans la Palestine, le dixieme ou le douzieme de la lune de Mars fût la saison des figues ordinaires, car il est certain qu'elles n'y mûrissent pas si - tôt.

Enfin divers interpretes, Calmet, Beausobre, Lenfant, & plusieurs autres anciens & modernes, regardent cette action de J. C. comme une action symbolique de la réprobation des Juifs, une leçon qu'il leur donne s'ils vionnent à ne pas porter le fruit des bonnes oeuvres. La nation judaïque est le figuier; le figuier dont nous parlons n'avoit que des feuilles, en quoi il ressembloit aux Juifs, qui n'avoient que les apparences de la religion & de la piété.

Théophraste, hist. plant. lib. IV. cap. ij. & Pline, lib. XIII. cap. viij. & lib. XV. cap. xviij parlent d'une sorte de figuiers toûjours verds & toûjours chargés de fruits; les uns mûrs & fort avancés, selon la saison; & les autres en fleurs ou en boutons. Dans la Palestine où l'hyver est fort tempéré, & où le pays est fort chaud, Jesus - Christ pouvoit espérer de trouver quelques figues précoces à un figuier de cette espece.

Suivant cette idée, S. Marc ne rend point ici la raison pourquoi Notre Sauveur ne trouva point de figues à ce figuier, mais pourquoi il s'adresse plûtôt à ce figuier - là qu'à un figuier d'une autre espece, à un figuier plus tardif; c'est parce que ce n'étoit pas la saison des figues ordinaires, au lieu qu'il pouvoit se flater d'en trouver sur cette espece de figuier. Ces paroles donc, car ce n'étoit pas la saison des figues, c'est - à - dire des figues ordinaires, sont une parenthese de l'historien; parenthese que S. Matthieu (ch. xxj. V. 19.) n'a point mise en rapportant le même fait de la malédiction du figuier. Cette interprétation concilie les deux historiens sacrés, & n'a rien qui blesse dans la conduite de Jesus - Christ. C'est ainsi qu'au défaut de l'érudition qui laissoit encore des nuages, la connoissance de la Botanique est venue pour les dissiper. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

FIGURABILITÉ (Page 6:748)

FIGURABILITÉ, s. f. (Physiq.) On appelle ainsi cet attribut essentiel des corps, qui confiste 1°. en ce qu'ils ne peuvent exister sans avoir une certaine fi. gure; 2°. en ce que telle ou telle figure particuliere n'est pas nécessaire à leur existence, & qu'on peut leur supposer celle qu'on voudra. La figure ronde est essentielle à un globe entant que globe, mais non enrant que portion de matiere. Voyez Figure & Configuration. (O)

FIGURANT, ANTE (Page 6:748)

FIGURANT, ANTE, adj. terme d'Opera; c'est le nom qu'on donne aux danseurs qui figurent dans les corps d'entrées, parce que le corps d'entrée dessine dans sa danse des figures diverses.

Les maîtres de ballets ont senti eux - mêmes combien les figures étoient nécessaires à leurs corps d'entrée. N'ayant pour l'ordinaire rien à dessiner dans les compositions, ils ont recours à l'imagination, & ils font figurer leurs danseurs trois à trois, quatre à quatre, &c. Quelque fertile cependant que soit l'imagination d'un compositeur en ce genre, il faut nécessairement qu'il se répete bientôt, lorsqu'il ne peut employer des danseurs que pour danser. Il faut des actions pour animer la danse; elle perd la plus grande partie de son agrément, & cesse d'être dans sa nature, lorsqu'elle n'exprime rien & qu'elle ne fait que des pas. Voyez Ballet, Danse, Pantomime (B)

FIGURATIF (Page 6:748)

FIGURATIF, (Jurisp.) en style de Palais, se dit de ce qui représente la figure de quelque chose, comme un plan figuratif d'une maison, c'est - à - dire la figure de cette maison représentée en relief, en petit, à la différence d'un simple plan géométral, qui ne figure que l'emplacement de la maison par des lignes. Voy. Plan & Figuré. (A)

