ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"655"> le pédicule, ce retournement s'opere encore souvent sans que le pédicule y ait aucune part. Enfin les feuilles ont la propriété de se retourner, quoiqu'elles soient séparées de la plante; cette même propriété se manifeste aussi dans des portions de feuilles coupées à volonté; est - ce la lumiere, la chaleur, la communication de l'air extérieur qui opere ce retournement? on ne peut encore offrir là - dessus que des conjectures, & d'autant mieux que les feuilles se retournent dans l'eau comme dans l'air.

L'inspection des feuilles au microscope nous offre le spectacle de mille autres beautés frappantes que l'oeil nud ne peut appercevoir: vous en serez convaincu par la lecture des observations microscopiques de Bakker. La feuille de rose, par exemple, en particulier de certaines roses, est toute diaprée d'argent sur sa surface externe. Celle de sauge offre une étoffe raboteuse, mais entierement formée de touffes & de noeuds aussi brillans que le crystal. La surface supérieure de la mercurielle est un vrai parquetage argentin, & ses côtes un tissu de perles rondes & transparentes, attachées en maniere de grappes, par des queues très - fines & très - déliées. Les feuilles de rue sont criblées de trous semblables à ceux d'un rayon de miel; d'autres feuilles présentent comme autant d'étoffes ou de velours raz de diverses couleurs. Mais que dirai - je de la quantité presque innombrable de pores de certaines feuilles? Leuwenkoek en a compté plus de 162 mille sur un seul côté d'une feuille de buis. Quant aux singularités de la feuille d'ortie piquante dont nous devons la connoissance au microscope, voyez Ortie.

L'industrie des hommes est parvenue à disséquer les feuilles supérieurement. L'on fait aujourd'hui par art des squelettes de feuilles beaucoup plus parfaits que ceux que nous fournissent les insectes, si vantés dans ce travail par quelques naturalistes. Severinus est un des premiers qui ait montré l'exemple, quoique seulement sur un petit nombre de feuilles. Mais de nos jours Musschenbroek, Kundman, & autres, ont poussé le succès jusqu'à faire des squelettes de toutes sortes de feuilles. Voyez aussi les observations & expériences de Thummingius sur l'anatomie des feuilles dans le journal de Leipsick, ann. 1722. page 24.

Enfin Boyle, car il faut finir, a indiqué un moyen de prendre l'empreinte grossiere de la figure des feuilles de toutes sortes de plantes. Noircissez une feuille quelconque à la fumée de quelque résine, du camphre, d'une chandelle, &c. Ensuite après avoir noirci cette feuille suffisamment, mettez - la en presse entre deux papiers brouillards, par exemple deux papiers de la Chine, & vous aurez l'exacte étendue, figure, & ramifications des fibres de votre feuille. Voyez Boyle's Works Abridg'd, vol. I. page 132. Cette méthode néanmoins ne peut guere être d'usage qu'à ceux qui ne savent pas dessiner, & l'empreinte s'efface très - aisément en tout ou en partie.

Au reste, on s'appercevra par les détails qu'on vient de lire, qu'un sujet de Physique, quelque stérile qu'il paroisse, devient fécond en découvertes à mesure qu'on l'approfondit; mais ce n'est pas à moi qu'appartient cet honneur; il est dû sur cette matiere aux Grew, aux Malpighi, aux Hales, aux Bonnet, & à ceux qui les imiteront. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Feuilles (Page 6:655)

Feuilles, (Econom. rustique.) On tire dans l'économie rustique d'assez grands avantages des feuilles d'arbres ou d'arbrisseaux; par exemple, les feuilles d'ormes & de vignes cueillies vertes, se donnent en nourriture aux bêtes à cornes dans les pays où les pâturages manquent. Les feuilles de mûrier servent à nourrir les vers à soie, mais il faut prendre garde de ne pas trop effeuiller cet arbre; car si l'on dépouilloit sa tige par le bas, on risqueroit de le faire périr. Les feuilles tombées & rassemblées en monceaux, fournissent un excellent fumier pour fertiliser les terres. Enfin on pourra dans la suite tourner les feuilles d'arbres, du moins celles de certains arbres étrangers, à plusieurs usages qui nous sont encore inconnus, & dont on devra la découverte au tems, au hasard, à la nécessité, ou si l'on veut à l'industrie. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Feuille ambulante (Page 6:655)

