ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"456"> d'eau; d'où M. de Reaumur conjecture avec assez d'apparence, que la liqueur des buccins, & celle des grains; sont à - peu - près de même nature, excepté que celle des grains est plus aqueuse. Elles different encore par le goût: celle des grains est salée, & celle des buccins extrèmement poivrée & piquante, peut - être parte qu'elle a moins d'eau.

Si on vouloit les employer dans la teinture, celle des grains seroit d'un usage plus commode, & coûteroit moins, parce qu'il est aisé de la tirer d'une grande quantité de grains qu'on écraseroit à la fois; au lieu que pour avoir celle des buccins, il faut ouvrir le réservoir de chaque buccin en particulier, ce qui demande beaucoup de tems: ou, si pour expédier on écrase les plus petits de ces coquillages, on gâte la couleur par le mêlange des différentes matieres que fournit l'animal.

La Chimie indiqueroit peut - être des moyens qui feroient paroître la couleur plus vîte & plus belle, & qui la rendroient plus ténace. M. de Reaumur a prouvé que le sublimé corrofif produit cet effet sur la liqueur des buccins: mais la pratique, & sur - tout un principe qui viendroit à faire partie d'un métier; demanderoit beaucoup d'autres observations, & des vûes nouvelles. Il y a bien de la différence entre un physicien qui veut connoître, & un artisan qui veut gagner. C'est par cette réflexion que M. de Fontenelle finit son extrait du mémoire de M. de Reaumur. Voyez Hist. de l'acad. 1711. p. 11. Le savant accadémicien le commence par une autre, qui ne me paroit pas aussi vraie; c'est qu'il y a plus de choses trouvées dans ces derniers siecles, qu'il n'y en a de perdues des anciens: mais qu'il ne peut y avoir rien de perdu, que ce qu'on veut bien qui le soit; qu'il ne faut que le chercher dans le sein de la nature, où rien ne s'anéantit, & que c'est même une grande avance pour le retrouver, que d'être sûr qu'il se peut trouver. Mais on peut répondre à M. de Fontenelle, que le sein de la nature est vaste; que proposer à un physicien ce champ à battre pour y retrouver quelque ancienne découverte, c'est lui donner à chercher un diamant tombé dans le fond de la mer. Une décóuverte se fait souvent par hasard; & il peut se passer bien des fiecles avant que le même hasard se représente: en un mot, je croi que quand une invention est perdue, non - seulement on ne la retrouve pas quand on veut, mais qu'il se peut faire qu'avec beaucoup de soins & de travail, on ne la retrouve jamais. Quant au nombre des choses nouvellement trouvées, & à celui des anciennes découvertes perdues, c'est un examen impossible: nous savons très - bien ce qu'il y a de récemment découvert, mais nous ne savons point tout ce que nous avons perdu des anciens; & sans l'une & l'autre de ces connoissances, il n'y a point de comparaison à faire.

BUCCINATEUR (Page 2:456)

BUCCINATEUR, s. m. pris adject. en Anatomie, nom d'un muscle situé transversalement sous les joues dont il fait partie. Il s'attache à la partie antérieure & inférieure de l'apophyse coronoïde de la mâchoire inférieure, & vis - à - vis les racines des dernieres dents molaires de l'une & l'autre mâchoire, & se termine à la commissure des deux levres. Il est percé vers son milieu par le conduit salivaire de Senon. Voy. Conduit & Salivaire, (L)

BUCCINE (Page 2:456)

BUCCINE, s. f. (Art milit.) étoit un ancien instrument militaire, ou plûtôt un ancien instrument de musique, dont on se servoit à l'armée pour avertir les gardes de nuit, & pour faire savoir aux soldats quand ils devoient descendre ou monter la garde.

Le mot Latin buccina dont celui - ci est fait, vient de bucca, bouche, & de cano, je chante; parce qu'on s'en sert avec la bouche. D'autres croyent qu'il vient du Grec BXANH\, qui signifie la même chose, formé de BS2, boeuf, & de cano, je chante; parce qu'ancienne<cb-> ment cet instrument étoit fait de corne de booeuf. D'autres de l'Hébren buk, une trompette. Varron dit qu'il a été ainsi nommé par onomatopée de bou, bou, en faisant allusion au son qu'il rend. Et d'autres le font plus probablement venir de buccinum, qui est le nom d'une conque ou coquille de poisson.

