ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"215"> beaucoup d'or, de même que le pié de l'orientale. Les montagnes des environs de Quito paroissent contenir peu de parties métalliques, quoiqu'on y trouve qùelquefois de l'or en paillettes. Voyez un plus long détail dans l'ouvrage cité de M. Bouguer; voyez aussi la relation de M. de la Condamine sur le même sujet dans son journal historique. (O)

CORDILIERE (Page 4:215)

CORDILIERE, voyez Cordeliere.

CORDELINE (Page 4:215)

* CORDELINE, s. f. (Manufact. en soie.), fils de soie ou de fleuret servant de lisiere à l'étoffe.

Cordeline (Page 4:215)

* Cordeline, (Verrer.) On donne ce nom dans les verreries à bouteilles, à une petite tringle de fer d'environ quatre piés huit pouces de long, que l'ouvrier prend d'une main, & qu'il trempe chaude dans le pot, pour en tirer de quoi faire la cordeline qui entoure l'embouchure de la bouteille; ce qui se fait en attachant l'espece de mammelon qui pend, & tournant en même tems l'instrument de la main gauche.

CORDELLE (Page 4:215)

CORDELLE, s. f. (Marine.) terme de marine dont on se sert pour signifier une corde de moyenne grosseur dont on se sert pour haler un vaisseau d'un lieu à un autre; par exemple, dans la Charente on hale les vaisseaux à la cordelle.

On donne encore ce nom à la corde qui sert à conduire la chaloupe d'un navire qui est dans le port, de terre à ce navire. (Z)

CORDER (Page 4:215)

CORDER, v. act. (Comm.) C'est affermir l'enveloppe d'un ballot, les dessus d'une caisse, en les entourant d'une corde serrée au bâton.

Corder (Page 4:215)

Corder, terme de Marchand de bois; c'est le mesurer à la corde ou à la membrure. Voyez Corde & Membrure.

Corder (Page 4:215)

Corder, en terme de Vergetier; c'est noüer & entrelacer les cordes à boyau d'une raquette les unes dans les autres, pour en faire une espece de treillis.

CORDERIE (Page 4:215)

CORDERIE, subst. fémin. (Marine.) C'est le nom que l'on donne à un grand bâtiment couvert, fort long & peu large, destiné dans un arsenal de marine pour filer les cables & cordages nécessaires pour les vaisseaux du Roi. Voyez Pl. VII. part. 3. n. 6. le plan d'une corderie de 200 toises de long sur 8 toises de large. (Z).

Corderie (Page 4:215)

* Corderie, (Ord. encyclop. Entend. Mémoire. Hist. Hist. de la nat. Hist. de la nat. employée. Arts mechan. Cord.) C'est l'art de faire des cordes. Une corde est un composé long, cylindrique, plus ou moins flexible, ou de lin, ou de laine, ou de coton, ou de roseau, ou d'écorce de tilleul, ou de soie, ou de chanvre, ou de cheveux, ou d'autres matieres semblables, tortillées ou simplement ou en plusieurs doubles sur elles - mêmes. Si la portion de matiere tortillée simplement sur elle - même est menue, elle prend le nom de fil, voyez Fil. Il y a encore des cordes de boyau, de léton, de cuivre, de fer, &c. mais il semble qu'on ne leur ait donné ce nom que par la ressemblance qu'elles ont pour la flexibilité, la forme, & même l'usage, avec celles de chanvre. Les cordes de chanvre sont les seules qui se fabriquent dans les corderies. Voyez à l'art. Boyaudier la maniere de faire les cordes à boyau; à l'article Trifilerie ou grosses Forges, la fabrication des fils de fer; à l'article Cuivre ou Léton, celle des cordes de léton. Nous avons laissé à l'article Chanvre cette matiere toute prête à passer entre les mains du cordier. Nous allons la reprendre ici, la transporter dans l'attelier des fileurs, & de cet attelier dans celui des commetteurs, jusqu'à ce que nous en ayons formé des cordes de toute espece.

