ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Figuier

Figuier & Figue, (Diete & Mat. med.) La figue fraîche & parfaitement mûre est regardée comme humectante, adoucissante, tempérante, comme se digérant facilement, produisant un suc loüable, lâchant doucement le ventre, nettoyant les voies urinaires, chassant ou fondant les graviers & le calcul, & sur - tout comme très - amie de la poitrine.

Cette derniere qualité est principalement & plus éminemment attribuée aux figues seches, designées chez les pharmacologistes latins par le nom de caricoe ou ficus passoe. Ces figues seches tiennent donc un rang distingué parmi les fruits pectoraux. Voyez Béchique & Pectoral. Ce n'est que dans cet état qu'on l'employe à titre de médicament. Plusieurs medecins, tant anciens que modernes, leur ont attribué un grand nombre d'autres propriétés, soit utiles, soit nuisibles: celles, par exemple, de faciliter l'accouchement, de provoquer les sueurs jusqu'au point de causer des exanthemes ou échauboulures, de résister au poison, d'engendrer des poux, de rendre la chair molasse & bouffie, de causer des obstructions, &c. Ces vertus & ces qualités nuisibles ne nous paroissent fondées que sur des prétentions: on croit assez généralement aujourd'hui, que les figues, soit nouvelles, soit sechées, sont un aliment très - salutaire, pourvû qu'on en use modérément. On remédie à une certaine viscosité incommode de la salive qu'elles procurent en avalant abondamment de l'eau fraîche.

On a observé dans les provinces méridionales du royaume, où les figues sont un aliment très - commun & très - ordinaire pendant cinq mois consécutifs, qu'elles ne produisoient aucun mauvais effet avec quelque exces qu'on en mangeât, pourvû qu'on eût soin de les choisir bien mûres; mais que celles qui n'avoient pas acquis une maturité parfaite, qui contenoient encore un suc laiteux dans leur pédicule & dans leur peau, causoient très - communément des dyssenteries & des fievres.

Galien dit que depuis l'âge de vingt - huit ans, il s'est abstenu de toute sorte de fruits d'été, horai, fugaces, excepté des figues bien mûres & des raisins; & il attribue à ce lage régime, la santé dont il a joüi jusque dans un âge avancé.

L'emploi des figues seches à titre de remede, est borné dans l'usage ordinaire, à être un des ingrédiens des décoctions pectorales, des gargarismes adoucissans & maturatifs quelquefois, mais plus rarement des lavemens adoucissans, & à être appliquées extérieurement sur les tumeurs inflammatoires à titre de maturatif. Voyez Maturatif.

On s'en sert pour corriger efficacement la saveur desagréable du séné. Voyez Correotif.

Sylvius Deleboé dit que leur décoction excite le vomissement aussi - bien que l'eau tiede, ficubus priùs comestis superbibite; quo artificio, ajoûte - il, innocentiam suam probavit AEsopus.

Plusieurs medecins anciens ont recommandé le suc laiteux & les feuilles de figuier dans bien des cas. Pline (liv. XXIII. chap. vij.) parle de l'usage extérieur du suc, comme caustique, dépilatoire, mondificatif, utile contre la goutte, la gale, & diverses maladies de la peau, comme excitant les regles, pris intérieurement. Mais le suc de figuier n'est plus un remede pour nous.

Le même auteur dit qu'on employoit de son tems les feuilles de figuier contre les écroüelles, & que les jeunes pousses étoient bonnes contre la morsure des chiens enragés. Ces remedes sont encore absolument inusités aujourd'hui. (b)

Figuier d'Amérique

Figuier d'Amérique, grand figuier ou figuier admirable. Le dictionnaire de Trévoux confond cet arbre avec le paléturier, quoique ce soit deux arbres différens qui n'ont rien de commun que la façon dont ils se reproduisent & s'étendent à la ronde, au moyen de leurs branches, qui en se recourbant prennent racine & forment de nouveaux troncs.

