ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Dégradation d'un office (Page 4:759)

Dégradation d'un office on ordre civil, est lorsque quelqu'un revêtu d'un office, ordre, ou dignité, en est dépouillé avec ignominie pour ses démérites, & privé des honneurs, fonctions, & priviléges qui y sont attachés.

Cette peine a lieu lorsque l'officier a fait quelque chose contre l'honneur de sa place, ou - qu'il a prévariqué autrement.

L'usage de cette sorte de dégradation est fort ancien; on en trouve nombre d'exemples dans l'antiquité: mais il faut bien prendre garde que par le terme de dégradation les anciens n'entendoient pas la même chose que nous.

Il y avoit, par exemple, chez les Romains trois sortes de peines contre les soldats qui avoient démérité; savoir, militioe mutatio, de gradu dejectio seu regradatio, & ignominiosa missio.

La premiere de ces peines étoit lorsqu'on passoit d'un corps dans un autre, comme quand de chevalier on devenoit fantassin, ou qu'un fantassin étoit transféré dans les troupes auxiliaires de frondeurs, comme il est dit dans Ammian Marcellin, liv. XXIX. que Théodose, pour punir des chevaliers qui s'étoient revoltés, & néanmoins voulant marquer qu'il se contentoit d'une legere peine, les remit tous au dernier grade de la milice. Il y a eu beaucoup d'autres exemples dans le code Théodosien & dans celui de Justinien.

Ce qui vient d'être dit des soldats & officiers militaires, avoit aussi lieu pour les autres officiers qui étoient dans le même cas: on les transféroit pareillement d'un corps dans un autre corps inférieur.

La dégradation que les Romains appelloient de gradu dejectio, seu regradatio quasi retrogradatio, & non pas degradatio qui n'est pas latin, étoit lorsque quelqu'un perdoit le grade ou rang qu'il avoit dans sa compagnie, comme quand de tribun il étoit fait simple soldat, ex tribuno tyro fiebat; ou comme on voit dans Lampride in Alexand. Sever. qu'un sénateur qui avoit donné un mauvais avis étoit reculé à la derniere place du sénat, in ultimum rejiciebatur locum.

La dèrniere peine, qu'ils appelloient ignominiosa missio ou exauctoratio, étoit une expulsion entiere de la personne à laquelle on ôtoit toutes les marques d'honneur qu'elle pouvoit avoir.

C'est ainsi que l'on traitoit les soldas & officiers militaires qui s'étoient revoltés, ou qui avoient manqué à leur devoir: dans quelqu'autre point essentiel on leur ôtoit les marques d'honneur militaires, insignia militaria.

On en usoit de même pour les offices civils: les officiers qui s'en étoient rendus indignes étoient dégradés publiquement.

Plutarque, en la vie de Cicéron, rapporte que le préteur Lentulus complice de la conjuration de Catilina, fut degradé de son office, ayant été contraint d'ôter en plein sénat sa robe de pourpre, & d'en prendre une noire.

Sidoine Apollinaire, liv. VII. de ses épîtres, rapporte pareillement qu'un certain Arnandus qui avoit été préfet de Rome pendant cinq ans, fut dégradé, exauguratus, qu'il fut déclaré plebeïen & de famille plébeïenne, & condamné à une prison perpétuelle.

Les lois romaines, & notamment la loi judices, au code de dignit. veulent que les juges qui seront convaincus de quelque crime, soient dépouillés de leurs marques d'honneur & mis au nombre des plébeïens.

Il en est à - peu - près de même en France.

Les soldats & officiers militaires qui ont fait quelque chose contre l'honneur, sont cassés à la tête de leur corps, & dépouillés de toutes les marques d'honneur qu'ils pouvoient avoir; c'est une espece de dégradation, mais qui ne les fait pas déchoir de noblesse, à moins qu'il n'y ait eu un jugement qui l'ait prononcé.