Le cornet ést regardé comme une sorte de trompette, de laquelle cependant il differe non - seulement par la figure qui est droite dans la trompette, & recourbée dans le cornet, mais encore par le son, le son du cornet étant plus dur, plus fort, & plus facile à être entendu de loin, que celui de la trompette. Voyez Trompette. Le cornet & la conque semble avoir été le même instrument, que l'on a distingué enfuite en ce que le nom de conque est demeuré aux plus petits cornets, & celui de cornet est resté à ceux de la plus grande espece. Quelques - uns croyent que la conque étoit moins recourbée que le cornet, qui décrivoit un demi - cercle entier. Varron assûre que la conque étoit aussi appellée cornec, parce qu'on faisoit cet instrument avec les cornes des boeufs; comme cela se pratique encore dans quelques endroits. Servius afsûre qu'on les faisoit anciennement de cornes de bélier; & conséquemment ces instrumens dont on se servoit anciennement chez les Juifs à l'armée & dans le temple, se trouvent nommés dans l'Ecriture sopheroth haijobem, cornes de béliers. Voyez Corne. (Q)

BUCENTAURE (Page 2:456)

BUCENTAURE, s. m. (Hist. mod.) c'est le nom d'un gros bâtiment qui ressemble assez à un galion, dont se sert la seigneurie de Venise lorsque le doge fait la cérémonie d'épouser la mer; ce qu'il fait tous les ans le jour de l'Ascension. La seigneurie sort du palais pour aller monter le bucentaure, qu'on amene pour ce sujet proche des colonnes de Saint - Marc. Cette machine est un superbe bâtiment, plus long qu'une galere, & haut comme un vaisseau, sans mâts & sans voiles. La chiourme est sous un pont, sur lequel est élevée une voûte de menuiserie & sculpture dorée par dedans, qui regne d'un bout à l'autre du bucentaure, & qui est soûtenue tout autour par un grand nombre de figures, dont un troisieme rang qui soûtient la même couverture dans le milieu, forme une double galerie toute dorée & parquetée, avec des bancs de tous les côtés, sur lesquels sont assis les sénateurs qui assistent à cette cérémonie. L'extrémité du côté de la poupe est en demi - rond, avec un parquet élevé de demi - pié. Le doge est assis dans le milieu; le nonce & l'ambassadeur de France sont à sa droite & à sa gauche, avec les nobles qui forment le conseil. (Z)

BUCEPHALON (Page 2:456)

BUCEPHALON, s. f. (Hist. nat. bot.) genre de plante dont la fleur est sans pétales, composée seulement de deux étamines qui tiennent à l'embryon, & qui ressemblent en quelque façon aux cornes d'un taureau. L'embryon devient dans la suite un fruit charnu, ovoïde, & cannelé. Ce fruit renferme un noyau qui se casse aisément, & dans lequel il y a une amande. Plumier, Nova pl. Amer. gen. Voy. Plante. (I)

BUCH (Page 2:456)

BUCH, (Géog.) petite ville de France en Guienne. On nomme le territoire qui en dépend, le capitalat de Buch.

BUCHAN (Page 2:456)

BUCHAN, (Géog.) province de l'Ecosse septentrionale, bornée au nord & à l'orient par la mer; au sud par le comté de Marr, & au couchant par celui de Murray. Il s'y trouve beaucoup d'agates. On prétend qu'il n'y a point de souris; & que si on y en transportoit d'ailleurs, elles ne pourroient y vivre.

BUCHAW (Page 2:456)

BUCHAW, (Géog.) ville libre & impériale d'Allemagne dans la Souabe, sur le Federzée, à neuf lieues d'Ulm. Long. 27. 20 lat. 48. 2.

Buchaw (Page 2:456)

Buchaw (le), Géog. petit pays d'Allemagne dans le cercle du haut Rhin. Fulde en est la capitale. [p. 457]

Buchaw (Page 2:457)

Buchaw, (Géog.) ville de Pologne dans le palatinat de Mciselau, dans la Russie Lithuanienne. Il y a encore une petite ville de ce nom en Bohème, dans le cercle de Satz.