Le fruit du figuier est à peu - près de la grosseur d'une noisette. Il ressemble exactement à la figue d'Europe, tant extérieurement qu'intérieurement; il en a même le goût: cependant il est un peu plus fade, & moins succulent. Article de M. le Romain.

Figuier d'Adam

Figuier d'Adam: cette grande & belle plante que l'on nomme plane en quelques contrées, ne porte point ce nom aux Antille, comme le dit le diction. de Trév. on l'appelle simplement figuier bananier, si semblable au bananier simple, qu'à moins d'une grande habitude on ne peut les distinguer que par le fruit, qui dans le premier est plus petit & plus gras à proportion de sa longueur, la chair en étant d'ailleurs beaucoup plus délicate. Les Espagnols les nomment plantains. Article de M. le Romain.

Figuier d'Inde

Figuier d'Inde, (Mat. méd. & Pharm.) Voyez Raquette.

Figuier de Navius

* Figuier de Navius, (Hist. anc.) figuier que Tarquin le vieux fit planter à Rome dans le comice, ou l'augure Accius Navius avoit coupé en deux une pierre à aiguiser avec un rasoir. Il y avoit un préjugé populaire, que le destin de Rome étoit attaché à cet arbre, & que la ville dureroit autant que le figuier.

Il y en a qui confondent le ficus Navii, ou figuier d'Accius Navius, avec le ficus ruminalis, ou figuier ruminal; mais celui - ci est l'arbre sous lequel on découvrit la louve qui alaitoit Remus & Romulus. Cet arbre fut sacré; il dura très - long tems, & l'on prit sa chûte à mauvais augure.

Figuier

Figuier, (Malédiction du) Théol. Crit. La malédiction que J. C. donna au figuier stérile dans un tems, dit S. Marc, qui n'étoit pas la saison des figues, est un des endroits du Nouveau Testament qui a le plus exercé les interpretes de l'Ecriture.

« Jesus - Christ ayant faim au sortir de Béthanie, apperçut de loin un figuier qui avoit des feuilles: il s'avança pour voir s'il y trouveroit quelque fruit; mais s'en étant approché, il n'y trouva que des feuilles, car ce n'étoit pas la saison des figues: alors Jesus dit au figuier, que persenne ne mange plus de toi». Ce sont les paroles de S. Marc, ch. xj. V. 13 & 14.

Ce qui vient d'être raconté par cet évangéliste, arriva quatre ou cinq jours avant la pâque, & par conséquent avant le quinzieme de la lune de Mars: or en cette saison il paroît qu'il n'étoit pas tems de chercher des figues à manger sur un figuier. Ainsi dans cette supposition, il paroîtroit qu'il y a un défaut d'équité dans la conduite de Jesus - Christ: 1°. d'aller chercher des fruits sur un arbre dans un tems qu'il n'en doit pas porter: & 20. de maudire cet arbre, parce qu'il n'a point de fruit, comme si c'étoit sa faute.

Pour justifier J. C. d'une action qui semble d'abord emporter quelque idée d'injustice, les interpretes, ignorans en Botanique, se sont fort tourmentés.

Hammond, Simon, le Clerc, ne paroissent point avoir résolu la difficulte en traduisant les termes de S. Marc, OU/ GA\R H=N X LIRO\C SUXWN, par ceux - ci, car ce n'étoit point une année de figues. En effet, outre que le texte grec a de la peine à souffrir ce sens, J. C. qui va chercher des figues sur un arbre au milieu du mois de Mars, ne doit pas maudire ce figuier en particulier, par la raison que les figues auroient manqué cette année - là.

D'autres critiques, comme Heinfius & Gataker, traduisent, car là où il étoit c'étoit le tems des figues. Cette traduction est très - ingénieuse; mais il faut pour la soûtenir changer la ponctuation, de même que les accens ordinaires du texte; 2°. il faut faire parler l'évangéliste avec une concision qui est éloignée de son

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