ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"827">

Denier fort (Page 4:827)

Denier fort, est un taux qui excede le taux ordinaire; des rentes & intérêts par exemple, le taux de l'ordonnance étant présentement au denier vingt, quand on veut estimer quelque chose au denier fort, on l'estime au denier trente ou quarante. Les terres seigneuriales s'estiment au denier fort, c'est - à - dire qu'on ne les compte pas à raison du denier vingt sur le pié du revenu, mais au denier fort; c'est - à - dire qu'une terre qui produit mille livres par an sera estimée vingt - cinq ou trente mille livres, plus ou moins, à cause des droits honorifiques qui y sont attachés. Voyez Estimation. (A)

Denier (Page 4:827)

Denier, (fort) signifie les modiques fractions qui excedent une somme, par exemple vingt livres dix sous deux deniers, les deux deniers qui ne peuvent se payer sont ce qu'on appelle le fort denier. On dit communément que le fort denier est pour le marchand, c'est - à - dire que s'il reste un denier à rendre à l'acheteur, le marchand le garde; si au contraire il est dû deux deniers au marchand, le débiteur est obligé de lui payer un liard qui vaut trois deniers, parce que dans les pays où les deniers n'ont pas cours, on ne peut pas payer deux deniers seulement. (A)

Deniers francs (Page 4:827)

Deniers francs ou francs Deniers, sont une somme exempte de toute déduction. Quand on vend francs deniers, dans la coutume de Meaux, c'est à l'acquéreur à payer les lods & ventes, sans quoi ce seroit au vendeur. (A)

Denier (Page 4:827)

Denier, (huitieme) voyez Huitieme.

Deniers immobilisés (Page 4:827)

Deniers immobilisés, sont ceux que l'on répute immeubles par fiction. Voyez ci - après Deniers stipulés propres. (A)

Denier mançais (Page 4:827)

Denier mançais, c'est une piece de monnoie de la valeur d'un denier, telle qu'en faisoit autrefois fabriquer l'évêque du Mans. (A)

Deniers oisies (Page 4:827)

Deniers oisies, sont ceux dont on ne fait point d'emploi, & qui ne produisent point d'intérets. (A)

Deniers d'octroi (Page 4:827)

Deniers d'octroi, voyez Octroi.

Deniers parisis (Page 4:827)

Deniers parisis, c'est un denier & le quart d'un denier en - sus. Voyez Parisis.

Deniers patrimoniaux (Page 4:827)

Deniers patrimoniaux, sont ceux qui appartiennent aux villes & communautés, autrement que par octroi du prince. Voyez Octroi. (A)

Deniers propres (Page 4:827)

Deniers propres ou stipulés propres, sont ceux que l'on exclud de la communauté de biens. Voyez Propres fictifs. (A)

Deniers publics (Page 4:827)

Deniers publics, sont ceux qui appartiennent soit au Roi ou à des provinces, villes & communautés d'habitans. (A)

Deniers pupillaires (Page 4:827)

Deniers pupillaires, sont les sommes d'argent qui appartiennent à des pupilles. On comprend aussi ordinairement sous ce nom ceux qui appartiennent à des mineurs.

Le tuteur ne doit point laisser les deniers pupillaires oisifs; il doit en faire emploi au bout de six mois dès qu'il a entre ses mains une somme suffisante, autrement il en doit personnellement les intérêts. (A)

Denier (Page 4:827)

Denier, (quart) voyez au mot Quart.

Denier (Page 4:827)

Denier, (quint) voyez Quint.

Deniers réalisés (Page 4:827)

Deniers réalisés, sont ceux dont on a fait emploi en fonds. On entend aussi quelquefois par - là ceux qui ont été offerts réellement & à découvert. (A)

Denier (Page 4:827)

Denier (rente au) huit, dix, douze, &c. Voyez Rente.

Deniers royaux (Page 4:827)

Deniers royaux ou du Roi, sont tous ceux qui appartiennent au Roi, provenant soit de ses domaines ou des impositions qu'il leve sur ses sujets.