BUCHE (Page 2:457)

BUCHE, s. f. que l'on écrit aussi busche, & que quelques - uns appellent buze ou ftibot. (Mar.) La bûche est un petit bâtiment dont on se sert à la mer pour la pêche. Les Anglois & les Hollandois se servent de cette sorte de bâtiment pour la pêche du hareng. La forme de ce bâtiment se connoîtra bien mieux par l'inspection de la figure. Voyez Planche XII. figure 2. qui représente une bûche ou flibot, dont voici les proportions les plus ordinaires.

Une bûche a ordinairement 52 piés de long de l'étrave à l'étambord; 13 piés 6 pouces de ban, & 8 piés de creux. L'étrave a 20 piés de haut, 12 piés de queste, 9 pouces d'épaisseur en - dedans, & un pié 9 pouces de largeur par le haut & par le bas.

L'étambord a 22 piés de haut, 2 piés 1/2 de queste, un pié de large par le haut, & 3 piés 6 pouces par le bas.

La plus basse préceinte a 8 pouces de large, & la fermure qui est au - dessus, a 5 pouces & demi: la seconde préceinte a 7 pouces de large, & la fermure en a 5: la troisieme préceinte a 5 pouces & demi de large, la fermure qui est au - dessus en a 15 par son milieu, & 16 au bout; la lisse est large de 4 pouces; les lattes ont 2 pouces de largeur & 2 d'épaisseur.

Les bûches ont deux sortes de petites couvertes ou chambres, à l'avant & à l'arriere: celle de l'avant sert de cuisine.

Le maître ou patron de ces bâtimens y commande. Il a un aide; le contre - maître vient après. Sous lui sont ceux qui virent à bord les aussieres ou funes; ceux qui sont employés à saisir les filets; & les caqueurs qui égorgent les harengs, & qui les vuident de leurs breuilles ou entrailles à mesure qu'on les pêche. On ne sert que de biscuit, de poisson sec ou salé, & de gruau, l'équipage se contentant du poisson frais qu'il pêche. C'est le patron qui donne l'ordre pour jetter les rets & pour les retirer. Les matelots se louent pour l'ordinaire pour tout le voyage en gros. (Z)

Bûche (Page 2:457)

* Bûche ou Busche, (Commerce de bos.) morceau de bois de chauffage, de grosseur & longueur déterminée. Plusieurs de ces morceaux forment la corde. Voyez Bois.

Bûche (Page 2:457)

* Bûche, (controlleurs de la) Police, petits officiers établis sur les chantiers. Leur emploi est de veiller à ce que les bois de chauffage ayent les dimensions & les qualités requises par les ordonnances. Voyez Bois.

Bûche (Page 2:457)

Bûche, (réparation à la) terme d'Eaux & Forêts, est l'amende ordonnée par jugement des maîtres des eaux & forêts, pour avoir abattu ou enlevé des arbres dans les forêts du roi. (H)

Bûche (Page 2:457)

Bûche, en Jardinage; on appelle ainsi la tige des orangers étêtés, que l'on amene en France de Provence & de Genes. (K)

BUCHEIRA ou BUCHIARA (Page 2:457)

BUCHEIRA ou BUCHIARA, (Géog.) c'est ainsi qu'on nomme un lac d'Egypte, à sept milles d'Alexandrie.

BUCHEN (Page 2:457)

BUCHEN, (Géog.) petite ville d'Allemagne dans l'Odenwaldt, appartenante à l'électorat de Mayence.