Des Fileurs. Les filamens de chanvre qui forment le premier brin, n'ont que deux ou trois piés de longueur; ainsi pour faire une corde fort longue, il faut placer un grand nombre de ces filamens les uns au bout des autres, & les assembler de maniere qu'ils rompent plûtôt que de se desunir, c'est la propriété principale de la corde; & qu'ils résistent le plus qu'il est possible à la rupture, c'est la propriété distinctive d'une corde bien faite. Pour assembler les filamens, on les tord les uns sur les autres, de maniere que l'extrémité d'une portion non assemblée excede toûjours un peu l'extrémité de la portion déjà tortillée. Si l'on se proposoit de faire ainsi une grosse corde, on voit qu'il seroit difficile de la filer également, (car cette maniere d'assembler les filamens s'appelle filer), & que rien n'empêcheroit la matiere filée de cette façon, de se détortiller en grande partie; c'est pourquoi on fait les grosses cordes de petits cordons de chanvre tortillés les uns avec les autres; & l'on prépare ces cordons, qu'on appelle fil de carret, en assemblant les filamens de chanvre, comme nous venons de l'insinuer plus haut, & comme nous allons ci - après l'expliquer plus en détail.

L'endroit où se fait le fil de carret, s'appelle la filerie. Il y a des fileries de deux especes, de couvertes & de découvertes. Celles - ci sont en plein air, sur des remparts de ville, dans des fossés, dans les champs, &c. Celles - là sont des galeries qui ont jusqu'à 1200 piés de long sur 28 de large, & 8 à 9 de haut.

Il est évident qu'on ne laisse pas les instrumens dans les fileries découvertes; les marchands qui y travaillent sont donc obligés de les avoir portatifs. Leur roüet, tel qu'on le voit à la Pl. II. est composé d'une roüe, de montans qui la soûtiennent, d'une grosse piece de bois qui sert d'empatement à toute la machine, & de montans qui soûtiennent des traverses à coulisses, dans lesquelles la planchette est reçûe; de façon qu'on peut tendre ou détendre la corde à boyau qui passe sur la roüe, en rapprochant ou éloignant la planchette qui porte les molettes qu'on voit à terre détachées en a b c, a b c. a est un morceau de bois qui sert à attacher la molette à la planchette par de petits coins. b est la broche de fer de la molette; elle est recourbée par un bout, l'autre traverse le morceau de bois a; & rivé en a sur une plaque de fer, il peut tourner sur lui même. c est une petite poulie fixée sur la broche; la corde de boyau passe sur cette poulie, & la fait tourner avec la broche. Les molettes sont toûjours disposées sur la planche, de maniere qu'une seule corde de boyau peut les faire tourner toutes à la fois. Ce seroit une chose à examiner, si cette disposition n'est pas telle en plusieurs cas, qu'une des molettes tournant plus vîte qu'une des autres, les fils qui en partent ne sont pas également tords.

Les roüets des corderies de roi sont différens; ils sont plus solides, & ils servent en même tems à onze ouvriers. Le poteau a est fortement assujetti au plancher de la filerie; il soûtient la roüe l. A la partie supérieure du poteau, au - dessus de l'essieu de la roüe, est une rainure où entre la piece de bois b, que les liens c, c retiennent, & à laquelle est attachée la piece e, qu'on appelle la croisille. La croisille porte les molettes ou cubes m, m, au nombre de sept ou onze. La même corde les fait tourner toutes disposées circulairement. La piece b est assemblée à coulisse avec le poteau a, pour qu'on puisse tendre ou détendre à discrétion la corde de boyau qui passe de dessus la roüe sur la croisille qui est verticalement au - dessus. Les crochets des molettes les plus élevées, sont quelquefois au - dessus de la portée de la main; c'est pour y atteindre qu'on voit une espece de marche - pié ou pont en B. Le fileur accroche son chanvre; on tourne, & le fil se fait. Mais à peine cet ouvrier est - il éloigné du roüet de cinq à six brasses, que le fil ourdi toucheroit à terre, si on ne le tenoit élevé dans les corderies de roi, sur des crochets fixés aux tirans de la charpente, [p. 216] ou à des traverses légeres G, & dans les fileries de marchands, sur des rateliers G fichés ou en terre ou dans des murs.