Lorsqu'une personne constituée en dignité est condamnée à mort ou à quelque peine infamante, on lui ôte avant l'exécution les marques d'honneur dont elle est revêtue; ce fut ainsi qu'avant l'exécution du maréchal de Biron, M. le chancelier lui ôta le collier de l'ordre du S. Esprit. Il lui demanda aussi son bâton de maréchal de France, mais il lui répondit qu'il n'en avoit jamais porté.

La dégradation des officiers de justice se fait aussi publiquement.

Loiseau, dans son traité des ordres, dit avoir trouvé dans les recueils de feu son pere, qu'en l'an 1496 un nommé Chanvreux conseiller au parlement fut privé de son état pour avoir falsifié une enquête; qu'il fut en l'audience du parlement dépouillé de sa robe rouge, puis fit amende honorable au parquet & à la table de marbre.

Il rapporte aussi l'exemple de Pierre Ledet conseiller clerc au parlement, lequel, en 1528, fut par arrêt exauctoré solennellement, sa robe rouge lui fut ôtée en présence de toutes les chambres, puis il fut renvoyé au juge d'église.

On trouve encore un exemple plus récent d'un conseiller au parlement dégradé publiquement le 15 Avril 1693, pour les cas résultans du procès. Il fut amené de la conciergerie en la grand - chambre sur les neuf heures, toutes les chambres du parlement étant assemblées & les portes ouvertes; il étoit revêtu de sa robe rouge, le bonnet quarré à la main: il entendit debout la lecture de son arrêt qui le banissoit à perpétuité, ordonnoit que sa robe & autres marques de magistrature lui seroient ôtées par les huissiers de service, avec condamnation d'amende envers le roi, & réparation envers la partie. Après la lecture de l'arrêt, il remit son bonnet entre les mains d'un huissier, sa robe tomba comme d'elle - même; il sortit ensuite de la grand - chambre par le parquet des huissiers, descendit par le grand escalier, & rentra en la conciergerie. Voyez Brillon au mot Conseillers, n. 6.

Quand on veut imprimer une plus grande slétrissure à un juge que l'on dégrade, on ordonne que sa robe & sa soutane seront déchirées par la main du bourreau.

Loiseau distingue deux sortes de dégradation, suivant ce qui se pratiquoit chez les Romains; l'une, qu'il appelle verbale, & l'autre réelle & actuelle.

Il entend par dégradation verbale, la simple déposition ou destitution qui se fait d'un officier sans cause ni note d'infamie, semblable au congé que l'empereur donnoit verbalement à certains soldats, qui n'étoient pas pour cela notés d'infamie; par exemple, lorsqu'ils avoient fini leur tems ou qu'ils étoient hors d'état de servir.

La dégradation réelle, qui est la seule proprement dite dans le sens ordinaire que l'on donne parmi nous aux termes de dégradation, est celle qui est faite par forme de peine & avec ignominie. Voyez ci - devant Dégradation d'un Ecclesiastique, & ci - après Déposition, Destitution, & Loiseau, traité des ordres, ch. jx. (A)

Dégradation de noblesse (Page 4:759)

Dégradation de noblesse, est la privation de la qualité de noble, & des priviléges qui y sont attachés.

Cette dégradation a lieu de plein droit contre ceux qui sont condamnés à mort naturelle ou civile, à l'exception néanmoins de ceux qui sont condamnés à être décapités, & de ceux qui sont condamnés à mort pour simple délit militaire par un jugement du conseil de guerre, qui n'emporte point infamie.

Elle a aussi lieu lorsque le condamné est expressément déclaré déchu de la qualité & des priviléges de noblesse, ce qui arrive ordinairement lorsque le jugement condamne à quelque peine afflictive ou qui emporte infamie. [p. 760]

Toute condamnation qui emporte dégradation de noblesse contre le condamné, en fait aussi déchoir ses descendans, qui tenoient de lui la qualité de noble. (A)

Dégradation des ordres sacrés (Page 4:760)

Dégradation des ordres sacrés. Voyez cidevant Dégradation d'un Ecclesiastique.