FIGURATIVE (Page 6:748)

FIGURATIVE, adj. pris sub. terme de Grammaire, & sur - tout de Grammaire greque; on sousentend lettre. La figurative est aussi appellée caractéristique. En grec, la figurative est la lettre qui précede la terminaison, c'est - à - dire la voyelle qui termine ou le présent, ou le futur premier, ou le prétérit parfait. On garde cette lettre pour former chacun des tems qui viennent de ceux - là: car comme en latin tous les tems dépendent les uns du présent, les autres du prétérit parfait, & enfin d'autres du supin; que de amo on forme amabam, amabo; que de amavi on fait amaveram, amavero, amaverim, amavissem; & qu'enfin d'amatum on fait amaturus, & que par conséquent on doit remarquer le m dans amo, le v dans amavi, & le t dans amatum, & regarder ces trois lettres comme autant de figuratives: de même en grec, il y a des tems qui se forment du présent de l'indicatif; d'autres du futur premier, & d'autres du prétérit parfait: la lettre que l'on garde pour former chacun de ces tems dérivés, est appellée figurative.

Telle est l'idée que l'on doit avoir de la figurative en grec: cependant la plûpart des Grammairiens donnent aussi le nom de figurative aux consonnes qui leur ont donné lieu d'imaginer six conjugaisons différentes des verbes barytons. Dans chaque conjugaison il y a trois figuratives, celle du présent, celle du futur, & celle du prétérit; mais la conjugaison a aussi ses figuratives, qui la distinguent d'une autre conjugaison: ainsi B, P, F, sont les figuratives des verbes de la premiere conjugaison, en BW, PW, FW, & PTW, dont le T ne se compte point, parce qu'il ne subsiste qu'au présent & à l'imparfait.

K, G, X, sont les trois figuratives des verbes de la seconde conjugaison, en KW, GW, XW, & XTW, dont le T se perd comme à la premiere. Il en est de même des autres quatre conjugaisons des verbes barytons; mais puisque les terminaisons de ces verbes sont les mêmes dans chacune de ces conjugaisons, c'est avec trop peu de fondement, dit la méthode de P. R. pag. 115, qu'on a imaginé ces prétendues six conjugaisons. Ainsi tenons - nous à l'idée que nous avons d'abord donnée de la figurative; les personnes qui étudient la langue greque, apprendront plus de détail sur ce point dans les livres élémentaires de cette langue, & sur - tout dans la pratique de l'explication. (F)

FIGURE (Page 6:748)

FIGURE, s. f. (Physique.) se dit de la forme extérieure des corps; je dis extérieure, les anciens philosophes ayant distingué par ce moyen la figure de la forme proprement dite, qui n'est autre chose que l'arrangement intérieur de leurs parties. Plusieurs philosophes modernes ont prétendu que les corps ne différoient les uns des autres, que par l'arrangement & la figure de leurs particules. Sur quoi voyez l'article Configuration. Cette question est de celles qui ne seront jamais décidées en Physique, parce qu'elle tient à d'autres qui ne le seront jamais, celles de la nature des élémens de la matiere, de la dureté, &c. Voyez Elémens, Matiere, Principe, Dureté , &c.

Figure (Page 6:748)

Figure, en Géométrie, se prend dans deux acceptions différentes.

