ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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Feu
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* Feu, (Pompe à) Hydraul. & Arts méchaniques:
la premiere a été construite en Angleterre; plusieurs
auteurs se sont occupés successivement à la perfectionner
& à la simplifier. On en peut regarder Papin
comme l'inventeur: car que fait celui qui construit
une pompe à feu? il adapte un corps de pompe ordinaire
à la machine de Papin. Voyez son ouvrage, l'article Digesteur, & sur - tout l'article précédent.
Tout ce que nous allons dire de cette pompe, est
tiré d'un mémoire qui nous a été communiqué avec
les figures qui y sont relatives, par M. P ... homme
d'un mérite distingué, qui a bien voulu s'intéresser à
la perfection de notre ouvrage.
Détail explicatif de la machine du bois de Bossu proche
Saint - Guilain, en la province du Hainaut autrichien,
pour élever les eaux par l'action du feu.
Article 1. Du balancier qui est la principale partie
de la machine; des jantes qui l'accompagnent, & de
leurs dimensions. Le balancier est composé d'une grosse
poutre a b, de 26 piés 8 pouces, sur 20 & 23 pouces
de grosseur (Pl. III. & IV.), soûtenue dans le
milieu par deux tourillons c, d, de trois pouces de
diametre, dont les paliers portent sur un des pignons
du bâtiment qui renferme la machine. Les extrémités
de cette poutre sont accompagnées de deux jantes
cannelées e, f, de 8 piés 2 pouces de longueur,
sur 20 & 22 pouces de grosseur, dont la courbe a
pour centre le point d'appui g. Les chaînes qui y sont
suspendues, sont toûjours dans la même direction:
la premiere h porte le piston du cylindre; & la seconde
i le grand chevron, qui meut les pompes aspirantes
pour enlever l'eau du puits, laquelle se décharge
dans la basche K, où elle est toûjours entretenue.
Sur une des faces de la même poutre, est
attachée une autre jante l de 6 piés de longueur sur
5 pouces par les deux bouts, & dans le milieu 11
pouces sur 3 pouces d'épaisseur, semblable aux précédentes,
qui fait agir le régulateur avec le robinet
d'injection; elle soûtient une chaîne m, à laquelle
aboutit une coulisse m 2, servant à ouvrir & fermer
le robinet d'injection, & à mouvoir le diaphragme
nommé régulateur, qui regle l'action de la vapeur
de l'eau chaude.
Art. 2. D'une pompe refoulante, avec son tire - boute
& ses dimensions. Le tire - boute n a 9 piés 3 pouces de
longueur sur 1 pouce de diametre (Bl. IV.), est attaché
avec des écrous & étriers de fer, au grand chevron
aboutissant au piston O, d'une pompe refoulante de 4
pouc. 4 lig. de diametre, qui éleve à 36 piés une partie
de l'eau de la basche K provenant du puits, montant
par un tuyau p de 5 pouces 5 lig. de diametre,
se déchargeant dans une cuvette q (Plan. III.
fig. 6. qui représente le plan du troisieme étage réduit,
ainsi que tous les autres plans de cette machine,
à une échelle sous - double de celle des coupes
verticales, contenues dans les Planches IV. & V.).
Cette cuvette sert à entretenir le robinet d'injection
dont on expliquera l'effet. Le piston de cette pompe
est de 4 pouces 2 lig. de diametre, il est semblable à
celui du plan 7.
Article 3. Des pompes aspirantes qui élevent l'eau
successivement du puits, avec les dimensions. L'ouverture du puits X Y (Pl. l. fig. 1.), qui est le plan du
rez - de - chaussée, est de 6 piés en quarré, sur 244
piés de profondeur, & de 60 piés en 60 piés, il y a
deux basches K, r, visibles dans la Planc. IV. dont
on peut connoître les dimensions par l'échelle de
cette Planche. Dans la basche r est un corps de pompe
aspirante de 9 pouces de diametre; & dans celui
K, trempe le tuyau d'aspiration de la pompe supérieure
de 4 pouces 6 lignes de diametre. Tous les
pistons de ces pompes ont 8 pouces 3 lignes de diametre,
sur 6 piés de levée. Voyez leur construction,
Pl. III. fig. 23, 24, 25, 26. Les chevrons qui soûtiennent
les pistons ont 3 pouces quarrés, & sont
suspendus à un autre i Q Y de 6 pouces en quarré,
composé de plusieurs pieces liées les unes aux autres,
comme on les voit par le profil fig. 22. Pl. VI.
Ils composent un train suspendu à la jante du balancier
qui est au - dessus du centre du puits, & au fond
duquel est un puisart où viennent se rassembler les
eaux de tous les rameaux de la mine. Dans ce puisart
trempe le premier tuyau d'aspiration d'une pompe
qui aspire l'eau à 28 piés de hauteur, & remonte
par le tuyau au - dessus du piston de 32 piés, pour se
décharger dans les basches; d'où elle est reprise par
une seconde pompe, qui l'éleve encore à 28 piés
plus haut, & 32 piés plus haut que le piston, & successivement
par d'autres qui la font monter de basche
en basche, parce que tous les pistons de ces pompes
jouent tous ensemble. Au reste on voit, Planche IV. la manoeuvre d'un relai; il y en a encore
trois semblables avant d'arriver au puisart: on observera
que le puits dont nous parlons, n'a lieu que
pour puiser les eaux de la mine.
Article 4. De la situation du balancier, lorsque la
machine ne joue pas. La charge que soûtient la chaîne
i Q Y (Pl. IV.), & le tire - boute n, est beaucoup
plus grande que celle que portent les chaînes h, m,
lorsque le poids de la colonne d'air n'agit pas sur
le piston u; ainsi la situation naturelle du balancier
est de s'incliner du côté du puits, au lieu que la Pl.
V. le représente dans un sens contraire, c'est - à - dire
dans celui où il se trouve lorsque l'injection d'eau
froide ayant condensé la vapeur renfermée dans le
cylindre, le poids de la colonne d'air fait baisser le
piston: alors l'eau du puits est aspirée, & celle de
la basche K est refoulée dans la cuvette q. Mais
quand la vapeur vient à s'introduire dans le cylindre,
sa force étant supérieure au poids de la colonne
d'air, soûleve le piston, laisse agir le poids des attirails
que porte la chaîne i Q Y, & le tire - boute no,
& le balancier s'incline du côté du puits, qui est la
situation où il reste lorsque la machine ne joue pas,
parce qu'il s'introduit de l'air dans le cylindre au - dessous
du piston, qui se met en équilibre par son
ressort avec le poids de celui qui est au - dessus.
