ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"746"> bon, produisent le même effet. Voyez Encre sympathique.

Le figuier est un arbre très - connu dans les régions chaudes; on n'y en rencontre pas de plus communs, soit dans les jardins domestiques, soit dans la campagne. On le cultive beaucoup dans les climats tempérés. La culture en est facile, les progrès assez prompts, le fruit exquis, & la récolte revient deux fois par an; avantages qui ne se trouvent peut - être pas dans aucune autre plante. La Quintinie, Bradley & Miller, ont déployé tout leur art pour la perfection de cette culture, & pour celle des figueries; mais outre qu'on n'y peut parvenir qu'à grands frais, il est certain que toutes sortes de figues ne peuvent réussir dans nos climats: c'est en Languedoc, en Provence, en Italie, en Espagne, en Portugal, & autres pays chauds, qu'il faut les aller chercher. Voyez cependant les recherches faites en ce genre par Bradley, Miller & la Quintinie, au mot Figuier (Agric.).

Le figuier sauvage, appellé par les Grecs E)RIUOC, & par nos Botanistes caprificus, ficus sylvestris, &c. est semblable en toutes ses parties au figuier ordinaire; mais il porte des figues qui ne mûrissent pas, & qui servent par art à la caprification dont les anciens ont tant parlé: je dis les anciens, car rien n'est plus antique que la caprification. Amos étant repris par Amasias, prêtre de Béthel, de ce qu'il prophétisoit des choses fâcheuses contre Israël, répondit à Amasias: « Je ne suis ni prophete, ni fils de prophete, mon occupation est de conduire mes troupeaux, & de piquer des figues sauvages ». Amos, chap. viij. vers 14. D'un autre côté, Théophraste, liv. II. de histor. plantar. cap. xij. Dioscoride, & Pline, liv. XVI. cap. xxvij.) nous entretiennent de ces figues sauvages, & de la maniere de les piquer avec des crochets de fer, pour faire mûrir les figuiers domestiques: ce qu'il nous en disent n'est point imaginaire, c'est un fait très - vrai & très - curieux, dont M. de Tournefort nous a instruit fort au long dans ses voyages, & dans les mém. de l'académie des Sciences, ann. 1705. On trouvera ce détail au mot Caprification; & sans cette connoissance, il n'est guere possible de bien entendre les auteurs grecs & latins qui en ont parlé. Voyez donc Caprification. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Figuier (Page 6:746)

Figuier, (Agriculture.) On cultive ce petit arbre fruitier trés - communément dans les pays méridionaux de l'Europe; mais il n'est pas assez robuste pour résister en plein air aux grands hyvers dans nos contrées septentrionales, sans des précautions qui très - souvent ne le garantissent pas. On voit rarement des figuiers d'une belle tige & d'une forme réguliere: cet arbre est trop sujet à jetter du pié quantité de rejettons, qui l'affoiblissent & y mettent la confusion. Il fait de copieuses racines qui sont menues, jaunâtres, tortueuses, & qui ne s'étendent qu'à fleur de terre. Son bois est blanc, leger, spongieux, cassant, & n'est d'aucun usage: l'écorce en est unie, & d'une couleur cendrée fort claire: ses feuilles viennent tard, & tombent de bonne heure; elles ont pour la plûpart quatre échancrures profondes, qui les divisent en cinq parties, & ce sont les plus grandes feuilles de tous les arbres fruitiers de ce climat. Son fruit est de différentes formes, couleurs & grosseurs, selon les différentes especes; mais il est bien meilleur qu'il n'est beau. Le figuier se multiplie fort aisément, croît très - promptement, réussit dans les plus mauvais terreins, produit d'excellent fruit, & donne deux récoltes par an; mais il est de courte durée, & il ne s'éleve guere qu'à quinze piés.