Feuille ambulante, (Hist. des Insectes.) nom d'un insecte aîlé des Indes, sur lequel par malheur les observations fideles nous manquent encore. Les aîles de cet insecte ressemblent assez bien par leur forme, leurs nervûres, & leur couleur, à des feuilles d'arbres. Quelques - uns ont les aîles d'un verd naissant, d'autres d'un verd foncé, & d'autres les ont feuille morte. Mais on assûre de plus, que leurs aîles sont de la premiere couleur au printems, de la seconde en été, & de la troisieme vers la fin de l'autonne; qu'ensuite elles tombent, que l'insecte reste sans aîles pendant tout l'hyver, & qu'elles repoussent au printems suivant. Si tous ces faits étoient véritables, cet insecte seroit bien singulier, & peut - être unique en son genre, car on n'en connoît point dont les aîles soient sujettes à de pareilles vicissitudes; mais il est très - permis de se défier d'un rapport si singulierement marqué, & vraissemblablement imaginé, entre les aîles d'un insecte étranger & les feuilles de la plûpart de nos arbres. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Feuilles séminales (Page 6:655)

Feuilles séminales, (Botan.) en latin folia seminalia. On entend par feuilles séminales, deux feuilles simples, douces, non partagées, qui sortent les premieres de la plus grande partie de toutes les graines qu'on a semées.

En effet, quand le germe de la plante a percé l'air de sa pointe, les deux bouts de la fine pellicule qui couvre la pulpe de la graine, étant d'un tissu moins nourri que la tige, s'abaissent peu - à - peu de côté & d'autre, sous la forme de deux petites feuilles vertes, nommées feuilles séminales, ou fausses feuilles, qui sont différentes en grosseur, figure, surface, & position, de celles de la plante qui leur succéderont. Il faut donc les bien distinguer du feuillage que la plante produira par la suite; car l'épiderme des deux lobes venant à se sécher, ses deux premieres feuilles qui ne sont que les deux bouts de l'épidérme, se sechent de même par une suite nécessaire, tombent, & disparoissent. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Feuille - Indienne (Page 6:655)

Feuille - Indienne, (Mat. med. & Pharmacie.) Voyez Malabatre.

Feuille de Myrte (Page 6:655)

Feuille de Myrte, instrument de Chirurgie, espece de spatule, dont l'extrémité terminée en pointe, le fait ressembler à la feuille de l'arbrisseau dont il porte le nom. L'usage de cet instrument est de nettoyer les bords des plaies & des ulceres, & d'en ôter les ordures que le pus, les onguens, les emplâtres ou autres topiques peuvent y laisser. Cet instrument est ordinairement doubie; parce qu'on fait de l'extrémité qui sert de manche, une pince propre à disséquer & à panser les plaies & les ulceres; ou une petite cuillere pour tirer les balles & autres petits corps étrangers; ou elle est creusée en gouttiere, & forme une sonde cannelée. Comme la feuille de myrte dont le manche est terminé par une pincette, est la plus difficile à construire & la plus recherchée, c'est celle dont je vais faire la description d'après M. de Garengeot, dans son traité des instrumens de Chirurgie.

Pour fabriquer cet instrument, les ouvriers prennent deux morceaux de fer plat, longs d'environ six pouces, & larges d'un travers de doigt; ils les façonnent un peu, & les ayant ajustés l'un sur l'autre, [p. 656] ils en mettent un bout dans le feu, afin de le souder de la longueur de deux pouces & quelques lignes; cet endroit soudé reçoit sous le marteau la figure d'une feuille de myrte, en le rendant comme elle large par son milieu, & le diminuant par ses deux extrémités. Il est plat d'un côté, & de l'autre il a une vive - arrête faite à la lime, qui de sa base se continue jusqu'à la pointe. Les côtés de la vive - arrête vont en arrondissant se terminer à deux tranchans fort mousses, qui font les parties latérales de la feuille de myrte. On observe que la longueur de cette premiere partie de l'instrument n'excede pas deux pouces, ni sa largeur cinq lignes; & on lui donne une douce courbure, dont la convexité regarde le côté plane, & la cavité presque insensible, le côté de la vive - arrête.