Art. 5. Le mouvement du balancier est limité par des
chevrons à ressort. Pour limiter le mouvement du balancier
& amortir sa violence, pour que la machine
n'en reçoive point de trop grandes secousses, l'on
fait sortir en - dehors du bâtiment les deux extrémités
[p. 604]
W des deux poutres, pour soûtenir deux chevrons à
ressort recevant les boulons X (Pl. III. & IV.), qui
traversent le sommet des jantes du balancier; & c'est
la même chose du côté du cylindre pour le soulager
dans sa chûte.
Article 6. Description du cylindre avec ses dimensions. Le cylindre y Z (Pl. IV. & V.) est accompagné
des tuyaux qui contribuent au jeu de la machine;
il est de fer coulé bien alaisé; il a intérieurement
2 piés 6 pouces 6 lignes, sur 8 piés 6 pouces
de hauteur en - dedans oeuvre, & un pouce d'épaisseur.
A six pouces au - dessous de son sommet, &c. regne
tout autour un bord A y, sur lequel est attaché
une coupe de plomb A B, de 12 pouces de hauteur;
& à trois piés six pouces plus bas, il y a un second rebord
C, servant à le soûtenir sur les deux poutres D,
où il est arrêté par deux traverses de bois E.
Art. 7. Le cylindre est percé de deux trous opposés
pour deux causes essentielles. A trois pouces au - dessus
de la base, le cylindre est percé de deux trous
opposés l'un à l'autre, chacun accompagné d'un collet
F; ils ont intérieurement 3 pouces 10 lig. de diametre.
Le premier sert à introduire le tuyau d'injection
G; & le second aboutit à un godet de cuivre H,
dans le fond duquel est une soupape chargée de plomb
suspendue à un ressort de fer, pour la maintenir toûjours
dans la même direction: cette soupape que l'on
nomme reniflante, sert à évacuer l'air que la vapeur
chasse du cylindre, lorsqu'on commence à faire joüer
la machine, & ensuite celui qui y est porté par l'eau
d'injection, & qui empêcheroit son effet, s'il n'avoit
aucune issue.
Article 8. Description du fond du cylindre. Le
fond Z I du cylindre est une plaque de fer postiche,
attachée avec des vis à écrous; il est traversé par un
tuyau L d'un pié de hauteur, ayant intérieurement 6
pouces de diametre, l'un & l'autre coulés ensemble
de maniere qu'une moitié se trouve dans le cylindre,
pour empêcher que l'eau qui tombe sur le fond n'entre
dans l'alembic, & l'autre moitié en - dehors, pour
faciliter la jonction du cylindre avec le régulateur &
l'alembic.
Art. 9. L'eau provenant d'injection, s'évacue par
le fond du cylindre. Le fond du cylindre est encore
percé vers sa circonférence, d'un trou N de 4 pouces
4 lignes de diametre, avec un collet C I de 6 pouces
de hauteur. Il a pour objet de faciliter l'évacuation
de l'eau d'injection par un tuyau de cuivre h m l,
Pl. V.
Art. 10. Description du piston qui joue dans le cylindre,
avec ses dimensions. Le piston u dans les mêmes
Planches, & dont la construction est représentée
en grand, fig. 17, 18, & 19, Pl. VI. dont la tige
d e a 4 piés de hauteur, est un plateau de fer R S de
2 piés 6 pouces 4 lignes de diametre, sur un pouce
d'épaisseur. Aux extrémités sont appliquées deux ou
trois bandes d'un cuir a a a fort épais, saillant d'une
ligne sur le pourtour du piston. L'on maintient ce
cuir inébranlable, en le chargeant d'un anneau de
plomb de 2 pouces 6 lignes de largeur, divisés en
trois parties égales, chacune accompagnée d'une
queue C. Le centre de ce piston est percé d'un trou
qui reçoit le bout de la tige d e, par le moyen d'un
tenon arrêté avec une clavette, & cette tige est suspendue
à la chaîne du balancier.
Art. 11. De quelle maniere l'eau de la cuvette d'injection
s'introduit dans le cylindre. Au fond de la cuvette
q (Pl. IV. & V.) qui fournit l'eau d'injection,
aboutit un tuyau de plomb G P de 2 pouces 2 lignes
de diametre, qui s'introduit dans le cylindre en passant
au - travers du collet F (art. 7.). Ce tuyau est
terminé par un ajutage plat, dont l'oeil a 2 pouces 2
lignes de diametre réduit, d'où sortent environ 8 pintes
d'eau froide pour chaque injection, suivant l'ex<cb->
périence que j'en ai fait, & qui se fait par le moyen du
jeu de la clé d'un robinet P (Pl. VI.), qui s'ouvre &
se ferme alternativement, comme il sera expliqué à
l'article 28.
Art. 12. De quelle maniere l'eau s'introduit au - dessus
du piston. Il y a un robinet R (Pl. V.), dont
l'oeil a 14 lignes de diametre réduit. Le tuyau Q a 2
pouces 2 lignes de diametre, par lequel on fait couler
sans cesse de l'eau au - dessus du piston, provenant de
la cuvette q: cette eau sert à en humecter le cuir, &
empêcher l'air extérieur de s'insinuer dans le cylindre,
& pour que cette eau ne déborde pas la coupe
lorsque le piston vient à remonter; & pour évacuer
le superflu, on a joint le tuyau S S S de 4 pouces 4 lignes
de diametre, qui va se rendre dans le réservoir
provisionnel V (Plan. IV.), placé en dehors du bâtiment.
La partie supérieure S N sert au même effet,
c'est - à - dire à décharger le superflu de la cuvette q,
provenant d'une pompe refoulante (art. 2.).