Ces sortes de deniers sont privilégiés; le Roi passe avant tous les autres créanciers. Voyez Hypotheque du Roi, Privilége, Taille , & Comptables.

Ceux qui ont le maniement des deniers royaux, en cas qu'ils les divertissen, sont punis de mort lors<cb-> qu'il s'agit d'une somme de 3000 livres & au - dessus, & de telle peine alictive que les juges arbitrent lorsqu'il s'agit d'une somme moindre de 3000 livres, suivant la déclaration du 5 Mai 1690, conforme aux anciennes ordonnances. (A)

Denier de S. Pierre (Page 4:827)

Denier de S. Pierre, ou Taxe du Denier de S. Pierre, étoit une redevance consistante en un denier sur chaque maison, qui se payoit annuellement au pape par forme d'offrande ou d'aumône.

Ce droit fut établi en Angleterre en 740, par Offa roi de Mercie, & par Ina roi de Westsex. Une partie de cette taxe étoit employée à l'entretien d'une église de Rome nommé l'école des écoles.

Un roi danois d'Angleterre nommé Edelvof ou Etheluffe, s'y soûmit en 852, & augmenta cette taxe. Grégoire VII. prit de - là occasion de demander à Guillaume le Conquérant qu'il lui ft hommage de l'Angleterre. Cette prestation qui se payoit pour chaque maison revenoit à environ trois livres de notre monnoie. Elle cessa d'être payée lorsque Henri VIII. se déclara chef de l'église Anglicanne.

Le denier de S. Pierre se payoit aussi dans plusieurs autres royaumes, comme en Pologne & en Boheme. (A)

Deniers stipulés propres (Page 4:827)

Deniers stipulés propres, voyez ci - dev. Deniers propres.

Deniers tournois (Page 4:827)

Deniers tournois, étoient autrefois les deniers que l'archevêque de Tours faisoit frapper à son coin: ces deniers valoient un quart moins que les deniers parisis qui étoient frappés à Paris. Aujourd'hui toutes les sommes se comptent par livres, sous, & deniers tournois, suivant l'ordonnance de 1667. (A)

Deniers viennois (Page 4:827)

Deniers viennois, étoient ceux que le dauphin de Viennois faisoit frapper à son coin: il en est parlé dans plusieurs terriers de la province de Dauphiné & autres provinces voisines. Présentement ce n'est plus qu'une valeur numéraire. Le denier viennois est le double du denier tournois. (A)

Denier (Page 4:827)

Denier, (Comm.) ce terme pris pour argent en général, a plusieurs significations dans le Commerce. C'est quelquefois le pié sur lequel on est entré dans une entreprise de Commerce. Ainsi l'on dit ce négociant a six deniers dans un tel armement, pour faire entendre qu'il y a pris part pour un quarantieme, à proportion de quoi il doit partager le gain ou supporter la perte.

Denier (Page 4:827)

Denier se dit aussi d'un certain pié sur lequel on est obligé de payer une grosse somme. Des armateurs doivent payer à l'amiral le dixieme denier de toutes les prises qu'ils font, c'est - à - dire la dixieme partie de la somme à quoi elles se montent.

Denier S. André (Page 4:827)

Denier S. André, est un droit qui se leve en quelques bureaux du Languedoc & des provinces voisines, depuis le passage de Roquemaure en Vivarès, jusqu'au port de Cassande inclusivement.

Denier de poids (Page 4:827)

Denier de poids, est la vingt - quatrieme partie d'une once, & la cent quatre - vingt - douzieme partie d'un marc ou d'une demi - livre de Paris. Le denier pese vingt - quatre grains, & trois deniers font un gros. Le denier en Medecine est appellé scrupule. Voyez Scrupule. Voyez le dictionn. du Comm.

On appelle gagne - deniers les crocheteurs, portefaix, &c. qui gagnent leur vie à porter des marchandises & d'autres fardeaux. (G)

Denier de boîte (Page 4:827)

Denier de boîte, à la Monnoie, est la piece d'or ou d'argent, ou de billon, que l'on met dans la boîte d'essai. Voyez Essai.

