ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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d'eau; d'où M. de Reaumur conjecture avec assez
d'apparence, que la liqueur des buccins, & celle des
grains; sont à - peu - près de même nature, excepté
que celle des grains est plus aqueuse. Elles different
encore par le goût: celle des grains est salée, & celle
des buccins extrèmement poivrée & piquante, peut - être
parte qu'elle a moins d'eau.
Si on vouloit les employer dans la teinture, celle
des grains seroit d'un usage plus commode, & coûteroit
moins, parce qu'il est aisé de la tirer d'une
grande quantité de grains qu'on écraseroit à la fois;
au lieu que pour avoir celle des buccins, il faut ouvrir
le réservoir de chaque buccin en particulier, ce
qui demande beaucoup de tems: ou, si pour expédier
on écrase les plus petits de ces coquillages, on
gâte la couleur par le mêlange des différentes matieres
que fournit l'animal.
La Chimie indiqueroit peut - être des moyens qui
feroient paroître la couleur plus vîte & plus belle,
& qui la rendroient plus ténace. M. de Reaumur a
prouvé que le sublimé corrofif produit cet effet sur la
liqueur des buccins: mais la pratique, & sur - tout un
principe qui viendroit à faire partie d'un métier; demanderoit
beaucoup d'autres observations, & des
vûes nouvelles. Il y a bien de la différence entre un
physicien qui veut connoître, & un artisan qui veut
gagner. C'est par cette réflexion que M. de Fontenelle finit son extrait du mémoire de M. de Reaumur.
Voyez Hist. de l'acad. 1711. p. 11. Le savant accadémicien
le commence par une autre, qui ne me paroit
pas aussi vraie; c'est qu'il y a plus de choses trouvées
dans ces derniers siecles, qu'il n'y en a de perdues
des anciens: mais qu'il ne peut y avoir rien de
perdu, que ce qu'on veut bien qui le soit; qu'il ne faut
que le chercher dans le sein de la nature, où rien
ne s'anéantit, & que c'est même une grande avance
pour le retrouver, que d'être sûr qu'il se peut trouver.
Mais on peut répondre à M. de Fontenelle, que le sein
de la nature est vaste; que proposer à un physicien ce
champ à battre pour y retrouver quelque ancienne
découverte, c'est lui donner à chercher un diamant
tombé dans le fond de la mer. Une décóuverte se
fait souvent par hasard; & il peut se passer bien des
fiecles avant que le même hasard se représente: en
un mot, je croi que quand une invention est perdue,
non - seulement on ne la retrouve pas quand on veut,
mais qu'il se peut faire qu'avec beaucoup de soins &
de travail, on ne la retrouve jamais. Quant au nombre
des choses nouvellement trouvées, & à celui des
anciennes découvertes perdues, c'est un examen impossible: nous savons très - bien ce qu'il y a de récemment
découvert, mais nous ne savons point tout ce
que nous avons perdu des anciens; & sans l'une &
l'autre de ces connoissances, il n'y a point de comparaison
à faire.
BUCCINATEUR
BUCCINATEUR, s. m. pris adject. en Anatomie,
nom d'un muscle situé transversalement sous les joues
dont il fait partie. Il s'attache à la partie antérieure
& inférieure de l'apophyse coronoïde de la mâchoire
inférieure, & vis - à - vis les racines des dernieres dents
molaires de l'une & l'autre mâchoire, & se termine
à la commissure des deux levres. Il est percé vers son
milieu par le conduit salivaire de Senon. Voy. Conduit & Salivaire, (L)
BUCCINE
BUCCINE, s. f. (Art milit.) étoit un ancien instrument
militaire, ou plûtôt un ancien instrument
de musique, dont on se servoit à l'armée pour avertir
les gardes de nuit, & pour faire savoir aux soldats
quand ils devoient descendre ou monter la garde.
Le mot Latin buccina dont celui - ci est fait, vient
de bucca, bouche, & de cano, je chante; parce qu'on
s'en sert avec la bouche. D'autres croyent qu'il vient
du Grec B>XANH\, qui signifie la même chose, formé de
B>S2, boeuf, & de cano, je chante; parce qu'ancienne<cb->
ment cet instrument étoit fait de corne de booeuf. D'autres de l'Hébren buk, une trompette. Varron dit qu'il
a été ainsi nommé par onomatopée de bou, bou, en
faisant allusion au son qu'il rend. Et d'autres le font
plus probablement venir de buccinum, qui est le nom
d'une conque ou coquille de poisson.