Art. 13. Description de la chaudiere qui compose
le fond de l'alembic, avec ses dimensions. L'alembic
(Pl. IV. & V.) est composé d'une chaudiere X Y z &,
évasée de 3 pouces par le haut, ayant un diametre de
7 piés 8 pouces par le haut, & 7 piés 3 pouces par le
bas, sur 3 piés 6 pouces de profondeur, sans y comprendre
3 pouces de bombage dans le milieu; elle est
accompagnée d'un plat - bord a a de 11 pouces de saillie,
qui s'appuie sur une retraite X & de 2 pouces ménagés
dans la maçonnerie qui entoure cette chaudiere,
dont la surface extérieure est isolée par une petite
galerie X Y z & & l m n o I K, fig. 2. Pl. I. de 9 pouces
de largeur par le haut, & 12 par le bas, qui regne
tout autour, & dans laquelle circule la fumée du fourneau
Y b c z, pour entrctenir la chaleur & l'eau bouillante.
Article 14. Description du chapiteau de l'alembic.
Le chapiteau Xd& (Pl. IV. & V. où l'on voit le plan,
& differentes parties du régulateur), a 4 piés de hauteur,
sur 9 piés 6 pouces de diametre; il a la forme
d'un dôme composé de plusieurs plaques de cuivre
liées ensemble par des rivetes, & revêtues de maçonnerie
sur la hauteur de 2 piés 3 pouces, pour le
fortifier contre la force de la vapeur, & le garantir
des atteintes de tout ce qui pourroit l'endommager.
Son sommet est terminé par une piece de cuivre battu,
percée d'un trou de 6 pouces 6 lignes de diametre;
le sommet est accompagné d'un collet de 3 pouces
1 ligne de saillie, pour se raccorder avec le tuyau
de communication L qui joint le cylindre. Le régulateur
est le sommet du chapiteau de l'alembic.
Art. 15. Explication des parties qui appartiennent
au régulateur ou diaphragme, avec ses dimensions. Les
lettres a a a (fig. 12. Pl. III.) représentent un anneau
de fer, dont le diametre intérieur est de 11 pouces 8
lignes, sur un pouce 6 lignes de largeur, & 6 lignes
d'épaisseur. Les quatre supports cotés des lettres b,
b, b, b, qui suspendent l'anneau a a a, ont 4 pouces
6 lignes de hauteur, sur 9 lignes en quarré; à l'anneau
est attaché un ressort de fer G c H du profil
(fig. 15.) & N O du plan (fig. 12.), de 2 pouces de
largeur, sur 3 lignes d'épaisseur, servant à soûtenir
le régulateur d, dont le diametre est de 7 pouces, &
est accompagné d'un manche dont l'extrémité e est
percée quarrément, pour recevoir l'essieu vertical
f g (fig. 16.), ayant son centre de mouvement éloigné de 6 pouces 7 lignes du centre du régulateur: le
pivot inférieur de cet essieu joue dans un trou f pratiqué
dans l'anneau a a a, ou G H, fig. 16. La partie
e ou i k (fig. 16.) du régulateur, est liée par une
clavette à l'essieu vertical f g, & la partie i l de cet
essieu qui est arrondie, joue exactement dans un canon
l n, adapté à la plaque N O, fig. 13. & 16. La
partie supérieure l g de l'essieu vertical, reçoit une
clé qui communique le mouvement au régulateur,
[p. 605]
dont le bouton m (fig. 15.) glisse sur le ressort G e H,
qui est fort poli, en descendant de c en m: ce mouvement
ouvre l'orifice no, qui a intérieurement 5
pouces 6 lignes de diametre, sur 13 pouces 6 lignes de
hauteur. La figure 13, qui est la plaque dont on a
parlé, est plombée au sommet de l'alembic, pour
que l'air ne s'introduise pas. La figure 14. représente
en plan la partie supérieure du tuyau L, désignée
par L M (fig. 15 & 16.), par laquelle ce tuyau
se raccorde avec celui qui est au centre de la base
du cylindre, avec des vis & écroux (art. 8.).
Art. 16. Situation de l'alembic & du fourneau
dans le bâtiment qui renferme la machine. L'on voit
l'emplacement de l'alembic dans les bâtimens où il
est renfermé, par les figures qui représentent les
plans des différens étages, dont le premier est élevé
de 7 piés au - dessus du niveau des terres; & à trois
piés six pouces plus bas, est le niveau du cendrier:
l'on y verra une coupe horisontale du fond de l'alembic
(Pl. II. fig. 3.), accompagnée d'un revêtement
de maçonnerie qui en soûtient le chapiteau;
de cet étage l'on peut descendre par un escalier a b,
dans l'endroit ou est le sourneau, fig. 1 & 2. Le fond
dudit fourneau est une grille C, élevée de 4 piés au - dessus
du niveau du cendrier d (Voyez les profils,
Pl. IV. & V.), servant de foyer, & on introduit
le charbon de terre ou de bois par une ouverture e,
vis - à - vis de laquelle est une porte f qui répond au
rez - de - chaussée. On a pratiqué une ventouse g f
dans l'épaisseur du massif de la maçonnerie, afin que
l'air extérieur puisse aisément s'introduire dans le
cendrier sous la grille, pour animer le feu dont la
fumée ne peut échapper par la cheminée I K opposée
à l'entrée du fourneau, qu'après avoir circulé
autour de la chaudicre dans la galerie l m n o I K, fig.
2. Pl. I.
Art. 17. Au - dessus du chapiteau de l'alembic est
une ventouse, pour laisser échapper la vapeur quand elle
est trop forte. Sur la surface du chapiteau de l'alembic,
il y a un bout de tuyau f (Pl. V.) de 4 pouces
de hauteur, sur 3 pouces 3 lignes de diametre, soudé
verticalement sur le chapiteau. Au sommet de ce
tuyau est adapté une soupape chargée de plomb,
que l'on nommera ventouse, dont l'objet est de donner
issue à la vapeur de l'alembic lorsqu'elle devient
par trop forte: cette soupape se leve assez souvent
quand le régulateur est fermé, & que le piston descend.
