LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798

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Page 137

moustache, jusque sur la moustache de quelqu'un, pour dire, Enlever quelque chose à quelqu'un en sa présence et malgré lui. Les ennemis sont venus pour défendre cette place, on la leur a enlevée sur la moustache. Il est familier.

On dit figurément, Donner sur la moustache à quelqu'un, pour dire, Frap per quelqu'un au visage. Il est populaire.

MOUSTIQUE

MOUSTIQUE. s. f. Petit insecte d'Afrique et d'Amérique, dont la piqûre est très--douloureuse, et laisse sur la peau une tache semblable à celles du pourpre.

MOUT

MOUT. s. m. Vin doux et nouvellement fait. Boire du moût.

MOUTARDE

MOUTARDE. s. fém. Composition faite de graine de sénevé broyée avec du moût ou avec du vinaigre. Moutarde douce. Moutarde de Dijon. Moutarde commune. Moutarde grise. De la moutarde fort piquante. De la moutarde qui prend au nez.

On appelle La graine de sénevé, Moutarde. Semer de la moutarde. Ungrain de moutarde.

On dit proverbialement et figurément, S'amuser à la moutarde, pour dire, S'amuser à des choses inutiles. Vous vous êtes amusé à la moutarde, tandis que les autres faisoient leursaffaires.

On dit proverbialement et figurément De quelqu'un qui commence à s'impatienter de ce qu'on lui dit, ou de ce qu'on lui fait, que La moutarde lui monte au nez.

On dit aussi proverbialement et figurément d'Une chose qui vient lorsque l'on n'en a plus besoin, que C'est de la moutarde après diner.

On dit proverbialement, qu'Il n'appartient pas à tout Vinaigrier de faire de bonne moutarde.

Quand par les comptes d'un Maître d'Hôtel il demeure redevable d'une somme, outre les parties qu'il met eu depense, on dit, Et le reste enmoutarde. Il est du style familier.

On le dit aussi De tout autre qui ne peut justifier à quoi il a employé une partie de l'argent qu'il a reçu.

MOUTARDIER

MOUTARDIER. s. m. Petit vase servant à mettre la moutarde. Moutardier d'étain. Moutardier d'argent. Moutardier de porcelaine.

On appelle aussi Moutardier, Celui qui fait et vend de la moutarde.

On dit familièrement d'Un homme médiocre qui a une grande opinion de lui, qu'Il se croit le premier moutardier du pape.

MOUTIER

MOUTIER. s. masc. Église. (On écrivoit autrefois Monstier.) Il ne se dit guère qu'en cette phrase, Mener au Moutier, en parlant d'Une fille qu'on mène à l'Église pour la marier. Mener la mariée au Moutier. Il est vieux.

Moutier

Moutier, se dit aujourd'hui familièrement dans le sens primitif de Monastère. On l'a fait rentrer dans son moutier. Un échappé du moutier.

On dit proverbialement, Il faut laisser le Moutier où il est, pour dire, qu'Il ne faut rien changer aux usages reçus.

MOUTON

MOUTON. s. m. Bélier châtré que l'on engraisse. Gros mouton. Mouton gras. Mouton de Berri. Mouton de Beauvais. Ce Boucher tue tant de moutons par an. Du mouton bien tendre. Du mouton qui sent le serpolet. Le mouton est une viande extrêmement succulente. Tête de mouton. Langue de mouton. Pieds de mouton. Gigot ou éclanche de mouton. Épaule de mouton. Collet de mouton. Côtelettes de mouton. Quartier de mouton. Graisse de mouton. Suif de mouton.

On comprend aussi quelquefois sous le nom de mouton, les béliers, les brebis, les agneaux, quand ils sont en troupe. Un troupeau de moutons. Garder les moutons.

On dit proverbialement d'Un homme qui a quelque marque sur le visage, qu'Il ressemble aux moutons de Berri, qu'il est marqué sur le nez. Il est populaire.

On dit communément, que Le peuple fait comme les moutons, pour dire, qu'Il fait ce qu'il voit faire au premier venu, de même que les moutons passent tous où ils voient qu'un autre mouton a passé.

On dit proverbialement, Revenons à nos moutons, pour dire, Reprenons le discours que nous avons quitté, ou qui a été interrompu.

On dit figurément d'Un homme qui est d'une humeur douce et traitable, que C'est un mouton, qu'il est doux comme un mouton.

On appelle dans les prisons, Un mouton, Un homme aposté pour tâcher de découvrir le secret d'un prisonnier et le redire. On a mis près de lui un mouton, pour le faire jaser. Il est du style familier.