Dans la premiere, il signifie en général un espace terminé de tous côtés, soit par des surfaces, soit par des lignes. S'il est terminé par des surfaces, c'est un solide; s'il est terminé par des lignes, c'est une surface: dans ce sens les lignes, les angles ne sont point des figures. La ligne, soit droite, soit courbe, est plûtôt le terme & la limite d'une figure, qu'elle n'est une figure. La ligne est sans largeur, & n'existe que par une abstraction de l'esprit; au lieu que la surface, quoique sans profondeur, existe, puisque la surface d'un corps est ce que nous en voyons à l'extérieur. Voy. Ligne, Point, Surface, Géométrie , &c. Un angle n'est point une figure, puisque ce n'est au<pb-> [p. 749] tre chose que l'ouverture de deux lignes droites, inclinées l'une à l'autre, & que ces deux lignes droites peuvent être indéfinies. L'angle n'est pas l'espace compris entre ces lignes; car la grandeur de l'angle est indépendante de celle de l'espace dont il s'agit; l'espace augmente quand les lignes croissent, & l'angle demeure le même.

Au reste on applique encore plus souvent, en Géométrie, le nom de figure aux surfaces qu'aux solides, qui conservent pour l'ordinaire ce dernier nom. Or une surface est un espace terminé en tout sens par des lignes droites ou courbes: ainsi on peut, suivant l'acception la plus ordinaire, définir la figure, un espace terminé en tout sens par des lignes.

Si la figure est terminée en tout sens par des lignes droites, on l'appelle surface plane: cette condition, en tout sens, est ici absolument nécessaire, car il faut que l'on puisse en tout sens appliquer une ligne droite à la figure pour qu'elle soit plane; en effet une figure pourroit être terminée extérieurement par des lignes droites, sans être plane: telle seroit une voûte qui auroit un quarré pour base.

Si on ne peut appliquer une ligne droite en tout sens à la surface, elle se nomme figure courbe, & plus communément surface courbe. Voyez Courbe & Surface.

Si les figures planes sont terminées par des lignes droites, en ce cas on les nomme figures planes rectilignes, ou simplement figures rectilignes: tels sont le triangle, le parallélogramme, & les polygones quelconques, &c. Si les figures planes sont terminées par des lignes courbes, comme le cercle, l'ellipse, &c. on les nomme figures planes curvilignes. Voy. Courbe & Curviligne. On appelle aussi quelquefois figures curvilignes les surfaces courbes, comme le triangle sphérique. Enfin on appelle figures mixtilignes ou mixtes, celles qui sont terminées en partie par des lignes droites, & en partie par des lignes courbes.

On appelle côtés d'une figure, les lignes qui la terminent: cette dénomination a lieu sur - tout quand ces lignes sont droites. Elle n'a guere lieu pour les surfaces courbes, que dans le triangle sphérique. Figure équilatere ou équilatérale, est celle dont les côtés sont égaux. Figures équilateres sont celles dont les côtés sont égaux, chacun à son correspondant. Voyez Equilatéral. Figure équiangle, est celle dont les angles sont tous égaux entre eux. Figures équiangles entre elles, sont celles dont les angles sont égaux, chacun à son correspondant. Figure réguliere, est celle dont les côtés & les angles sont égaux. Figures semblables, sont celles qui ont leurs angles égaux & leurs côtés homologues proportionnels. Voyez Semblable. Une figure est dite inscrite dans une autre, lorsqu'elle est renfermée au - dedans, & que ses côtés aboutissent à la circonférence de la figure dans laquelle elle est imcrite: en ce cas la figure dans laquelle la proposée est inscrite, est dite circonscrite à cette même proposée.

Figure (Page 6:749)

Figure, (Géom.) pris dans la seconde acception, signifie la représentation faite sur le papier de l'objet d'un théorème, d'un problème, pour en rendre la démonstration ou la solution plus facile à concevoir. En ce sens une simple ligne, un angle, &c. sont des figures, quoiqu'elles n'en soient point dans le premier sens.

Il y a un art à bien faire les figures de Géométrie, à éviter les points d'intersection équivoques, & les points qui sont trop près l'un de l'autre, & qu'on ne peut distinguer commodément par des lettres; à éviter aussi les positions de lignes qui peuvent induire le lecteur en erreur, comme de faire paralleles ou perpendiculaires les lignes qui ne le doivent pas être nécessairement; à marquer par des lettres sembla<cb-> bles les points correspondans; à séparer en plusieurs figures, celles qui seroient trop compliquées; à désigner par des lignes ponctuées, les lignes qui ne servent qu'à la démonstration, &c. & mille autres détails que l'usage seul peut apprendre.