Art. 18. Usages des deux tuyaux pour éprouver la
hauteur de l'eau dans l'alembic. L'on remarquera l'ellipse
a, b, fig. 5, Pl. II. dont le grand axe a 18 pouces
& le petit 12. C'est une plaque de cuivre qui se
detache quand on veut entrer dedans l'alembic lorsqu'il y a quelques réparations à y faire. A cette plaque
sont attachés aux endroits c g, deux tuyaux de
11 lignes de diametre, dont le premier c est plus
court que le second g. Celui g descend jusqu'au niveau
a, a, du plat - bord de la chaudiere, comme on
peut voir Pl. V. Ces tuyaux ont au sommet chacun
une clé de robinet servant à éprouver à quelle hauteur
est la surface de l'eau dans l'alembic; par exemple,
si en les ouvrant, on s'apperçoit qu'ils donnent
tous deux de la vapeur, c'est une marque que l'eau
est trop basse; & au contraire, s'ils donnent tous
deux de l'eau, c'en est une qu'elle est trop haute:
mais si l'un donne de l'eau & l'autre de la vapeur,
alors la surface de l'eau est à une hauteur convenable,
ce qui arrive quand elle se rencontre à 4 & 5
pouces au - dessus du plat - bord, a, a, de la chaudiere: si l'eau sort par les tuyaux d'épreuve, cela vient
de ce que la vapeur faisant effort de toutes parts pour
s'échapper, presse la surface de l'eau dans laquelle le
tuyau trempe & l'oblige à monter comme dans les
pompes foulantes.
Art. 19. De quelle maniere on évacue la vapeur de
l'alembic pour arrêter la machine. Au chapiteau de l'alembic,
Pl. IV. est adapté un tuyau de plomb r, f, t,
que l'on nomme cheminée, dont l'extrémité t, qui
aboutit hors du bâtiment, est fermée d'une soupape
chargée de plomb, attachée à une corde qui passe sur
une poulie M. Ce tuyau qui a 4 pouces 4 lignes de
diametre, sert à évacuer la vapeur en ouvrant la
soupape lorsqu'on veut arrêter la machine, & à lui
donner une échappée lorsqu'elle acquiert assez de
force pour lever la soupape; autrement l'alembic
seroit en danger de crever.
Art. 20. Usage d'un réservoir provisionnel pour
fournir de l'eau à l'alembic. Il y a en - denors du bâtiment
deux murs, a b, fig. 1, 2, 3, Pl. I. & II.
de maçonnerie, sur lesquels est placé un réservoir
provisionnel V, fig. 3, & Pl. IV, fait de madriers
doublés de plomb; il contient 339 piés cubes
ou 42 [omission: formula; to see, consult fac-similé version] muids d'eau, que l'on entretient ordinairement
à cette quantité. Cette eau provient du superflu
de la cuvette q d'injection, qui descend par les
tuyaux cotés des lettres N S; ce réservoir est accompagné
d'un tuyau R T de 2 pouces 2 lignes de
diametre; il sert à introduire de l'eau dans l'alembic
par le moyen d'un robinet m, dont l'oeil a 2 pouces
2 lignes de diametre réduit; & on vuide ledit
alembic par le moyen d'un autre tuyau de cuivre
z W Q de 3 pouces 3 lignes de diametre, accompagné
du robinet W, dont l'oeil a 2 pouces de diametre
réduit. Ce tuyau passe sous le réservoir provisionnel.
Art. 21. De quelle maniere l'eau d'injection sort du
cylindre. On a dit (art. 9.) que le collet C N, Pl. IV.
facilite l'évacuation de l'eau d'injection qui tomboit
dans le cylindre; pour cela le collet est racordé
avec un tuyau de cuivre h, l, m, Pl. V. nommé rameau d'évacuation de 4 pouces 4 lignes de diametre,
qui va aboutir au fond d'une petite citerne n, dont
on voit le plan fig. 2, Pl. I. dans laquelle se décharge
environ les [omission: formula; to see, consult fac-similé version] de l'eau tiede d'injection: à ce
rameau il y a une soupape P dans la citerne suspendue
à un ressort de fer; cette soupape, qui est fermée
quand le piston descend, & qui est toûjours baignée
d'eau afin que l'air extérieur ne puisse y entrer,
est chargée de plomb, de maniere que le
poids de l'eau qui remplit le rameau d'évacuation
ne puisse lever à chaque injection la soupape, qu'il
ne soit aidé par la force de la vapeur. A la citerne il
y a une décharge P q, de superficie, représentée
fig. 2, Pl. I.
Art. 22. Une partie de l'eau d'injection passe dans
l'alembic pour suppléer au déchet que cause la vapeur.
L'on remarquera que le godet a, Pl. V. communique
par un tuyau horisontal à un autre tuyau de cuivre
i k, nommé tuyau nourricier, de 2 pouces 2 lignes
de diametre sur 8 piés 6 pouces de hauteur, dont une
partie trempe dans l'eau de l'alembic jusqu'à 15 pouces
du fond, & l'autre partie saillie de 2 piés 10 pouces
en - dehors; l'on saura que [omission: formula; to see, consult fac-similé version] qui nous reste de
l'eau d'injection, & qui sort tiede du cylindre, vient
remplacer par ce tuyau le déchet que cause la vapeur
à l'eau de l'alembic, qui se trouve par là toûjours
entretenue à la même hauteur.
Art. 23. Description du tuyau nourricier. Ayant
dit (art. 18.) que la force de la vapeur faisoit monter
l'eau bouillante dans des tuyaux d'épreuves lorsqu'ils y trempoient, l'on voit que la même cause
doit aussi la faire monter dans le tuyau nourricier
i k, puisqu'il est ouvert par les deux bouts; & à
un pouce au - dessus du plat - bord a, a, il y a un trou
à l'endroit m, par où monte l'eau bouillante, qui
fait voir qu'il faut en remettre dans la chaudiere
pour conserver le plat - bord: l'eau monte jusqu'à un
certain point où la vapeur la soûtient en équilibre
[p. 606]
avec le poids de la colonne d'air qui est opposé.
Art. 24. De quelle maniere se font les opérations des
articles 22 & 23. L'action de la vapeur ne pouvant
pousser de bas en haut le piston avec une force capable
de surmonter le poids de la colonne d'air dont
il est chargé, sans presser de haut en bas avec la
même force, la surface de l'eau qui est tombée dans
le fond du cylindre; cette eau qui est refoulée dans
les deux rameaux, de maniere que celui d'évacuation
h, l, m, en reçoit les [omission: formula; to see, consult fac-similé version] (art. 21) & l'autre passe [omission: formula; to see, consult fac-similé version]
par le collet Z, a, & le tuyau horisontal dans le
tuyau nourricier, on elle contraint l'eau chaude qui
s'y trouve de descendre pour en occuper la place,
jusqu'à l'instant que renouvellant les opérations, elle
l'obligera de passer à son tour au fond de l'alembic.