Denier courant (Page 4:827)

Denier courant, (à la Monnoie.) se dit des especes qui sont actuellement de cours dans le Commerce, comme à présent 1754.

               Le double - louis de quarante - huit livres.
Or,   Le louis de vingt - quatre livres.
               Le demi - louis de douze livres.
[p. 828]
                  Le gros écu de six livres.
                  L'écu de trois livres.
Argent,  La piece d'unè livre quatre sous.
                  La piece de douze sous.
                  La piece de six sous.
                  Sou neuf de deux sous.
Billon,  Sou vieux d'un sou six deniers.
                  Sou neuf de douze deniers.
Cuivre,     Sou law de douze deniers.
Billon,     Demi - sou vieux de neuf deniers.
Cuivre,  Le deux liards de six deniers.
                  Le liard de trois deniers.

Denier de fin (Page 4:828)

Denier de fin, à la Monnoie, est le titre de l'argent, ainsi que le carat est le titre de l'or. Voyez l'article Carat & Titre.

Denier de monnoyage (Page 4:828)

Denier de monnoyage, à la Monnoie, est le montant d'une fabrication des monnoies, soit or, argent, billon, cuivre, sur lequel on prononce la délivrance. Voyez Délivrance.

DENIS (Page 4:828)

DENIS, (Saint) Géog. mod. petite ville de l'île de France, le tombeau des rois françois. Elle est située sur le ruisseau de Crould. Long. 20. 1. 22. lat. 48. 56. 8.

Il'y a dans le bas Languedoc, au diocèse de Carcassonne, une petite ville de même nom.

Denis - de - Candé (Page 4:828)

Denis - de - Candé, (Saint) petite ville d'Anjou en France.

DÉNOMBREMENT (Page 4:828)

DÉNOMBREMENT, s. m. (Hist. Rom.) en latin census, & dans une médaille de Claude, ostensio; description détaillée des personnes, des biens, & des taxes imposées sur les citoyens Romains.

C'étoit la coûtume à Rome de faire de cinq ans en cinq ans un dénombrement de tous les citoyens & de leurs fortunes: & c'étoit - là une des charges des censeurs, au rapport de Florus, lib. VI. Censores populi, oevitates, soboles, familias, pecuniasque censento, dit Cicéron, de leg. I I I. Pour cet effet on tiroit un registre de tous les citoyens Romains, de leurs femmes, de leurs enfans; de leurs esclaves avec leur âge, leur qualité, leurs professions, leurs emplois, & leurs biens, meubles, & immeubles. On avoit par - là toûjours sous les yeux le livre mémorial des forces de la république, & de sa puissance. L'invention en étoit admirable. N'oublions pas de dire que ces utiles dénombremens furent institués par, Sérvius Tullius; avant lui, dit Eutrope (liv. I.) le cens étoit inconnu dans le monde. Il fit le premier, qui se trouva de 80 mille citoyens capables de porter les armes. Ceux de Pompée & de Crassus furent de 400 mille. Voyez les détails dans les auteurs d'érudition sur les antiquités romaines, entre autres le thrésor de Graevius.

Auguste étendit le premier le dénombrement à toutes les provinces de l'empire, & il fit faire trois fois ce dénombrement général: la premiere fut l'année de son sixieme consulat, l'an 28 avant l'ere chrétienne: la seconde, l'an 8 avant cette même ere: & la troisieme & derniere fois, l'an 14 de l'ere chrétienne. Dans ce troisieme dénombrement, pour le dire en passant, le nombre des citoyens de l'empire en état de porter les armes, se trouva monter à quatre millions 137 mille. Tacite, Suétone, & Dion - Cassius, parlent du registre d'Auguste contenant toute la description particuliere, qui fut dressée dans les provinces en vertu de ses ordres.