BUCHER (Page 2:457)

BUCHER, s. m. en Architecture, est un petit bâtiment ou engard, pratiqué dans une basse - cour ou dans une maison de campagne, où l'on serre le bois: dans les maisons particulieres, c'est un lieu obscur dans l'étage soûterrain ou au rez - de - chaussée. Les bûchers, chez les princes, s'appellent fourrieres, en latin cella lignaria. (P)

Bûchers (Page 2:457)

* Bûchers, s. m. (Hist. anc.) amas de bois sur lesquels les anciens brûloient leurs morts: ces amas étoient plus ou moins grands, selon la qualité des personnes. La loi des douze Tables défendoit d'y employer du bois poli & menuisé. On les construisoit principalement de larix, d'if, de pin, de frêne, & d'autres arbres qui s'enflamment facilement. On y ajoûtoit aussi la plante appellée papyrus. On les environnoit de cyprès, dit Varron, pour corriger par son odeur celle du cadavre, qui auroit incommodé ceux qui assistoient à la cérémonie, & qui répondoient aux lamentations de la Proefica, jusqu'à ce que le corps étant consumé & les cendres recueillies, elle disoit ilicet, retirez - vous.

Le bûcher étoit de forme quarrée, à trois ou quatre étages, qui alloient toûjours en diminuant comme une pyramide: on l'ornoit quelquefois de statues. On versoit sur le cadavre du vin, du lait, & du miel. On répandoit sur le bûcher des parfums, des liqueurs odoriférantes, de l'encens, du cinnamome, des aromates, & de l'huile. On donnoit au mort la potion myrrhine. Voyez Myrrhe. Cette profusion coûteuse d'aromates, de liqueurs, de potions, fut défendue par la loi des douze Tables: outre la dépense superflue, qu'il étoit de la bonne police d'arrêter, l'exhalaison de tant d'odeurs étouffoit quelquefois ceux qui approchoient trop près du bûcher.

Après qu'on avoit oint le corps, on lui ouvroit les yeux qu'on avoit fermés après le dernier soûpir. On mettoit au mort une piece de monnoie dans la bouche; cette coûtume a été fort générale en Grece: il n'y avoit que les Hermoniens qui prétendoient passer la barque gratis. C'étoient les plus proches parens du défunt qui mettoient le feu au bûcher: ils lui tournoient le dos, pour s'ôter la vûe d'un si triste spectacle.

Quand le bûcher étoit allumé, on prioit les vents de hâter l'incendie. Achille appelle, dans Homere, le vent du septentrion & le zéphir sur le bûcher de Patrocle, & cette coûtume passa des Grecs chez les Romains. Quand le bûcher étoit bien allumé, on y jettoit des habits, des étoffes précieuses, & les parfums les plus rares. On y jettoit aussi les dépouilles des ennemis. Aux funérailles de Jules César les vétérans y précipiterent leurs armes. On immoloit de plus des boeufs, des taureaux, des moutons, qu'on mettoit aussi sur le bûcher. Quelques - uns se coupoient ou s'arrachoient des cheveux qu'ils y semoient.

Il y a des exemples de personnes qui se sont tuées sur le bûcher de celles qu'elles aimoient. Aux funérailles d'Agrippine, Mnestor, un de ses affranchis, se tua de douleur. Plusieurs soldats en firent autant devant le bûcher de l'empereur Othon. Pline dit qu'un nommé Philotimus, à qui son maître avoit legué ses biens, se jetta sur son bûcher. Plusieurs femmes ont eu ce courage. Cette coûtume subsiste encore, comme on sait, chez les Banianes. Achille tua douze jeunes Troyens sur le bûcher de Patrocle.

Lorsque le cadavre étoit réduit en cendres, & qu'il n'en restoit que les ossemens parmi les cendres, on achevoit d'éteindre le bûcher avec du vin: on recueilloit les restes, & on les enfermoit dans une urne d'or. La loi des douze Tables défendit les libations de vin.

Mais tout ce qui précede, ne concerne que les grands & les riches. On brûloit les pauvres dans de grands lieux enfermés, appellés ustrina. Voyez Ustrinum.

C'étoit la mere, les soeurs ou les parentes du défunt qui ramassoient les cendres & les os: elles étoient vêtues de noir: elles les mettoient sous leurs habits. Les fils recueilloient les restes de leurs peres; au défaut d'enfans, ce devoir étoit rendu par les autres parens ou par les héritiers. Les consuls ou les premiers officiers des empereurs ramassoient leurs ossemens. Au décès d'Auguste, les premiers de l'ordre équestre les ramasserent nuds piés. On enveloppoit

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