Art. 25. Détail des pieces qui font joüer le régulateur. Ces pieces sont représentées au plan fig. V.
Pl. II. & en perspective, fig. 20, Pl. VI. où l'on voit
deux poteaux d d, soûtenant un essieu, e, h, sur lequel
passent les anneaux d'un étrier 1, 2, 3, 4. Cet
étrier est traversé par un boulon 4, autour duquel
joue une fourche 55, dont la queue A aboutit à la
clé B du régulateur (art. 15.). Au même essieu est
fixé une patte c e 6 à deux griffes, & dont la partie e
sert de manche au marteau ou poids 6. Les 2 griffes
embrassent le boulon 4 de l'étrier: sur le même axe
sont encore deux branches de fer 7, 8, 9. Dans
la situation que l'on voit ces attirails, le régulateur
est ouvert; il produit des vapeurs dans le cylindre
sous le piston, & le robinet P d'injection est fermé.
Art. 26. De quelle maniere le chevron pendant fait
agir le régulateur & le robinet d'injection. On a dit
(art. 1.) que la chaîne l m attachée à une des jantes
du balancier, portoit une coulisse m a, qui n'est autre
chose qu'un chevron pendant de 16 piés 6 pouces de
longueur, ayant une fente dans le milieu. Cette coulisse
dont on voit une portion X Y, fig. 20. joue de
même sens que le piston, & sert à communiquer le
mouvement au régulateur & au robinet d'injection,
elle enfile sur le rez - de - chaussée du premier étage un
bout de madrier z de 3 piés 6 pouc. de longueur, sur
14 pouces de large & 4 d'épaisseur, qui la maintient
toujours verticale en montant ou en descendant dans
le trou C, pratiqué au - dessous de sa direction, comme
on peut voir dans la Planche IV.
Art. 27. De quelle maniere le mouvement se communique
au régulateur. La fente de la coulisse fig. 20,
Pl. VI. est traversée d'un boulon revêtu de plusieurs
morceaux de cuir, au - dessus duquel vient se rendre
par intervalle la branche 8, 9. A l'instant que le
piston étant parvenu au bas du cylindre, le régulateur
s'ouvre pour laisser passer la vapeur, alors le
balancier éleve la coulisse X Y, le boulon fait monter
l'extrémité 9 de cette branche, par conséquent
fait tourner l'essieu qui releve le poids 6, & pendant
ce tems - là l'étrier reste immobile, à cause de l'intervalle
qui est entre les griffes; mais aussi - tôt que le
poids 6 a passé le vertical, il imprime en tombant
du côté du cylindre une force à une des griffes qui
frappe le boulon 4, le chasse, & l'étrier en arriere,
& par conséquent la manivelle B ferme alors le régulateur
quand la coulisse monte, elle entraîne avec
elle la branche 8, 9, qui fait tourner l'essieu. L'essieu
en tournant & la chûte du poids 6, font monter aussi
l'autre branche 8, 7. Peu après cette coulisse venant
à descendre, une cheville % attachée à une de
ses faces, ramene la branche 8, 9, qui fait tourner
l'essieu & releve le poids 6, qui tombe ensuite de la
gauche à la droite; l'autre griffe pousse en avant l'étrier
qui étoit resté immobile pendant la descente de
la coulisse, alors la manivelle ouvre le régulateur:
les chûtes du marteau 6 sont limitées de part & d'autres
par des cordes attachées aux parties fixes du bâtiment
dans lequel la machine est renfermée.
Art. 28. Dètail des pieces qui appartiennent au robinet
d'injection. La clé du robinet d'injection P,
fig. 20, Pl. VI. & Pl. IV. est en forme d'une patte
d'écrevisse ou de fourche, dans laquelle agit une broche
de fer m, qui la frappe par un mouvement de
vibration, tantôt d'un sens & tantôt de l'autre, pour
ouvrir & fermer le passage de l'eau de la cuvette q
dont on a parlé. Cette broche M attachée à l'essieu
d'un levier n o, sur lequel se meut un marteau K
échancré par - dessus, pour s'accrocher par intervalle
dans une coche pratiquée à un morceau de bois T V,
nommé décliq, qui passe au - travers d'une fente pratiquée
au poteau pendant, l'extrémité T est mobile
autour d'un boulon, & l'autre V baisse & hausse suivant
le mouvement de la coulisse X Y.
Art. 29. Explication du mouvement qui fait agir le
robinet d'injection. On saura qu'à l'une des faces de la
coulisse opposée à celle dont on vient de parler (art.
27.), est aussi attachée une cheville qui soûleve le
décliq T V, lorsque la coulisse est parvenue à sa plus
haute élevation; alors le marteau R cessant d'etre
sotitenu, tombe avec violence sur le levier ou broche
m, & agit contre une des branches de la fourche
qui forme la clé; ce qui ouvre le robinet P d'injection.
Pendant que l'eau jaillit dans le cylindre court
(fig. 4.), le marteau repose sur une piece de bois,
après avoir décrit une courbe R P. Après cette opération,
la coulisse X Y redescend; & la cheville qui
a levé le décliq, rencontrant en chemin le levier
n S, l'oblige de descendre pour relever le marteau
R, & le remettre dans sa premiere situation. Cola
ne se peut faire sans que la broche m ne pousse enavant
l'autre patte de la clé du robinet, pour la ramener
d'où elle étoit partie. Le robinet d'injection
se referme donc jusqu'au moment où la coulisse remontant
de nouveau, recommence la premiere manoeuvre
pour faire ouvrir ledit robinet d'injection.
Art. 30. Conclusion sur le jeu du régulateur, & celai
du robinet d'injection. Il suit de ce qu'on vient
d'exposer, que la coulisse descendant, elle ferme le
robinet d'injection immédiatement après le régulateur,
dans l'instant qu'elle est parvenue au plus bas;
& qu'au contraire lorsqu'elle est montée au plus
haut, le robinet d'injection s'ouvre, & le régulateur
se ferme: ainsi ces deux effets, quoique contraires,
entretiennent toûjours la machine dans un mouvement
régulier, lorsque la chaleur du fourneau est
uniforme, & que toutes les autres pieces de la machine
agissent comme il faut.
Il faut remarquer que l'on rend le jeu du régulateur
& celui du robinet d'injection plus ou moins
prompts, selon que les chevilles qui accompagnent
la coulisse X Y sont placées plus ou moins hautes.
