ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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augmente; & par conséquent un objet peut disparoître lorsqu'on le placera à une si grande distance de nos yeux, que la peinture qu'il fera sur la rétine, soit insensible à cause de sa petitesse; & plus l'objet sera petit, plûtôt il cessera d'être visible: de - là vient que les petites parties d'un objet ne seront pas apperçues à toutes les distances; car la partie la moins sensible sera toûjours plus petite ou plus grande, proportionnellement à la distance plus ou moins grande de l'objet même. Ainsi la plus petite partie visible à la distance d'un pié, deviendra invisible à celle de deux piés; la plus petite partie visible à deux piés, disparoîtra à trois, & ainsi de toute autre distance à l'infini. Il résulte évidemment de ce que nous venons de dire, que lorsque l'oeil peut voir distinctement les petites parties d'un objet, nous devons juger qu'il est plus proche qu'un autre dont nous ne voyons point du tout les mêmes petites parties, ou dont nous ne les voyons que confusément.

Enfin le sixieme & dernier moyen consiste en ce que l'oeil ne représente pas à notre ame un seul objet, mais qu'il nous fait voir en même tems tous ceux qui sont placés entre nous & l'objet principal dont nous considérons la distance. Par exemple, lorsque nous regardons quelqu objet éloigné, tel qu'un clocher, nous voyons pour l'ordinaire plusieurs terres & maisons entre nous & lui; or comme nous jugeons de la distance de ces terres & de ces bâtimens, & que nous apperçevons en même tems le clocher au - delà de tous ces objets, nous concluons qu'il est beaucoup plus éloigné, & même qu'il est bien plus grand que lorsque nous le voyons seul & sans l'interposition d'aucun autre objet visible. Il est cependant certain que l'image de ce clocher qui est peinte sur la rétine, est toûjours la même dans l'un & dans l'autre cas, pourvû qu'il soit à une égale distance; d'où l'on voit comment nous connoissons la grandeur des objets par leur distance apparente, & comment les corps placés entre nous & un objet, influent dans le jugement que nous portons au sujet de son éloignement. Il en est à - peu - près de ce jugement comme de celui que nous formons sur la grandeur de notre durée, par le souvenir confus de tout ce que nous avons fait & de toutes les pensées que nous avons eues, ou, ce qui est la même chose, de la grandeur & l'étendue du tems qui s'est écoule depuis telle action; car ce sont ces pensées & ces actions qui mettent notre ame à portée de juger du tems passé ou de l'étendue d'une partie de notre durée: ou plûtôt le souvenir confus de toutes ces pensées & de toutes ces actions, est la même chose que le jugement de notre durée, comme la vûe confuse des champs & des autres objets qui sont placés entre nous & le clocher, est la même chose que le jugement que nous formons sur le clocher. Voyez essais & observ. de Medec. de la soc. d'Edimb. tome IV. p. 323 & suiv. Article de M. Formey.

Ajoûtons à cet article, d'après plusieurs philosophes, que quoique le sens de la vûe nous serve à juger des distances, cependant nous n'en aurions jamais eu d'idée par ce sens seul, sans le secours de celui du toucher. Voyez l'article Aveugle, la lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voyent, & les articles Vision, Toucher, & c. Voyez aussi l'essai de M. Jurin sur la vision distincte & non distincte, imprimé à la fin de l'Optique de M. Smith.

Distance accourcie

Distance accourcie, distantia curtata, signifie en Astronomie, la distance d'une planete au soleil réduite au plan de l'écliptique, ou l'intervalle qui est entre le soleil & le point du plan de l'écliptique où tombe la perpendiculaire menée de la planete sur ce plan. On l'appelle ainsi, parce que la distance réelle d'une planete au soleil est plus grande que sa distance réduite au plan de l'écliptique, puisque la premiere de ces distances est l'hypothénuse ou le grand côté d'un triangle rectangle, dont la distance accourcie est un des petits côtés. Voyez Lieu & Distange. (O)

Distance

Distance, (Art milit.) c'est dans l'ordre de bataille, l'espace ou l'intervalle qu'on laisse entre les corps de troupes dont l'armée est composée, ou qui sont rangés en ordre de bataille ou en ligne. Voyez Armée. Les rangs des différens corps de troupes doivent avoir des distances reglées. M. le maréchal de Puysegur donne douze piés à la distance d'un rang à l'autre dans le bataillon; il prétend que c'est celle qui convient le mieux pour les marches & les différens mouvemens du bataillon. En bataille les files n'ont point de distance entr'elles, il faut au contraire qu'elles se touchent pour être plus en force: on leur donne deux piés d'épaisseur, pour l'espace occupé par le soldat. Dès que les distances des rangs & des files en bataille sont reglées, « il faut (dit l'illustre maréchal que nous venons de citer) que celle des files & des rangs en marchant, aussi - bien que pour tous les mouvemens, soient les mêmes qu'en bataille; car dès que ces distances sont reglées pour un bataillon en bataille, si on le fait marcher tout entier, il ne doit en marchant ni les étendre ni les resserrer, afin que par - tout où l'on peut l'arrêter dans sa marche, il soit toûjours en bataille; ce qui ne seroit pas s'il les changeoit ». Art de la guerre par M. le maréchal de Puysegur.

Des troupes qui combattent ne peuvent avoir trop d'attention à garder leur ordre de bataille & leurs disiances; il est impossible qu'elles se soûtiennent & qu'elles agissent, lorsqu'elles font une espece de masse sans ordre; c'est ce qui est bientôt remarqué de l'ennemi. « J'ai vû (dit M. le duc de Rohan dans son parfait capitaine)Henri le Grand poursuivant huit cents chevaux avec moins de deux cents, juger qu'ils ne rendroient point de combat, parce qu'ils se confondoient & n'observoient point leurs distances; ce qui arriva comme il l'avoit prédit ». (Q)

DISTENSION

DISTENSION, s. f. Ce terme a en Medecine plusieurs significations.

Il sert quelquefois à exprimer la trop grande dilatation des arteres & des autres vaisseaux. Voyez Vaisseau.

On l'employe quelquefois pour signifier l'allong ment de tout le corps, qui accompagne le bâillement.

Il signifie aussi dans certains cas, une espece de convulsion qu'on appelle tetanos. (d)

DISTICHIASIS

DISTICHIASIS, s. f. terme de Chirurgie, incommodité des paupieres, qui consiste à avoir deux rangs de cils. Voyez Cils.

Ce mot est formé de DI/S2, deux fois, & STI/XOS2 ou STI=XOS2, ordre, rang.

Dans le distichiasis, par - dessus les cils ordinaires & naturels, il en croît un autre rang extraordinaire, qui picotant la membrane de l'oeil, y cause de la douleur, & y attire des fluxions & inflammations accompagnées d'un écoulement continuel de larmes, & suivies fort souvent d'ulceres qui sont cause de la perte de la vûe. Voyez Paupieres.

On guérit le distichiasis en arrachant avec de petites pincettes le second rang de poils, & brûlant les pores par où ils sortent. (Y)

DISTILLATEUR

DISTILLATEUR, s. f. (Art méch.) artiste qui a le droit de distiller toutes sortes d'eaux, d'esprits, d'huiles, d'essences, de liqueurs, & c. en qualité de membre d'une communauté de ce nom, établie en 1699. Cette communauté a deux jurés, dont l'un entre en charge & l'autre en sort tous les ans. L'apprentissage est de quatre ans, le compagnonage de deux: un maître ne peut faire qu'un apprenti à la

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