Mouton

Mouton, se dit aussi De la peau de mouton préparée. La reliure de ce livre n'est que de mouton.

On appelle Pain de mouton, Un certain petit pain qui n'est pas plus gros qu'un éteuf, et sur lequel il y a des grains de blé.

Mouton

Mouton, signifie aussi, Une espèce de gros billot de bois armé de fer, avec quoi l'on enfonce des pieux. On a enfoncé ces pieux jusqu'à refus de mouton.

On appelle Moutons, Quatre piliers du train d'un carrosse, qui servent à en soutenir les soupentes. Un des moutons du carrosse se rompit.

On appelle aussi Mouton, La grosse pièce de bois dans laquelle sont engagées les anses d'une cloche, pour la tenir suspendue.

On appelle sur la mer, Moutons, Les vagues blanchissantes qui s'élèvent lorsque la mer commence à être agitée.

On le dit aussi Des vagues qui s'élèvent sur les grandes rivières.

MOUTONNER

MOUTONNER. v. a. Rendre frisé et annelé comme la laine d'un mouton. Il n'est guère d'usage qu'au participe. Tête moutonnée. Coiffure moutonnée. Perruque moutonnée.

Moutonner

Moutonner, au neutre, se dit De la mer ou d'une rivière dont les eaux commencent à s'agiter et à blanchir. Voilà la rivière qui moutonne. La mer commence à moutonner.

Moutonné, ée

Moutonné, ée. participe.

MOUTONNIER, IÈRE

MOUTONNIER, IÈRE. adjectif. (Pron. Moutonier.) Il se dit de ce qui a la nature et le caractère des moutons. On dit proverbialement, La multitude est moutonnière, pour dire, qu'Elle fait ce qu'elle voit faire. Il est familier.

MOUTURE

MOUTURE. subst. fémin. L'action de moudre du blé, et le salaire que prend le Meunier. Ce Meunier prend tant pour sa mouture, il a pris double mouture.

On dit proverbialement et en mauvaise part, Tirer d'un sac deux moutures, pour dire, Prendre double profit d'une même affaire, se faire payer deux fois d'une mème chose.

Mouture

Mouture, signifie aussi, Le mélange du froment, du seigle et de l'oege, par tiers. Un setier de mouture. La bonne mouture vaut seigle. Du blémouture.

MOUVANCE

MOUVANCE. s. fém. Dépendance d'un fief, d'une terre qui relève d'un autre fief, d'une autre terre. Ces fiefs ne sont pas de la mouvance de ce Comté. Tout ce qui est dans votre mouvance.

MOUVANT, ANTE

MOUVANT, ANTE. adj. Qui a la puissance de mouvoir. En ce sens il n'est guère d'usage qu'en cette phrase. Force mouvante, qui se dit De la force qui cause un mouvement, et de l'instrument mécanique qui aide, qui augmente cette force.

Mouvant

Mouvant, se dit aussi Des sables et des terres dont le fond n'est pas stable et solide, et où l'on enfonce aisément quand on y marche. Ce sont des terres mouvantes. Le fond en est mouvant. Il y a dans cette rivière des sables mouvans.

Il se dit encore Des terres qui relèvent d'un fief. Fief mouvant d'un autre. Ces terres sont mouvantes de la mienne. La Flandre étoit autrefois mouvante de la Couronne.

On appelle Tableau mouvant, Un tableau où il y a des figures qui se meuvent par une mécanique cachée.

En termes de Blason, il se dit Des pièces attenantes au chef, aux angles, aux flancs, ou à la pointe de l'écu, dont elles semblent sortir.

MOUVEMENT

MOUVEMENT. s. m. Le transport d'un corps d'un lieu dans un autre. Mouvement lent, rapide, violent. Mouvement local, progressif. Mouvement convulsif. Mouvement circulaire. Mouvement droit. Mouvement oblique. Mouvement égal, inégal. Mouvement périodique. Mouvement direct, réfléchi, simple, composé. Mouvement perpendiculaire. Mouvement uniforme. Mouvement accéléré. Mouvement retardé. Mouvement d'un globe autour de son centre. Le mouvement d'Orient en Occident, d'Occident en Orient. Les lois du mouvement. Le mouvement perpétuel. Donner le mouvement à quelque chose. Le mouvement des humeurs. Les humeurs sont en mouvement. Il demeura sans pouls et sans mouvement. Les mouvemens vitaux, c'est--à--dire, Les mouvemens nécessaires à la vie.

On appelle dans le didactique. Mouvement d'altération, Le mouvement insensible qui arrive dans un corps, et qui en change les qualités sans en changer la substance.

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