Dégradation d'un Prêtre (Page 4:760)

Dégradation d'un Prêtre. Voyez ci - devant Degradation d'un Ecclesiastique. (A)

Degradation, Degrader (Page 4:760)

Degradation, Degrader, en Peinture, c'est l'augmentation ou la diminution des lumieres & des ombres, ainsi que de la grandeur des objets. Ces dégradations doivent être insensibles; celle de la lumiere, en s'affoiblissant peu - à - peu jusqu'aux plus grandes ombres; celles de la couleur, depuis la plus entiere jusqu'à la plus rompue relativement à leurs plans. Voyez Couleur rompue. On dit, ce peintre fait bien dégrader les lumieres, ses couleurs, ses objets. Toutes ces choses dégradent bien, c'est - à - dire, sont bien traitées par la lumiere, la couleur, & la grandeur. (R)

Dégrader un vaisseau (Page 4:760)

Dégrader un vaisseau, (Marine.) c'est abandonner un vaisseau après en avoir ôté les agrès & aparaux, & tout ce qui servoit à l'équiper, lorsqu'il est trop vieux, ou que le corps du bâtiment est endommagé & hors de service. (Z)

Dégrader un homme (Page 4:760)

Dégrader un homme, en terme de Marine, c'est lui faire quitter le vaisseau, & le mettre sur quelque côte ou quelque île deserte où l'on l'abandonne: ce qui se fait quelquefois pour punir des criminels qu'on ne vouloit pas condamner à la mort. (Z)

Dégrader (Page 4:760)

Dégrader, (Jardinage.) on dit dégrader un bois, quand on y coupe ou dégarnit trop d'arbres, ce qui y forme des clairieres. (K)

DÉGRAIS (Page 4:760)

DÉGRAIS, (Draperie.) Voyez, à l'article Laine, Manufactures d'étoffes en laine.

DÉGRAISSAGE (Page 4:760)

DÉGRAISSAGE, (Draperie.) Voyez, à l'article Laine, Manufactures d'étoffes en laine.

DÉGRAISSER une étoffe de laine (Page 4:760)

DÉGRAISSER une étoffe de laine, (Man. en laine.) c'est la faire fouler avec la terre & l'urine, pour en séparer la graisse ou l'huile.

On donne la même façon aux laines avant que de les travailler. On les dégraisse dans un bain chaud fait de trois quarts d'eau claire, & d'un quart d'urine. Ensuite on les dégorge à la riviere. Voyez Dégorger.

Il est important que les laines & les étoffes ayent été bien dégraissées & bien dégorgées. Voyez l'article Laine.

Les salpétriers dégraissent, dit - on, leur salpetre; les uns avec la colle forte d'Angleterre, les autres avec le sel ammoniac, le blanc d'oeuf, l'alun, & le vinaigre: mais la colle vaut mieux. Voyez l'article Salpetre.

Dégraisser le vin (Page 4:760)

Dégraisser le vin, (OEcon. rustiq.) Il y a des vins qui tournent à la graisse en vieillissant. Pour leur ôter cette mauvaise qualité lorsqu'ils l'ont contractée, on prend de la meilleure colle de poisson, deux onces; on la met en morceaux, on la dissout à froid dans une chopine de vin blanc, on passe la dissolution dans un linge, & on la jette par la bonde dans un tonneau de vin, qu'on remue fortement à deux ou trois reprises avec un bâton, au bout duquel on a attaché une serviette. Cela fait, on le laisse reposer.

Mais cette recette n'est pas la seule qu'on employe; il y en a qui se servent de blé grillé sur le feu, & arrosé d'eau - de - vie; d'autres, de cire jaune fondue & jettée chaude dans le tonneau; quelques-uns, d'alun blanc pulvérisé & fricassé bien chaud avec du sable; quelques autres, de blé & de sable rôtis ensemble; ou d'un sachet de sel commun, de gomme arabique, & de cendre de sarment, qu'ils attachent au bout d'un bâton, & qu'ils remuent dans le vin.