La difficulté est encore plus grande, sr on a des solides ou des plans différens à représenter. La difficulté du relief & de la perspective empêche souvent que ces figures ne soient bien faites. On peut y remédier par des ombres, qui font sortir les différentes parties, & marquent différens plans: mais les ombres ont un inconvénient, c'est celui d'être souvent trop noires, & de cacher les lignes qui doivent y être tirées, & les points qui désignent ces lignes.

Les figures en bois, gravées à côté de la démonstration, & répétées à chaque page si la démonstration en a plusieurs, sont plus commodes que les figures placées à la fin du livre, même lorsque ces figures sortent entierement. Mais d'un autre côté, les figures en bois ont communément le desavantage d'être mal faites, & d'avoir peu de netteté. (O)

Figure (Page 6:749)

Figure, se dit quelquefois en Arithmétique, des chiffres qui composent un nombre. Voyez Chiffre, Caractere, &c.

Figures des Syllogismes (Page 6:749)

Figures des Syllogismes, voyez Syllogisme, & plus bas Figure, (Gramm. & Logiq.)

Figure de la Terre (Page 6:749)

Figure de la Terre, (Astron. Géog. Physiq. & Méch.) Cette importante question a fait tant de bruit dans ces derniers tems, les Savans s'en sont tellement occupés, sur - tout en France, que nous avons crû devoir en faire l'objet d'un article particulier, sans renvoyet au mot Terre, qui nous fournira d'ailleurs assez de matiere sur d'autres objets.

Nous n'entrerons point dans le détail des opinions extravagantes que les anciens ont eues, ou qu'on leur attribue sur la figure de la Terre. On peut s'en instruire dans l'Almageste de Riccioli & ailleurs. Anaximandre, dit - on, crut la terre semblable à une colonne, Leucippe à un cylindre, Cléanthe à un cone, Héraclite à un esquif, Démocrite à un disque creux, Anaximene & Empedocle à un disque plat, enfin Xenophane de Colophon s'est imaginé qu'elle avoit une racine infinie sur laquelle elle portoit. Cette derniere opinion rappelle celle des peuples indiens, qui croyent la terre portée sur quatre éléphans. Mais on nous permettra de douter que la plûpart des philosophes qu'on vient de nommer, ayent eu des idées si absurdes. L'Astronomie avoit déjà fait de leur tems de grands progrès, puisque Thales qui les précéda, avoit prédit des éclipses. Or il n'est pas vraissemblable, ce me semble, que dans des tems où l'Astronomie étoit déjà si avancée, on fût encore si ignorant sur la figure de la Terre; car on va voir que les premieres observations astronomiques ont dû faire connoître qu'elle étoit ronde en tout sens. Aussi Aristote qui a été contemporain, ou même prédécesseur de plusieurs des philosophes nommés ci - dessus, établit & prouve la rondeur de la terre dans son second livre de coelo, chap. xjv. par des raisons très - solides, & àpeu - près semblables à celles que nous allons en donner.

On s'apperçut d'abord que parmi les étoiles qu'on voyoit tourner autour de la terre, il y en avoit quelques - unes qui restoient toûjours dans la même place, ou à - peu - près, & que par conséquent toute la sphere des étoiles tournoit autour d'un point fixe dans le ciel; on appella ce point le pole; on remarqua bien - tôt après, que lorsque le soleil se trouvoit chaque jour dans sa plus grande élévation au - dessus de notre tête, il étoit constamment alors dans le plan qui passoit par le pole & par une ligne àplomb; on appella ce plan méridien: on observa ensuite que quand on voyageoit dans la direction du

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