Le fileur recule à mesure que le fil se tord; il parvient enfin à gagner le bout de la filerie: il faut alors dévider ce fil d'environ cent brasses de long. Cela se fait sur des especes de grandes bobines appellées tourets, qu'on voit en E, D. La construction en est si simple, qu'il est inutile de l'expliquer. Il y en a qui peuvent porter jusqu'à 500 livres de fil de carret. Quant à la manoeuvre du fileur, la voici. Il a autour de sa ceinture un peignon de chanvre assez gros pour fournir le fil de la longueur de la corderie. Il monte fur le pont. Il fait à son chanvre une petite boucle, il l'accroche dans la molette la plus élevée; le chanvre se tortille: à mesure que le fil se forme, il recule. Il a dans sa main droite un bout de lisiere s, qu'on appelle paumelle; il en enveloppe le fil déjà fait, il le serre fortement en tirant à lui (ce mouvement empêche le fil de se replier sur lui - même, ou de se griper), l'allonge, & lui conserve son tortillement. Il desserre ensuite un peu, le tortillement passe au chanvre disposé par la main gauche; il recule, la lisiere se trouve alors sur le dernier fil tortillé: il traite ce fil avec la lisiere, comme le précédent, & il continue ainsi.

Quand ce premier fileur, qu'on appelle le maître de roüe, est à quatre à cinq brasses, deux autres fileurs accrochent leur chanvre aux deux molettes suivantes; deux autres en font autant après ceux - ci, & ainsi de suite jusqu'à ce que toutes les molettes soient occupées. Quand le maître de roüe a atteint le bout de la filerie, il avertit; on détache son fil du crochet de la molette; on le passe dans une petite poulie x, placée au plancher de la filerie; on l'enveloppe d'une corde d'étoupe qu'on appelle livarde; on charge la livarde d'une pierre n, n; on porte le même bout sur le touret: un petit garçon tenant le fil enveloppé d'une autre livarde, le conduit sur le touret, sur lequel il se place tandis que le touret tourne; il le frappe même d'une palette, pour qu'il se serre mieux sur le touret. Voyez cette manoeuvre en D. Le fil s'unit en passant par les livardes de la pierre & du petit garçon; il perd même un peu de son tortillement, qui étant porté en arriere, fait crisper l'extrémité i du fil, & contraint le fileur à lui permettre de se détordre. Il y a des fileurs qui, pour laisser cette partie du détortillement s'épuiser en entier, attachent l'extrémité qu'ils ont en leur main, à un petit émerillon.

Le maître de roüe rendu au crochet, décroche le fil de l'ouvrier le plus avancé vers le bout de la corderie; il l'épisse ou tortille au bout du sien, & le met en état d'être dévidé; celui - ci arrivé, en fait autant, & tout ce qu'il y a de fil fait se dévide tout de suite sur le touret. Quand il est plein, on l'accroche au palant D; & en halant sur le garent, on le dégage de son essieu, & on y en substitue un autre. On transporte le premier au magasin, d'où il va à l'étuve pour être goudronné, ou à la corderie, pour y être commis en franc funin blanc. Il arrive quelquefois que l'étuve étant dans la corderie, le fil passe au goudron tout au sortir des mains du cordier, & avant que d'être dévidé sur le touret.

Il y a des corderies où l'on sait ménager le tems. Pour cet effet il y a des roüets & des tourets aux deux bouts, & le fileur commence un nouveau fil à l'extrémité où il est arrivé, tandis qu'un petit garçon dévide le fil qu'il a filé, sur le touret placé à côté du roüet où il commence son nouveau fil; d'où il arrive que le fil filé est dévidé à brousse poil, ce qui le rend un peu plus velu, & plus propre au goudron, quand il doit le recevoir tout de suite. L'autre maniere est, selon M. Duhamel, meilleure pour le cordage blanc.