Dégraisser les cheveux (Page 4:760)

Dégraisser les cheveux, (Perruquier.) c'est frotter à sec avec les mains les meches les unes après les autres, dans du gruau: le but de cette préparation est d'en ôter la graisse, pour les tirer plus aisément par la tête.

DÉGRAISSEUR (Page 4:760)

DÉGRAISSEUR, s. m. (Art méch.) on donne ce nom à des ouvriers qui font partie de la communauté des Fripiers, & qui détachent les étoffes. Voyez l'article Fripier.

DÉGRAISSOIR (Page 4:760)

DÉGRAISSOIR, s. m. (Drap.) Voyez à l'article Laine, Manufactures d'étoffes en laine.

DÉGRAS (Page 4:760)

DÉGRAS, s. m. terme de Chamoiseur, c'est un nom qu'on donne à l'huile de poisson qui a servi à passer des peaux en chamois. Voyez Chamoiseur.

Cette huile n'est point perdue, quoiqu'elle ait déjà servi. On s'en sert chez les Corroyeurs pour passer principalement les cuirs blancs. Voyez Corroyeur.

DÉGRAVELER un tuyau (Page 4:760)

DÉGRAVELER un tuyau, (Hydr.) c'est ôter d'un tuyau de fer ou de plomb, servant à conduire les eaux dans les fontaines, le sédiment qui s'y forme.

DÉGRAVOYER (Page 4:760)

DÉGRAVOYER, v. act. & DÉGRAVOYEMENT, s. m. (Hydr.) c'est l'effet que produit l'eau courante de déchausser & desacoter des pilotis de leur terrein, par un mouvement continuel. On y peut remédier en faisant une creche autour du pilotage. Voyez Creche. (K)

DEGRÉ DE COMPARAISON ou DE SIGNIFICATION; on le dit (Page 4:760)

DEGRÉ DE COMPARAISON ou DE SIGNIFICATION; on le dit, en Grammaire, des adjectifs, qui par leur différente terminaison ou par des particules prépositives, marquent ou le plus, ou le moins, ou l'excès dans la qualification que l'on donne au substantif, savant, plus savant, moins savant, très ou fort savant. Ce mot degré se prend alors dans un sens figuré: car comme dans le sens propre un degré sert à monter ou à descendre, de même ici la terminaison ou la particule prépositive sert à relever ou à rabaisser la signification de l'adjectif. Voy. Comparatif. (F)

Degré (Page 4:760)

Degré, s. m. (Métaph.) c'est en géneral la différence interne qui se trouve entre les mêmes qualités, lesquelles ne peuvent être distinguées que par - là, c'est - à - dire par le plus ou le moins de force avec lequel elles existent dans divers sujets, ou successivement dans le même sujet.

Par exemple, vous avez chaud, & moi aussi; la même qualité nous est commune, & nous ne pouvons distinguer entre chaleur & chaleur, que par le degré où elle se trouve en nous: à cet égard, votre chaleur peut être à la mienne, comme tant à tant. De même en Morale, quant aux vertus, la tempérance, par exemple, est la même vertu dans Pierre & dans Paul; mais l'un peut la posséder & la pratiquer dans un degré supérieur à celle de l'autre.

Les degrés sont donc les quantités des qualités par opposition aux quantités des masses, qui consistent dans la grandeur & dans l'étendue. Les degrés existent toûjours dans les qualités, mais ils ne sauroient être compris que par voie de comparaison.

Comme la longueur d'un pié ne sauroit être déterminée qu'en rapportant le pié à une autre mesure, de même nous ne saurions expliquer le degré de froid qui est dans un tel corps, ou le plus grand froid d'un certain jour d'hyver, si nous ne connoissons un degré de froid donné, auquel nous appliquons celui dont nous voulons juger. Les vîtesses ne se déterminent non plus que de la même maniere.

Comme une ligne droite peut être double, triple, quadruple, &c. d'une autre; de même un degré de froid, de lumiere, de mouvement, peut avoir de pareilles proportions avec un autre degré.

Les degrés se subdivisent en d'autres plus pelits. Je fais une échelle pour le barometre ou le thermome<pb->

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