On peut multiplier cet arbre, soit en enlevant les rejettons qui se trouvent communément au pié, soit en couchant ses branches qui font de bonnes racines en un an, ou bien en faisant des boutures avec les jeunes branches & un peu de vieux bois, ou même en greffant une espece sur une autre, ou enfin en semant les graines que renferme la figue. Le premier moyen est le plus simple & le plus court; le second supplée à son défaut; on se sert du troisieme, quand on ne peut faire autrement; le quatrieme n'est pratiqué que par quelques curieux, qui veulent perfectionner le fruit; & le dernier n'est point en usage, parce que c'est la voie la plus longue, & que la plûpart des plants qui en proviennent, sont des especes bâtardes ou dégénérées.

Quoique le figuier puisse venir dans presque tous les terreins & à toutes les expositions, il se plaît pourtant mieux dans les terres legeres, où il donne plus de fruit que dans celles qui sont fermes & humides, où il jette beaucoup de bois & fait peu de rapport. Il y auroit même inconvénient à mettre cet arbre à une mauvaise exposition: celles où il réussit le mieux, sont le midi, le sud - est, & le sud - oüest. On ne sauroit trop prendre de mesures pour lui procurer en été toute la chaleur possible, & pour le garantir en hyver contre les diverses intempéries que cette saison amene, & qui obligent à mettre cet arbre dans les endroits les mieux abrités. On fait quelquefois la tentative de mettre le figuier à plein - vent; il est vrai qu'il y produit de meilleur fruit & en une plus grande quantité: mais quelques précautions que l'on puisse prendre pour le défendre contre les gelées, il y résiste rarement aux hyvers un peu rigoureux. Tout au moins doit - on lui donner l'abri des murailles de bonne exposition, où on le forme en espalier autant qu'il est possible d'y astraindre cet arbre, dont le bois n'est pas assez souple pour être assujetti régulierement contre une palissade, encore n'est - on pas certain de le voir garanti par - là de l'atteinte des grandes gelées. Il n'y a donc de parti sûr, que celui d'avoir ces arbres dans des caisses, que l'on peut mettre dans la serre pendant l'hyver: c'est d'ailleurs le moyen d'avoir des figues plus précoces, en plus grande abondance & de meilleur goût.

Le figuier, comme tous les autres arbres fruitiers, a besoin d'être taillé pour une plus longue durée & un meilleur rapport. Cette taille doit avoir pour objet de couper tout le bois mort; de supprimer les parties de l'arbre qui, en s'élançant irrégulierement, contrarient la figure qu'on lui veut faire prendre; de retrancher les branches menues & confuses, car ce sont celles qui ne donnent point de fruit; d'accourcir les branches de faux bois, que l'on reconnoît à ce que les yeux en sont plats & fort écartés. Mais il faut se garder, autant que l'on peut, de rien couper des branches à fruit, parce que c'est sur - tout à leur extrémité que viennent les figues, & que le bois en étant fort spongieux & plein de moëlle, la moindre entamure peut faire périr la branche. Par la même raison, on doit avoir attention de tail er le figuier avant que la seve soit en mouvement, parce que l'arbre s'affoibliroit en perdant de ce suc laiteux, dont il abonde alors, & qui est si acre, si brûlant, & si corrosif, qu'il fait prendre le lait comme la presure, qu'il dissout celui qui est caillé comme le vinaigre, & qu'il enleve la peau lorsqu'on l'applique dessus: cependant cette seve, avec de si étranges qualités, produit les fruits les plus doux, les plus sains, & les plus agréables au goût: tels sont les procédés, ou plûtôt les miracles de la nature.

On connoît plus de quarante especes de figuier, que l'on se dispensera de rapporter ici, parce que le plus grand nombre ne profite pas dans ce climat. Celles qui y réussissent le mieux, sont les figues blanches, la ronde & la longue, celle - ci est plus abondante, l'autre est plus précoce, toutes deux sont excellentes. (c) [p. 747]

Figuier (Page 6:747)

Figuier & Figue, (Diete & Mat. med.) La figue fraîche & parfaitement mûre est regardée comme humectante, adoucissante, tempérante, comme se digérant facilement, produisant un suc loüable, lâchant doucement le ventre, nettoyant les voies urinaires, chassant ou fondant les graviers & le calcul, & sur - tout comme très - amie de la poitrine.