Dans la situation où est la machine aujourd'hui, elle
a six piés de levée (art. 3.); & si on vouloit lui en
donner moins, il faudroit placer une autre cheville
plus haut que celle qui fait agir le régulateur, & la
charger de cuir (art. 27.): alors la machine auroit
moins de levée; & le régulateur étant ouvert produiroit
plus de vapeur. La raison en est claire, car alors
le mouvement seroit moins accéleré; & qu'au contraire
si on lui donne plus d'injection, il faudroit placer
une autre cheville plus haut que celle qui leve
le décliq: alors le mouvement de la machine seroit
plus accéleré, & par conséquent produiroit plus
d'injection.
Art. 31. Explication de la manoeuvre que l'on exécute
pour commencer à faire joüer la machine. Pour
donner le premier mouvement à la machine, l'on
commence par remplir d'eau la chaudiere (art. 20.);
ensuite on allume le feu, & on laisse couler l'eau
dans la coupe (art. 11.) Immédiatement après, celui
qui dirige la machine, vient voir dans quelle situation
est le régulateur, afin de l'ouvrir s'il étoit fer<pb->
[p. 607]
mé; ayant la facilité, à l'aide d'une manivelle, de
donner à l'essieu le même mouvement que lui imprime
la coulisse. La vapeur entre dans le cylindre, en
chasse l'air, & échauffe l'eau qui est au - dessus du
piston, que l'on fait couler dans le godet, pour remplir
les tuyaux par lesquels se décharge l'eau d'injection
(art. 21.) Pendant cette manoeuvre, la machine
reste en repos jusqu'au moment qu'elle donne
le signal pour avertir qu'il est tems de la faire joüer;
ce qui s'éprouve lorsque la vapeur ayant acquis assez
de force pour ouvrir la soupape qui fermoit sa cheminée
(art. 19.), en sort avec détonation. Aussi - tôt
le directeur de la machine, qui attend ce moment,
prend de la main droite la queue du marteau (art.
29.), de la gauche la branche (art. 27.); ferme le
régulateur, & un instant après ouvre le robinet d'injection
qui fait descendre le piston. Ensuite le régulateur
s'ouvre de lui - même, & la machine continue
de joüer, sans qu'on y touche, par un effet alternatif
de vapeur & d'injection d'eau froide, secondé du
poids de l'atmosphere.
Art. 32. Le mouvement de la machine doit être réglé
de maniere qu'elle produise quatorze impulsions par minute. Quand le mouvement de la machine est bien
réglé, elle produit ordinairement quatorze impulsions
par minute, ainsi qu'on l'a observé; & dans
un cas forcé, on peut en donner jusqu'à 16 & 17.
On a aussi observé que le piston mettoit un peu plus
de tems à monter qu'à descendre.
Art. 33. Conjecture sur la maniere dont se forme la
vapeur. Il faut considérer que le feu, qui est une matiere
subtile, pénetre le fond de l'alembic, passe autravers
de ses pores, met les parties de l'eau dans
une extrème agitation; & comme cette matiere ne
cherche qu'à s'étendre pour se mouvoir avec plus de
liberté, elle s'éleve au - dessus de l'eau, dont elle entraîne
les parcelles les plus déliées en une quantité
prodigieuse, qui font effort de toutes parts pour s'échapper,
avec une force qui devient supérieure à
celle du poids de l'air; & quand le régulateur vient
à s'ouvrir, elle entre avec impétuosité dans le cylindre,
pousse le piston devant elle, jusqu'à l'instant
où l'injection d'eau froide condense cette vapeur &
anéantisse sa force: alors elle retombe en eau. Ainsi
l'on voit que le jeu de cette machine dépend de l'effet
alternatif de l'eau chaude & de l'eau froide, joint
à l'action de l'atmosphere; le cylindre reste vuide,
& donne lieu au poids de l'atmosphere de ramener
le piston: ainsi l'on voit que dans l'espace d'environ
deux secondes que dure l'injection des huit pintes
d'eau froide (art. 11.), il se condense environ 4 [omission: formula; to see, consult fac-similé version] muid
de vapeur; & pendant ce tems - là il s'en forme une
assez grande quantité pour relever le piston de nouveau,
aussi - tôt que le régulateur lui en laisse la liberté.
On a dit (art. 24.) que quand la vapeur entre
dans le cylindre, elle refoule l'eau qui se trouve au
fond, & en fait passer environ six pintes dans le rameau
d'évacuation (art. 21.), & deux dans l'alembic
par le tuyau nourricier (art. 22.), suivant l'expérience
que j'en ai faite.
Art. 34. Expérience de M. Desaguliers sur la force
de la vapeur de l'eau bouillante. M. Desaguliers, qui
a fait beaucoup d'expériences sur la machine à feu,
dit que la force de la vapeur dans le cylindre, ne
surpassoit jamais d'un [omission: formula; to see, consult fac-similé version] la résistance de l'air extérieur,
& n'y étoit jamais d'un [omission: formula; to see, consult fac-similé version] plus foible; mais entre ces
deux termes cette force change continuellement,
selon que le piston est plus ou moins élevé, c'est - à - dire selon que l'espace est plus ou moins grand. Il
prétend aussi que la vapeur de l'eau bouillante est
environ 14000 fois plus rare que l'eau froide; & qu'alors
elle est aussi forte par son ressort que l'air commun,
quoique 16 fois plus rare. Voyez Eau.
Art. 35. Expérience faite sur la quantité de charbon
de tèrre ou de bois nécessaire pour l'entretien du fourneau
pendant 24 heures. Le fourneau consume en 24 heures
6 muids de charbon de terre, contenant chacun 13
piés cubes, ou deux cordes de bois chacune de 7 piés
7 pouces de longueur sur autant de hauteur, & 3
piés 3 pouces de largeur.
On observe que deux hommes suffisent pour veiller
autour de la machine. Il y a un chef qui fait manoeuvrer
ladite machine, & un second qui a soin de
faire le feu au fourneau.