Ces divers dénombremens d'Auguste nous intéressent beaucoup, parce que ce fut en vertu du decret de cet empereur, qui ordonna le deuxieme dénombrement l'an 8 avant l'ere chrétienne, que Joseph & Marie se rendirent à Bethléem pour être inscrits; & que ce fut pendant leur séjour que Marie accoucha, & que Notre - Seigneur, par qui le mon<cb-> de devoit être sauvé, naquit dans cette ville de la maniere que le racontent les évangélistes.

Auguste, trois ans avant la naissance de Notre - Sauveur, ayant ordonné son dénombrement pour tous les états de sa dépendance, chargea de cette commission chaque gouverneur de province dans son département. Sextius Saturninus, alors président de Syrie, eut dans le sien outre sa province, les états & les tétrachies qui en dépendoient: or au bout de trois ans, depuis la date du decret, il se trouva parvenu à la partie de son département dans la quelle Bethléem étoit renfermée. Mais quoique son enregistrement se fît alors pour la Judée, & qu'on y marquât exactement le bien de chaque particulier, par rapport aux taxes, cependant il ne se leva de taxes en Judée, de la part des Romains, que douze ans après. Jusqu'alors Hérode ou Archelaüs ayant été rois du pays, la Judée ne payoit de taxes qu'à eux; ensuite Archelaüs ayant été déposé, & la Judée mise sous le gouvernement d'un procurateur Romain, on commença à payer des taxes directement aux Romains; & ce fut Publius Sulpicius Quirinus, qu'on appelloit Cyrinus en grec, qui se trouva alors gouverneur, c'est - à - dire président de Syrie.

De cette maniere, les narrés de Joseph & de S. Luc se concilient parfaitement. « En ce tems - là (dit l'évangéliste, chap. ij. v. 1. & 2.) il fut publié un édit de la part de César - Auguste, pour faire un dénombrement de tout le pays. (Ce dénombrement s'exécuta avant que Cyrinus fût gouverneur de Syrie ».)

En effet, l'an 8 de J. C. Archelaüs ayant gouverné ses sujets avec beaucoup de tyrannie, des députés des Juifs & des Samaritains vinrent s'en plaindre à Rome devant Auguste. On le manda pour rendre compte de sa conduite; il comparut en l'an 8 de Jesus - Christ; & n'ayant pas pû se justifier des crimes dont on l'accusoit, Auguste le déposa. Ses biens furent confisqués, & lui relégué à Vienne en Gaule, après avoir régné dix ans en Judée.

En même tems Auguste nomma préteur de Syrie Publius Sulpicius Quirinus, le même que S. Luc, en suivant la prononciation greque, appelle Cyrinus, & l'envoya en Orient, avec ordre de prendre possession des états qu'il venoit d'ôter à Archelaüs, & de les réduire en forme de province romaine. Coponius, chevalier Romain, fut envoyé avec lui pour la gouverner, avec le titre de procurateur de la Judée. En arrivant à Jérusalem, ils firent saisir tous les effets d'Archelaüs, confisqués par la sentence d'Auguste. Après cela ils changerent l'ancienne forme de gouvernement, & abolirent presque toutes les coûtumes des Juifs, & établirent les lois romaines. Coponius, au nom d'Auguste, prit l'administration de ce gouvernement, avec la subordination à Quirinus, président de la province de Syrie, à laquelle la Judée fut annexée. On ôta ensuite aux Juifs le pouvoir d'infliger des peines capitales, & ce pouvoir fut entierement reservé au procurateur, & à ses officiers subalternes.

On avoit fait onze ans auparavant un inventaire général des effets de tous les particuliers, sous Sextius Saturninus: mais ce ne fut que sous le gouvernement de Cyrinus, président de Syrie, quand la Judée eut été réduite en province, qu'on leva des taxes immédiatement pour les Romains, suivant l'évaluation du registre formé précédemment. La maniere de lever ces taxes causa de si grands tumultes, dont on peut s'instruire dans Josephe (Antiq. liv. XVIII. ch. j. & ij.) que S. Luc a mis en parenthese la distinction de ces deux dénombremens, pour qu'on ne les confondît pas ensemble. Au surplus, de quelque maniere qu'on leve la difficulté du passage de saint Luc, personne n'ignore que les dénombremens

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.