Cette derniere qualité est principalement & plus éminemment attribuée aux figues seches, designées chez les pharmacologistes latins par le nom de caricoe ou ficus passoe. Ces figues seches tiennent donc un rang distingué parmi les fruits pectoraux. Voyez Béchique & Pectoral. Ce n'est que dans cet état qu'on l'employe à titre de médicament. Plusieurs medecins, tant anciens que modernes, leur ont attribué un grand nombre d'autres propriétés, soit utiles, soit nuisibles: celles, par exemple, de faciliter l'accouchement, de provoquer les sueurs jusqu'au point de causer des exanthemes ou échauboulures, de résister au poison, d'engendrer des poux, de rendre la chair molasse & bouffie, de causer des obstructions, &c. Ces vertus & ces qualités nuisibles ne nous paroissent fondées que sur des prétentions: on croit assez généralement aujourd'hui, que les figues, soit nouvelles, soit sechées, sont un aliment très - salutaire, pourvû qu'on en use modérément. On remédie à une certaine viscosité incommode de la salive qu'elles procurent en avalant abondamment de l'eau fraîche.

On a observé dans les provinces méridionales du royaume, où les figues sont un aliment très - commun & très - ordinaire pendant cinq mois consécutifs, qu'elles ne produisoient aucun mauvais effet avec quelque exces qu'on en mangeât, pourvû qu'on eût soin de les choisir bien mûres; mais que celles qui n'avoient pas acquis une maturité parfaite, qui contenoient encore un suc laiteux dans leur pédicule & dans leur peau, causoient très - communément des dyssenteries & des fievres.

Galien dit que depuis l'âge de vingt - huit ans, il s'est abstenu de toute sorte de fruits d'été, horai, fugaces, excepté des figues bien mûres & des raisins; & il attribue à ce lage régime, la santé dont il a joüi jusque dans un âge avancé.

L'emploi des figues seches à titre de remede, est borné dans l'usage ordinaire, à être un des ingrédiens des décoctions pectorales, des gargarismes adoucissans & maturatifs quelquefois, mais plus rarement des lavemens adoucissans, & à être appliquées extérieurement sur les tumeurs inflammatoires à titre de maturatif. Voyez Maturatif.

On s'en sert pour corriger efficacement la saveur desagréable du séné. Voyez Correotif.

Sylvius Deleboé dit que leur décoction excite le vomissement aussi - bien que l'eau tiede, ficubus priùs comestis superbibite; quo artificio, ajoûte - il, innocentiam suam probavit AEsopus.

Plusieurs medecins anciens ont recommandé le suc laiteux & les feuilles de figuier dans bien des cas. Pline (liv. XXIII. chap. vij.) parle de l'usage extérieur du suc, comme caustique, dépilatoire, mondificatif, utile contre la goutte, la gale, & diverses maladies de la peau, comme excitant les regles, pris intérieurement. Mais le suc de figuier n'est plus un remede pour nous.

Le même auteur dit qu'on employoit de son tems les feuilles de figuier contre les écroüelles, & que les jeunes pousses étoient bonnes contre la morsure des chiens enragés. Ces remedes sont encore absolument inusités aujourd'hui. (b)

Figuier d'Amérique (Page 6:747)

Figuier d'Amérique, grand figuier ou figuier admirable. Le dictionnaire de Trévoux confond cet arbre avec le paléturier, quoique ce soit deux arbres différens qui n'ont rien de commun que la façon dont ils se reproduisent & s'étendent à la ronde, au moyen de leurs branches, qui en se recourbant prennent racine & forment de nouveaux troncs.