Art. 36. Quand la machine produit 14 impulsions
par minute, elle épuise 255 muids d'eau par heure: élevée à 242 piés de hauteur. On a dit (art. 32.) que la
machine produisoit 14 impulsions par minute, lorsque
le mouvement est bien réglé. L'on voit que dans
le même tems elle épuise une colonne d'eau de 112
piés de hauteur sur 8 pouces 3 lig. de diametre, ou
85 pintes par chaque impulsion; & qu'à cause de 14
qu'elle donne dans une minute, elle produit 1190 pintes
d'eau: partant dans une heure elle produit 71400
pintes, ou 255 muids d'eau, le muid contenant 8 piés
cubes, ou 280 pintes mesure de Paris.
Art. 37. Calcul de la puissance qui fait agir cette
machine. Pour insinuer de quelle maniere l'on doit
faire le calcul de cette machine, il faut considérer
que le diametre du piston étant de 30 pouces 6 lig.
(art. 6.), sa superficie sera d'environ 5 [omission: formula; to see, consult fac-similé version] pié quarié,
qu'il faut multiplier par 2205 lignes, pesanteur
d'une colonne d'air d'un pié quarré de base, sur 31
[omission: formula; to see, consult fac-similé version] piés de hauteur. Il viendra 11392 [omission: formula; to see, consult fac-similé version] liv. pour l'action
de l'air extérieur sur le piston, & par conséquent
pour la force de la puissance motrice.
Art. 38. Remarque essentielle pour calculer l'effort de
la puissance qui fait agir les pompes. La force de la puissance
qui aspire l'eau dans une pompe, doit être au
moins égale au poids de la colonne d'eau qui auroit
pour base le cercle du piston, & pour hauteur la
distance du puisart au piston, losqu'il est parvenu
dans sa plus haute élevation. A quoi il faut ajoûter
le poids de l'eau dont le piston est surmonté lorsqu'il
s'éleve au - dessus du terme de l'aspiration pour la
dégorger dans les bâches. Si l'on considere les choses
avec attention, on verra que quelle que soit la grosseur
du tuyau d'aspiration, la puissance qui éleve le
piston, soûtiendra toûjours le même poids, dans quelques
dispositions que soient ses parties, posées contre
un plan vertical, ou sur un plan incliné; que la
puissance appliquée au piston d'un diametre égal,
plus grand ou plus petit que le fond du tuyau, il
sera toûjours chargé du poids d'une colonne d'eau
qui auroit pour base le cercle du piston, & pour
hauteur celui du niveau de l'eau au - dessus du même
piston.
Art. 39. Calculer la puissance ou le poids de la colonne
d'eau des pompes aspirantes. Les pompes aspirantes
élevant ensemble une colonne d'eau de 242
piés de hauteur sur 8 pouces 3 lig. de diametre, l'on
trouvera que cette colonne pese 6290 [omission: formula; to see, consult fac-similé version] l. La pompe
de la bâche faisant monter l'eau à 36 piés de hauteur
(art. 2.), le diametre de son piston n'est que de 4
pouces 2 l. Le poids de la colonne d'eau qu'elle refoule,
est de 237 [omission: formula; to see, consult fac-similé version] l. qui étant ajoûtés à 6290 [omission: formula; to see, consult fac-similé version] l. il
viendra 6527 [omission: formula; to see, consult fac-similé version] l. à quoi il faut encore ajoûter le
poids des attirails qui répond au puits, que j'estime
d'envirou 3000 l. ainsi la puissance aura à surmonter
une résistance d'environ 9527 [omission: formula; to see, consult fac-similé version] l. & comme
cette puissance a été trouvée de 11392 [omission: formula; to see, consult fac-similé version] l. (art. 37.),
elle sera donc supérieure de 1864 [omission: formula; to see, consult fac-similé version] l. au poids qu'elle
doit enlever.
Art. 40. La puissance doit être au poids comme 6 à
5, pour prévenir tout inconvénient. On remarquera
que cette supériorité de la puissance sur le poids,
doit être au moins dans le rapport de 6 à 5; elle est
nécessaire, non - seulement pour rompre l'équilibre,
[p. 608]
mais encore parce que le piston n'est point chassé
tout - à - fait par la pesanteur absolue de l'air, puisqu'il
fuit & se dérobe en partie à son impression; & que
d'ailleurs il ne faut pas compter que quand le piston
descend, le cylindre soit entierement privé d'air
grossier, puisque l'eau d'injection en entraîne toûjours
une certaine quantité, qui se trouvant renfermée
dans un plus petit espace à mesure que le piston descend,
pourroit acquérir une force de ressort assez
sensible pour lui résister.
Art. 41. Cette machine peut aussi servir à élever
l'eau aussi haut que l'on voudra au - dessus de l'horison.
On remarquera que si l'on avoit à élever l'eau d'une
source à une hauteur considérable au - dessus de l'horison
dans des tuyaux posés verticalement, ou sur
un plan incliné, on pourroit se servir de la même
machine, en disposant des pompes aspirantes & refoulantes,
de la maniere la plus convenable, suivant
la situation des lieux.
Art. 42. La théorie des machines à feu, à l'égard
de leurs effets, est la même que celle des pompes mûes par
un courant. Il faut remarquer que lorsqu'un fluide
fait mouvoir des pompes à l'aide d'une machine où
le bras du levier du poids est égal à celui de la puissance,
il arrivera toûjours que la superficie du piston,
celle d'une des aubes, la chûte capable de la
vitesse respective du fluide, & la hauteur où l'on
veut élever l'eau, composeront quatre termes réciproquement
proportionnels. L'on verra que cette
regle pourroit s'appliquer aux machines à feu, si l'on
pouvoit faire abstraction du poids des attirails & de
la pompe refoulante qui est dans la bâche supérieure;
car l'on peut regarder la superficie du piston qui
joue dans le cylindre, comme celle d'une aube,
c'est - à - dire le poids de la colonne d'air, ou celui
d'une colonne d'eau de 31 [omission: formula; to see, consult fac-similé version] piés de hauteur (article
37.), comme la force absolue du fluide, qu'il faut
multiplier par [omission: formula; to see, consult fac-similé version] pour avoir la force relative (article 40.): alors le produit du quarré du dlametre
du grand piston, par la hauteur réduite de la colonne
équivalente au poids de l'atmosphere, seroit égal au
produit du quarré du diametre du petit piston qui
doit aspirer ou refouler l'eau; & par la hauteur où
elle doit être élevée, il arriveroit que si le tourillon
n'étoit pas au centre, c'est - à - dire dans le milieu du
balancier, il faudroit que ces deux produits fussent
dans la raison réciproque du bras du levier du grand
& du petit piston, suivant le principe de la méchanique.