La seconde partie de la feuille de myrte, & qui lui sert de manche, est une pincette formée par les deux morceaux de fer appliqués l'un contre l'autre, & qui ne sont soudés qu'à l'endroit qui caractérise la feuille de myrte. Ces deux morceaux de fer vont en diminuant jusqu'à leur extrémité, & sont limés d'une maniere à les rendre élastiques: ils s'écartent l'un de l'autre par leur propre ressort, qui est encore augmenté par une courburé qu'on donne à chaque branche de la pincette, à l'extrémité intérieure desquelles on a fait des rainures transversales, pour que l'instrument serre plus exactement. Cet instrument est gravé à la Planche I. fig. 3. Il doit avoir cinq pouces quatre ou cinq lignes de long, & les branches, deux à trois lignes de large. (Y)

Feuille de sauge (Page 6:656)

Feuille de sauge, (Manege, Maréch.) instrument de maréchallerie. Sorte de bistouri dont la forme indique les usages, & auquel nous avons recours lorsqu'il s'agit dans des parties caves & profondes, de couper & d'enlever des chairs superflues, de quelque espece qu'elles puissent être.

La longueur de la lame est d'environ trois pouces. Celle du manche qui lui est adapté par soie ou par quelqu'autre monture fixe, est à - peu - près la même. Cette même lame est pointue; elle a deux tranchans bombés également en - dedans & en - dehors; elle est recourbée sur plat, dès le tiers de sa longueur, à compter depuis le manche, suivant la même courbe que celle du bombement de ses tranchans. Cette courbe est l'arc d'un cercle d'environ cinq pouces de rayon. La plus grande largeur de la lame se rencontre à la naissance de la courbure, & ne passe pas huit lignes. Sa surface concave, relativement à sa courbure sur plat, est divisée en deux pans égaux & semblables, depuis le manche jusqu'à la pointe, par une arrête formée par la naissance des deux biseaux qui constituent les tranchans de droite & de gauche. Cette arrête près du manche, a un peu plus d'une ligne de hauteur perpendiculaire, & là se rencontre la plus grande épaisseur de la lame, qui va constamment en décroissant insensiblement jusqu'à sa pointe. Sa surface convexe, toûjours relativement à sa courbure sur plat, est droite dans le sens de sa largeur, ou plûtôt un peu - creusée par la rondeur de la meule. Quant aux côtés, ce n'est que depuis le milieu jusqu'à l'extrémité de la lame, qu'ils sont ordinairement affilés & réellement tranchans. (e)

Feuille de Scie (Page 6:656)

Feuille de Scie, en Blason, signifie une piece de l'écusson, comme fasce, pal, ou autre semblable, qui est édentée seulement d'un côté; ainsi nommée, parce qu'elle ressemble à une scie, comme l'explique le mot françois.

Feuille (Page 6:656)

Feuille, (Commerce.) signifie en termes de messageries & de voitures publiques, l'extrait ou duplicata des registres de voyage, que portent avec eux les Cochers, Charretiers & Voituriers, & qui leur tient lieu de lettres de voiture. On les appelle feuilles, parce que ces extraits sont écrits sur des feuilles volantes de papier. Elles doivent être toutes conformes aux registres, & porter la quantité, poids & qualité des marchandises, le nom & la qualité des personnes qui sont voiturées par les coches, carrosses, &c. C'est ordinairement sur ces feuilles que ceux à qui les ballots, marchandises & denrées sont adressés, mettent leur décharge au bas des articles qui les concernent, ce qu'on appelle décharger la feuille. Dictionn. de Comm. de Trév. & de Chambers. (G)

