LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798
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Page 121
C'est le monde qui lui a formé l'esprit.
Lire dans le grand livre du monde. Le
monde est bien corrompu. Dans quel monde
vivez -- vous? C'est le meilleur homme,
le plus honnête homme du monde. C'est le
plus grand Prince du monde. Faire figure
dans le monde. Se faire un nom, de la
réputation dans le monde. Faire parler de
soi dans le monde.
Le grand monde, dans le discours
famil. signifie, La société distinguée.
Aller dans le grand monde. On dit dans
un sens opposé, mais très--familièrement, Le petit monde; cela n'a réussi que
dans le petit monde, pour dire, Les
gens du commun. Le peuple dit, Il
ne faut pas tant mépriser le petit monde.
On dit aussi familièr. Le beau monde,
pour signifier, Les personnes bien mises.
J'ai vu là beaucoup de beau monde.
On dit à un homme qui ne s'est pas
montré depuis long--temps, De quel
monde venez -- vous? Et l'on dit d'Un
homme dont les moeurs, dont les façons
de vivre paroissent opposées à
celles de la société commune des autres
hommes, que C'est un homme de
l'autre monde. On dit aussi d'Un homme
qui dit des choses étranges, incroyables,
qu'Il dit des choses de l'autre
monde.
On dit qu'Un homme sait bien le monde,
pour dire, qu'Il sait bien la manière
de vivre dans la société. C'est un
homme qui sait bien le monde, qui sait
bien son monde. On dit dans le même
sens, qu'Il a du monde, qu'Il n'a pas
de monde.
On dit d'Un homme, qu'Il connoît
le monde, pour dire, qu'Il connoît les
hommes; et qu'Il connoît bien son monde,
pour dire, qu'Il sait bien démêler
le caractère des gens à qui il a
affaire.
On dit proverbialement, qu'Un homme
doit à Dieu et au monde, pour dire,
qu'Il est extrêmement endetté.
On dit proverbialement à un hommé
qui paroît n'être pas instruit d'une
chose que tout le monde sait: De quel
monde venez--vous? Vous n'êtes pas de
ce monde--ci. On dit dans ce même
sens, C'est un homme qui vient de l'autre
monde.
On dit aussi d'Un homme qui n'est
plus dans le commerce du monde:
C'est un homme qui n'est plus du monde.
Je ne suis plus du monde. Je ne suis plus
de ce monde. Il a quitté le monde. Il
a renoncé au monde. Il s'est retiré du
monde.
On dit communément, Ainsi va le
monde, il faut laisser aller le monde
comme il va, pour dire, C'est ainsi que
les hommes se gouvernent, il ne faut
pas entreprendre de réformer les abus
que nous trouvons dans la société.
On dit proverbialement d'Une chose
qui se fait contre l'usage et l'ordre
commun, C'est le monde renversé.
On dit, qu'Un homme est allé loger
au bout du monde, pour dire, Dans un
quartier extrêmement éloigné.
On dit, Si vous avez dix pistoles de
ce cheval, c'est le bout du monde, pour
dire, Ce cheval ne vaut tout au plus
que dix pistoles. Il est familier.
Monde
Monde, se prend encore pour les
hommes qui ont les moeurs corrompues
du siècle. Ainsi on dit: Renoncer
au monde. Renoncer au monde et à
ses pompes L'esprit du monde. Le train
du monde. Les maximes du monde sont
ordinairement bien contraires à celles de
l'Evangile.
Monde
Monde, se dit aussi De la vie séculière,
par opposition à la vie monastique.
Il a quitté le monde pour se mettre
dans un cloître. Il est sorti du couvent,
et est entré, rentré dans le monde.
L'Écriture dit, que La figure de ce
monde passe, pour dire, que Tout ce
qui est dans le monde n'a rien de solide
ni de permanent.
Monde
Monde, se prend aussi pour Les domestiques
de quelqu'un, Il a congédié
tout son monde; pour Ceux qui sont
sous les ordres de quelqu'un. Tout
votre monde est--il arrivé? Ce Capitaine
n'avoit que la moitié de son monde; ou
pour Un certain nombre de gens que
l'on attend. On servira dès que votre
monde sera venu.
Monde
Monde, est quelquefois un terme
augmentatif, soit qu'on affirme, soit
qu'on nie. Il a dit de vous tout le bien
du monde. Je ne voudrois de cette maison
pour rien au monde, pour rien du
monde. Je donnerois tout au monde pour
l'avoir. Rien au monde ne lui fait tant
de plaisir.
On appelle L'autre monde, La vie
future. Dans l'autre monde il faudra
rendre compte de ce que nous aurons fait
dans celui--ci. La foi nous apprend qu'il
y a un autre monde après celui--ci.
On dit, qu'Un homme est allé en l'autre
monde, pour dire, qu'Il est mort.
Il est populaire.