Nous supposerons que la valeur de toutes les
lignes que nous allons désigner par des lettres, seront
exprimées en piés ou fractions de piés.
Art. 43. Formule générale pour déterminer les dimensions
des principales parties des machines à feu. Je
nomme P le poids du grand piston, D son diametre
ou celui du cylindre, & a son bras de levier, p le
poids des attirails qui répondent au petit piston, d
son diametre, & b son bras de levier, h hauteur où
l'eau doit être élevée, ou profondeur du puits, C
poids de la colonne d'eau que la pompe de la bâche
supérieure doit refouler, y compris le poids des attirails
de son piston, e son bras de levier, f poids de
la coulisse, & i son bras de levier. On prendra la
superficie du cercle du grand piston; on la multipliera
par 2205 (art. 37.), & l'on aura l'action de
l'air extérieur sur le piston, ou la force de la puissance
motrice qu'il faut multiplier par [omission: formula; to see, consult fac-similé version], y ajoûter
ensuite P, & multiplier le tout par le bras de
levier a, puis ajoûter au produit le poids de la
coulisse multiplié par son bras de levier, l'on aura
une expression de l'action de la puissance autour du
cylindre; ensuite on cherchera la superficie du cercle
du petit piston qu'on multipliera par la hauteur
h du puits, & l'on aura l'expression du volume de
la colonne d'eau qu'il faut aspirer ou refouler; &
pour en avoir le poids, on multipliera par 70 liv,
pesanteur d'un pié cube d'eau; on ajoûtera au produit
le poids des attirails, multipliant cette quantité
par son bras de levier b, à quoi il faudra encore
ajoûter le produit du poids de la colonne d'eau de la
bâche supérieure ou de la pompe refoulante par son
bras de levier, & l'on aura l'action de la puissance
autour du puits; égalant les deux actions, on aura
la formule générale pour la machine à feu. A l'égard
des frotemens, comme leur résistance dans cette machine
est presque insensible, n'ayant guere lieu qu'aux
tourillons du balancier, dont le rayon est extrèmement
petit par rapport au bras du levier de la
puissance; on les regarde comme nuls, pour ne
point trop composer la formule.
Art. 44. L'on peut rendre la formule plus simple
dans le cas où l'on veut en faire usage. Je considere
que parmi les grandeurs qui composent la formule
ci - dessus, il y en a plusieurs qui sont déterminées
par la disposition qu'il faudra donner à la machine;
par exemple, l'on connoîtra toûjours le bras du levier
& le poids de la colonne d'eau qu'il faudra élever dans la cuvette d'injection, par la disposition des
tourillons du balancier, & par conséquent le rapport
des deux bras du levier, le poids des attirails
des pompes aspirantes ayant déterminé la profondeur
du puits, la pesanteur du grand piston & celle
de la coulisse; c'est - à - dire qu'il faut supprimer de la
formule ci - dessus la pesanteur du grand piston, le
produit du poids de la coulisse par son bras de levier: si on soustrait d'abord le poids des attirails pour
avantager la puissance agissante, il est aussi naturel
de placer les tourillons dans le milieu du balancier,
à moins qu'on ne soit contraint d'en user autrement
pour rendre le bras de levier de la puissance plus
grande que celui du poids, & il ne restera plus dans
la formule que les trois grandeurs D, d & h, qui sont
sujettes à varier.
Art. 45. Connoissant le diametre du piston des pompes,
& la hauteur où l'on veut enlever l'eau, c'est - à - dire
la profondeur du puits, trouver le diametre du cylindre.
On a déterminé le diametre des pompes (art. 43.),
afin que la machine puisse fournir une certaine quantité
d'eau proportionnée à la relevée du piston, &
au nombre des impulsions par minute. Par le même
article, on a aussi déterminé la profondeur du puits;
il ne s'agit, pour connoître le diametre du cylindre,
qu'à supposer D=x & D2=x2, & dégager cette
inconnue. Voyez Equation.
Art. 46. Connoissant la hauteur où l'on doit élever
l'eau, ou la profondeur du puits, & le diametre du cyliudre,
trouver le diametre du piston des pompes. Pour
connoître le diametre du piston des pompes, on suppose
que le diametre du cylindre est déterminé de
même que la profondeur du puits où l'on veut faire
monter l'eau, ou la refoulant sur une éminence. Pour
cela, il faut supposer d=x & d2=x2 en la place
de d2, & résoudre l'équation.
Art. 47. Connoissant le diametre du cylindre & celui
des pompes, trouver la hauteur où l'on veut enlever
l'eau, ou la profondeur du puits. Pour connoître la
profondeur du puits, on suppose que le diametre du
cylindre est déterminé de même que celui du piston
des pompes, qui doit aspirer ou refouler l'eau; il
faut supposer h=x, & en la place de h, il faut mettre
sa valeur qui est x dans la formule générale.
Dépense de la machine à feu, telle qu'elle est dans nos
Planches. La machine à feu du bois de Bossu, est la
plus parfaite que nous ayons dans les environs. Ceux
qui en ont fait la dépense, m'ont dit qu'elle leur
avoit coûté, y compris le bâtiment dans lequel
cette machine doit être renfermée, environ trente
mille livres, ci . . . . . . . . . 30000 liv.
[p. 609]
Le puits dans lequel doivent être montés
les pompes, les bois pour garnir les
parois, & ceux pour soûtenir & entretenir
les - pompes, y compris la maind'oeuvre, a coûté environ vingt - cinq
mille livres, ci . . . . . . . . . 25000
Total . . . . . . . . . 55000 liv.
On observe que la dépense d'une semblable machine
à feu, paroit coûter environ cinquante - cinq mille
livres, & c'est suivant que le puits est plus ou moins
profond, & que la nature du terrein peut permettre
de creuser le puits de la profondeur proposée.
Le jeu de cette machine est très - extraordinaire,
& s'il falloit ajoûter foi au système de Descartes,
qui regarde les machines comme des animaux, il
faudroit convenir que l'homme auroit imité de fort
près le Créateur, dans la construction de la pompe
à feu, qui doit être aux yeux de tout cartésien conséquent,
une espece d'animal vivant, aspirant, agissant,
se mouvant de lui - même par le moyen de l'air, &
tant qu'il y a de la chaleur.
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