Feuilles (Page 6:656)

Feuilles, s. f. en Architecture, ornement de sculpture, imité de celle de chêne, de laurier, d'acanthe, de persil, &c. qui servent à la décoration des bâtimens tant intérieurs qu'extérieurs. Ces feuilles sont connues en général sous le nom de refend, parce qu'elles sont refendues & différentes de celles qu'on appelle feuilles d'eau, parce que ces dernieres ne sont qu'ondulées. Voyez l'article Sculpture. (P)

Feuille à dos (Page 6:656)

Feuille à dos, en terme de Brodeur au métier, ce sont des feuilles que le dessein représente à demi-pliées, & dont on ne voit que le dessous. Ces feuilles sont brodées pour l'ordinaire, d'un point fendu en commençant la nervure, comme dans les autres feuilles, & formant les nuances de la même maniere. V. Point fendu.

Feuille (Page 6:656)

Feuille, en terme d'Eventailliste, c'est une feuille de papier préparée pour recevoir la peinture & les autres ornemens dont on a coûtume de la décorer. Cette feuille est coupée de façon qu'elle forme un demi - cercle régulier. Voyez l'article Eventail, & les figures de l'éventailliste.

Feuille de Fer blanc (Page 6:656)

Feuille de Fer blanc, (Ferblantier.) c'est du fer réduit en feuille, & blanchi avec l'étain. Feuille de fer noir, c'est le même fer, qui n'a point été étamé. On l'appelle aussi de la tôle, quand on lui a laissé une certaine épaisseur.

Feuille de Refend (Page 6:656)

Feuille de Refend, (Jardinage.) est un double bec de corbin que l'on refend dans le milieu pour la variété, imitant les feuilles d'achante & de persil. (K)

Feuille (Page 6:656)

Feuille, (Marqueterie.) se dit de ces menues pieces de bois précieux & de diverses couleurs, que les Ebénistes ou Menuisiers de placage ont réduites en lames d'environ d'une ligne d'épaisseur, avec la scie à refendre. Voyez Marqueterie.

Feuille (Page 6:656)

Feuille à mettre sous les pierres, (Metteur - en - oeuvre.) C'est une feuille d'argent battu, mince à - peu - près comme une feuille de papier, & brunie ensuite d'un bruni extrèmement doux & vif: on met de cette feuille blanche sous les pierres blanches, pour y donner du brillant, & on teint cette même feuille de toutes couleurs, pour mettre sous les pierres de couleur; il y a un art à bien couper sa feuille, & à la bien disposer dans le chaton; car il y a des pierres, & surtout des pierres de couleur, qui perdent beaucoup à n'être pas bien mises sur la feuille.

Feuille (Page 6:656)

Feuille, en terme de Miroitier, c'est une couche d'étain, de vif - argent, &c. que l'on applique sur le derriere d'un miroir, afin qu'il refléchisse les rayons de lumiere avec plus d'abondance. Voyez Etamer.

Feuille (Page 6:656)

Feuille, terme d'Orfévre, se dit de tout ornement représentant feuille de persil, de choux ou autres, que l'on applique sur divers ouvrages d'orfévrerie, comme chandelier, éguiere, écuelle & autres. On se sert aussi de ce terme pour exprimer en gravûre de certains ornemens délicats, qui ont quelque similitude avec les feuilles de la nature, par les rouleaux, les revers & les refentes dont elles sont remplies.

Feuille de Papier (Page 6:656)

Feuille de Papier, (Papetier.) c'est du papier qui après être sorti du moule & avoir été collé & seché, se plie en deux feuillets. Il faut vingt - cinq feuilles pour composer une main de papier. V. Papier.

Feuille d'Eau (Page 6:656)

* Feuille d'Eau, (Serrurerie.) c'est une pieced'ornement qui se place sur les rouleaux ou dedans, aux grands ouvrages de serrurerie (par grands ouvrages, on entend les balcons, les grilles ornées, &c.). Cette sorte de feuille est la plus simple dans tout l'orne<pb->

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