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Enfin le sixieme & dernier moyen consiste en ce
que l'oeil ne représente pas à notre ame un seul objet,
mais qu'il nous fait voir en même tems tous ceux qui
sont placés entre nous & l'objet principal dont nous
considérons la distance. Par exemple, lorsque nous
regardons quelqu objet éloigné, tel qu'un clocher,
nous voyons pour l'ordinaire plusieurs terres & maisons
entre nous & lui; or comme nous jugeons de
la distance de ces terres & de ces bâtimens, & que
nous apperçevons en même tems le clocher au - delà
de tous ces objets, nous concluons qu'il est beaucoup
plus éloigné, & même qu'il est bien plus grand
que lorsque nous le voyons seul & sans l'interposition
d'aucun autre objet visible. Il est cependant certain
que l'image de ce clocher qui est peinte sur la
rétine, est toûjours la même dans l'un & dans l'autre
cas, pourvû qu'il soit à une égale distance; d'où
l'on voit comment nous connoissons la grandeur des
objets par leur distance apparente, & comment les
corps placés entre nous & un objet, influent dans le
jugement que nous portons au sujet de son éloignement. Il en est à - peu - près de ce jugement comme
de celui que nous formons sur la grandeur de notre
durée, par le souvenir confus de tout ce que nous
avons fait & de toutes les pensées que nous avons
eues, ou, ce qui est la même chose, de la grandeur
& l'étendue du tems qui s'est écoule depuis telle action;
car ce sont ces pensées & ces actions qui mettent
notre ame à portée de juger du tems passé ou
de l'étendue d'une partie de notre durée: ou plûtôt
le souvenir confus de toutes ces pensées & de toutes
ces actions, est la même chose que le jugement de
notre durée, comme la vûe confuse des champs &
des autres objets qui sont placés entre nous & le
clocher, est la même chose que le jugement que
nous formons sur le clocher. Voyez essais & observ.
de Medec. de la soc. d'Edimb. tome IV. p. 323 & suiv.
Article de M.
Ajoûtons à cet article, d'après plusieurs philosophes,
que quoique le sens de la vûe nous serve à
juger des distances, cependant nous n'en aurions jamais
eu d'idée par ce sens seul, sans le secours de
celui du toucher. Voyez l'article
Distance accourcie (Page 4:1053)
Distance (Page 4:1053)
Des troupes qui combattent ne peuvent avoir
trop d'attention à garder leur ordre de bataille &
leurs disiances; il est impossible qu'elles se soûtiennent
& qu'elles agissent, lorsqu'elles font une espece
de masse sans ordre; c'est ce qui est bientôt remarqué
de l'ennemi.
DISTENSION (Page 4:1053)
DISTENSION, s. f. Ce terme a en Medecine plusieurs significations.
Il sert quelquefois à exprimer la trop grande dilatation
des arteres & des autres vaisseaux. Voyez
On l'employe quelquefois pour signifier l'allong ment de tout le corps, qui accompagne le bâillement.
Il signifie aussi dans certains cas, une espece de convulsion qu'on appelle tetanos. (d)
DISTICHIASIS (Page 4:1053)
DISTICHIASIS, s. f. terme de Chirurgie, incommodité
des paupieres, qui consiste à avoir deux
rangs de cils. Voyez
Ce mot est formé de
Dans le distichiasis, par - dessus les cils ordinaires
& naturels, il en croît un autre rang extraordinaire,
qui picotant la membrane de l'oeil, y cause de la
douleur, & y attire des fluxions & inflammations
accompagnées d'un écoulement continuel de larmes,
& suivies fort souvent d'ulceres qui sont cause
de la perte de la vûe. Voyez
On guérit le distichiasis en arrachant avec de petites pincettes le second rang de poils, & brûlant les pores par où ils sortent. (Y)
DISTILLATEUR (Page 4:1053)
DISTILLATEUR, s. f. (Art méch.) artiste qui a le droit de distiller toutes sortes d'eaux, d'esprits, d'huiles, d'essences, de liqueurs, & c. en qualité de membre d'une communauté de ce nom, établie en 1699. Cette communauté a deux jurés, dont l'un entre en charge & l'autre en sort tous les ans. L'apprentissage est de quatre ans, le compagnonage de deux: un maître ne peut faire qu'un apprenti à la [p. 1054]
DISTILLATION (Page 4:1054)
DISTILLATION, (Chim.) La distillation est une opération chimique qui consiste à détacher par le moyen du feu, de certaines matieres renfermées dans des vaifseaux, des vapeurs ou des liqueurs, & à retenir ces dernieres substances dans un vaisseau particulier destiné à les recevoir.