Le fruit du figuier est à peu - près de la grosseur d'une noisette. Il ressemble exactement à la figue d'Europe, tant extérieurement qu'intérieurement; il en a même le goût: cependant il est un peu plus fade, & moins succulent. Article de M. le Romain.

Figuier d'Adam (Page 6:747)

Figuier d'Adam: cette grande & belle plante que l'on nomme plane en quelques contrées, ne porte point ce nom aux Antille, comme le dit le diction. de Trév. on l'appelle simplement figuier bananier, si semblable au bananier simple, qu'à moins d'une grande habitude on ne peut les distinguer que par le fruit, qui dans le premier est plus petit & plus gras à proportion de sa longueur, la chair en étant d'ailleurs beaucoup plus délicate. Les Espagnols les nomment plantains. Article de M. le Romain.

Figuier d'Inde (Page 6:747)

Figuier d'Inde, (Mat. méd. & Pharm.) Voyez Raquette.

Figuier de Navius (Page 6:747)

* Figuier de Navius, (Hist. anc.) figuier que Tarquin le vieux fit planter à Rome dans le comice, ou l'augure Accius Navius avoit coupé en deux une pierre à aiguiser avec un rasoir. Il y avoit un préjugé populaire, que le destin de Rome étoit attaché à cet arbre, & que la ville dureroit autant que le figuier.

Il y en a qui confondent le ficus Navii, ou figuier d'Accius Navius, avec le ficus ruminalis, ou figuier ruminal; mais celui - ci est l'arbre sous lequel on découvrit la louve qui alaitoit Remus & Romulus. Cet arbre fut sacré; il dura très - long tems, & l'on prit sa chûte à mauvais augure.

Figuier (Page 6:747)

Figuier, (Malédiction du) Théol. Crit. La malédiction que J. C. donna au figuier stérile dans un tems, dit S. Marc, qui n'étoit pas la saison des figues, est un des endroits du Nouveau Testament qui a le plus exercé les interpretes de l'Ecriture.

« Jesus - Christ ayant faim au sortir de Béthanie, apperçut de loin un figuier qui avoit des feuilles: il s'avança pour voir s'il y trouveroit quelque fruit; mais s'en étant approché, il n'y trouva que des feuilles, car ce n'étoit pas la saison des figues: alors Jesus dit au figuier, que persenne ne mange plus de toi». Ce sont les paroles de S. Marc, ch. xj. V. 13 & 14.

Ce qui vient d'être raconté par cet évangéliste, arriva quatre ou cinq jours avant la pâque, & par conséquent avant le quinzieme de la lune de Mars: or en cette saison il paroît qu'il n'étoit pas tems de chercher des figues à manger sur un figuier. Ainsi dans cette supposition, il paroîtroit qu'il y a un défaut d'équité dans la conduite de Jesus - Christ: 1°. d'aller chercher des fruits sur un arbre dans un tems qu'il n'en doit pas porter: & 20. de maudire cet arbre, parce qu'il n'a point de fruit, comme si c'étoit sa faute.

Pour justifier J. C. d'une action qui semble d'abord emporter quelque idée d'injustice, les interpretes, ignorans en Botanique, se sont fort tourmentés.

Hammond, Simon, le Clerc, ne paroissent point avoir résolu la difficulte en traduisant les termes de S. Marc, OU/ GA\R H=N X LIRO\C SUXWN, par ceux - ci, car ce n'étoit point une année de figues. En effet, outre que le texte grec a de la peine à souffrir ce sens, J. C. qui va chercher des figues sur un arbre au milieu du mois de Mars, ne doit pas maudire ce figuier en particulier, par la raison que les figues auroient manqué cette année - là.

D'autres critiques, comme Heinfius & Gataker, traduisent, car là où il étoit c'étoit le tems des figues. Cette traduction est très - ingénieuse; mais il faut pour la soûtenir changer la ponctuation, de même que les accens ordinaires du texte; 2°. il faut faire parler l'évangéliste avec une concision qui est éloignée de son

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