* Corderie, (Ord. encyclop. Entend. Mémoire.
Hist. Hist. de la nat. Hist. de la nat. employée. Arts
mechan. Cord.) C'est l'art de faire des cordes. Une
corde est un composé long, cylindrique, plus ou
moins flexible, ou de lin, ou de laine, ou de coton,
ou de roseau, ou d'écorce de tilleul, ou de soie, ou
de chanvre, ou de cheveux, ou d'autres matieres
semblables, tortillées ou simplement ou en plusieurs
doubles sur elles - mêmes. Si la portion de matiere
tortillée simplement sur elle - même est menue, elle
prend le nom de fil, voyez Fil. Il y a encore des
cordes de boyau, de léton, de cuivre, de fer, &c.
mais il semble qu'on ne leur ait donné ce nom que
par la ressemblance qu'elles ont pour la flexibilité,
la forme, & même l'usage, avec celles de chanvre.
Les cordes de chanvre sont les seules qui se fabriquent
dans les corderies. Voyez à l'art. Boyaudier
la maniere de faire les cordes à boyau; à l'article
Trifilerie ou grosses Forges, la fabrication
des fils de fer; à l'article Cuivre ou Léton, celle
des cordes de léton. Nous avons laissé à l'article
Chanvre cette matiere toute prête à passer entre
les mains du cordier. Nous allons la reprendre ici,
la transporter dans l'attelier des fileurs, & de cet
attelier dans celui des commetteurs, jusqu'à ce que
nous en ayons formé des cordes de toute espece.
Des Fileurs. Les filamens de chanvre qui forment
le premier brin, n'ont que deux ou trois piés de
longueur; ainsi pour faire une corde fort longue,
il faut placer un grand nombre de ces filamens les uns
au bout des autres, & les assembler de maniere qu'ils
rompent plûtôt que de se desunir, c'est la propriété
principale de la corde; & qu'ils résistent le plus qu'il
est possible à la rupture, c'est la propriété distinctive
d'une corde bien faite. Pour assembler les filamens,
on les tord les uns sur les autres, de maniere que
l'extrémité d'une portion non assemblée excede toûjours
un peu l'extrémité de la portion déjà tortillée.
Si l'on se proposoit de faire ainsi une grosse corde,
on voit qu'il seroit difficile de la filer également,
(car cette maniere d'assembler les filamens s'appelle
filer), & que rien n'empêcheroit la matiere filée de
cette façon, de se détortiller en grande partie; c'est
pourquoi on fait les grosses cordes de petits cordons
de chanvre tortillés les uns avec les autres; & l'on
prépare ces cordons, qu'on appelle fil de carret, en
assemblant les filamens de chanvre, comme nous
venons de l'insinuer plus haut, & comme nous
allons ci - après l'expliquer plus en détail.
L'endroit où se fait le fil de carret, s'appelle la
filerie. Il y a des fileries de deux especes, de couvertes
& de découvertes. Celles - ci sont en plein
air, sur des remparts de ville, dans des fossés, dans
les champs, &c. Celles - là sont des galeries qui ont
jusqu'à 1200 piés de long sur 28 de large, & 8 à 9
de haut.
Il est évident qu'on ne laisse pas les instrumens
dans les fileries découvertes; les marchands qui y
travaillent sont donc obligés de les avoir portatifs.
Leur roüet, tel qu'on le voit à la Pl. II. est composé
d'une roüe, de montans qui la soûtiennent,
d'une grosse piece de bois qui sert d'empatement à
toute la machine, & de montans qui soûtiennent des
traverses à coulisses, dans lesquelles la planchette
est reçûe; de façon qu'on peut tendre ou détendre
la corde à boyau qui passe sur la roüe, en rapprochant
ou éloignant la planchette qui porte les molettes
qu'on voit à terre détachées en a b c, a b c.
a est un morceau de bois qui sert à attacher la molette
à la planchette par de petits coins. b est la
broche de fer de la molette; elle est recourbée par
un bout, l'autre traverse le morceau de bois a; &
rivé en a sur une plaque de fer, il peut tourner sur
lui même. c est une petite poulie fixée sur la broche;
la corde de boyau passe sur cette poulie, & la fait
tourner avec la broche. Les molettes sont toûjours
disposées sur la planche, de maniere qu'une seule
corde de boyau peut les faire tourner toutes à la
fois. Ce seroit une chose à examiner, si cette disposition
n'est pas telle en plusieurs cas, qu'une des molettes
tournant plus vîte qu'une des autres, les fils
qui en partent ne sont pas également tords.
Les roüets des corderies de roi sont différens; ils
sont plus solides, & ils servent en même tems à
onze ouvriers. Le poteau a est fortement assujetti au
plancher de la filerie; il soûtient la roüe l. A la partie
supérieure du poteau, au - dessus de l'essieu de la
roüe, est une rainure où entre la piece de bois b,
que les liens c, c retiennent, & à laquelle est attachée
la piece e, qu'on appelle la croisille. La croisille
porte les molettes ou cubes m, m, au nombre
de sept ou onze. La même corde les fait tourner
toutes disposées circulairement. La piece b est assemblée
à coulisse avec le poteau a, pour qu'on
puisse tendre ou détendre à discrétion la corde de
boyau qui passe de dessus la roüe sur la croisille qui
est verticalement au - dessus. Les crochets des molettes
les plus élevées, sont quelquefois au - dessus
de la portée de la main; c'est pour y atteindre qu'on
voit une espece de marche - pié ou pont en B. Le fileur
accroche son chanvre; on tourne, & le fil se
fait. Mais à peine cet ouvrier est - il éloigné du roüet
de cinq à six brasses, que le fil ourdi toucheroit à
terre, si on ne le tenoit élevé dans les corderies de
roi, sur des crochets fixés aux tirans de la charpente,
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