Le fileur a soin de séparer du chanvre, à mesure qu'il le file, les pattes, les parties mal travaillées, &c. ce qui lui tombe de bon, est ramassé par des enfans qui sont chargés de ce soin. On file le fil de carret à sec, sans quoi il se pourriroit sur les tourets, où il reste quelquefois long - tems. La seule humidité qu'il reçoive est de la paumelle qu'on trempe dans l'eau à Marseille, pays chaud, où elle est promptement dissipée.

Le fil, pour être bien filé, doit être uni, égal, sans meche, & couché en longues lignes spirales. Il y a des fileurs qui, après avoir prolongé le chanvre suivant l'axe du fil t u, en prennent une pincée de la main droite x, & la fourent au milieu des filamens t u. Si on examine comment ce chanvre se tortille, on trouvera que le chanvre t u se prolongera selon l'axe du fil, en se tordant par de longues hélices, pendant que la partie x se roulera sur l'autre en hélices courtes, comme sur une meche, ce qu'on voit en y. D'autres tiennent tous leurs filamens paralleles, z, en forment comme une laniere platte entre le pouce & les doigts de la main gauche, & contraignent les filamens à se rouler les uns sur les autres en longues hélices allongées z, sans qu'il y ait de meche. Il est évident que cette derniere façon est la meilleure.

Nous avons dit que les fileurs mettoient les peignons autour d'eux, c'est ce qu'on appelle filer à la ceinture; mais en province presque tous les marchands font filer à la filouse ou à la quenoüille. Dans ce second cas, le fileur F tient une longue perche de sept à huit piés, chargée d'une queuë de chanvre peignée, comme nos fileuses leurs quenouilles; il fournit le chanvre de la droite, & serre le fil de la gauche avec la paumelle. Les expériences ont prouvé que le fil filé à la ceinture étoit plus fort que le fil filé à la quenouille.

On ne peut douter que le plus ou moins de tortillement n'influe sur la force du fil. Pour déterminer ce point, il ne s'agissoit que d'expériences; mais par l'expérience on a trouvé en général que le tortillement ne peut avoir lieu, sans affoiblir les parties qu'il comprime: d'où l'on a conclu qu'il étoit inutile de le porter au - delà du pur nécessaire, ou du point précis en - deçà duquel ces filamens, au lieu de rompre, se sépareroient en glissant les uns sur les autres; & que pour obtenir ce point il falloit déterminer, d'après l'expérience, quel devoit être le rapport entre la marche du fileur & la vîtesse du tourneur. Une autre quantité non moins importante à fixer, c'étoit la grosseur du fil. L'expérience a encore fait voir qu'il ne falloit pas qu'il eût plus de trois lignes & demie, ou quatre lignes & demie; observant toutefois de proportionner la grosseur à la finesse, de filer plus gros le chanvre le moins affiné, & de rendre le fil le plus égal qu'il est possible.

Onze fileurs qui employent bien leur tems, peuvent filer jusqu'à 700 livres de chanvre par jour. Il y a du fil de deux, & quelquefois de trois grosseurs. Le plus grossier sert pour les cables, & on l'appelle fil de cable; le moyen pour les manoeuvres dormantes & courantes, & on l'appelle fil de hautban; & le plus fin pour de petites manoeuvres, comme pour les lignes de loc, le lusin, le merlin, le fil à coudre les voiles, &c.

On entasse les tourets chargés de fil les uns sur les autres; on ménage seulement de l'air entr'eux, on en tient le magasin frais & sec. Il est bon que ce magasin soit à rez de chaussée; que le sol en soit élevé au - dessus du niveau des terres; qu'il soit couvert de terre glaise; qu'on ait pavé sur la glaise à chaux & à ciment; que ce pavé soit couvert de planches

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