Les substances séparées du corps soûmis à la distillation, sont connues dans l'art sous le nom de produits; & la partie la plus fixe de ce corps, celle qui
n'a pas été déplacée par le feu, sous celui de résidu:
c'est celle - ci que les anciens Chimistes désignoient
par le nom de caput mortuum (voyez
Les produits mobiles de la distillation peuvent être portés par la disposition de l'appareil, en - haut, à côté ou en - bas: c'est pour cela que la distillation a été divisée en trois especes; savoir la distillation per ascensum, ou droite (recta); la distillation oblique ou latérale, per latus; & la distillation vers le bas, per descensum.
C'est toûjours sous la forme de vapeur que les
produits mobiles se séparent du corps à distiller,
dans les deux premieres especes de distillation; car
un corps ne peut s'élever par le feu que sous cette
forme: & l'appareil de la distillation latérale même
est disposé de façon, que les matieres séparées sont
obligées de s'élever (voyez
Ces trois especes de distillation ne sont dans le fond, & quant à la maniere d'altérer les corps traités par leur moyen, qu'une même opération; & les seules raisons de préférence dans l'usage, sont des commodités de manuel, des vûes pratiques, oeconomiques, qui seront exposées dans la suite de cet article.
Tout appareil de distillation est composé nécessairement d'un vaisseau qui contient les matieres à distiller, & d'un vaisseau destiné à recevoir les produits mobiles. Le premier peut être un vaisseau d'une seule piece, ou être formé de plusieurs: on multiplie quelquefois le second, pour divers motifs qui seront exposés plus bas.
Les vaisseaux employés à contenir les matieres à
distiller, sont pour la distillation droite, l'alembic
d'une ou de plusieurs pieces (voyez
Le vaisseau destiné à recevoir les produits mobiles,
est connu sous le nom générique de récipient. Le balon
& le matras sont les récipiens simples les plus
ordinaires, quoique tout vaisseau à un seul orifice
propre à recevoir le bec du vaisseau contenant,
puisse être employé à cet usage. Les récipiens multipliés
ou composés, sont le double balon, la file
de balons, le balon de Glauber armé d'un second
récipient à son bec ou ouverture inférieure, l'allonge
jointe au balon (voyez
On exécute des distillations dans toute la latitude
des degrés de feu employés par les Chimistes; & on
applique le feu aux matieres à distiller, soit en exposant
à son action immédiate les vaisseaux qui les
contiennent, soit en interposant entre le feu & ces
vaisseaux, différentes matieres connues dans l'art
sous le nom de bain. Voyez
La distillation est une des opérations les plus anciennement
connues dans l'art. Geber auteur du plus
ancien traité général de Chimie qui soit parvenu jusqu'à nous (voy. la partie historique de l'article Chimie),
a très - bien décrit la distillation droite & le descensum, les effets & les usages de ces opérations; il n'a
pas connu la distillation latérale, invention postérieure
de plusieurs siecles à ce chimiste, & il a fait
une troisieme espece de distillation de la filtration à
la languette (voy.
Dans toute distillation on se propose de réduire
un corps en deux ou en plusieurs substances différentes.
Cette vûe suppose deux conditions essentielles
générales dans les sujets de cette opération; la
premiere, c'est qu'ils ne soient pas absolument simples,
& la seconde, que la desunion de leurs principes
puisse être operée par l'action du feu: ce ne seroit
donc que dans une vûe très - chimérique qu'on pourroit
soûmettre à la distillation l'eau parfaitement pure,
le mercure exactement purifié, & en général
tout mixte ou composé volatil, capable d'éluder par
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