Le cornet ést regardé comme une sorte de trompette,
de laquelle cependant il differe non - seulement
par la figure qui est droite dans la trompette, & recourbée
dans le cornet, mais encore par le son, le
son du cornet étant plus dur, plus fort, & plus facile
à être entendu de loin, que celui de la trompette.
Voyez Trompette. Le cornet & la conque
semble avoir été le même instrument, que l'on a distingué
enfuite en ce que le nom de conque est demeuré
aux plus petits cornets, & celui de cornet est
resté à ceux de la plus grande espece. Quelques - uns
croyent que la conque étoit moins recourbée que le
cornet, qui décrivoit un demi - cercle entier. Varron
assûre que la conque étoit aussi appellée cornec, parce
qu'on faisoit cet instrument avec les cornes des
boeufs; comme cela se pratique encore dans quelques
endroits. Servius afsûre qu'on les faisoit anciennement
de cornes de bélier; & conséquemment ces
instrumens dont on se servoit anciennement chez les
Juifs à l'armée & dans le temple, se trouvent nommés
dans l'Ecriture sopheroth haijobe>m, cornes de
béliers. Voyez Corne. (Q)
BUCENTAURE
BUCENTAURE, s. m. (Hist. mod.) c'est le nom
d'un gros bâtiment qui ressemble assez à un galion,
dont se sert la seigneurie de Venise lorsque le doge
fait la cérémonie d'épouser la mer; ce qu'il fait tous
les ans le jour de l'Ascension. La seigneurie sort du
palais pour aller monter le bucentaure, qu'on amene
pour ce sujet proche des colonnes de Saint - Marc.
Cette machine est un superbe bâtiment, plus long
qu'une galere, & haut comme un vaisseau, sans mâts
& sans voiles. La chiourme est sous un pont, sur lequel
est élevée une voûte de menuiserie & sculpture
dorée par dedans, qui regne d'un bout à l'autre
du bucentaure, & qui est soûtenue tout autour par
un grand nombre de figures, dont un troisieme rang
qui soûtient la même couverture dans le milieu, forme
une double galerie toute dorée & parquetée,
avec des bancs de tous les côtés, sur lesquels sont
assis les sénateurs qui assistent à cette cérémonie.
L'extrémité du côté de la poupe est en demi - rond,
avec un parquet élevé de demi - pié. Le doge est assis
dans le milieu; le nonce & l'ambassadeur de France
sont à sa droite & à sa gauche, avec les nobles qui
forment le conseil. (Z)
BUCEPHALON
BUCEPHALON, s. f. (Hist. nat. bot.) genre de
plante dont la fleur est sans pétales, composée seulement
de deux étamines qui tiennent à l'embryon, &
qui ressemblent en quelque façon aux cornes d'un
taureau. L'embryon devient dans la suite un fruit
charnu, ovoïde, & cannelé. Ce fruit renferme un
noyau qui se casse aisément, & dans lequel il y a une
amande. Plumier, Nova pl. Amer. gen. Voy. Plante.
(I)
BUCH
BUCH, (Géog.) petite ville de France en Guienne. On nomme le territoire qui en dépend, le capitalat
de Buch.
BUCHAN
BUCHAN, (Géog.) province de l'Ecosse septentrionale,
bornée au nord & à l'orient par la mer; au
sud par le comté de Marr, & au couchant par celui
de Murray. Il s'y trouve beaucoup d'agates. On prétend
qu'il n'y a point de souris; & que si on y en
transportoit d'ailleurs, elles ne pourroient y vivre.
BUCHAW
BUCHAW, (Géog.) ville libre & impériale d'Allemagne dans la Souabe, sur le Federzée, à neuf
lieues d'Ulm. Long. 27. 20 lat. 48. 2.
Buchaw
Buchaw (le), Géog. petit pays d'Allemagne
dans le cercle du haut Rhin. Fulde en est la capitale.
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