MONDER
MONDER. v. a. Nettoyer. Il ne se
dit guère qu'en ces phrases, Monder
de l'orge, qui signifie, Oter la petite
peau qui couvre l'orge; et, Monder
de la casse, qui signifie, Tirer la casse
de son bâton, et la préparer après en
avoir ôté les noyaux.
Mondé, ée
Mondé, ée. participe. De l'orge
mondé. De la casse mondée. On dit,
Prendre un orge mondé, pour dire,
Avaler de l'eau dans laquelle on a
fait bouillir de l'orge mondé.
MONDIFIER
MONDIFIER. v. a. Terme de Médecine.
Nettoyer, déterger. Mondifier
un ulcère.
Mondifié, ée
Mondifié, ée. participe.
MONÉTAIRE
MONÉTAIRE. s. mas. On appelle
ainsi celui qui fabrique la monnoie.
Il ne se dit qu'en parlant de ceux qui
fabriquoient les anciennes monnoies,
les medailles. On fait Monétaire adjectif
dans cette phrase, Atelier monétaire.
MONIALE
MONIALE. s. f. Terme de Droit
Canon. Religieuse. Les pouvoirs de ce
Prétre ne s'étendent pas jusqu'auxMoniales.
MONITEUR
MONITEUR. s. m. Celui qui donne
des avis, des conseils. Les jeunes gens
ont besoin d'un sage Moniteur.
MONITION
MONITION. s. f. Terme de Juridiction
Ecclésiastique. Avertissement
juridique, qui se fait en de certains
cas par l'autorité de l'Évêque, avant
que de procéder à l'excommunication.
On a fait jusqu'à trois monitions. Procéder
à la troisième monition. Pour la
troisième et péremptoire monition.
MONITOIRE
MONITOIRE. s. m. Lettres d'un
Official de l'Évêque, ou autre Prélat
ayant Juridiction, pour obliger par
censures ecclésiastiques, tous ceux qui
ont quelque connoissance d'un crime,
ou de quelqu'autre fait dont on cherche
l'éclaircissement, de venir à révélation.
On a publé un Monitoire dans
toutes les Paroisses. Le Juge a ordonné
que l'Official décerneroit un monitoire.
Fulminer un monitoire. Jeter unmonitoire.
Ces deux mots ne signifient que
Publier des lettres en forme de monitoire.
On dit aussi, Des lettres monitoires;
et alors Monitoire est adjectif.
MONITORIAL, ALE
MONITORIAL, ALE. adj. Il n'est
d'usage que dans cette phrase, Lettres
monitoriales, qui signifie, Des lettres
en forme de monitoire.
MONNOIE
MONNOIE. s. fém. Toute sorte de
pièces d'or et d'argent, ou de quelqu'autre métal, servant au commerce,
battues par autorité souveraine, et
marquées au coin d'un Prince ou d'un
État Souverain. Battre monnoie. Faire
battre monnoie. Avoir droit de battre
monnoie. Faire de nouvelle monnoie.
Monnoie d'or et d'argent. Toute sorte de
monnoie ayant cours. Le décri de la monnoie.
La monnoie a été instituée pour la
facilité du commerce. Fausse monnoie. Il
est accusé de fausse monnoie. De la monnoie
de cuivre, de billon. Monnoie forte.
Monnoie foible ou légère. Monnoie audessous
du titre.
On appelle Papier monnoie, Un papier
créé par le Gouvernement pour
faire les fonctions de la monnoie.
On dit, Payer en monnoie forte, pour
dire, Payer en espèces évaluées sur
un pied avantageux à celui qui reçoit.
On dit proverbialem. qu'Un homme
feroit de la fausse monnoie pour un autre,
pour dire, qu'Il n'y a rien qu'il
ne fît pour lui.
Battre monnoie, se dit figurément et
fam lièrement, pour, Se procurer de
l'argent. Il a vendu ses hardes pour battre
monnoie.
On dit familièrement d'Un homme
de mauvaise réputation, qu'Il est décrié
comme de la fausse monnoie, comme
la fausse monnoie, comme fausse monnoie.
Monnoie
Monnoie, se prend aussi pour Le
lieu où l'on bat la monnoie. Porter
des lingots à la monnoie, pour y être convertis
en espèces.
On appelle aussi La monnoie des médailles,
Le lieu où l'on frappe les jetons,
les médailles.
Monnoie
Monnoie, se prend plus particulièrement
pour Les petites espêces
d'argent ou de billon. N'avez -- vous
point de monnoie sur vous? Je n'ai pas
un sou de monnoie.
Il se prend aussi pour la valeur
d'une espèce d'or et d'argent en plusieurs
espèces moindres. N'avez--vous
point la monnoie d'un louis, d'un écu,
d'une pièce de do'>ze sous? etc.
On dit proverbialement, Payer en
monnoie de singe, en gambades, pour
dire, Se moquer de celui à qui on
doit, au lieu de le satisfaire. Il est familier.
On dit aussi proverbialement d'Un
homme qui ayant reçu d'un autre ou
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